L Aquitaine. www.aecom.org. Dossier. L informatique de santé en. Landes. Cybercrimes l Europe en alerte p13. Tendances Numériques 2008-2009



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Transcription:

L Aquitaine l Aquitaine numérique - La lettre d information d AEC - n 16 - juillet/août 2008 Dossier Tendances Numériques 2008-2009 L informatique de santé en Aquitaine p4 Cybercrimes l Europe en alerte p13 Portrait des Landes Numériques p15 Toute l actualité d AEC est sur www.aecom.org Blogs Rendez-Vous Abonnements Archives électroniques Vidéos

2LAN - N 16 - Juillet/Août 2008 Edito Bientôt les vacances Comme en 2007, la veille d AEC propose un éclaraige sur les tendances numériques pour une mise en bouche des futures vacances. Le dossier de cette lettre d information permet de naviguer autour des pratiques 2008 de nos concitoyens. Une fois encore le couple techniquesusages fonctionne au meilleur de sa forme, le symbole le plus explicite en étant l émergence de la génération Y (ou génération internet). Cette génération se définit par les personnes nées et grandies au rythme de la multiplication des écrans. UGC*, Facebook, Myspace, wikis et 3G, par exemple, font partie de leur quotidien. Ils arrivent sur le marché du travail, pensent en utilisant continuellement le net, produisent et commercent de façon immatérielle. Certains ne sont plus SUR le net, ils SONT le net, comme le rappelle Joël de Rosnay : ils transforment la société par leur attitude et sont moteurs de nouvelles pratiques dans tous les domaines. Ils sont le centre de la convergence numérique. Ces citoyens sont générateurs de modèles culturels transversaux, de zappings souvent déconcertants, de recherches hédonistes abouties, de sérieux dans la production et d empathie pour l avenir. Nous sommes au cœur des conséquences sociétales de l utilisation normale, sans contraintes, des services, des programmes, des contenus de notre société du numérique. Il nous faut gérer toutes les successives générations qui cohabitent, celles qui ont migré du livre vers les écrans, celles qui basculent vers les écrans tactiles, celles qui refusent cet univers. Depuis quelques semaines se développent en France de nombreux débats sur le modèle des Assises du numérique enclenchées par Eric Besson, secrétaire d Etat chargé du développement de l économie numérique. Il nous faut être attentifs aux propositions et aux indicateurs qui vont «modéliser» notre territoire numérique. La génération Y est séduisante et elle doit aussi composer avec ses voisines. * User Generated Content, contenu généré par les utilisateurs. Président d AEC marcel.desvergne@aecom.org L actu en bref... En Aquitaine Lycées interactifs Soucieux de former des jeunes Aquitains au fait des nouvelles technologies, les élus du Conseil régional ont décidé d accorder 423 000 euros pour financer l achat de 141 tableaux numériques interactifs supplémentaires dans les lycées, portant le parc total régional à 366. Chez nos voisins Immersion dans la faune du futur Avec sa nouvelle attraction «Les Animaux du Futur», le Futuroscope de Poitiers (Poitou-Charentes) s engouffre dans l univers de la réalité augmentée. Il propose à ses visiteurs une immersion interactive dans la faune et la flore du futur. Equipés de jumelles et de bracelets-capteurs reliés à un dispositif de réalité augmentée, les spectateurs voient surgir virtuellement et en 3D les animaux qui pourraient peupler notre planète dans 5, 100 et même 200 millions d années. Les visiteurs agissent ainsi, de manière autonome, sur les Baboukaris, oiseaux crache-feu, argentides, fou-baleines et autres pieuvres-singes grâce à un système de géolocalisation embarqué. http://www.futuroscope.com/ Carto du Bassin Le SIBA, Syndicat mixte Intercommunal du Bassin d Arcachon, a mis en ligne sur son site une cartographie interactive du Bassin présentant une mine de données pratiques et touristiques. http://www.bassin-arcachon.fr http://siba-bassin-arcachon.fr Second Life basque Trois acteurs basques du numérique ont rejoint, début juin, l incubateur de projets innovants ouvert dans le méta-univers par l Antic (agence du numérique Pays Basque des TIC) : il s agit de l Estia (Ecole supérieure des technologies industrielles avancées), de l Institut Culturel Basque et d Euskosare (programme de la Société d Etudes Basques de mise en réseau de la communauté basque). Ils y mènent des opérations de communication et de marketing. http://www.antic-paysbasque.com/

L actu en bref... En France L internet rapide pour tous Début juin, une plate-forme commune de propositions pour la couverture des territoires en haut débit a été adoptée par quatre associations de collectivités : associations des maires de France (AMF), des Départements de France (ADF), des Régions de France (ARF) et des villes et collectivités pour les communications électroniques et l audiovisuel (Avicca). Cette plate-forme décline en dix points des objectifs, principes et moyens d actions telles que l organisation d une péréquation nationale, l accès aux infrastructures et leur mutualisation, etc. Elle affirme la vocation des collectivités à définir leurs objectifs d aménagement du territoire et revendique pour cela «un cadre national adapté» et «un mécanisme de solidarité nationale». Ces propositions serviront de référence pour les travaux menés par le «Comité pour la couverture numérique du territoire», lancé également début juin par Hubert Falco, secrétaire d Etat chargé de l aménagement du territoire. Vidéo L économie numérique aquitaine au rapport L Observatoire aquitain de l économie numérique a présenté courant juin son «Rapport 2008 sur le secteur et les usages des Technologies de l Information et de la Communication en Aquitaine». Ce document est élaboré en partenariat avec AEC qui a sondé, en avril 2007, 750 TPE et 750 PME aquitaines sur leurs équipements et usages numériques. Premières conclusions, un pallier semble atteint en matière d équipements : 96% d équipement informatique, 90% de connectées et 86% de connectées à haut débit côté PME. Les chiffres sont bien plus bas pour les TPE : 61% d équipement informatique, 53% de connectées, 50% de connectées à haut débit, c est là encore un pallier. Les usages progressent cette année : 72% des salariés de TPE (+4 points) et 44% pour les PME (+5 points) utilisent quotidiennement internet au travail. 53% des PME et 36% des TPE utilisent le courrier électronique pour l envoi de devis. En parallèle de cette étude, l Echangeur Bordeaux Aquitaine établit un diagnostic financier du secteur TIC et de ses besoins en capitaux à travers l analyse des chiffres d affaires et résultats de 796 entreprises régionales (dont une large majorité de TPE). Elles affichaient en 2007 un CA de 1, 110 milliards d euros, dont 12% à l export (ce chiffre stagne par rapport à 2006). Sur les quatre dernières années, le chiffre d affaires consolidé de la filière a progressé de 14%. Entre 2003 et 2006, la valeur ajoutée moyenne des entreprises a crû de 8 points. Selon Philippe Gokelaere et Jean Talla, qui ont conduit le rapport pour l Echangeur, quelques recommandations aux acteurs de la filière s imposent : «orienter les efforts vers la recherche de nouveaux marchés, notamment à l international ; innover en développant de nouveaux concepts et services ; conforter les niveaux d investissements». Téléchargez le rapport dans son intégralité à l adresse http://www.bordeaux.cci.fr/cci/echangeur/rapport_tic_2008.pdf Entretien Claude Malaison et Philippe Martin sont co-auteurs du livre Pourquoi bloguer dans un contexte d affaires? (IQ. Editions) Ouvrage collectif en dix chapitres, co-rédigé par dix auteurs, il a été réalisé sous la direction de Claude Malaison, président d Emergence Web, société de communication interactive et multimédia. Philippe Martin, fondateur de l entreprise québécoise la Fabrique de Blogs, y a apporté son expertise sur le thème «Bloguer pour être vu : le vidéoblogue». Pourquoi bloguer dans un contexte d affaires? analyse et décrypte le phénomène des blogs en tant que nouveaux outils de communication et d expression pour les entreprises. Il livre dix bonnes raisons de se lancer dans le «blogging» et offre aussi des conseils pratiques. A l occasion d une journée consacrée à ce sujet, organisée le 3 juin dernier à Bordeaux (lire également p.15), Claude Malaison et Philippe Martin ont livré à AEC leur regard sur les bouleversements à venir dans les entreprises : face à l arrivée d une nouvelle génération d employés (la Génération internet, cf p.6), elles devront adopter les outils issus du Web 2.0 et, en conséquence, accepter des changements de paradigme au profit d une organisation hiérarchique plus horizontale. Explications en vidéo sur notre site : http://www.aecom.org/blog/rdv/actualitesaec.html Le blog de Philippe Martin : http://www.nayezpaspeur.ca Le blog de Claude Malaison : http://www.emergenceweb.com 3LAN - N 16 - Juillet/Août 2008

