Intégrité, gouvernance et prévention des risques de corruption dans le secteur de l éducation et de la formation

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Transcription:

Intégrité, gouvernance et prévention des risques de corruption dans le secteur de l éducation et de la formation Rabat, 18 juin 2013 Laetitia Antonowicz Consultante Education 1

5 raisons de vouloir renforcer la gouvernance en éducation Freine l accès, réduit la qualité et augmente les inégalités 5 millions d enfants non-scolarisés + 3.8 millions d adolescents dans la région (UNESCO, 2012) Réduit l efficience et l efficacité du système Freine la réalisation des OMD, de l EPT, des droits Compromet le rôle de l éducation dans la transmission des valeurs et des comportements (éthique, intégrité) Concerne tous les citoyens: enfants, parents, employeurs, usagers de services publics ou privés impact négatif sur la société, l économie, le dévt. humain 2

Vulnérabilité du secteur à la corruption et aux comportements non-éthiques Part importante du budget de l état Larges contributions financières des bailleurs 1/5 du total de l aide allouée à l éducation au Maroc 270 M$, incl. 61M$ en éduc. base et 161 M$ pour le post-secondaire Décentralisation/déconcentration du système et réforme éducative Taille des contrats en jeu (établissements, manuels, fournitures) Budgets restreints, bas salaires Faibles capacités Compétition accrue entre établissements scolaires et élèves - forte demande pour l éducation Développement des formations transfrontalières (tertiaire) La collusion d intérêts et des acteurs rendent la tâche difficile Démarcation difficile entre erreurs dues à l ignorance ou à l inattention, abus, comportements non éthiques, et pratiques sociales (cadeaux de remerciement etc) 3

Education tertiaire Education secondaire Education de base Formation professionnelle Education non formelle Education des adultes Apprenti ssage tout au long de la vie Petite enfance Certificats naissance/ papiers Aides sociales Transferts d argent (conditionnels ou non) 4

Fuite, détournements Allocations de bourses, subventions discrétionnaires Construction; Equipement, fournitures, matériel, manuels Ecoles, transport, manuels, logements, cantines, laboratoires: transparence des critères, passation des marchés, etc Finance & allocations spécifiques Accréditation d institutions Nomination, recrutement, salaires, gestion, déploiement, formation Etablissements petite enfance, privés, postsecondaires; instituts de formation ENF/adultes Information Personnel Absentéisme, frais illicites, discrimination, cours privés, harcèlement Examens, diplômes, accès aux établissements Manipulations de données, manque de transparence, systèmes d information peu performants Fuites, triche, fraudes, ventes/achats Adapté de Hallak & Poisson 2007 5

Leçons apprises Absence de données empiriques, manque d analyses contextualisées et d évaluations externes de l efficacité de certaines interventions Peu d initiatives documentées Accent sur outils de diagnostic, sur les finances Informations limitées sur les facteurs de réussite Les approches intégrées seules semblent avoir des résultats de fait l étude de diagnostic doit être large Aspects spécifiques au secteur éducation Aspects généraux (administration publique, efforts des Agences Nationales contre la corruption): gouvernance, transparence, reddition de comptes, participation de la société civile 6

Ex1: Pack d intégrité pour les manuels scolaires (Argentine) Combinaison de stratégies: Processus de sélection transparent des membres du Comité Consultatif (publication des profils, éditeurs pouvant commenter sur des possibles conflits d intérêt) Discussions ouvertes sur les critères du cahier des charges et des documents de la passation du marché Pacte d intégrité entre éditeurs et le MEN sur le processus de passation du marché Meilleure qualité des manuels Facteurs favorables Suivi par la société civile du marché et de la distribution Risques connus et bien identifiés Source: Meier, B. & Griffin, M., eds. (2005) 7

Ex2: Recrutement du personnel universitaire - Suisse Profil dessiné par un comité de 10 personnes Au moins 2 femmes Représentants d autres universités (mutualisation/niches) Professionnels de l industrie concernée Diffusion du poste en externe via sites/journaux reconnus (nationaux et internationaux) Entretien: Commission de nomination universitaire Panel d experts sectoriels externes Commission consultative d étudiants avancés Validation: Proposition puis soumission au Conseil des professeurs qui peut remettre en cause la sélection proposée. Source: Garçon, 2011 Rapports

Ex3: Subventions des écoles Réduire la falsification des données: Collecte répétée du nombre d élèves inscrits (Australie 4 fois/an dont 1 fois en externe) Audits (UK: par différentes entités/instances, réguliers et surprises - échantillonnage par tirage au sort) Contrôle qualité (Brésil: comparaison de jeux de données sur plusieurs années) Utilisation de comptes de la trésorerie publique Etablissement d un organe central indépendant pour le suivi et les enquêtes suivant des plaintes (Indonésie) Formation (règles et gestion financière) des directeurs, gestionnaires, COGES Information sur les budgets des écoles (dissémination et transparence affichage, radio etc) Suivi citoyen (formation à l analyse budgétaire, utilisation accrue des nouvelles technologies ex: Kosovo, Philippines) 9

Facteurs de réussite Offre Améliorer la gouvernance et la capacité des Ministères sur la lutte contre la corruption Evaluation des risques de corruption Régulations transparentes + capacités Programmes Mettre en place des mécanismes de contrôle et de reddition de compte Systèmes d information Suivi et contrôle Cartographie des risques Demande Favoriser l appropriation et la capacité de supervision de la communauté Campagnes d information Système de gestion des plaintes Source: Banque mondiale, 2011 10

Feuille de route Implication des autorités publiques dans le processus d enquête Volonté affirmée de donner suite aux résultats de l enquête Choix des outils diagnostics (combinaison d approche, ne pas se limiter aux enquêtes de perception) Renforcement de l approche sectorielle pas seulement l école Cartographie des risques de corruption, et les faiblesses des systèmes d information, de suivi et de contrôle Large diffusion des résultats de l enquête Identification et ciblage des pratiques de corruption les plus coûteuses Recommandations opérationnelles 11