Gestion des troubles du comportement en EHPAD



Documents pareils
Maladie d Alzheimer et maladies apparentées : prise en charge des troubles du comportement perturbateurs

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

Démence et fin de vie chez la personne âgée

Le référentiel professionnel du Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique

Définition, finalités et organisation

Comment la proposer et la réaliser?

SOMMAIRE I. INTRODUCTION 4 II. SOURCES D INFORMATION 5

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

Guide à l intention des familles AU COEUR. du trouble de personnalité limite

Résidence MBV Les FIGUERES -Capendu-

L aide aux aidants. Psychologue clinicienne. Capacité de gériatrie mars 2009

Migraine et Abus de Médicaments

Les troubles non moteurs de la maladie de Parkinson. Comprendre la maladie de Parkinson

«Tout le monde devrait faire une psychothérapie.»

Calendrier des formations INTER en 2011

I. Qu est ce qu un SSIAD?

Troubles psychiques de la grossesse et du post-partum Q19. Psychiatrie adulte Module D Pr Jean Louis Senon Année universitaire

troubles comportementaux aigus et/ou cognitifs tous les intervenants de l entreprise Prise en charge immédiate sur le lieu de travail.

La prise en charge d un trouble dépressif récurrent ou persistant

Document de travail «Conduite de l évaluation interne dans les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes» Mars 2011

Migraine et céphalées de tension: diagnostic différentiel et enjeux thérapeutiques

La prise en charge d un trouble bipolaire

Stress des soignants et Douleur de l'enfant

Le référentiel RIFVEH La sécurité des personnes ayant des incapacités : un enjeu de concertation. Septembre 2008

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

Stratégie d intervention auprès des élèves présentant des comportements et attitudes scolaires inappropriés

Trouble bipolaire en milieu professionnel: Du diagnostic précoce àla prise en charge spécialisée

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

Référentiel Officine

Autisme Questions/Réponses


SUPPLEMENT AU DIPLÔME

Migraine et mal de tête : des "casse-tête"

Télé-expertise et surveillance médicale à domicile au service de la médecine générale :

L infirmier exerce son métier dans le respect des articles R à R et R à du code de la santé publique.

Nouvelles addictions. Dr Marie VERSCHAVE Praticien hospitalier Service de médecine interne E et addictologie

CAHIER DES CHARGES INFIRMIER-ÈRE DIPLÔMÉ-E

La migraine : une maladie qui se traite

TROUBLES ENVAHISSANTS DU COMPORTEMENT (TEC)

Carte de soins et d urgence

L articulation Hôpital de jour Accueil de jour

Recommandation Pour La Pratique Clinique

«Les jeux en ligne, quelle influence en France?»

L E C O U T E P r i n c i p e s, t e c h n i q u e s e t a t t i t u d e s

CONTRAT D ACCUEIL. Parents Assistant(e)s Maternel(le)s. Proposé par les Relais Assistantes Maternelles du Haut-Rhin

LA MÉTHAMPHÉTAMINE LE CRYSTAL C EST QUOI

CONNAISSANCE DE SOI APPRENDRE A AVOIR CONFIANCE EN SOI

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 1 er octobre 2008

Information destinée aux proches. Comment communiquer avec une personne atteinte de démence? Conseils pratiques

La schizophrénie est une maladie évolutive; elle comporte 5 phases, qui se succèdent souvent dans l ordre 2 :

Comment remplir une demande d AVS Remplir les dossiers administratifs quand on a un enfant autiste et TED (3) : demander une AVS

Auto-évaluation. Évaluation de la promotion de la bientraitance

«Politique des ARS pour les seniors»

DOSSIER MEDICAL (à faire remplir obligatoirement par le Médecin et à retourner accompagné du Dossier administratif au Centre Addictologie d Arzeliers)

Comprendre les différentes formes de communication

Efficacité et risques des médicaments : le rôle du pharmacien

Le décret du 2 mars 2006 a institué le Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique de niveau V.

La migraine. Foramen ovale perméable. Infarctus cérébral (surtout chez la femme)

APRES TOUT ACTE DE MALTRAITANCE. 3. Elaboration des recommandations de pratique. 4. Diffusion au personnel des recommandations.

La prise en charge de votre épilepsie

Annexe 2 Les expressions du HCAAM sur la coordination des interventions des professionnels autour du patient

Classifier le handicap épileptique avec ou sans autres déficiences associées. Réponses médico-sociales.

TITRE : «Information et consentement du patient en réadaptation cardiovasculaire»

LES PROFESSIONNELS DE LA SANTE

Agenda. Prevalence estimates in France PAQUID 23/11/14. Workshop Innovation Alzheimer 6 Novembre Atelier BANQUE NATIONALE ALZHEIMER

La migraine : quelle prise de tête!

