Exemple d enseignement de l ingénierie collaborative dans le cadre de projets techniques



Documents pareils
Product Life-Cycle Management

Mastère spécialisé. «Ingénierie de l innovation et du produit nouveau De l idée à la mise en marché»

Les principaux concepts des systèmes PLM. (Product Lifecycle Management)

Mastère spécialisé MS : «Ingénierie de l innovation et du produit nouveau

Prenez le PLM express

Les plateformes de travail collaboratif dans le projet ALFA

Le travail collaboratif avec

LA GESTION DE PROJET INFORMATIQUE

LA GESTION DE PROJET INFORMATIQUE

Intégration de la CAO dans

Conception collaborative en STI Retour d expériences, outils, perspectives

Eléments pour l animation l réunion du 16 Septembre v0.4 du 13 Septembre 2010

LES OUTILS DU TRAVAIL COLLABORATIF

Tel : contact@fsconcept.com

Stages de recherche dans les formations d'ingénieur. Víctor Gómez Frías. École des Ponts ParisTech, Champs-sur-Marne, France

QU EST-CE QUE LE PLM?

QU EST-CE QUE LE PLM?

Le pilotage des collaborations et l interopérabilité des systèmes d information Vers une démarche intégrée

Rapport d évaluation du master

Journées REX-PLM '08 les 19 et 20 Mars 2008 à l'ensam Chalons en Champagne

Organisation d une simulation sur un prototype logiciel workflow et GED. ImmoBiens. 1 - Description du projet de l entreprise

ITIL V3. Transition des services : Principes et politiques

«L utilisation d un intranet permet-il la mise en place d un travail collaboratif et/ou coopératifs? Pour quelles compétences?»

Une SGDT simple pour entreprises

Comprendre «le travail collaboratif»

Comment mettre en oeuvre une gestion de portefeuille de projets efficace et rentable en 4 semaines?

PLM PRODUCT LIFECYCLE MANAGEMENT MASTÈRE SPÉCIALISÉ

PRÉVENIR ET DIMINUER VOS RISQUES ANTICIPATE AND REDUCE YOUR RISKS

les outils du travail collaboratif

La solution pour gérer vos connaissances techniques et scientifiques

sous réserve de validation des modifications DROIT ECONOMIE GESTION SCIENCES DU MANAGEMENT FINANCE

Rapport d évaluation de la licence professionnelle

Travaux pratiques. DECOUVERTE PDMLink - PTC

ACTUALITÉS LANDPARK. Nouvelle version. Landpark Helpdesk. Landpark Helpdesk. Les avantages de la nouvelle version

CATALOGUE FORMATION. Product Lifecycle Management. Juin 2013

Bilan de l expérimentation Enseignements d exploration en classe de seconde. Lycée Henri Vogt, Commercy. Académie de Nancy-Metz

La reconquête de vos marges de manœuvre

La voie rapide vers le cpdm

RESUME DESCRIPTIF DE LA CERTIFICATION (FICHE OPERATIONNELLE METIERS)


Projet SINF2275 «Data mining and decision making» Projet classification et credit scoring

HARMONISEZ VOTRE. Insidjam ERP

Les apports d un projet PLM (Product Lifecyle Management)

L excellence. pour chaque métier de l établissement. L unique solution 100% hébergée au service de la réussite scolaire de l élève.

Lancement du projet TOP (Tracabilité et Optimisation des Process)

GESTION DE DONNÉES TECHNIQUES

UNITE U 6.2 : PROJET TECHNIQUE OBJET DE L'EPREUVE.