Partenaires L Agence de l innovation régionale a dévoilé fin juin les premiers résultats de son opération «Informatique de santé», initiée en 2007. Etude comparative, création d une formation dédiée et lancement d un programme de recherches : le point sur ce dossier avec Hervé Dufau, responsable TIC et services aux entreprises et Jean-Yves Elie, responsable Technologies Médicales. Hervé Dufau Photo A.Gariteai Jean-Yves Elie AEC : Innovalis Aquitaine a initié en 2007 un travail de soutien du secteur aquitain de l «informatique de santé». Quels sont les besoins de cette filière? Notre opération lancée début 2007 répondait à un double constat : premièrement, grâce à notre travail de terrain mené depuis plusieurs années dans le cadre d accompagnement individuel d entreprises, nous est apparue une véritable filière régionale d entreprises spécialisées en informatique pour le monde de la santé. Une vingtaine de sociétés (dont les filiales françaises de trois leaders internationaux), représentant environ un millier d emplois, éditent des logiciels pour le monde de la santé. Deuxièmement, ces entreprises rencontraient des difficultés à recruter du personnel qualifié ayant une double compétence informatique et santé. Nous avons donc proposé une série d actions visant à conforter et à développer cette filière, notamment en vue des bouleversements annoncés dans ce secteur. AEC : Quels sont ces bouleversements et quels axes de travail préconisez-vous pour y répondre? Les bouleversements vont résulter de la convergence de deux phénomènes : d une part l accroissement du vieillissement de la population et donc du recours aux soins médicaux, d autre part d une diminution sensible de la démographie médicale. Le partage de l information entre les différents acteurs du système de santé va devenir crucial pour que ce système reste efficient tout en maîtrisant les coûts associés : les TIC seront un élément majeur de cette mutation (dossier médical personnel, télémédecine, etc.). L offre logicielle va donc profondément évoluer et la compétition industrielle va s intensifier. L un des axes du plan Hôpital 2012 vise à renforcer l informatisation des systèmes d information des établissements de soins et prévoit de débloquer 1,5 milliards d euros dans les 4 ans qui viennent pour atteindre cet objectif. De nombreux ingénieurs spécialisés et de Innovalis Aquitaine chefs de projets seront nécessaires pour déployer ces systèmes et une situation de pénurie se profile à l horizon. C est pourquoi nous avons lancé, en concertation avec les industriels, la création d une nouvelle filière de formation initiale spécialisée en informatique de santé (chef de projet en informatique de santé, niveau bac+5). Trois universités sont impliquées : Bordeaux 1 (pour les aspects sciences), Bordeaux 2 (pour les aspects santé) et Bordeaux 4 (pour les aspects gestion et droit). Ce dispositif sera certainement complété par la mise en place de formations continues. D autre part, nous démarrons un programme de recherche ayant pour objectif d évaluer le retour sur investissement de la mise en place de systèmes d information dans les établissements de santé. Les éditeurs et les maîtrises d ouvrage des établissements de santé attendent depuis plusieurs années des résultats significatifs dans ce domaine. AEC : Quelle est la position de l Aquitaine au niveau national en matière d «informatique de santé»? Nous avons lancé en septembre 2007, avec le Conseil régional d Aquitaine et le BRA, une étude ayant pour objectifs de positionner les forces et les faiblesses de la région dans ce secteur. Le verdict est clair, l Aquitaine est leader devant l Ile de France! (lire l encadré) AEC : Votre démarche de structuration, globale, associe des acteurs public et les industriels dans une logique de «Pôle de compétitivité». Est-ce la dynamique que vous souhaitez impulser? Notre démarche qui implique des acteurs publics (Conseil régional, BRA, Oséo, ), trois universités bordelaises et des industriels est plus modestement celle de la mise en place d un pôle d excellence. Outre le renforcement du pilier industriel et la construction du pilier formation, nous posons les fondations du troisième pilier : celui de la Recherche en essayant de sensibiliser plusieurs laboratoires aquitains (INRIA, LaBRI, ISPED, IMS) à cette thématique : fléchage de leurs travaux, projets inter-laboratoires, mises en relation avec les industriels, etc. Nous projetons aussi la mise en place d un dispositif de veille stratégique pour répondre à la demande des entreprises de taille moyenne. Vos contacts sur ce dossier Hervé Dufau : 05 56 15 11 69 herve.dufau@innovalis-aquitaine.org Jean-Yves Elie : 05 56 15 80 70 jean-yves.elie@innovalis-aquitaine.org http://www.innovalis-aquitaine.org 4LAN - N 16 - Juillet/Août 2008 La région leader en informatique de santé L étude réalisée début 2008 par le cabinet DMS Conseil, à la demande du Conseil régional, visait à évaluer l importance de la filière aquitaine des éditeurs de logiciel pour le monde de la santé. Avec une vingtaine d entreprises spécialisées dont des leaders internationaux (McKesson, Agfa Healthcare, Siemens, Cegedim), des PME à rayonnement national (Imagine Editions, Sigems, QSP System) et des jeunes sociétés innovantes (Web100T, KiLab, Ware Système) et près d un millier d emplois, cette étude a confirmé la première place de l Aquitaine en France, aussi bien dans le secteur hospitalier, que dans celui des cliniques ou de l ambulatoire. Parmi les préconisations de l étude pour conserver ce leadership, citons la mise en place d un projet pilote de réseau régional d imagerie médicale, une participation régionale au salon HIT 2009 et la structuration d un accueil spécialisé de nouvelles entreprises ou d entreprises délocalisées. Par ailleurs, le GIE TéléSanté Aquitaine, financé par l ARH (Agence Régionale de l Hospitalisation) et l URCAM (Union Régionale des Caisses d Assurance Maladie) Aquitaine, occupe une place particulière dans le paysage aquitain. Il gère une plateforme régionale d interopérabilité à destination des professionnels de santé et des citoyens et porte un des plus importants projets régionaux DMP (Dossier Médical Personnel).

Dossier Tendances Numériques 2008-2009 Ce Dossier accompagne et complète la conférence Tendances Numériques 2008-2009, organisée le 24 juin, au café du musée CAPC. Il présente et décrypte les tendances émergentes dans l innovation numérique, en mettant en avant les enjeux et opportunités pour les acteurs aquitains. Textes : Oumeira Tegally, Eric Culnaert, Alexandre Bertin Sommaire : Sociologie : la société au défi des «Y» p6 Identité numérique : les «vrais gens» dans la matrice p7 Services : l informatique de plus en plus dans les nuages p8 Usages : le réseau toujours à portée de main p9 Equipement : l informatique allégée p10 Juridique : la hiérarchie chahutée p11 A suivre... : Tendances 2007 sous observation p12 5LAN - N 16 - Juillet/Août 2008

