La croissance. Quelles sont les sources de la croissance? Introduction

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6 Quelles sont les sources de la croissance? Introduction Introduction I. Regard historique sur la croissance économique II. La croissance économique trouve son origine dans l utilisation des facteurs de production III. La croissance est un phénomène instable qu il faut réguler Conclusion La croissance économique française a été nulle au cours de l année 2012 d après l Institut national des statistiques et des études économiques (INSEE). Après un retour de la croissance en 2011 avec un taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) de 1,7 %, l activité économique semble avoir du mal à repartir. Les difficultés économiques que connaît la France s inscrivent dans un contexte économique européen particulièrement dégradé. Dans un rapport de l Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), Pier Carlo Padoan, économiste en chef, écrit que les mauvaises performances des pays de la zone Euro pourraient se transformer en «stagnation, avec des conséquences négatives pour l économie mondiale». La croissance économique est définie par François Perroux comme «l augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues, d un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global en termes réels». Aujourd hui, la plupart des systèmes de comptabilité nationale et les différents organismes internationaux mesurent la richesse à partir de l activité de production. Ainsi, le PIB, somme des valeurs ajoutées des différentes organisations productives présentes sur un territoire, mesure les créations de richesse au cours du processus productif. On peut alors, mesurer la croissance économique annuelle d un pays, en calculant le taux de variation du PIB d une année à l autre. La croissance économique est l un des principaux indicateurs de performance économique et permet ainsi les comparaisons historiques et géographiques. La La croissance 35

croissance économique a des conséquences sur l emploi, sur le niveau de vie des habitants et peut, bien qu elle s en distingue, avoir un impact sur le développement économique, entendu comme une combinaison de changements mentaux et sociaux d une population menant au progrès social. La croissance économique n est pas stable dans le temps ; elle connaît des phases irrégulières de hausse, de ralentissement, voir de recul. On parle ainsi de récession dès lors que la croissance devient négative et de dépression lorsque le niveau absolu de production, mesuré par le PIB, recule de manière durable. Pour mieux comprendre le fonctionnement des économies, il faut s interroger sur les sources de la croissance. Quels sont les moteurs de la croissance économique? Quels sont les principaux éléments favorisant l augmentation durable et soutenue de la production? Après un regard historique sur la croissance (I), l origine de la croissance sera questionnée (II) ainsi que les raisons de son instabilité (III). Regard historique sur la croissance économique La croissance dans l histoire de la pensée : des mercantilistes à Adam Smith Adam Smith (1723-1790) est considéré par les économistes comme le père fondateur de la science économique. En effet, son ouvrage publié en 1776 intitulé La richesse des nations rencontre un franc succès car il marque une rupture dans l histoire de la pensée économique. Les mercantilistes (XV e -XVI e siècle) considèrent que la richesse provient de l accumulation de métaux précieux (argent, or, etc.). L économie apparaît comme un moyen pour les nations d asseoir leur puissance. Les politiques mercantilistes visaient à développer des activités commerciales et préindustrielles grâce à un ensemble de mesures fortement protectionnistes. Adam Smith présente la compagnie anglaise des Indes orientales comme l exemple type de dispositif mercantiliste (monopole d exploitation) pouvant mener au gaspillage des ressources et à un appauvrissement du pays concerné. Pour les physiocrates, incarnés par Boisguilbert ou encore Cantillon, l appauvrissement de la France sous Louis XIV est la conséquence des politiques mercantilistes. Pour cette école de pensée française du XVII e siècle, la richesse provient principalement de la nature, et de l agriculture. On retrouve chez les auteurs physiocrates quelques éléments de la science économique telle que nous la connaissons aujourd hui, cependant, ils n ont pas été capables de penser la révolution industrielle. 36

