REFLEXIONS ET PROPOSITIONS POUR UNE FISCALITE DU DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE CENTRALE

Documents pareils
FISCALITE DES PARTICULIERS ET DU PATRIMOINE

RESUME ENTREPRISE FRANCHE D EXPORTATION ET DISPOSITIFS INCITATIFS DU CGI

INVESTIR AU TCHAD. Le Tchad est un pays d agriculture et d élevage, un pays dont le peuple est laborieux, un pays dont le sous sol est promoteur.

Date du prélèvement Dénomination Montant

Fondamentaux de la gestion de patrimoine

LE REGIME FISCAL DES LOCATIONS MEUBLEES

PARTENARIAT ENTRE LE SYSTEME DES NATIONS UNIES ET LE SENEGAL POUR UN DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL INCLUSIF ET DURABLE

Plan. I) Mise en contexte II) Diagnostic III) Les sources de financement IV) Orientation de la politique fiscale V)Conclusion

Loi de finances rectificative pour 2010 et Loi de finances pour Loi de finances pour 2011

GUIDE D ASSISTANCE CONSEIL AUX COMMUNES

OFFICE TOGOLAIS DES RECETTES Commissariat Général REPUBLIQUE TOGOLAISE. Travail Liberté Patrie

Plus-values immobilières des particuliers

LA REFORME FISCALE 2014 APPLICATION PRATIQUE AUX CHEFS D ENTREPRISES. 11 février 2014 CGPME AIN

Le cadre juridique et fiscal des relations d affaires franco-africaines: un atout pour les entrepreneurs?

DAT FIDELITE. Ce mémo est mis à votre disposition pour reprendre de façon simple et transparente les principales caractéristiques de ce contrat.

LEVET COMMUNE DE LEVET

Mesures patrimoniales de la loi de finances 2014, de la loi de finances rectificatives pour 2013

GUIDE PRATIQUE DE LA SCI MISES A JOUR et COMPLEMENTS D'INFORMATIONS

Fonds Commun de Placement dans l Innovation. innovation pluriel 2. Les atouts de la multigestion au service de vos placements en FCPI

Institut National de la Statistique - Annuaire Statistique du Cameroun Chapitre 26 : LE CAMEROUN DANS LA ZONE CEMAC

Le portage salarial caractéristiques et avantages

Le Statut Auto-Entrepreneur

Programme ESSEC Gestion de patrimoine

Présenté par F. Breitzer MOUNZEO. Jeudi 30 mai 2013, 15h45 16h15 (30 mn)

Investissement immobilier

MASTER 2 MENTION DROIT DU PATRIMOINE, PARCOURS DROIT IMMOBILIER

LES PRÉLÈVEMENTS URSSAF, RSI, LPA, CNBF, ORDRE, CNB...

Pratique des techniques bancaires

Le statut d auto-entrepreneur

réforme fiscalité indirecte de la Avant-projet Avril 06 1/14

AUTO-ENTREPRENEUR ET PORTAGE SALARIAL L AUTO-ENTREPRENEUR

Créer et gérer un site de e-commerce

Les Politiques macro-économiques

1.1. Restitution accélérée du crédit d impôt recherche Restitution accélérée de la créance de report en arrière de déficits

INFORMATIONS POUR LES JEUNES AVOCATS

CARACTERISTIQUES DU SYSTEME FISCAL NIGERIEN :

FINANCEMENT DU DEFICIT BUDGETAIRE AU MAROC

REFORME FISCALE 2014 EN PRATIQUE!

MESURES INCITATIVES À L INVESTISSEMENT 1

La rémunération de l apprenti :

La retraite en Suisse : le 2 ème pilier

La réforme de l administration fiscale au Cameroun

MASTER EUROPEEN EN MANAGEMENT ET STRATEGIE D ENTREPRISE MSE. Diplôme Européen reconnu par la Fédération Européenne des Ecoles ;

Europimmo LFP. SCPI d entreprise, immobilier européen AVERTISSEMENT

N 377 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

Code du Travail, Art. L à L

Réforme fiscale : Le grand soir fiscal? ANGERS le 3 juillet 2012

Life Asset Portfolio (LAP) France

Cagec Gestion. La lettre de l'entreprise culturelle

Présentation de la loi de finances pour 2013 et rappels des dispositifs des lois de finances rectificatives pour 2012

Italie IMPOSITION DES RESIDENTS ITALIENS

CONTRAT DE TRAVAIL DU SALARIÉ FRANÇAIS DANS LE CADRE D'UN DÉTACHEMENT OU D'UNE EXPATRIATION. Généralités

DISPOSITIONS FISCALES DE LA LOI DE FINANCES 2015

SEMINAIRE REGIONAL AFRICAIN SUR LA GOUVERNANCE LOCALE Octobre 2008 a Saly Portudal - Senegal L initiative d Apprentissage Mutuel entre Pairs

BELGIQUE. 1. Principes généraux.

