Compte rendu du séminaire CNFPT organisé à Cognac le 2 septembre 2005 «Sensibilisation à l accueil de projets arts de la rue dans l espace public»



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Transcription:

Compte rendu du séminaire CNFPT organisé à Cognac le 2 septembre 2005 «Sensibilisation à l accueil de projets arts de la rue dans l espace public» Les 9 et 10 mars 2006, le Conservatoire de Cognac accueillera un temps de réflexion et d échanges intitulé «L art en question : formes, histoire, enjeux des arts contemporains». Ce module, développé par l ARSEC (aide à la gestion des entreprises culturelles en Rhône Alpes) et Lieux-Publics (Centre national de création des arts de la rue - Marseille), a pour objet de situer les évolutions des arts de la rue, d'appréhender les formes, les esthétiques et les processus de création dans ce champ artistique. Philippe Chaudoir, Pierre Sauvageot et Michel Crespin y interviendront. Il est accueilli en Poitou-Charentes dans le cadre du «Temps des arts de la rue» à l initiative de Premier Acte (agence conseil au développement culturel Poitou-Charentes / Limousin), de l Agence régionale du spectacle vivant en Poitou-Charentes, du Centre national des arts de la rue de Cognac et de l Institut départemental de développement artistique et culturel de Gironde (IDDAC). Un mois avant ce rendez-vous, nous vous proposons un compte-rendu du séminaire de «Sensibilisation à l accueil de projets arts de la rue dans l espace public» qui a eu lieu à Cognac le vendredi 2 septembre 2005 à l occasion de la 11 ème édition du festival «Coup de Chauffe» organisé par l association l Avant-Scène. Le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) du Poitou-Charentes et l Agence régionale du spectacle vivant (ARSV) collaboraient pour la première fois à l occasion de ce séminaire à destination des professionnels et en particulier du personnel des collectivités territoriales. Cette première expérience qui réunit 37 personnes, a permis d offrir un regard rapide mais indispensable sur le domaine des arts de la rue et ses problématiques. Michel Crespin, ancien directeur de Lieux Publics et Président de la Formation avancée itinérante des arts de la rue (FAI AR), Marcel Freydefont, scénographe à l école d Architecture de Nantes, Floriane Gaber, universitaire, auteur de l étude sur les publics des arts de la rue et Olivier Desjardins, régisseur général des festivals d Aurillac et de Sottevillelès-Rouen et du Théâtre d Elbeuf ont été les intervenants de ce séminaire. 1

Séminaire «Sensibilisation à l accueil de projets arts de la rue dans l espace public» Intervention de Michel Crespin Les arts de la rue pour se développer ont très tôt eu besoin des personnels territoriaux, c est pourquoi un tel séminaire prend tout son sens. Le développement culturel des Arts de la Rue repose sur des racines lointaines. Ils puisent leurs origines dans des évolutions historiques. Aujourd hui les arts de la rue ne concernent plus seulement ceux qui autrefois étaient nommés les saltimbanques. Une rupture est intervenue dans les années 1960. Et les années 1970 symbolisent le véritable point de départ des arts de la rue contemporains. Agés d environ 35 ans, les Arts de la Rue représentent néanmoins une forme dite «émergente». Deux regards croisés peuvent être portés sur les développements des arts de la rue : l un artistique, l autre institutionnel. A la fin des années 1960 et au début des années 1970, les arts de la rue sont encore le domaine des saltimbanques avec par exemple Jérôme Savary et le Cirque Aligre. C est le temps des fêtes de villages et des MJC. Une génération est en train d émerger et les regards se mêlent progressivement. Jean Digne, alors directeur du Théâtre d Aix initie une manifestation intitulée «Aix, ville ouverte aux saltimbanques». Avignon donne naissance à «Parcours croisés». A la fin des années 1970, tout semble avancer de pair. Villeneuve lès Avignon crée «Les Ecoles d été». Certains artistes se lancent alors dans les autoformations. En 1978, les arts de la rue investissent une ville moyenne, Manosque. Les accompagnateurs culturels tendent alors à développer un nouveau regard sur ces expressions artistiques. 1980 est synonyme de la première rencontre d artistes à Padirac. Dans le Jura, «La Falaise des fous», projet de Michel Crespin, réunit 400 artistes et 7000 personnes. La réussite de cet événement dessine ce qui peut être assimilé à un manifeste artistique des évolutions rencontrées 2

