L IMPRESSION 3D : PORTE D ENTRÉE DANS L INDUSTRIE DU 21 ÈME SIÈCLE



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Transcription:

L IMPRESSION 3D : PORTE D ENTRÉE DANS L INDUSTRIE DU 21 ÈME SIÈCLE Avec le concours de l Institut Boostzone Chambre de commerce et d'industrie de région Paris Île-de-France 27, avenue de Friedland F - 75382 Paris Cedex 8 www.cci-paris-idf.fr/etudes Registre de transparence de l Union européenne N 93699614732-82 Joël ROSENBERG, Conseil général de l Armement Pascal MORAND, CCI Paris Ile de France Dominique TURCQ, Institut Boostzone

AVANT-PROPOS Début 2014, le ministre de la Défense a missionné le Conseil général de l armement en vue de procéder à un état des lieux et à un diagnostic de la fabrication additive, ainsi que de déterminer ses enjeux stratégiques et de formuler des recommandations. Sur cette base, le Conseil général de l armement a proposé à la CCI Paris Ile-de-France, très engagée dans la mise en œuvre de la «nouvelle industrie», de mettre en place une coopération visant à développer une approche partagée et à réaliser une étude conjointe. Ainsi, put être élargi le projet à l industrie et à l économie en général, la fabrication additive étant une technologie transversale. Nous nous réjouissons de la réalisation et de la publication de cette étude qui met en exergue l importance que revêt la maîtrise des développements les plus avancés de cette technologie, au même titre que sa diffusion la plus large dans le tissu économique et sociétal. Destinée aux décideurs publics et privés, elle a vocation à leur faciliter l appropriation du potentiel substantiel d innovation inhérent à la fabrication additive et à leur donner les clefs de sa mise en œuvre. 3

SYNTHÈSE DE L ÉTUDE L impression 3D représente un enjeu industriel, économique, sociétal majeur pour notre pays. Cette étude a pour objet de le caractériser. Elle démontre que la France doit sans attendre mettre en place une véritable stratégie pour en saisir les opportunités à l image de ce que font déjà la plupart des grands pays industriels de la planète. Elle comporte cinq parties décrivant les principaux volets et défis associés, des recommandations ainsi qu un corps d annexes. UN ÉCOSYSTÈME NOUVEAU SE MET EN PLACE L impression 3D n est pas simplement un ensemble, par ailleurs complexe, de technologies. Elle ouvre la voie vers un nouvel écosystème industriel, économique, scientifique, social, sociétal. Industriel car elle implique des procédés de fabrication, des matériaux, des logiciels, encore en pleine effervescence créative. Economique car elle va bouleverser les chaînes de valeur de nombreuses industries, de l aéronautique à la mode et rendre obsolètes nombres de modes de production de biens et de services actuels. Scientifique car ces procédés font appel à d importants travaux de recherche notamment dans les domaines des machines, des matériaux et des logiciels. Social car elle va demander à tous les acteurs économiques jusqu au consommateur de revoir leurs positions sur la valeur des savoir-faire acquis et l urgence pour tous d en acquérir d autres. Sociétal car le grand public averti va développer un accès direct à la production d objets et la fabrication additive s inscrit aussi dans la tendance inexorable visant la préservation de notre environnement. DES PROCÉDÉS, DES MATÉRIAUX ÉMERGENTS Bien que la fabrication additive ait déjà plusieurs décennies d existence pour les spécialistes, en particulier en prototypage, elle n est apparue aux yeux des dirigeants et du grand public que récemment avec l arrivée sur le marché d imprimantes de bureau qui ont pu contribuer à faire croire en l avènement d une ère de sciencefiction où chacun pourrait quasiment imprimer sa voiture dans son garage. Cela dit, ces aspects de gadget ont favorisé la prise de conscience de l existence de ces technologies. Ce rapport souligne qu il s agit d un saut technologique de par les machines, d un phénomène aux implications sociales et sociétales importantes de par les Fab Labs par exemple, et enfin d un possible bouleversement du concept même de certains produits puisque désormais des séries courtes, des pièces uniques et des pièces antérieurement impossibles à fabriquer sont aisément envisageables. Il faut cependant, pour les aborder de façon sereine, tout d abord en avoir une vue historique et objective, puis appréhender en quoi les procédés, les machines, les matériaux, même le vocabulaire (un lexique bilingue est fourni au lecteur) doivent être analysés dans le cadre de l écosystème nouveau. Il faut aussi comprendre que les différents procédés présentent des contraintes et des potentiels différents. Cette analyse fait l objet de la partie 1. 4

