étude comparative des systèmes d incitation fiscale à la localisation de la production audiovisuelle et cinématographique



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Transcription:

les études du CNC septembre 2011 étude comparative des systèmes d incitation fiscale à la localisation de la production audiovisuelle et cinématographique

Etude comparative des systèmes d incitation fiscale à la localisation de la production audiovisuelle et cinématographique septembre 2011

Cette étude a été réalisée conjointement par les cabinets Hamac Conseils et Mazars, pour le compte du Centre national du cinéma et de l image animée Hamac Conseils 53, rue du Mont Cenis 75018 Paris Alexia de Beauvoir, Antoine Morand Mazars SAS 61, rue Henri Regnault 92075 Paris-la-Défense Cedex Jean-Marc Bensaid, Guillaume Kordonian, Marc Schwartz Centre national du cinéma et de l image animée Direction des études, des statistiques et de la prospective 12, rue de Lübeck 75784 Paris cedex 16 Tél : 01.44.34.38.26 Fax : 01.44.34.34.55 www.cnc.fr Fanny Beuré, Benoît Danard, Caroline Jeanneau 2 Etude comparative des systèmes d incitation fiscale

Sommaire Sommaire... 3 Objectifs et méthodologie... 6 Synthèse... 7 I. ANALYSE COMPAREE DES DISPOSITIFS ETRANGERS AVEC LE DISPOSITIF FRANÇAIS...14 A. AVANTAGES ET INCONVENIENTS DU DISPOSITIF FRANÇAIS PAR RAPPORT AUX DISPOSITIFS ETRANGERS...14 a. Avantages et inconvénients par rapport au dispositif belge... 14 b. Avantages et inconvénients par rapport aux dispositifs canadiens... 15 c. Avantages et inconvénients par rapport au dispositif luxembourgeois... 16 d. Avantages et inconvénients par rapport au dispositif allemand... 17 e. Avantages et inconvénients par rapport au dispositif hongrois... 18 f. Avantages et inconvénients par rapport au dispositif britannique... 19 g. Avantages et inconvénients par rapport au dispositif irlandais... 20 h. Avantages et inconvénients généraux... 21 B. COMPATIBILITE DES CREDITS D IMPOTS ETRANGERS AVEC LE DISPOSITIF FRANÇAIS OU LES AIDES NATIONALES...23 a. Compatibilité des crédits d impôt étrangers avec le dispositif français... 23 b. Compatibilité des crédits d impôt étrangers avec le barème du soutien financier cinéma... 24 c. Compatibilité des crédits d impôt étrangers avec le fonds de soutien à l audiovisuel... 24 d. Compatibilité des crédits d impôt étrangers avec les aides nationales... 25 II. BELGIQUE...26 A. CONTEXTE...26 a. Contexte et environnement général du pays... 26 b. Descriptif du secteur audiovisuel et cinématographique du pays... 26 B. DISPOSITIF FISCAL D AIDE A L AUDIOVISUEL ET AU CINEMA...30 a. Présentation du dispositif belge... 30 b. Evolutions passées ou à venir... 35 C. IMPACT DU DISPOSITIF...36 a. Volume d activité globale et nombre de films français concernés... 36 b. Extrapolation des retombées économiques et fiscales pour le pays... 38 Etude comparative des systèmes d incitation fiscale 3

III. CANADA...40 A. CONTEXTE...40 a. Contexte et environnement général du pays... 40 b. Descriptif du secteur audiovisuel et cinématographique du pays :... 41 B. DISPOSITIF FISCAL D AIDE A L AUDIOVISUEL ET AU CINEMA...45 a. Présentation du dispositif canadien... 45 b. Evolutions passées ou à venir... 60 C. IMPACT DU DISPOSITIF...61 a. Volume d activité globale et nombre de films français concernés... 61 b. Extrapolation des retombées économiques et fiscales pour le pays... 62 IV. LUXEMBOURG...65 A. CONTEXTE...65 a. Contexte et environnement général du pays... 65 b. Descriptif du secteur audiovisuel et cinématographique du pays :... 65 B. DISPOSITIF FISCAL D AIDE A L AUDIOVISUEL ET AU CINEMA...67 a. Présentation du dispositif luxembourgeois... 67 b. Evolutions passées ou à venir... 73 C. IMPACT DU DISPOSITIF...74 V. ALLEMAGNE...75 A. CONTEXTE...75 a. Contexte et environnement général du pays... 75 b. Descriptif du secteur audiovisuel et cinématographique du pays... 75 B. DISPOSITIF FISCAL...77 a. Présentation du dispositif allemand... 77 b. Fonctionnement... 83 C. IMPACT DU DISPOSITIF...88 4 Etude comparative des systèmes d incitation fiscale

VI. HONGRIE...89 A. CONTEXTE...89 a. Contexte et environnement général du pays... 89 b. Descriptif du secteur audiovisuel et cinématographique du pays... 90 B. DISPOSITIF FISCAL...93 a. Présentation du dispositif hongrois... 93 b. Fonctionnement... 96 C. IMPACT DU DISPOSITIF...98 VII. ROYAUME-UNI...99 A. CONTEXTE...99 a. Contexte et environnement général du pays... 99 b. Descriptif du secteur audiovisuel et cinématographique du pays... 99 B. DISPOSITIF FISCAL...102 a. Présentation du dispositif britannique... 102 b. Fonctionnement... 104 C. IMPACT DU DISPOSITIF...107 VIII. IRLANDE...108 A. CONTEXTE...108 a. Contexte et environnement général du pays... 108 b. Descriptif du secteur audiovisuel et cinématographique du pays... 109 B. DISPOSITIF FISCAL...111 a. Présentation du dispositif irlandais... 111 b. Fonctionnement... 114 C. IMPACT DU DISPOSITIF...117 a. Volume d activité globale... 117 b. Extrapolation des retombées économiques et fiscales pour le pays... 118 Annexes...120 Etude comparative des systèmes d incitation fiscale 5