durant les années 1970. Les responsables culturels s y déplacent, ce qui entraîne un rapprochement avec les sphères institutionnelles. L élection présidentielle de 1981 marque l arrivée à des postes de responsabilités des acteurs des années précédentes. L idée de créer un dispositif représentatif et fédérateur des arts de la rue amène la réalisation d un centre en 1983 à la Ferme du Buisson, «Lieux-Publics». Le sentiment se renforce qu un métier se développe et s affirme. En 1984, le premier guide des arts de la rue, «Le Goliath» paraît. Dans le même temps, les rencontres professionnelles se multiplient dans une démarche de réflexion principalement sur les problématiques des villes. Une véritable conviction s est fait jour sur le rôle pouvant être joué par les arts de la rue et sur leur importance dans le paysage urbain. Il reste à convaincre les institutions. En 1986, Aurillac accueille le premier festival professionnel. La reconnaissance institutionnelle se construit peu à peu en particulier au ministère de la Culture et de la Communication malgré les changements de ministre et les alternances politiques. Cette reconnaissance s exprime aujourd hui au travers le «Temps des arts de la rue». Une telle initiative prouve que le métier s est organisé avec notamment des lieux de création, de fabrique, de formations et de ressources. On peut notamment penser à «Hors les Murs». Les arts de la rue apparaissent comme une forme particulièrement vivante des arts. Plusieurs raisons interviennent dans ce dynamisme. En investissant des lieux ouverts, qui ne sont pas a priori des espaces de représentation, les arts de la rue interrogent notre urbanité. Ils s'inscrivent dans la vie de la cité et se confrontent avec le réel. Ces éléments font qu'ils mettent en perspective des enjeux extrêmement vivants. Intervention de Marcel Freydefont La Compagnie Royale de Luxe est une compagnie emblématique des arts de la rue et de leur histoire. Pour son directeur artistique, Jean-Luc Courcoult, la pratique des arts de la rue alterne entre théâtre en place, parades et accident de théâtre (impromptu) afin d'interroger les gens. Il existe différentes terminologies dans le spectacle vivant. Mais l'un des points cruciaux repose dans le terme de représentations. Il est important de différencier la représentation, et les stratégies qui s'y appliquent, de la notion de communication souvent plus proche de la propagande. Lorsque 3

nous évoquons l'idée de représentation, il vaut voir un dispositif libre entre l'émetteur et le récepteur. L'objet représenté achève sa construction dans la conscience du spectateur. Quant à la communication, elle véhicule bien souvent un objet fini. Les arts de la rue relèvent justement du renouveau de nos représentations. Du point de vue du scénographe, il s'agit d'organiser différents points de vue. L'espace public peut être compris comme un lieu amené à se remplir. Souvent on essaye de mettre du dedans dehors et inversement. Un éclatement du cadre scénique s'est produit dans les années 1970. En effet, lorsque les théâtres frontaux ont été restaurés, les arts de la rue ont explosé. Par ailleurs, il existe encore une hiérarchie entre ces domaines même si les arts de la rue ont acquis leurs lettres de noblesse. Par l'intermédiaire des arts de la rue, on retrouve une scène ouverte dans la ville qui devient théâtre. Le théâtre de rue a trouvé des solutions pour vivifier en se rendant où se trouvent les gens et donc un public potentiel. Dans le théâtre traditionnel, nous trouvons trois axes : la dramaturgie, la mise en scène et les acteurs et enfin le champ de la scénographie. Dans le théâtre de rue, ce dernier revêt une importance toute particulière. Aux 17 ème et 18ème siècles, le public dans les théâtres avait une grande liberté de mouvements et pouvait facilement quitter le lieu de représentation. Le public constituait un véritable élément de composition pour l'artiste. Le théâtre de rue a permis de retrouver ce décloisonnement. Le théâtre de rue est pleinement sur le terrain du social et s'exprime dans le patrimoine de la ville. Il peut participer à une intégration socioculturelle dans laquelle les conditions architecturales jouent un rôle majeur. Aujourd'hui le modèle urbain est partout et cela a des conséquences sur nos représentations. Nous pouvons nous interroger sur le devenir de l'espace public. Les questions de mobilité, d'espaces libres, d'espaces d'échanges apparaissent de plus en plus présentes. Peut-être nous dirigeons nous vers un développement sauvage comme cela est le cas à Mexico ou à Pékin. Par le biais de tels constats et interrogations, nous percevons que les arts de la rue constituent une forme artistique ancrée dans son temps. 4

