DIABETE SUCRE : Ce qu il faut savoir Dr Opoko Althel Pharel Endocrinologie, Diabétologie, Nutrition Faculté de Médecine et de pharmacie de Rabat CHU Ibn Sina, Rabat- Salé, maroc www.congomed.com
1. Qu est- ce que c est que le diabète? Le diabète est une maladie qui se définit par un taux de sucre supérieur à 1,26g/L le matin à jeun contrôlé à deux reprises ou un taux de sucre supérieur à 2g/L à n importe quelle heure de la journée. www.congomed.com 1
2. Il y a plusieurs types de diabète : En effet, il existe plusieurs types de diabète ; nous avons principalement : Ø Diabète type 1 Le diabète de l enfant, encore appelé diabète type 1 anciennement appelé diabète insulinodépendant. Il apparait généralement chez le sujet jeune, le plus souvent de moins de 35ans, n ayant aucun parent diabétique car il n est pas héréditaire, mais il peut arriver que certains sujets aient par coïncidence un ou deux parents diabétiques. Dans la plupart des cas il est d origine auto- immune, c est- à- dire, dû à un défaut de fonctionnement de certains anticorps du sujet qui sont dirigés contre ses propres cellules qui produisent de l insuline, et cela entraine une destruction progressive de ces cellules productrices d insuline. Lorsque 80 % des cellules sont détruites, le sujet présente alors des signes de diabète. Ces signes sont : une soif importante avec prise excessive d eau (polydipsie), une augmentation de la miction (polyurie) et souvent, le sujet maigri ; l amaigrissement traduit un manque total d insuline. Le seul traitement pour ce type de diabète, c est la prise de l insuline à vie, car le corps n en produit plus. Ø Le diabète de type 2 Le diabète de type 2 est couramment appelé diabète gras. Il apparait chez les sujets obèses ou en surpoids, ayant un ou deux parents diabétiques, donc porteurs des gènes qui les prédisposent à développer le diabète. C est ce type diabète qui est héréditaire. Le diabète de type 2 est favorisé par la prise de poids, une mauvaise distribution de graisse, notamment une obésité abdominale. Son mécanisme est totalement différent du type 1. En effet, le sujet diabétique de type 2 produit de l insuline, mais en quantité moins importante que le sujet normal, car porteur des gènes de prédisposition (hérédité) qui favorisent un défaut de production. En plus, cette insuline produite insuffisamment n est pas totalement utilisée à cause de l obésité. L obésité entraine une production importante de graisses, qui se déposent le plus souvent sur les cellules et empêche à l insuline d agir sur la cellule, et cela va entrainer une glycémie élevée. Par ailleurs il y a également le diabète gestationnel, il s agit du diabète qui apparait chez la femme enceinte à partir du 2ème trimestre de la grossesse et qui peut disparaitre après la grossesse. www.congomed.com 2
3. Quel est le rôle de l insuline? L insuline est une hormone, c est- à- dire une substance protéique produite par l organisme, qui a pour rôle de baisser le taux de sucre. C est la seule substance de l organisme qui a cette potentialité. Elle est produite au niveau d un organe appelé pancréas, précisément dans les cellules pancréatiques appelées cellules β de Langerhans. L insuline agit en facilitant l entrée du sucre dans la cellule, car toutes les cellules de l organisme se nourrissent du sucre. En effet, chaque fois que nous mangeons, peu importe le repas, nous apportons du sucre dans l organisme, et cela est responsable d une augmentation du taux de sucre dans le sang. L excès de sucre est toxique pour l organisme, et devant tout excès, il y a une production d insuline en quantité suffisante, pour baisser le taux de sucre en excès. Ainsi, quand l organisme produit peu d insuline ou pas du tout, ou quand l insuline produite n est pas totalement utilisée à cause de la graisse, le taux de sucre est en excès dans le sang : c est le diabète. www.congomed.com 3
4. Comment diagnostiquer le diabète? Le diagnostic du diabète est simple et facile, il se fait par une simple mesure de son taux de sucre (glycémie), par un appareil adapté (glucomètre). Une glycémie prise le matin à jeun supérieure à 1,26 g/l contrôlée à deux reprises ou, Une glycémie prise à n importe quelle heure de la journée supérieure à 2g/L a deux reprises Permet de poser le diagnostic du diabète. 5. Qui doit mesurer son taux de sucre? Ø Tout sujet, car le diabète devient un vrai problème mondial, son taux ne cesse d augmenter dans tous les pays du monde, et d ici 2020, selon les experts, le nombre de diabétiques va doubler voire tripler ; donc, tout le monde est concerné. Ø Les sujets ayant des parents diabétiques, notamment les frères, sœurs, tantes, oncles, pères et mères sont beaucoup concernés. Ø Les sujets obèses, ou en surpoids, surtout l obésité abdominale, c est- à- dire, les sujets ayant un périmètre abdominal supérieur à 88 chez l homme et 80 chez la femme. Ø Les femmes ayant présentés des glycémies élevées pendant les grossesses, ou ayant accouché des gros enfants pesant plus de 4kg, doivent contrôler leurs glycémies. 6. Où et comment mesurer la glycémie? La mesure de la glycémie est simple et très facile, elle se fait le plus souvent à l aide d un appareil appelé glucomètre. Elle peut se faire dans un centre de santé, ou à domicile individuellement, car le glucomètre est disponible dans toutes les pharmacies et tout le monde peut s en procurer. La mesure peut également se faire à l aide d une prise de sang, au laboratoire. www.congomed.com 4