Objectifs et méthodologie Le Centre national du cinéma et de l image animée a souhaité faire réaliser une étude comparative du fonctionnement des systèmes d incitation fiscale existant dans les secteurs de la production cinématographique et audiovisuelle en Europe et au Canada. Cette étude analyse dans le détail le fonctionnement de ces systèmes en Belgique, au Canada, au Luxembourg, en Allemagne, en Irlande, en Hongrie et au Royaume-Uni. Ces dispositifs sont notamment étudiés en comparaison avec le système français. La réalisation de ces travaux a été confiée à deux instituts. Hamac Conseils a traité les parties concernant la Belgique, le Luxembourg et le Canada. L analyse comparative des dispositifs irlandais, britannique, allemand et hongrois a été menée par le cabinet Mazars. Cette étude analyse avec précision l ensemble des dispositifs fiscaux directs ou indirects existant dans ces pays, qui peuvent favoriser les coproductions internationales et/ou la localisation de tournages ou de prestations de services. Cette étude évalue l attractivité exercée par les mécanismes fiscaux de ces pays sur la production française et dresse un bilan des effets de ces dispositifs en termes de localisation des dépenses, de dynamique industrielle et d impact sur l emploi. Elle fournit des éléments d appréciation sur les retombées économiques et fiscales induites par ces dispositifs. Elle met en lumière les évolutions intervenues dans le fonctionnement de ces dispositifs depuis leur création. Pour chaque dispositif, l étude présente ses objectifs, ses conditions d application, la typologie des bénéficiaires, les conditions de localisation géographique de l entreprise, la nature et l assiette des dépenses éligibles, les conditions de localisation des dépenses, la compatibilité avec d autres aides publiques nationales ou étrangères (dont françaises), les taux de prise en compte de ces dépenses, les taux de crédits d impôt bruts et nets, l existence ou non de plafonnement et les critères de plafonnement. La réalisation de cette étude s est appuyée sur une recherche documentaire dans les pays concernés. Des professionnels français ont été rencontrés et des organisations étrangères du secteur cinématographique et audiovisuel ont été contactées. Cette étude s appuie également sur des données dont dispose le CNC. 6 Etude comparative des systèmes d incitation fiscale

Synthèse Le Centre national du cinéma et de l image animée a fait réaliser une étude comparative du fonctionnement des systèmes d incitation fiscale à la production cinématographique et audiovisuelle en Europe (Belgique, Luxembourg, Allemagne, Irlande, Hongrie et Royaume- Uni) et au Canada. Cette étude a été réalisée conjointement par les cabinets Hamac Conseils et Mazars. Des mécanismes fiscaux hétérogènes Cette étude, réalisée dans sept pays différents, montre que les systèmes d incitation fiscale à la localisation de la production cinématographique et audiovisuelle sont particulièrement hétérogènes. Même si leurs objectifs sont très proches, leurs modalités de fonctionnement sont très diverses. Les crédits d impôt français (à la production cinématographique et audiovisuelle nationale et internationale) permettent aux sociétés de production, sous certaines conditions, de déduire de leur imposition 20 % de certaines dépenses. Certains dispositifs étrangers permettent d attirer des fonds privés vers la production, d autres confèrent un avantage fiscal au producteur ou à ses sous-traitants. Ainsi, le système belge («tax shelter») n est-il pas à proprement parler un crédit d impôt, mais un dispositif fiscal incitant à l investissement privé dans la production cinématographique et audiovisuelle. Le dispositif irlandais repose sur un mécanisme indirect qui nécessite un montage financier complexe et qui permet également d attirer des investisseurs privés. Au Luxembourg, le fonctionnement du crédit d impôt en vigueur a eu pour effet la constitution d un véritable marché de revente des CIAV (Certificats d Investissement Audiovisuels). Le système hongrois permet une réduction d impôt pouvant être reportée sur les exercices fiscaux suivants au besoin, celui du Canada est un crédit d impôt pouvant faire l objet d un remboursement par l administration fiscale. Au Royaume-Uni, cohabitent un dispositif de déduction fiscale et un système de crédit d impôt. Enfin, le dispositif allemand n est pas en tant que tel un mécanisme d incitation fiscale mais s apparente à un fonds de soutien. Toutefois, sa vocation de localisation des tournages, son éligibilité aux producteurs étrangers et l automaticité de son fonctionnement, le font souvent comparer aux crédits d impôt proposés par les autres pays. Des œuvres et des périmètres de dépenses éligibles variés L analyse des différents dispositifs étrangers montre que les types d œuvres concernées et la nature des dépenses éligibles varient fortement. Ainsi certains dispositifs, comme celui en vigueur en Belgique, ne font-ils pas de distinction entre les œuvres audiovisuelles et cinématographiques. Le dispositif hongrois a été revu en 2008 pour rendre également éligible une partie des dépenses réalisées hors de Hongrie. De même, le dispositif luxembourgeois prend en compte certaines dépenses réalisées hors du pays. Le dispositif canadien, pour sa part, a la particularité de ne prendre en compte que les dépenses de main-d œuvre (sauf en ce qui concerne le crédit d impôt québécois pour services). Des plafonnements souvent beaucoup plus élevés qu en France Les plafonds des dispositifs belge et canadien tiennent compte de l économie du film (50 % du coût du film pour le dispositif belge, respectivement 15 % et 32,5 % pour les dispositifs Etude comparative des systèmes d incitation fiscale 7