Rencontre BTS-IRIS / INSA. TICE et Espaces collaboratifs

COMPTE RENDU DE LA RÉUNION DU 25/11/2014 RÉNOVATION DU BTS COMPTABILITÉ GESTION DES ORGANISATIONS

CAHIER DES CHARGES DE LA FORMATION OUVERTURE D ACTION. Certificat de Qualification Professionnelle des Services de l Automobile

Métiers d études, recherche & développement dans l industrie

M2S. Formation Management. formation. Animer son équipe Le management de proximité. Manager ses équipes à distance Nouveau manager

Sujet de thèse CIFRE RESULIS / LGI2P

SIMULER ET CONCEVOIR LE TRAVAIL FUTUR

PRESTATIONS Nouvelles technologies éducatives

GESTION DE PROJET. - Tél : N enregistrement formation :

Cahier des charges pour le tutorat d un professeur du second degré

son offre Executive Education

Sciences, Technologies, Santé. Sciences de la Matière. Procédés, Contrôles, Matériaux Métalliques : Industrie du Nucléaire (PC2M)

La vision 360 pour gérer tous les financements

DiFiQ. Diplôme Finance Quantitative. Une formation en partenariat. Ensae Dauphine Bärchen

Dossier de Presse «Enalean fêtera ses 1 an le 13 Avril 2012 à Crolles»

Quels outils pour prévoir?

Nouveautés produits i7

Présentation des nouveautés Sage i7

PEPI GPI (Gestion de Projet Informatique) - Note de Cadrage décembre

FORMATION DIPLÔMANTE MANAGER DE PROJET INDUSTRIEL * «Accompagner les techniciens à fort potentiel vers des fonctions managériales orientées projet»

scfi, créateur de Solutions Innovantes... 2 Contrat de Partenariat... 3 Concept... 3 Services... 4 Domaines... 4 Atouts... 5

agence-école LVB 2 en communication visuelle L Agence dans l école, l école dans l agence Un principe inédit : faire venir l entreprise dans l école.

MIKRON CUSTOMER SERVICE. Un service client adapté à vos besoins

Rapport d évaluation du master

Choisissez la filière de l excellence. Vers les métiers de l expertise comptable du conseil et de l audit

Mon métier, mon parcours

Journées ECOTECHNOLOGIES CONVERGENCE Quand l éco-conception devient une source d innovation

Entraînement, consolidation, structuration... Que mettre derrière ces expressions?

L outillage du Plan de Continuité d Activité, de sa conception à sa mise en œuvre en situation de crise

ENGEES 1 quai Koch _ BP Strasbourg Cedex. Appel d offre Pour l acquisition d un logiciel de scolarité

«L intelligence économique dans les business models des entreprises : où en sommes-nous?»

Nouveautés de Solid Edge ST7

FORMATION DIPLÔMANTE MANAGER DE PROJET INDUSTRIEL* «Accompagner les techniciens à fort potentiel vers des fonctions managériales orientées projet.

MASTER RECHERCHE MEDIATIONS DES SCIENCES. Mention HISTOIRE, PHILOSOPHIE ET. Histoire et Philosophie des Sciences. Année 2007/2008

UFR d Informatique. FORMATION MASTER Domaine SCIENCES, TECHNOLOGIE, SANTE Mention INFORMATIQUE

Du marketing dans ma PME!

creo elements/pro creo elements/direct creo elements/view

«Management et Direction de Projets»

la sécurité change avec Orange développez vos activités en toute sérénité, nous protégeons vos systèmes d information

ACCOMPAGNER - Gestion de projet - Maintenance fonctionnelle - Méthodologie et bonnes pratiques - Reprise du réseau informatique

Sylvie Guessab Professeur à Supélec et responsable pédagogique du Mastère Spécialisé en Soutien Logistique Intégré des Systèmes Complexes

Chef de projet H/F. Vous avez au minimum 3 ans d expérience en pilotage de projet de préférence dans le monde du PLM et de management d équipe.

Julien MATHEVET Alexandre BOISSY GSID 4. Rapport RE09. Load Balancing et migration

Ministère de l intérieur

Les projets d investissement en PME

Urbanisation de système d'information. PLM 6 (Product Lifecycle Management) Collaboration et partage d'informations

Comment réussir la mise en place d un ERP?

