Le réseau des épiceries solidaires A.N.D.E.S. Assurer la sécurité alimentaire des populations précaires. Soutenir une agriculture durable et locale. Rapprocher l aide alimentaire et les petits producteurs locaux Face à l augmentation des inégalités sociales de santé liées à l insécurité alimentaire des populations précaires et aux difficultés économiques auxquelles font face de nombreux agriculteurs, le principe du programme Uniterres est de mettre en place une coopération en circuits courts entre les structures d aide alimentaire et les petites exploitations agricoles locales. Il s agit d un projet de solidarité locale dont le but est à la fois de rendre accessibles des produits frais de qualité aux personnes en situation de précarité, de participer au développement de l agriculture paysanne locale, tout en renforçant les liens entre producteurs et consommateurs. Uniterres vise à améliorer l alimentation des ménages précaires sur les plans quantitatifs et qualitatifs, tout en offrant à des agriculteurs fragilisés les moyens et le temps de pérenniser leur exploitation. Facteur de lien social et d utilisation durable des ressources naturelles, ce dispositif vise à améliorer la connaissance du travail des agriculteurs et renforcer l information des consommateurs en matière de nutrition. Le réseau des épiceries solidaires A.N.D.E.S. 7, rue de Domrémy - 75013 Paris Tél : 01 44 24 09 30 / Fax : 01 43 36 11 41 www.epiceries- solidaires.org / infos@epiceries- solidaires.org Véronique Blanchot Responsable du programme Uniterres veronique.blanchot@epiceries- solidaires.org Port : 06 30 93 20 61 Agathe Cousin Responsable Communication / Partenariats agathe.cousin@epiceries- solidaires.org Port : 06 08 80 84 21 Tel : 01 71 19 94 19
Le porteur de projet Créée en 2000, l association A.N.D.E.S. est une structure nationale d aide alimentaire, reconnue par l Etat. Elle propose au travers des épiceries solidaires un modèle d aide alimentaire participatif, aussi proche que possible des circuits traditionnels de consommation, visant à promouvoir l autonomie des personnes et leur insertion durable. Un des principes fondamentaux des épiceries solidaires est de faire en sorte que la lutte contre l exclusion ne s accompagne pas d une forme d assistanat. Pour cette raison, chaque usager choisit les produits qu il veut consommer contre une participation financière d en moyenne 20 % de leur valeur marchande. L économie réalisée sur le budget alimentaire est affectée à la réalisation d un projet (remboursement d une dette, amélioration du logement, frais de santé etc.) En tant qu association nationale, l A.N.D.E.S. met en œuvre un programme d action global afin de promouvoir l accès des populations précaires à une alimentation saine et de qualité. Les objectifs Le programme Uniterres a pour objectifs de : améliorer l alimentation des populations bénéficiaires de l aide alimentaire, par un approvisionnement régulier en fruits et légumes frais, promouvoir des habitudes alimentaires favorables à la santé, renforcer le lien social entre consommateur et producteur, soutenir le développement de l agriculture paysanne locale, prévenir le gaspillage alimentaire, en déterminant au plus près les besoins des bénéficiaires des épiceries solidaires, pour ajuster la production avant la mise en culture. 2
Le contexte L offre alimentaire en Europe est qualitativement et quantitativement suffisante pour nourrir l ensemble de la population, cependant une partie n a pas les moyens de se procurer une alimentation de qualité. Une offre suffisante, un accès limité En Europe, le nombre de bénéficiaires de l aide alimentaire ne cesse d augmenter, tandis que de nombreux agriculteurs connaissent des difficultés à pérenniser leur exploitation, voire simplement à vivre décemment de leur production. L offre alimentaire est pourtant qualitativement et quantitativement suffisante en Europe pour nourrir l ensemble de la population, cependant, une partie n a pas les moyens de se procurer une alimentation de qualité dans les circuits commerciaux traditionnels. En France, 3,5 millions de personnes dépendent de l aide alimentaire pour se nourrir. Des sources d approvisionnement multiples, mais déconnectées de la production agricole Les denrées de l aide alimentaire proviennent essentiellement de 2 sources : des sources institutionnelles - l Union Européenne avec le FEAD (Fonds Européen d Aide aux Plus Démunis, ex PEAD), l Etat français avec le PNAA (Programme National d Aide Alimentaire) et des sources privées (entreprises et particuliers). La question de l approvisionnement de l aide alimentaire est traditionnellement traitée indépendamment de la politique agricole. A l exception du PEAD, qui dans ses premières années de fonctionnement, était un outil de régulation de la production agricole avant de devenir un programme basé sur une politique d achat. Dans sa forme originelle, le PEAD, programme mis en place en 1987 et directement issu de la Politique Agricole Commune (PAC), consistait