Les technologies envahissent, depuis de nombreuses



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Transcription:

réflexion Gérontechnologies et société Cécile Cridelich Alain Franco z Les gérontechnologies, concept datant des années 1990 allient, gérontologie et technologie z Elles ont un rôle bien défini dans notre société et ont pour objectifs essentiels d observer et d intervenir z Même si les gérontechnologies sont directement liées à la personne âgée, elles n en sont pas moins un objet adapté à tous. Gerontechnologies and society. Gerontechnologies, a concept dating back to the 1990s, are a blend of gerontology and technology. They have a well-defined role, their main objective being one of observation and intervention. Even though gerontechnologies are directly aimed at elderly people, they are not necessarily suitable for everyone. Mots-clés Gérontechnologies Intervention Observation Personnes âgées Qualité de vie Key Words Elderly people Gerontechnologies Intervention Observation Quality of live Les technologies envahissent, depuis de nombreuses années, notre quotidien : ordinateurs, tablettes numériques, smartphones, mais aussi clés de voitures, fermetures automatiques, éléments de domotique, etc. Le vieillissement de la population, et ses conséquences financières et humaines, ont obligé les sociétés à réfléchir à de nouveaux moyens technologiques permettant de rendre possible le maintien à domicile des personnes âgées. Le concept de gérontechnologie, développé au Nord-Ouest de l Europe, est apparu dans les années 1990 [1]. À la fois issues du monde médical (gérontologie) et du monde technologique (technologies), les gérontechnologies ont pour ambition de maintenir l autonomie et d améliorer la qualité de vie des personnes âgées, dépendantes ou non. Les gérontechnologies ont «pour vocation de mettre les ressources de la création technologique au service de la santé et de la qualité de vie des personnes âgées fragiles ou en situation de handicap» [2]. Les technologies de l information et de la communication (TIC), par leur capacité d échanges d informations en temps réel, permettent d envisager de nouvelles approches telles que des outils de détection et d analyse des besoins plus pertinents et efficaces, d analyse et de suivi des vulnérabilités. Rôle et place des gérontechnologies «Le champ des gérontechnologies inclut la prévention des affections liées à l âge (aides à la nutrition, etc.), l amélioration du lien social et la lutte contre l isolement (grâce aux télécommunications), la compensation de capacités déclinantes (logiciels de stimulation cognitive et aides à la locomotion par exemple), l aide aux aidants naturels et professionnels (lève-malades, systèmes d alerte pour des situations d urgence comme la chute, etc.) et la lutte contre les effets du vieillissement normal ou pathologique (organes artificiels, moyens technologiques de compensation, surveillance des maladies chroniques au domicile, etc.).» [2] Si les gérontechnologies sont souvent considérées, à tort, comme un remède à tout et pour tous, ce n est pas le cas. Comme toutes les technologies, les gérontechnologies ont un rôle précis qu il convient de définir. Elles ont deux objectifs qui sont complémentaires : renforcer l observation, notamment par leur capacité unique de détection des signaux faibles, c està-dire leur capacité à identifier, par leur possibilité d intégration d un grand nombre de données pour un même individu, une variation faible de paramètres pouvant mettre en alerte des professionnels sur un risque de décompensation d une fragilité identifiée, permettre de l anticiper et mettre en place une stratégie interventionnelle adaptée ; intervenir auprès des personnes âgées. L intervention d une personne physique à domicile est parfois très contraignante, et l aide humaine est limitée par la disponibilité des acteurs. Les nouvelles technologies peuvent donc être un atout à ce niveau, permettant l intervention, non plus d une personne à domicile, mais, dans un premier temps, d une personne à distance. L objectif n est bien évidemment pas de remplacer l homme, mais de l aider, en mettant à sa disposition des outils d intervention de premier niveau. Pour résumer, les nouvelles technologies, et 20 2011 Publié par Elsevier Masson SAS doi: 10.1016/j.sger.2011.12.013 SOiNS GÉRONTOLOGIE n o 93 - janvier/février 2012