DES MARCHÉS EN RÉORGANISATION PERMANENTE La fabrication additive est une innovation d origine d abord industrielle. Elle ne peut exister que grâce à la combinaison complexe de technologies de pointe, depuis les matériaux jusqu aux machines, aux logiciels de conception et de production. Le développement rapide et en parallèle de ces nombreuses technologies qui peuvent désormais se combiner, et la péremption de certains brevets, expliquent en grande partie pourquoi aujourd hui on peut voir une croissance vertigineuse des possibilités offertes par ces procédés. Le marché des concepteurs-fabricants se divise en deux grands blocs, l un autour des procédés thermoplastiques, l autre autour des procédés métalliques. Des grands fabricants de machines et de matériaux sont en train d émerger, principalement aux Etats-Unis, en Allemagne, en Chine. Ce secteur est en pleine effervescence avec des créations de start-up et de nombreuses acquisitions : une consolidation au profit d acteurs dont la valorisation reste modeste. L industrie est actuellement dans une phase de spécialisation, de recherche de sophistication dans les procédés et les matériaux et d internationalisation. Face à ce bouillonnement, la plupart des gouvernements s interrogent sur la meilleure politique publique à inventer pour que les pays restent dans la course et transforment ces nouvelles technologies en avantages compétitifs. L une des difficultés rencontrées dans la définition et la mise en place de ces politiques, est qu il ne s agit pas simplement de regarder et d encourager un élément précis de l écosystème nouveau (comme les machines) mais de voir comment permettre à l ensemble de l économie, à la croissance, à la compétitivité et à l emploi de capter les bénéfices de cette rupture technologique. A titre d exemple, les seules estimations sur le volume des industries de machines confirment toutes de très fortes croissances attendues mais cela n indique en rien la croissance qui peut apparaître chez les utilisateurs des machines. Par exemple, selon le cabinet Wohlers, l industrie de la fabrication additive (machines, matériaux, services, y compris les conférences, les formations, etc.) a mis 20 ans pour atteindre le premier 1MM$, en 2006. En 2014, cette industrie représente 4,1 MM$, soit un taux de croissance de 35,2%. Ce même cabinet (étude mai 2014) prévoit une accélération : 7 MM$ en 2016 et environ 12,5 MM$ en 2018, 20 MM$ en 2020. Un autre cabinet (IHS, étude septembre 2014) envisage une accélération encore beaucoup plus importante, dépassant les 35 Milliards de dollars en 2020. Mais ne regarder que la partie strictement industrie 3D néglige l ensemble des usages, un peu comme si on regardait l industrie du transport de personnes à l aune du nombre d autobus ou d avions vendus. Ces enjeux et leur analyse détaillée par grands joueurs et par grands pays font l objet de la partie 2. DES CHAÎNES DE VALEUR NOUVELLES DEMANDENT DE NOUVELLES ORGANISATIONS ET EXIGENT DE NOUVELLES COMPÉTENCES La fabrication additive bouleverse les chaînes de valeur à plusieurs niveaux. D abord, à l intérieur des chaînes de valeur existantes, elle met dans une perspective nouvelle la réparation, la longueur des séries, la conception de produits jusqu alors impossibles à fabriquer, l adéquation fine aux besoins des clients, le recyclage, etc. Ces bouleversements demanderont à court terme de revoir la façon de travailler dans les grands groupes (interdépendance accrue des fonctions) et entre les groupes industriels (remise en cause de la relation client fournisseur, celle-ci devenant plus critique en termes de compétitivité). Par ailleurs, l absence d économie d échelle dans la fabrication additive, couplée à un coût unitaire potentiellement diminué et à de nouveaux modèles économiques, va induire une reconfiguration du dispositif industriel s agissant notamment du rôle des PME et des territoires et plus largement du processus de localisation de la production à l échelle internationale. 5