La santé. Les établissements de l entité Mutualité Santé Services

Moteur de recherche : Daniel Goutaine Page d'accueil Rubrique : contentions

L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

Droits et aides pour les aidants familiaux «Être aidant être soi» Prendre soin de soi c est prendre soin de l autre.

Ministère chargé de la santé Diplôme d Etat d infirmier. Portfolio de l étudiant

Dépression. du sujet âgé. Docteur Patrick Frémont. Professeur Joël Belmin. Psychiatrie

DOSSIER DE SOINS INFIRMIERS

CONTRAINTES PSYCHOLOGIQUES ET ORGANISATIONNELLES AU TRAVAIL ET SANTE CHEZ LE PERSONNEL SOIGNANT DES CENTRES HOSPITALIERS:

Les aspects psychologiques de la paralysie cérébrale : répercussions et enjeux dans le parcours de vie.

JE NE SUIS PAS PSYCHOTIQUE!

Insuffisance cardiaque

Les soins des douleurs chroniques dans les TMS Les échecs thérapeutiques

La prévention : caractéristique du positionnement de la Mutualité Française sur l ensemble de son offre

admission directe du patient en UNV ou en USINV

Permis de conduire et maladie d Alzheimer. Denise STRUBEL Service de Gérontologie et Prévention du Vieillissement CHU Nîmes

Plan «Alzheimer et maladies apparentées»

Un regard différent, une approche différente

La prise en charge de votre maladie, l accident vasculaire cérébral

DOMAINE 7 RELATIONS ET RÔLES

Repérage de la perte d autonomie

CHUTES DE LA PERSONNE AGEE. «Protection Escaliers motorisée»

PACTE : Programme d Amélioration Continue du Travail en Equipe Phase d expérimentation

Traumatisme crânien léger (TCL) et scolarité

La dépression qui ne répond pas au traitement

Journal de la migraine

Fonctionnement neural et troubles cognitifs chez le patient bipolaire: preuve ou surinterprétation

Une forte dynamique des prescriptions de ces nouveaux anti-coagulants oraux

EXEMPLE DE METHODOLOGIE POUR L ELABORATION D UN PROTOCOLE DOULEUR Marie AUBRY Infirmière référente douleur Hôpital TENON AP-HP Paris XX e SOMMAIRE

d infirmières et d infirmiers Pour être admissible au répit spécialisé sur référence Des services spécialisés intégrés en

DOCUMENTATION CLINIQUE D UNE CHUTE D UN PATIENT

Simulation en santé. Outil de gestion des risques. Avril Dr MC Moll 1

2O14 LIVRET D ACCUEIL DES RESIDENTS. EHPAD Les Savarounes, 1 rue du Roc Blanc CHAMALIERES Tel : Fax :

Infirmieres libérales

Transcription:

Gestion des troubles du comportement en EHPAD Olivier MICHEL et Pierre-Yves MALO Service de Médecine gériatrique Centre Mémoire de Ressources et de Recherche C.H.U. Hôtel-Dieu RENNES Journée Qualité en EHPAD, Rennes, 13 juin 2012

Conflits d intérêt potentiels Soutien pour congrès Novartis, Lundbeck Participation à un comité scientifique Janssen-Cilag Participation à des études médicamenteuses Pfizer, Novartis, Lilly, Exonhit, Affiris, MSD, Janssen-Cilag, Noscira

Les troubles psychologiques et comportementaux dans la maladie d Alzheimer et maladies apparentées 3

L enquête Alzheimer Breizh (2004) Tous les établissements médico-sociaux de Bretagne : 565 Foyers logements, Maisons de retraite, EHPAD Réponses: 156 établissements (27,6%) 49 foyers logement dont section de cure : 4 48 EHPAD 40 maisons de retraite dont section de cure : 18 18 MAPA, MARPA et divers 12 474 lits

Les critères de prise en charge Fugues : 78 Cris : 53 Agressivité: 29 Tr. Mémoire : 26 Tous : 19 Tr. Comport : 16 Déambulation : 16 Tr. perturbants : 12 DTS : 12 Agitation : 8 Inversion du rythme veille-sommeil : 5 Dépression : 4 Repli sur soi : 3 Angoisse : 3 Tr de l humeur : 2 Modif de compt: 1

