Module 7 - Edition Item 84 version 01 du page 1 Copyright CMIT ITEM N 84 : INFECTIONS A HERPES VIRUS DE L ENFANT ET DE L ADULTE

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Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 1 ITEM N 84 : INFECTIONS A HERPES VIRUS DE L ENFANT ET DE L ADULTE OBJECTIFS TERMINAUX I. Diagnostiquer et traiter une poussée d herpès cutané et muqueux. II. Diagnostiquer et traiter une varicelle et en connaître les complications. III. Diagnostiquer et traiter un zona dans ses différentes localisations IV. Préciser les complications de la maladie herpétique chez la femme enceinte, le nouveau-né et l atopique INTRODUCTION - HSV-1, HSV-2 et le virus varicelle zona (VZV) sont des Herpes viridae. - Après la primo-infection, le virus persiste de façon définitive et latente. Les récurrences cliniques traduisent la reprise de la réplication. - Latence et persistance : éradication impossible par les antiviraux. 1 INTRODUCTION HSV-1 ET HSV-2 I. DIAGNOSTIQUER ET TRAITER UNE POUSSEE D HERPES CUTANE ET MUQUEUX 1-1 TRANSMISSION - Contact direct cutanéomuqueux, passage transplacentaire, allaitement maternel. - Diffusion : propagation le long des troncs nerveux, dissémination par voie hématogène. 1-2 EPIDEMIOLOGIE - L'homme est le seul réservoir de virus. - L'infection par HSV-1 survient au cours des premières années de la vie. - La séroprévalence pour HSV-2 de l'ordre de 15-20 % chez l'adulte 2 SAVOIR DIAGNOSTIQUER UNE POUSSE D HERPES CURANEOMUQUEUX 2-1. GINGIVOSTOMATITE AIGUE - Primo-infection plus que récurrence par HSV-1, chez l'enfant (1-4 ans). - Ulcérations diffuses buccco-gingivales, dysphagie parfois majeure (deshydratation), adénopathies sousangulomaxillaires, fièvre. - Risque de surinfection (levures). - Guérison spontanée (15j). 2-2. HERPES OCULAIRE - Signes souvent unilatéraux : douleurs, hyperhémie, photophobie, larmoiement, adénopathie prétragienne, parfois quelques vésicules palpébrales ou conjonctivales. - Recours au spécialiste impératif. - Contre indication des corticoides 2-3. AUTRES MANIFESTATIONS - Panaris herpétique, angine herpétique, pustulose varioliforme de Kaposi-Juliusberg, grave. 2-4. HERPES GENITAL : LIE A HSV-2, MAIS HSV-1 EN AUGMENTATION. 2-4-1. Primo-infection génitale - Incubation (2-7 j). - Lésions génitales erythémato-vésiculeuses douloureuses, rapidement ulcérées et recouvertes d un exsudat crémeux crémeux. Localisations extra-génitales possibles.

Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 2 - Fièvre, malaise général, adénopathies inguinales bilatérales sensibles, dysurie - La cicatrisation : jusqu à plusieurs semaines. 2-4-2. Herpès génital récurrent : Phase des prodromes : - Douleurs, brûlures, prurit, picotements, durant quelques heures. Phase lésionnelle : - Lésions localisées le plus souvent au site de la primo-infection, fièvre modérée possible, adénopathie satellite. - Guérison : 7-10 j - Fréquence des porteurs asymptomatiques mais contagieux. 2-4-3. Explorations complémentaires et Herpes génital Mise en évidence des antigènes viraux - Sur biopsie, frottis : immunofluorescence directe ou en immunomicroscopie électronique. - Sur frottis cellulaire : en technique immuno-enzymatique (EIA). Isolement viral : méthode de référence. PCR : Diagnostic d encéphalite à HSV (recherche dans le LCR) +++. Sérologie : Intérêt limité 3 SAVOIR TRAITER 3-1. SAVOIR TRAITER UNE GINGIVOSTOMATITE AIGUË - Evolution spontanée favorable - Réhydratation régulière par voie orale, bains de bouche (eau bicarbonatée et aspirine), aliments froids semi-liquides - Rarement, hospitalisation pour réhydratation IV, ou aciclovir par voie parentérale 3-2. SAVOIR TRAITER UNE MANIFESTATION OPHTALMOLOGIQUE L Herpès cornéen nécessite une prise en charge spécialisée. Il constitue une contre-indication absolue à la corticothérapie et aux anesthésiques locaux. 3-3. SAVOIR TRAITER UN HERPES GENITAL (cf T1, chap 77(02), E. PILLY, 2004) - Valaciclovir per os - Pendant 10 j si primo-infection, 5 j si récurrence - Ces traitements ne préviennent pas les récidives. 3-4. TRAITEMENT «PREVENTIF» (cf T2, chap 77(02), E. PILLY, 2004) - En cas de plus de 6 récurrences annuelles d herpès génital ou cutanéo-muqueux. - Réduit la fréquence ou supprime les poussées d herpès pendant la durée du traitement, mais ne permet pas l éradication du virus.

Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 3 QUIZZ 1. La primoinfection herpétique peut être asymptomatique 2. Quatre vingt pour cent des enfants de plus de cinq ans ont des Ac anti HSV-1 3. HSV-1 peut être responsable d herpes génital 4. L herpes est très contagieux et se transmets par voie aérienne 5. La gingivostomatite est la forme la plus fréquente de primoinfection par HSV-1 6. Une gingivostomatite herpétique se traite par Zovirax I.V. 7. Le traitement d une récurrence herpétique est plus efficace s il dure 10 jours 8. En cas de récurrence d herpes génital, la posologie de Zélitrex est de 2 cp en 1 ou 2 prises pendant 5 jours 9. En cas de plus de 6 récurrences par an d herpes génital il est licite de proposer un traitement prophylactique par Zélitrex 10. En cas d herpes génital, le Zovirax par voie IV est à préférer au Zélitrex, car il permet l éradication du virus

Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 4 Item 84 DOSSIER CLINIQUE 1 Vous accueillez aux urgences M elle Yolande PILLY, 27 ans. Elle consulte en urgence pour des douleurs génitales douloureuses évoluant depuis 48 heures. Antécédents Vit seule, et se déplace fréquemment pour son travail. Tabagisme à un paquet par jour, consommation occasionnelle d alcool. Cystite : 2 épisodes l hiver dernier. Grossesse extra-utérine 2 ans auparavant. Survenue d une symptomatologie identique, à 5 reprises au cours des 3 dernières années. Yolande PILLY n a consulté que pour l épisode précédent, et le diagnostic posé avait été celui de candidose au vu du résultat des prélèvements vaginaux réalisés. Pour chacun des épisodes, l évolution avait été spontanément favorable en quelques jours. L interrogatoire vous apprend que M elle Yolande PILLY a eu ces dernières années de nombreux partenaires sexuels «d un soir». Elle a maintenant un partenaire stable depuis 5 mois. Enfin, M elle Yolande est sous contraception orale Signes généraux Bon état général. Température : 36,8 C. Tension artérielle : 120/80 mm Hg. Fréquence cardiaque : 88 battements/minute. Examen physique Examen général : normal. Examen génital : lésions vulvaires, - douloureuses, bilatérales et asymétriques, - à type d'ulcérations superficielles polycycliques et parfois confluentes, recouvertes d un exsudat jaunâtre - avec un aspect légèrement inflammatoire en périphérie, - présence de vésicules au niveau des grandes lèvres et de la région périnéale adjacente. Examen au spéculum et touchers pelviens non réalisés. Adénopathies inguinales bilatérales, fermes, petites et modérément sensibles. Le reste de l examen clinique est normal. Vous suspectez une récurrence d herpès génital 1. Quels arguments retenez vous en faveur de ce diagnostic chez cette patiente? 2. Rappelez les modes de transmission et la physiopathologie de cette infection. 3. M elle Yolande demande si elle peut avoir, en dehors des poussées, des relations sexuelles sans risque de transmettre l herpès à son nouveau partenaire. Que pouvez-vous répondre? 4. Quel traitement proposez vous? Rédigez l'ordonnance. 5. M elle Yolande PILLY vous demande un traitement prophylactique pour ne plus avoir de récurrence. Que répondez-vous?

Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 5 1 INTRODUCTION III. DIAGNOSTIQUER ET TRAITER UNE VARICELLE ET EN CONNAITRE LES COMPLICATIONS - La plus contagieuse des maladies éruptives ; transmission aérienne par les gouttelettes de salive, pénétration par les muqueuses des voies aériennes supérieures et conjonctivales.. - 90% des cas de varicelle surviennent chez l'enfant entre 1 an et 14 ans. - Maladie grave chez l'adulte, chez l immunodéprimé, la femme enceinte. - La varicelle est la primo-infection par le VZV. 2 DIAGNOSTIQUER UNE VARICELLE 2-1. FORME HABITUELLE Incubation : 14 jours. Invasion : fébricule (38 C), érythème scarlatiniforme fugace, malaise général. Phase d état caractérisée par l éruption - Type : Maculo-papulo-vésiculeuse, très prurigineuse, ulcération et dessicationt, crustation à j4, et cicatrisation à J10 - Evolution : en plusieurs poussées successives. - Topographie : Cuir chevelu, de la face, du thorax. - Enanthème buccal, avec lésions érosives associés. - Fièvre modérée. - Micropolyadénopathie (cervicale), splénomégalie rare. Evolution Favorable : en 10-15 j. Complications - Surinfections bactériennes : Fréquentes (enfant) liées aux lésions de grattage (S. aureus et S. pyogenes). - Complications respiratoires : Pneumonie interstitielle (enfant < 6 mois, adulte, immunodéprimés) - Complications neurologiques : o Convulsions : hyperthermiques, exceptionnellement liées à une encéphalite o Méningo-encéphalite o Ataxie cérébelleuse : de bon pronostic o Plus rarement : polyradiculonévrite, myélite, méningite. 2-2. FORMES SEVERES 2-2-1. Terrain favorisant : Immunodépression, adulte, femme enceinte, nouveau-né, 2-2-2. Manifestations cliniques : - État infectieux sévère, éruption souvent nécrotique et hémorragique, localisations viscérales notamment pulmonaires, hépatiques, neurologiques, CIVD. 2-2-3. Varicelle néonatale - Grave, avec mortalité pouvant atteindre 30 % si varicelle chez la mère dans les 5 j avant ou les 2 jours suivant l accouchement. 2-2-4. Varicelle congénitale - Exceptionnelle. S observe si varicelle avant la 20 ème semaine d aménorrhée. 2-3. DIAGNOSTIC : IL EST AVANT TOUT CLINIQUE 2-3-1 Biologique - La sérologie : intérêt épidémiologique, ou rétrospectif - La culture virale : examen de référence, mais long et coûteux. - Diagnostic rapide : examen des cellules vésiculaires recherche d Ag viraux (immunofluorescence), PCR. 2-3-2. Diagnostic différentiel Prurigo strophulus, zona généralisé (immunodéprimé), variole. 3 TRAITER UNE VARICELLE

Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 6 3-1. TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE, TRAITEMENT LOCAL : - Aspirine contre indiquée. Utiliser paracétamol ou ibuprofène. - Antihistaminiques sédatifs. - Ongles propres et coupés courts. - douches ou bains quotidiens. - Interdiction de certains topiques. 3-2. ANTIBIOTHERAPIE : UNIQUEMENT EN CAS DE SURINFECTION CUTANEE AVEREE 3-3. TRAITEMENT ANTIVIRAL : RESERVE AUX FORMES SEVERES ET/OU COMPLIQUEES : - Varicelle de l'immunodéprimé, varicelle du sujet non immunodéprimé mais grave (extension ou localisations : formes respiratoires de l'adulte par exemple) - Aciclovir IV, pendant 10 jours. 3-4. TRAITEMENT PREVENTIF - chez l'immunodéprimé o Immunoglobulines polyvalentes o Vaccination possible (cf item 76, chap 131, E PILLY 2004).

Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 7 QUIZZ 1. La varicelle est la plus contagieuse des maladies éruptives 2. 90% des varicelles surviennent entre 1 an et 14 ans 3. Les formes graves surviennent chez l adulte et/ou l immunodéprimé 4. L éruption de la varicelle survient en plusieurs poussées 5. La plus grave des complications est la méningoencéphalite 6. Le diagnostic de varicelle nécessite une culture virale 7. Le diagnostic différentiel de la varicelle est le prurigo 8. La complication la plus fréquente est la surinfection cutanée 9. Le traitement de la varicelle repose sur l aciclovir (Zovirax ) 10. Le vaccin est réservé aux enfants immunodéprimés

Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 8 Item 84 DOSSIER CLINIQUE 2 Vous recevez aux urgences, Homer POPI, âgé de 5 ans et demi, pour troubles de l équilibre. Les parents (professeur de SVT au collège) ont constaté des anomalies de la démarche, et il est tombé plusieurs fois. Antécédents : vaccinations à jour asthme traité par corticoïdes inhalés RAS par ailleurs, ne suit aucun traitement Histoire de la maladie : Depuis 48 heures, Homer est «maladroit». Il est tombé à plusieurs reprise, a une démarche hésitante. Ses parents sont inquiets et l accompagnent aux urgences. Examen : Homer est «bougon», il se gratte. L examen neurologique montre un trouble de l équilibre avec élargissement du polygone de sustentation, une adiadococinésie, une dysmétrie, touts éléments évocateurs d un syndrome cérébelleux. Vous mettez en évidence une éruption : o Limitée à quelques éléments au niveau du cuire chevelu, au cou, et à la face antérieure du thorax. o A type de vésicules dont certaines sont ulcérées, et des lésions de grattage. o Prurigineuse La température mesurée aux urgences est à 38,5 C. Les parents vous informent que Homer n a aucun antécédent neurologique, et qu il n y a aucun familial. Ils vous apprennent qu il y a eu plusieurs cas de varicelle dans son école. Vous posez le diagnostic de varicelle. 1. Quelles sont les arguments sémiologiques qui confortent le diagnostic de varicelle? 2. Comment expliquez-vous les anomalies neurologiques? 3. Quelle autre complication fréquente est susceptible de chez Homer et pourquoi? 4. Les parents réclament un traitement antiviral spécifique. Que pouvez vous répondre? 5. Les parents demandent une vaccination pour la petite sœur âgée de deux ans. Que pouvez vous répondre?

Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 9 DIAGNOSTIQUER ET TRAITER UN ZONA DANS SES DIFFERENTES LOCALISATIONS 1 INTRODUCTION - Expression clinique de la réactivation du VZV, atteint 20% de la population. - Nette prédominance chez l'adulte, surtout au delà de 50 ans. - Gravité : douleur post zostérienne, formes de l immunodéprimé, certaines localisations (ophtalmique).. 2 DIAGNOSTIQUER UN ZONA 2-1. CARACTERISTIQUES GENERALES DE L ERUPTION 2-1-1. Phase prodromique 2-1-2. Phase d état. - Eruption caractéristique : - Eléments d'abord érythémateux, puis vésiculeux en bulles polycycliques confluentes, ulcérées à j5, croûteuses à J7, puis cicatrice dépigmentée souvent indélébile. - Douleurs, paresthésies et troubles objectifs de la sensibilité - Localisation : unilatérale, en hémiceinture, métamérique - Fébricule, adénopathie satellite 2-1-3. Evolution : 2 à 3 semaines, poussées successives. 2-2. LES FORMES TOPOGRAPHIQUES 2-2-1. Zona intercostal, cervical, abdominal, lombo-abdominal, sacré 2-2-2. Zona céphalique : rare, très douloureux. 2-2-2-1 Ophtalmique - Plus fréquent chez les sujets âgés - Complications oculaires fréquentes, graves - Séquelles (perte anatomique de l œil, atteinte définitive de la vision). - Atteint l'une des trois branches du nerf ophtalmique. - Algies post-zostériennes fréquentes et intenses, paralysies oculomotrices. 2-2-2-2. Zona du ganglion géniculé - Auriculaire : douleur et éruption du tympan, conduit auditif externe, conque et dans les 2/3 antérieure de l hémilangue homologue. - Paralysie faciale, vélopalatine, troubles chochléovestibulaires régressifs possibles. 2-2-2-3. Zona bucco-pharyngé - ulcérations pseudo-membranneuses des vésicules unilatérales 2-3. LES COMPLICATIONS 2-3-1. Douleurs post zostériennes (DPZ) : Principale complication neurologique - Surtout après 50 ans et surtout lors des localisations céphaliques. - Douleurs persistant au delà de la cicatrisation ou au delà d'un mois après la survenue d'un zona. - Disparaissent habituellement en 6 mois, mais peuvent être définitives. 2-3-2. Autres complications neurologiques sont exceptionnelles : - Paralysie oculomotrice, angéite carotidienne, myélites et encéphalites, - Douleurs en l absence d éruption cutanée (zona sine herpete), - Atteinte motrice dans le territoire du zona. 2-3-3. Zona généralisé : forme du sujet immunodéprimé - Diffusion multiviscérale, notamment pulmonaire, encéphalitique, hépatique... 2-3-3. Surinfections bactériennes - Au cours du zona ophtalmique - Favorisées par une corticothérapie au long cours. 2-4. EXAMENS COMPLEMENTAIRES - Diagnostic clinique - recours aux examens complémentaires exceptionnel (isolement viral, sérologie, diagnostic rapide)

Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 10 3 TRAITER UN ZONA 3-1. TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE 3-1-1. Traitement local - Douches ou bains quotidiens à l eau tiède. - Utilité de la chlorhéxidine en solution aqueuse pour prévenir les surinfections. - Interdiction de certains topiques. 3-1-2. Prise en charge de la douleur Adaptation des traitements au mieux à l aide d une échelle visuelle analogique. - Les corticoïdes ne sont pas indiqués. - Phase aiguë : antalgiques du type paracétamol-codéine, paracétamol- dextropropoxifène. - DPZ : prise en charge spécialisée. 3-2. Antibiothérapie uniquement en cas de surinfection cutanée avérée 3-3. Traitement antiviral (cf T1, chap 77 (04), E. PILLY 2004) 3-3-1 Sujet immunocompétent : - Justification : o prévention des douleurs chez le sujet immunocompétent de plus de 50 ans, o traitement précoce impératif. - Modalités : Valaciclovir per os, 7 jours. 3-3-2. Sujet immunodéprimé : traitement systématique par aciclovir IV. (cf T1, chap 77 (04), E. PILLY 2004) 3-3-3. Zona ophtalmique : prise en charge spécialisée

Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 11 QUIZZ 1. Le zona constitue une réactivation localisée de l infection par HSV-1 2. La douleur aigue constitue la principale complication du zona 3. L intensité et la durée des douleurs de la phase prodromique est un facteur prédictif de douleurs post zostériennes 4. en cas de doute diagnostic, la positivité des anticorps anti-vzv lève le doute 5. Le zona atteint le plus souvent un métamère, mais les formes bilatérales sont fréquentes 6. Les zonas céphaliques exposent plus volontiers aux douleurs post zostériennes 7. Le zona ophtalmique expose au risque de perte fonctionnelle et/ou anatomique de l œil 8. Le recours aux antiviraux par voie orale est justifié par la prévention des douleurs post zostériennes chez l adulte immunocompétent de plus de 50 ans 9. Les formes sévères du zona nécessitent le recours à la forme IV d aciclovir (Zovirax ) 10. L application locale de talc ou de colorants est indiquée car favorise la cicatrisation

Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 12 Item 84 DOSSIER CLINIQUE 3 Eléphantine PILLY, 76 ans se présente à votre consultation pour des douleurs superficielles, localisées à la nuque et au cou. Antécédents : Angine de poitrine, bien équilibrée par le traitement médical Diabète non insulino-requérant, traité par antidiabétique oral Prothèse totale de hanche droite Consommation régulière de Voltarène en cas de douleurs articulaires Histoire de la maladie Le début des signes remonte à une douzaine de jours. Eléphantine PILLY a ressenti des douleurs cutanées à type de brûlures, très intenses, pendant 6 jours avant l apparition de l érythème. Puis la fièvre modérée est apparue, en même temps que les vésicules qui se sont recouvertes de croûtes brunâtres Symptomatologie : Fébricule à 38 C Douleurs Localisées à la partie gauche de la nuque et du cou Superficielles, à type de brûlures, insomniantes, avec sensation pénible au contact des vêtements Examen physique : Eruption cutanée : o Erythèmateuse, avec vésicules confluentes, certaines étant croûteuses o Latéralisée à gauche o Existence de 5 à 6 vésicules controlatérales Le reste de l examen est normal Elle a appliqué de la pommade Fucidine qui a été sans effet, et son voisin, étudiant en médecine lui a fait une injection intramusculaire de Rifadine à visée antivirale. Vous suspectez un zona. 1. Quels sont les éléments que vous retenez chez la patiente en faveur de ce diagnostic? 2. Quelle est la physiopathologie de cette maladie? 3. Quels sont les risques évolutifs chez Eléphantine PILLY? 3. Que pensez-vous de la prescription de Fucidine? 4. Sur quels arguments allez vous prescrire un traitement spécifique? 5. Rédigez l ordonnance pour Eléphantine

Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 13 1 INTRODUCTION PRECISER LES COMPLICATIONS DE LA MALADIE HERPETIQUE CHEZ LA FEMME ENCEINTE, LE NOUVEAU-NE ET L ATOPIQUE - L herpès néonatal concerne 1 à 3 nouveau-nés pour 10 000 naissances, soit entre 70 et 200 cas annuels en France. HSV-2 est principalement en cause. - Gravité : une mortalité très élevée, séquelles très lourdes en cas de survie. - La transmission s effectue, par contact direct lors du passage dans la filière génitale. - Une contamination post-natale est possible. - Une dissémination par voie hématogène est possible chez le nouveau-né. 2 PRECISER LES COMPLICATIONS DE LA MALADIE HERPETIQUE CHEZ LA FEMME ENCEINTE 2-1. L INFECTION DE LA MERE PEUT ETRE 2-1-1 Cliniquement patente : herpès génital typique surtout dans le dernier mois, avec un risque majeur de transmission évalué à 75 % en cas de primo-infection et à 5 % en cas de récurrence. 2-1-2 Cliniquement latente : avec excrétion génitale asymptomatique d HSV-2 estimée entre 3 et 16 %, au cours de la grossesse. 2-2. FACTEURS FAVORISANTS LA CONTAMINATION DU NOUVEAU- NE : - Prématurité, - Rupture de la poche des eaux > 6 h, - Blessure du scalp (électrodes, forceps), importantes lésions cervicovaginales d herpès. 2-3. COMPLICATIONS SUSCEPTIBLES DE SURVENIR AU COURS DE LA PRIMOINFECTION - Une cervicite est associée dans 30% des cas, mais est en règle non diagnostiquée 3 PRECISER LES COMPLICATIONS DE LA MALADIE HERPETIQUE CHEZ LE NOUVEAU- NE, L ATOPIQUE 3-1. CONSEQUENCES DE LA CONTAMINATION ANTENATALE 3-1-1 Accouchement prématuré, avortement (25% des cas), mort in utero 3-1-2 Embryofoetopathie exceptionnelle (contamination avant 8 SA) - Atteintes du système nerveux central : hydrocéphalie, microcéphalie, convulsions, retard psychomoteur, calcifications intracraniennes, choriorétinite, microphtalmie, cataracte - Vésicules cutanées - Atteintes cardiaques (persistance du canal artériel, hépatites 3-2. CONSEQUENCES DE LA CONTAMINATION PERINATALE OU NEONATALE 3-2-1 Forme disséminée : Les signes apparaissent au 9 e -11 e jour, l atteinte est polyviscérale - Tableau de sepsis néonatal - Méningo-encéphalite (perte de connaissance, paralysie des paires crâniennes, léthargie, coma) - Hépatite nécrotique, coagulopathie de consommation, splénomégalie - Eruption vésiculeuse : kératite, gingivostomatite - Le risque de décès est de 50% 3-2-2 Ménigoencéphalite isolée : - De survenue plus tardive, de diagnostic difficile. - Séquelles lourdes dans 50% des cas. 3-2-3 Forme cutanéomuqueuse - Atteinte cutanée, conjonctivale ou orale - Risque d atteinte oculaire chronique, d encéphalite secondaire. - Le diagnostic précoce et le traitement antiviral permettent une guérison dans 90% des cas 3-3. CONSEQUENCES DE LA CONTAMINATION POSTNATALE - HSV-1 est habituellement en cause : liée à une récurrence maternelle (orale ou mammaire), de l entourage, ou à une transmission nosocomiale. - Responsable de 5-10% des herpes néonataux.

Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 14 3-4. CHEZ L ATOPIQUE L existence d un eczéma expose en cas d herpes, à la pustulose varioliforme de Kaposi Juliusberg : - Fréquence (5 %), plus fréquent chez l enfant dans les 2 3 premières années - Localisation plus fréquente: tête, cou, partie supérieure du tronc - Éruption monomorphe de lésions vésiculeuses, croûteuses, ombiliquées, initialement regroupées - Impétiginisation fréquente, lésions parfois pustuleuses - Fièvre, malaise, adénopathies - Résolution en 2 à 6 semaines - Mortalité liée à une virémie et atteintes viscérales

Module 7 - Edition 2004 - Item 84 version 01 du 02 01 2004 page 15 QUIZZ 1. Quelle est la fréquence de l herpes néonatal en France? 2. Quelle est la voie de transmission mère-nouveau-né la plus fréquente? 3. Quelle est le taux de d excrétion asymptomatique d HSV au cours de la grossesse, chez une femme antérieurement infectée? 4. Citez deux facteurs favorisant la contamination néonatale. 5. En cas de poussée herpétique génitale récurrente chez la mère, pendant le dernier mois de grossesse, quel est le risque de transmission au nouveau-né? 6. Quel est le risque décès en cas d herpes disséminé néonatal? 7. Les signes cliniques d herpes néonatal apparaissent dès la 48 ème heure de vie? 8. Les séquelles neurologiques, en cas d encéphalite herpétique néonatale, sont 80% des cas? 9. 50% des herpes sont liés à une contamination post-natale? 10. L accouchement prématuré est une complication de l herpès génital de la femme enceinte? POUR EN SAVOIR PLUS E. PILLY 2004 Chapitres 77,1 à 77,5 p. 386-397.