Les règles pour réviser la composition des produits Yann Ferrisse, Directeur Constance Hervieu, Consultante Business Unit Agro-Alimentaire ALCIMED
Reformulations et innovations Les reformulations de produits représentent 5 à 10% des innovations en fonction des marques (marques nationales, marques distributeurs, hard-discount) d après l étude Oqali «L innovation dans l offre alimentaire entre 2008 et 2010». Reformuler est une façon d innover, de rénover un produit
Plusieurs raisons poussent les industriels à modifier leurs ingrédients Les industriels de l agro-alimentaire reformulent leurs produits afin de s adapter : aux tendances de consommation et aux attentes des consommateurs aux programmes nationaux de nutrition aux réglementations nationales et européennes aux controverses sur certains ingrédients à l évolution du coût des matières premières et au contexte économique
Tendances clés de consommation TNS Sofres et XTC world innovation ont présenté lors du SIAL 2012 un bilan sur les tendances d innovation alimentaire: 5 grands axes correspondant aux attentes consommateurs: Plaisir Santé Forme Praticité Ethique
Attentes des consommateurs Les industriels modifient donc en conséquence leurs ingrédients afin de: Proposer un bénéfice santé associé à leurs produits (via des ingrédients permettant d entretenir ou de renforcer le capital santé, des produits sans ingrédients sources d allergies ou d intolérances alimentaires, ). Rendre leur produit plus attractif pour le consommateur (en effet, la tendance actuelle est à la naturalité et au «clean label», la naturalité représentant 18,5% des lancements produits en France en 2011) Nombre de lancements produits positionnés sur la naturalité en Europe, 2003-2010, Innova Database
Impact des programmes nationaux de nutrition Lancé en janvier 2001, le Programme National Nutrition Santé (PNNS) a pour objectif l amélioration de l état de santé de l ensemble de la population en agissant sur l un de ses déterminants majeurs, la nutrition. Dans ce cadre, plusieurs industriels ont signé des chartes d engagements volontaires de progrès nutritionnel contenant des engagements sur la composition nutritionnelle des produits existants et en travaillant sur les axes suivants : Réduction du taux de sel Réduction de la quantité de sucres ajoutés Réduction du taux de matières grasses Réduction de la teneur en acides gras trans Augmentation de la teneur en céréales complètes Amélioration de la qualité des lipides Garantie que tous les produits de la gamme soient au minimum «source en» ou «riche en» une vitamine ou un minéraux
Impact des programmes nationaux de nutrition En pratique Afin de modifier la composition nutritionnelle d un produit, la liste d ingrédients a du être repensée (substitution d une matière grasse par une autre, utilisation d épices pour compenser la diminution de la teneur en sel ou d édulcorants pour compenser la diminution du taux de sucre ) Cette démarche de reformulation permet aux industriels d anticiper la mise en place au niveau Européen de la réglementation sur les profils nutritionnels, attendue depuis 2008. Certains industriels ont d ailleurs mis en place leur propre système de profilage nutritionnel dans une démarche volontaire d amélioration nutritionnelle de leurs produits L AESA* recommande que les nutriments à prendre en compte dans les profils nutritionnels incluent les graisses saturées, le sodium, les fibres alimentaires et les graisses insaturées. * AESA : Autorité Européenne de Sécurité des Aliments
Impact des réglementations Plusieurs règlements Européens régissent l utilisation des ingrédients (dont les additifs) dans les denrées alimentaires: Règlement (CE) 1332/2008 sur les enzymes alimentaires Règlement (CE) 1333/2008 sur les additifs alimentaires Règlement (CE) 1334/2008 sur les arômes alimentaires. Règlement 1924/2006 (CE) sur les allégations nutritionnelles et de santé portant sur les denrées alimentaires Directive 90/496/CEE et règlement (CE) 1169/2011 (entrant en vigueur en 2014) relative à l étiquetage nutritionnel Directive 2000/13/CE relative au rapprochement des législations des États membres concernant l'étiquetage et la présentation des denrées alimentaires ainsi que la publicité faite à leur égard
Context Impact des réglementations Focus sur les règlements concernant les allégations nutritionnelles et de santé Allégations nutritionnelles Allégations de santé La Liste des allégations nutritionnelles autorisées est publiée en annexe du réglement (CE) 1924/2006 Exemples d allégations utilisables:... Pauvre en...... A teneur réduite en...... Sans... Source de... / riche en... Trois types d allégations de santé sont définis et évaluées au cas par cas par l AESA Les allégations de santé dites génériques, (ex: «le calcium est nécessaire à la santé des os») Les allégations de santé basées sur de la nouvelle science ou avec protection des données (ex: «le calcium présent dans le produit X de la société Y est particulièrement biodisponible et favorable à la santé des os») Les allégations de santé portant sur le développement de l enfant ou le risque de maladie (ex: «le calcium diminue le risque d ostéoporose en favorisant une bonne densité minérale osseuse»).
