Un regard international: Politiques et expériences étrangères



Documents pareils
AMÉLIORER LE RAPPORT COÛT-EFFICACITÉ DES SYSTÈMES DE SANTÉ

MIEUX TRAVAILLER AVEC L ÂGE

La situation en matière de pension privées et de fonds de pension dans les pays de l OCDE

PARTIE I - Données de cadrage. Sous-indicateur n 9-1 : Nombre de consultations de médecins par habitant, perspective internationale

VERS DES SYSTÈMES DE SANTÉ PLUS PERFORMANTS

Âge effectif de sortie du marché du travail

Le travail est-il le meilleur antidote contre la pauvreté?

Quelle part de leur richesse nationale les pays consacrent-ils à l éducation?

Une protection d assurance de premier choix et de qualité suisse. Notre offre pour les expatriés

Régimes publics de retraite État de la situation. Perspectives des différents régimes publics de retraite. Plan

TROISIEME REUNION DU FORUM SUR L ADMINISTRATION FISCALE DE L OCDE

Exemple de grille de comparaison

à la Consommation dans le monde à fin 2012

les garanties santé une solution globale pour vos salariés

La prise en charge des maladies chroniques à l étranger

Le point sur les marchés des pensions. des pays de l OCDE OCDE

les garanties santé une solution globale pour vos salariés

Conférence de presse du sondage santé Conséquences politiques tirées du sondage Revendications de santésuisse

Bien comprendre et bien choisir votre complémentaire santé

Agricultural Policies in OECD Countries: Monitoring and Evaluation Les politiques agricoles des pays de l OCDE: Suivi et évaluation 2005.

REGARDS SUR L ÉDUCATION 2013 : POINTS SAILLANTS POUR LE CANADA

De meilleurs soins :

Conférence n 30 : «Numérique en santé : les innovations qui changent la donne»

Tableau des garanties Contrats collectifs

LE FINANCEMENT DES HOPITAUX EN BELGIQUE. Prof. G. DURANT

RETRAITES : Y A-T-IL UNE SOLUTION IDÉALE EN EUROPE POUR UN AVENIR?

La chirurgie ambulatoire dans les pays de l OCDE

LA RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL : UNE COMPARAISON DE LA POLITIQUE DES «35 HEURES» AVEC LES POLITIQUES D AUTRES PAYS MEMBRES DE L OCDE

Régimes flexibles et comptes de gestion santé : est-ce pour nous?

Actifs des fonds de pension et des fonds de réserve publics

Le Financement des soins chroniques

Pension AOW pour les assurés hors des Pays-Bas

Qu est-ce que la compétitivité?

«Bienvenue au Canada: on ne s inquiète pas de l assurance privée ici»

Assurance obligatoire, assurance volontaire en santé. Seminaris 27 juin 2003 Christine Meyer

SYSTEMES D INFORMATION EN SANTE Journée régionale du 12 janvier Blois

les garanties santé formules

Le creusement des inégalités touche plus particulièrement les jeunes et les pauvres

Séminaire d analyse économique

Quel est le temps de travail des enseignants?

PRESENTATION DU LIVRE BLANC 2013 I TELEMEDECINE 2020

Améliorer la gouvernance des Services Publics d'emploi pour de meilleurs résultats sur l'emploi

L Épargne des chinois

OBSERVATOIRE DE L EPARGNE EUROPEENNE

les étudiants d assas au service des professionnels

PEPS PRO L OFFRE SANTÉ DES PROFESSIONNELS INDÉPENDANTS

La révision des indices du cours du franc suisse, nominaux et réels, pondérés par les exportations

Activité des programmes de médicaments

CONFERENCE DE PRESSE > LANCEMENT DU «MANIFESTE POUR UNE SOCIÉTÉ POSITIVE»

Glossaire. de l assurance complémentaire santé(1) pour vous accompagner. Frais d accompagnement. CMU Tiers payant ...

Les GU comme outil pour améliorer l accessibilité et la qualité des services. Alternative aux services publics existants?

FINANCEMENT DE L OFFRE DE SOINS EN AFRIQUE. Prof DIE-KAKOU

Qui sont les enseignants?

