Aide médicale à mourir

Documents pareils
La prise en charge de votre affection de longue durée. Comment cela se passe-t-il? Quels sont les bénéfices pour vous? À quoi vous engagez-vous?

Contenu et format des fichiers téléchargeables de la base de données publique des médicaments. Base de données publique des médicaments

RÈGLEMENT SUR LE COMITÉ D'INSPECTION PROFESSIONNELLE DU COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

La prise en charge. de votre affection de longue durée

1. PRÉAMBULE 2. BUT 3. PRINCIPES DIRECTEURS CHUS MANUEL DES NORMES ET PRATIQUES DE GESTION SUJET : RECHERCHE NPG N 0 : 4221

Questionnaire général (court)

État de la situation: dépenses en médicaments au Québec, comparaison canadienne et internationale

Un poste à votre mesure!

Déclarations européennes de la pharmacie hospitalière

Un métier en évolution pour répondre aux nouvelles. Face à ces évolutions, un nouveau métier

Simulateur de coûts de médicaments Foire aux questions

Insuffisance cardiaque

Ordonnance collective

Lignes. directrices. droits. d enfants. d accès. Pour l expertise en matière de garde. et des. février 2oo6

COMPTE-RENDU D ACCREDITATION DE LA CLINIQUE LA LIRONDE. Saint-Clément-de-Rivière Saint-Gély-du-Fesc

Vers une nouvelle génération de programmes d assurance médicaments. Présenté par Pierre Marion

LEURS SERVICES ET LEUR CADRE DE PRATIQUE LES OPTOMÉTRISTES : LEUR FORMATION, LEURS SERVICES ET LEUR CADRE DE PRATIQUE

Essais cliniques de médicaments : ce qui va changer. Dr Philippe VELLA Chef de l Unité Essais Cliniques

LE RAISONNEMENT ET LA DECISION EN MEDECINE : LES BASES EN ASSURANCE MALADIE

La durée du stage officinal est légalement de 6 mois.

RECOMMANDATIONS DU COLLEGE A PROPOS DU PHARMACIEN ADJOINT MAITRE DE STAGE ADJOINT

La présente règle coloscopie (avec. l endoscope. coloscopie en. nécessaire et DIRECTIVES. b. Assurer le. e doit :

AGRÉMENT DES PROGRAMMES DE FORMATION D INFIRMIÈRE PRATICIENNE SPÉCIALISÉE (IPS) DOCUMENT DE PRÉSENTATION

QUESTION D ETHIQUE APPROCHE ENVIRONNEMENT- SANTE. 10ème cours d été 2006 Bamako SIFEE Pr HOUENOU AGBO Yveline UFR Sciences Médicales d Abidjan

DISTRIBUTION DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR VOIE ORALE PAR L INFIRMIERE : RISQUE DE NON PRISE DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR LE PATIENT

MONITORING / SUIVI DES PATIENTS

modifiant la loi sur la santé (révision partielle)

Foire aux questions. Qui est admissible au régime d assurance collective?

ACTUALITÉS LÉGISLATIVES ET RÉGLEMENTAIRES. Août - Septembre 2013

ZOOM ETUDES Les études paramédicales. Auditorium de l Institut Français du Bénin 9 novembre 2013

L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

POLITIQUE DE COMMUNICATION

LE TRAVAIL EN DYADE: UN ART QUI S APPRIVOISE!

REFLEXIONS POUR LE DEVELOPPEMENT D UNE PRATIQUE DE CONCERTATION PROFESSIONNELLE ENTRE MEDECINS ET PHARMACIENS DANS L INTERET DES MALADES

LE TEMPS PARTIEL THÉRAPEUTIQUE? SALARIÉS, MÉDECINS, EMPLOYEURS En toute concordance!