Adam Smith pose donc les bases de l économie classique. L originalité de son œuvre est de modifier l objet du désir d enrichissement. Pour les mercantilistes, il faut accumuler des métaux précieux, pour Smith, l origine des richesses réside dans l accumulation du capital. La soif d accumulation illimitée du capitaliste nécessite alors l emploi de travailleurs productifs. La richesse des nations provient pour Smith de la capacité qu ont les nations à étendre les marchés et à diviser le travail. Les études empiriques montrent que la croissance mondiale décolle au XIX e siècle Angus Maddison a travaillé sur la publication de séries longues de données sur le PIB. Ces travaux permettent d analyser l évolution du PIB par habitant dans le monde depuis 2000 ans. On peut repérer différentes périodes où le PIB par habitant augmente considérablement. Vers la fin du XIX e siècle, le PIB par tête passe de 873$ en 1870 à 1526$ en 1913. Cette croissance soudaine et rapide s explique en grande partie par la révolution industrielle que connaissent les principaux pays développés. Entre 1950 et 1975, on observe aussi une forte croissance mondiale où le PIB par habitant au niveau mondial est multiplié par deux sur la période passant de 2113$ à 4095$. On parle alors des «Trente glorieuses» comme d une phase de croissance exceptionnelle. Il existe de grands écarts de PIB par tête entre différentes régions du monde. L Afrique et l Europe de l ouest par exemple connaissent des rythmes de croissance très différents. Certains économistes comme W.W. Rostow (1960) expliquent ces écarts de PIB par habitant par un processus historique de développement. Selon Rostow, les sociétés passent par différentes étapes de développement : la société traditionnelle, l émergence des conditions préalables au décollage, le décollage de la croissance, le progrès vers la maturité et l ère de la consommation de masse. La France connaît ainsi sa phase de décollage entre 1830 et 1860. Les conditions préalables au décollage sont par exemple, la stabilité politique ou l existence de droits de propriétés. Mais l étape décisive du décollage de la croissance, permettant notamment de comprendre les différences de niveaux de richesse entre les différentes nations du monde, est l accroissement de l épargne et de l investissement. On rejoint ainsi, l argument de Smith plaçant l accumulation du capital à l origine de la croissance. 37

La croissance économique trouve son origine dans l utilisation des facteurs de production L augmentation des quantités de facteurs de production la croissance extensive permet d expliquer la croissance Le travail et le capital sont les deux facteurs de production. Pour produire, les organisations productives combinent du travail et du capital. Les économistes écrivent ainsi cette relation : Y = F(K,L). Ainsi, si le capital (K) et le travail (L) augmentent, le produit global (Y) augmente aussi car F est une fonction croissante. On parle alors de croissance extensive. En effet, une augmentation des quantités de l un des facteurs de production est censée mathématiquement entraîner une augmentation du niveau de production global. Il s agit donc là d un des mécanismes clés de la croissance économique. Du côté du facteur travail, son évolution dépend de la croissance démographique. Ainsi, Jean Bodin, célèbre juriste, fut l un des premiers à affirmer son désaccord aux théories mercantilistes en déclarant en 1576 «Il ne faut jamais craindre qu il y ait trop de sujets, trop de citoyens, vu qu il n y a de richesse, ni de force que d hommes.» Ainsi, par exemple, nombreux sont les économistes et les démographes à craindre pour la pérennité de la croissance économique allemande au regard de l évolution défavorable de leur démographie. Cependant les liens entre population active et croissance économique semblent plus complexes qu on peut le penser. Il faut aussi tenir compte du taux d emploi et de la durée du travail. Du côté du capital, l accumulation de celui-ci se fait via l investissement. Les dépenses d investissement correspondent aux achats de biens de production. Tous les investissements ne permettent pas nécessairement d augmenter le potentiel productif d une organisation productive. Ainsi, par exemple, les investissements de remplacement ont pour objectif de remplacer le capital obsolète. En revanche, les investissements de capacité visent à augmenter les stocks de biens de production en achetant de nouveaux équipements. Ces investissements apparaissent alors favorables à la croissance économique. Une étude d Eurostat (2010) sur la contribution des facteurs de production à la croissance montre par exemple que pour une croissance annuelle moyenne de 1,9 % entre 1996 et 2008, 0,9 point sont imputables à l apport du facteur travail et 0,5 point sont attribuables à l accumulation du capital. Cette étude, inspirée notamment des travaux de Carré, Dubois et Malinvaud (1972), montre qu une part non négligeable de la croissance économique s explique par la productivité globale des facteurs, à hauteur de 0,5 point. La contribution des facteurs de production à la croissance n est alors pas suffisante pour expliquer entièrement la croissance économique. 38