Généralités Un enjeu important de l évolution de la maladie d Alzheimer Jusqu'à90% des patients atteints de maladie d'alzheimer ou apparentée peuvent présenter au moins un trouble psychologique ou comportemental àun moment de l évolution de la maladie Certains peuvent avoir un retentissement fonctionnel important L'agitation, l'agressivité, les comportements d'errance ou d'opposition augmentent en fréquence avec l'évolution de la maladie et le déclin cognitif Deux types de troubles psychologiques et comportementaux Troubles déficitaires ou de retrait, trop souvent négligés Troubles du comportement jugés par l entourage comme perturbateurs, dérangeants, ou dangereux pour la personne ou pour autrui Il est important de les repérer précocement Rôle central des soignants Prise en charge pluridisciplinaire Prise en compte du ressenti par la personne de son trouble La personne est sujet et non objet de soins 6

7

Description des troubles (1) Les troubles du comportement déficitaires ou de retrait Apathie Trouble de la motivation qui se caractérise par un émoussement affectif, une perte d initiative et une perte d intérêt. Trouble comportemental le plus fréquent dans la maladie d Alzheimer (60%) Dépression Elle se caractérise par une humeur triste, durable et/ou une perte d élan, de l intérêt et du plaisir pour la plupart des activités, un pessimisme et des idées suicidaires 8

Apathie, dépression : troubles du comportement Apathie et dépression ne sont pas spécifiques de la MA Apathie et dépression coexistent dans la MA Apathie seule 43% 22,4% Dépression seule 7% 10% Dépression et apathie 37% 15,4% Ni dépression ni apathie 13% 52,2% Lévy, 1998 Van Reekeem, 2005

Apathie dépression signes communs mais entités différentes Clément, 1999 -Derouesné, 2004 -Lévy, 1998 -Benoit 2004

Description des troubles (2) Les troubles du comportement perturbateurs (1) Opposition Attitude verbale ou non verbale de refus d accepter des soins, de s alimenter, d assurer son hygiène, de participer à toute activité Agitation Comportement verbal ou moteur excessif et inapproprié Agressivité Comportement physique ou verbal vécu comme menaçant ou dangereux pour l entourage ou le patient 11

Description des troubles (3) Les troubles du comportement perturbateurs (2) Comportements moteurs aberrants Activités répétitives et stéréotypées sans but apparent ou dans un but inapproprié(déambulation, gestes incessants, attitudes d agrippement, etc.) Les comportements peuvent avoir différentes motivations ou causes en réponse àl anxiété, àune conduite exploratoire, survenir exclusivement la nuit ou àun moment donnéde la journée, en relation avec un objectif désadapté par rapport à la vie du résident 12

Description des troubles (4) Les troubles du comportement perturbateurs (3) Désinhibition Cris Comportement inappropriépar rapport aux normes sociales ou familiales (remarques grossières, gestes déplacés, attitudes sexuelles incongrues, comportement impudique ou envahissant) Vocalisations compréhensibles ou non de forte intensité et répétitives Idées délirantes Perceptions ou jugements erronés de la réalité, non critiqués par le sujet. Les thèmes les plus fréquents sont la persécution (vol, préjudice), la non-identification (délire de la présence d un imposteur ou de sosies), l abandon, la jalousie 13

Description des troubles (5) Les troubles du comportement perturbateurs (4) Hallucinations Perceptions sensorielles sans objet réel àpercevoir, le plus souvent visuelles et auditives (àdifférencier des illusions qui sont des déformations ou des interprétations de perceptions réelles) Troubles du rythme veille/sommeil Troubles portant sur la durée, la qualitédu sommeil. L inversion du cycle jour-nuit est possible (cycle nycthéméral) 14

Des caractéristiques communes (1) Les troubles psychologiques ou comportementaux sont en rupture avec le fonctionnement antérieur de la personne Ils peuvent être précédés par des changements minimes, souvent perçus par les soignants bien avant «la crise» En présence de troubles cognitifs, aucun changement de comportement n est anodin Inciter les soignants àdire et valoriser leurs observations «Je repère, j en parle, on agit.» Attention un symptôme peut en cacher un autre 15

Des caractéristiques communes (2) Ils sont fluctuants en intensité ou épisodiques La réponse aux thérapeutiques non médicamenteuses est également fluctuante Ils sont interdépendants et souvent associés Ils ont des conséquences importantes Risque de maltraitance ou de négligence Aggravation du pronostic fonctionnel de la maladie Risque de prescription médicamenteuse inappropriée Risque accru d hospitalisation Risque d épuisement des soignants et des aidants, de souffrance des proches 16

17

La prise en charge Les étapes de la prise en charge La démarche diagnostique La démarche thérapeutique Le suivi et la prévention Les éléments de base de la prise en charge Description précise des troubles, en tenant compte de ce qu en dit la personne Recherche de leurs causes et du sens àleur donner (moyen d expression de la personne, mécanisme de défense, etc.) Analyse des attitudes préalables des professionnels et des proches face à ces troubles 18