Dossier Sociologie. Ils sont âgés de 15 à 29 ans et évoluent dans un monde hyper connecté : les jeunes de la Génération internet laissent présager des bouleversements majeurs dans la société. Portrait en trois questions. La société au défi des «Y» 6LAN - N 16 - Juillet/Août 2008 Aquitaine Analytic n 4 paru en juin, observe et analyse les comportements des jeunes aquitains issus de la Génération internet. Cette étude, réalisée par AEC dans le cadre du Diagnostic de l Aquitaine Numérique,, est téléchargeable sur notre site : www.aecom.org Qui sont-ils? Nés avec la société du savoir, dans une période s étirant de 1979 à 1994, les jeunes de la Génération internet (également appelée Génération Y ou Digital Natives) évoluent dans un monde où les technologies de l information et de la communication (TIC) sont omniprésentes : internet, téléphonie mobile, messagerie instantanée et blogs constituent les quatre piliers de leur vie sociale et définissent leurs rapports à l autre. Leur quotidien est empreint de virtualités, quelles soient locales (on «chatte» avec son voisin) ou mondiales (l information est accessible instantanément, d où quelle vienne). Si les membres de la Génération X sont ceux qui ont favorisé l implantation de l informatique dans la vie quotidienne, les membres de la Génération internet sont totalement immergés dans le numérique. Les services en ligne MySpace, FlickR, FaceBook ou Twitter sont autant d espaces de socialisation utilisés, au quotidien, par les jeunes de cette génération qui nourrissent ainsi une conscience collective et un sens du collectif (ils maîtrisent pas exemple leur identité numérique). Quels impacts sur la société? Le bouleversement des modes de socialisation de la Génération internet a des conséquences sur son rapport au monde. Premier effet constaté sur les formes d apprentissage : le rapport hiérarchique entre le «sachant» et l «apprenant» cède le pas à un apprentissage parcellisé, dans lequel l élève construit lui-même son savoir en utilisant au maximum les potentialités offertes par les nouvelles technologies (les espaces de travail collaboratifs Wikis, par exemple). Le professeur est alors considéré comme l élément structurant l apprentissage. L Education Nationale, qui a commencé à s adapter grâce notamment à la dématérialisation des supports de cours devra former ses professeurs à l encadrement de cette génération. Le bouleversement le plus radical qui semble pointer à court terme concerne l arrivée massive sur le marché du travail de cette Génération internet. L immersion totale de ces jeunes dans la culture numérique change radicalement leur rapport au travail et à la hiérarchie. Habitués à participer, en réseaux, à l échange d informations avec des pairs, ils ont tendance à reproduire ce modèle d organisation collaborative au sein des entreprises. Ces dernières devront rapidement revoir le modèle autrefois fondé sur la hiérarchie (patronemployé) afin de l adapter à ces nouvelles normes de communication. Déjà, certaines entreprises ont compris les enjeux liés à l arrivée de cette nouvelle génération d employés : ouverture de bureaux de recrutement dans le monde virtuel en 3D Second Life, rendez-vous éclairs de recrutement (speed recruiting) ou encore développement du «CV vidéo» qui remplacera, à terme, le CV papier classique. Les modes de consommation seront également impactés par la Génération internet : les actes d achat sont de plus en plus électroniques et on peut s attendre à une explosion du commerce en ligne dans les années à venir. De même, ils influencent grandement les décisions d achat au sein du ménage puisqu ils font aujourd hui office de consultants pour leurs parents. Là encore, le monde du marketing doit tenir compte de cette évolution des comportements, en personnalisant notamment l offre d achat dématérialisé. Une réalité en Aquitaine? En ce qui concerne les usages, les données obtenues sur l Aquitaine confirment les tendances observées par ailleurs. Les jeunes aquitains âgés de 15 à 29 ans sont beaucoup plus équipés que le reste de la population : téléphone mobile (97% en possèdent un contre 85% pour le reste de la population régionale), console de jeux (respectivement 51% contre 30%), ordinateur (84% contre 65%) et Internet (65% contre 53%) composent leur quotidien. Si l écrit occupe une place prépondérante, c est sous la forme de l oralité qu elle s exprime via l échange de sms et de la messagerie électronique. Toutefois, si cette génération semble homogène, les comportements diffèrent selon le sexe et l exclusion y est encore plus flagrante, puisque les membres des classes les plus populaires restent en marge de cette société de l immédiateté. C est sur cette frange de la population que les efforts d insertion numérique doivent dorénavant être portés.

Identité numérique. A mesure que la convergence numérique se recentre autour de l individu, l absence d un cadre global de gestion de l identité numérique devient plus problématique et appelle un débat de société. Les «vrais gens» au centre de la matrice Economie de la réputation Dans son premier roman, Dans la dèche au Royaume Enchanté, le blogueur emblématique Cory Doctorow, imagine notamment la fin de la monnaie, remplacée par un système d échanges fondé sur la réputation des individus, évaluée en permanence et mesurée en «Whuffie». Cette «économie de la réputation» est déjà bien réelle sur internet, notamment sur ebay dont elle fonde le modèle : chacun est invité à noter acheteurs et vendeurs en fonction de son expérience. De nombreuses places de marché adoptent ce modèle, notamment dans le registre des services à la personne : on peut citer en Aquitaine agenceservices.fr, qui met en relation les particuliers au sein d une plateforme où ils se notent les uns les autres. Tout le monde note tout le monde Les réactions des enseignants dans l affaire Note2be et celles des médecins dans l affaire Note2bib montrent que la généralisation de l économie de la réputation à une société de la réputation pose question. Plus significative encore, quoique moins remarquée, la décision d ebay de revoir son fameux système de réputation, intouché depuis sa mise en place il y a 13 ans : depuis ce mois de mai, les vendeurs ne peuvent plus poster de commentaires négatifs sur les acheteurs, le site d enchères estimant que son système est perverti par des vendeurs qui le détournent pour disqualifier des acheteurs insatisfaits. Preuve que ces systèmes dits de réputation sont tout sauf neutres et que, par ailleurs, ils produisent rarement l effet escompté. Société de la réputation Pourtant, les systèmes de notation en ligne des individus se sont multipliés ces deux dernières années : Naimz, Profilomat, Venyo, The Gorb, ikarma, TrustPlus, SoWeSay, CoWorkers (destiné à noter ses collègues de travail), etc. RapLeaf va jusqu à recueillir automatiquement des informations sur un individu en fonction des traces qu il laisse en ligne. La base de RapLeaf compte déjà 60 millions de profils il faut dire que l inscription au service s effectue automatiquement dès qu un internaute saisit votre email dans le moteur de recherche Ces outils et ceux qui fleurissent sur les réseaux sociaux de type Facebook enferment les individus dans un vaste écosystème réputationnel, dont ils deviennent de plus en plus dépendants en termes d employabilité, par exemple : selon une enquête OpinionWay en 2007, 35% des recruteurs ont déjà éliminé un candidat en se basant sur les résultats d une recherche en ligne. L identité numérique en question Plus largement, c est toute la question de l identité numérique qui devient centrale à mesure que les «vrais gens» entrent dans la matrice. La médiatisation du phénomène Facebook cette année n est qu une facette de ce «web social» en cours de cristallisation. Les chiffres issus d un récent sondage Harris Interactive (avril 2008) montrent que les internautes français sont des utilisateurs multiples : 20% ont un profil sur YouTube, 43% sur Copains d avant, 17% sur MySpace, 13% sur Facebook, 7% sur Viadeo, etc. Les problématiques liées à l identité numérique ne se limitent d ailleurs pas aux questions de réputation. Olivier Iteanu, avocat à la Cour d Appel de Paris, rappelle (in L identité numérique en question) que le cadre technique d internet a été pensé en laissant de côté tout ce qui a trait aux interactions sociales. Or à mesure qu internet, téléphonie et internet mobiles se généralisent, l individu se trouve de plus en plus au centre des convergences techniques. L absence d un système d identité numérique global, qui se traduit chez les utilisateurs par un anonymat illusoire ou une identité incertaine, conduit à des dérives comme la violation de la vie privée et l usurpation d identité. Sociétés privées et modèle de société La définition même de l identité évolue au gré des usages qui se développent en ligne, comme on le constate en observant les différents projets visant à interconnecter les réseaux sociaux en assurant la portabilité des profils d un site à l autre (c est l enjeu du projet OpenSocial promu par Google, celui également de MySpace Data Availability, de Facebook Connect, ou encore de Google FriendConnect, qui entend permettre à n importe quel site d intégrer des fonctions communautaires sans écrire une seule ligne de code, données et traitements étant gérés sur les serveurs de Google) : mon identité ne se limite pas à des données qui me sont personnelles, mais s incarne également dans mon «graphe social», c est-à-dire la somme des relations que j entretiens avec autrui. L enjeu économique est clair et assez démontré par les difficultés des différents acteurs à se mettre d accord, mais l enjeu sociétal est encore insuffisamment pris en compte, à l heure où l on peut écrire comme Olivier Iteanu que «Google [est] plus fort que le casier judiciaire». Dossier LAN - N 16 - Juillet/Août 2008 7