canadiens fédéraux et provinciaux). Ils peuvent donc très vite dépasser le plafond de 1 M fixé en France. Au Luxembourg et en Allemagne, les plafonds en valeurs absolues sont également supérieurs au plafond français et s élèvent respectivement à 2,5 M et 4 M. Le plafond allemand peut même, dans certains cas, être porté à 10 M. Le plafond du dispositif irlandais est de 80 % des dépenses irlandaises éligibles, dans la limite de 50 M. Au Royaume-Uni, il est de 80 % des dépenses réalisées dans le pays, sans plafonnement en valeur absolue. Enfin, la Hongrie n a pas prévu de plafond pour son dispositif, ni en valeur absolue, ni en pourcentage des dépenses. Un crédit d impôt français moins performant que ceux analysés Comparé aux sept dispositifs étudiés, le dispositif fiscal de crédit d impôt français est, à ce jour, le moins attractif sur des critères strictement financiers, avec un taux parmi les plus faibles à 20 % des dépenses éligibles, contre 29 % à 39 % des dépenses éligibles en Belgique, 25 % à 65 % des dépenses éligibles au Québec. Il est également le plus contraignant puisqu il est quasiment incompatible avec les autres dispositifs et impose que le tournage, sauf raisons justifiées par le scénario, et la post-production (principalement) soient effectués sur le territoire français. Néanmoins le dispositif «tax shelter» belge, du fait de l assiette très large de dépenses éligibles, et les crédits d impôt canadiens sont théoriquement compatibles avec le dispositif français. En outre, les systèmes étrangers étudiés sont largement compatibles entre eux. Le crédit d impôt français ne représente que près de 8 % (7,8 % en 2010) du coût de production des films d initiative française agréés. En Belgique, sur l ensemble des dossiers clôturés depuis la mise en œuvre du dispositif en 2003, le financement sous la forme «tax shelter» représente 18 % du budget des films de longs métrages concernés. Au Canada, sur la période 2009-2010, la production cinématographique a été financée à 22 % par les crédits d impôt fédéraux et provinciaux, tandis que la production télévisuelle l a été à hauteur de 27 %. En 2010, le dispositif allemand permet de financer 13 % du coût des films concernés et le dispositif irlandais 12 %. Un environnement de production qui peut être favorable Des éléments tels que la proximité géographique, la langue, les capacités de tournage (infrastructures, formation de la main-d œuvre locale, prestataires techniques), le coût du travail et de l argent (taux d intérêt des crédits) affectent également la compétitivité des dispositifs. La performance de chaque dispositif doit donc être examinée au regard de l environnement du pays. Ainsi, le coût moindre de la main-d œuvre hongroise, les charges sociales basses au Luxembourg, la possibilité de recréer les décors américains au Canada ou la proximité de territoires comme la Belgique ou le Luxembourg sont autant d éléments qui entrent en ligne de compte lors du montage d une coproduction. Les limites de la délocalisation Il existe des risques intrinsèques liés à la production d une œuvre en coproduction avec un pays étranger en termes de qualité, en raison de l «éclatement» des moyens de production dans des lieux géographiquement éloignés. La plupart des producteurs évoquent souvent leurs difficultés structurelles à trouver des partenaires et des prestataires pérennes et fiables, tant sur le plan artistique que logistique et technique. Ils soulignent également le problème 8 Etude comparative des systèmes d incitation fiscale

des coûts inhérents à ces montages (frais administratifs, matériels d exploitation, frais éventuels de doublage/sous-titrage, rémunération du coproducteur, etc.). Ainsi, peut-il être plus simple et confortable pour le producteur de produire intégralement en France un projet qui ne nécessite pas de délocaliser certains travaux pour des raisons artistiques. Certains producteurs français expliquent leurs collaborations répétées avec les pays européens étudiés (en particulier la Belgique, le Luxembourg et l Irlande) par le fait qu ils n y perdent que le bénéfice du crédit d impôt français. En effet, le système français d aide à la production permet de conserver une grande partie du bénéfice du soutien financier, quand bien même celui du crédit d impôt est perdu du fait de la délocalisation du tournage. En outre, ces collaborations permettent d accéder à d autres aides nationales ou régionales dans les territoires de coproduction, voire à des aides supranationales, comme Eurimages, et donc de cumuler les financements. Il peut même se produire bien souvent un «effet cliquet» : à partir du moment où le crédit d impôt est perdu en France, les producteurs n hésitent plus à délocaliser les dépenses les moins structurantes afin de bénéficier d éventuels coûts plus avantageux. Etude comparative des systèmes d incitation fiscale 9

Tableau de synthèse des dispositifs d incitation à la production cinématographique et audiovisuelle (France, Allemagne, Hongrie, Irlande, Royaume-Uni) Nature du dispositif Volumétrie Bénéficiaires Œuvres France (Cinéma) Crédit d impôt Cinéma Depuis 2004 58,3 M en 2010 137 productions France (Audiovisuel) Crédit d impôt Audiovisuel Depuis 2005 48,7 M en 2010 310 productions Entreprises soumises à l impôt sur les sociétés assumant les fonctions de producteur délégué (2 sociétés maximum pour le crédit d impôt cinématographique). En cas de coproduction déléguée, les deux producteurs délégués peuvent bénéficier du crédit d impôt à hauteur des dépenses prises en charge par chacun. Les entreprises éligibles doivent avoir recours à des CDI pour tous les emplois permanents non directement liés à la production d une œuvre déterminée. être réalisés intégralement ou principalement en version originale en langue française ou dans une langue régionale en usage en France être réalisés principalement sur le territoire français contribuer au développement de la création cinématographique française et européenne ainsi qu'à sa diversité Conditions supplémentaires pour l audiovisuel : Durée minimale de l œuvre : 24 minutes hors fiction (45 minutes pour la fiction) Coût de production minimal de l œuvre (hors frais généraux et imprévus) : Fiction : 5000 / minute Fiction jeunesse & Animation : 3000 / minute Documentaire : 2333 / minute Montant des dépenses éligibles au crédit d impôt >= 2333 / minute (uniquement pour le genre documentaire) France (International) Crédit d impôt Cinéma et audiovisuel Depuis 2009 7,3 M en 2010 17 productions Sociétés qui assurent, en France, la production exécutive des œuvres et qui sont soumises à l impôt sur les sociétés Production initiée par une société étrangère Fiction ou animation (cinématographique ou audiovisuel) Œuvre non admise au bénéfice du soutien financier à la production cinématographique ou audiovisuelle Montant des dépenses éligibles au crédit d impôt >= 1M Au moins 5 jours de tournage en France Promotion de la culture, du patrimoine ou du territoire français (critère évalué selon un barème différencié par genre) Allemagne Hongrie Irlande Royaume-Uni Fonds de soutien Cinéma Depuis 2007 59 M en 2010 114 productions dont 80 fictions Producteurs délégués allemands ayant produit un film de moins de 5 ans Producteurs exécutifs sous conditions (20 % dépenses en Allemagne) Coût de long métrage > 1M (fiction), > 2M (animation), > 200 K (documentaire) Distributeur expérimenté et actif Version allemande ou sous-titres Test culturel Crédit d impôt Cinéma et audiovisuel Suppression à partir de juin 2011 27,1 M en 2010 N.C. Personnes morales soumises à l impôt sur les sociétés en Hongrie Apport en numéraire > 20 % des dépenses en Hongrie Pas de dettes avec l Administration Hors programmes TV de flux Feuilletons exclus Test culturel Mécanisme indirect de crédit d impôt Cinéma et audiovisuel Depuis 1987 (modifié en 2008) 27,3 M en 2009 257 productions Producteurs délégués et exécutifs Entreprises irlandaises ou entreprises internationales ayant une filiale en Irlande Sociétés spécifiques créées pour chaque programme Hors programmes TV de flux Hors productions internes de chaines detv Test culturel Crédit d impôt ou déduction fiscale Cinéma Depuis 2007 (Sale&leaseback auparavant) + de 111 M en 2008/2009 170 films sur 2008/2009 Producteurs délégués soumis à l impôt au Royaume-Uni Test culturel ou œuvres admises au bénéfice d un accord de coproduction britannique Œuvres destinées à une exploitation en salles au Royaume-Uni Dépenses au Royaume- Uni > 25 % du devis total 10 Etude comparative des systèmes d incitation fiscale