La démarche diagnostique (1) La démarche d évaluation des troubles Elle est structurée, personnalisée et hiérarchisée Les outils d évaluation Inventaire de neuropsychiatrie, version équipe soignante (NPI-ES) Échelle d auto-évaluation de la dépression (Geriatric Depression Scale - GDS) Echelle de dépression de Cornell Echelle d agitation de Cohen Mansfield L enquête étiologique Facteurs écologiques Facteurs propres à la personne Facteurs propres à la maladie La synthèse et la transmission des informations L évaluation clinique et la recherche des causes sont répétées si le trouble persiste 19

La démarche diagnostique (2) La démarche d évaluation des troubles (1) Évaluer le caractère d urgence, de dangerositéou de risque fonctionnel pour le patient et pour autrui Rechercher une cause somatique à traiter en priorité Interroger et examiner le patient dans une atmosphère calme, interroger les professionnels et les proches Les causes à rechercher et traiter en priorité(1) Une comorbidité une infection (notamment urinaire ou dentaire) une rétention urinaire un fécalome un trouble métabolique une mycose (surtout buccale) une décompensation d une pathologie chronique une comorbiditéneurologique (AVC, hématome sous-dural, crise comitiale non convulsivante, etc.) 20

La démarche diagnostique (4) La démarche d évaluation des troubles (3) Les causes à rechercher et traiter en priorité(2) Une cause iatrogène Une douleur (échelles Doloplus, Algoplus, ECPA ) Une déshydratation Une cause psychiatrique Un syndrome dépressif (GDS) Une crise d angoisse sévère La décompensation d une pathologie psychiatrique préexistante Une modification ou une inadaptation de l environnement Un déficit sensoriel Une prise de toxique 21

La démarche diagnostique (5) La démarche d évaluation des troubles (4) Approfondir l évaluation clinique des troubles Intensité et retentissement Compléter l enquête étiologique Faire le point sur les capacités sensorielles et cognitives Identifier des facteurs prédisposants Facteurs de fragilité, facteurs d environnement, de mode de vie Rechercher des facteurs déclenchants ou de décompensation Événements ponctuels, problèmes relationnels, attitude inadaptée des professionnels ou des proches Penser à observer le comportement de la personne quand elle est seule et quand elle est en interaction avec d autres 22

La démarche diagnostique (6) Les outils d évaluation des troubles L utilisation des outils d évaluation des troubles psychologiques et comportementaux est recommandée si les troubles persistent plusieurs jours Ils permettent d objectiver les troubles Ils donnent l occasion aux professionnels de partager leur vécu des troubles Ils valorisent la parole des soignants et concourent àune meilleure connaissance et donc tolérance des symptômes Les principaux outils d évaluation L inventaire neuropsychiatrique (NPI) utilisation du NPI-ES en établissement, version renseignée par les soignants L échelle d auto-évaluation de dépression gériatrique (GDS) 23

La démarche diagnostique (7) L enquête étiologique (1) sont d origine multifactorielle Facteurs écologiques liés àl environnement et àl entourage professionnel et familial Facteurs propres à la personne, somatiques et liés à sa personnalité Facteurs propres à la maladie (neurobiologiques, cognitifs) Ces facteurs sont souvent intriqués et interagissent entre eux Les causes somatiques et psychiatriques sont recherchées en priorité En raison de leur gravité potentielle En raison de la possibilitéd une réponse thérapeutique rapide et efficace 24

La démarche diagnostique (8) L enquête étiologique (2) Les facteurs déclenchants Tout événement récent, même anodin peut représenter un stress pour la personne du fait de sa vulnérabilitéet déclencher un trouble psychologique ou comportemental Changements d organisation de la prise en charge ou du lieu de vie Modifications du lieu de vie Changement d intervenant Situation de conflit interpersonnel ou de contraintes vécues Événements familiaux Les troubles du comportement peuvent être un véritable moyen d expression de la personne, notamment en cas de de troubles de la communication verbale. Il faut en rechercher le sens et parfois les respecter 25

La démarche diagnostique (9) L enquête étiologique (3) Les facteurs prédisposants (1) Ce sont tous les facteurs contribuant à diminuer l adaptabilité de la personne à la vie quotidienne, à son environnement Repérerles facteurs cognitifs prédominants et ayant le plus de conséquences sur l adaptation du patient à la vie quotidienne mémoire, orientation, jugement, communication, praxies, fonctions exécutives, etc. Vulnérabilité, en particulier émotionnelle, avec réactions parfois irrationnelles Repérer des signes d instabilitédes comorbidités somatiques, en particulier une douleur, et réévaluer les traitements Rechercher, traiter ou compenser d éventuels déficits sensoriels Visuel, auditif 26

