AVRIL 2011 PAULINE GARNIER-CRUSSARD FREEDOM FROM HUNGER [0]



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Transcription:

RAPPORT DE L ÉTUDE DE MARCHE MICROFINANCE INTEGREE POUR LES JEUNES AU SENEGAL AVRIL 2011 PAULINE GARNIER-CRUSSARD FREEDOM FROM HUNGER [0]

TABLE OF CONTENTS Introduction... 2 Contexte de l Etude de marché... 2 L organisation partenaire... 2 Objectif de l Etude de marché... 3 Conception et méthodologie de l étude de marché... 4 Localisation des enquêtes... 4 Profil des participants... 6 Méthodologie : discussions thématiques de groupes (DTGs)... 7 Contextualisation des sites et des populations rencontrées... 8 Le concept «Jeunes»... 8 Travail des enfants au Sénégal... 9 Résultats de l Etude de marché... 10 Résultats des discussions thématiques avec les jeunes... 10 Sources de revenu... 10 Usage de l argent... 12 Service financier : l emprunt... 12 Service financier : l épargne... 14 Opinion sur l EPC... 15 Regroupement actuel des jeunes... 15 Soutien de la part de la communauté et défis envisagés... 16 Opportunités de rassemblement des jeunes en groupes d épargne... 16 Nomination des groupes d épargne... 18 Montants suggérés de cotisations pour les groupes d épargnes de jeunes... 18 Résultats des discussions thématiques avec les parents/leaders communautaires... 18 Service financier : l emprunt... 19 Service financier : l épargne... 21 Opinion sur l EPC... 23 Regroupement actuel des jeunes... 23 Mise en place d un programme tel qu Epargner pour le Changement... 23 Recommendations pour la conception du projet de Microfinance Intégrée pour les jeunes... 25 Situation scolaire... 25 Genre... 25 Classe d âge... 26 Services additionnels... 26 Conclusion... 27 [1]

Introduction Contexte de l Etude de Marché L initiative de Microfinance Intégrée pour les Jeunes vise à développer, tester et documenter des innovations dans l intégration de services financiers avec éducation pour des jeunes sénégalais âgés de 13 à 24 ans. L objectif du projet est d améliorer la capacité des jeunes, vivant dans la pauvreté à accéder aux services financiers et de s en servir comme moyen d améliorer leurs opportunités économiques futures. En collaboration avec Tostan au Sénégal -ONG présentée plus en détails par la suite- Freedom from Hunger vise à proposer des services financiers intégrés à ces jeunes. Les jeunes ne constituent pas un groupe uniforme de personnes aux besoins desquels une approche standard serait adaptée. Les différences culturelles, la période de vie, la disponibilité et l accès aux ressources locales sont autant de facteurs qui déterminent les besoins financiers spécifiques de la jeunesse et les manières d y faire face. Afin d assurer une éducation financière pertinente selon le lieu et le profil des jeunes, et que son assimilation et son application soient réussies, Freedom From Hunger et son partenaire Tostan ont collaboré sur la conception et la mise en œuvre de l étude de marché au Sénégal. Cette étude porte une attention particulière sur les risques et vulnérabilités auxquels est confrontée la jeunesse dans des contextes spécifiques, assurant ainsi que ces services financiers intégrés soient fournis dans un environnement sécurisé. L organisation partenaire Tostan est une organisation non gouvernementale, qui signifie éclosion en wolof, une langue majoritairement parlée au Sénégal 1. Grâce à ses programmes mis en place depuis 1991, Tostan a directement touché plus de 160 000 bénéficiaires et l a fait indirectement pour plus de deux millions d individus. En outre, Tostan a permis à des milliers de communautés d Afrique de l Ouest d accéder à un programme d éducation mis en place de façon holistique pour une durée de trente mois. Les communautés visées par Tostan sont situées au Burkina Faso, à Djibouti, en Gambie, en Guinée équatoriale et Guinée Bissau, au Mali, en Mauritanie, au Sénégal, en Somalie et au Soudan. Tostan vise une capabilisation 2 des communautés africaines fondée sur les droits humains et permise par un développement durable et une transformation sociale constructive et positive 3. Tostan mène cette mission grâce au Programme de Renforcement de Capacité Communautaire (PRCC). Le but du PRCC est de fournir aux communautés africaines des compétences et des connaissances afin d améliorer durablement leurs 1 Egalement parlée en Gambie et en Mauritanie. 2 Le terme «capabilisation» renvoie à l idée anglophone de «empowerment», c est-à-dire de responsabilisation, autonomisation et de maîtrise des connaissances. 3 Tostan a délibérément adopté l approche selon laquelle toute évolution socio-économique et culturelle passe par le respect des traditions et coutumes dont la réalité est appréhendée de manière positive au lieu d être stigmatisée et combattue abruptement. [2]

conditions de vie. Développé de façon méthodique depuis quinze ans à travers un processus de consultation systématique des communautés et de révisions minutieuses, le PRCC est devenu un des programmes de développement d Afrique le plus original et le plus efficient. Objectif de l Etude de marché Comme introduit précédemment, l objectif du projet Microfinance Intégrée pour les Jeunes est d améliorer la capacité des jeunes vivant dans la pauvreté, à accéder à des services financiers et à s en servir comme moyen de saisir les opportunités économiques futures qui leur sont ouvertes. Freedom from Hunger et Tostan ont collaboré pour mener cette étude de marché avec des jeunes sénégalais dans les régions de Thiès, Mbour et Kaolack dans le but d identifier les approches appropriées permettant de capabiliser 4 les jeunes en termes d accès, d usage de services financiers ainsi que leur appropriation des fondements d une éducation financière. Ainsi, l étude examine de manière qualitative les pressions financières qui se posent aux jeunes et les stratégies que ces derniers ont pour y faire face. Ce rapport envisage également le rôle des jeunes dans l'économie des ménages, les options envisageables pour qu ils se réunissent en groupes et leurs préférences pour des services financiers intégrés et de l éducation financière. Le questionnaire de recherche déterminé en concertation par Freedom From Hunger et Tostan, s articule autour des quatre objectifs suivants : 1. Identification des pressions financières auxquelles les jeunes font face ; 2. Identification et analyse leur stratégies financières actuelles ; 3. Identification de l autonomie des jeunes dans la prise de décisions et la gestion de l argent ; 4. Identification des mécanismes appropriés pour leur fournir des services financiers intégrés. Pour atteindre ces objectifs, les discussions thématiques de groupes (DTGs) soulevaient les questions ouvertes suivantes : Identification des sources d argent accessibles aux Jeunes : Quelles peuvent être les activités génératrices de revenu des jeunes? A quelle fréquence et période de l année les jeunes reçoivent-ils de l argent provenant de cette (ces) source(s)? Quel est le montant de cette (ces) source(s) d argent à chaque fois? Quel sont les défis auxquels les jeunes font face en obtenant cette source d argent? Identification de l usage de ces ressources financières : Comment est utilisé l argent? Avec quelles fréquences et périodes les jeunes dépensent-ils cet argent? Quelle est la dépense considérée par les jeunes 4 De même que le terme «capabilisation», le verbe «capabiliser» est le terme français le plus fidèle au terme anglais «empowerment». [3]