Dossier 8LAN - N 16 - Juillet/Août 2008 Services. Applications et même développement informatique amorcent un virage vers l externalisation et une consommation en mode service via internet. L informatique de plus en plus dans les nuages Bureautique en ligne La tendance est de plus en plus forte chez les particuliers à recourir à des services en ligne plutôt que d installer des applications sur leur ordinateur. Asus, qui vient de décider de généraliser Splashtop à ses cartes mères, suit cette tendance : ce système embarqué permet d accéder dès la mise sous tension à ses applications web favorites, sans avoir à démarrer un système d exploitation complet. On constate le phénomène depuis plusieurs années en ce qui concerne la messagerie ; les solutions de publication en ligne type blogs etc. ont contribué à étendre les usages vers les fonctions bureautiques, où l offre s est considérablement enrichie : la suite Google Documents, par exemple, intègre traitement de texte, tableur, logiciel de présentation et collaboration en ligne. Depuis trois mois, grâce à la technologie Google Gears, elle est de plus utilisable hors ligne, les données étant synchronisées à la reconnexion. Bureau en ligne Les usages ne se limitent pas à la bureautique : pour des retouches photo élémentaires, la version en ligne de Photoshop suffit. Pas besoin d encombrer son disque dur pour enregistrer son émission favorite sur la TNT : Wizzgo propose gratuitement ce service en ligne. Plus besoin non plus de savoir gérer le cycle de vie des fichiers : la Banque Populaire Lorraine Champagne propose à ses clients de sauvegarder à long terme leurs documents numérisés dans un coffre-fort numérique. Les usages individuels ne se cantonnent pas à la sphère privée, ils gagnent la sphère professionnelle et bousculent les directions informatiques qui doivent satisfaire (ou contrarier) les attentes vers un poste de travail de plus en plus externalisé. Des services toujours plus nombreux proposent d ailleurs de véritables bureaux virtuels : Jooce, EyeOS, YouOS, Ulteo, Officity, MyBoo Du logiciel au service Si les entreprises cherchent légitimement à encadrer l usage de leur informatique, elles-mêmes suivent en ce domaine la tendance à l externalisation et au recours aux services en ligne. C est ce qu on appelle désormais le SaaS (software-as-a-service : logiciel en mode service) : plutôt que de déployer en propre un logiciel, l entreprise accède via internet à un service qui assure le traitement des données (plus de licence, mais un abonnement facturé selon l utilisation, forfaitisée ou effective). Ce modèle est notamment porté par Salesforce en matière de gestion externalisée de la relation-client, mais déborde largement ce cadre : gestion comptable avec Coda, gestion de toute l activité corporative avec Broadchoice, voire gestion intégrée de l entreprise avec Business ByDesign de SAP, etc. L institut Gartner chiffrait en 2007 le marché du SaaS à plus de 5 milliards de dollars, en augmentation de 21% par rapport à l année précédente, et tablait sur le double à l horizon 2011. Service informatique en ligne Les développements informatiques des entreprises intègrent d ailleurs de plus en plus l externalisation totale ou partielle d un certain nombre de traitements, et multiplient les passerelles (SOA, architecture orientée services). Dans certaines offres, c est toute l informatique qui est externalisée : on parle de PaaS (platform-as-a-service) ou encore d informatique dans les nuages (cloud computing). HP, Sun, Amazon, Salesforce et maintenant Google proposent la location d environnements complets intégrant capacité de stockage, bases de données et briques logicielles permettant aux développeurs de déployer des applications très rapidement sans investir dans leur propres serveurs. Autre avantage : la montée en charge des applications est gérée à la volée chez le prestataire grâce à des technologies désormais matures comme la virtualisation, ce qui permet notamment de lisser les investissements. App Engine, le service de Google, est par exemple gratuit en dessous de 500 Mo de données et de 15 millions de pages vues, puis facturé en fonction de la bande passante et du temps processeur mobilisé il annonce une file d attente de 150 000 développeurs Informatique dissoute Malgré la réticence des entreprises à externaliser données et traitements, l enjeu économique est réel : Google et Salesforce se rapprochent, tandis que Microsoft lance Dynamics CRM Online pour les contrecarrer. Mieux, Microsoft installe 10 000 nouveaux serveurs chaque mois pour proposer des services de type PaaS et même l outsourcing des boîtes à lettres Exchange, pourtant une source de revenus historique pour la firme de Redmond et son écosystème de revendeurs. Pour reprendre l image de Joël De Rosnay, l informatique, après avoir envahi les foyers et les environnements de travail avec le personnal computer, entame son prochain cycle : déportée sur internet, elle va se dissoudre dans l environnement.

Usages. Premiers forfaits données illimités, essor de la 3G, nouveaux terminaux : 2008 sera-t-elle l année du décollage tant attendu de l internet mobile? Le réseau toujours à portée de main Des forfaits «illimités» chez tous les opérateurs La démocratisation de l accès internet et la généralisation des usages se sont faites par étapes : après la facturation au volume ou au temps de connexion sont apparus les premiers forfaits, puis des forfaits illimités, avec une transition conjointe vers le haut débit et la connexion permanente. L internet mobile semble avoir atteint en 2008, à son tour, un point de basculement. L arrivée sur le marché français des forfaits illimités y est pour beaucoup ; les Illimythics de SFR, lancés fin 2007, ont séduit plus de 250 000 clients en quelques semaines, tous les opérateurs mobiles ont à leur tour proposé des forfaits internet (plus ou moins) illimités, rejoints ensuite par Neuf Telecom. Au Japon, où ce type d offre est apparu dès 2004, 9 Japonais sur 10 sont aujourd hui mobinautes. Les forfaits illimités dopent également les usages : en France, 50 % des mobinautes souscripteurs d un forfait illimité se connectent au moins une fois par jour, selon l étude «Internet mobile en 2008 : usages et comportements» de l AFMM et Ipsos Média (avril 2008). Les terminaux se perfectionnent Les terminaux «internet mobile» progressent et se diversifient. Apple a créé l événement médiatique avec son iphone, mais ce marché est bien plus vaste, et selon ABI Research promis à un bel avenir : de 3,5 millions d unités en circulation aujourd hui, on devrait passer d ici 5 ans à plus de 90 millions. Parmi les terminaux mobiles destinés à une utilisation connectée, outre les «super-téléphones» du type iphone, on peut citer la tablette de lecture Kindle d Amazon, qui a connu un réel succès sur le marché américain où elle proposée avec un abonnement internet mobile (en France, Orange explore également cette voie), les ultraportables commercialisés en complément d une clé 3G (voir p. 10), ou encore les futurs baladeurs multimédias d Archos qui intègreront d ici fin 2008 la connectivité 3G+ de SFR ; le constructeur de GPS Garmin a également retenu cet axe de développement. En ce qui concerne les mobiles, l étude Forrester «European Mobile Forecast : 2008 to 2013» indique que les ventes de terminaux 3G/3G+ dépasseront celles des combinés GSM/GPRS en 2010 ; en 2013, 1 utilisateur sur 4 possédera un téléphone compatible. Les débits mobiles augmentent Parallèlement, les réseaux montent en gamme, ce qui contribue au confort d utilisation et à la richesse des services. Un rapport du cabinet d étude Juniper Research, qui table sur 1,2 milliards d abonnés mobiles haut débit d ici 2012, prévoit que 70% d entre eux utiliseront une version gonflée de la 3G d ici là. En France, après Orange, SFR s apprête à déployer la technologie HSUPA sur son réseau 3G ; celle-ci permet des débits montants augmentés et réduit notablement les temps de réponse. Si plusieurs normes s affrontent, la 4G est en vue, de même que le passage à des architectures tout IP pour encaisser une croissance exponentielle des flux de données sur les réseaux mobiles : selon Heavy Readings, ils auraient été multipliés par 8 entre 2006 et 2007. Une tendance que renforce celle à la consommation sur mobile de l internet «global» et non des versions mobiles plus légères. ABI Research prédit d ailleurs une multiplication par 10 des navigateurs dits ouverts (destinés à une consultation sur mobile de l internet global) sur les cinq ans à venir : près de 700 millions de téléphones portables seront équipés en 2013, contre 70 millions estimés en 2007. Du flou dans les chiffres La croissance des volumes de données corrobore celle des usages : selon Médiamétrie, 1 Français de 11 ans et plus sur 5 (11 millions de personnes) a consulté internet via mobile au cours du dernier mois sur le dernier trimestre 2007. Ipsos Media pour l AFMM avance des chiffres convergents : 25% des possesseurs de mobiles âgés de 15 à 50 ans sont mobinautes, une proportion qui monte à 48% pour les possesseurs de mobiles 3G. Des chiffres qui devraient continuer à croître, selon Forrester : 125 millions d Européens (soit 38% des possesseurs de mobile) accèderont régulièrement au web depuis leur téléphone portable en 2013, soit trois fois le nombre actuel. Reste que les chiffres demeurent toujours aussi difficiles à vérifier : pour l Idate, seulement 10% des Français utiliseraient déjà l internet mobile (22% chez les 15-24 ans). Un chiffre qui correspond aux 10,8% pointés par le Diagnostic en Aquitaine cette année. Dossier 9LAN - N 16 - Juillet/Août 2008