Formation de chargés de missions d'évaluation, intervenants dans les organisations (Fonction publique, entreprises, Santé)

Séminaire en ligne : Diffuser un management transversal des projets dans une université

SOMMAIRE. Savoir utiliser les services de l'ent Outils collaboratifs

«PLACE DES PARENTS DANS l ESPACE NUMERIQUE DE TRAVAIL» BROUIL

Rapport d évaluation de la licence professionnelle

Cycle de formation Gestion de projet

Transcription:

Exemple d enseignement de l ingénierie collaborative dans le cadre de projets techniques X.GODOT a, P.MARTIN b, A.SIADAT c, G.MOROZ d a. Ingénieur d études au Centre Arts et Métiers ParisTech de Metz )(xavier.godot@metz.ensam.fr) b. Professeur des Universités au Centre Arts et Métiers ParisTech de Metz et Directeur du Laboratoire de Conception, Fabrication et Commande (LCFC)(patrick.martin@metz.ensam.fr) c. Maitre de conférence au Centre Arts et Métiers ParisTech de Metz (ali.siadat@metz.ensam.fr) d. Professeur (PREN) au Centre Arts et Métiers ParisTech de Châlons en Champagne (guy.moroz@chalons.ensam.fr) Résumé : Compte-tenu des nouveaux enjeux industriels, l'ingénierie collaborative devient incontournable. Cependant, ces deux mots sont bien souvent énigmatiques car ils ne trouvent un sens qu à travers le contexte auquel ils sont associés. C est notamment ce qui rend difficile et délicat son enseignement. Aussi, à travers cet article, nous proposons d y apporter un regard concret que nous illustrerons à partir du projet de déploiement de l ingénierie collaborative au sein de notre Ecole : Arts et Métiers ParisTech. Abstract : Today, collaborative engineering is an inescapable tool for companies. But those two words are even enigmatic. Indeed, they find a definition in the context in which they are associated. That is why it is so difficult to teach this concept. So, thanks to this article, we wish bringing a concrete point of view on this field. We will illustrate it from the Arts et Métiers ParisTech collaborative engineering project. Mots clefs: ingénierie collaborative, enseignement, projets techniques 1 Présentation Voila plusieurs années que le concept d ingénierie collaborative s est développé au sein des entreprises afin d accroitre leur compétitivité et ainsi faire face à une concurrence de plus en plus dure. Bien entendu, elle ne constitue pas l unique réponse à la rudesse du contexte économique, mais elle y contribue indéniablement. Pour preuve, le nombre croissant de grandes entreprises y ayant recours et le nombre encore plus important d outils informatiques dédiés. Mais, que se cache-t-il derrière ce concept qui semble si prometteur? De manière générale, l ingénierie collaborative ou «gestion collaborative du cycle de vie du produit» permet aux différentes entités de l entreprise de partager la connaissance aux différents stades du cycle de vie d'un produit (Analyses, Conception, Industrialisation, Fabrication,, Maintenance, Recyclage ). Bien entendu elle permet un travail distant (entreprise étendue). Par conséquent, son périmètre est très large et il offre une couverture fonctionnelle très étendue. Aussi, nous ne traiterons dans cet article que de la première phase du déploiement de l ingénierie collaborative à Arts et Métiers ParisTech. Son périmètre est donc limité. C est pourquoi nous allons définir le contexte et les objectifs de cette première phase de déploiement. 1.1 L ingénierie collaborative : définition et cadre d utilisation Ainsi, le contexte auquel nous ferons référence au cours de cet article s appuie sur l une des grandes spécificités d Arts et Métiers ParisTech : la gestion quotidienne de projets à forte dominante technique et scientifique. Derrière le mot «projet», nous entendons conception de produit ou étude. En effet, tout au long de leur formation, chaque étudiant est amené à participer ou à gérer plusieurs projets faisant appel à l ensemble des disciplines techniques et scientifiques qui lui sont enseignées. Bien évidemment, il s agit généralement de projets à caractère collaboratif dont la durée de vie peut allègrement dépasser l année scolaire (notons que ce contexte est relativement proche de celui d une entreprise de type PME). Par 1