effectivement à mettre à disposition de l aide alimentaire, les surplus agricoles retirés des marchés afin de stabiliser les prix. D autres sources, provenant d acteurs privés (particuliers et entreprises) viennent compléter l approvisionnement des structures d aide alimentaire : collectes dans les enseignes de grande distribution, dons d industries agro- alimentaires, récupération de produits à date courte mais elles sont par nature fluctuantes et hétérogènes, qualitativement et quantitativement. La récupération du gaspillage alimentaire et des surplus ne peuvent à eux seuls nourrir décemment l ensemble des européens en situation de précarité. L approvisionnement direct auprès des exploitations agricoles est une pratique encore très marginale. Carences en produits frais et inégalités sociales de santé Les besoins en produits frais sont immenses. Les personnes fréquentant l aide alimentaire ont une alimentation très pauvre en produits frais : selon l étude ABENA menée en France en 2005 par l Institut de Veille Sanitaire (InVS) et réactualisée en 2012, seuls 6,5% de ces personnes consomment 5 fruits et légumes recommandés par jour. Cette sous- consommation s explique en grande partie par le coût élevé des produits à forte valeur nutritionnelle, pour les bénéficiaires comme pour les associations. L incapacité actuelle de l aide alimentaire à répondre aux besoins nutritionnels des populations en situation de précarité est donc responsable des fortes inégalités sociales de santé constatées en Europe. L obésité en est l un des exemples les plus marquants, qui touche en France, 35 % des femmes recourant à l aide alimentaire, soit le double de ce qui est observé sur la population générale. Repenser le système Il est donc nécessaire de faire évoluer l aide alimentaire d un système basé uniquement sur la valorisation de surplus vers un rôle d acteur économique d une production locale. En fournissant des produits frais, le programme Uniterres, vient en complémentarité des programmes institutionnels (FEAD, PNAA), qui concernent eux, des produits secs. 3
Descriptif du programme Uniterres C est un dispositif qui profite autant aux petits producteurs qu aux consommateurs bénéficiaires de l aide alimentaire et qui s inscrit dans une vision d optimisation et de convergence des aides et des politiques publiques. Rendre accessibles des produits frais et promouvoir des comportements alimentaires favorables à la santé Grâce à un système d approvisionnement innovant auprès de petits agriculteurs locaux, les épiceries solidaires sont en mesure de proposer des produits frais, variés, de saison et de qualité aux personnes en situation de précarité et adaptés à leurs habitudes alimentaires. Outre un approvisionnement régulier en produits frais, le programme inclut des actions participatives liées à l alimentation dont l objectif est de favoriser l adoption durable d habitudes alimentaires équilibrées. Soutenir les petites exploitations agricoles Grâce à un dispositif de précommandes, le programme a pour vocation de soutenir le développement de l agriculture paysanne locale, en permettant à des agriculteurs de pérenniser leur exploitation. Le programme accompagne l installation, la reconversion ou simplement le maintien de certains agriculteurs sur le territoire. Les producteurs engagés dans le dispositif sont sélectionnés en fonction de leur situation et d un projet : agriculteurs en situation de difficulté économique, agriculteurs en cours d'installation ou en conversion à l'agriculture biologique, producteurs installés sur des petites surfaces... Concrètement les épiceries précommandent en début de saisons les produits qu elles proposeront à leurs usagers. Ce système de précommande est assorti d une promesse d achat, permettant de garantir aux agriculteurs une ressource et leur laissant le temps de pérenniser leur modèle de production et de distribution. La plus- value environnementale Ce dispositif permet d encourager le maintien de l agriculture paysanne et de favoriser le développement de modes de culture respectueux de l environnement. La proximité géographique entre le lieu de production et les épiceries solidaires livrées permet de réduire les distances de transport et ainsi de limiter l empreinte carbone, tout en garantissant la qualité des produits. Un projet d innovation sociale au service d une agriculture durable La mise en place d une coopération entre production agricole et aide alimentaire permet d élaborer un projet agricole de territoire en lien avec les acteurs locaux. Le programme s inscrit dans une démarche de promotion de l autonomie des personnes et de lutte contre l assistanat. C est un projet de solidarité destiné à valoriser le rôle social des agriculteurs, notamment vis- à- vis des consommateurs écartés du marché. Créer du lien social Le programme Uniterres s appuie sur des actions participatives destinées à valoriser la production locale (connaissance des produits et de leur saisonnalité, découverte des