comme étant la plus importante et pour quelles raisons? Quelles peuvent être les dépenses inattendues que rencontrent les jeunes de la communauté? Comment ces jeunes parviennent-ils à y faire face? Cette série de questions a permis d examiner quels types de services financiers les jeunes et leurs parents considèrent comme étant accessibles et également ce qu ils savent des services financiers existants. Identification des services financiers (crédit et épargne) auxquels les jeunes ont accès : Comment est-ce que les jeunes empruntent et épargnent-ils? A quelle fréquence les jeunes ont-ils recours à ces services? Combien les jeunes empruntent-ils et épargnent-ils à la fois? Quels sont les avantages et les inconvénients de chaque type de service? Quelles sont les préférences des jeunes au regard du contexte socioculturels dans lequel ils vivent? A la suite de la présentation non exhaustive du Programme Epargner pour le Changement, les jeunes et les parents et/ou leaders communautaires avaient la possibilité de réagir et de poser des questions d approfondissement concernant ce programme. Suite à quoi se déroulait la dernière série de questions portant sur la possibilité de mettre en place des groupes d épargne adaptés aux besoins des jeunes. Identification des mécanismes appropriés pour fournir des services financiers intégrés. A quelle activité sociale les jeunes s'adonnent-ils? Comment les jeunes s'organisent et se regroupent-ils actuellement? Pour quelles raisons les jeunes se regroupent ils? Quelle segmentation serait la plus appropriée pour de tels groupes d épargne : des groupes mixtes ou segmentés selon le genre? Pour quelles raisons? En termes de soutien et d accompagnement, quelle pourrait être le rôle de la communauté (leaders communautaires et parents) pour la mise en place de ces groupes d épargne de jeunes? Quel sont les défis qui pourraient alors advenir lors de la mise en place d un programme tel qu Epargner pour le Changement? Ce questionnaire qualitatif fut mené grâce à l usage d outils ethnographiques de collecte des données et notamment l usage de discussions thématiques de groupes (DTGs) comme décrit dans la méthodologie. Conception et méthodologie de l étude de marché Localisation des enquêtes Les sites sélectionnés pour l Etude de marché ont été définies selon les zones où Tostan intervient d ores-etdéjà au Sénégal. Afin d assurer un échantillonnage varié des populations interrogées, les groupes se trouvaient dans des villages situés proches de la route goudronnée ou au contraire dans des zones très reculées. Bien que Tostan ait mis en place des groupes EPC pour adultes dans les zones de Thiès, Mbour et Kaolack, aucun des six villages visités lors de l étude n avaient e de promotion du programme avant cette [4]

étude 5. En revanche, le PRCC est en cours et dit se terminer en juillet 2011 (Mboss et Djokoul) ; où le PRCC est terminé depuis plus de dix ans (Touba Toule et Ndiarno) ou il y a quatre ans (Mboulème et Keur Balla Lô). Ainsi les trois équipes de recherche composées d agents de Tostan et de FFH se sont rendues dans les départements de Thies et Mbour situés dans la région de Thiès ainsi que dans le département de Kaolack, situé dans la région du même nom. Lors du recensement de 2005, la population de Thiès était estimée à 529 261 personnes, celle de Mbour à 513 278 personnes et Kaolack comptait 382 784 personnes 6. Plus précisément les trois équipes ont rendu visite aux membres des communautés de six villages situées dans ces départements, à savoir : Touba Toule, Ndiarno (Thiès), Mboulème, Keur Balla Lô (Mbour), Mboss et Djokoul (Kaolack). L étude de marché s est déroulée du 31 mars au 3 avril 2011. L équipe qui s est rendue à Thiès était constituée de trois membres de Tostan : un facilitateur animant les DTGs en langue vernaculaire wolof, un preneur de notes dont le wolof est la langue maternelle mais dont les notes descriptives des DTGs étaient prises en français et enfin un leader de groupe chargé de s assurer du bon déroulement des DTGs, du matériel et du profil des participants souhaité selon la segmentation préétablie (détaillée ci-dessous). L équipe s étant rendue à Mbour était constituée de deux membres de Tostan (le facilitateur et le preneur de notes) ainsi que d un conseiller technique de Freedom from Hunger (FFH). Enfin, l équipe qui a mené l étude à Kaolack était constituée de cinq membres : le facilitateur, le preneur de notes et un traducteur travaillant pour Tostan ainsi que de la directrice du programme Microfinance et Jeunes et d une consultante employée pour cette étude, toutes deux employées par FFH. Ces dernières requéraient une traduction en français pour comprendre le contenu des DTGs systématiquement menées en Wolof. A la suite de ces quatre jours d enquêtes de terrain, les trois équipes ont mené une restitution commune et la synthétisation des données collectées sur le terrain. Cette restitution s est déroulée le 4 avril 2011 dans le Centre de Capabilisation pour le Développement Durable (CCDD) de Thiès. Tableau N0.1: Nombres de participants pour chaque groupe de discussion Département Thiès Mbour Kaolack Segment/Village Touba Toule Ndiarno Mboulème Keur Balla Lô Mboss Djokoul Jeunes filles 10 10 10 9 8 6 7 7 8 8 10 11 Jeunes garçons 6 10 10 7 6 6 7 7 9 9 10 10 Parents et Leaders Communautaires 8 6 6 10 9 7 6 6 9 9 11 9 5 Si ce n est à travers certaines émissions radio diffusées hebdomadairement sur les ondes locales, les participants n avaient jamais pis connaissance de EPC. 6 Recensement Général de la Population et de l Habitat RGPH 2007. [5]