conséquent, dans ce cadre de travail, l ingénierie collaborative est l ensemble des méthodes de travail permettant de : Capitaliser l ensemble des données valides rattachées à chaque projet, Capitaliser également l historique du projet sur toute sa durée de vie (choix de conception, décisions ), Organiser l ensemble des tâches nécessaires à la création des données rattachées à un projet (définition et répartition), Planifier et optimiser l exécution de ces tâches afin de minimiser le temps alloué à leur réalisation. Bien sûr, cet ensemble de spécifications doit être compatible avec les méthodes de travail imposées par le projet (en d autres termes, les processus de développement de produits ou ceux rattachés à une étude). Elles doivent également permettre une utilisation optimale des outils informatiques générant les données de chaque projet. Par conséquent, la mise en œuvre de l ingénierie collaborative ne pourra se faire qu à la condition de trouver le meilleur compromis entre le trinôme collaboration/processus projet/spécificités des outils. Enfin, rappelons qu il existe un certain nombre d outils spécifiques permettant de répondre aux besoins collaboratifs de projets tels que ceux que nous réalisons. Ils sont généralement classés en deux catégories : Les outils de communication synchrone (exemple : les logiciels de visioconférence) Les outils de communication asynchrone (parmi lesquels se trouvent les Systèmes de Gestion de Données Techniques) Notons pour ces derniers qu ils sont de très loin les plus chers et les plus délicats à mettre en œuvre car, pour les plus performants, ils ambitionnent de gérer l intégralité des données circulant dans une entreprise à travers leur base de données et son système d information. Or, cela implique qu ils s intègrent au savoir-faire des utilisateurs ainsi qu à leurs outils habituels. Par conséquent, leur mise en œuvre nécessite immanquablement un paramétrage résultant d une formalisation rigoureuse des méthodes de travail et le développement de connecteurs spécifiques permettant de communiquer avec les outils déjà utilisés par l Etablissement (ou l entreprise). Leur mise en œuvre nécessite donc de suivre impérativement un processus plus ou moins long et coûteux. La figure 2 présente ce processus. Figure 2 : processus de mise en œuvre d un logiciel de communication asynchrone. 2 Déploiement de l ingénierie collaborative à Arts et Métiers ParisTech [1] Arts et Métiers ParisTech regroupe actuellement huit Centres et trois Instituts répartis sur tout le territoire. L ensemble accueille 4500 étudiants en 2 ème et 3 ème cycle (dont 400 étudiants étrangers). Ainsi, elle délivre un millier de diplômes par an. Les formations sont dispensées par 380 enseignants permanents et 260 chercheurs permanents. Ils sont épaulés par 600 personnels techniques et administratifs. 2.1 Notre projet d ingénierie collaborative Il fait suite à plusieurs projets intercentres qui se sont déroulés à partir de 2000. Ceux-ci ont essentiellement permis de mettre à jour les problèmes inhérents à l ingénierie collaborative et d expérimenter des méthodes de travail adaptées. Bref, d acquérir une première expérience dans ce domaine. Ainsi, grâce à ces expériences de «terrain», l année 2004 vit la création du «projet d ingénierie collaborative d Arts et Métiers ParisTech». L objectif affiché de ce projet est de proposer une formation en ingénierie collaborative à l ensemble des étudiants de l Ecole. Celle-ci doit être théorique (concepts) mais également et pratique (mise en œuvre en projets). Comme la plupart des données que nous créons ou que nous traitons dans nos projets sont des données numériques, il était indispensable de doter chacun des huit Centres de l Ecole d un accès à une plate-forme numérique d ingénierie collaborative, cette dernière devant être équipée de deux logiciels : l un de communication synchrone (type visioconférence) et l autre de communication asynchrone 2

