L Enfer du décor Lettre d information trimestrielle des Archives municipales de Nantes Archives municipales de Nantes 1, rue d Enfer 44094 NANTES Cédex 01 02-40-41-95-85 02.40.47.38.79 RECONDITIONNEMENT Numéro 6 Mai 2003 Suite à la réorganisation de plusieurs magasins d archives en septembre 2001, le service a entrepris le reconditionnement de plusieurs séries et collections de documents. Travail de longue durée mené de façon dynamique et minutieuse par Michelle MARY et Didier LUBOWIECKI, cette opération a deux objectifs, tout d abord une meilleure conservation des documents, ensuite une communication plus agréable aux lecteurs. Afin d améliorer la conservation des documents, les Archives municipales reconditionnent les documents sous plusieurs matériaux, des pochettes de papier kraft neutre spécifique isolant de la lumière et dénué de toute acidité pour les brochures de la bibliothèque ainsi que pour les liasses des séries anciennes et modernes, pour ces dernières les pochettes sont confectionnées en interne sur mesure selon la taille des documents en passant par les boîtes en carton neutre Cauchard et les pochettes terphane transparentes pour les cartes et plans et les photographies, les pochettes photos étant regroupées dans des classeurs eux-aussi en carton neutre. Ce travail porte prioritairement sur les fonds les plus souvent communiqués, séries anciennes, séries M (Bâtiments) et O (Dossiers de Voirie et permis de construire) pour les séries modernes ainsi qu une partie de la bibliothèque, les brochures (1 BG br) et les périodiques (1 Per), enfin les documents figurés comme les cartes et plans (1 Fi) et la photothèque où les tirages des plaques de verre (13 Fi) ont été entièrement reconditionnés comme dernièrement les tirages intéressant les bombardements cotés en 22 Fi. BASE DE DONNEES AVENIO 2 M La saisie des sous-séries M effectuée par Alice GUILLOU-CARRE se poursuit. Ainsi la sous-série 2 M concernant les édifices communaux du culte est indexée et saisie dans la base AVENIO sous les cotes 2 M 1 à 2 M 57. Elle renferme des dossiers variés sur des acquisitions de terrains et d immeubles, des projets de construction, d agrandissement et de restauration d églises paroissiales, communautés, presbytères, chapelles ainsi que des dossiers de la Communauté Israélite relatifs à la construction de la synagogue rue Copernic et des rapports de l Eglise consistoriale et réformée en vue du projet de construction d un temple protestant rue des Carmélites transféré ensuite place de Gigant. Ces documents portent sur la période du XVIIIe au XXe siècle. 2 M 23 Eglise Sainte-Croix 1
43 W Depuis plusieurs mois, Eliane LESAUNIER a entamé une refonte de l inventaire de la sous-série I1 (police locale) en y apportant plus de détails. Désormais, 157 dossiers postérieurs au 10 juillet 1940 sont cotés en 43 W et saisis dans la base de données AVENIO. On peut trouver parmi ceux-ci, des dossiers concernant des visites et réceptions officielles, des passages de personnalités plus ou moins importantes et des congrès. Menu du déjeuner offert à Michel Debré, commissaire de la République, le 16/10/1944 BIBLIOTHEQUE Depuis janvier dernier, un certain nombre de notices d ouvrages a enrichi la base AVENIO dans le cadre de reprise d arriérés, tandis que se poursuit la politique d accroissement du fonds d histoire locale. En voici quelques exemples : Nantes : une capitale française des indiennes au XVIIIe siècle, COUSQUER (Céline) (BG in 4 575) Nantes, l'avenir d'une ville, LUNEAU (Dominique) (BG in 8 906) L'étrange ascension d'un maire de Nantes : André Morice, la Collaboration et la Résistance, LIAIGRE (Franck) (BG in 8 908) Mille Bretons, AVRIL (Jean-Loup) (BG in 8 910) La mort de Jacques Vaché : Histoire d'un fait divers surréaliste, PAJOT (Stéphane) (BG in 8 899) En bernaudant dans les rues de Nantes, DAGUIN (Alain-Pierre) (BG in 8 909) Patrimoine industriel de Nantes, in L Archéologie industrielle en France (1 Per 198/41) Concernant le fonds administratif, il est établi que désormais toutes les publications émanant des services de la Ville de Nantes seront classées en 1 BA, les autres documents administratifs l étant en 2 BA. La vérification des cotes attribuées antérieurement et les changements éventuels seront effectués prochainement. 2