Profil des participants Les groupes de participants ont été sélectionnés selon deux critères : l âge et le sexe. Trois segmentations furent ainsi établies : des jeunes filles âgés de 13 à 24 ans, des jeunes garçons âgés de 13 à 24 ans et enfin les parents et/ou leaders communautaires 7. Groupe de jeunes garçons dans le village de Mboss (Kaolack) Lors de la présentation du programme EPC. Groupes de jeunes filles à Djokoul (Kaolak) Les participants de chacun des deux groupes de jeunes avaient à se présenter, spécifier leur statut matrimonial (marié ou non) ainsi que leur situation scolaire (fréquentation d une école, d un centre de formation ou aucun des deux). De plus, les jeunes devaient dessiner un membre typique de leur communauté, représentant potentiellement chacun d entre eux et qui servirait de cible pour poser les questions à tous le groupe («selon vous, comment cette jeune fille (ou ce jeune garçon) peut il gagner de l argent?») Ici une jeune fille originaire du village de Ndiarno (Thiès) en train de dessiner une jeune fille type du village, âgée entre 13 et 24 ans et auquel les membres du groupe de discussion donnèrent ensuite un nom. 7 En début de DTG et lors de leur présentation, les parents devaient confirmer l âge de leurs enfants, supposé se situer entre 13 et 24 ans compris. Par «leader communautaire», on comprend le Chef du village, ses conseillers et les personnes influentes de la communauté. Le mot «parents» recoupe cette terminologie puisque les leaders communautaires, même si souvent plus âgés, ont également des enfants de cette tranche d âge. [6]

Afin d assurer l aisance, l écoute et la participation de tous les membres des discussions, il était préférable de séparer les jeunes filles des jeunes garçons afin de s assurer que les filles s expriment librement en partageant leurs activités et leurs besoins en faisant fi du regard des garçons dont les priorités et besoins pouvaient différer. Cette segmentation en termes de genre a été respectée. En revanche, en ce qui concerne l âge, il était délicat pour les équipes de vérifier si les jeunes interrogés avaient effectivement l âge qu ils mentionnaient durant leur présentation 8. Concernant les groupes de parents et/ou leaders communautaires, le pré-requis était d avoir des enfants âgés de 13 à 24 ans. En raison de la présence dite «dominante» des pères et chefs villageois qui prenaient systématiquement la parole lors des entretiens, l équipe d enquêteurs de Kaolack a jugé adéquat de ne rencontrer que les mères lors d une discussion thématique de groupe sur deux afin de s assurer que les mères aient voix au chapitre. Groupe de parents et leaders communautaires dans le village de Djokoul (Kaolack) Méthodologie : discussions thématiques de groupes (DTGs) Durant l étude, trois outils ont été utilisés : deux questionnaires menées dans le cadre de discussions thématiques de groupe avec les jeunes (similaire pour les filles et les garçons) et un questionnaire mené lui aussi dans le cadre de discussions thématiques de groupes avec les parents. 1. Le premier outil utilisé pour les jeunes portait sur les sources des revenus des jeunes, la nature de l usage de ces revenus, les services financiers auxquels les jeunes ont accès, que ce soit en termes d emprunt ou d épargne de façon plus ou moins formelle. Ce questionnaire concernait douze groupes de jeunes files et garçons dans les trois départements. 2. Le deuxième outil utilisé pour les jeunes (douze autres groupes de jeunes filles et garçons des mêmes villages) avait trait aux principes du programme EPC que le facilitateur présentait avant de répondre aux possibles questions. Puis, les jeunes faisaient part de leurs désirs, leurs craintes et la manière dont ils 8 Un élève peut être déclaré plus âgé si cela lui permet de bénéficier d un programme quel qu il soit, ou au contraire déclaré comme étant plus jeune s il a été en échec scolaire afin d être inscrit en classe malgré son retard. Enfin, en milieu rural, si l enfant n a pas reçu de certificat de naissance, une mère peut donner un âge approximatif à son enfant. [7]

percevaient la mise en place de services financiers intégrés correspondant à leurs besoins. L équipe de recherche a trouvé plus judicieux de séparer l outil 3. Le troisième outil consacré uniquement aux parents9 reprenait presque la totalité des deux premiers à la différence que le facilitateur n évoquait les sources et usages de l argent des enfants, mais traitait des services financiers accessibles aux jeunes (emprunt et épargne). En effet, l équipe de recherche a jugé que les parents ne seraient sûrement pas en mesure de décrire précisément comment les jeunes gagnent de l argent et le dépensent. A cette différence près, les parents découvraient de la même manière les modalités du programme EPC (ou les revisitaient pour les parents vivant dans les villages où EPC est déjà mis en place), posaient des questions d éclaircissement et d approfondissement et évaluaient si un tel programme serait adéquat pour leurs enfants. C était pour eux l occasion d émettre des réserves s ils en avaient et d ajuster le type de rassemblement des jeunes en groupes d épargne qui fonctionnerait le mieux selon eux. Cet outil a été utilisé douze fois, à savoir quatre fois dans chacun des trois départements. Les DTGs sont une technique de collecte de données qualitatives menées auprès de groupes de six à dix participants discutant d un sujet très spécifique dans le cadre d une discussion menée par un facilitateur (modérateur). Une telle méthode bâtie sur des questions ouvertes et d approfondissement, permet à l équipe de recherche de recueillir une grande quantité de données dans une période de temps relativement courte, en général une à deux heures. Le facilitateur des DTGs utilisait un guide de discussion et un questionnaire préalablement étudié et dont il s était approprié le contenu afin de modérer de façon spontanée le débat entre participants. De plus, le facilitateur utilisait des supports visuels tels que des dessins (illustrant les sources de revenu, leurs usages et les services financiers auxquels accèdent les jeunes), des petits objets («patate chaude» lors de la présentation des participants) afin de susciter une participation et une réflexion approfondie dans le cadre d une discussion dynamique des groupes sur ces sujets spécifiques. Contextualisation des sites et des populations rencontrées Le concept «Jeunes» Le concept de jeunes est un concept vaste regroupant des caractéristiques variées. Le terme adolescent est peu utilisé en Wolof, le terme «enfants» l est davantage. Pourtant par exemple à partir du moment où une jeune fille devient mère, elle n est plus considérée comme une enfant mais une adulte même si elle n a que 15 ans. En revanche le fait d occuper un emploi ne fait pas d un enfant un adulte puisque le travail des enfants est très répandu au Sénégal. 9 Cet outil a été utilisé douze fois, à savoir quatre fois dans chacun des trois départements. [8]