Enfin, elle soulève des questions profondes par les interdépendances qu elle entraîne, liées au fait qu elle est au cœur de la création d un nouvel écosystème. Les démarches d innovations doivent désormais intégrer de nombreuses technologies simultanément. Les impacts environnementaux comme les enjeux de santé/sécurité des opérateurs, aussi bien des technologies anciennes et nouvelles, doivent en conséquence être reconsidérés. La sécurité industrielle et la propriété intellectuelle des procédés, des marques, des designs doivent être revues, notamment parce que la combinaison de l imprimante 3D et le fait qu elle fonctionne grâce à des fichiers numériques permet (théoriquement et bientôt pratiquement) la reproduction de produits en tous lieux. Cela entraîne des enjeux analogues à ceux que l on connaît dans la musique ou l image mais avec des objets bien réels. Ces enjeux s ajoutent, en les multipliant, à ceux, déjà bien connus mais souvent mal maîtrisés, de la contrefaçon, par exemple dans l univers des pièces détachées. Par ailleurs, l ensemble du système éducatif et de formation doit être repensé pour faire face aux implications soulevées par ces technologies, qu elles soient quantitatives (cette technologie va-t-elle créer ou détruire des emplois?) ou surtout qualitatives (comment permettre l adéquation entre les savoir-faire disponibles et les savoir-faire nécessaires? Comment revoir les programmes d éducation et de formation?). Ces analyses font l objet de la partie 3. DES EXEMPLES SECTORIELS CONVAINCANTS Il est impossible de couvrir tous les secteurs concernés tant ils sont nombreux. Ce rapport s est focalisé sur des secteurs industriels. Toutefois, il ne faut pas oublier que la plupart des secteurs des services sont impactés de façon directe ou indirecte. Tels la logistique et la distribution (puisque des produits peuvent être plus individualisés ou même fabriqués sur place et non plus transportés), les services juridiques ou la formation (à cause des divers risques et enjeux mentionnés plus haut), les services financiers (la banque et les financements qu elle accorde, l assurance avec les risques qu elle couvre), etc. Les auteurs du rapport se sont centrés en particulier sur l aéronautique et l espace ; la médecine et la santé ; l architecture, la construction et l habitat ; le luxe, la mode, les accessoires. Dans l aéronautique et l espace, la recherche d'améliorations du couple (performances, coût) pour chacun des programmes utilise déjà ponctuellement l'impression 3D. Les nouveaux matériaux, l'innovation dans la conception, la supply chain et la réparation représentent les principaux enjeux, avec l'amélioration des procédés pour atteindre la fiabilité requise par cette industrie qui devrait alors massivement utiliser la fabrication additive. Dans la santé et la médecine, les prothèses en tous genres et la bio-impression sont les grandes innovations en cours. La fabrication additive y est d ores et déjà très répandue et en accélération. L architecture, la construction, l ameublement et le design intérieur en général, vont voir des nouveaux pans d activités se développer. Si aujourd hui la presse se fait l écho de réalisations qui paraissent être des gadgets, les développements de cette industrie sont très prometteurs, de l habitat des pays émergents à de nombreuses innovations créatives dans les pays riches. Le luxe, la mode et le secteur des accessoires sont déjà lancés dans des courses à l innovation des matériaux et des formes qui laissent imaginer un bouillonnement de créativité à venir. Créatifs et ingénieurs y travaillent à la fois sur des matériaux rigides, souples, aux touchers différents ou aux transparences et couleurs nouvelles. En cela, ils constituent des «secteurs laboratoires». Bien qu il soit délicat de faire des recommandations à l ensemble des acteurs publics et privés dans un domaine où le court terme et l histoire ne permettent pas d avoir une vision parfaitement définie du long terme tant la révolution de l impression 3D sera importante et omniprésente, ce rapport présente plusieurs recommandations qui sont apparues aux auteurs comme essentielles. Elles sont détaillées en partie 5 et listées ci-après. 6

Recommandation 1 : Faire vivre une stratégie nationale transverse, multisectorielle, pour développer les technologies avancées de la production Recommandation 2 : Favoriser la création d un institut de la fabrication additive en tant que structure de référence Recommandation 3 : Encourager des partenariats public-privé sur des axes essentiels de collaboration afin d accélérer la clarification des enjeux industriels, scientifiques et sociaux Recommandation 4 : Intensifier la recherche et le développement sur les matériaux Recommandation 5 : Favoriser le développement des outils numériques spécifiques pour la fabrication additive et permettant les simulations fonctionnelles Recommandation 6 : Favoriser le développement de machines dédiées à des applications industrielles et intégrant tous les savoir-faire maîtrisés par les laboratoires et les industriels nationaux Recommandation 7 : Ne pas vouloir tout développer dans l écosystème autour de la fabrication additive et utiliser autant que possible les outils disponibles à travers le monde Recommandation 8 : Etre constant dans l effort comme dans l adaptation permanente Recommandation 9 : Promouvoir une politique européenne en favorisant des rapprochements (JV) sur des technologies, des applications, ou des services nouveaux Recommandation 10 : Mettre en place très rapidement des principes minimaux permettant d assurer la sécurité des personnes, le respect de l environnement et la garantie de la qualité des produits afin de convertir le principe de précaution en avantage plutôt que de le voir devenir un risque Recommandation 11 : Etre présent et prendre position autant qu il est possible dans les débats internationaux relatifs aux normes Recommandation 12 : Encourager les dépôts de brevets sur ces technologies et leurs applications en facilitant la connaissance des procédures auprès des ETI et des PME Recommandation 13 : Soutenir les effets du déploiement de l impression additive dans l ensemble du tissu économique Recommandation 14 : Encourager et permettre l émergence et l appropriation des compétences nouvelles exigées par ces technologies Recommandations 15 : Amener l ensemble des entreprises et des territoires à prendre la mesure de l arrivée de la fabrication additive et les accompagner Recommandation 16 : Répondre à l'obsolescence rapide des machines et dépenses de R&D ou de software liées à la 3D par un amortissement fiscal adapté Recommandation 17 : Sensibiliser toutes les générations et tout le pays dans son ensemble

REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier : les équipes du ministère de la Défense et de la CCI Paris Ile-de-France qui ont collaboré à la réalisation de cette étude et tout particulièrement : Au sein du ministère de la Défense : Philippe Girard, du CGARM, qui s est plus particulièrement occupé de la partie santé, Arnaud Paronian, de la DGA, qui a participé à de très nombreux échanges et points de réflexion, Karim El-Aloua, de l AIA de Bordeaux, qui a été également très sollicité sur toutes les parties techniques et a revu ou co-rédigé certaines d entre elles. Morgane Boulet, graphiste Au sein de la Direction générale adjointe chargée Etudes et mission consultative de la CCI Paris Ile-de-France : Henri Hamon, qui a participé activement à la coordination opérationnelle de l étude, Bernard Cottin, qui a notamment réalisé l analyse des comparaisons internationales, Sébastien Calmont, de l IRPI, qui a coordonné le groupe propriété intellectuelle, Anne Outin-Adam, qui a participé à de nombreux échanges, Cécile Cabanes, qui a contribué à sa finalisation, Laurence Guillot, qui a assuré la mise en forme du document. Nous tenons à dire notre reconnaissance à Georges Taillandier, Alain Bernard, Philippe Vannerot, dirigeants de l Association Française de Prototypage Rapide, avec qui nous avons eu de nombreux et fructueux échanges ; à Frédéric Bouquet, président d Atos, qui a présidé le groupe de travail «général» ; à Erich Spitz, membre de ce groupe de travail, membre de l Académie des sciences et de l Académie des technologies, qui nous a fait bénéficier de sa grande expérience et s est montré d une incessante disponibilité pour un dialogue toujours fructueux ; à Frédéric Brunet, membre élu de la CCI Paris Ile-de-France et auteur du rapport «Le numérique, levier d une nouvelle croissance». Nous souhaitons également remercier tous ceux que nous avons auditionnés dans le cadre du groupe de travail «général», dont la liste figure en annexe 2 ; et les nombreux experts, professionnels, utilisateurs avec lesquels nous avons eu la chance d échanger, tout spécialement les ingénieurs des groupes Airbus, Dassault, Safran qui ont été enthousiastes à partager ces nouvelles perspectives technologiques. Nous remercions aussi pour nous avoir consacré beaucoup de temps, parmi tant de nombreux interlocuteurs, Pierre Vellay, Yannick Loisance, Emmanuel Laubriat, Bertier Luyt, Louis Mariani, André Pineau, Therry Rayna, Gérard Laizé, Jean-Louis Fréchin. Que tous ceux qui nous ont aidés, reçus, renseignés, ou qui nous ont fait part de leur expérience soient assurés de notre reconnaissance. 8

SOMMAIRE INTRODUCTION L ÉCOSYSTÈME DE LA FABRICATION ADDITIVE... 14 PARTIE 1 L'IMPRESSION 3D : PROCÉDÉS, TECHNOLOGIES ET MATÉRIAUX... 19 I - LEXIQUE... 21 II - BREF HISTORIQUE DE L'IMPRESSION TRIDIMENSIONNELLE... 25 A. UNE INNOVATION NÉE SIMULTANÉMENT EN FRANCE ET AUX ÉTATS-UNIS, ET QUI A PROSPÉRÉ AUX ÉTATS-UNIS... 26 B. CRÉATION DE 3D SYSTEMS, LA PREMIÈRE SOCIÉTÉ COMMERCIALISANT DES IMPRIMANTES 3D AUX ÉTATS-UNIS... 27 C. LES FAB LABS ET L IMPRIMANTE PERSONNELLE... 28 III - LES DIFFÉRENTS USAGES DE L'IMPRESSION 3D... 29 A. LE PROTOTYPAGE RAPIDE... 29 B. DE LA FABRICATION DE PROTOTYPES À CELLES DE PIÈCES ACCESSOIRES, D ESSAIS, OU D OUTILLAGES... 30 C. AU PASSAGE À LA PRODUCTION DIRECTE DE PIÈCES UNIQUES, DE PETITES OU DE MOYENNES SÉRIES... 30 D. L INVENTION DU FAB LAB ET L IMPRESSION 3D DOMESTIQUE... 32 E. LES TECHNOLOGIES DE FABRICATION ADDITIVE : DES TECHNOLOGIES GÉNÉRIQUES QUI VONT SE DÉVELOPPER DANS TOUS LES SECTEURS D ACTIVITÉ... 34 IV MATÉRIAUX ET TECHNOLOGIES... 37 PARTIE 2 MARCHÉS ET STRATÉGIES : UNE VRAIE DYNAMIQUE À TOUS LES NIVEAUX... 45 I - ORGANISATION ET STRUCTURE DU MARCHÉ DE L IMPRESSION TRIDIMENSIONNELLE... 47 A. CONTEXTE : APRÈS LA CRISE, UN NOUVEL ÉLAN INDUSTRIEL... 47 B. LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES ÉQUIPEMENTS DANS LE MONDE... 50 1. Trois grands blocs et de nombreux outsiders... 50 2. États-Unis vs. Europe: fabrication thermoplastique vs. fabrication métallique... 52 3. Les types d usages... 54 C. DES ACTIVITÉS QUI NE CESSENT DE SE DIVERSIFIER - UN CHIFFRE D AFFAIRES EN CROISSANCE RÉGULIÈRE FORTE... 57 1. Rétrospective : un marché en nette croissance depuis vingt ans... 57 2. Évaluation du chiffre d affaires par procédé et par zone géographique... 58 D. LES NOUVELLES TENDANCES CONSTATÉES... 62 II - STRATÉGIE INTERNATIONALE DES ACTEURS PRIVÉS : QUELS ENSEIGNEMENTS?... 64 9