7 octobre 2014 Entretiens Jacques Cartier

IRBMS. Institut Régional de Biologie et de Médecine du Sport N ORD PAS- DE-CALAIS WWW. IRBMS. COM

LES RÔLES CONTEMPORAINS DE LEADERSHIP ET DE GESTION DE L INFIRMIÈRE : arrimage d un continuum de cours avec les besoins du réseau de la santé

Introduction au métier d ARC. en recherche clinique

La facturation à l acte

Estelle Marcault. 20/01/2012 URC Paris Nord 1

FOCUS: CONFLITS ENTRE MEDECINS : CONCILIATION OU ARBITRAGE?

DIRECTION DES SERVICES PROFESSIONNELS GESTION DES STUPÉFIANTS ET DES DROGUES CONTRÔLÉES EN PHARMACIE COMMUNAUTAIRE

Depuis l'an 2000, le Ministère de la Santé Publique (MSP) a mis en place une procédure d accréditation pour améliorer la qualité des services

GUIDE DE DÉVELOPPEMENT PROFESSIONNEL EN SOINS INFIRMIERS. pour les centres d hébergement. Décembre 2007 Direction des soins infirmiers

CAHIER DES CLAUSES PARTICULIERES. Transports sanitaires

Le parcours en greffe de cellules hématopoïétiques : greffe allogénique

3152 Infirmiers autorisés/infirmières autorisées

inaptitude quelles sont les obligations?

Séquence 1 : La place du MSP et de l ISP

DOCUMENT A14.P0704 Société Michel Greco SA à Luxembourg Version A14.P0704 indice B

Ministère de la Santé et des Services sociaux

FICHE DE FONCTION - 04

Droits des personnes malades en fin de vie

"Formation et évaluation de la compétence du pharmacien clinicien expérience suisse"

Formation sur la sécurisation du circuit du médicament

Premiers secours. Article 36

CODIFICATION ADMINISTRATIVE DE L ARRANGEMENT EN VUE DE LA RECONNAISSANCE MUTUELLE DES QUALIFICATIONS PROFESSIONNELLES ENTRE POUR LE QUÉBEC :

FORMATION CONTINUE RECHERCHE APPLIQUÉE OUTILS PÉDAGOGIQUES. Promouvoir les soins pharmaceutiques

Référentiel Officine

STAGE D'INITIATION AUX SOINS INFIRMIERS D'ACCES EN PCEM2 ou en 2ème ANNEE DE CHIRURGIE DENTAIRE

Caisse Nationale de l'assurance Maladie des Travailleurs Salariés Sécurité Sociale

CHAPITRE 4. La réglementation du médicament

Profil professionnel

Office de réglementation des maisons de retraite. Conseil consultatif des parties prenantes Mandat

ARRÊTÉ du. relatif au cahier des charges de santé de la maison de santé mentionné à l article L du code de la santé publique.

La prise en charge de votre affection de longue durée

Commission Médicale de la FFVoile Règles de Fonctionnement Texte adopté par le BE du 09 mars 2007

Pour la gestion du personnel Norme simplifiée n 46

Gestion éthique des banques de recherche

Hospitalisation à domicile Mauges Bocage Choletais. Livret d accueil. Siège administratif PERMANENCE 24H/24 AU

Doit on et peut on utiliser un placebo dans la prise en charge de la douleur?

GUIDE DE L ASSURE. I/ Quelles pièces fournir pour le remboursement de vos frais médicaux?

Assurance collective des RSG-CSQ. Foire aux questions

ASSURANCE MALADIE OBLIGATOIRE DE BASE

Gestion du traitement personnel des patients : Enquête et audit régional

Charte pour la communication sur internet des entreprises pharmaceutiques

Le guide du bon usage des médicaments

LA FIN DE VIE AUX URGENCES: LES LIMITATIONS ET ARRÊTS DES THÉRAPEUTIQUES ACTIVES. Dr Marion DOUPLAT SAMU- Urgences Timone

Introduction au droit La responsabilité professionnelle

Tarif et modifications tarifaires dans la loi sur l assurance-maladie (LAMal)

Coordination Ville Hôpital

LE Dossier Livraison dans les EHPAD et assurances : Une prudence nécessaire

Création de procédures inter-services pour la gestion des essais de phase I à l Institut Gustave Roussy

Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France

GUIDE. Gérer les incidents et accidents dans la prestation des soins et services pharmaceutiques

Coordination de la Gestion des risques. Bilan - Programme

Loi 41. GUIDE D EXERCICE Les activités réservées aux pharmaciens

Logements Entraide Générations

Régime d assurance collective des employés et retraités du Mouvement Desjardins

RAPPORT SYNTHÈSE. En santé après 50 ans. Évaluation des effets du programme Les médicaments :

Infection par le VIH/sida et travail

LES SERVICES DES RESSOURCES HUMAINES

Dictionnaire de données de la Base de données du Système national d information sur l utilisation des médicaments prescrits, octobre 2013

Publication des liens

droits des malades et fin de vie

Commission Statut et Juridique AH-HP. COMMENTAIRES et OBSERVATIONS sur le PROJET du CODE de DEONTOLOGIE du CONSEIL NATIONAL de l ORDRE des INFIRMIERS

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

Politique de déplacement des bénéficiaires La présente politique inclut entre autres les deux documents suivants :

Transcription:

Ministère de la Santé et des Services sociaux Direction générale des services de santé et médecine universitaire Aide médicale à mourir Dr Yves Robert Dr Louis Roy 15 septembre 2015

Plan de présentation Contexte et préambule. Définition. Étapes d une demande d aide médicale à mourir (AMM). Objection de conscience. Responsabilités et rôles. Groupe interdisciplinaire de soutien (GIS). Conclusion.

Contexte et préambule La réflexion du Collège ayant initiée la démarche au Québec : La conciliation de la logique de choix et de la logique de soins Le contexte d'évaluation d'une demande d'amm Le sens et les limites de l'objection de conscience du médecin Le guide d'exercice conjoint (CMQ/OPQ/OIIQ) sur l'amm : pourquoi et comment? Le jugement de la Cour suprême du Canada dans la cause Carter : où se situera le Québec en février 2016?

Définitions Soin consistant en l administration de médicaments ou de substances par un médecin à une personne en fin de vie, à la demande de celle-ci, dans le but de soulager ses souffrances en entraînant son décès.

Les étapes de l AMM en bref 1. Demande d informations sur l AMM. 2. Réception d une demande d AMM. 3. Lieu de l acte de l AMM. 4. Évaluation de l admissibilité à l AMM. 5. Prestation de l AMM. 6. Déclaration de l acte de l AMM. Documents de référence : Lignes directrices pour le cheminement d une demande d aide médicale à mourir. MSSS. L aide médicale à mourir. Guide d exercice. Collège des médecins du Québec, Ordre des pharmaciens du Québec et Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.

Conclusion L AMM est un soin accessible sous certaines conditions strictes prévues par la Loi 2. Nul ne peut ignorer une demande d AMM. Le GIS est disponible en tout temps pour aider, soutenir et accompagner les professionnels dans une demande d AMM. En tout temps, le patient doit continuer à recevoir les soins requis par sa condition.

Questions et préoccupations

Objection de conscience Aucun professionnel de la santé ne peut ignorer une demande d AMM. Tout professionnel de la santé peut refuser de participer à l AMM par objection de conscience. En cas d objection de conscience du médecin, le PDG de l établissement doit être immédiatement informé.

Groupe interdisciplinaire de soutien Mandat : Soutenir et seconder les médecins et les professionnels. Il est mis à contribution dès le début ou en cours de processus. Collaboration au rapport annuel de l établissement pour l AMM. Composition : PDG ou son représentant. Coordonnateur. Médecin. Pharmacien. Infirmière. Travailleur social. Tout autre professionnel jugé pertinent par l établissement.

Rôles du médecin Ne peut ignorer une demande d AMM. Si le médecin n accepte pas de faire l AMM, il doit en informer le patient et le PDG de l établissement (ou son représentant). S il accepte de faire l AMM, cela crée un lien d engagement auprès du patient. Doit s assurer de l aptitude de la personne. Doit lui-même faire l administration de l AMM. Doit faire la déclaration de l AMM avec le formulaire prévu à cet effet.