Ainsi l échelle 13-24 permettait de capturer des informations variées de la part de ces jeunes. Ceci étant, cette tranche d âge n est en rien immuable et a été choisi dans le cadre de cette étude de marché spécifique 10 mais ne signifie pas que des modifications (recul ou avancée de l âge des possibles bénéficiaires) ne pourraient pas advenir. On reviendra sur la segmentation des jeunes selon l âge dans la perspective de mise en place d un programme d épargne communautaire tel qu Epargner pour le Changement [Voir Section Recommendations]. Groupe de jeunes garçons/hommes dans le village de Djokoul (Kaolack) Travail des enfants au Sénégal Au Sénégal, même si le travail des enfants ressort d une longue tradition socio-éducative, car elle était conçue comme une initiation à une façon de vivre et de travailler, il faut dire que ce phénomène s est développé avec la montée de la pauvreté et dans un contexte d éclatement des unités de production traditionnelles. Dans les zones rurales, les enfants commencent très tôt à participer aux tâches ménagères et d exploitation agricole de la famille, et de vente de produits au marché local. Au Sénégal, des milliers d enfants, mendiants de l'école coranique, briquetiers, petits mécaniciens, petits cireurs et laveurs de voitures, petites bonnes, casseurs de pierres, éboueurs, occupent une activité aujourd'hui classée dans la catégorie des pires formes de travail. Ceci entraîne des échecs massifs conduisant à une déperdition scolaire inquiétante. En effet, de nombreux élèves risquent d abandonner avant la cinquième année du cycle primaire (taux de survie scolaire) et beaucoup d élèves redoublent ou abandonnent. Cependant pour l échantillon de jeunes ayant pris part aux DTGs et dans lesquelles Tostan a mis en place des projets d éducation, 70% des jeunes fréquentaient l école (64% pour le département de Thiès, 50% à Mbour et 89% à Kaolack). Ce constat n empêche pas que les jeunes puissent cumuler éducation scolaire et activités génératrices de revenu (même faible). 10 Le terme «Jeunes» autorise une certaine flexibilité dans sa dénomination. Ceci est illustré par un rapport du Réseau pour l Emploi des Jeunes Afrique de l Ouest (YEN-WA), en partenariat avec les Nations Unies, la Banque Mondiale et le Bureau International du Travail définit dans son rapport de 2008 les jeunes comme étant âgés de 15 à 30 ans. [9]

Résultats de l Etude de marché Les résultats de cette étude de marché sont assez concluants quant aux besoins (accès et gestion de services financiers) exprimés par les jeunes et ressentis par leurs parents. Les jeunes ont différentes sources de revenu, des besoins (illustrés par leurs dépenses), et accèdent d ores-et-déjà à une forme de crédit et d épargne, présentée ci-dessous. Ce que les jeunes appellent «problèmes financiers» concerne en fait les dépenses imprévues (problème de santé, décès, accueil impromptu un parent, que l on doit honorer et servir, mauvaise récoltes, invasion de criquets ou encore sècheresse faisant chuter l activité de vente et donc les sources de revenu). Il s agit également de dépenses fréquentes ou non (événements sociaux, fêtes religieuses, dépenses scolaires) considérées comme des problèmes à gérer, alors qu il s agit souvent de dépenses qui pourraient être anticipées. Ceci renvoie au besoin exprimé par les jeunes de faire face à l avenir en épargnant et de gérer des projets d investissement grâce au crédit. C est aussi la raison pour laquelle la présentation préliminaire du programme Epargner pour le Changement (EPC) a trouvé un écho auprès de jeunes et d adultes qui ont un sens aigu des besoins et des limites des services financiers qui disponibles. Résultats des discussions thématiques avec les jeunes SOURCES DE REVENU D après les réponses des jeunes issus des vingt-quatre groupes qui ont participé aux DTGs, les sources de revenu actuelles sont le petit commerce, les ventes de l agriculture, le travail domestique ou celui d apprenti, les contributions parentales et enfin le revenu des ventes d élevage. Ces différentes sources de revenu ne sont pas dépourvues de difficultés. Les jeunes qui gèrent un petit commerce peuvent subir des pertes, en raison du non écoulement de la marchandise ou des forts taux de taxation pour l emplacement de leur stand. De plus il arrive que les jeunes soient victimes de vol ou de refus de paiement des clients. Les défis auxquels font face les jeunes travaillant dans les champs sont les suivants : baisse de la production et/ou des rendements en raison du manque de main d œuvre, de matériel agricole et de la fertilisation des sols ; divagation des animaux détruisant ainsi les pousses ou encore invasion d insectes (souvent des criquets). Concernant les jeunes menant des travaux ménagers, les risques sont relatifs au non paiement de la part de l employeur et la pénibilité du travail (épuisement mais aussi mauvais traitements). Les jeunes qui jouissent du soutien financier de leurs parents déplorent l irrégularité de l argent reçu dû à l emploi instable occupé de ces derniers. A ceci s ajoutent les risques de dépendance et de paresse induite par cet argent «gratuit». [10]