Dépenses éligibles Taux induit Plafonnement Versement Autres aides compatibles Avantages / inconvénients pour le producteur français France (Cinéma) France (Audiovisuel) Rémunérations versées et charges sociales (auteurs, rôles principaux avec conditions de plafond, techniciens) Postproduction, pellicules et laboratoire Dépenses directes de tournage (utilisation des studios de prises de vue, construction de décor, effets spéciaux, costumes, coiffure et maquillage, matériel technique nécessaire au tournage) France (International) Salaires, rémunérations et charges sociales afférentes des auteurs et artistes interprètes français et européens, des personnels français et européens Recours aux industries techniques, au transport et à la restauration 16 % (20 % x 80 % du coût total de la production ou dépenses éligibles si inférieur) 1 M Aides publiques (crédit d impôt + autres subventions) =< 50 % du coût total de production Crédit d impôt maximum par œuvre de fiction ou documentaire = 1150 / minute Crédit d impôt maximum par œuvre d animation = 1200 / minute 4 M Le crédit d'impôt est imputé sur l'impôt sur les sociétés et l'excédent éventuel est restitué à l'entreprise Possibilité d'escompter cette créance auprès d'organismes financiers Subventions publiques non remboursables (soutien financier investi par le producteur délégué, aides aux nouvelles technologies, aides accordées par les collectivités locales, etc.) sont déduites de l assiette de calcul. Subventions déductibles = subventions perçues x (montant des dépenses éligibles/ montant des dépenses de production) Aucune Allemagne Hongrie Irlande Royaume-Uni Dépenses engagées en Allemagne (+ voir critères d éligibilité pages 85-86) 20 % (théoriquement entre 16 % et 20 %) 4 M (10 M sous conditions) 80 % des dépenses en Allemagne A l achèvement du film, dérogation possible (33 % au tournage, 33 % au montage, 33 % à la reddition des comptes) Traité francoallemand Aides locales du Medienboard Eurimages Conditions d accès excluant les premiers films de producteurs Dépenses engagées en Hongrie 25% de dépenses étrangères engagées par le producteur hongrois (+ voir critères d éligibilité page 97) Dépenses engagées en Irlande Y compris déplacements depuis/vers l Irlande 20 % Entre 24 % et 28 % A l achèvement et après paiement de toutes les factures report possible du crédit d impôt sur 3 ans Aides nationales du MMK Eurimages (+ crédit impôt infrastructures) Eligibilité des dépenses réalisées hors de Hongrie dans le calcul du bénéfice fiscal obtenu 80 % des dépenses en Irlande Limité à 50 M Dès le premier jour de tournage pour le producteur Irish Film Board Eurimages Bénéfice fiscal disponible au 1 er jour de tournage Système complexe de levée de fonds et intermédiation Dépenses engagées au Royaume-Uni par le producteur britannique et les coproducteurs étrangers Dépenses à l étranger dans une «limite raisonnable» (+ voir critères d éligibilité pages 105) Crédit d impôt : 16 % (20 % x 80 %) si budget >20 M, 20 % si budget <20 M. Déduction fiscale (voir page 106) 80 % des dépenses effectuées au Royaume-Uni Demande du calendrier de versement par le producteur à chaque clôture comptable (après tournage) Fonds de soutien de la Lotterie Eurimages Industrie et personnel reconnus Deux mécanismes au choix Etude comparative des systèmes d incitation fiscale 11

Tableau de synthèse des dispositifs d incitation à la production cinématographique et audiovisuelle (Belgique, Canada, Luxembourg) Belgique (francophone) Canada Fédéral Québec Production Services Production Services Luxembourg Nature du dispositif Incitation fiscale à l'investissement privé («tax shelter») Cinéma et audiovisuel Depuis 2004 Part de sélectivité : notion de rentabilité de l'investissement Crédit d impôt Cinéma et audiovisuel Depuis 1995 (réformé en 2003) Crédit d impôt Cinéma et audiovisuel Depuis 1997 (réformé en 2003) Crédit d impôt Cinéma et audiovisuel Réformé en 2008 Crédit d impôt Cinéma et audiovisuel Réformé en 2010 Crédit d impôt sous forme de certificats cessibles par le producteur à une société luxembourgeoise bénéficiaire désignée avant son octroi définitif Cinéma et audiovisuel Depuis 1989 (réformé en 2007 et reconduit jusqu'en 2015) Sélectif puisque l'enveloppe annuelle est fermée (environ 15 M par an) Bénéficiaires Sociétés de production résidentes belges et imposables en Belgique (y compris filiales de sociétés étrangères) Télédiffuseurs et filiales de télédiffuseurs exclus Sociétés de production sous contrôle de citoyens canadiens ou de résidents permanents, imposables et ayant un établissement stable au Canada Sociétés de production ou de production exécutive, canadiennes ou étrangères ayant un établissement stable au Canada Sociétés de production sous contrôle de résidents québécois, imposables et ayant un établissement au Québec Télédiffuseurs et filiales de télédiffuseurs exclus 75 % des dépenses prises en charge par la société de production québécoise doivent être réglés à des résidents québécois ou à des sociétés ayant un établissement au Québec Œuvres audiovisuelles ou cinématographiques (y compris magazines et variétés, sous certaines conditions) Engagement d un diffuseur canadien ou d un distributeur à distribuer l'œuvre au Québec Dans le cas d une œuvre en version originale non française, version doublée en français Œuvres admises au bénéfice de l accord de coproduction franco-canadien (30/05/1983) Sociétés de production ou de production exécutive, imposables et établies au Québec Télédiffuseurs et filiales de télédiffuseurs exclus Sociétés de production résidentes, imposables et agréées par le FONSPA Œuvres Longs métrages (fiction, animation, documentaire), téléfilms (fiction) > 52 minutes, séries audiovisuelles (fiction, animation), documentaires audiovisuels, courts métrages Œuvres admises au bénéfice de l accord de coproduction franco-belge (16/05/2004) Œuvres audiovisuelles ou cinématographiques Le distributeur canadien ou le diffuseur doit confirmer que l œuvre sera présentée au Canada par une entité canadienne (sauf vidéo), dans les 2 ans suivant son achèvement Œuvres admises au bénéfice de l accord de coproduction franco-canadien (30/05/1983) Œuvres audiovisuelles ou cinématographiques uniques ou en série > 1 MCAN$ ou > 100 KCAN$ par épisode < 30 minutes ou > 200 KCAN$ par épisode > 30 minutes Œuvres audiovisuelles ou cinématographiques uniques ou en série > 1MCAN$ ou > 100 KCAN$ par épisode < 30 minutes ou > 200 KCAN$ par épisode > 30 minutes Œuvres audiovisuelles ou cinématographiques (long métrage de fiction, documentaire, animation) 50 points minimum obtenus au barème du CIAV (210 points au total) pour la fiction, minimum de 10 points sur l'équipe technique et de 2 chefs de poste pour toutes les œuvres Dans le cas d'une coproduction, 50 % du financement étranger confirmé Œuvres admises au bénéfice de l accord de coproduction francoluxembourgeois (18/05/2001) 12 Etude comparative des systèmes d incitations fiscales