III - PANORAMA INTERNATIONAL DES STRATÉGIES MISES EN PLACE PAR LES POUVOIRS PUBLICS : DES BALBUTIEMENTS AUX PLANS STRUCTURÉS, DES SIMPLES ENCOURAGEMENTS À LA COURSE DE VITESSE... 66 A. LES STRATÉGIES PUBLIQUES NATIONALES : DU SIMPLE ENCOURAGEMENT À UN INTERVENTIONNISME MARQUÉE... 68 1. Les Etats-Unis : le «leader historique»... 68 2. Les «coureurs de fond»... 69 3. Les «interventionnistes»... 74 4. Les «opportunistes»... 76 5. Les «défricheurs»... 78 B. LA DYNAMIQUE EUROPEENNE : UNE RÉELLE ANTICIPATION, UN ACQUIS INDÉNIABLE MAIS DES EFFORTS QUI RESTENT À AMPLIFIER... 79 C. LES AUTRES LEVIERS DE L ACTION PUBLIQUE : RECHERCHE, DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL, FORMATION, SENSIBILISATION ET COMMUNICATION... 86 1. Des compétences technologiques et universitaires, à la fois initiatrices et courroies d entraînement des politiques publiques... 86 2. La dynamique régionale : une réalité qui s affirme aussi bien aux Etats-Unis qu en Allemagne qu en Chine... 89 3. Former la «nouvelle garde» : un enjeu aussi bien politique que technique... 90 PARTIE 3 CHAÎNES DE VALEURS, NOUVELLES ORGANISATIONS, NOUVELLES COMPÉTENCES... 93 I LA CHAÎNE DE VALEUR DU MODE DE FABRICATION ADDITIVE... 95 II LES MODÈLES ÉCONOMIQUES DE L IMPRESSION 3D... 102 A. LES LOGIQUES DU COÛT UNITAIRE... 102 B. LE MODÈLE ÉCONOMIQUE SIMPLIFIÉ... 105 C. LE MODÈLE GÉNÉRAL... 108 D. EN RÉSUMÉ... 112 III INNOVATION, QUALITÉ ET GESTION DES RISQUES... 114 A. EXPLOITER AU MAXIMUM L ATOUT TECHNOLOGIQUE... 114 1. Agir sur la chaîne de valeur de la R&D et les «briques technologiques»... 114 2. Tirer parti des avancées de la recherche européenne... 115 B. L IMPACT ENVIRONNEMENTAL DE LA FABRICATION ADDITIVE... 119 1. Réduction du gaspillage : une meilleure efficacité dans l'utilisation des matières premières... 119 2. L efficacité énergétique... 120 C. LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE : POUR UNE PROTECTION DE L INNOVATION... 121 1. La place du brevet... 121 2. Le rôle de la marque... 123 3. La légitime protection des créateurs... 124 D. LA SÉCURITÉ INDUSTRIELLE ET INFORMATIQUE : UN ENJEU POUR CONSERVER DE LA VALEUR... 126 10

IV RELEVER LE DÉFI DE L ADAPTATION DES COMPÉTENCES... 129 A. COMPÉTENCES-CLÉS ET RE-ENGINEERING DE LA CHAÎNE DE VALEUR... 129 1. Nouveaux enjeux... 129 2. La dialectique du consommateur/acteur... 130 B. DES COMPÉTENCES À L EMPLOI... 130 1. L écosystème des compétences... 130 2. Emploi et savoir-faire... 131 PARTIE 4 IMPACTS SECTORIELS : DU CONSTAT À L ANTICIPATION... 133 I - AÉRONAUTIQUE & ESPACE... 135 A. LA QUESTION DES MATÉRIAUX... 136 1. Matériaux thermoplastiques... 136 2. Matériaux métalliques... 137 3. Les autres types de matériaux... 146 B. LA CHAÎNE NUMÉRIQUE... 147 C. FOCUS SUR LA RÉPARATION... 147 II - MÉDECINE & SANTÉ... 154 1. Les prothèses, orthèses et implants... 155 2. La bio-impression... 156 3. Le marché de la bio-impression... 162 4. Les points clés de la bio-impression... 164 III - AUTRES SECTEURS... 166 A. ARCHITECTURE, CONSTRUCTION, DESIGN... 166 1. Architecture et construction... 166 2. Design et aménagement... 171 B. MODE, LUXE ET ACCESSOIRES... 175 1. Les matériaux souples... 175 2. Les matériaux durs... 179 3. La bijouterie - joaillerie... 180 PARTIE 5 RECOMMANDATIONS AUX POUVOIRS PUBLICS ET À L ENSEMBLE DES ACTEURS DE LA FABRICATION ADDITIVE... 183 INTRODUCTION... 184 Recommandation 1 : Faire vivre une stratégie nationale transverse, multisectorielle pour développer les technologies avancées de la production... 185 Recommandation 2 : Favoriser la création d un institut de la fabrication additive en tant que structure de référence... 185 11