PUBLICATION Depuis la loi du 14 avril 1954, le dernier dimanche d avril est consacré au souvenir des victimes de la déportation et morts dans les camps de concentration du Troisième Reich au cours de la guerre 1939-1945. A l occasion de cette commémoration, Jean-Pierre Sauvage, lecteur aux Archives Municipales, et Xavier Trochu, employé aux dites Archives, viennent d éditer le troisième volume de leurs recherches. Après «Les fusillés et exécutés» puis «Les déportés politiques et résistants», l étude porte sur la déportation de la communauté juive résidant en Loire- Inférieure. Ce travail constitue un nouvel apport pour la compréhension de la Seconde Guerre mondiale. Il commence par différentes notices historiques qui permettent de mieux appréhender le génocide de la population juive tout en conservant l angle local de la Loire-Inférieure. L accent est notamment porté sur l épisode tragique du paquebot «Le Flandre» qui, parti de Saint- Nazaire pour La Havane en mai 1939, ramène 97 émigrants juifs à son port de départ. Ils avaient été refoulés de Cuba faute de moyens financiers suffisants pour y vivre. Ces quelques pages laissent ensuite place à la longue liste des victimes, avec pour chacune d elles une petite fiche biographique. Et là encore, le constat est saisissant. Alors que la stèle installée à l intérieur de la Synagogue de Nantes compte 73 noms, le mémorial recense 228 victimes. Derrière ce chiffre se cache toute la politique d extermination de cette population. Les recensements des Juifs, commandités par les Allemands ou par les autorités françaises, traduisent l ampleur de l événement. En septembre 1940, la Loire-Inférieure compte 721 chefs de famille qui donne, en novembre 1941, un total de 926 personnes. Le nombre tombe à 486 en juin 1942 puis à 145 le mois suivant après les arrestations qui accompagnent la rafle du Vel d Hiv de Paris. Le nombre de ressortissants juifs ne cesse de diminuer jusqu à la fin de la guerre. Le 30 mars 1944, le Préfet informe le Directeur régional du Service National des Statistiques qu à la suite des arrestations opérées en janvier 1944 par les forces allemandes, «il n y a plus actuellement d Israélites en Loire-Inférieure». En annexes, les auteurs dressent sur cinq pages une chronologie thématique qui montre combien les mesures discriminatoires furent nombreuses à l encontre de la population juive, depuis le boycott des magasins juifs en avril 1933 à l évacuation et la libération du camp de Auschwitz-Birkenau en janvier 1945. 3
HISTOIRE Nantes, une capitale française des indiennes au XVIII ème siècle En décembre 2002, la librairie nantaise Coiffard publiait l ouvrage de Céline Cousquer consacré à la fabrication des toiles de coton peintes appelées «Indiennes». Cette parution faisait suite aux travaux de recherche de l auteur dans le cadre de sa maîtrise d histoire. En 200 pages et 100 illustrations, C. Cousquer retrace l histoire de cette industrie et explique comment Nantes a joué un rôle prépondérant dans son commerce et sa diffusion : «Dans ses rapports avec les toiles peintes, Nantes connaît un destin prestigieux et hors du commun, étant la seule ville française à la fois lieu d arrivée des vaisseaux de la Compagnie des Indes et site d impression de toiles». Depuis le XVII ème siècle, les navires de la Compagnie des Indes déchargent régulièrement sur les quais des ports français de somptueux tissus aux motifs exotiques. Seule la ville de Nantes, puis Lorient par la suite, détient l exclusivité pour toute la France du déchargement et de la vente de ces toiles venues des Indes. On comprend pourquoi les ventes sont de véritables événements économiques. La mode des indiennes se répand dans toute la France et transforme aussi bien les habitudes vestimentaires que la décoration intérieure des maisons. Lettres patentes du roi portant règlement des toiles appelées «nantaises» le 29 mai 1736, HH35 n 19 Pourtant, l aventure de l indiennage en France ne se fait pas sans heurts. Le protectionnisme de l État, qui privilégie la laine et les soieries lyonnaises, va jusqu à prohiber ce commerce. Les toiles peintes, sources de toutes les convoitises, deviennent alors l objet d une fraude organisée et d un commerce essentiellement tourné vers la traite négrière (on s en sert pour acheter aux rois d Afrique des esclaves). Il faut attendre 1759 pour que les Français soient autorisés à imiter les indiennes et à les acheter librement. Il s agit pour Nantes de relever le défi. La ville bénéficie de nombreux atouts : une activité portuaire importante ; des investisseurs suissesprotestants prêts à s engager dans l installation de manufactures et surtout une région toilière proche. Bientôt, la toile imprimée devient un produit de fabrication française où Nantes joue un rôle croissant. En 1785, Nantes peut s enorgueillir d être la capitale de l indiennage «en rassemblant neuf manufactures, source d emploi pour 4 000 ouvriers et située à la troisième place dans la production de toiles peintes». Malheureusement tout bascule avec la Révolution. En quelques années, toutes les entreprises disparaissent. A Nantes, la production des toiles n aura duré que quarante années : 1759-1799. L auteur : après avoir publié son ouvrage, Céline Cousquer a poursuivi ses recherches aux Archives municipales lors de la préparation de son D.E.S.S. Nouvelles technologies et conceptions de produits : patrimoine, culture, loisirs. Son travail était consacré aux façades en mosaïques des années 1930 à Nantes. Aujourd hui on peut découvrir le résultat de ses études sur un site internet qu elle a conçu et réalisé (www.nantes.fr/ext/mosaique). 4