Belgique (francophone) Canada Fédéral Québec Production Services Production Services Luxembourg Dépenses éligibles Dépenses effectuées au profit de personnes morales ou physiques soumises respectivement à l impôt sur les sociétés, à l impôt des nonrésidents ou à l impôt des personnes sur le revenu en Belgique (intérêts du prêt et frais et commission des intermédiaires inclus) A compter de la signature de la convention d'investissement Les dépenses éligibles doivent représenter au minimum 150 % de la part investie sous forme d' «equity» Dépenses de main-d'œuvre payées à des résidents canadiens uniquement (y compris part correspondant à la main-d'œuvre dans le cas de prestations), dont sera déduite toute aide non remboursable (ou dont le remboursement dépend d'un événement futur) attribuée à la société canadienne (y compris les crédits d'impôt provinciaux) Plafonnées à 60 % du coût total de l'œuvre, net de toute forme d'aide attribuée à la société canadienne Dépenses de maind'œuvre payées à des résidents canadiens uniquement (y compris part correspondant à la main d'œuvre dans le cas de prestations) Toute aide attribuée à la société canadienne (y compris crédits d'impôt provinciaux) à déduire de l'assiette des dépenses éligibles Dépenses de main-d'œuvre payées à des résidents québécois uniquement (y compris part correspondant à la main-d'œuvre dans le cas de prestations payées à des sociétés ayant un établissement au Québec) Plafonnées à 50 % du coût total de l'œuvre, net de certaines aides (cf. liste page 58) Dépenses de maind'œuvre payées pour des services rendus au Québec (y compris part correspondant à la main d'œuvre dans le cas de prestations) + coût des biens corporels (y compris logiciels) acquis ou loués au Québec, auprès d un résident québécois ou d une société québécoise Toute aide attribuée à la société québécoise à déduire de l'assiette des dépenses éligibles Coût total de l'œuvre (y compris dépenses étrangères) tel que déposé à l'agrément de production Taux induit 29 % à 39 % des dépenses belges éligibles (une fois déduit l'ensemble des frais) 25 % des dépenses éligibles 16 % des dépenses éligibles 35 % à 65 % des dépenses éligibles selon le type d'œuvres 25 % à 45 % des dépenses éligibles selon le type d'œuvres 15 % à 29 % du coût total de l'œuvre en fonction du nombre de points au barème du CIAV et du coût de la revente du certificat (entre 1 et 5 points) 2,5 M par œuvre Dans la pratique, les dépenses luxembourgeoises doivent être supérieures au montant du CIAV Plafonnement 50 % du financement du budget total prévisionnel 15 % du coût total de la production, net de toute autre forme d aide attribuée à la société canadienne Dans le courant de l'année fiscale suivant la demande d'agrément définitif de l'œuvre pouvant aller jusqu'à deux ans après la fin de la production 32,5 % du coût total de la production, net de certaines aides (cf. liste page 59) Versement Dans les 18 mois à compter de la signature de la convention d'investissement Dans le courant de l'année fiscale suivant la demande d'agrément définitif de l'œuvre pouvant aller jusqu'à deux ans après la fin de la production Au plus tard à la fin de l'exercice fiscal de la délivrance du CIAV qui a lieu dans les deux mois de la remise du dossier d'agrément Autres aides compatibles CCA de la Communauté Française de Belgique Wallimage / Bruxellimage Eurimages Mini-Traité franco-canadien (long métrage fiction et animation, œuvre audiovisuelle d animation) Téléfilm Canada (Fond du long métrage Canada, Fonds des Médias du Canada), Office national du film du Canada SODEC (Québec) FONSPA Eurimages Etude comparative des systèmes d incitation fiscale 13