Recommandation 3 : Encourager des partenariats public-privé sur des axes essentiels de collaboration afin d accélérer la clarification des enjeux industriels, scientifiques et sociaux... 186 Recommandation 4 : Intensifier la recherche et le développement sur les matériaux... 186 Recommandation 5 : Favoriser le développement des outils numériques spécifiques pour la fabrication additive et permettant les simulations fonctionnelles... 186 Recommandation 6 : Favoriser le développement de machines dédiées à des applications industrielles et intégrant tous les savoir-faire maîtrisés par les laboratoires et les industriels nationaux... 186 Recommandation 7 : Ne pas vouloir tout développer dans l écosystème autour de la fabrication additive et utiliser autant que possible les outils disponibles à travers le monde... 187 Recommandation 8 : Etre constant dans l effort comme dans l adaptation permanente... 187 Recommandation 9 : Promouvoir une politique européenne en favorisant des rapprochements (JV) sur des technologies, des applications ou des services nouveaux... 187 Recommandation 10 : Mettre en place très rapidement des principes minimaux permettant d assurer la sécurité des personnes, le respect de l environnement et la garantie de la qualité des produits afin de convertir le principe de précaution en avantage plutôt que de le voir devenir un risque... 188 Recommandation 11 : Etre présent et prendre position autant qu il est possible dans les débats internationaux relatifs aux normes... 188 Recommandation 12 : Encourager les dépôts de brevets sur ces technologies et leurs applications en facilitant la connaissance des procédures auprès des ETI et des PME... 188 Recommandation 13 : Soutenir les effets du déploiement de l impression additive dans l ensemble du tissu économique... 188 Recommandation 14 : Encourager et permettre l émergence et l appropriation des compétences nouvelles exigées par ces technologies... 189 Recommandation 15 : Amener l ensemble des entreprises et les territoires à prendre la mesure de l arrivée de la fabrication additive et les accompagner... 189 Recommandation 16 : Répondre à l'obsolescence rapide des machines et dépenses de R&D ou de software liées à la 3D par un amortissement fiscal adapté... 189 Recommandation 17 : Sensibiliser toutes les générations et tout le pays dans son ensemble... 190 12

ANNEXES... 193 ANNEXE 1 : LETTRE DE MISSION DU CGARM... 194 ANNEXE 2 : AUDITIONS MENÉES DANS LE CADRE DES TRAVAUX ENGAGÉS POUR L ÉLABORATION DE CE RAPPORT... 196 ANNEXE 3 : RAPPORT DU GROUPE DE TRAVAIL «IMPRESSION 3D ET PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE»... 201 ANNEXE 4 : LES DIFFÉRENTES TECHNIQUES D IMPRESSION 3D... 211 ANNEXE 5 : FICHES ENTREPRISES PANORAMA INTERNATIONAL... 219 ANNEXE 6 : FICHES PAYS... 288 ANNEXE 7 : STRATÉGIE INTERNATIONALE DES ACTEURS PRIVÉS... 311 ANNEXE 8 : LE RESPECT DE L ENVIRONNEMENT : CONTRAINTE OU LEVIER?... 346 ANNEXE 9 : AWA, ALM WITH AFRICA, UN PROJET DE R&D EN PARTAGE TECHNOLOGIQUE AVEC L AFRIQUE... 347 ANNEXE 10 : LES LEÇONS DU CONSUMER ELECTRONIC SHOW (CES) LAS VEGAS... 353 ANNEXE 11 : UN NOUVEAU GÉANT DE LA FABRICATION ADDITIVE MÉTALLIQUE : FIVES/MICHELIN... 355 ANNEXE 12 : BIBLIOGRAPHIE... 359 13