Enfin les jeunes qui font de l élevage sont confrontés aux risques de vol de bestiaux ou la perte de ces derniers en raison de mauvais traitements (manque de connaissance ou de moyen pour un bon entretien). Etant donné que la fréquence et le montant de tous ces revenus sont irréguliers, les jeunes ne peuvent anticiper les aléas de la vie et donc «régler leurs problèmes» Tableau N0.2: Sources de revenu des jeunes (G=garçons ; F=Filles) Nature/origine Fréquence Montant d argent Défis rencontrés Remarques du revenu Petit commerce Quotidien hebdomadaire mensuel 500Fcfa/jour 200-1000Fcfa /semaine 10000 Fcfa/mois (G) 5000Fcfa/mois (F) Non écoulement de la marchandise Impayés des clients Concurrence locale Les filles gagnent en moyenne moins que les garçons Agriculture Annuel (récoltes après l hivernage, septembreoctobre) 100000-200000Fcfa/an 400-500Fcfa/semaine 15000-50000Fcfa /mois 100000Fcfa/trimestre Invasion de criquets, divagation animale Manque/retard des pluies Manque de matériel et de main d œuvre Prix et production à la baisse - Travail domestique ou d apprenti A tout moment de l année 10000-20000Fcfa /mois 200-1000Fcfa/jour Impayés du patron Accusation de vols Violences et possibles abus sexuels Travail pénible Plutôt féminin Travail d apprenti A tout moment de l année 100, 200, 500Fcfa/jour 1500-3000Fcfa /semaine 20000-30000Fcfa /mois Travail instable, pas de sécurité Travail pénible Plutôt masculin Parents Jour Semaine Mois 20000-25000Fcfa par événement Indisponibilité et indisponibilité de l argent Ne stimule pas assez et peu t induire de la paresse Plutôt féminin Se produit pour les fêtes, les vacances, la rentrée scolaire Elevage Annuel Après la récolte 15 000-50 000Fcfa/an Vol, mauvais entretien/soin des animaux (épidémies) Cout d entretien (paille, eau) Plutôt masculin [11]

USAGE DE L ARGENT Grâce à l argent gagné ou reçu, les jeunes essaient de faire face à leurs dépenses sont ils ont établi la priorité comme suit : les jeunes considèrent en moyenne l habillement comme leur principale dépense. Cela inclue le minimum adéquat pour le respect de la vie en communauté et le respect de soi ainsi que l habillement moins ordinaire pour les grandes occasions (fêtes religieuses notamment, Korité, Tabaski). La deuxième plus importante dépense (pour ceux qui sont scolarisés) est celle des fournitures scolaires (comprenant les grandes dépenses lors de la rentrée scolaire en octobre ainsi que les rachats plus fréquents et moins coûteux durant l année. Ensuite viennent les dépenses en élevage (achats de bêtes, presqu aussi féminin que masculin), les effets de toilette (plus féminins), la contribution aux besoins familiaux (achat de nourriture, de médicament ou autre). Enfin le matériel agricole enfin, fut mentionné aussi bien par les filles que les garçons. Concernant les dépenses inattendues, les jeunes mentionnent la visite impromptue d un parent qu il faut recevoir avec grande générosité 11 dans la coutume africaine ; les soins en cas de maladie (accès palustres, diarrhées, fièvres) et enfin les cérémonies religieuses (baptême, mariage ou décès ; frais scolaires ou achat de matériel agricole). Pour faire face à ces dépenses inattendues, les jeunes travaillent et épargnent. Si cela ne suffit pas et que le jeune a en sa possession un animal (chèvre, mouton, poule) il le vend (généralement au marché) pour gagner de l argent. Autrement il emprunte de l argent à ses parents, ses amis, auprès du boutiquier ou du groupe de tontine si le jeune en est membre ou si c est le cas de sa mère. SERVICE FINANCIER : L EMPRUNT Les jeunes ont mentionné différentes manières d accéder au crédit, à savoir les parents, la tontine, les amis, le boutiquier et même la banque 12 même si cette dernière n a pas été citée de façon consensuelle. Cependant, lorsque les jeunes ont eu à classifier leurs préférences en termes d accès au crédit, la hiérarchie suivante a été adoptée : les parents (5/12), le boutiquier (4/12), les amis (2/12), et enfin la tontine (1/12). 11 Il est très fréquent que l animal (chèvre, mouton, poule) ayant été élevé soit tué à l occasion de la visite d un parent pour faire honneur au visiteur qui honore l hôte de sa présence. 12 Le terme «Banque» utilisé par les communautés peut faire référence à différents termes. Dans la terminologie de Tostan, les Banques villageoise sont des caisses communautaires mises en place par les Comités de Gestion Communautaire (CGCs). Ces caisses sont alimentées par des cotisations constituant un fond utilisé par les membres comme source de crédit rotatif et d épargne dont le fonctionnement et les taux d'intérêt sont fixés par les membres dans un cadre strictement informel. Le Crédit Mutuel du Sénégal qui a pu être mentionné par les participants est une Institution de Microfinance (IMFs). Les IMFs sont des institutions de proximité reconnues par l'etat Sénégalais mais dont les compétences en matière de transaction bancaire comme domiciliation de salaire entres sont limitées. [12]

Choix d'accès au crédit des Jeunes 2/12 1/12 4/12 5/12 Parents Boutiquier Ami(s) Tontine Alors que les deux principales sources d emprunt (les parents et la boutiquier) sont tout autant préférées par les jeunes filles que les jeunes garçons, en revanche, l ami n est cité comme préférence que par les jeunes garçons et la tontine ne l est que par les jeunes filles seulement. Les raisons de ces préférences sont les suivantes : les jeunes considèrent qu emprunter de l argent à leur parent n induit ni sanction ni ébruitement ou dénonciation s il y a retard ou non paiement. Les parents sont en fait compréhensifs et discrets et c est ce qui rassure les jeunes. L attrait du boutiquier est justifié par la relation intime et discrète instaurée entre le jeune emprunteur et le boutiquier prêteur. Les amis sont quant à eux garants d une certaine qualité de relations dans laquelle la contrainte ne prime pas et la compréhension mutuelle est assurée. Enfin l avantage de la tontine est qu il s agit d une structure sociale pouvant bénéficier à toutes et tous. Pourtant chaque service présente aussi des limites dont les jeunes ont bien notion. En effet, ces derniers ont exprimé une possible certaine gêne quant au fait de demander de l argent à leur parent et que le moindre problème ou retard de remboursement pourrait gâterait la relation filiale. Pour ce qui est du boutiquier, les jeunes ont mentionné le risque de prendre de mauvaises habitudes d emprunt trop systématique. De plus, le boutiquier pourrait ne pas être disponible au moment ou le jeune a besoin d argent, ou encore faire faillite. Pour ce qui est des amis, malgré la confiance susmentionnée, les jeunes interrogés ont clairement exprimé qu au moindre souci de remboursement, la relation amicale pourrait se détériorer. En outre, un ami à qui on emprunte peut refuser ou manquer de discrétion, ce qui peut être humiliant. Enfin, la limite d une tontine est que le jeune ne peut accéder à l argent lorsqu il le souhaite et doit par conséquent attendre son tour. A cela s ajoutent les sanctions relatives aux retards de remboursement qui sont plus strictes qu avec un système totalement informel. [13]

