Discours d introduction du Président de la CRSA pour le forum public «Vivre mieux, Vivre Vieux» organisé par la CRSA avec le soutien de l ARS Mardi 19 janvier 9h30 Hôpital Européen Georges Pompidou Mesdames, Messieurs, Chers amis, bienvenue à ce forum public consacré au thème du vieillissement. Forum organisé par la Conférence Régionale de la Santé et de l Autonomie d Ile-de- France. Rappelons très vite pour ceux qui ne nous connaissent pas encore qui nous sommes! Si la loi HPST du 21 juillet 2009 a puissamment affirmé le rôle de l Etat - exercé via ses relais déconcentrés que sont les Agences Régionales de Santé, il a (en contrepoint) établi le principe de démocratie en santé et créé pour le mettre en œuvre à chaque échelon des instances : la Conférence Nationale de Santé (CNS), la Conférence Régionale de la Santé et de l Autonomie (CRSA) et les conférences de territoire, instances consultatives - de concertation et d information. Sous réserve du prononcé Page 1
En Ile-de-France, nous avons choisi, dès la création de la Conférence Régionale, d occuper notre place au plan régional (nous, c est-à-dire les usagers du système de santé, les opérateurs publics, privés, associatifs, offreurs de soins, les élus, les partenaires sociaux et les acteurs de la Prévention) et nous sommes donc lucides sur la réalité de nos rôles respectifs, mais aussi conscients : de notre représentativité, de la force de notre engagement collectif, de la valeur de nos contributions et prises de position, des Avis (parfois critiques, mais toujours constructifs) que nous formulons. Nous sommes aussi confortés de la reconnaissance que nous accorde l ARS et je salue à cette occasion, les Directeurs généraux de l ARS, Claude EVIN puis Christophe DEVYS. La CRSA a aussi pour mission d organiser le Débat Public et c est ce que nous faisons aujourd hui. Alors venons-en au thème de notre journée : «Vivre mieux, Vivre vieux». Pourquoi l avoir choisi? parce qu il prolonge la série de débats organisés ces dernières années avec les conférences de territoire sur les parcours de santé aux âges de la vie, la périnatalité à Paris, la santé des jeunes dans les Hauts-de-Seine et la fin de vie dans le Val d Oise ; parce que la révolution de l âge représente un défi et que la réponse à ce défi est de caractère universel : Tout le monde vieillit! parce qu il s inscrit dans l actualité, dans la «foulée de la loi relative à l adaptation de la société au vieillissement» entrée en vigueur au premier janvier 2016 ; parce que si la société française vieillit - l Ile-de-France, considérée longtemps comme «jeune» vieillit aussi (avec des projections démographiques tout aussi explicites) ; Sous réserve du prononcé Page 2
enfin, parce que va s ouvrir, au printemps prochain, le chantier du nouveau Projet Régional de Santé et que le sujet du vieillissement de la population-et des besoins sanitaires, médico-sociaux qu il détermine-sera au cœur de notre réflexion collective. La CRSA sera bien sûr partie prenante à cette réflexion collective et vos contributions d aujourd hui nous seront utiles. C est pourquoi, nous avons prévu-pour chaque thème abordé un temps d expression de la salle. D où l impératif absolu pour les intervenants de respecter les temps de parole. Depuis plusieurs années, les courbes démographiques dessinent une évidence : la France (et l Ile-de-France) sont engagées dans un processus de transformation profonde avec : une augmentation de la longévité (47 ans en 1900, 80 aujourd hui), une croissance forte et continue des classes d âge les plus élevées ; En 2025, les plus de 65 ans seront 19 millions et 24 millions en 2050 et en 2050 les plus de 85 ans passeront de 1,4 millions à 5 millions. Cette révolution de l âge n est pas la marque d un déclin, mais le signe d un progrès pour notre société. Nous vivons plus longtemps, mais surtout nous vivons plus longtemps en bonne santé, sans incapacité majeure. Lorsque nous avons préparé ce colloque, très vite ont émergés des angles d approches développés en quatre axes : celui de l anticipation (individuelle et collective) de la perte d autonomie ; celui de l adaptation de notre société à la révolution de l âge ; celui de l accompagnement lorsque la perte d autonomie s installe ; celui de l accessibilité financière des personnes âgées et de leurs proches aux dispositifs offerts. Sous réserve du prononcé Page 3