Context Impact des réglementations Focus sur les règlements concernant l étiquetage alimentaire Mentions obligatoires La dénomination de vente ou la description de la denrée alimentaire. La liste des ingrédients c est-à-dire de tous les composants qui entrent dans la fabrication de l aliment (matières premières agricoles, épices, additifs...) et qui sont encore présents dans le produit fini. Les additifs doivent toujours être mentionnés. La quantité nette en unité de volume (l ou ml) pour les produits liquides et en unités de masse pour les autres. Les dates de consommation qui indiquent la période pendant laquelle le produit conserve ses propriétés spécifiques et les conditions de conservation de la denrée alimentaire (date Limite de Consommation (DLC) et date Limite d Utilisation Optimale (DLUO). Lot de fabrication et coordonnées du responsable Mode d emploi (ou conseil d utilisation) Lieu d origine (si une confusion est possible sur la véritable origine de la denrée) Etiquetage nutritionnel L étiquetage nutritionnel est à ce jour facultatif en Europe et en France. Il devient obligatoire lorsqu une allégation nutritionnelle ou de santé figure dans l étiquetage, la publicité ou la présentation du produit. Deux niveaux d indication sont possibles, le minimum étant le groupe I. L étiquetage nutritionnel doit comporter l indication de la teneur du nutriment ou des substances concernés par l allégation nutritionnelle ou de santé. groupe I: valeur énergétique (en kj et kcal), protéines, glucides, lipides (en g) groupe II: valeur énergétique (en kj et kcal), protéines (en g), glucides (en g) dont sucres (en g), lipides (en g) dont acides gras saturés (en g), fibres alimentaires (en g), sodium (en g)
Impact des réglementations La réglementation entraine une restriction dans l utilisation d ingrédients qui doit être validée par l AESA et les autorités européennes Mise en place de procédures d évaluation de nouveaux ingrédients («Novel Food») ou de réévaluation après plusieurs années de la sécurité d emploi des ingrédients Elaboration de listes positives / négatives pour les additifs entrainant 2 approches opposées de la part des industriels soit un «retour aux basiques» Utilisation d ingrédients peu innovants et bénéficiant d allégations nutritionnelles ou de santé Abandon des ingrédients n ayant pas obtenu d allégation (probiotiques, ) Suppression des «indésirables» dans l étiquetage Soit l intégration d ingrédients innovants Utilisation d ingrédients innovants ayant obtenu une allégation de santé (Fruitflow de Provexis, phytostérols, certaines fibres ) Recherche d un positionnement différenciant via l ingrédient
Impact des controverses sur certains ingrédients Régulièrement, l utilisation de certains ingrédients (comme l aspartame, l huile de palme ou certains colorants) dans les produits alimentaires fait l objet de controverses. Cas de l aspartame (source: Mintel GNPD et OQALI) Une nette diminution de l utilisation de l aspartame est observée dès 2003. L utilisation des autres édulcorants intenses (acésulfame K) reste stable. En parallèle, les alternatives «naturelles» comme la stevia, autorisés en 2009, sont de plus en plus utilisées (même si le nombre de produits reste faible).