INTRODUCTION L ÉCOSYSTÈME DE LA FABRICATION ADDITIVE Ne nous y trompons pas : la fabrication additive conduit à une révolution industrielle. Elle est en passe de transformer très profondément l industrie et les modèles économiques en général. Sa caractéristique est double : d une part, elle bouleverse les rapports entre consommation et production en donnant au consommateur un nouvel accès à la réalisation des objets ; d autre part, elle induit un nouveau mode de production industriel en général sur la base de technologies pouvant requérir des investissements conséquents et une grande expertise. A. SOUS LES FEUX DES PROJECTEURS L impression 3D est au goût du jour! En France comme ailleurs, elle donne lieu à de nombreux rapports, à un engouement médiatique, à une innovation continuelle. Quelques auteurs à succès publient des best sellers, mettant en avant les makers dans la révolution industrielle, en d autres termes l importance du Do it yourself, chez soi ou dans un Fab Lab. Seuls les revues ou medias spécialisés évoquaient ces sujets il y a encore deux ou trois ans mais les médias généralistes ont pris le relais depuis lors et dans le monde entier. Ils accordent une large place à des objets facilement accessibles et ne manquent pas d évoquer la sortie très fréquente d une nouvelle machine d impression 3D surtout si elle n est pas uniquement destinée aux professionnels. Car le marché des imprimantes 3D destiné au grand public se développe à un rythme rapide. Certains prédisent qu à horizon de 20 à 25 ans, ce marché aura, comme la microinformatique, conquis la majeure partie des consommateurs et certaines projections vont jusqu à prétendre qu il y aura près d une imprimante 3D par foyer en 2040 dans les pays développés. L impression tridimensionnelle est aussi décrite par différents spécialistes comme une véritable révolution industrielle dont les enjeux vont bien au-delà de ceux que le grand public pourrait porter. La fabrication additive est à cet égard souvent perçue comme l axe structurant de l usine 4.0 et le vecteur primordial de la reconfiguration de la chaine de valeur industrielle et de la relocalisation de la production. D autres voix soulignent le nouvel équilibre des forces entre le désigner et l industriel, qui verrait le premier prendre l ascendant sur le second ; ou encore la possibilité désormais réaliste d une customisation à très grande échelle mettant un terme définitif à la production de masse. On retrouve ces enjeux industriels majeurs de l impression 3D dans les stratégies des acteurs. Ainsi, Renault, Peugeot et Dassault Aviation ont-ils coopéré à cette fin dès les années 90 ; des entreprises telles que Safran y accordent la plus grande attention depuis au moins une décennie ; GE investit dans ce domaine des sommes considérables, etc. Et nous n en sommes qu à la fin du commencement. En bref, la fabrication additive concerne absolument tout le monde, y compris les gouvernements qui s interrogent sur les actions stratégiques qu il convient de définir et mettre en œuvre, afin de ne pas passer à côté de ce train à grande vitesse qui va bouleverser l économie comme la société. Pourtant, la technologie additive n est pas en soi une innovation de rupture, étant pratiquée depuis plusieurs décennies. Comment expliquer cette accélération? Quels en sont les enjeux? Quelles décisions prendre et orientations adopter pour tous les acteurs concernés? Autant de questions auxquelles cette étude s attache à répondre. Il importe préalablement de bien cerner les contours de la fabrication additive et identifier le process technologique qui lui est associé. 14