Ressources pour le lycée général et technologique

Programme financé par l Union Européenne EuropeAid/127025/C/SER/MA)

Comparaison du bien-être des enfants dans les pays de l OCDE

Le marché de l assurance de protection juridique en Europe. Octobre 2013

Le bilan comparatif des médicaments (BCM): où en sommes-nous?

8940 Boul. Pie IX, Montréal, QC, H1Z 4H9 T : F : T : FORCE DEMANDE DE SOUMISSION

ROBERT WALTERS ENQUÊTE CANDIDATS CHIFFRES CLÉS

Admission (Formalités d ) : Formalités médicales ou non-médicales (questionnaire médical, examens

Étude des tendances en matière de soins de santé au Canada

Assurance Maladie Obligatoire /Assurance Maladie Complémentaire : guichet unique et reste à charge

Les réformes récentes des retraites et leur impact redistributif

LUTTER POUR UNE MEILLEURE SANTÉ : QUE PEUT-ON FAIRE DANS NOTRE QUARTIER?

Click to edit Master title style

La Marque de sécurité UL-EU. La nouvelle marque de certification paneuropéenne mondialement reconnue

Noëlle Lenoir, associée chez Kramer Levin Naftalis et Frankel LLP, ancienne ministre des Affaires européennes

Score. Studies :) L assurance des étudiants internationaux en Suisse Bienvenue

Prise de position sur les biosimilaires. Résumé

La recherche d assurance maladie à l étranger Procédure à l usage des CPAS

LES ETUDES DE LA. MUTUALITE FRANÇAISE La prise en charge des dépenses de santé : les évolutions du poids des différents acteurs depuis 2000

4. L assurance maladie

Une nouvelle assurance soins de santé pour tous

Perspectives de l économie Internet de l OCDE 2012 Principales conclusions

Informations générales

Assurance collective ASCO/SWICA pour les entreprises affiliées à l ASCO. Edition 2011

Les comptes nationaux et le SEC 2010

LES SOINS DE SANTÉ POUR LES MIGRANTS SANS PAPIERS EN SUISSE SERVICES

Les perspectives économiques

SPÉCIMEN. Couverture Maladie Universelle. Protection de base. Nous sommes là pour vous aider

assurance collective Assurance médicaments Des solutions intégrées pour une gestion efficace

Liste de termes et de définitions de l'assurance pour une traduction homogène

«La Mutualité Française ouvre de nouveaux chantiers innovants.»

L accès aux nouveaux médicaments dans les régimes publics d assurance médicaments : au Canada et dans des pays comparables

Nouvelle structure des tarifs médicaux suisses:

Séminaire régional FBP-Bujumbura- Burundi-février 2011-RM.

Contexte. Liste des membres du GSP Marc-André Belzil Don Blue Claude Ferguson Barry Senensky

La France se distingue par la mixité de son système

Le coût du rachat de trimestres pour carrière à l étranger multiplié par 4 au plus tard le 1 er janvier 2011

L assurance soins de santé en Belgique : une introduction. Thomas Rousseau 12 juin 2014

Comparaison internationale des systèmes de santé (1) Dr. Anne-Laurence Le Faou 11

AQESSS Colloque SAN-TECH 9 et 10 avril Le «Lean Healthcare»: la méthode Toyota pour optimiser les performances des réseaux de santé.

Centre International de Recherche et de Développement

La gestion des risques en hygiène hospitalière

Financement de l assurance maladie obligatoire en Belgique (les différents régimes). La question de l assurance complémentaire.

QUELLE DOIT ÊTRE L AMPLEUR DE LA CONSOLIDATION BUDGÉTAIRE POUR RAMENER LA DETTE À UN NIVEAU PRUDENT?

Transcription:

Un regard international: Politiques et expériences étrangères Valérie Paris - OCDE Rencontres Economiques, Mardi 16 octobre 2012 «Le système de santé français à l épreuve de la crise»

LES POLITIQUES DE LA DÉCENNIE 2000-2010

Les politiques de la décennie 2000 Objectifs communs à la majorité des pays de l OCDE: Augmenter l efficience du système, attention accrue à la qualité Contrôler la croissance des dépenses publiques NB: Quelques pays dans une logique d expansion (Corée, Turquie, Mexique) Politiques Changements dans modes de paiement des prestataires Utilisation de l évaluation des technologies Pressions sur le secteur du médicament Transferts de coûts vers le secteur privé (assurances ou ménages) (Concurrence entre assureurs et/ou entre prestataires Transferts de tâches entre professionnels Prévention)