modes de culture, etc.) et à encourager la consommation de produits frais, bénéfiques pour la santé : tables de producteurs (préparation de produits locaux, organisées avec un producteur ou un professionnel de l alimentation), visites «Compagnie des Gourmands» Prévenir le gaspillage alimentaire de lieux de culture, ateliers cuisine parents/enfants Grâce au système de précommande en début de saison par les épiceries, les agriculteurs connaissent en amont les quantités et les variétés de produits à livrer. Cette gestion anticipée des commandes, basée sur les besoins des usagers des épiceries solidaires, permet aux agriculteurs de mieux prévoir les quantités et les variétés de produits à mettre en terre pour ajuster la production au plus près des besoins des consommateurs, prévenant ainsi le gaspillage à la source. 4
Représentation schématique du programme Les données clés du programme En Poitou- Charentes Lancé en Poitou- Charentes en juin 2012, Uniterres concerne : Saison 1 (01/06/2012 31/05/2013) Saison 2 (01/06/2013 31/05/2014) Nombre d épiceries 6 épiceries 11 épiceries Nombres d agriculteurs 12 agriculteurs 32 agriculteurs Nombre de bénéficiaires 2 000 personnes en file active* 3 000 personnes en file active* soit 3 702 personnes différentes sur la période considérée Volume de produits commandés 57,5 tonnes 79,8 tonnes Variétés de produits (Fruits, légumes, aromates, œufs) 37 variétés différentes 90 variétés différentes * La file active correspond au nombre moyen de personnes fréquentant les épiceries solidaires chaque semaine. En Aquitaine Lancé en Aquitaine en octobre 2012, Uniterres concerne : Saison 1 (01/11/2012 31/10/2013) Saison 2 (01/11/2013 31/10/2014) Nombre d épiceries 7 épiceries 10 épiceries Nombres d agriculteurs 16 agriculteurs 20 agriculteurs Nombre de bénéficiaires / semaine 1 200 personnes en file active* 1 700 personnes en file active* Volume de produits commandés 36,5 tonnes 46 tonnes Variétés de produits (Fruits, légumes, aromates, œufs) 80 variétés différentes 98 variétés différentes * La file active correspond au nombre moyen de personnes fréquentant les épiceries solidaires chaque semaine. En Midi- Pyrénées Lancé en Midi- Pyrénées en novembre 2013, Uniterres concerne : Saison 1 (01/11/2013 31/10/2014) Nombre d épiceries 9 épiceries Nombres d agriculteurs 15 agriculteurs Bénéficiaires / semaine 1 700 personnes en file active* Volume de produits commandés 44,3 tonnes Variétés de produits (Fruits, légumes, aromates, œufs) 118 variétés différentes * La file active correspond au nombre moyen de personnes fréquentant les épiceries solidaires chaque semaine. 5
Les partenaires Le projet est soutenu par de nombreux partenaires privés (entreprises, fondations, associations ) et publics (à différents échelons : Europe, Etat, régions, départements, communautés de communes). Evaluation du dispositif Uniterres fait l objet d une étude approfondie réalisée par une équipe de chercheurs multidisciplinaires. L'A.N.D.E.S. a remporté, en partenariat avec l'université de Bordeaux et plusieurs unités de recherche, l'appel à projets du Fonds Français pour l'alimentation et la Santé, sur l'axe «actions alimentation et santé». Il s'agit d'un projet de recherche action, destiné à déterminer l'impact des actions participatives menées dans les épiceries et basées sur le partage et la valorisation des savoirs alimentaires (cuisine, connaissance des produits et de leur saisonnalité etc.) sur les pratiques alimentaires des bénéficiaires des épiceries. L étude vise également à évaluer l'impact du programme sur les producteurs d un point de vue économique et en terme de résilience (en quoi Uniterres permet de les renforcer?). L étude prévoit un volet qualitatif (sociologie et anthropologie) et un volet quantitatif (épidémiologie nutritionnelle et sciences économiques). Retours d expérience «Avec le système de précommande, le programme permet à l avance d avoir une visibilité sur les ventes de produits. Je suis dans ma 2ème année d installation, le programme Uniterres m a permis de convaincre des partenaires financiers pour investir notamment dans du matériel pour l irrigation et d avoir plus de main d œuvre». Un agriculteur du programme Uniterres en Poitou- Charentes «Nous apprécions aussi la qualité des fruits et légumes car avant les produits que l on nous donnait étaient des quasi- déchets. Nous avons changé de discours vis à vis des fruits et légumes. Les bénéficiaires repartent avec des beaux paniers, des beaux produits qu ils ont choisi librement». Le Trait d Union à Poitiers «Tout simplement merci. Je ne mangeais plus trop de fruits et légumes et ceux que je pouvais m offrir venaient de loin, souvent d Espagne. Uniterres me permet de consommer les fruits et légumes et en plus français». Un bénéficiaire de l épicerie Trait d Union à Poitiers «Je rencontre des producteurs qui affirment avoir apprécié de recommencer à espérer en travaillant avec vous. Cela même avant de voir leur situation s améliorer.» Responsable MSA 6