principalement les gérontechnologies, n ont pas pour objectif de répondre à toutes les problématiques, mais de renforcer l observation et d intervenir en première approche. Des technologies spécifiques aux personnes âgées? Depuis quelques années, un nouveau concept est en pleine émergence : le design for all ou conception pour tous. L objectif de celui-ci est de concevoir des produits, services et environnements utilisables par tous, c est-à-dire par un panel de citoyens le plus large possible, sans nécessiter d adaptation ou de conception spécifique. Le design for all, c est à la fois : «une philosophie : la volonté d inclure chacun, et de ne laisser personne sur le bord des autoroutes de l information ; un objectif citoyen : tout citoyen doit avoir une égalité d accès aux services administratifs, éducatifs, commerciaux, etc. ; un défi industriel : adapter des principes de conception tenant compte dès le départ de la diversité des situations rencontrées par les utilisateurs.» [3] Le principe sous-entendu de ce concept est assez simple : concevoir un produit pour les personnes ayant le plus de handicaps. Dans ce cas, les produits conviendront également aux personnes ayant des problèmes moins graves ou encore à tous les citoyens. approche Par conséquent, l objectif des gérontechnologies n est pas de créer des technologies spécifiques aux personnes âgées, mais plutôt adaptées à ces dernières, et qui le soient également aux personnes handicapées ou encore aux citoyens valides. Il est capital de comprendre que l utilisation de technologies de faible coût, et déjà diffusées dans la population générale (tels les smartphones), et la définition de nouvelles applications favorables à la santé et à l autonomie sont les seules approches concevables afin d éviter le piège d outils spécifiques dont le coût serait rédhibitoire (et ce quel que soit le mode de financement que l on pourrait envisager). Des exemples de gérontechnologies Les gérontechnologies n ont pas pour objectif de répondre à toutes les problématiques, Les gérontechnologies peuvent avoir des applications très diverses dans de multiples domaines, concernant aussi bien la prévention que l étude des besoins des personnes âgées, comme le montrent les exemples qui suivent. mais de renforcer l observation et d intervenir en première L actimètre comme outil d observation de l apathie En 2011, ce sont 880 000 Français qui sont touchés par la maladie d Alzheimer. L apathie est un des symptômes comportementaux les plus fréquents dans la maladie d Alzheimer, présent chez 50 à 70 % des patients atteints [4]. La principale difficulté qui existe aujourd hui est le manque de données objectives concernant ce symptôme. C est la raison pour laquelle le centre hospitalier universitaire de Nice (06) s est très rapidement intéressé à cette problématique et a souhaité travailler sur ce sujet, et plus particulièrement sur la relation existant entre l apathie et l activité motrice chez les patients atteints de la maladie d Alzheimer. L étude menée par le CHU de Nice a regroupé une cohorte de 107 patients atteints de la maladie d Alzheimer, dont 43 ayant montré, via le test Neuropsychiatric Inventory (NPI), des signes d apathie. Elle a permis l utilisation d une gérontechnologie, l actimètre, comme moyen d observation et d évaluation de l activité locomotrice [4]. Les différents résultats de l actimètre ont révélé une activité motrice moindre pour les patients présentant des signes d apathie, ce qui était pressenti mais non prouvé. L étude a également montré que les patients apathiques présentaient des troubles du sommeil plus fréquents (difficultés d endormissement, sommeil morcelé), ce qui n était pas connu. En conclusion, la technologie actimétrique utilisée en ambulatoire s est révélée être une technique simple pour évaluer objectivement l apathie des personnes atteintes de la maladie d Alzheimer [4,5]. Elle pourrait donc notamment servir d évaluation de l efficacité thérapeutique de traitements mis en place à cette fin. Prévenir les situations de dépendance grâce à un système de géolocalisation Le xxi e siècle sera marqué par deux tendances majeures : le développement des populations âgées et l urbanisation. L Organisation mondiale de la santé (OMS) a élaboré un cadre politique de vieillissement actif, fondé sur le guide SOiNS GÉRONTOLOGIE - n 93 - janvier/février 2012 21

mondial Villes amies des aînés, qui vise à aider les villes à mieux intégrer les plus âgés et à mieux adapter la ville aux besoins de cette population. L objectif est alors de développer et de concevoir de nouvelles approches, basées sur les technologies de l information et de la communication, permettant d apporter une réponse adaptée L utilisation des nouvelles à la détection des besoins technologies a donc permis émergents. L étude réalisée au CHU à la personne âgée de de Nice a mis l accent sur cette question en proposant de recueillir des don- renforcer sa participation nées sur les déplacements active, notamment grâce à des personnes âgées, en utilisant un outil technologique simple : le système l acquisition de véritables de géolocalisation. Les donnée terrain données collectées par l appareil de mesure ont été complétées par un questionnaire, remis à chaque volontaire de l étude. Il ne s agit pas d une étude épidémiologique mais bien d une étude de faisabilité et de méthodologie. Les dix-sept tracés que nous avons pu exploiter nous ont permis de confirmer la bonne acceptabilité de ce type de matériel par les personnes âgées. L analyse des données recueillies nous mène à la conclusion que les seniors se déplaçaient le plus souvent à pied, dans le but de faire leurs courses dans des commerces de proximité. Elle nous a permis de vérifier que les sorties de loisir diminuaient avec l âge au profit de sorties de nécessité (visite chez le médecin, courses pour l alimentation). Enfin, même si les résultats de cette étude ne peuvent pas être généralisés, du fait du trop petit nombre de participants, ils fournissent des informations concluantes quant à la corrélation entre le territoire de vie et la santé des personnes âgées, le cœur de ville étant plus adapté pour cette population et autorisant des sorties même à un âge plus avancé (figure 1). L utilisation des nouvelles technologies a donc permis à la personne âgée de renforcer sa participation active, notamment grâce à l acquisition de véritables données «terrains». Les moyens technologiques de cette nature permettent d envisager la détection précoce de certaines vulnérabilités et l identification de facteurs aggravants environnementaux, pouvant conduire à de véritables limitations en matière de fonctionnement et menant au final à une perte d autonomie. En conclusion, l utilisation de nouvelles technologies, tels que les appareils de géolocalisation, peuvent apporter une véritable plus-value et permettre à la personne âgée de devenir active de son vieillissement. «Le système de géolocalisation utilisé dans cette étude est devenu un véritable outil d audit et de participation active du citoyen : la personne âgée devient actrice de son vieillissement.» [6] DR Figure 1. Déplacement d une personne âgée, suivie grâce à un système de géolocalisation. Les technologies comme un outil d intervention : le projet «Sign of Stroke» z Les technologies, en plus d être utiles pour la refonte de l observation gérontologique et notamment pour objectiver certaines données qui restent subjectives (notamment sur l évaluation de l autonomie), trouvent également leur intérêt dans des domaines interventionnels. C est pour illustrer la technologie comme mode 22 SOiNS GÉRONTOLOGIE - n o 93 - janvier/février 2012