Dossier LAN - N 16 - Juillet/Août 2008 10 Equipement. Le succès des EEE-PC et autres ultraportables à bas prix déstabilise un marché informatique aux marges déjà réduites et engagé dans une course en avant vers toujours plus de puissance. L informatique allégée Prix et course à la puissance L industrie informatique a érigé en dogme économique la fameuse pseudo-loi de Moore énoncée en 1975, selon laquelle la quantité de transistors sur une puce doublerait, à surface équivalente, tous les deux ans. Elle en tire la justification marketing du maintien d un niveau de prix constant ou presque : les standards en entrée de gamme s établissent désormais aux alentours de 500 euros pour un PC et de 1000 euros pour un portable. Selon des chiffres Gartner pour la France, en 2007 les ventes d ordinateurs portables ont dépassé celles de machines de bureau mais sur ce créneau, également, la course à la puissance demeure l argument commercial par excellence, secondé par la course à la miniaturisation. La fin d un mythe marketing? Le succès inattendu des ultraportables à bas prix cette année renverse cet argumentaire et ouvre la voie à une informatique frugale : l EEE-PC commercialisé par Asus, fin 2007, a en effet donné naissance à un nouveau segment de marché. Vendu 299 euros, le premier modèle de la série EEE-PC avance des caractéristiques en rupture : processeur «démodé», faible quantité de mémoire vive, espace de stockage dérisoire (4 ou 8 Go), écran de 7 pouces seulement. Autre point qui ne destinait pas la machine à un succès grand public, elle est d abord proposée avec un système d exploitation libre, Linux. Le fabricant taïwanais ne comptait d ailleurs écouler que 50 000 unités sur le dernier trimestre 2007. Il s en est vendu 350 000. Début mai 2008, Asus revendiquait un million d unités écoulées et annonçait tabler sur 5 millions d ici la fin de l année, voire 10 millions selon les dernières estimations. Succès surprise et grand public A la même date, le cabinet d études IDC prédisait que les ultraportables resteraient confinés à un marché de niche, les ventes n atteignant pas 9 millions d unités (soit 5% du marché PC grand public) avant 2012. Au vu de la multiplication des concurrents du EEE-PC, on peut parier que ce seuil sera franchi bien plus tôt : Intel, MSI, HP, Dell, Medion, ECS, Everex, Packard Bell, Surcouf... tous ont, en catastrophe, ajouté à leur catalogue un ultraportable à bas prix ou s apprêtent à le faire, établissant de fait une nouvelle norme psychologique, avec des machines légères (moins de 1 kg), très peu encombrantes, vendues moins de 400 euros Acer à lui seul ambitionne de vendre 6,5 millions d unités sur le second semestre 2008... Autre signe que le marché de l informatique est en train de bouger, Internity et The Phone House emboîtent le pas de SFR qui, le premier, avait proposé de subventionner l achat d un EEE-PC pour les souscripteurs d un abonnement 3G, sur le modèle de ce qui se pratique en matière de téléphone mobile (les ventes couplées à un abonnement représentent un peu moins de la moitié des ventes d ultraportables en France à ce jour). Le marché va devoir s adapter Intel, qui porte ses efforts depuis des années sur la course à la puissance, a dû accélérer la sortie des processeurs Atom visant un faible coût et une consommation minimale, de manière à ne pas se laisser distancer sur ce créneau par le spécialiste VIA. Microsoft a dû prolonger la durée de vie de Windows XP jusqu en 2010 au moins sur le secteur des ultraportables, des machines incapables de faire tourner Vista. Une licence spécifique est même élaborée, ramenant Windows XP aux alentours de 30 dollars sur ce type de machines. Il y a là pour Microsoft un signe inquiétant qui dépasse les difficultés propres de Vista : sa suite bureautique Office, sans cesse plus volumineuse et gourmande en ressources, s inscrit dans cette logique de puissance contredite par le succès des ultraportables, clairement orientés vers les applications web (voir p.8). La connexion avant la puissance Ces succès signifient qu il existe une place pour des machines aux fonctions limitées mais correspondant à l essentiel des usages grand public : bureautique, messagerie, internet, connexion aux services en ligne. Asus a bien compris que les usages cantonnent à des moments bien spécifiques le besoin d une capacité informatique massive justifiant d attendre parfois plusieurs minutes qu un ordinateur ait fini de démarrer : ses cartes mères embarqueront désormais un système d exploitation allégé permettant de lancer ces applications dès la mise sous tension, sans avoir à démarrer un Windows. Machine d appoint qui suit l utilisateur à la fois dans ses déplacements et dans ses usages, l EEE-PC préfigure une informatique qui se généralise au point de devenir de plus en plus transparente, voire invisible. Stockage, capacité de calcul et même logiciels étant de plus en plus externalisés vers le réseau.

Juridique. Les TIC modifient les valeurs de l entreprise et ébranlent le pouvoir de contrôle de l employeur sur ses salariés. La hiérarchie chahutée Le code du travail et la jurisprudence distinguent la sphère professionnelle de la sphère personnelle du salarié. Cependant, l arrivée des technologies de l information et de la communication (TIC) dans l environnement du travail a entraîné une interpénétration des deux sphères : les activités personnelles entrent sur le lieu de travail et les activités professionnelles s immiscent dans la sphère personnelle. La notion de temps de travail, de moins en moins pertinente pour évaluer les tâches réellement effectuées, est remise en cause. Le pouvoir de contrôle de l employeur sur le salarié en est ébranlé, tout comme le fragilise l émergence des réseaux professionnels et des réseaux d entreprises. Face à ces évolutions, les employeurs cherchent à maintenir le lien de subordination par la cybersurveillance. TIC et nouvelles pratiques Les TIC dans l entreprise permettent à l employé de ne plus être sous le contrôle constant de son supérieur. Il est difficile pour l employeur de différencier parmi les heures passées sur l ordinateur, le temps consacré à des fins personnelles et le temps consacré à la réalisation des missions confiées. Les outils technologiques désormais incontournables sur le lieu de travail permettent au salarié de consulter à n importe quel moment des sites non professionnels, d utiliser une messagerie électronique, de se rendre sur son blog ou sur des réseaux sociaux ou forums de discussion sur lesquels il peut divulguer des informations concernant l entreprise, exprimer des opinions personnelles au nom de l entreprise voire publier des propos diffamatoires. Le courrier électronique aide à diminuer l écart entre le salarié et ses supérieurs, il est utilisé comme aplatisseur de hiérarchie, son usage créé un lien direct avec ses supérieurs, «court-circuitant» les formalités de prise de contact. Réseaux d entreprises et réseaux pros L entreprise centralisée cède la place à des réseaux d entreprises baptisés aussi écosystèmes numériques d entreprises. Au sein de cet écosystème, l employé dépend de l activité des autres entreprises en n étant juridiquement lié qu à l une d entre elles. Le salarié participe au travail collaboratif réalisé par cet ensemble d entreprises et les ordres et directives n émanent pas uniquement de son employeur. Les écosystèmes d entreprises existants n ont pas de statut juridique. Il serait dans l intérêt des salariés que ces groupements Web 1.0 : travailler Pour aient une identité sociale et que le salarié puisse avoir un contrat le liant avec le réseau au sein duquel il collabore. L employé peut aussi être à l initiative du travail en réseau : la collaboration gratuite à des tâches de travail est devenue une pratique courante. Ainsi, l employé est membre de réseaux sociaux et professionnels, il a sa propre liste de contacts et peut faire appel à leur expertise lors de l accomplissement des tâches confiées par l employeur. Pour comprendre l ampleur de cette pratique, il suffit de jeter un œil aux forums thématiques d un réseau professionnel comme LinkedIn, qui comprend un forum juridique rempli de questions et de modèles de clauses contractuelles en réponse. Là encore, la maîtrise du travail de l employé par le supérieur est difficile à mettre en œuvre. L employeur aura de plus en plus de mal à garantir la confidentialité sur les activités de son entreprise, à s assurer de la fiabilité et de la qualité du travail rendu et du respect de l obligation de réserve de ses employés. Le maintien du lien de subordination Face à ces pratiques sophistiquées, les employeurs sont nombreux à mettre en place la cybersurveillance des salariés. Une jurisprudence abondante sur la cybersurveillance des salariés a attiré l attention sur le droit d accès de l employeur aux données des salariés, face au droit de ceux-ci à un espace privé sur leur lieu de travail. La CNIL évoque les «contremaîtres» électroniques (badges par exemple) qui veillent à la localisation physique de l employé et les «contremaîtres» virtuels permettant la surveillance en ligne de celui-ci. Si l employeur a le droit de surveiller l usage des outils mis à disposition du salarié, cette surveillance doit être conforme au respect du droit à la vie privée et à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978. Ainsi, le salarié devra être informé de tout dispositif de contrôle, tout oubli d information préalable rendrait les résultats du contrôle inopposables au salarié. En dépit des efforts fournis par les employeurs, on peut prévoir la multiplication des contentieux devant les Prud hommes notamment sur l usage abusif d internet à des fins personnelles, le non respect des clauses de confidentialité et du devoir de réserve. Web 2.0 : travailler Avec LAN - N 16 - Juillet/Août 2008 Dossier Le lien de subordination et l exécution d un travail en contrepartie d une rémunération sont les deux critères permettant de qualifier le contrat de travail. En acceptant les termes de son contrat de travail, l employé s engage à consacrer ses compétences à son employeur et accepte de se placer sous sa subordination. 11