27

La démarche diagnostique (10) L enquête étiologique (4) Les facteurs prédisposants (2) Repérer des facteurs de personnalité Histoire de vie, caractère, réactions antérieures àdes situations stressantes ou à des problèmes de santé, etc. Repérer des facteurs relationnels Attitude et humeur des soignants, des autres résidents et des proches Degré d information et niveau de formation des soignants Capacitéde communication, d empathie, d anticipation des besoins de la personne et d adaptation à ses symptômes Phobie de mobilisation, d un contact physique rapprochéparfois vécu comme agressant, intrusif (réflexes de défense) Repérer des facteurs liés à l environnement Lieux imposés, types de locaux Bruits, lumière, odeurs Organisation de la journée, etc. 28

La démarche diagnostique (11) Synthèse et transmission des informations (1) Recueil écrit des informations Dans le dossier du résident Par un interlocuteur désigné(médecin coordonnateur, soignant référent, autre) Informations provenant de tous les professionnels intervenant auprès de la personne, et de ses proches Sur l épisode actuel, les réponses apportées et leur impact, son évolution Sur d éventuels épisodes antérieurs de troubles psychologiques ou comportementaux et sur les réponses apportées Sur les antécédents personnels somatiques, psychiatriques Éléments pertinents de la biographie de la personne 29

La démarche diagnostique (12) Synthèse et transmission des informations (2) Transmission et partage des informations dans le respect des règles de confidentialité Information de la personne et absence d opposition au partage des informations (ou famille, ou personne de confiance, mandataire, etc. si elle ne peut plus exprimer sa volonté) Transmission des seules informations utiles à la prise en charge et à la continuité de soins dans l intérêt de la personne Transmission aux seules personnes concernées par la prise en charge et la continuitédes soins, en veillant àla qualitéde l information donnée aux familles Les professionnels en charge de la personne échangent sur ces informations pour adapter la prise en charge de façon coordonnée 30

La démarche thérapeutique (1) Les différents éléments de la démarche thérapeutique Les causes somatiques et psychiatriques curables sont traitées en priorité Traiter les pathologies aiguës ou les décompensations de pathologie chronique Soulager une douleur, un inconfort Les techniques de soins Les interventions non médicamenteuses Les modifications de l environnement Éventuellement proposer un accueil dans un pôle d activités et de soins adaptés (PASA) ou dans une unitéd hébergement renforcée (UHR) si le projet d établissement le permet Les indications d une hospitalisation Les traitements médicamenteux 31

La démarche thérapeutique (2) Les techniques de soins (1) Les techniques de soins (savoir-être et savoir-faire) sont recommandées en première intention Elles peuvent prévenir le déclenchement des troubles psychologiques et comportementaux Elles contribuent à juguler l intensité des troubles Elles peuvent permettre d éviter le recours àdes traitements médicamenteux Elles comprennent Les attitudes de communication Les attitudes de soins Les soignants sont au plus près des personnes. Ils trouvent souvent des réponses aux troubles du comportement dont ils ne parlent pas car personne ne pense à leur demander 32

La démarche thérapeutique (3) Les techniques de soins (2) Les attitudes de communication : des principes de base (1) Ne communiquez qu avec une personne àla fois et consacrez-lui toute votre attention Présentez-vous Évitez les sources de distraction (télévision, radio, etc.) et les conversations entre collègues Attirez son attention en vous plaçant face àelle, àsa hauteur (la regarder, établir un contact physique, etc.) Évitez d élever la voix et d être familier avec elle, parlez lentement et articulez Préférez la simplicité dans le mode de communication Utilisez des phrases courtes et préférez des questions fermées Ne transmettez qu un seul message à la fois Utilisez des gestes pour faciliter la compréhension 33

La démarche thérapeutique (4) Les techniques de soins (3) Les attitudes de communication : des principes de base (2) Soyez patient et détendu N hésitez pas àrépéter le message s il existe un doute sur sa compréhension Laissez le temps àla personne de s accoutumer àvotre présence, de s exprimer N obligez pas la personne àfaire ce qu elle n a pas envie de faire N hésitez pas àpasser le relais ou àreporter le soin àplus tard 34

La démarche thérapeutique (5) Les techniques de soins (4) Les attitudes de soins : des principes de base (3) Sollicitez la personne sans la stimuler àl excès ni la mettre en situation d échec Aidez la personne sans faire àsa place (par exemple, proposez des vêtements faciles à enfiler) Ne l obligez pas àfaire une action qu elle ne veut pas faire et réessayez pus tard ou cherchez des alternatives Tenez compte au mieux de ses habitudes de vie, de ses choix et respectez son intimité Modalités de la toilette (bain, douche, etc.), choix de ses vêtements, etc. Respect de ses goûts alimentaires 35

