MINISTERE DE LA SANTE PUBLIQUE ET DE LA POPULATION DIRECTION DE SANTE DE LA FAMILLE Plan stratégique santé maternelle 2009-2014 Eléments d orientation politique L amélioration de la santé des femmes en général et des mères en particulier passe par le développement de l éducation à la santé et par l accès universel (et intégré) aux services de santé de la reproduction : la prise en charge des cas de violence sexuelle, le planning familial, les soins obstétricaux d urgence, les accouchements en présence de personnel qualifié, les soins prénatals, la PTME, le dépistage et traitement des IST/Sida, le dépistage et traitement des cancers du col utérin. Cela suppose également de soutenir le plaidoyer et les actions visant à l amélioration du statut de la femme, afin que les femmes exercent pleinement leurs droits et qu elles aient accès aux opportunités économiques dont l absence constitue un déterminant majeur de leur situation sanitaire. A la Conférence Internationale des Nations Unies sur la Population et le Développement (CIPD) organisée au Caire en 1994, 179 pays ont affirmé le droit des femmes à avoir accès à des soins appropriés pendant la grossesse et lors de l accouchement et se sont engagés à garantir l accessibilité universelle à la santé en matière de sexualité et de procréation. Le Programme d Action définit les droits liés à la reproduction (Article 7.3) : «Les droits en matière de procréation correspondent à certains droits de l'homme déjà reconnus dans des législations nationales, des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme et d'autres documents pertinents des Nations Unies qui sont le fruit d'un consensus. Ces droits reposent sur la reconnaissance du droit fondamental de tous les couples et des individus de décider librement et avec discernement du nombre de leurs enfants et de l'espacement de leurs naissances et de disposer des informations nécessaires pour ce faire, et du droit de tous à accéder à la meilleure santé en matière de sexualité et de reproduction. Ce droit repose aussi sur le droit de tous de prendre des décisions en matière de procréation sans être en butte à la discrimination, à la coercition ou à la violence, tel qu'exprimé dans des documents relatifs aux droits de l'homme».
Lors de la 55 ème Assemblée générale des Nations Unies, en septembre 2000, les Etats membres se sont engagés à atteindre, d ici 2015, les 8 objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Trois de ces objectifs concernent plus particulièrement les femmes: OMD 3 pour les aspects concernant le genre, OMD 5 pour la réduction de 75 % la mortalité maternelle et pour l accès universel à la santé de la reproduction, OMD 6 pour la lutte contre les IST/Sida (et autres maladies transmissibles). Le plan santé maternelle devrait être calqué sur le calendrier du DSNCRP 2008-2011 et participer à l atteinte de ces objectifs. Eléments de gouvernance En 2011, le MSPP devrait pouvoir être en mesure de mettre en place les conditions d un SWAp (approche sectorielle globale) ou au moins d un appui budgétaire sur les intrants et les ressources humaines (amélioration du niveau des gestionnaires financiers dans les départements sanitaires, budget consolidés, renforcement des mécanismes internes de contrôle, formation des cadres hospitaliers au management). Le Système d information sanitaire doit être coordonné de manière à fournir des statistiques de services capables de produire des rapports d activités réguliers (base trimestrielle) sur la base d indicateurs nationaux simples à mesurer Un système national de distribution des intrants doit être construit de manière à assurer la sécurisation des intrants : commandes, distribution, utilisation, pérennité financière. 1) PF La PF représente l un des trois moyens les plus efficaces de lutte contre la mortalité maternelle (et néonatale) et les avortements. Elle représente la plus forte contribution de la santé à la réduction de la pauvreté. Pour répondre à la demande non couverte, le plan devra proposer des stratégies pour augmenter l éventail de méthodes modernes disponibles dans les institutions et former ses ressources humaines au counseling. Il devra rendre accessible une partie de ces méthodes au sein même de la communauté, en prenant particulièrement en compte la demande des jeunes en planification familiale. L accès à la PF devra être gratuit. Autres éléments sur lesquels le plan devrait mettre l accent - l accès aux méthodes de longue durée - le respect du bénéficiaire et de ses choix (counseling adapté) - la disponibilité permanente de plusieurs méthodes contraceptives modernes - l information et l accès auprès des jeunes scolarisés et non scolarisés - les consultations PF adaptées aux jeunes
- l intégration PF/SM, IST, dépistage K du col dans des consultations «santé de la reproduction» 2) Le développement des institutions SONU La prise en charge des accouchements dans les institutions devra s effectuer selon le principe que les complications obstétricales ne sont en général pas prévisibles. En conséquence, le plan devra proposer des stratégies permettant d augmenter le nombre d accouchements effectués dans les institutions par du personnel qualifié (ayant reçu une formation spécifique en obstétrique) capable de décider et de référer la patiente en cas de complications. Sur ces bases, les institutions devraient se répartir en deux catégories : a) les institutions capables de prendre en charge les complications obstétricales et néonatales de base selon les critères SONUB (Soins Obstétricaux Urgents de Base); b) les institutions capables de prendre en charge les complications obstétricales et néonatales chirurgicales ou médicales sévères selon les critères SONUC (Soins Obstétricaux Urgents Complet). Le nombre d institutions de première référence (SONUB) devra être augmenté en priorité de manière à permettre, en deux ans, à tous les Hôpitaux Communautaires de Référence d être au moins SONUB. La chaîne d alimentation en sang devra être fonctionnelle pour tous les SONUC. L approvisionnement en intrants clés pour les urgences obstétricales doit être garanti dans tous les SONUB et SONUC. Devront aussi être prises en compte : - l amélioration de l accueil des femmes dans les institutions - la possibilité pour les matrones d accompagner les parturientes dans les institutions - la possibilité d accoucher en position physiologique dans les institutions - la maitrise de la barrière financière - la création de maisons d attente 3) Les ressources humaines La prise en charge de la santé maternelle doit s appuyer sur trois catégories clé de personnel, les obstétriciens, les sages femmes et les auxiliaires sages femmes, assistés des anesthésistes et infirmiers anesthésistes. Ce personnel doit avoir des missions clairement définies de manière à pouvoir être articulé sur l ensemble du territoire. Une politique de rétention du personnel au sein