(SGDT). Pour information, le choix du second logiciel a été essentiellement fait sur deux critères qui nous garantissaient une mise en œuvre rapide. Ces deux critères sont : un niveau d intégration maximum entre le SGDT et notre logiciel de CAO et un paramétrage prédéfini du SGDT qui soit orienté vers l activité de conception de produits mécatroniques (ce paramétrage est appelé «modèle de données»). L éditeur de notre logiciel de CAO proposait justement un SGDT pré-paramétré répondant globalement à nos besoins. Par conséquent et dans un premier temps, nous pûmes nous affranchir du processus de mise en œuvre présenté dans le chapitre précédent ce qui nous a permis d exploiter notre plate-forme en un temps record. De plus, ce modèle de données prédéfini et fourni par l éditeur du SGDT nous déchargeait des opérations de maintenance et de mise à jour lors des changements de versions du logiciel. Ceci étant dit, précisons tout de même que ce choix n explique pas à lui seul le succès de ce démarrage. En effet, les collègues du Centre de Chalons en Champagne avaient déjà acquis une grande expérience concernant le déploiement de ces logiciels. Celle-ci fut bien évidemment décisive. Concrètement, ce projet nous a d ores et déjà permis de mettre en place les éléments suivants : Du point de vue matériel, chaque centre dispose d une salle équipée d une quinzaine de postes clients connectés à la plate-forme d ingénierie collaborative hébergée par le Centre de Chalons en Champagne. Du point de vue de la formation, chaque Centre dispense deux heures de cours et quatre heures de travaux pratiques en première année ainsi que deux heures de cours et huit heures de travaux pratiques en deuxième année. Du point de vue de l utilisation hors formation, chaque centre a la possibilité de recourir à la plateforme d ingénierie collaborative pour réaliser ses propres projets (intracentres ou intercentres). Notons qu à partir de l expérience supplémentaire que nous allons à présent acquérir, le projet devrait s ouvrir sur de nouvelles perspectives qui nous permettront d étendre le périmètre de notre déploiement initial afin d aborder d autres aspects de l ingénierie collaborative. 3 Conception des supports de cours 3.1 Approche Compte-tenu de notre besoin, du volume horaire et des outils informatiques dont nous disposions, notre approche fut de proposer une formation à l ingénierie collaborative qui soit la plus pragmatique possible. Ainsi, à travers les cours et les supports associés, nous nous sommes fixés quatre objectifs : 1. Présenter les concepts de l ingénierie collaborative en restant cohérent avec la progression pédagogique des autres disciplines impliquées dans le travail collaboratif, 2. Séparer (dans la mesure du possible) les connaissances d ordre général de celles spécifiques aux outils informatiques que nous utilisons, 3. Assurer un lien direct entre les tâches habituelles réalisées dans le cadre d un projet et la mise en œuvre des outils informatiques d ingénierie collaborative (l outil doit s intégrer au travail quotidien de l utilisateur et pas le contraire), 4. Contrôler l adéquation entre les objectifs pédagogiques et les supports de cours et de travaux pratiques mis à disposition des étudiants. 3.2 Contenu pédagogique A partir des quatre objectifs fixés précédemment, nous avons tout d abord défini la liste des concepts et des points sensibles que nous souhaitions enseigner à travers cette formation à l ingénierie collaborative. Puis, conformément au premier de nos objectifs, nous avons réparti ces concepts dans chacune des deux années concernées par la formation afin d en assurer la cohérence pédagogique avec les autres disciplines. Ainsi, notre programme pédagogique est le suivant : 3

1 ère année 2ème année Le cycle de vie des documents, Le versionnement de documents, Les liens entre documents. La communication synchrone, Le travail collaboratif asynchrone, Les rôles et les droits, Les processus («workflows»), La gestion des documents spécifiques (CAO, calcul ), La préparation et la gestion de projets collaboratifs. 3.3 Contraintes techniques et organisationnelles Bien sûr, en plus de nos objectifs, un certain nombre de contraintes techniques et organisationnelles sont venues se greffées sur notre projet (exemple : réinitialisation de la base de données utilisée durant les séances de travaux pratiques, gestion des problèmes survenant sur cette même base durant ces mêmes séances de travaux pratiques, synchronisation des emplois du temps des Centres lors des projets «intercentres» ). Celles-ci sont spécifiques au monde de l éducation et comme nous utilisons un paramétrage prédéfini développé avant tout pour l industrie, il nous a fallu trouver nos propres solutions que nous avons pu mettre en œuvre grâce aux compétences de notre administrateur de plate-forme. Notons simplement à ce sujet que dans la majorité des cas, il est très difficile d anticiper ces contraintes. Elles sont généralement à l origine des dépassements de délais du projet car, en plus d être imprévues, elles sont chronophages. 3.4 Création des supports pédagogiques Afin de répondre au cahier des charges que nous nous étions fixés, nous avons créé un processus de conception de nos supports de cours et plus particulièrement des travaux pratiques (voir figure 4). Celui-ci a été modélisé afin de répondre à notre objectif numéro quatre. Figure 4 : représentant du processus de conception de nos supports de formation. 4