La démarche thérapeutique (6) Les techniques de soins (5) Les attitudes de soins : des principes de base (4) Installez ou maintenez une routine rassurante pour la personne et simplifiez les gestes du quotidien Rassurez et réconfortez régulièrement la personne lors d un soin, en particulier la toilette Par exemple, présentez les vêtements dans l ordre de l habillage, préparez à l avance les objets de la toilette Laissez faire les comportements s ils ne sont pas dangereux Laissez àla personne le temps de se calmer si nécessaire (agitation, agressivité) Proposez des activités alternatives qui ont du sens pour la personne en cas de comportement perturbateur (animations flash) 36

La démarche thérapeutique (7) Les interventions non médicamenteuses (1) Elles sont un élément important de la prise en charge thérapeutique globale de la personne atteinte de maladie d Alzheimer ou apparentée même si elles n ont pas apportéla preuve de leur efficacitédu fait de difficultés méthodologiques Elles ont pour objectifs l amélioration du confort de la personne et la préservation de son autonomie : changement d état de la personne dans le sens d une amélioration, maintien de ses capacités restantes, ralentissement du déclin de ses capacités Elles se distinguent de l animation qui vise avant tout àdonner du plaisir aux personnes sans forcément modifier l état de santéde la personne 37

La démarche thérapeutique (8) Les interventions non médicamenteuses (2) Les interventions àvisée thérapeutique sont pratiquées par un personnel formé Elles peuvent être proposées à titre individuel ou collectif Des prises en charge globales peuvent associer plusieurs types d interventions Elles sont proposées en fonction des capacités, des envies, des centres d intérêt, etc. de la personne Interventions s appuyant sur les mémoires, le corps, le mouvement, les sens, les émotions Une séance d essai peut être proposée afin que la personne puisse savoir si elle y trouve de l intérêt ou du plaisir Elles ne sont jamais imposées àla personne 38

La démarche thérapeutique (9) Les interventions non médicamenteuses (3) 39

La démarche thérapeutique (10) Les interventions non médicamenteuses (4) Les différents types d interventions non médicamenteuses (1) Interventions portant sur la vie quotidienne Orientation, stimulation multisensorielle Interventions portant sur la cognition Réadaptation, revalidation, stimulation cognitive, ateliers mémoire Interventions portant sur l activité motrice (autonomie fonctionnelle) Activité physique, ergothérapie Interventions sur les fonctions de communication Orthophonie 40

La démarche thérapeutique (11) Les interventions non médicamenteuses (4 suite) Les différents types d interventions non médicamenteuses (2) Interventions portant sur le comportement Animations flash, musique, danse, incitation au mouvement, thérapie par empathie, aromathérapie, stimulation multisensorielle, thérapie de la présence simulée, massage et contact bien-être, thérapie par les animaux familiers, remédiation cognitive, thérapie par réminiscence, luminothérapie, jardin thérapeutique, etc. Interventions liées àdes activités spécifiques (toilette, habillage, repas thérapeutique, accompagnement ou activités pendant la nuit en cas de troubles du sommeil, etc.) 41

42

La démarche thérapeutique (12) Les traitements médicamenteux (1) Les indications d un traitement par psychotrope Les psychotropes ne sont indiqués quelorsque les mesures non médicamenteuses sont d une efficacitéinsuffisante et après évaluation du rapport bénéfice/risque Ils sont utilisés en synergie avec les mesures non médicamenteuses Ils ne sont pas recommandés en première intention en cas d opposition, de cris ou de déambulation Ils ne sont pas indiqués en préventiondes troubles du comportement Un traitement par psychotrope ne doit pas être instauré si les troubles sont d origine somatique ou iatrogène 43

La démarche thérapeutique (13) Les traitements médicamenteux (2) Les règles générales de prescription d un psychotrope Le choix de la molécule En fonction du symptôme à traiter (identifier et évaluer le symptôme cible) En fonction du risque d effets secondaires Privilégier la monothérapie La posologie et la voie d administration Démarrer le traitement par de petites doses, augmenter progressivement les doses par paliers jusqu à la dose efficace la mieux tolérée Privilégier la voie d administration per os La durée de la prescription Prescrire pour la plus courte durée possible (à l exception des antidépresseurs) Surveillance de l efficacité et de la tolérance Les symptômes sont réévalués régulièrement 44

Action des médicaments sur les SCPD Bonin-Guillaume, 2009

Neuroleptiques au long cours Essai contrôlésur 128 patients de placebo / continuation du tt neuroleptique habituel Survie Neuroleptique / PCB 1 an : 70% / 77% 2 ans : 46% / 71% 3ans : 30% / 59% Ballard, 2009