I. ANALYSE COMPAREE DES DISPOSITIFS ETRANGERS AVEC LE DISPOSITIF FRANÇAIS A. AVANTAGES ET INCONVENIENTS DU DISPOSITIF FRANÇAIS PAR RAPPORT AUX DISPOSITIFS ETRANGERS Cette étude cherche à évaluer les conséquences des dispositifs fiscaux étrangers sur la production des œuvres cinématographiques ou audiovisuelles d initiative française. Dès lors, un certain nombre de dépenses sera quoi qu il en soit effectué en France, même dans le cas d une délocalisation totale du tournage et de la post-production. Par exemple dans les cas les plus fréquents, les dépenses liées : au scénario, au réalisateur, aux principaux chefs de poste (directeur de production, directeur de la photographie, premier assistant, scripte, chef monteur ) même s il est fréquent, dans le cas de délocalisations, de tenter de limiter au maximum l équipe technique française, aux interprètes principaux, aux frais financiers, au salaire du producteur et aux frais généraux. Toutefois, il est intéressant de noter que seules les dépenses correspondant au réalisateur (droits d auteur et salaire) et aux chefs de poste sont pleinement éligibles au crédit d impôt français. La part des coûts éligibles du scénario dépend des dates de paiement par rapport à l année fiscale de la demande. Le montant éligible des cachets des interprètes principaux est plafonné au minimum syndical par cachet. Les frais financiers, le salaire du producteur et les frais généraux ne sont pas éligibles. Le manque à gagner en cas de renonciation ou de non admissibilité au bénéfice du crédit d impôt étant très limité sur ces postes (compte tenu du montant des dépenses correspondantes au regard du budget global de l œuvre), la délocalisation peut facilement être envisagée si les dispositifs étrangers s avèrent attractifs. a. Avantages et inconvénients par rapport au dispositif belge Comparaison des principaux critères du dispositif «tax shelter» : Œuvre éligible : le dispositif belge est beaucoup plus souple que le dispositif français puisque toute œuvre admise au bénéfice de l accord de coproduction entre la France et la Belgique est éligible. 14 Etude comparative des systèmes d incitation fiscale

Taux : il est plus intéressant qu en France puisqu il atteint 29 % à 39 % des dépenses belges éligibles, contre 16 % en France (80 % x 20 %). Dépenses éligibles : l assiette belge des dépenses éligibles est plus large que celle des dépenses françaises, puisqu elle comprend toutes les dépenses belges pour le compte de la production, y compris donc les dépenses équivalentes aux postes 6 1 (transports, défraiement, régie) et 9 2 (assurances et divers) en France, qui ne sont pas du tout éligibles, et les postes 3 (interprétation) et 5 3 (décors et costumes) qui sont éligibles sous conditions en France. Plafond : il est de 50 % du coût total de l œuvre et tient donc compte de l économie globale de celle-ci. Il peut ainsi très vite dépasser le plafond de 1 M fixé en France. Fonctionnement : le dispositif belge est en revanche plus complexe à mettre en place que le dispositif français puisqu il dépend de la capacité du coproducteur belge à lever des fonds auprès d intermédiaires ou d investisseurs. De plus, le calcul des frais indirects induits par le dispositif peut manquer de transparence et rendre difficile l estimation du montant et de la disponibilité du financement net généré tant que les négociations avec les intermédiaires et investisseurs n ont pas été menées. Le dispositif français présente l avantage d être automatique et garanti dès lors qu une œuvre est déclarée éligible. Il ne pose pas de contraintes particulières et est relativement transparent, notamment en ce qui concerne l échéancier de mise à disposition des fonds et le calcul du montant net généré. Le dispositif fiscal belge est aujourd hui le plus utilisé par les producteurs français parmi les dispositifs étrangers étudiés, quel que soit le niveau de budget des films (puisque le plafond est variable en fonction du coût). Il y a donc une certaine évidence à travailler avec un pays si proche (géographiquement et linguistiquement) de la France et avec lequel il existe une réciprocité, puisque des producteurs français travaillent également sur des projets d initiative belge, certains financements français (comme les minima garantis de distribution et les préachats de droit de diffusion) étant beaucoup plus intéressants qu en Belgique. b. Avantages et inconvénients par rapport aux dispositifs canadiens Comparaison des principaux critères des dispositifs de crédit d impôt à la production : Œuvre éligible : les dispositifs canadiens (fédéral et québécois) sont beaucoup plus souples que le dispositif français puisque toute fiction ou œuvre d animation audiovisuelle ou cinématographique admise au bénéfice d un accord de coproduction entre la France et le Canada est éligible, à condition que le coproducteur canadien puisse justifier de l engagement d un diffuseur ou d un distributeur national. 1 Poste 5 s agissant des œuvres d animation. 2 Poste 8 s agissant des œuvres d animation. 3 Pour les œuvres en prises de vues réelles. Etude comparative des systèmes d incitation fiscale 15

Taux : il est plus intéressant qu en France puisque le producteur peut bénéficier du cumul du dispositif fédéral (25 %) et du dispositif québécois (35 % à 65 %, selon le type d œuvres) des dépenses éligibles, contre 20 % en France. Dépenses éligibles : l assiette des dépenses canadiennes éligibles est très différente de celle des dépenses françaises, puisqu elle ne prend en compte que les dépenses de main-d œuvre (y compris celles incluses dans les factures de prestations de services) et exclut donc, par rapport à l assiette française, toutes les dépenses relatives aux décors, costumes, etc. hors personnel, ainsi que le matériel loué et la post-production pour sa partie technique. Plafond : il est de 15 % du coût de l œuvre pour le dispositif fédéral et de 32,5 % du coût de l œuvre pour le dispositif québécois. Dans les deux cas, il s agit du coût total de l œuvre, net de certaines aides canadiennes, c'est-à-dire qu il tient donc compte de l économie globale de celle-ci. Il peut ainsi dépasser le plafond de 1 M fixé en France. Fonctionnement : comparables au dispositif français, les dispositifs canadiens sont automatiques dès lors que l œuvre est éligible et complètement transparents. En revanche, les délais de récupération, pour le producteur canadien, du montant du crédit d impôt sont beaucoup plus longs (la totalité du montant est versée dans un délai moyen d un an à compter de la délivrance de l agrément définitif de l œuvre) et le formalisme est beaucoup plus lourd. S agissant des œuvres en prises de vue réelles, les dispositifs canadiens sont moins utilisés que les autres dispositifs étudiés et la délocalisation intervient le plus souvent pour des raisons artistiques. En effet, ces dispositifs ne sont pas significativement plus attractifs que le dispositif français pour justifier la lourdeur de la délocalisation dans un pays lointain et où les méthodes de travail ne sont pas les mêmes (les équipes de tournage, notamment, y sont généralement plus étoffées qu en France). Cela dit, le taux de change entre l Euro et le Dollar canadien peut être un élément capital dans la décision de coproduire avec le Canada. Dans le cas notamment de films ayant recours à une importante figuration, les dispositifs canadiens sont particulièrement attractifs. c. Avantages et inconvénients par rapport au dispositif luxembourgeois Comparaison des principaux critères du dispositif de crédit d impôt à la production : Œuvre éligible : le dispositif luxembourgeois impose, comme le dispositif français, le respect d un barème avec un minimum de 50 points au total pour la fiction uniquement et un minimum de 10 points pour l équipe technique et de 2 chefs de poste pour être éligible. Toutefois, le barème reste beaucoup moins contraignant qu en France puisque pour obtenir la totalité des 45 points dévolus au tournage, il suffit de tourner au moins 50 % du film au Luxembourg alors que s agissant du dispositif français, le simple fait de délocaliser une journée pour des raisons autres qu artistiques fait perdre l intégralité du bénéfice du crédit d impôt. 16 Etude comparative des systèmes d incitation fiscale

