Condûite à tenir devant... Le renforcement musculaire par le travail statique intermittent C. CHAUVI N * Ann. Kinésithér., 980, 7, 297-302 Cette contribution est le volet ((pratique» qui complète la présentation théorique due à Troisier; les applications du TSf sont précises, et aujourd'hui trop répandues pour que certains puissent encore les ignorer. Il ne s'agit pas de remplacer en salle de rééducation le travail en Charge Directe Progressive (RDP) décrite une nouvelle fois par DOTTE dans le volume 2 de ((Kinésithérapie Active» (Masson, 979) et utilisée avant cela depuis de nombreuses années; les deux techniques de travail, l'une dynamique et l'autre statique, se complètent en offrant un éventail applicable différentiellement aux pathologies qui nous sont confiées. A l'intention de nos lecteurs qui s'intéressent au renforcement du muscle, signalons également ((Force musculaire et musculation en Kinésithérapie», Ann. Kinésithér., 976, 3, 23-234. Introduction Le renforcement musculaire en rééducation fonctionnelle présente de nombreuses indications en Médecine Orthopédique et en Rhumatologie. Le travail statique intermittent (T.S.!.) comprend au sein de son protocole d'établissement: - La recherche de la force maximale mesurée (F.M.M.). - La détermination de la force maximale théorique (F.M.T.) qui sert de test de référence. La progression résulte de l'évaluation séance. d'une nouvelle F.M.T. à chaque Au cours du T.S.!., le temps de repos est égal au temps de travail, soit 6 secondes soit /0 de minute sur l'abaque (fig. 2). * M.C.M.K., Centre médico-chirurgical climatique «Rhône-Azur», F 0500 Briançon. 297
Application pratique Comment déterminer la F.M.M. Deux possibilités: - Le statergomètre, appareil électronique qui permet de mesurer la force maximale que peut développer un muscle ou un groupe musculaire. La valeur de la force maximale développée est alors mise en mémoire automatiquement. - Soit la méthode d'essai et d'erreur réalisée par le thérapeute qui amène passivement le membre ou segment de membre soumis à une charge dans la position désirée pour le renforcement. Demande au sujet de tenir le membre ou segment de membre dans cette position pendant un temps très court de l'ordre de la seconde. Reprend et ramène passivement le membre ou segment de membre dans la position de repos initial. Cette méthode est renouvelée avec une minute d'intervalle entre chaque essai, le thérapeute augmentant,la charge de 0,5, ou 2 kg, après chaque réussite. L'opération est répétée jusqu'au moment où le sujet ne tient plus la contraction. La F.M.M. représentant alors la charge de l'essai précédent. Il est à préciser qu'au cours de cette méthode, le membre ou segment de membre doit être pendant la minute de repos maintenu par le thérapeute ou par une suspension afin d'éviter toute contrainte articulaire, musculaire ou ligamentaire. ~-----_._-~ /, / \ / \ 298 FIG.. - Système de pouliethérapie + poignée + suspension.