HAS 2009 Communiquéde presse de la conférence de presse conjointe du plan Alzheimer et de la Haute Autorité de Santé. Site internet : http://www.hassante.fr. Si l on souhaite synthétiser la balance bénéfice/risque de l utilisation des neuroleptiques, les données montrent que si l on traitait 1000 personnes ayant des troubles du comportement avec un antipsychotique atypique pendant 12 semaines, on observerait : Une diminution des troubles du comportement chez 91 à200 patients, 10 décès supplémentaires 18 accidents vasculaires cérébraux dont la moitiéseraient sévères Des troubles de la marche chez 58 à94 patients

La démarche thérapeutique (14) Les traitements médicamenteux (3) Les différentes classes de psychotropes (1) LES ANTIDÉPRESSEURS Indiqués en cas de trouble du comportement révélateur d un épisode dépressif (certains cas d instabilitéémotionnelle, d anxiété, d impulsivité, d agitation, d idées délirantes) Il est recommandéde prescrire unantidépresseur sans effet cholinergique Il est recommandéd éviter les co-prescriptions, notamment àvisée sédative ou anxiolytique 48

La démarche thérapeutique (15) Les traitements médicamenteux (4) Les différentes classes de psychotropes (2) LES ANTIPSYCHOTIQUES Il est recommandéde ne prescrire un antipsychotique qu en cas de trouble psychotique sévère et non contrôlable autrement, après échec des mesures non médicamenteuses ou en cas d urgence (danger pour le patient ou pour autrui) Leur usage est déconseilléen cas de maladie d Alzheimer ou apparentée (risque de décès et d AVC) et très déconseilléen cas de maladie àcorps de Lewy (risque de décès, d AVC et effets extra-pyramidaux) Ils ne sont pas efficaces dans les troubles du comportement au cours de la maladie d Alzheimer Évaluation préalable du rapport bénéfice/risque (risques cérébro-vasculaire, cardiaque, neurologique, cognitif, métabolique) Demi-vie courte et effet anticholinergique faible 49

La démarche thérapeutique (16) Les traitements médicamenteux (5) Les différentes classes de psychotropes (3) LES ANTIPSYCHOTIQUES Durée de prescription très limitée Le traitement est arrêtédès que l état clinique le permet ou que les autres mesures thérapeutiques sont devenues efficaces Réévaluation au moins toutes les semaines de la tolérance physique, neurologique et cognitive et de l efficacité La rispéridone (0,25 à1 mg/j) et l olanzapine (2,5 à5 mg/j) (hors AMM) sont les deux molécules les plus étudiées dans le domaine 50

La démarche thérapeutique (17) Les traitements médicamenteux (6) Les différentes classes de psychotropes (4) LES ANXIOLYTIQUES Indiqués dans les situations de crise ou pour une courte durée après correction des causes (somatiques, relationnelles, psychologiques ou iatrogènes) Il est recommandéd utiliser des molécules àdemi-vie courte (< 20 heures) et sans métabolite actif Alprazolam, clotiazépam, lorazépam, oxazépam Ils exposent àdes risques de sédation, d agitation paradoxale, d accentuation des troubles mnésiques, de chute, de syndrome de sevrage en cas d arrêt brutal Éviter les antihistaminiques du fait de leur effet anticholinergique 51

La démarche thérapeutique (18) Les traitements médicamenteux (7) Les différentes classes de psychotropes (5) LES HYPNOTIQUES Indiqués après échec des mesures comportementales ou d hygiène de vie Prescription de courte durée Préférer les molécules à durée d action courte Ne pas utiliser un hypnotique contenant une molécule neuroleptique dans cette indication (Théralène, Noctran, Mépronizine ) Réévaluation régulière de l efficacité et de la tolérance LES THYMORÉGULATEURS Ils ne sont pas recommandés dans cette indication 52

La démarche thérapeutique (20) Place de la contention Le recours à la contention physique doit rester exceptionnel et relève exclusivement de situations d urgence médicale uniquement dans le cadre d une hospitalisation à domicile en EHPAD Et faite selon les recommandations de la HAS de 2005 +++ 53

La démarche thérapeutique (19) Quand demander un avis spécialisé? Demander l avis d un autre professionnel spécialisé (gériatre, neurologue, psychiatre) En cas de comportement difficile àgérer au sein de l établissement ou à risque d aggravation à court terme En cas de désadaptation à l environnement En cas de danger pour le patient ou pour autrui 54

Effets des traitements spécifiques sur les SCPD (MA légère àmodérée)