Inciter les prestataires à produire plus, mieux, et plus efficacement Introduction des «paiements par cas» (type T2A) dans 2/3 des pays de l OCDE pour les séjours hospitaliers de courte durée Motivations différentes Modalités extrêmement variables Introduction de paiements à la performance (P4P) pour les cabinets médicaux et/ou les hôpitaux dans 19 pays de l OCDE Objectifs multiples: améliorer la qualité des soins, augmenter l utilisation des services jugés «prioritaires «(vaccination, dépistage), contrer les incitations négatives liées au paiement à l acte, réduire les disparités d accès aux soins/santé Bonus/malus calculs en fonction d objectifs cibles à atteindre (en valeur absolue ou en progression par rapport à la performance initiale) Population de référence = patientèle (population) pour les cabinets de soins en premier recours; patients traités à l hôpital

P4P et soins primaires - exemples Pays / prg Australie, Practice Incentives Program (PIP) France, Contrat d amélioration des pratiques individuelles (CAPI) Domaines de performance Nb d indicateurs Calcul du bonus Qualité Capacité 15 Cible en niveau Forfaits Support rural Efficience Satisfaction Patient Bonus 4-7% du revenue total d un cabinet de soins primaires Prévention 16 Cible en niveau + Jusqu à 8.5% du Management des maladies progression revenu du Progrès accompli en généraliste fonction d un objectif et du point de départ chroniques Prescription efficient Suivi des patients Services supplémentaires FMC Prévention des maladies infectieuses U.K. Soins cliniques 134 Cible en niveau ~25% du Quality and Outcomes Organisation % de l objectif atteint, revenue du Framework (QOF) Expérience des patients au-delà d un niveau cabinet de GP Services supplémentaires minimum U.S.-California Qualité clinique 78 Varie selon l assureur <2% des Integrated Healthcare Utilisation meaningful des revenus du Association (IHA) Program technologies de l info Expérience des patients groupe / capita Utilisation appropriée des ressources

Exemples de P4P à l hôpital Pays / prg Korea Value Incentive Program (VIP) Domaines de performance Nb d indicateurs Calcul du bonus (ou malus) Bonus ou malus, en part du revenu (%) Qualité 7 Relative ranking Bonus 1% (malus 1% ) du total des paiements pour les hôpitaux les plus (moins) performants U.S.-Maryland Maryland Hospital Acquired Complication Program Complications évitables 49 Relative ranking Ajustement du taux de croissance du budget de l hôpital par réallocation des moins performants aux plus performants U.S. National Hospital Quality Incentive Demonstration Qualité des soins 33 Relative ranking Bonus 2% (malus 1%) pour les meilleurs (moins bons) hôpitaux

Impact des paiements à la performance Evaluation non systématiquement disponible en termes de résultats, jamais en termes de coût-efficacité Amélioration de la qualité des soins, légèrement supérieure à l amélioration observée chez les prestataires non inclus dans le dispositif Attention accrue sur les domaines / indicateurs pris en compte dans les programmes, avec risque de négliger les autres domaines cliniques Amélioration bienvenue de l information sur la qualité et la pertinence des actes

L information sur la qualité des soins des prestataires se développe dans d autres contextes Pays-Bas, depuis 2004, l IGZ (Inspection des soins) collecte et publie des données sur la qualité des soins à l hôpital(basis Data Set) selon 20 catégories d indicateurs Structure: ex: partage de l information sur les interactions médicamenteuses Processus: taux d opérations annulées au dernier moment, etc.; nb de tests de HbA1c par patients diabétique Résultats: e.g. taux de ré-interventions non planifiées; mortalité après infarctus (pendant l admission et à 30 jours) Participation des établissements obligatoire depuis 2009. Résultats publiés sur www.kiestbeter.com, avec *** Impact? Insuffisant pour des contrats avec les assureurs basés sur la qualité

L évaluation des technologies de santé s est progressivement imposée depuis les années 1990 EST-CE QUE CELA FONCTIONNE? EST-CE QUE C EST EFFICIENT? Elle peut être utilisée à différents points du système Médecine Fondée sur les preuves Evaluation des technologies RECOMMANDATIONS POUR LA PRATIQUE CLINIQUE PRISE DE DECISION AU NIVEAU DU PATIENT PRISE DE DECISION EN MATIERE DE COUVERTURE