En plus d accéder au crédit, d une manière plus ou moins difficile et fréquente, les jeunes sont également habitués à épargner et ne sont pas trop pauvres pour le faire. Qu il s agisse d argent investi servant en fait d assurance, ou bien d argent mis de côté ou confié, les jeunes font preuve d imagination pour faire face aux urgences, même cela n est pas totalement satisfaisant. Voyons les méthodes d épargne des jeunes. SERVICE FINANCIER : L EPARGNE Les jeunes ont recours à l épargne pour soutenir leurs dépenses et faire face aux imprévus. Leur préférence concernant les systèmes d épargne est la suivante : la boîte cachée (6/12), chez les parents (3/12), l élevage pour l embouche (2/12) et chez le boutiquier (1/12). 2/12 3/12 1/12 6/12 Boîte Parents Elevage Boutiquier Alors que la boîte et l élevage sont mentionnés autant par les jeunes filles que par les jeunes garçons, confier son argent au boutiquier est une tendance plutôt masculine et le faire auprès des parents est plutôt féminin (étroite relation notamment entre mères et filles). Les raisons de ces préférences sont comme suit : la boîte se trouve dans un lieu sûr, discret, connu du jeune seulement qui ne place sa confiance qu en lui-même. Les Parents sont une source fiable pour déposer l épargne car elle peut rester accessible et peut même aider les parents s ils ont besoin de liquidité. L élevage est avantageux puisque il permet de ne pas être tenté de gaspiller l argent gardé sous forme liquide et d au contraire l investir et le récupérer au moment opportun grâce à la vente de l animal. Les jeunes n ont pas mentionné de difficulté particulière à vendre le bétail et ce, même dans l urgence. Le boutiquier assure par sa présence et sa marchandise la restitution de l épargne du jeune lorsque celui-ci en aura besoin. Le besoin peut être «alimentaire» (de première nécessité), familial [14]

(soutien d un membre de la famille ou accueil d un visiteur) ou encore social (frais induit par une cérémonie ou adhésion à un groupe 13 ). Cependant, de nouveau ces services financiers présentent leurs limites. La boîte pourtant citée comme le moyen le plus adapté qu ont les jeunes pour épargner, peut être dérobée si une tierce personne s en saisit lorsque le jeune épargnant a le dos tourné. Une boîte souvent confectionnée en bois ne peut pas non plus empêcher des rats de grignoter les billets ou le feu de tout faire disparaître. Enfin la boîte secrète est accessible et n est pas dissuasive quant à la tentation de retirer l argent et de le gaspiller. Bien que les parents se présentent comme des personnes de confiance, il peut arriver qu un parent se trouvant dans le besoin utilise l épargne de son enfant à ses fins propres et ne soit pas en mesure de restituer la somme, considérant d ailleurs que cela participe à l effort familial pour les besoins du ménage. Concernant l élevage, le risque de nouveau mentionné est celui des possibles vols nocturnes de bétail, auquel s ajoutent les risques d épidémies dues à un manque de moyen et de connaissance pour un suivi médical adéquat. Les risques que présente le dépôt d épargne auprès du boutiquier sont le détournement pur et simple du boutiquier ayant besoin de liquidité et qui n est contraint par aucune preuve écrite de restituer l argent. En outre et cela sans nécessaire malversation, le boutiquier peut faire faillite et fermer son magasin, être victime de vol ou d incendie. Enfin dans une moindre mesure le boutiquier être tout simplement absent de la boutique au moment où le jeune a besoin de ces fonds et ce, urgemment. OPINION SUR L EPC Les jeunes ont répondu favorablement et ont unanimement accueilli l idée selon laquelle un programme tel qu Epargner pour le Changement pourrait être introduit au sein de la communauté. En effet à la suite de la présentation du programme, les jeunes ont effectivement exprimé leur enthousiasme à l idée de bénéficier d un programme leur permettant de gérer leur argent de façon sécurisée et accessible tout en renforçant la solidarité et l union au sein de la communauté. Ainsi selon les jeunes, un tel programme de microfinance intégrée pourrait leur permettre d anticiper l avenir avec une gestion adéquate des ressources financières et la participation au développement de la communauté. REGROUPEMENT ACTUEL DES JEUNES Les rencontres religieuses, sportives et culturelles sont le motif principal pour lequel les jeunes se rassemblent. En outre les jeunes se regroupent régulière pour différents motifs : des discussions portant sur des problèmes attenant au village afin d en trouver de solutions. S y ajoutent les séances d alphabétisation mises en pace par Tostan. Enfin des journées d assainissement ont également lieu dans certains villages le 13 Les jeunes du village de Mboulème ont une association dont le but est de faire des jumelages avec les jeunes de Mbour, organiser des séances de luttes (cotisation de 500 Fcfa par mois, 250 Fcfa par semaine. L association est dotée de 42 membres). [15]