Points clés de l étude INSERM-CNAMTS Evaluation of the Impact of Memantine Treatment Initiation on Psychotropics Use: A Study from the French National Health Care Database Vidal JS, Lacombe JM, Dartigues JF, Pasquier F, Robert P, Tzourio C, Alperovitch Neuroepidemiology 2008 Base de données de l assurance maladie 2003/2005 Demandéet validépar la DGS 3738 patients (données nominatives et exploitation des données médicales) 72% de femmes. 80 ans en moyenne 70% des patients étaient traités par IachE 2/3 des patients ont une MA modérément sévère à sévère (MMSE : 3 15) La consommation de psychotropes se stabilise après l instauration de mémantine, de manière statistiquement significative

Effets de l instauration de la mémantine sur la consommation des psychotropes en France Evaluation of the Impact of Memantine Treatment Initiation on Psychotropics Use: A Study from the French National Health Care Database Vidal JS, Lacombe JM, Dartigues JF, Pasquier F, Robert P, Tzourio C, Alperovitch Neuroepidemiology 2008 La différence entre les tendances «avant» et «après»mise sous mémantineest significative (p 0,001) quelle que soit la classe de psychotropes(neuroleptiques, Antidédepresseur, Anxiolytiques, Hypnotiques) La différence des tendances la plus marquée est observée sur la consommation des neuroleptiques* Proportion de patients prenant des psychotropes (antidépresseurs, neuroleptiques, hypnotiques, anxiolytiques) avant et après la mise sous mémantine (n = 4 600) * Se référer àla comparaison des coefficients ßde chaque classe (p 18 et 19). Analyse réalisée par l INSERM à partir des données de la CNAM (2003-2005) Protocole de l étude demandé& validépar la DGS

Effets de l instauration de la mémantine sur la consommation des psychotropes en France Evaluation of the Impact of Memantine Treatment Initiation on Psychotropics Use: A Study from the French National Health Care Database Vidal JS, Lacombe JM, Dartigues JF, Pasquier F, Robert P, Tzourio C, Alperovitch Neuroepidemiology 2008 Analyse des tendances par classe de psychotropes NEUROLEPTIQUES HYPNOTIQUES La différence des tendances avant et après mise sous mémantine la plus marquée est observée sur la consommation des neuroleptiques** 58 *Durant cette période, l indication de la mémantine était limitée aux formes modérément sévères àsévères de la maladie d Alzheimer. ** Se référer àla comparaison des coefficients ßde chaque classe (p 18 et 19). Vidal JS, Lacombe JM, Dartigues JF, Pasquier F, Robert P, Tzourio C, Alperovitch A. Memantine therapy for Alzheimer s disease in real-world practice. Alzheimer Dis Assoc Disord 2008;22:125-30

Effets de l instauration de la mémantine sur la consommation des psychotropes en France Evaluation of the Impact of Memantine Treatment Initiation on Psychotropics Use: A Study from the French National Health Care Database Vidal JS, Lacombe JM, Dartigues JF, Pasquier F, Robert P, Tzourio C, Alperovitch Neuroepidemiology 2008 Analyse des tendances par classe de psychotropes ANTIDEPRESSEURS ANXIOLYTIQUES *Durant cette période, l indication de la mémantine était limitée aux formes modérément sévères àsévères de la maladie d Alzheimer. 59 Vidal JS, Lacombe JM, Dartigues JF, Pasquier F, Robert P, Tzourio C, Alperovitch A. Memantine therapy for Alzheimer s disease in real-world practice. Alzheimer Dis Assoc Disord 2008;22:125-30

Impact of CHEI s & Memantine Treatment Initiation on Psychotropics Use: Analyses with the RAMQ Database (Quebec provincial health plan) J. Lachaine & Al Clinical Trial On Alzheimer Disease Congress, November 2011, San Diego Etude RAMQ Impact de l initiation d un traitement avec la mémantine ou des inhibiteurs de l acétylcholinestérase (IAChE) sur l utilisation des psychotropes dans le traitement de la maladie d Alzheimer. Analyses àpartir des données de la RAMQ (Régie de l Assurance Maladie du Québec )

Proportion d'utilisateurs de antidépresseurs au cours des périodes pré et post mémantine/iache Impact of CHEI s & Memantine Treatment Initiation on Psychotropics Use: Analyses with the RAMQ Database (Quebec provincial health plan) J. Lachaine & Al Clinical Trial On Alzheimer Disease Congress, November 2011, San Diego Avant mémantine : + 48.3% vs + 2.8%. après mémantine (p<0.01). Avant IAChE : + 19.9% vs + 20.8% après IAChE (NS). Avant mémantine : + 41.3% vs + 1.5% après mémantine (p<0.01). Avant IAChE : + 1.9% vs + 6.0% après IAChE (non significatif).