~------------~ \ \,, \, \ ~i::çj ""'- FIG. 2. - Amène passivement le membre ou segment de membre dans la position désirée..- - ~,)." \ "l: ~~. ~~ FIG. 3. - Contracte son muscle ou groupe musculaire. Relâche la poignée. Maintient la position 6 secondes. 299
Comment déterminer la F.M.T. La F.M.T. se détermine par l'épreuve de fatigue (3) Deux possibilités: - Le statergomètre (voir méthode d'évaluation de la force musculaire par le travail statique). Avec ce matériel, la course articulaire nécessaire à la contraction est tellement minime qu'il n'est pas nécessaire d'adjoindre un circuit de poulie pour amener le membre ou segment de membre dans la position désirée mais qu'une suspension suffit amplement. - Le système de pouliethérapie + poignée + suspension (fig. ): exemple sur le quadriceps fémoris. Le sujet par ce système:. Amène passivement le membre ou segment de membre dans la position désirée (fig. 2). Contracte son muscle ou groupe musculaire (fig. 3). Relâche la poignée (fig. 3). Maintient la position six secondes (fig. 3). Reprend la poignée. Relâche son muscle ou groupe musculaire. Revient passivement à la position initiale de repos. Repos six secondes. Tout comme la recherche de la F.M.M. une suspension évite toutes contraintes lors du repos. L'épreuve se poursuit jusqu'à l'apparition de la fatigue musculaire locale correspondant au moment où le sujet ne parvient plus à tenir la contraction six secondes et où il apparaît une diffusion de contraction à distance du muscle ou groupe musculaire (4). Choix de la force utilisée pour l'épreuve de fatigue pour la recherche de la F.M.T. Le choix de cette force résulte du but recherché. Soit nous recherchons: un travail de renforcement musculaire, nous utiliserons une force f égale à 80 % de la F.M.M. Soit un travail de renforcement musculaire + endurance, nous utilisons alors une force f égale à 50 % de la F.M.M. dans l'idée d'augmenter le nombre de contractions lors de l'épreuve de fatigue. Calcul de la F.M. T. 300 La F.M.T. se calcule selon l'abaque du T.S.. Le sujet réalise un certain nombre de contractions:
/oe7370 24 2426 789 5049 5857 3234 626 8078 5352 7075 00 2345 68 6665 64 6 8 22 48 4746 93 8784 83 77 57 5656 54 5 90 20 36 3840 55 60 28 de 96 minute 00 30 65 75 50 59 Chaque contraction durant six secondes, la lecture du nombre de contractions se lira dans la ligne correspondant au /0 de min ute. Immédiatement situé en-dessous du nombre de contractions se trouve le % de F.M.T. en rapport avec ce nombre de contractions. Exemple: 8 contractions = 66 % de la F.M.T. 65 contractions = 50 % de la F.M.T. La F.M.T. = _f_ (f = force utilisée pour l'épreuve de fatigue) % Exemple numérique: F.M.M. = 5 kg - Epreuve de fatigue faite avec f f f 80 % F.M.M. 5 x 80 00 2 kg Le sujet réalise 24 contractions soit 62 % de F.M.T. F.M.T. = ~ = 2 = 2 x 00 = 93 k. % 62/00 62. g Poursuite du traitement - Trois séances par semaine, de préférence réalisées aux mêmes heures. - Chaque séance étant une nouvelle épreuve de fatigue, la force utilisée est: soit 50 % soit 80 % de la F.M.T. de la séance précédente. Le calcul de la nouvelle F.M.T. se fait comme précédemment. Cas de la force maximale douloureuse (F.M.D.) Une fois la F.M.D. déterminée: La F.M.T. se calcule toujours par l'épreuve de fatigue. 30
---...- ---------------------------------------- r Mais le travail de renforcement musculaire doit se baser sur la F.M.D. et non sur la F.M.T. car le seuil douloureux risquerait d'être dépassé. On doit calculer la F.M.D. avant chaque séance afin d'en prendre les 70 % ou 80 % pour l'épreuve de fatigue. L'évolution se constate par une augmentation de la F.M.D. et par conséquent de la F.M.T. DISCUSSION Lorsque l'on utilise la méthode d'essai et d'erreur et que l'on pratique l'épreuve de fatigue avec une force f = 50 % de la F.M.M., il n'est pas rare de trouver une équivalence entre la F.M.M. et la F.M.T. simplement parce que l'établissement de la F.M.M. est une épreuve de fatigue en soi (). Le problème n'existe pas lorsque l'on utilise une force f = 80 % de la F.M.M. Sur le plan des délais, des travaux récents ont permis de constater qu'au bout de trois semaines, un sujet atteint d'une affection récupère une F.M.T. équivalente à celle d'un sujet pris au début d'un même renforcement musculaire (). Bi bliographie. CHAUVIN (C.). - Renforcement musculaire du quadriceps fémoris en travail statique intermittent d'après la méthode d'essai et d'erreur. Mémoire E.C.K., Bois-Larris, 979. 2. POTTIER (M.), LILLE (F.), PHUON (M.), MONOD (H.). - Etude de la contraction statique intermittente. Le travail humain, 969,27-284. 3. SCHERRER (S.). - Physiologie du travail, tome, Masson, édit., Paris, 967. 4. TROISIER (O.). - Evaluation de la force musculaire maximale par les épreuves de fatigue musculaire locale.ann. de Méd. Phy., 976, 9,309-327. 302