7. Quelles sont les complications du diabète Le diabète est une maladie chronique, on est diabétique à vie. Comme toutes les maladies lorsqu il n est pas bien suivi, ou lorsqu il est ignoré, il évolue lentement et surement vers les complications. On distingue deux types de complications du diabète : Ø Complications aigues : Il y a des complications aigues, que l on appelle complications métaboliques les plus fréquentes sont la décompensation cétoacidosique et l hypoglycémie. v La décompensation acido- cétosique, généralement appelée sous sa forme abrégée DAC est une complication grave et souvent mortelle du diabète. Il apparait : Chez le sujet diabétique de type 1, qui n est pas connu diabétique, lorsqu il déclenche pour la première fois son diabète : il s agit d une décompensation inaugurale ; ou chez le diabétique de type 1 qui est sous insuline qui n a pas pris son traitement. Chez le sujet diabétique de type 2 qui a une infection ou qui ne produit plus de l insuline. Il se manifeste par une prise excessive d eau, une envie pressante d uriner, une déshydratation et un amaigrissement rapide et important. Le diagnostic se fait devant une glycémie supérieure à 2,5 g/l, et à la bandelette urinaire on retrouve du sucre et de l acétone. D où chaque fois qu on trouve une glycémie supérieure à 2,5 g/l, il faut penser à faire une bandelette urinaire, car la présence de l acétone dans les urines est une urgence médicale, qui impose une hospitalisation. En effet l acétone est très toxique pour l organisme. v L hypoglycémie : il s agit d une complication très grave, plus dangereuse que la DAC, car entraine souvent des comas avec des séquelles irréversibles. Le cerveau ne se nourrit que du sucre, c est l organe qui consomme la plus grande quantité de sucre produit par l organisme. Chaque fois que le sucre manque, le cerveau souffre. Cette souffrance se manifeste par les signes neurologiques typiques de l hypoglycémie : tremblements des extrémités, perte de concentration, sueurs profuses, palpitations, vertiges et parfois coma sans oublier la sensation de faim. Devant ces signes penser à mesurer glycémie en urgence, à défaut, se resucrer avec un petit verre d eau sucrée, ou un verre du jus, ou encore un pot de yaourt sucré pour éviter le coma. www.congomed.com 5
Ø Complications chroniques : Le diabète est une maladie vasculaire, car toutes les anomalies et désordres que nous avons cités précédemment se déroulent dans le sang, et cela altère la paroi des vaisseaux sanguins. On distingue donc : v l atteinte des gros vaisseaux appelée macro angiopathies : il s agit du vaisseau du cœur, se manifestant par une souffrance myocardique, du cerveau notamment l AVC et de l artère du membre inférieur qui occasionne une mauvaise circulation sanguine aux membres inférieurs responsable des amputations des membres. v L atteinte des petits vaisseaux appelée micro angiopathies : ce sont les vaisseaux du rein, entrainant une insuffisance rénale à la longue, les vaisseaux des yeux responsable de la cécité et les vaisseaux des nerfs responsables d une perte de sensibilité, ce qui fait que le diabétique peut présenter une plaie au niveau du pied et ne pas le savoir, peut se brûler sans se rendre compte ; la finalité c est un pied diabétique qui finit souvent par les amputations. www.congomed.com 6
8. Quel est le traitement du diabète? Le traitement du diabète est mené à vie, il ne faut jamais l arrêter. Il dépend du type de diabète : Ø Chez le diabétique de type 1, c est l insuline et rien que l insuline, car le sujet n en produit plus. Ø Chez le diabétique de type 2, le traitement dépend du stade de diabète notamment du degré de production de l insuline, de la présence ou non de complications, de la présence ou non d une infection ou autres situations aigues. Ainsi, dans certains cas, on utilise les médicaments appelés antidiabétiques oraux, dans d autres cas on utilise l insuline. Les antidiabétiques oraux sont : v Les médicaments qui facilitent l action de l insuline pour vaincre la résistance causée par les graisses, appelés insulinosensibilisateurs c est la metformine (glucophage, stagid) v Les médicaments qui augmentent la production de l insuline ce sont les insulinosécrétagogues, les sulfamides (diamicron, glidiabet, amarel ) v Actuellement il existe de nouvelles classes des médicaments qui agissent sur l hyperglycémie qui survient après le repas, ce sont les incrétinomimétiques ou analogues de la GLP1 (exénatide : byetta, liraglutide) et les inhibiteurs de la DPP4 (sitagliptine : januvia, vildagliptine : galvus). Dans d autres situations, lorsque le sujet diabétique de type 2 ne produit plus de l insuline, ou présente une infection, ou autre état aigu, présente une complication ou une contre- indication à l utilisation des antidiabétiques oraux, il est mis sous insuline Le choix du traitement et du schéma thérapeutique est une décision médicale, il doit donc se faire par un médecin, mieux un spécialiste en diabétologie. www.congomed.com 7
9. Le suivi du diabétique : Tout diabétique doit être suivi par son médecin diabétologue, le suivi doit être régulier, le plus souvent tous les 3 mois ou moins, en fonction de sa situation clinique. Ceci, afin de bénéficier d une meilleure prise en charge et d une meilleure évaluation de son bilan de complication ; ainsi le dosage de l hémoglobine glyquée doit se faire tous les 3mois, pour évaluer l efficacité du traitement ; un bilan lipidique, le Fond d œil, micro albuminurie, bilan cardiaque doivent se faire tous les ans au moins, en fonction de la situation clinique. En conclusion, le diabète est une maladie grave, très couteuse, handicapante par ses complications, pénible du fait de sa chronicité, mais maitrisable si on est bien suivi. Sa prise en charge comme celle de toutes les ALD (affections à longue durée), nécessite l adhésion du patient, donc sa participation. Ainsi, une meilleure connaissance de la maladie par le malade, lui permet d éviter certaines complications, et contribue à l amélioration de sa prise en charge. www.congomed.com 8