lundi, jour de congé durant l hivernage. Le mode de rassemblement des jeunes est sous forme associative et ce, par tranche d âge. L objet est de contribuer au développement du village ou de s entraider en soulevant des fonds pour mener à bien les événements religieux ou sociaux. Dans le cas de la mise en place d un programme tel qu EPC, la majorité des groupes de jeunes (8/12) mentionnaient une préférence pour des groupes d épargnes mixtes. Le tiers des groupes interrogés préféraient en revanche une segmentation par genre. La première suggestion est fondée sur l idée selon laquelle ce type de groupes mixtes existe déjà dans les villages et cela ne pose pas de problème et il faut autant de filles que de garçons dans un rassemblement de jeunes. De plus il est important de montrer l exemple d une mixité réussie afin que la ségrégation actuelle ne se reproduise pas si fortement pour les générations futures. Enfin, une telle ségrégation entre jeunes pourrait impliquer une certaine concurrence entre les groupes et disperser les efforts au lieu de les mettre en commun. Au contraire les partisans de la séparation par genre (les groupes interrogés dans le département de Thiès) ont justifié ce postulat par le fait que des filles ne se sentiraient pas aussi à l aise pour s exprimer avec des garçons que si elles n étaient qu entre elles. En effet le Sénégal obéit à des règles patriarcales dans lesquelles la femme de se dresse pas devant l homme et aura tendance à parler ensuite. La distinction entre groupes de jeunes garçons et groupes de jeunes filles permettra une stimulation afin que chacun veuille accomplir davantage. SOUTIEN DE LA PART DE LA COMMUNAUTE ET DEFIS ENVISAGES Les jeunes attendent beaucoup du soutien qu ils recevront de la part de leurs parents dans a mise en place de groupes d épargne. Cet appui se décline sous trois formes : le soutien moral par des conseils et des idées des parents ; le soutien financier par une possible assistance financière en cas de besoin (cotisations notamment) mais aussi l accord tacite selon lequel les parents ne seront pas ingérants mais donneront au contraire leur bénédiction pour la bonne marche du programme. Malgré ce soutien, des défis pourraient se présenter aux jeunes. Les principales difficultés mentionnées sont au nombre de quatre : tout d abord le non respect du règlement intérieur (cotisations régulières, assiduité et ponctualité aux réunions, remboursement des prêts dans les temps) mais aussi la possibilité de querelles entre membres, le manque de motivation qui porterait préjudice à l esprit de groupe et enfin la mauvaise gestion de l argent. OPPORTUNITES DE RASSEMBLEMENT DES JEUNES EN GROUPES D EPARGNE Selon les jeunes, des groupes d épargne pourraient avoir lieu durant l «hivernage» (il s agit de la saison des pluies qui dure de juin à septembre). En effet qu il s agisse des jeunes scolarisés qui sont en congés ou des non scolarisés, les jeunes ont tendance à être présents au village à ce moment-là pour aider leurs parents dans les champs. Les jeunes qui ne partent pas en vacances, sont par conséquent très occupés mais le lundi [16]

étant jour de repos, durant lequel la réunion d épargne pourrait se dérouler le lundi. Concernant le reste de l année, dit «saison sèche» certains jeunes excluent la possibilité de se retrouver en raison de la fréquentation de l école. En effet, lycéens sont absents du village durant toute la semaine (du lundi au vendredi) puisqu ils résident en ville, souvent chez un parent, et ne rentrent que le week-end. Pour ceux qui travaillent en ville, il n est pas envisageable non plus d être présent au village. Au contraire, certains jeunes précisaient le fait que les écoliers sont de retour après 14 heures tous les jours au village puisque l école est terminée. De plus, les lycéens sont de retour les samedis et dimanches en plus des jours fériés et des vacances. Ainsi, après une apparente impossibilité pour les jeunes de se réunir en dehors de la saison, ces derniers ont émis des possibilités de rencontres hebdomadaires. A savoir : le week-end pour les jeunes plus âgés (fréquentant le lycée) et tous les jours après 14h pour ceux qui sont plus jeunes (les écoliers). Tableau N0.3: Possibilité de rencontres des jeunes pour des rassemblements de groupes d épargne Segment/ Périodes Jeunes filles scolarisés Saison humide (hivernage: juin-septembre) Impossibilité de rencontres care elles aident les parents aux travaux champêtres Saison difficile en raison des pluies Saison sèche (période scolaire : septembre-juin Impossibilité de rencontres car fréquentent l école Possibilité de rencontres le weekend et tous les après-midis après 14h Vacances scolaires Impossibilité de rencontres car partis en congés en dehors du village (souvent chez un proche) Jeunes garçons scolarisés Possibilité de rencontres car tous les jeunes sont au village à ce moment-là Impossibilité de rencontres car se trouvent à l école ou ont migré (exode rural) Possibilité de rencontres de courte durée Possibilité de rencontres tous les après-midi après 14h Jeunes filles travaillant Possibilité de rencontres car sont au village à ce moment-là Impossibilité de rencontres car absentes pour travailler en ville Pas de vacance Jeunes garçons travaillant Impossibilité de rencontres car aident aux travaux champêtres des parents Impossibilité de rencontres car absents pour travailler en ville Pas de vacance Possibilité de rencontres au village tous les lundis (jour chaumé) Remarque : Une remarque mentionnée avait trait au fait que seuls ceux qui ne quittent pas le village, adhèrent aux groupes d épargne et ce, sans distinction d âge que ce soit pour les plus ou moins de 15 ans. Remarque 2 : Après réflexion et apparemment aucune solution, les jeunes (filles et garçons scolarisés) s accordaient sur le fait que tous étaient de retour au village après 14h (pour les écoliers) et au moins chaque weekend (pour les lycées). [17]

NOMINATION DES GROUPES D EPARGNE Les jeunes émirent des suggestions de noms à donner à leur groupe d épargne. Parmi ces suggestions en wolof retenons les suivantes : «DEGOO» (entente) ; «DIAPPO» (union) ; «DIBALANTE» (Solidarité) ; «AM DIOM» (vergogne) ; «SOTANTE KHALAT» (partage d idées) et «TOSTAN» (éclosion). Plus précisément, les jeunes de Thiès ont également suggéré : «LIGGEEY NGIR WAAJAL SUNU ËLLËG» (travailler pour préparer l avenir) ; «MBOOTAAYU AND JËF» (Association pour agir ensembles) ; et dans le même esprit, les jeunes filles en particulier ont mentionné: «MBOOTAAYU JIGEEN ÑIY LIGGEEY» (Associations de femmes qui travaillent) et enfin «MBOOTAAYU NGIR YRKKUTE XALE YU JIGEEN ÑI» (Associations pour le développement des jeunes filles). MONTANTS SUGGERES DE COTISATIONS POUR LES GROUPES D EPARGNES DE JEUNES En termes de cotisations hebdomadaires au sein des groupes d épargnes, les jeunes ont semblé avoir intégré et compris la notion d épargne régulière et obligatoire une fois qu ils décideraient de devenir membres. Ils ont ainsi majoritairement exprimé que 100Fcfa serait abordable et soutenables, même si l éventail de suggestions s étendait en fait de 25Fcfa à 500FCfa par semaine. Tableau N0.4: Montants d épargne suggérés par les groupes de jeunes selon la localisation et le genre Segment Thiès Mbour Kaolack Remarques Jeunes filles Entre 200 et 500Fcfa 100Fcfa Entre 75 et 500Fcfa mais plutôt 25 ou 100Fcfa la cotisation doit nécessairement convenir à tous Jeunes garçons Entre 50 et 500Fcfa mais plutôt 100Fcfa 100Fcfa 25-500Fcfa mais plutôt 25 ou 50Fcfa Les jeunes garçons solarisés ne pourraient pas épargner davantage sans le soutien de leurs parents Remarque : Il n était pas pertinent de distinguer dans ce tableau les jeunes scolarisés (filles et garçons) des non scolarisés travaillant déjà, puisque les réponses variaient surtout en fonction du genre et de la localisation. [18]