Taux : il se situe entre 15 % et 29 % selon le nombre de points au barème) contre 16 % en France. Le maximum de 29 % est atteint à 100 points sur le barème de 210 points et dépend aussi des conditions de revente du «Certificat d Investissement Audiovisuel» (CIAV). La relative facilité d obtention de 100 points permet aux producteurs, dans les faits, d obtenir aisément un taux effectif plus près de 29 % que de 15 %. Dépenses éligibles : la base des dépenses éligibles est la plus large des différents dispositifs étudiés et est beaucoup plus avantageuse que toutes les autres puisqu il s agit de toutes les dépenses de production (y compris les dépenses des coproducteurs), c'est-à-dire le coût définitif de l œuvre tel que déposé à l agrément de production. Plafond : il est de 2,5 M, c est-à-dire plus élevé que le plafond de 1 M fixé en France, mais il est atteint beaucoup plus rapidement en raison de l assiette très large des dépenses éligibles. Ce système profite donc davantage à des œuvres qui présentent un budget dit «moyen», c est-à-dire en deçà de 6 M. Fonctionnement : le dispositif luxembourgeois est en partie sélectif puisque l enveloppe annuelle des CIAV est fixée par avance par le FONSPA. Contrairement au dispositif français, le nombre de coproductions pouvant bénéficier des CIAV est donc limité. d. Avantages et inconvénients par rapport au dispositif allemand Comparaison des principaux critères des dispositifs : Œuvre éligible : le dispositif allemand est uniquement éligible aux œuvres cinématographiques, avec des conditions de budget minimum (1 M pour les fictions, 2 M pour l animation, 200 K pour les documentaires). L œuvre est soumise à un test culturel, différencié selon le genre et pour lequel l ancrage allemand ou la culture allemande sont importants. Enfin, 20 % des dépenses du film doivent impérativement être réalisées en Allemagne et le distributeur salles doit être actif et expérimenté. Taux : le taux applicable est de 20 %, au même niveau que le taux du crédit d impôt français. Dépenses éligibles : L éligibilité des dépenses reste globalement plus souple que dans le dispositif français. Ainsi, les salaires d interprétation sont-ils éligibles dans la limite de 15 % des dépenses totales en Allemagne. En France, les dépenses d interprétation de moins de 4 cachets sont exclues et il existe un plafonnement syndical des cachets pour les rôles principaux. Au niveau des frais de déplacement et voyages, seuls ceux des acteurs sont exclus en Allemagne alors que le poste 6 (transports, défraiements, régie) est intégralement exclu pour le crédit d impôt français. Si les frais d assurance, de financement et conseils juridiques ne sont pas éligibles, en revanche les frais généraux et imprévus le sont même s ils sont plafonnés respectivement à 7,5 % (1 M ) et 8 %. Le dispositif français exclut quant à lui intégralement ces dépenses de l assiette de calcul. Etude comparative des systèmes d incitation fiscale 17

Plafond : il est de 4 M, soit sensiblement plus élevé que le plafond français (1 M ). Il peut même être porté à 10 M si les dépenses allemandes représentent plus de 35 % du devis total ou si l œuvre obtient plus des 2/3 des points au test culturel. Ce système est donc également favorable aux films à gros budgets, et vise notamment à attirer les superproductions hollywoodiennes. Fonctionnement : Le dispositif DFFF est venu remplacer à partir de 2007 le système précédent d incitation fiscale indirecte des Medienfonds, très critiqué de par son manque de contrepartie claire à l avantage fiscal consenti par l Allemagne. Le dispositif allemand DFFF n est pas en tant que tel un mécanisme d incitation fiscal, mais s apparenterait plutôt à un fonds de soutien. Toutefois, par sa vocation de localisation des tournages, son éligibilité aux producteurs étrangers et l automaticité de son fonctionnement (taux appliqué sur une assiette de dépenses), il est très souvent apparenté aux crédits d impôt proposé par les autres pays. Même s il s agit d un régime dérogatoire sur demande du producteur, le versement s effectue par tiers : au début du tournage, au montage et à la reddition des comptes. Le dispositif allemand présente des conditions d éligibilité des œuvres favorables, un fonctionnement souple, un plafonnement haut et un versement des sommes dès le début du tournage qui le rendent particulièrement attractif, que ce soit pour des petits comme des gros budgets. A cela s ajoutent des capacités de tournage de qualité (studios Babelsberg notamment) et un cumul possible avec d autres aides (aides régionales via les Landers, mini-traité franco-allemand, etc.). e. Avantages et inconvénients par rapport au dispositif hongrois Comparaison des principaux critères des dispositifs : Œuvre éligible : le dispositif hongrois est beaucoup plus souple que le dispositif français puisque toute œuvre entrant dans le champ de l accord de coproduction entre la France et la Hongrie est éligible. Plus largement, le test culturel rend éligible très facilement toute coproduction européenne dans la mesure où les points sont attribués dès lors que l œuvre traite de la culture nationale ou européenne, la langue de tournage n est pas réduite au hongrois mais peut être l une des langues de l espace économique européen, etc. Taux : le taux applicable est de 20 %, au même niveau que le taux du crédit d impôt français. Dépenses éligibles : la base de dépenses éligibles du dispositif hongrois est plus large que celle des dépenses françaises, puisqu elle comprend toutes les dépenses réalisées en Hongrie dans les phases de préproduction, production et postproduction (y compris les dépenses des postes 3 (interprétation), 5 (décors et costumes), 6 (transports, défraiement, régie) et 9 (assurances et divers) non éligibles ou éligibles sous conditions en France). Le salaire producteur est plafonné à 4 % des dépenses hongroises, mais est totalement inéligible dans le dispositif français. Enfin, le dispositif hongrois est le seul parmi les pays étudiés qui prévoit 18 Etude comparative des systèmes d incitation fiscale