Impact des controverses sur certains ingrédients Cas de l huile de palme A l heure actuelle, l utilisation de l huile de palme dans les produits alimentaires est doublement critiquée car elle contient des matières grasses hydrogénées et que sa production serait responsable de la déforestation et menacerait la faune des forêts indonésiennes. Ces critiques formulées contre l huile de palme et la volonté du Gouvernement de taxer son utilisation ont donné lieu à des d intenses débats Réaction des industriels Certains industriels ont fait le choix de remplacer l huile de palme. Des allégations «sans huile de palme» sont désormais présentes sur un certain nombre de produits afin de rassurer le consommateur. En général, l huile de palme est remplacée par d autres huiles végétales (huile de tournesol, huile de colza ), mais substituer l huile de palme s avère compliqué pour les industriels. Il s agit donc souvent d un long processus de recherche. D autres se positionnent en défenseurs de l huile de palme. Ces industriels mettent en avant les propriétés nutritionnelles et technologiques de cette huile ainsi qu un système d approvisionnement durable et responsable.
Impact du coût des matières premières Les matières premières étant de plus en plus chères (blé, œufs, lait ), les industriels cherchent à remplacer ces ingrédients par d autres ayant les mêmes propriétés (organoleptiques et technologiques), mais à un coût moindre. Ceci permet à l industriel: d augmenter la rentabilité sur ses produits en optimisant ses coûts de répondre à la demande des consommateurs qui recherchent des produits bon marché en temps de crise économique.
Les défis de la reformulation Si la reformulation des produits alimentaires permet d optimiser la composition nutritionnelle, de répondre aux besoins des consommateurs ou de réduire les coûts, de nombreux paramètres doivent être pris en compte: Une adaptation du process de production (et donc des investissements conséquents!) Des propriétés organoleptiques du produit initial (goût, odeur, texture ) qui doivent être conservées afin de ne pas perturber le consommateur, Un changement de la dénomination légale du produit en cas de modification des ingrédients.
Les défis de la reformulation De plus, pour ceux qui ne choisissent pas la voie «retour aux basiques», de nombreux challenges en terme d innovation sont à relever : Trouver de nouveaux ingrédients à caractère innovants Démontrer le bénéfice santé de ces ingrédients (essais cliniques, etc ) Démontrer leur Safety si ces ingrédients sont considérés comme des «Novel Food»
Le positionnement d ALCIMED sur ces problématiques Alcimed est une société d aide à la décision, à l interface science et business, et accompagnant les décideurs dans leurs choix stratégiques sur les thématiques suivantes: Marketing & Ventes Corporate & Stratégie Recherche & Développement Europe + USA + Marchés émergents Exemples de projets d accompagnement: Evaluation des impacts (process, image, investissements ) d une modification de la liste d ingrédients Recherche de partenaires R&D/industriels et / ou de fournisseurs d ingrédients Etude du potentiel de marché d un ingrédient innovant Etat de l art scientifique et/ou technologique de solutions alternatives Analyse de la réglementation dans des environnements dynamiques et complexes et construction de la stratégie réglementaire Elaboration de dossiers réglementaires (Novel Food, allégations ).
Pour aller plus loin Mr Yann FERRISSE Directeur - BU Agroalimentaire Yann.ferrisse@alcimed.com M elle Constance HERVIEU Consultante - BU Agroalimentaire constance.hervieu@alcimed.com +41 21 317 58 72 +33 (0) 1 44 30 70 18 M elle Bettina HUDRY-GEREZ Chargée d affaires - BU Agroalimentaire bettina.hudry-gerez@alcimed.com +33 (0) 1 44 30 47 87 + 33 (0) 6 23 45 47 16 Paris : +33 1 44 30 44 30 Lyon : +33 4 37 48 22 00 Toulouse : +33 5 62 30 38 50 Lausanne : +41 21 317 5870 Cologne : +49 221 946 0742 Princeton : +1 (609) 514 0145 www.alcimed.com / contact@alcimed.com