Croissance intensive : la croissance trouve son origine dans une meilleure utilisation des facteurs La croissance intensive correspond à une meilleure utilisation des facteurs de production. Celles-ci est notamment permise par l introduction du progrès technique entraînant une augmentation de la productivité globale des facteurs. L étude d Eurostat citée précédemment explique principalement l écart de croissance entre les États-Unis et l Europe par l écart de contribution de la productivité globale des facteurs à la croissance. Entre 1996 et 2008, les États- Unis connaissent une croissance de 2,8 % en moyenne par an. 1,2 point de cette croissance s explique par la productivité globale des facteurs, ce qui correspond à une contribution deux fois plus importante qu en Europe. La productivité des travailleurs, l une des principales sources de la croissance, peut s améliorer sous plusieurs conditions. Elle dépend de l intensité capitalistique, de l organisation du travail mise en place (division du travail, spécialisation des tâches, conditions de travail, rémunération, etc.), du niveau de qualification de la main d œuvre et du progrès technique et de l innovation. La Chine, par exemple, qui connaît un taux de croissance annuel moyen d environ 9 % entre 1996 et 2005, prend conscience de l importance de l innovation pour la croissance. Elle a ainsi vu augmenter ses dépenses de recherche et développement (R&D) de 0,64 % à 1,33 % du PIB entre 1997 et 2005. Au regard de l importance du progrès technique comme source de croissance, des économistes contemporains (Paul Romer, Robert Barro, Robert Lucas, Philippe Aghion et Peter Howitt) ont développé à partir des années 1980 la théorie de la croissance endogène. Le progrès technique est ainsi considéré comme une cause et une conséquence de la croissance. On parle de croissance endogène, car c est la croissance qui va favoriser les dépenses de R&D qui vont à leur tour favoriser par la suite la croissance économique. L investissement dans les sources du progrès technique entraîne des externalités positives rendant possibles des rendements d échelle croissants. La croissance économique dépend donc du travail, du capital mais aussi du progrès technique, pour autant il semble que d autres éléments sont à prendre en compte au regard notamment des fluctuations que celle-ci connaît. La croissance est un phénomène instable qu il faut réguler La croissance est un phénomène instable Les économistes ont mis en évidence trois cycles : le cycle de Kitchin (40 mois), le cycle de Juglar (8 à 10 ans), le cycle de Kondratieff (50 à 60 ans). Au cœur de ces cycles, Joseph Schumpeter y place les dynamiques d innovations et les cycles de produit. Les innovations arrivent par grappe et sont ainsi à 39

l origine de cycle économique. Ainsi, les entrepreneurs jouent un rôle crucial dans la dynamique des économies contemporaines. Joseph Schumpeter développa le concept de «destruction créatrice» pour expliquer ce phénomène. L économie connaît aussi des chocs qui viennent perturber la croissance économique. L instabilité de la croissance peut s expliquer de différentes manières. La croissance peut connaître des chocs d offre. Les chocs pétroliers, ou encore les incidents climatiques, par exemple ont un impact sur les coûts de production des entreprises et tendent ainsi à réduire l offre de biens et de services sur les marchés entraînant un ralentissement, voir un recul de la croissance économique. Les chocs sur les marchés financiers ont également un impact sur la croissance. La crise des «subprimes» de 2008-2011 en est un bel exemple. D abord crise bancaire, provoquée par un excès de crédit aux États-Unis, cette crise à travers la technique de la titrisation se transmet au reste du monde, et entraîne alors quasiment simultanément une baisse de la production, de la demande et une hausse du chômage. Enfin, les économies peuvent connaître des chocs de demande. La consommation finale des ménages étant insuffisante, les entreprises anticipent la demande future en réduisant leurs investissements c est le principe de la demande anticipée entraînant ainsi une récession ou une dépression économique. Face aux soubresauts que connaît la croissance, les pouvoirs publics peuvent jouer un rôle important. Le rôle des politiques publiques doit être de réguler cette instabilité L équilibre macro-économique [PIB = consommation + investissement + dépenses publiques + solde commercial + variation des stocks] présenté ici permet de comprendre les différents leviers de la croissance sur lesquels l État peut essayer de jouer. L État peut mettre en place des politiques économiques structurelles ou conjoncturelles suivant l analyse économique de la situation nationale. Pour cela le concept de croissance potentielle est notamment utile. Les autorités publiques doivent chercher avec différents instruments (budget, règlement, ou taux directeur) à soutenir la consommation, favoriser les investissements des entreprises, internaliser les externalités, favoriser le progrès technique, protéger les innovations et effectuer des dépenses d éducation et de formation. Les théoriciens de la croissance endogène ont redonné un rôle aux politiques publiques remettant en cause la théorie libérale néo-classique en montrant que les États doivent stimuler et encourager l innovation et l accumulation du capital. 40

Conclusion La croissance économique trouve son origine d après Adam Smith dans l accumulation du capital. Ainsi on observe que c est à partir du XIX e siècle que la croissance mondiale décolle. La croissance économique dépend principalement du volume de travail, de capital présent dans une économie et est très fortement influencée par le rythme des innovations. Face au caractère instable de la croissance, les pouvoirs publics ont alors le devoir de mettre en place des politiques de soutien à la croissance. Alors que la recherche d une croissance économique élevée est devenue l objectif central de la plupart des pays développés, nous sommes amenés à nous interroger sur le caractère soutenable de la croissance. Pouvons-nous continuer à baser nos modèles de développement sur la croissance économique tout en garantissant un niveau de bien-être équivalent aux générations futures? 41