MASTER EUROPEEN EN MANAGEMENT ET STRATEGIE D ENTREPRISE SPECIALISATION MANAGEMENT DU DEVELOPPEMENT DURABLE

REUNION DU CONSEIL MUNICIPAL D AMFREVILLE JEUDI 30 OCTOBRE 2010

Consolidation du budget l Etat répercussions sur le secteur communal. Prise de position du SYVICOL

LA LOCATION DE LOCAUX EQUIPES

NOTE D INFORMATION : LA FISCALITE DES FRANÇAIS ETABLIS HORS DE FRANCE ETAT ACTUEL ET EVOLUTIONS EN COURS

ACTUALITES FISCALES. Loi de finances 2014 : les censures du Conseil Constitutionnel

La fiscalité des revenus de l épargne

Le programme Chorus et l'intégration du document électronique dans la comptabilité nationale

Les Professionnels du Conseil en Habitat et en Immobilier

Lettre Entreprise Info. N 14 / Février Lettre Entreprise Info

Conjuguez immobilier d entreprise et démarche environnementale

GESTION DU PATRIMOINE

concessionnaire, le permissionnaire ou l amodiataire déclare avoir produites au cours du mois précédent.

Attirez les meilleurs employés et consolidez votre entreprise

DE ROBIEN RECENTRE. Loyers. Solde = EPARGNE nécessaire à l opération

CONNAISSANCES DE GESTION DE BASE

Journées d économie de Lyon

Robert LAUNOIS (1-2) (1) REES France - 28, rue d Assas Paris reesfrance@wanadoo.fr - Site Internet :

CHAPITRE VI - LES SOLDES COMPTABLES ET LES INDICATEURS DE REVENU

L examen des recettes lors du contrôle budgétaire d une collectivité territoriale en France. Séminaire Eurorai Alicante 23 avril

ACQUISITIONS IMMOBILIÈRES EN ESPAGNE: LES ASPECTS JURIDIQUES ET FISCAUX ESSENTIELS. Virginie Molinier Barcelone, le 27 juin 2013

SOCIÉTÉ EN SUISSE. Présentation du pays. Une place onshore. Page 1 1 CHF = Délai de création : 18 jours. Sociétés pré-constituées : Non

Statut d Auto-entrepreneur. Service du Commerce Extérieur Avril 2009

LE BUDGET DE L ÉTAT VOTÉ POUR 2014

LOI DE FINANCES POUR 2011 Loi du 15 décembre 2010 QUELQUES ASPECTS FISCAUX FISCALITÉ DES ENTREPRISES

Investissement immobilier: la fin des SCPI?

relatif aux opérations d assurance réalisées dans le cadre d un «patrimoine d affectation»

L AUTO - ENTREPRENEUR

LA FISCALITE ISRAELIENNE L INTERET DES INVESTISSEURS OU DES IMMIGRANTS FRANÇAIS

UNE FISCALITE MAROCAINE ATTRACTIVE

Quelques modestes idées pour une réforme de l impôt des entreprises

Couverture du risque maladie dans les pays en développement: qui doit payer? (Paris, 7 mai 2008)

Focus sur quelques points des lois de finances rectificatives de juillet et septembre 2011

Son Organisation, son Fonctionnement et ses Risques

OPCIMMO-P. L épargne immobilière indirecte réinventée. Diversification compte-titres et assurance vie

LES FICHES ARGU DU GROUPE SOCIALISTE, RÉPUBLICAIN ET CITOYEN LE COLLECTIF BUDGÉTAIRE 12 JUILLET 2012

2015/16. Autoentrepreneur. Bénédicte Deleporte

Durée d investissement recommandée de 8 ans. SCPI à capital variable.

