La migraine : quelle prise de tête!
Introduction La migraine est une véritable «prise de tête» pour les personnes qui en souffrent! Bien au-delà d un mal physique, cette réelle maladie engendre également des conséquences sur le moral et dans la vie sociale et professionnelle. Cette pathologie est très invalidante. La douleur provoquée pendant la crise et la sensation de fatigue intense ressentie par la suite empêchent un bon nombre de migraineux de pratiquer normalement leurs activités quotidiennes. Toutes les personnes qui souffrent de cette maladie souhaitent l éviter à tout prix Il est toutefois important de veiller à en connaître les causes afin de ne pas lutter contre celle-ci à «l aveuglette», au risque d endommager votre capital santé. La migraine ne se guérit pas encore, mais se soigne de mieux en mieux! 2
La migraine : qu est ce que c est? La migraine est une forme particulière de céphalée, qu il convient de distinguer du mal de tête «ordinaire». La migraine peut se définir comme un mal de tête intense qui perdure de 4 à 72 heures et qui est aggravé par l activité physique routinière. Ce dernier s accompagne de : douleurs pulsatiles d un seul côté de la tête ; sensibilité exagérée à la lumière, au bruit et parfois aux odeurs ; nausées et/ou de vomissements. Tous ces symptômes ne sont pas nécessairement présents et sont variables d une personne à l autre. Ainsi, dans 50% des cas, le mal de tête est bilatéral. Chez 20% des migraineux, les crises de mal de tête sont précédées de manifestations neurologiques, appelées «aura». Cette dernière se manifeste le plus souvent sous forme de troubles visuels (éclairs ou scintillations lumineuses, perte de vue temporaire). Parfois, les troubles visuels sont suivis par des engourdissements d une main et du visage, des difficultés d élocution ; exceptionnellement par une faiblesse importante d un seul côté du corps. On appelle cette forme de migraine la «migraine avec aura», anciennement appelée «migraine ophtalmique». Les crises de migraine répétées et la crainte de la suivante sont très invalidantes et peuvent entraver considérablement les activités professionnelles, sociales et familiales. 3
Quelques chiffres La migraine touche plus ou moins 12% des adultes, les femmes étant 3 fois plus concernées que les hommes. De plus, 2/3 des femmes touchées ont des crises qui sont déclenchées par les variations hormonales de la période menstruelle. 1 à 2% de la population souffre de migraine «chronique», c est-àdire qu ils ont au moins 15 jours de céphalée par mois dont au moins 8 crises de migraine. Ce sont les migraineux les plus invalidés. Les enfants et les adolescents ne sont malheureusement pas épargnés : 5 à 10% en souffrent, autant de garçons que de filles. La maladie migraineuse débute souvent entre 10 et 40 ans, s atténue après l âge de 40 ans et peut disparaître après 50 ans. Dans 80% des cas, on trouve un caractère familial : plusieurs membres de la famille en sont atteints. 4
Les mécanismes de la migraine Causes : La prédisposition génétique A l heure actuelle, les études prouvent qu il existe une prédisposition génétique pour la migraine. Cette maladie serait donc héréditaire. Chez chaque personne atteinte de migraine, on peut déterminer, via la combinaison de différents facteurs génétiques, un «seuil migraineux». Ce dernier varie d un individu à l autre et fluctue en fonction de certains facteurs extérieurs tels que le stress et les variations hormonales. Plus le seuil migraineux est bas, plus les migraines se déclarent facilement sous l influence des facteurs déclencheurs. Le manque de sérotonine Le cerveau du migraineux réagit de façon excessive à des stimuli répétés dans son environnement comme la lumière, le bruit, et ne sait pas bien se «déconnecter». Cela est vraisemblablement dû au fait qu il manque de sérotonine. Réserve d énergie neuronale insuffisante La réserve d énergie dans les neurones des personnes migraineuses est diminuée de 20%. Le migraineux a donc dans son cerveau un «gros moteur», mais un «petit réservoir d essence». La crise de migraine peut être comparée à une «panne d essence». Les symptômes de la crise migraineuse elle-même sont produits par l activation, suite à cette «panne d essence», d un réseau nerveux dont le but est de signaler une situation potentiellement dangereuse pour le cerveau. Ce réseau nerveux se trouve notamment dans les méninges. Il peut aussi être activé par une série d autres «agressions», par exemple un traumatisme crânien, une méningite, produisant ainsi des maux de tête qui ressemblent à une migraine. 5
Quels sont les facteurs déclencheurs d une crise de migraine? Les plus connus sont : le stress ou plutôt la relaxation après une période de stress (par exemple : la migraine du week-end) ; les variations d œstrogènes chez la femme (par exemple : la chute des œstrogènes dans le sang juste avant les règles et/ou après l arrêt de la pilule) ; la faim, le jeûne ; la modification des habitudes de sommeil ; la modification de la pression atmosphérique ; la lumière vive ou les bruits forts ; trop ou pas assez d exercices physiques ; certains parfums, la fumée de cigarette ou des odeurs inhabituelles ; parmi les aliments, seul l alcool, même en quantité limitée, peut provoquer une crise chez la plupart des migraineux. D autres aliments ne peuvent déclencher une crise que chez des migraineux qui y ont une sensibilité individuelle : les fromages vieillis, le yaourt, les aliments fermentés ou marinés, le glutamate monosodique des restaurants chinois, l aspartame des boissons édulcorées, le chocolat est souvent considéré à tort comme un facteur à risque de crise migraineuse. En réalité, 30% des crises de migraine sont précédées, soit plusieurs heures auparavant, soit la veille, par des signes «prémonitoires», dont les fringales pour les sucreries. La fringale pour le chocolat est dans ce cas le 1 er signe de la crise, et non pas le déclencheur. 6