Rôles du pharmacien Discute du protocole à utiliser avec le médecin. Fait la préparation de 2 trousses de médicaments prêts à l utilisation : La 2 e trousse est prévue en cas de bris ou d erreur de manipulation. Les trousses doivent être scellées. Contrôle la traçabilité de la médication. Voit à la destruction de la médication non utilisée.

Rôles des professionnels de la santé et des services sociaux Donnent de l information sur l AMM. Peuvent contresigner une demande faite par un patient. Apportent aide et soutien dans le processus de l AMM. Qu ils aient ou non une objection de conscience, les professionnels doivent toujours continuer à prodiguer les soins usuels requis.

Rôles du 2 e médecin Doit être indépendant du médecin traitant et du patient. Doit éviter les situations qui pourraient influencer et biaiser le jugement professionnel du médecin consulté, telles qu un lien hiérarchique de subordination, une relation familiale avec la personne en fin de vie ou avec le médecin, ou encore une relation thérapeutique suivie avec le patient. Le deuxième médecin : Prend connaissance du dossier, rencontre le patient et l examine. Inscrit ses notes au dossier du patient. Mentionne s il est en accord avec l évaluation du médecin traitant.

Demande d informations sur l AMM Tout professionnel peut répondre aux questions du patient. S il n est pas le médecin traitant, avec l accord du patient, il avise ce dernier. Pas de déclaration à faire pour une demande d informations. Les soins fournis au patient doivent continuer et être réajustés au besoin.

Réception d une demande d AMM Pour faire une demande d AMM, le patient doit obligatoirement signer le formulaire prescrit en présence d un professionnel qui le contresigne. Le médecin qui accepte d accompagner le patient dans la demande d AMM s engage à le suivre dans ce processus jusqu au terme de celui-ci. Le médecin évalue l admissibilité à l AMM. Si elle ne rencontre pas les critères, la demande est refusée. Une déclaration doit être faite.

Critères d admissibilité (art. 26) 1. Être assurée au sens de la Loi sur l assurance maladie. 2. Être majeure et apte à consentir aux soins. 3. Être en fin de vie. 4. Être atteinte d une maladie grave et incurable. 5. Sa situation médicale se caractérise par un déclin avancé et irréversible de ses capacités. 6. Éprouver des souffrances physiques ou psychiques constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions qu elle juge tolérables.

Lieu de l acte de l AMM Déterminer avec le patient le lieu et le moment de l AMM. Si le patient souhaite que l AMM ait lieu dans un autre lieu que celui où la demande initiale est faite, des démarches sont entreprises. Le GIS peut être mis à contribution pour cela. Un transfert ne peut être refusé sur le seul motif d une demande d AMM.

Prestation de l AMM (1) Le médecin discute avec le pharmacien du protocole à utiliser. Le médecin revoit le patient pour valider avec lui sa demande. Le médecin s assure du respect des éléments de l article 29 de la loi : Caractère libre et éclairé de la demande. Persistance des souffrances et volonté réitérée. Délai raisonnable. S entretenir au besoin avec l équipe régulière de soins et les proches.

Prestation de l AMM (2) Le médecin doit : Administrer lui-même l AMM. Demeurer auprès de la personne jusqu à son décès. Constater le décès : La cause de décès sur le SP-3 est la maladie qui a mené à la demande de l AMM et non l AMM. Apporter son soutien aux proches en tenant compte des volontés de la personne.

Déclaration de l acte de l AMM Déclaration de l AMM dans les 10 jours avec le Formulaire d avis du médecin qui a accompagné une personne ayant demandé l aide médicale à mourir. En établissement : Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens et Commission des soins de fin de vie. En cabinet privé : Collège des médecins du Québec et Commission des soins de fin de vie.

Instances chargées de la qualité Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de l établissement. Collège des médecins du Québec. Commission des soins de fin de vie. Établissement.