Notons que, sur cette vue globale que constitue cet IDEF-0, nous ne commenterons dans ce paragraphe que les activités A2, A3 et A4, les deux premières ayant déjà été abordées dans les paragraphes précédents. Quant à la dernière, elle le sera dans le paragraphe suivant. Ainsi, l activité A2 nous permet de répondre à nos objectifs numéro deux et trois. En effet, il résulte de cette étape un ensemble de «micro-procédures» intégrant les éléments de mise en œuvre des outils informatiques et les premières règles du travail collaboratif. Elles suivent donc le cheminement suivant : dans un contexte collaboratif, la réalisation d une tâche élémentaire de conception nécessite l utilisation d un outil de gestion de données paramétré (SGDT, PLM, ou PDM), l ensemble étant mis en œuvre par l intermédiaire de «micro-procédures». Ce travail est réalisé en trois phases : Création de la liste des tâches élémentaires issues du processus de conception que nous mettons en œuvre dans nos projets, Création de la liste des tâches élémentaires à réaliser pour mettre en œuvre l une des fonctionnalités du SGDT, Création d une «micro-procédure» permettant de réaliser une tâche élémentaire de conception à partir de l ensemble ordonné des tâches identifiées durant la phase précédente et éventuellement de règles de travail collaboratif (qui sont fortement contextuelles et qui reposent essentiellement sur l expérience acquise dans le passé sur les projets collaboratifs). Quant aux activités A3 et A4, elles permettent de créer les supports de travaux pratiques alliant la mise en œuvre du travail réalisé durant l activité A2 et le respect du contenu pédagogique (plus particulièrement ceux abordant les aspects collaboratifs). Nous nous sommes donc orientés vers une trame composée de deux miniprojets de conception réalisés par deux personnes (les étudiants) ayant chacune deux rôles différents (le «chef de projet» et le «concepteur» étant les deux rôles les plus représentatifs de notre métier). A chaque rôle est rattaché un ensemble de tâches élémentaires de conception (parmi celles définies durant l activité A2). Le tout a été mis en œuvre en deux temps : La création des deux mini-projets, des documents et des scénarii associés, La création du support remis à chaque étudiant pour la réalisation des travaux pratiques. La figure cinq illustre ce travail. Ainsi, chaque mini-projet représente une «tranche de vie» au sein d un Bureau d Etudes d entreprise. Celui-ci représente le contexte des travaux pratiques. Il est défini à travers un «scénario industriel». Nous avons apporté un soin tout particulier à son écriture afin de le rendre le plus crédible et le plus proche de ce que nos futurs ingénieurs verront en entreprise. Cet aspect «industriel» et surtout concret qu il apporte donne également beaucoup de crédit aux outils informatiques mis en œuvres ainsi qu aux concepts d ingénierie collaborative développés en cours (les étudiants peuvent se rendre compte de l importance de ses outils et de la manière dont ils sont utilisés). Quant aux supports remis aux étudiants, le lecteur pourra aisément constater qu il ne s agit que d une vues par rôle de chaque mini-projet. Cette vue qui amène chaque étudiant à travailler sur les deux mini-projets a également l avantage de le familiariser avec le fait qu un ingénieur est une ressource multi-projet qui doit faire preuve de capacités d adaptation (surtout dans un contexte collaboratif). Figure 5 : création des supports de travaux pratiques. 5