Quels sont les facteurs aggravants d une migraine? La caféine peut soulager la crise de migraine. Elle est d ailleurs associée aux antalgiques dans certains médicaments antimigraineux. Attention cependant : l excès de consommation de caféine peut entraîner une dépendance. De façon générale, les traitements hormonaux à base d œstrogènes aggravent la migraine. Une fois sur deux, c est le cas de la pilule contraceptive oestroprogestative. C est également très souvent le cas avec les traitements oestrogéniques, après la ménopause. Une mauvaise hygiène alimentaire aggrave la migraine, comme par exemple ne pas prendre de petit déjeuner, ne pas manger régulièrement. Une mauvaise gestion du stress accroît le risque de migraine, d où l importance de s accorder des périodes de repos et pratiquer une activité physique régulière. Un des facteurs aggravant fréquemment la survenue des crises de migraine est la consommation excessive d anti-douleurs et/ou d anti-migraineux de crise. Cet excès augmente insidieusement la fréquence des crises et peut aboutir à ce qu on appelle des «céphalées par abus de médicaments». Il est conseillé, dès lors, de ne pas prendre de façon régulière, plus d un jour/semaine, un triptan (antidouleur puissant utilisé pour traiter les migraines) ou un antalgique combiné (par exemple : paracétamol+caféine/+codéine) ; pas plus de 2 jours/ semaine un antalgique simple (par exemple : aspirine ou paracétamol) ou un anti-inflammatoire (par exemple : ibuprofène). 7
Quels sont les signes précurseurs d une migraine? Dans 30% des cas, la crise de migraine peut être précédée de «signes prémonitoires» qui se présentent souvent la veille. Les signes prémonitoires les plus courants sont les suivants : la fatigue (ou parfois une énergie débordante) ; une raideur de la nuque ; des fringales pour les sucreries ; des émotions à fleur de peau ; une sensibilité accrue au bruit, à la lumière et aux odeurs. Prévention de la migraine Dans un premier temps, il est primordial de mettre en évidence les éléments qui déclenchent les crises. Votre médecin traitant ou un spécialiste pourra vous y aider. Consigner tout ce qui semble être un facteur déclencheur dans un «journal des migraines» peut également vous aider dans cette recherche. Il faut aussi adapter votre style de vie à votre maladie, c est-à-dire dans la mesure du possible éviter et/ou agir sur les facteurs aggravants. Le but des actions préventives est : 1. de réduire l intensité et la fréquence des crises et parfois même de les éliminer totalement ; 2. d améliorer la qualité de vie des personnes qui ont des migraines importantes ; 3. de réduire les besoins en médication. 8
Que faire en cas de crise? Dès l apparition des premiers symptômes, il est conseillé de prendre son traitement rapidement afin de ne pas laisser la douleur s installer. Si celui-ci est pris trop tard, son bienfait pourrait s en voir diminué. Il est également conseillé, dans la mesure du possible, de : 1. s allonger dans une pièce sombre et calme ; 2. mettre une compresse froide sur son front ; 3. se masser le cuir chevelu ; 4. exercer une pression sur ses tempes. 9
Diagnostic et traitement de la migraine Le diagnostic pourra être posé par le médecin de famille ou par un neurologue grâce à l historique du patient. Ces derniers prescriront un traitement symptomatique de la crise spécifiquement adapté à chaque patient. Il est constitué d antidouleurs, d anti-inflammatoires et/ou de triptans (antidouleurs puissants utilisés pour traiter les migraines) pour les sujets qui n ont pas plus d une ou deux crise(s) par mois. Pour les migraineux qui ont des crises fréquentes ou particulièrement invalidantes, un traitement de fond visera à réduire la fréquence et l intensité des crises de migraine. Il est généralement composé de médicaments, dont il existe une grande variété allant des vitamines B jusqu à certains antiépileptiques. Il est parfois nécessaire d associer au traitement médicamenteux un traitement comportemental de gestion du stress. Dans la migraine chronique, un traitement multimodal doit être appliqué par un centre spécialisé. 10
Conclusions Afin de prévenir et de lutter efficacement contre les migraines, il est impératif de s informer et d instaurer un suivi médical professionnel. Soyez également persévérant Le premier traitement proposé ne sera peut-être pas le bon et il faudra éventuellement en essayer plusieurs. Ne vous découragez pas Il faut maintenir ses efforts jusqu à ce qu un soulagement soit obtenu. Les migraines peuvent être source de grande détresse, pouvant, dans certains cas, conduire les personnes qui en souffrent dans des états de dépression. N oubliez pas qu une bonne hygiène de vie vous aidera à vous sentir mieux dans votre peau. N hésitez pas à bouger, prendre l air, voir du monde Cela constituera un bon complément naturel à votre traitement préventif et ne pourra être que bénéfique pour votre moral. 11
Cette brochure a été réalisée par : Le Service provincial de Promotion de la Santé, sous la supervision du Professeur Jean SCHOENEN, Neurologue au CHR de la Citadelle Pour tout renseignement : Service provincial de Promotion de la Santé Place de la République Française, 1 (3 ème étage) 4000 LIEGE Belgique Tél. : +32- (0)4/349.51.33 Fax : +32- (0)4/349.51.35 Mail : spps@provincedeliege.be