Intervention de Floriane Gaber "Eunestart" représente un réseau européen comprenant 9 festivals et 8 pays. Au cours de l enquête sur les publics des festivals arts de la rue de ce réseau menée en 2004, nous avons reçu 8000 réponses. 50% des publics sont constitués par des personnes de moins de 35 ans ayant un niveau d'éducation élevé et de fortes pratiques culturelles. Nous pourrions être surpris de retrouver un tel public sur des festivals d'arts de la Rue, mais en réalité c'est assez logique, il s'agit du public festivalier habituel. Cependant un élément apparaît plus intéressant: la composition de l'autre moitié des publics. En effet, nous trouvons également dans ces festivals des badeaux et un public aimant la rue que nous pouvons qualifier d'"aficionados". Nous constatons ainsi que les Arts de la Rue permettent de toucher un ensemble de public en alliant traditions, cultures populaires et expérimentations. Ces festivals lient à la fois les arts et le divertissement, la culture et les loisirs. De plus, une frontière a disparu puisqu'il n'est pas besoin de rentrer dans un équipement. Il s'agit d'un point d'autant plus important lorsqu on analyse les raisons pour lesquelles les publics se rendent dans ces festivals. La première raison repose dans l'ambiance de fête, la seconde dans la liberté (principalement celle d'aller et venir, de partir) et enfin dans la gratuité (alors même que la gratuité n'est pas la règle puisque seul le festival "Coup de Chauffe" à Cognac est totalement gratuit). Les publics des festivals d'arts de la Rue sont avant tout ce que nous pouvons appelés un public de festival. Mais ces publics peuvent se retrouver tout au long de l'année autour des Arts de la Rue. Intervention d Olivier Desjardins Il s'agit d'aborder rapidement l'accueil des spectacles dans l'espace public en évoquant le champ réglementaire et la mise en œuvre pratique. A priori les propositions artistiques dans l'espace public n'ont pas de limites. Pour parvenir à donner une représentation, il est primordial de valoriser le spectacle et de convaincre les partenaires. Les Arts de la Rue permettent de proposer une autre vision de l'espace sans forcément le 5

dénaturer. A cet endroit, intervient le travail de l'artiste pour intégrer les éléments de l'espace à sa création ou à sa représentation. Néanmoins il est important qu'une personne coordonne l'ensemble des services, centralise les informations et les diffusent. Pour la réalisation technique du spectacle, il est bien souvent fait appel à de prestataires de service, des professionnels du spectacle (intermittents) et à diverses institutions. Les artistes choisissent le lieu. Il y a la question du repérage. Tous les lieux et tous les spectacles sont assujettis à une réglementation mais celle-ci est plus ou moins astreignante. L'organisation d'une manifestation publique nécessite de respecter la réglementation dite «ERP» (Etablissement Recevant du Public). Cette réglementation encadre les établissements spécifiques du spectacle (théâtres, salles de spectacles, salles de concerts), les chapiteaux, tentes et structures, les structures gonflables, les lieux de plein air, les manifestations pyrotechniques ou encore les portiques. La réglementation intervient principalement pour les questions de protection incendie et d évacuation des publics. Pour les spectacles de rue, il est important de demander l attestation de solidité et de respect des règles du montage aux artistes. La question des responsabilités constitue un élément important de l organisation d un événement. Elle concerne principalement le maire, le préfet, le président de l association, les directeurs artistique et technique des manifestations mais elle peut aussi toucher les différents intervenants et artistes. Les licences d entrepreneur de spectacles sont une obligation depuis l ordonnance de 1945. Lorsque l on souhaite mettre en place une manifestation dans l espace public, il faut commencer par adresser une lettre d information avant de monter un dossier de sécurité. L information doit aller des associations vers le maire et du maire vers le préfet. Par la suite, une commission de sécurité examine les aménagements du site et notamment les conditions d évacuation. Dans l espace public, il faut penser à la notion de partage des lieux et donc laisser libres des passages pour la circulation habituelle. 6

Pourquoi le Temps des Arts de la Rue existe? Réponse de Michel Crespin Les festivals peuvent devenir une normalité dangereuse. Ils sont davantage l occasion d un événement que l affirmation d un contenu. Les arts de la rue peuvent intervenir pour troubler l ordre public, pour dérégler la ville. Il est important de conserver ces formes éphémères et impromptues créatrices de surprises. Le Temps des Arts de la Rue présidé par Yves Deschamps a été voulu par les professionnels. S étendant sur 3 années, il doit représenter une étape supplémentaire dans les évolutions des Arts de la Rue. Il peut permettre d instituer et de compléter un maillage national ou encore de lutter contre l exclusion des publics. Guillaume Deschamps 7