Dossier LAN - N 16 - Juillet/Août 2008 12 A suivre... Retour sur quatre sujets émergents présentés en 2007 lors de la journée Tendances Numériques. Tendances sous observation L économie de l intention Le concept d économie de l intention pointé par les Tendances 2007 fait son apparition chez un nombre croissant d auteurs. Dernier en date, Dominique Annet, dans Web & Dirigeants (éd. EdiPro), y voit un élément distinctif de l évolution du marketing en ligne : «L économie dite «économie de l attention» qui met en avant l offre, qui montre les produits, qui sature le marché avec l offre, bref le principe de publicité dans sa vision classique, est sur son déclin. «L économie de l intention» prend le relais. Il s agit de rendre public une demande et de laisser le marché jouer pour obtenir le produit. L acheteur prend la main sur le vendeur ; c est l acheteur (la demande) qui va à la rencontre du vendeur (l offre). L industrialisation du processus grâce à l internet amène l animation de marché (déjà mis en pratique par le marché de l immobilier il y a dix ans) à se faire sur la toile [ ] La vente proactive est en train de disparaître au profit d une vente réactive. Le site internet en particulier sera donc de plus en plus déterminant.» Reste que la théorie est devenue impossible à vérifier sur le terrain de l immobilier, bouleversé en profondeur par la crise des subprimes. Acheter, une compétence TIC Il se confirme en tout cas que la compétence TIC est de plus en plus mobilisée par l acte d achat. Le baromètre annuel du cabinet Guy Raffour constate en 2008 la croissance continue du etourisme malgré une activité touristique en voie de constriction : «le etourisme s apparente de plus en plus à un système «expert» qui optimise l adéquation entre le budget disponible et les offres.» La remarque prend un sens particulier au moment où le pouvoir d achat est au cœur de nombreux débats. Suite à un sondage en ligne, le Journal du Net constatait récemment que malgré l offre pléthorique en matière de comparateurs en ligne du prix de l essence (Zagaz. com, Prixcarburant.com, Carbeo.com, Carburantmalin. com, Francecarburants.org, Prix-carburants.gouv, Monplein.com), ses lecteurs pourtant technophiles n étaient que 38,3 % à y avoir recours (22,7 % de façon répétée et 15,6% une seule fois). Fait significatif, 13,7 % des répondants déclaraient que si le prix des carburants continuait d augmenter, ils finiraient eux aussi par consulter les comparateurs. Raison de plus de se féliciter de l initiative des comparateurs de prix (tous secteurs confondus) de se doter d une charte de déontologie en réponse aux attentes formulées par Eric Besson dans le cadre des Assises du numérique. Widgets et publicité en ligne La mode naissante en 2007 des widgets s est depuis confirmée au point que la page «branchée» du magazine Elle leur a récemment été consacrée. Ces petits outils créant un canal privilégié entre le bureau d ordinateur de l utilisateur connecté et un émetteur d informations ultra-ciblées a même donné naissance au widget marketing, auquel le Journal du Net, encore lui, a consacré il y a peu tout un dossier. D une manière plus générale, la très bonne santé de la pub en ligne dont on observait l essor foudroyant l an dernier se confirme. Les 4 ténors mondiaux de la publicité (Omnicom, WPP, Publicis et Interpublic) ont tiré 12,3% de leurs revenus 2007 du numérique, observe Advertising Age, et c est au numérique que le secteur doit sa croissance de 8,6% malgré un marché publicitaire tiède. La 3D sur GPS Du côté des objets technologiques, le GPS confirme son envolée. Il se dote de fonctions et surtout d interfaces toujours plus évoluées, avec une arrivée remarquable de la 3D pour proposer une navigation en image de synthèse reposant sur un affichage très fidèle de l environnement et de la route. Vient par exemple de sortir le Navigon 8110, dont la fonction Panorama View 3D facilite l orientation du conducteur en reconstituant fidèlement sur la carte le relief, les ponts et tunnels tout au long de la route. L objectif à terme de ces évolutions est un guidage avec des photos du terrain 100% réalistes, que vise par exemple le projet de plateforme Navipix. Google, comme Microsoft, travaillent également à la transposition de leurs services de cartographie 3D sur les GPS automobiles. Plus largement, c est tout le marché des é q u i p e m e n t s informatiques automobiles qui semble promis à un décollage imminent.