Points à retenir Les gérontechnologies sont la mise à disposition pour les patients âgés et leurs aidants naturels ou professionnels d outils technologiques favorisant leur santé ou leur autonomie. Ces technologies de l information et de la communication permettent d améliorer l observation de nos sujets (et notamment l identification objective de vulnérabilités) et d intervenir plus efficacement. Les gérontechnologies doivent privilégier l usage d outils déjà largement déployés tels les smartphones, en développant des applications nouvelles, plutôt que des outils technologiques spécifiques qui seront trop onéreux. d intervention que le CHU de Nice a collaboré avec l université de Stanford (Californie, États- Unis) pour les patients ayant subi un premier épisode d accident vasculaire cérébral (AVC). Deuxième cause de décès et première cause d invalidité grave dans le monde, cette pathologie est un véritable enjeu de santé publique. z Dans le cas de cette étude, la technologie utilisée était une technologie de la vie quotidienne, non spécifique aux personnes âgées : le smartphone. Un programme a été spécialement développé pour les personnes âgées, par l université de Stanford, pour cette étude. Ainsi, les personnes âgées peuvent grâce à ce dispositif reconnaître les premiers symptômes de l AVC et ainsi prévenir les services d urgence, le délai d intervention ayant un rôle déterminant sur le pronostic vital et fonctionnel du patient. L évaluation développée sur smartphone reprend des items tels que le déficit moteur, l aphasie, les céphalées et les déficits visuels, caractéristiques d un épisode d AVC. z Une première expérimentation, réalisée auprès de 80 personnes âgées du CHU de Nice a montré l intérêt de ce type de dispositif, mais également la bonne acceptabilité des personnes âgées. Conclusion Le champ des gérontechnologies ouvre des perspectives intéressantes tant sur l observation de nos sujets âgés (données objectives s intégrant dans l évaluation gérontologique globale, mais aussi identification de situations à risque en temps réel grâce à la détection de signaux faibles) que sur les moyens d intervention favorables à la santé et à l autonomie. Bien entendu, ces solutions techno-logiques ne doivent pas se substituer à l aide humaine, familiale ou professionnelle, mais se mettre à leur disposition pour aider leur action. Si beaucoup reste à faire, il est certain que cette thématique sera au cœur des préoccupations des gériatres et des collaborateurs des métiers de la gérontologie dans les années à venir. n Références [1] Franco A, Bouma H, Cornet G, Malléa P. Gerontechnology at IAGG 2009 for optimal health in a multidisciplinary context. Gerontechnology. 2009;2:63-7 [2] Cornet G, Rialle V, Franco A, Rumeau P. Les gérontechnologies au cœur de l innovation hospitalière et médico-sociale. Techniques hospitalières. 2007;703:53-8. [3] Roland M. Design for all. http://www.habiter-autrement. org/18_design/01_design.htm, consulté le 16 novembre 2011. [4] David R, Mulin E, Friedman L, et al. Decreased daytime motor activity associated with apathy in Alzheimer disease : an actigraphic study. American Association for Geriatric Psychiatry. 2011. [5] David R, Rivet A, Robert PH, et al. Ambulatory actigraphy correlates with apathy in mild Alzheimer s disease. Dementia. 2010;9:509-16. [6] Malléa P, Cridelich C, Dautan M, et al. Prévention des situations de dépendances : intérêt d un système de géolocalisation comme outil d audit et de participation active du citoyen. Les Cahiers de l année gérontologique. 2011;3:S123-S125. Déclaration d intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d intérêts en relation avec cet article. Les auteurs Cécile Cridelich, ingénieur hospitalier, Plateforme partenariale d innovation, université de Nice Sophia-Antipolis ; membre de l Association centre d innovation et d usages en santé (CIU-Santé) Patrick Malléa, directeur du développement, Jean-Michel Turpin Plateforme patient, centre hospitalier universitaire de Nice, Nice (06) Bruno Charrat, Alain Franco, Centre national de référence santé à domicile et autonomie, Nice (06) Olivier Guérin, Plateforme partenariale d innovation, université de Nice Sophia-Antipolis ; membre de l Association centre d innovation SOiNS GÉRONTOLOGIE - n o 93 - janvier/février 2012 23

et d usages en santé (CIU-Santé) ; plateforme patient, centre hospitalier universitaire de Nice (06)