Je ne les détaille pas dans ce propos introductif, mais ces axes, dans le contexte francilien qui nous intéresse aujourd hui structurent les présentations qui vont être faites. I - L anticipation, tout d abord : Avec la Prévention comme moteur de la politique de l âge : comment agir pour préserver le plus longtemps possible l autonomie et faire reculer la perte d autonomie évitable? comment identifier, intervenir sur les facteurs de risques et les fragilités? comment maintenir le lien social? comment lutter contre les inégalités sociales et territoriales bien réelles dans notre région? comment adapter notre système de santé au vieillissement? C est la question de la Médecine de Parcours de la Personne Agée. C est le sujet du devenir de nombreuses expérimentations testées dans notre région et de leur renforcement (programme PAERPA, SSIAD renforcés, Infirmières de nuit dans les EHPAD, services intégrés à domicile II - L adaptation de la société au vieillissement : C est aujourd hui qu il faut concevoir et préparer une société qui dans une génération comptera un tiers de personnes âgées de plus de 65 ans et toutes les politiques publiques doivent y contribuer, qu il s agisse : de promouvoir un urbanisme intergénérationnel, de développer des politiques de mobilité, d adapter l architecture de l habitat aux phénomènes de l âge, de développer des emplois de service, de potentialiser la «silver économie», Sous réserve du prononcé Page 4
sans oublier, de valoriser le rôle irremplaçable des aidants et des familles. III - Et puis enfin, lorsque la perte d autonomie survient, c est faire face et accompagner : avec la priorité donnée au domicile pour ceux qui le souhaitent et le soutien qu il faut accorder au déploiement de l accueil familial et au renforcement des SSIAD ; avec aussi la nécessaire mise à niveau (quantitative et qualitative) de l offre de places dans les établissements franciliens (EHPAD et unités de soins de longue durée). Bien sûr, nous saluons les 7000 places créées depuis 3 ans dans le champ des personnes âgées. Mais, je vous rappelle qu il nous reste du chemin à parcourir pour placer notre équipement régional aux standards nationaux : en nombre de places, en nombre de places bien réparties, en places ouvertes en nombre suffisant à l Aide Sociale. Enfin, nous aurons en ouverture des travaux de l après-midi une table ronde sur l accessibilité financière. C est une question de plus en plus préoccupante pour les personnes âgées et leur famille. Avec le sujet du «reste à charge» et une question nouvelle, celle du devenir de l Aide Sociale. Je l évoque, parce qu en témoigne le courrier adressé fin décembre aux associations de protection de l enfance et aux établissements médico-sociaux de personnes âgées et d adultes handicapés par le Président du Conseil Départemental de l Essonne indiquant que la collectivité départementale ne serait pas en mesure de régler ses factures et proposant d étaler les versements sur les six prochaines années. Je fais part de notre stupeur, de notre crainte et de notre totale incompréhension, lorsque nous avons appris cette nouvelle ; il y avait à l évidence bien d autres manières de faire et nous espérons Sous réserve du prononcé Page 5
que grâce à l intervention de l Etat, une solution sera trouvée et nous considérons : que si l équilibre des comptes des collectivités territoriales est un impératif absolu, c est après tout la loi, ce ne sont pas aux personnes âgées et aux plus fragiles et démunies de faire les frais de décisions qui semblent surtout d ordre politiques. Voilà donc un programme très copieux ; Je vous souhaite des échanges fructueux et remercie tous ceux qui ont préparé ce forum, mais j y reviendrai sans doute. Je laisse la place à Emmanuel HIRSCH Directeur de l Espace régional de réflexion éthique d Ile-de-France et c est dans cette dimension et sur le sens des mots que nous utilisons, et notamment du mot «vieillir» que nous lui demandons d ouvrir notre débat de ce jour. Merci à lui de l avoir accepté. Sous réserve du prononcé Page 6