Europe Cybercriminalité : le nouveau défi des Etats Les attaques contre les systèmes d information de l Estonie, en 2007, ont mis en lumière la vulnérabilité des Etats face à des activités sophistiquées, organisées et internationalisées. Le pays a été désigné pour accueillir un centre de recherche de l OTAN sur la cyberdéfense et de formation sur la guerre électronique. En 2007, l Estonie était victime d une cyber-attaque massive dirigée contre les sites internet et messageries électroniques des institutions gouvernementales, les sites internet des banques et ceux des principaux sites d information. Trois ans plus tôt, en juillet 2004, le pays s engageait dans le cadre d une convention européenne aux côtés de l Albanie, la Croatie, la Hongrie et la Lituanie pour tenter de répondre aux défis de la criminalité informatique. Ce texte visait à faciliter la coordination et la coopération des acteurs, élaborer une politique européenne cohérente de lutte contre la cybercriminalité et sensibiliser sur ses coûts et dangers. Principaux freins constatés dans la mise en oeuvre d un plan d action : difficultés dans la détermination des juridictions compétentes et la loi applicable en la matière, dans l exécution transfrontalière des décisions et pour la validité et l utilisation de la preuve électronique. Depuis cette convention, l Estonie a été désignée pour accueillir un centre de recherche et de formation sur la cyber-défense et la guerre électronique, homologué par l OTAN et co-financé par plusieurs pays. Ce centre d excellence sur l e-crime était présenté lors de la conférence annuelle de l Association des régions européennes de la société de l information (eris@) à laquelle participait AEC, du 11 au 14 juin, à Cardiff (Angleterre). A cette occasion, Silver Meikar, membre du Parlement estonien, a fait part de ses préoccupations sur les cybers menaces qui guettent les Etats et les entreprises. Propos recueillis par Oumeira Tegally, juriste à AEC. AEC : Comment l Estonie a-t-elle réagi face à cette attaque? Silver Meikar : L Estonie n a pas le cadre juridique adéquat pour faire face à une cyberattaque de grande ampleur. Nous avions fait face auparavant à des attaques mineures. Là, il s agissait d une attaque de masse visant les partis politiques, les institutions Silver Meikar, du Parlement estonien étatiques ainsi que les messageries électroniques du gouvernement, les principaux portails d information, les serveurs et les banques. AEC : Qui, selon vous, pourrait être à l origine d une telle attaque? S.M : De nombreuses hypothèses ont été évoquées : des hacktivists contestant le déplacement de la statue de bronze d un héros de l armée soviétique symbolisant la libération de l Estonie en 1944, des terroristes cherchant à déstabiliser et effrayer la population, des criminels profitant de la couverture des attaques pour extorquer des fonds à des entreprises, des espions s invitant dans les systèmes d informations du gouvernement pour y soustraire des informations et y laisser une porte ouverte à des intrusions ultérieures ( back door ) ou encore des experts qui ont voulu mettre à l épreuve la robustesse des infrastructures essentielles de l Etat pour la mise en place de scénarios d attaques futures. Nous sommes dans l ère de la cyber-sécurité, il pèse sur tous les Etats une menace asymétrique permettant l atteinte à des infrastructures sensibles à partir d une zone géographique très éloignée. Tout pays utilisant des systèmes d information s expose à la cyber-menace. L utilisation malveillante de l internet et les incidents de cyber-crimes augmentent alors qu il manque des accords internationaux dans ce domaine. AEC : Quelle est désormais la stratégie de cyber-sécurité envisagée par l Estonie? S.M : Il s agit, dans un premier temps de réduire le plus possible la vulnérabilité de notre cyber-espace et de protéger les infrastructures d information essentielles. Ensuite, nous travaillerons vers l amélioration des mécanismes de coordination interdépartementale vers la prévention, la réactivité et la rapidité de reprise d activités. Il faudra parallèlement renforcer le dispositif juridique pour soutenir les objectifs de la stratégie de cyber-sécurité, sensibiliser la population à cette stratégie et développer la coopération internationale. AEC : Quelles sont les actions à mener à l échelle internationale? S.M : Les Etats doivent s accorder sur la pénalisation des usages abusifs des systèmes d information. Nous allons rédiger une loi sur la cyber-sécurité qui sera une référence pour d autres pays. Nous allons aussi promouvoir la signature et la ratification de la Convention européenne sur la cybercriminalité. Par ailleurs, nous nous engagerons activement auprès d organisations internationales pour renforcer la règlementation internationale pour la sécurisation du cyber-espace. De manière générale, nous proposons que le cyber-espace d un pays indépendant soit reconnu au même titre que ses autres espaces comme le territoire et l espace aérien. Une attaque contre le cyber-espace est une atteinte à la souveraineté, donc une question de sécurité nationale. Il sera nécessaire de s accorder sur une définition juridique commune de la cyber-guerre et d autres termes liés (cyber attaque, cyber-espace, cyber-défense, etc.). o.tegally@aecom.org LAN - N 16 - Juillet/Août 2008 13

Mission d étude Innovations et services numériques : les nouveaux Conquistadores Démonstration de la technologie NFC par Manuel Berlanga (EMT, société de transport public de Malaga) et Jose Manuel Ortiz (Orange Lab) L Espagne, dont la volonté de modernisation est forte, a le souci d appartenir à une «Europe nouvelle». Les TIC jouent un rôle de catalyseur et de révélateur de cette évolution. La mission d étude, co-dirigée courant mai par l Idate et AEC pour le compte de la Direction régionale des Collectivités Locales d Orange, visait à analyser le développement des services numériques innovants dans les deux principales villes du pays : Barcelone et Madrid. LAN - N 16 - Juillet/Août 2008 14 Barcelone, la ville numérique Barcelone, métropole européenne majeure, est imprégnée de technologies et de services de communication avancés. Les institutions publiques, la Ville comme la Generalitat (le Gouvernement de Catalogne) en tête, ont érigé l internet en outil d intermédiation et de gouvernance. Les investissements pour cette dernière pèsent 20 millions d euros sur 2008-2010. Les nombreuses structures d innovation ne sont pas en reste et affirment, comme le Fundació Barcelona Media, que le secteur rapporte aujourd hui plus d argent qu il n en coûte. Autre leitmotiv, entendu à plusieurs reprises, la notion de «talents» (au sens de compétences) que possède le territoire et que les acteurs s efforcent de conserver et de valoriser. Ainsi, le Directeur Général pour la Société de l information au sein du gouvernement catalan, Josué Sallent, n a cessé de marteler à la délégation menée par AEC et l Idate que si les TIC sont une ressource contribuant à l équilibre territorial, elles ne bénéficient pas seulement à la capitale mais à toutes les villes, plus modestes, de Catalogne. La ville de Barcelone est tout aussi pragmatique. Son portail, qui renvoie à lui seul à plus de 150 sites web traitant des différents thèmes et services municipaux, est passé à une autre priorité : la proximité et la qualité des services rendus aux citoyens, notamment pour favoriser l e-inclusion. Pour exemple, ces quelques services innovants : Le paiement sans contact à Malaga La ville de Malaga et son opérateur, EMT, qui gère les transports publics, ont été précurseurs sur le domaine des technologies innovantes visant à faciliter la mobilité du citoyen en transports collectifs. La dernière innovation est basée sur une solution de paiement de titre de transport par mobile avec la technologie sans contact NFC (Near Field Communication). Cette technologie, mise au point par Orange, devrait être testée dans les mois à venir à Bordeaux. En pratique, l usager achète un crédit de transport, en connectant sa carte de crédit au service de paiement Mobipay, via son téléphone portable. Il saisit sa carte de crédit dans son portable et ensuite réalise la transaction via une authentification et un mot de passe, le tout sécurisé. Le portable est ensuite crédité par Mobipay et l usager peut alors engager la transaction en présentant le portable à portée des bornes présentes dans le bus. - Un portail de transaction entre les citoyens et la mairie : paiement des taxes en ligne, obtention du titre de propriété via un certificat numérique placé dans une clé USB et attribué à chaque citoyen. Création d un portail dédié aux entreprises pour les démarches spécifiques avec la mairie. - Utilisation des PDA par la Guardia municipale pour l envoi de photos concernant les problèmes de voirie ou l établissement de PV, payables par téléphone mobile. Pour le citoyen, le PDA permet le dépôt de plaintes ou le signalement de faits dans la ville. - A noter que des «kiosques» permettent également de lire la Carte d Identité papier afin que les citoyens puissent faire des transactions sécurisées avec l administration. A Madrid, l émergence d une stratégie TIC A Madrid, la mise en place des TIC comme outils de modernisation de l administration, au niveau étatique, est complexe et plus récente. Quelques exemples : Le Ministère des Administrations Publiques accorde désormais au citoyen trois droits fondamentaux : - Choisir le moyen par lequel il aura accès à l information, soit par le biais d internet soit via le téléphone ou un autre média ; - L identification numérique et la généralisation de la carte d identité électronique (aujourd hui 2 millions de détenteurs) d ici la mi-2009, qui permettra de s identifier dans toute transaction avec l administration ; - Le droit de ne pas présenter les documents habituellement demandés par l administration. Ils sont, à 80%, déjà en sa possession. Le Ministère de l Industrie, du tourisme et du Commerce, affiche des initiatives intéressantes à l attention des entreprises : - Prêts accordés pour l acquisition des ordinateurs ou le financement du haut débit afin de favoriser le commerce électronique chez les PME ; - Le programme NEW pour ne laisser aucune entreprise sans un site web grâce à des prêts à 0% et des subventions. A souligner également l expérience de démocratie participative de la Ville de Madrid, une procédure ancienne mais originale : le vote électronique dans la consultation des citoyens sur un ou plusieurs Districts de la capitale a été testé, avec également une introduction du vote par téléphone mobile. Clairement, les résultats sont encore faibles (entre 2 et 3%) et de nombreux facteurs restent à régler : moyens, thèmes de consultation, information Mais le principe séduit des catégories de population qui se réapproprient le processus de décision.