Résultats des discussions thématiques avec les parents/leaders communautaires SERVICE FINANCIER : L EMPRUNT D après les parents de jeunes âgés de 13 à 24 ans, ces derniers ont accès au crédit de quatre différentes manières : de la part des parents eux-mêmes (5/12), de la tontine (5/12), du boutiquier (1/12) et auprès de la banque (1/12). Cet ordre de préférence exprimé par les parents est fondé sur ce qu ils ressentent vis-à-vis des besoins de leurs enfants et la manière dont ces derniers gèrent leurs difficultés financières. Les parents se considèrent en grande majorité comme étant la source de crédit la plus fréquente de leurs enfants en raison de la discrétion que cela permet d avoir. De plus, prêter de l argent à son enfant est considéré pour les parents comme la possibilité d asseoir leur autorité, de conseiller et d orienter ces enfants avec une grande indulgence. La tontine est citée comme la deuxième source de crédit auxquels les enfants ont accès. En accédant au crédit grâce à la tontine, les jeunes sont dans l obligation de rembourser et par conséquent de mener des activités génératrice de revenu, quelles qu elles soient. La tontine est donc bénéfique puisqu elle oblige le jeune à travailler, être dynamique et responsable. Le dernier avantage de la tontine est la proximité. Concernant le boutiquier, un des atouts est la responsabilisation que cela induit pour les jeunes dans l obligation de rembourser, ce qui permet du reste d instaurer un climat de confiance entre créditeur et débiteur. [Les notions de «dignité» et de «responsabilisation» sont des aspects mentionnés par les jeunes et encore davantage par les parents lors des DTGs concernant l attitude que devraient adopter tout jeune]. Enfin, un boutiquier n exige aucun papier justificatif lors de la demande de prêt, ce qui facilite l accès au crédit des jeunes, notamment celui des mineurs. [19]

Enfin la banque est considérée comme étant plus sûre et les prêts y sont décrits comme étant abordables. [Un groupe a spécifié que les jeunes mineurs ne sont pas autorisés à emprunter auprès des mutuelles]. Pourtant ces services financiers présentent aussi des limites, ce dont les parents ont bien conscience. Pour chacune de ces services d emprunt, les parents avançaient les mêmes défis, à savoir les risque de non remboursement qui pourraient détériorer les relations filiales ou entre membres de familles différentes. L oubli, le retard ou l impossibilité de payer son crédit sont fréquents et sont préjudiciables dans un village (de la rupture des relations entre parents et enfants, en passant par l interdiction de crédit de la part du boutiquier, de honte et de haine entre plusieurs familles ou encore le risque d emprisonnement si le crédit est fourni par la banque). Il est intéressant de comparer la conception que les parents ont des préférences de leurs enfants à ce que ces derniers préfèrent effectivement. Graphe N0.1: Préférences d accès au crédit exprimées par les deux groupes 14 6 Préférences d'accès au crédit 5 4 3 2 selon les Jeunes selon les Parents 1 0 Parents Tontine Boutiquier Banque Amis Remarque : Si les parents réalisent parfaitement qu ils représentent une source importante de crédit pour leurs enfants, ils majorent en revanche le recours effectif de leurs enfants aux tontines. 14 Les numéros correspondent à la fréquence selon laquelle les réponses ont été mentionnées. Le total équivaut à 12 pour chaque segmentation (jeunes filles, jeunes garçons et parents/leaders communautaires) qui ont été interrogés. Le chiffre zéro signifie que la réponse n a pas été mentionnée. [20]

SERVICE FINANCIER : L EPARGNE D après les parents, les jeunes ont quatre manières d épargner leur argent ; les voici dans l ordre de fréquence avec laquelle elles ont été citées. Tout d abord les enfants peuvent confier leur argent à leurs parents (10/12), le cacher dans une boîte (5/12), l investir dans l élevage (4/12), le placer à la banque (2/12) ou dans le fonds de la tontine (2/12). L avantage pour un enfant de confier son argent à ses parents est la confiance que cela inspire, l accessibilité de ce moment et la possibilité pour les parents de soutenir ou de conseiller leur enfant en cas de problème. La boîte présente l intérêt principal est l accessibilité de son argent pour un jeune afin de faire face à n importe quelle dépense prévue ou non. L enfant est autonome et gère son argent comme il l entend. L investissement dans l élevage est considéré comme stratégique puisqu il s agit de faire fructifier l argent avec du bétail qui grossit grandit et prend de la valeur mais cela permet aussi pour l enfant d avoir accès à la liquidité si besoin en n ayant qu à vendre ses bêtes. Alors que la tontine permet de stimuler l activité de l enfant, la banque (citée avec la même fréquence) est considéré comme lieu sûr et garanti et où l argent peut fructifier. De nouveau ces possibilités d épargner présentent des défis. Les parents avouent d eux-mêmes qu il arrive qu ils utilisent les fonds confiés par leur enfant pour d autres fins. Ceci risque pourtant de détériorer la relation de confiance initialement établie. Outre ce détournement, les parents peuvent également s être absenté au moment où leur enfant réclame l argent, ou encore faire un mauvais décompte en raison de l absence de trace écrite. Les inconvénients du système d épargne dans une boîte ont trait aux possibles vols et incendies. De plus l avantage de l accessibilité de la boîte est aussi un inconvénient puisque le jeune y a accès lorsqu il le souhaite, ce qui ne permet pas d accumulation (en plus du fait que l argent ne fructifie pas : «l argent dort»). [21]