SERVICE EDUCATIF Au cours de la réunion d information du 21 mai dernier organisée conjointement par les Archives municipales, la Bibliothèque municipale, le Musée du Château des Ducs de Bretagne, le Musée Jules-Verne et le Service Patrimoine Ville d Art et d Histoire consacrée à l éducation au patrimoine a été présentée la nouvelle brochure conçue par le service éducatif des Archives municipales détaillant le programme des activités pédagogiques pour l année 2003-2004. ACQUISITION DE DOCUMENTS Les Archives municipales de Nantes viennent d acquérir un dessin aquarellé de Mathurin Crucy, dessin qui représente une «décoration du fond de mer» (Rocher d Ariane) réalisée en juillet 1788 pour le théâtre Graslin, peu de temps avant son inauguration. Ce d e s s i n p o r t e l approbation et les s i g n a t u r e s d e s membres du bureau de l Hôtel de ville dont Pierre Richard de la Pervenchère alors maire de Nantes. Ce décor vient rejoindre ceux déjà conservés dans notre f o n d s c o m m e «l I n t é r i e u r rustique» par Bougon (DD 338 n 63) ainsi que le «Salon brillant» (1 Fi 37) par Mathurin Crucy, «le Bois» (1 Fi 32) et «le Jardin» (1 Fi 33) par Jean Baptiste Joseph Coste, ces trois derniers décors ayant été dessinés en 1812 dans le cadre de la reconstruction du théâtre Graslin. EXPOSITION Du 6 juin au 21 décembre se tiendra au château de Châteaubriant une exposition intitulée «1853-2003 Petites et grandes histoires au château de Châteaubriant» afin de marquer le cent-cinquantenaire de l acquisition du château par le Conseil Général. Lors de cette exposition sera présenté un document provenant des Archives municipales de Nantes, il s agit du sceau de Françoise de Dinan, comtesse de Laval, dame de Châteaubriant, sceau qui accompagne l acte de donation faite par Françoise de Dinan à François de Cardonne de la maison de Derval et de la terre et seigneurerie des Dervallières et de Grilleau le 31 mai 1494. 5
SITE INTERNET Depuis le 2 mai 2003, le site Internet des Archives municipales de Nantes est en ligne. Fruit du travail de toute l équipe et développé entièrement en interne par Patrick JEAN, photographe du service, il permet de découvrir les Archives municipales à travers leurs fonds et leurs activités. Le site articulé autour de huit thèmes, présente tout d abord un historique des bâtiments et un panorama des fonds. Ensuite on peut découvrir les sources complémentaires comme la bibliothèque et la photothèque dans laquelle sont proposés plusieurs albums thématiques (bombardements, inondations). Dans les «expositions» sont présentées les grandes expositions organisées par les Archives municipales : «Trésor d Archives» en 1995 et «Vert Nantais» en 2002 avec pour cette dernière l intégralité des documents exposés. Sous le thème «diffusions» les internautes pourront retrouver la collection de notre lettre d information «l Enfer du décor» ainsi que le catalogue des publications. Quant aux «ressources en ligne» elles permettent de découvrir l histoire de l Hôtel de ville à travers un plan animé, celles des armoiries et bientôt une biographie des maires de Nantes. L actualité est illustrée par deux revues de presse consacrées aux tours de France cyclistes de 1903 et 1957. Sans oublier le plus important parmi toutes ces «ressources en ligne» la possibilité de consulter et de télécharger l inventaire des séries anciennes et pour l instant de quelques séries modernes (M Bâtiments et 0 Voirie), 3 Z (Doulon) et 20 Z (Bureau d aide sociale). Le service éducatif a aussi ses pages présentant les animations et dossiers pédagogiques proposés aux scolaires. Enfin le site permet d accompagner les actions sur l histoire et la mémoire des quartiers entreprises aussi bien par les Archives municipales que par les associations offrant à ces dernières des pages pour présenter leurs réalisations (expositions, publications). Mais comme il se doit un site Internet n étant pas statique il s est, depuis le 2 mai, déjà enrichi afin de permettre à tous : chercheurs, scolaires ou tout simplement curieux de l histoire de notre ville d accéder via le net à notre mémoire... de papiers. Venez nous rendre visite sur www.archives.nantes.fr Maquette : Chantal GUILLERY et Sophie GUERIN Impression des 250 exemplaires : Centre municipal d édition 6