Actus AEC Diagnostic de l Aquitaine Numérique AEC et l Agence landaise pour l informatique ont réuni, début juin, des représentants de communes des Landes pour un vote électronique inédit. Portrait numérique en temps réel Des résultats personnalisés grâce au boîtier de vote électronique nominal Dordogne : information sur les fonds européens AEC l Etat et la Région organisaient une journée d information sur les opportunités de financements européens pour les projets numériques (Axe 2 du Feder), le 19 juin, à la préfecture de Périgueux. Elle réunissait une quarantaine de participants dont 80% de TPE-PME. Des réunions similaires seront programmées prochainement dans les autres départements aquitains. Renseignements : 05 57 57 01 01 - em@aecom.org C est une première en Aquitaine. Ludique, interactive et instructive, l opération de vote électronique organisée par AEC et l Agence landaise pour l informatique (Alpi), le 2 juin dernier, dans le cadre du Diagnostic de l Aquitaine Numérique 2008, a réuni une cinquantaine de participants au sein de la Maison des communes de Mont-de-Marsan. Equipés d un boîtier de vote électronique nominal, les représentants des communes landaises - élus, directeur des services, techniciens informatiques ou secrétaires de mairie - ont été interrogés sur leurs équipements et usages en matière de technologies d information et de communication. Pendant près de deux heures, 90 questions leur ont été posées sur des sujets tels que la connectivité dans leur commune, l impact économique d internet sur le territoire, les contenus des sites internet communaux, les services en ligne, la relation avec les administrés ou encore l utilisation des services web. Forces et faiblesses à l écran Magie du moment, les réponses s affichaient en direct à l écran, établissant ainsi un premier portrait (forcément partiel, les Landes comptent 330 communes) des forces et faiblesses du département en matière numérique. L occasion pour Alexandre Bertin, statisticien à AEC, d apporter des analyses comparatives grâce à des données collectées sur les mêmes thèmes dans d autres départements de la région. L habituel questionnaire papier envoyé dans le cadre du Diagnostic de l Aquitaine Numérique, établi par AEC depuis 8 ans, sera envoyé aux communes n ayant pas répondu à l appel du vote électronique. Il viendra compléter les chiffres de cette expérimentation. Mais déjà, les premières tendances se confirment : bon point des communes landaises sur la dématérialisation des marchés, par exemple, et retard constaté notamment sur l archivage électronique. Conclusion de Renaud Lagrave, directeur de l Alpi : «Nous avons encore de la pédagogie à faire auprès des agents des collectivités mais surtout auprès des élus en leur expliquant qu il y a un vrai enjeu autour des TIC dans notre département, en Aquitaine et pour tout le pays». Visionnez le reportage vidéo réalisé lors de cette opération sur notre site : http://www.aecom.org/blog/rdv/actualitesaec.html Business et web 2.0 Bloguer dans un contexte d affaires Le thème est assez vaste pour qu on lui consacre une journée. Elle s est déroulée le 3 juin dernier, à Bordeaux, sous l impulsion d AEC, de l Echangeur Bordeaux Aquitaine, de l Apacom et du Club des Amis2Stella de La Rhune, Networking et Gourmandise. Au menu, quatre lieux et quatre événements autour de spécialistes du web 2.0, des blogs d entreprises et du référencement. La journée a attiré près de 300 participants dans les salons de la Cité Mondiale, de l Echangeur Bordeaux Aquitaine, de la librairie Mollat et autour des tables du dîner proposé en centreville. Au centre de cet après-midi studieuse, deux invités de choix : les québécois Claude Malaison (photo) et Philippe Martin, auteurs de Pourquoi bloguer dans un contexte d affaires? (Ed.IQ) (lire également p.3), qui ont partagé leurs expertises sur les évolutions induites par internet dans les entreprises, en termes d organisation et de méthodes de travail et par l arrivée d une nouvelle génération d employée : la Génération internet (lire le Dossier p.6). «Les jeunes qui ont moins de 29 ans aujourd hui et leur aptitude à maîtriser la logique des réseaux vont nécessairement impliquer l intégration des technologies du Web 2.0 dans les entreprises et ce, par le biais des refontes intranet», souligne Claude Malaison. Pour Philippe Martin, de la société québécoise la Fabrique de Blogs, les entreprises doivent se saisir des blogs comme un moyen de faire entrer la culture numérique dans les sociétés, remarque-t-il. Le marché des blogs d entreprises est considérable, «de l ordre de 300 millions de dollars en trois ans», précise Philippe Martin. Compte-rendu et entretien vidéo de Claude Malaison et Philippe Martin sur notre site http://www.aecom.org/blog/ rdv/actualitesaec.html LAN - N 16 - Juillet/Août 2008 15

Ci Num basque en Le Livre-bilan des travaux des Entretiens des C i v i l i s a t i o n s N u m é r i q u e s, intitulé «Les c i v i l i s a t i o n s n u m é r i q u e s, maîtriser leurs défis!», paru en janvier 2008, vient d être édité en basque et catalan (recto/verso). Il a été remis aux partenaires espagnols de Ci Num lors d un débat organisé au musée Guggenheim de Bilbao (Espagne), le 17 juin. http://www.cinum.org www.aecom.org La boîte à questions du blog juridique et TIC Un fonctionnaire est-il libre de s exprimer sur son blog? Que contient un contrat d exploitation de bases de données? Précisions sur la réforme des PPP (partenariats public-privé) http://www.aecom.org/blog/juridique/questions.html Les TIC sur France 3 Aquitaine Par Laurent-Pierre Gilliard, directeur de l information à AEC, chaque premier mardi du mois, au «Midi Pile». Le thème de juin : La réalité augmentée http://aquitaine.france3.fr/ A la tribune, de gche. à dr. : J. Prisco, D. Kaplan, J-J. Duque, F. Roure et M. Desvergne etourisme : Journée MOPA/AEC Les supports d interventions de la journée technique du 12 juin, «Mieux traiter le courrier électronique», sont en ligne sur le site de la Mission Offices de tourisme et pays d accueil : http://aquitaine-mopa.fr Formation AEC Agenda Du côté d AEC Juillet Le 1er : intervention de Laurent-Pierre Gilliard, directeur de l information, sur «les réseaux sociaux pour l entreprise». A la CCI de Bayonne. AEC soutient la candidature de Bordeaux au titre de capitale européenne de la culture en 2013! Delicious, Slideshare, Skype et autres Netvibes n ont plus de secret pour les journalistes du Club de la Presse bordelais. Ils ont bénéficié d une formation aux outils du web 2.0, le 20 juin dernier, dispensée par Laurent-Pierre Gilliard (directeur de l information) suite à la parution d un article dans l Aquitaine Numérique (février 2008) intitulé «Dix outils et services du web 2.0 pour vous simplifier le travail». Retrouvez le en ligne sur : http://www.aecom.org/veille/pdf/lan11.pdf L Aquitaine Numérique est une lettre d information mensuelle éditée par Aquitaine Europe Communication, 23 Parvis des Chartrons 33074 Bordeaux. Téléphone : +33 (0)5 57 57 01 01 Fax : +33 (0)5 57 57 97 17 E-Mail : info@aecom.org Directeur de publication : Hervé LE GUYADER. Ont collaboré à ce numéro : Marcel DESVERGNE, Oumeira Tegally, Eric CULnaert, Thierry Ulmet, Alexandre bertin, Suzanne Galy, Cécile PInceau. Ce numéro a été édité à 1000 exemplaires par AEC. Les 1-2 : accueil de la Délégation LAZIO, sur «les projets THD innovants d Aquitaine». A Bordeaux, Blanquefort, Mont-de- Marsan, Pau, Bidart. Le 8 : réunion d information sur les opportunités de financements européens pour les projets numériques, dans le cadre de l Axe 2 du Feder (partenariat ADEISO). A 18 heures, à la CCI de Bordeaux. Le 17 : rencontre avec les partenaires basques dans le cadre des Entretiens des Civilisations Numériques. Bayonne. Août 29 août : présentation du programme d activités d AEC 2008-2009. A venir en Aquitaine Juillet Du 1 au 5 : 9e Rencontres mondiales du logiciel libre à Mont-de-Marsan. Des centaines de conférences et des dizaines d ateliers. http://2008.rmll.info/ L équipe d Aquitaine Europe Communication vous souhaite une agréable saison estivale et de bonnes vacances. Rendez-vous en septembre pour un nouveau numéro de l Aquitaine Numérique!