Redressement et stabilisation du cadre. Reformes structurelles de l économie Reformes des finances publiques Bonne gouvernance

Spécialistes du recrutement des métiers IT, nous vous accompagnons dans tous vos enjeux de recrutement

Intervention économique novembre JB

Prospective financière Saint-Etienne Métropole Dossier de presse Conseil de Communauté Jeudi 24 juin 2010

3. Agrégats, ratios et équilibres macroéconomiques

EIRL. Introduction. En 2010, les pouvoirs publics instaurent l EIRL avec un double objectif :

STATUT LA PARTICIPATION DES COLLECTIVITES A LA PROTECTION SOCIALE COMPLEMENTAIRE (SANTE ET PREVOYANCE)

Transcription:

CONFERENCE CONSULTATIVE REGIONALE EN AFRIQUE 5 au 7 novembre 2007, ACCRA - GHANA REFLEXIONS ET PROPOSITIONS POUR UNE FISCALITE DU DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE CENTRALE Serge ABESSOLO Docteur en Droit Avocat au Barreau de Paris Chargé d enseignement à la Faculté de Droit de Reims

Introduction La fiscalité du développement fondée sur l application de régimes fiscaux privilégiés aux entreprises étrangères n a pas permis le développement d une économie diversifiée dans les pays d Afrique Centrale. Le Programme Régional de Réformes fiscalo-douanières en UDEAC entré en vigueur le 1 er janvier 1994 avait établi que «les instruments fiscaux et douaniers antérieurs de l Union comportaient de graves faiblesses préjudiciables pour les économies de la sous-région». Le système fiscal et douanier en vigueur était caractérisé par la confusion, une certaine complexité, des distorsions importantes et beaucoup d inégalité dans la répartition du fardeau fiscal, que la réforme visait à éliminer. La réforme n ayant pas véritablement atteint ses objectifs, de nouvelles propositions pour un système fiscal plus simple, plus équitable et qui favorise la croissance des entreprises et un développement économique diversifié doivent être faites.

I - Simplifier et rendre plus équitable le système fiscal Achever la suppression des régimes fiscaux particuliers qui subsistent dans des textes particuliers et les conventions et les intégrer dans le droit commun du Code des Impôts. Poursuivre l abaissement du niveau des prélèvements fiscaux pour réaliser l objectif de «modération dans la pression fiscale» inscrit dans la Charte des Investissements, notamment par : l instauration d un «bouclier fiscal» pour l imposition des revenus des personnes physiques ; l abaissement des taux de la TVA et l instauration de la possibilité de déduction de la TVA acquittée par les particuliers sur certaines prestations de service.

II - Améliorer la situation concurrentielle des entreprises Réduire l incidence de l I.S. pour améliorer la capacité d investissement des entreprises, notamment par : La réduction du taux de l I.S. à 30 % au maximum ou l instauration d un I.S. progressif qui n excéderait pas 35 % ; La déduction des taxes parafiscales ; L extension du champ de l amortissement accéléré hors du secteur industriel ; L élargissement de l assiette imposable à l I.S. par la réduction des exonérations.

III - Favoriser les échanges économiques intra-régionaux La création d un véritable «marché unique» exige, au-delà de l harmonisation fiscale, la révision de la convention fiscale de non- double imposition entre les Etats membres. Le développement des activités des entreprises sur le territoire de plusieurs Etats de la CEMAC exige la mise en place d un système d imposition des quartiers généraux des entreprises plus transparent et plus attractif, notamment par : l application d un taux réduit d I.S. au lieu de l imposition forfaitaire de leurs dépenses ; l application aux salariés des quartiers généraux du régime fiscal des nonrésidents.

IV - Assurer des recettes fiscales permanentes aux communes Mettre en place un système d imposition des bénéfices des entreprises au profit du budget des communes, notamment par le recours aux taxes additionnelles. Favoriser l implantation des entreprises dans les zones rurales par des mesures de réduction d impôts, pour permettre le développement d une fiscalité locale. Ces mesures peuvent être, notamment : l application d un taux réduit d I.S. ; la réduction de l incidence de l IS par l application de crédits d impôts.

V - Renforcer les capacités des administrations fiscales Le renforcement des capacités des administrations fiscales a pour objectif : un meilleur contrôle de l application des différents régimes fiscaux ; faciliter la perception de l impôt ; rendre effective et efficace la mise en oeuvre des règles d assistance mutuelle administrative prévues dans la convention fiscale ; maîtriser la conduite du contentieux fiscal. Le renforcement des capacités administratives est réalisé par : un recrutement plus important dans les administrations fiscales la mise en place de programmes de formation permanente ; un meilleur déploiement des effectifs de l administration fiscale.