3.5 Mise en œuvre Avant de mette en œuvre les travaux pratiques, il nous restait encore deux tâches importantes à réaliser : La création de la base de données (sur notre SGDT) contenant tous les documents (CAO et autres) nécessaire au bon déroulement de chaque scénario, La documentation de chaque étape à l aide de vidéos reprenant l ensemble des manipulations. Notons que cette dernière tâche à été réalisée dans le but de rendre chaque étudiant le plus autonome possible dans la réalisation des ces travaux pratiques. Cette autonomie nous a semblée importante pour deux raisons : d une part elle permet à l enseignant encadrant la séance d être disponible pour résoudre les éventuels problèmes et, d autre part, elle permet à des personnes qui sont en dehors du cursus de formation classique de s auto-former (exemple : les doctorants, des enseignants ). Quant au lancement des travaux pratiques, il suit une procédure simple et rapide qui diffère légèrement entre la première et la deuxième année. Celle-ci consiste essentiellement à initialiser la base de données utilisée lors des manipulations, à distribuer les supports et les rôles. 4 Conclusion [2], [3], [4], [5], [6], [7], [8], [9], [10] A travers cet article dans lequel nous avons présenté notre projet d ingénierie collaborative, nous avons également voulu apporter au lecteur des éléments de réponses lui permettant de mieux définir ce qu est réellement et concrètement l ingénierie collaborative. En effet, elle est trop souvent présentée sous forme d un concept très général dont on ne perçoit pas les tenants et les aboutissants. Aussi, comme nous avons pu nous en rendre compte au fil de ces lignes, elle ne peut être complètement définie qu à travers le contexte spécifiques dans lequel elle sera mise en œuvre. Par conséquent, il est indispensable d en définir précisément le périmètre, le contenu et les objectifs. C est ce travail que nous avons tenté d illustrer à travers la genèse de cette première phase de notre projet. Enfin, tous ces éléments nous ont permis de présenter le processus de création de notre formation et d en justifier la relative complexité. Bien sûr, nous insistons sur le fait que le projet est amené à se développer afin d explorer les autres facettes de l ingénierie collaborative. Ceci étant dit, ce que nous pouvons d ores et déjà retenir de cette expérience de déploiement de l ingénierie collaborative dans notre Ecole peut se résumer en quatre points : Définir les besoins collaboratifs (formation, projets de l Ecole, gestion quotidienne de l Ecole ), Formaliser les méthodes de travail utilisées à l intérieur du périmètre précédemment défini avec l aide des futurs utilisateurs (enseignants, personnels, étudiants ), Choisir les outils correspondant au meilleur compromis entre coût et réponse de l outil au besoin exprimé précédemment (sachant que plus on se rapproche d outils standards, plus le coût baisse, mais plus l utilisateur devra s adapter aux méthodes de travail imposées par cet outil). Toutefois, ce n est pas que l achat d un logiciel! Déployer l ensemble en communiquant sur les enjeux du projet. Références [1] Moroz.G, Pere.C, Projet National SMARTEAM : un premier bilan, REX PLM 2008, [2] Remond.D, Cahier des charges d un PLM pour l enseignement, REX PLM 2008, [3] Morenton.P, Plate-forme académique PLM mutualisée, REX PLM 2007, [4] Eynard.P, Fonctionnalités PLM orientées PME/PMI, REX PLM 2007, [5] Paviot.T, Développement d un PLM libre à destination des BTS CPI, REX PLM 2007, [6] Bonneau.N, Merlo C, Pere.A, Retour d expérience : TP de conception collaborative inter-établissement basé sur WINDCHILL et Pro/Engineer, REX PLM 2007, [7] Bodein.Y, Rose.B, Caillaud.E, Gestion des connaissances pour l amélioration des performances en conception de produits : application au cas de la formation aux logiciels CAO, GDR MACS journées des 20 et 21 mars 2008 (Metz), [8] Bernard.A, Atelier sur l enseignement du PLM, 9 ème Colloque National (La Plagne 2005), [9] Martin.P, Veron.P, Training experience on multi-site collaborative product design, CIRP Design seminar (Grenoble 2003), [10] Martin.P, Veron.P, Expérience pédagogique d'ingénierie collaborative inter centres à l'ensam, 8 ème Colloque National (La Plagne 2003) 6