du service public ou dans des institutions à mission de service public devra être établie et évaluée. Obstétriciens : Le plan devra adapter le cursus de formation des obstétriciens afin d améliorer leur pratique en planification familiale, en particulier la pose de stérilet et la pratique de la ligature des trompes (et vasectomie). L utilisation des forceps et ventouses devra être enseigné et développé. Sages femmes : Le plan devra préparer une modification de leur formation sur les bases suivantes : cursus de formation modifié pour avoir un tronc commun infirmier sur un an et une formation en obstétrique et en santé de la reproduction sur deux années. La formation devra être basée sur les connaissances à maitriser pour gérer les SONUB où elles seront affectées en priorité et sur les réalités épidémiologiques d Haïti en obstétrique et santé de la reproduction. La formation doit être revue afin d augmenter le temps consacré à l apprentissage de l obstétrique. Elle sera basée sur les missions attendues pour ce corps professionnel. Le plan 2009 2014 doit préparer l évolution du statut de la sage femme avec la création d un diplôme d Etat pour les sages femmes. Les missions du corps des sages femmes seront les plus étendues possibles en santé de la reproduction afin de mieux couvrir les besoins en néonatologie et en santé de la reproduction (SR) sur le territoire : le dépistage visuel des lésions précancéreuses du col et cryothérapie, la pose du stérilet et des implants, la ligature des trompes (après formation spécifique), l utilisation des ventouses. Un autre élément clé pour réussir à améliorer la qualité des soins sera de faire de la sage femme la responsable de la maternité des SONUB. Le développement de l association des infirmières sages femmes (AISFH) devra être soutenu dans le plan 2009 2014 afin de préparer la création ultérieure d un ordre des sages femmes. Auxiliaires sages femmes : leur formation en obstétrique (basée sur leurs missions) sera effectuée par des sages femmes dans des institutions accréditées par la DSF/MSPP. Une école nationale d infirmières anesthésistes sera créée. L anesthésie deviendra une spécialisation infirmière dont les missions et le statut sera défini. La réalisation d anesthésies locorégionales ou générale en obstétrique fera partie de leurs missions. 4) Le développement communautaire Le plan devra proposer des stratégies afin d améliorer l information de la population et en particulier des jeunes sur les signes de complications obstétricales et gynécologiques, la promotion de la contraception, la prévention des grossesses précoces et la prévention des violences sexuelles par une éducation sur les droits sexuels et reproductifs avec une approche basée sur le genre.
La communauté doit signaler les cas et participer à l enquête de mortalité/morbidité obstétricale conduite par les autorités départementales au sein des communautés et dans les institutions sanitaires. Les procédures d enquête doivent être nationales. Le plan doit proposer des stratégies pour mobiliser les réseaux communautaires dans l amélioration de la santé maternelle. Des missions doivent être établies pour les agents communautaires (matrones et agents de santé) en fonction de leur compétence et de leur rôle social. 5) accès financier aux soins obstétricaux L expérience récente montre que dans les pays à revenu moyen et bas les politiques qu imposent aux usagers des paiements directes au point d entrée, agissant comme une barrière financière a l accès aux services, ont eu comme conséquence une réduction généralisée de l utilisation des services et une détérioration des résultats sanitaires. Il est, par ailleurs, prouvé que l une des stratégies clé pour la diminution de la mortalité maternelle et néonatale est l accès non restrictif à l assistance qualifiée lors de la grossesse, l accouchement et le postpartum. En Haïti, avec 70 % de la population survivant avec moins de 2$US par jour, il n est plus possible d espérer une amélioration des indicateurs sanitaires sans passer par un schéma de financement différent qui mette en relief l élimination de la barrière financière aux services. Pour pouvoir rendre compatibles les limitations financières à l accès avec l stratégie d accès sans restriction à l assistance qualifiée, la première étape est de garantir aux femmes enceintes qu un ensemble de prestations de santé techniquement appropriées soient accessibles de manière gratuite au point d entrée su système. Dans ce cadre-là, le défi ultime est la construction d un schéma de Protection Sociale en Santé MI (PSS-MI), qui prend tout son sens en faisant référence de manière explicite au besoin de mettre sur pied un système qui puisse garantir le droit d accès aux soins et services de santé de base aux femmes enceintes et aux nouveau-nés d après leur besoins et sans que la barrière financière soit un obstacle. L importance du financement externe en Haïti indique, tout au moins et en principe, qu une partie de la solution pour faire avancer le processus de la PSS-MI, passe par l alignement des bailleurs et donateurs autour d une vision claire découlant d un leadership fort de l Autorité Sanitaire Nationale (ASN). En même temps, les fonds qui seront disponibles dans le cadre du programme d allégement de la dette pour les pays pauvres très endettés (PPTE) devraient servir à consolider et à garantir la pérennité de la PSS MI en transformant en réalité l offre du PMS à la population cible.
Enfin, et si bien il est nécessaire de signaler que les grands axes stratégiques cités dans ce document méritent un développement simultané de sorte à assurer une bonne adéquation entre l offre de services de qualité et la demande, seul un accès illimité de la population cible aux soins au moment requis permettra l utilisation des services qui est, à la fin, le principal moyen d espérer un impact favorable sur les indicateurs sanitaire, en particulier, sur la mortalité maternelle.