que 25 % des dépenses effectuées à l étranger par le producteur hongrois peuvent également entrer dans l assiette de dépenses éligibles. Plafond : La Hongrie n a pas prévu de plafond pour son dispositif, ni en valeur absolue, ni en pourcentage des dépenses. Ainsi, le montant alloué peut-il très largement dépasser le plafond de 1 M fixé en France. Fonctionnement : le dispositif hongrois est automatique pour les œuvres éligibles, comme le dispositif français. Le crédit d impôt est disponible à l achèvement du film après reddition des comptes et un report est possible sur trois exercices. La Hongrie a également mis en place un crédit d impôt pour soutenir le développement d infrastructures de production et les industries techniques nationales. Ce mécanisme a notamment permis de doter le pays d importantes capacités de tournage en studio. La largesse du crédit d impôt hongrois et la qualité de ses infrastructures, couplée avec des coûts notamment du travail - bien plus bas qu en France, font de la Hongrie une localisation particulièrement avantageuse pour les films nécessitant d importants décors et une figuration nombreuse. Dans de nombreux cas, ces avantages économiques significatifs compensent très largement la barrière de la langue et le risque de travailler avec des équipes techniques manquant d expérience. A noter que le dispositif hongrois est suspendu depuis mai 2011 et devrait être remplacé à compter de 2012 par un nouveau mécanisme de soutien à la production dont les contours n ont pas été précisés à ce stade par le gouvernement hongrois. f. Avantages et inconvénients par rapport au dispositif britannique Comparaison des principaux critères des dispositifs : Œuvre éligible : le dispositif anglais est beaucoup plus souple que le dispositif français puisque toute œuvre entrant dans le champ de l accord de coproduction avec la France est automatiquement éligible. Taux : il est de 20 % (25 % appliqué à 80 % des dépenses éligibles) lorsque le budget du film est inférieur à 20 M. Il est de 16 % (20 % appliqué à 80 % des dépenses) lorsque le budget est supérieur à 20 M. Dépenses éligibles : L assiette de dépenses éligibles est beaucoup plus large que celle du dispositif français. Les dépenses d interprétation, de décors et costumes, ainsi que les frais de déplacement, défraiements et régie sont ainsi intégralement éligibles. A l inverse, le dispositif français prévoit une éligibilité sous conditions pour les postes 3 (interprétation) et 5 (décors et costumes) et une inéligibilité totale pour le poste 6 (transports, régie, défraiement). Les frais d assurance, de publicité et promotion, les frais financiers sont exclus de l assiette, mais les frais généraux, le salaire du producteur et les imprévus entrent dans le calcul du dispositif britannique. Plafond : il est de 80 % des dépenses réalisées dans le pays. A l inverse de la France, le dispositif ne présente pas de plafonnement en valeur absolue, ce qui le rend également intéressant pour les productions à gros budget. Etude comparative des systèmes d incitation fiscale 19

Fonctionnement : le mécanisme a été introduit en 2007 pour remplacer le sale and leaseback, mécanisme indirect d incitation fiscale plus complexe à monter et nécessitant le recours à de nombreux intermédiaires financiers et juridiques. Le mécanisme actuel de crédit d impôt a désormais un caractère transparent et automatique, comparable au système français. Le Royaume-Uni est considéré comme une destination de tournage attractive pour les producteurs étrangers du fait d un mécanisme fiscal particulièrement avantageux couplé à des équipes techniques et des infrastructures reconnues internationalement (studios de tournage Pinewood, sociétés d effets spéciaux, etc.) et de la pratique de la langue anglaise. g. Avantages et inconvénients par rapport au dispositif irlandais Comparaison des principaux critères des dispositifs : Œuvre éligible : le dispositif irlandais est très souple quant à l éligibilité des œuvres au mécanisme d incitation fiscale, dans la mesure où l œuvre doit, soit avoir un impact sur la production irlandaise (c'est-à-dire localiser une part des dépenses sur le territoire et faire travailler l industrie nationale), soit avoir une valeur de promotion et de développement de la culture irlandaise, mais pas les deux à la fois comme c est le plus souvent le cas pour de nombreux pays. Taux : la déductibilité pour les personnes physiques est de 100 % appliquée à la tranche d imposition la plus élevée de l impôt sur les revenus (41 %). Au niveau du producteur et du financement de l œuvre, le taux induit par le mécanisme est généralement compris entre 24 % et 28 %, supérieur au crédit d impôt français de 20 %. Dépenses éligibles : les dépenses éligibles portent sur une assiette bien plus large que le dispositif français, couvrant l ensemble des dépenses du développement et de la préproduction à la post-production, y compris les dépenses des postes 6 (transports, défraiement, régie) et 9 (assurances et divers à l exception des frais d intermédiaires financiers et juridiques, garanties bancaires, liés à la levée de fonds), non éligibles en France, et des postes 3 (interprétation) et 5 (décors et costumes), éligibles sous conditions en France. Sont explicitement exclus les frais intervenant après la livraison du film ainsi que les paiements différés au-delà de 4 mois après la livraison. Plafond : il est de 80 % des dépenses irlandaises éligibles dans la limite de 50 M, ce qui est sans comparaison avec le mécanisme français (1 M ). Le dispositif irlandais est de ce fait particulièrement attractif pour les productions à budget élevé, notamment américaines. Fonctionnement : il s agit d un mécanisme d incitation fiscale indirect, dont le bénéfice fiscal revient à des personnes physiques. Les fonds levés au travers de ce placement privé sont ensuite versés sur un compte créé spécifiquement pour les besoins du film. Le mécanisme est complexe, nécessite de nombreuses pièces pour constituer le dossier et fait très largement appel à des intermédiaires (cabinets juridiques, leveurs de fonds, banques pour les garanties et cautions, auditeurs, ). 20 Etude comparative des systèmes d incitation fiscale