Les nouvelles technologies sont de plus en plus soumises à évaluation Nombre de pays utilisant l ETS pour Source: Health Systems characteristics survey, 2008

Impact de l ETS Sur les décisions de remboursement et de prix Plus de transparence Pas de seuil explicite uniforme de coût par QALY au-delà duquel les payeurs ne remboursent Aversion à l incertitude sur les bénéfices cliniques plus marquée dans les pays utilisant formellement l ETS Sert le plus souvent à négocier des prix, conclure des accords de «partage des risques» Sur les pratiques médicales Évaluations partielles, plus positives en Suède qu au RU

Pressions sur le secteur du médicament Marchés «sous brevet» Utilisation accrue de l évaluation économique Développement des accords de «partages des risques» pour les médicaments à efficacité incertaine ou insuffisamment démontrée Généralisation du benchmarking international pour les prix (impact?) Régulation des prix des nouveaux entrants annoncée sur les deux grands marchés européens où ils étaient libres (Allemagne et RU) Politiques plus agressives sur les marchés «hors brevets» Prix de références utilisés dans de nombreux pays (couvrent 75 % du marché en Allemagne grâce aux «jumbo groups») Allemagne, Pays-Bas: mise en concurrence des fabricants ayant about à des baisses de prix allant jusqu à 90% du prix initial

Transferts de coûts vers le secteur privé? (exemples) Augmentation des frais pour les usagers (exemples) Allemagne (2004) Déremboursement des médicaments OTC Introduction d un co-paiement de 10 par trimestre pour le recours aux soins de médecins (+ 18 ans), limité à 2% du revenu (1% pour les malades chroniques) Pays-Bas 2004-2005: exclusion / limitations des services de psychothérapie, physiothérapie et dentaires du panier de soins introduction d une franchise : 150 «premiers euros» (hors soins de généralistes, obstétrique et dentaire < 22 ans), qui augmente régulièrement ( 220 aujourd hui). Suisse (2011) Exclusion de la lunetterie du panier de soins Incitation au développement de l assurance privée (duplicative) en Australie Souscription volontaire, incitée par une subvention publique (10 à 40% du montant de la prime d assurance ), une pénalité fiscale pour les nonacquéreurs au-delà d un certain niveau de revenu (1% à 1.5%, augmentant avec le revenu)

La contribution du secteur privé à la croissance des dépenses n a pas augmenté 1990-2000 2000-2010 Irlande 7.8 Irlande 6.7 Australie 5.5 Pays-Bas ¹ 5.4 Allemagne 5.1 Espagne 5.0 Royaume-Uni 4.8 Royaume-Uni 4.9 États-Unis France 4.5 3.9 Administration s publiques Australie Canada 4.6 4.5 Administrations publiques Secteur privé Espagne 3.8 Secteur privé États-Unis 4.2 Versements directs des ménages privés Suisse Pays-Bas ¹ Canada 3.3 3.2 2.9 Versements directs des ménages privés Assurance privée Suisse France Allemagne 2.0 2.8 2.6 Assurance privée Autre % average annual growth 0 5 10 0 2 4 6 8 10

L IMPACT DE LA CRISE SUR LES DÉPENSES ET POLITIQUES DE SANTÉ

Les dépenses publiques réelles ont diminué dans 9 pays de l OCDE entre 2009 et 2010 Croissance des dépenses réelles 2009-2010 (%) 10.0% 5.0% Dépenses publiques Dépenses totales 0.0% -5.0% -10.0% -15.0% Source: OCDE Base de données sur la santé, 2012

Les pays les plus exposés à la crise ont cherché à: Réduire le coût des inputs: Baisses de prix des médicaments (GRE, IRL, CZE, ESP ) Diminution des salaires et/ou du nombre d emplois dans la santé (CZE, GRE, ISL, IRL, ITA, ESP) Centraliser l achat de produits médicaux (PRT) Réduire les investissements (POL ) Transférer des coûts vers le secteur privé (les ménages) Augmentation des frais restant à la charge des usagers (IRL ) Accroître l efficience de leur système Fusion d hôpitaux et autres institutions (POR, ISL ) Passage à un assureur unique (GRE)