B. UNE FABRICATION PAR SUPERPOSITION DE MATIÈRE : DU FICHIER NUMÉRIQUE À L OBJET EN DIRECT, OU PRESQUE, UNE RUPTURE TECHNOLOGIQUE VIEILLE DE 30 ANS Issue des techniques de prototypage rapide et d impression 3D apparues dans les années 1980, la fabrication additive est une méthode de fabrication assistée par ordinateur définie par les organismes de normalisation nationaux ou internationaux comme étant le procédé de mise en forme d une pièce par ajout de matière par empilement de couches successives, contrairement par exemple à l usinage qui agit par enlèvement de matière (fabrication soustractive). Jusqu à une période récente, la fabrication additive au moins sur des objets qui ne relevaient pas de secrets industriels - était restée cantonnée à la production de pièces de petites dimensions et de fonctionnalités d importance secondaire, mais de plus en plus d industries telles que l aéronautique ou l espace ont commencé à la mettre en œuvre sur des pièces de taille réduite et cherchent à construire des pièces de grande dimension utilisées pour l assemblage de cellules ou de moteurs d aéronefs, ce qui impose de respecter des normes rigoureuses concernant des exigences fonctionnelles comme les qualités mécaniques des pièces ainsi fabriquées. La fabrication additive utilise une grande variété de techniques et de technologies, qui s appliquent à des familles de matériaux très diverses qui peuvent ainsi être imprimés. Parmi ces matériaux, il y a des matériaux plastiques, de qualités très différentes (fil fondu pour des imprimantes low-cost, comme des matériaux thermoplastiques très résistants pouvant être utilisés dans des applications spatiales par exemple), des cires, du sable, du plâtre, des céramiques, des matériaux métalliques, etc. Nous donnerons en annexe une description des grandes familles de fabrication additive - citées à la fin du lexique - et des technologies associées, mais l on peut faire une distinction entre les machines de fabrication additive destinées aux Fab Labs ou au grand public en général peu onéreuses (de 500 - on annonce même la machine grand public à 150 - à quelques milliers d euros), et qui utilisent des matériaux qui ne permettent pas de produire des objets répondant à des exigences fonctionnelles complexes (par exemple, une forte résistance mécanique), et des machines de fabrication additive qui répondent à des standards et des mises en œuvre (pour leur utilisation) professionnels et qui sont beaucoup plus onéreuses. Les machines de fabrication additive en métal permettent de réaliser des objets de haute qualité industrielle, dans des matériaux haut de gamme, leur prix peut aller de 150 K à 1,5 M. La technologie dite additive permet donc à partir d un modèle fichier numérique et à l aide d une machine utilisant un procédé comme l extrusion ou la solidification de poudre métallique, polymère et fil polymère, à créer, étape par étape, un objet. On parle d impression «couche par couche». L impression 3D se résume à un dépôt de la matière en fusion, un filtrage sélectif à l aide d une source d énergie, (LASER, résistances, faisceaux d électrons, ou lumière UV) qui permet de rassembler l objet et enfin la solidification du matériau lors de la période de refroidissement (sauf dans le cas de la stéréolithographie où intervient un phénomène chimique sur des résines photoréticulables, la polymérisation). La machine imprime séquentiellement chaque couche, l une au-dessus de l autre, construisant ainsi un objet réel à l intérieur de la chambre de construction de la machine. Une fois que l imprimante 3D termine la dernière couche, un cycle de séchage court commence. Puis l objet réel peut-être retiré, et potentiellement subir un traitement de finition si nécessaire (ponçage, cuisson pour la dureté, etc.). Le schéma figurant ci-dessous représente les différentes étapes concourant à la fabrication de l objet, de l idée au concret 15

SYNTHÈSE DE LA MISE EN ŒUVRE DE LA FABRICATION ADDITIVE Stratégie de scanning Nuages de points Modélisation CAO Sculpture numérique Modèle référence CAO Contrôle et comparison Interface Fichier STL Fabrication par couches Pièce fabriquée par couches Outillage fabriqué par couches Outillage Parachèvement Pièce finale Source : association française du prototypage rapide Fabriquer ne consiste donc plus à soustraire de la matière, comme le font les techniques traditionnelles avec le laminage ou l usinage mais au contraire en ajouter couche par couche afin d obtenir l objet final imaginé par les designers. C. MÉTHODOLOGIE Une fois actée la coopération entre le Conseil général de l armement et la Chambre de commerce et d industrie Paris Ile-de-France, a été mis en place un comité de pilotage que nous avons animé. Un groupe de travail a également été constitué, présidé par Philippe Bouquet, président d Atos. Ce groupe a procédé à des auditions auxquelles se sont ajoutés de nombreux entretiens avec 130 dirigeants et experts du sujet. Un second groupe de travail a été institué pour traiter de la propriété intellectuelle. Ce «rapport dans le rapport» figure en annexe 3, une partie plus concise étant directement incorporée dans le corps du texte. Cette étude comprend quatre parties. La première porte sur la technologie et les procédés, qui sont à la source directe ou indirecte de cette profonde mutation. La seconde traite des marchés et des stratégies, tant au niveau des entreprises qu à celui des Etats. La troisième partie s intéresse aux modèles économiques et à tous les enjeux qui conditionnent le déploiement de la fabrication additive, tels que la sécurité ou la propriété intellectuelle. Enfin sont examinées dans une quatrième partie les applications sectorielles, pour lesquelles il n est pas possible d être exhaustif mais où sont néanmoins couverts des champs très variés tels que l aéronautique, la santé, l architecture, le luxe. Enfin, la cinquième partie est consacrée aux recommandations destinées aux acteurs privés et publics. 16

Pilotage de l étude : - Joël Rosenberg, Responsable des études industrielles au Conseil général de l armement - Pascal Morand, Directeur général adjoint chargé des études et de la mission consultative de la CCI Paris Ile-de-France, membre de l Académie des technologies - Dominique Turcq, Président de l nstitut Boostzone, institut de recherche disposant d une expertise dans les relations entre stratégie d entreprises, technologies et emplois Groupe de travail «général» : Président du groupe de travail : - Philippe Bouquet, Président d'atos Membres du groupe de travail «général» : - Frédéric Brunet, membre élu de la CCI Paris Ile-de-France - Philippe Girard, membre du Conseil général de l armement - Henri Hamon, économiste à la CCI Paris Ile-de-France - Pascal Morand, Directeur général adjoint de la CCI Paris Ile-de-France - Joël Rosenberg, membre du Conseil général de l armement - Erich Spitz, membre de l Académie des Sciences et de l Académie des Technologies - Dominique Turcq, Président de l Institut Boostzone Groupe de travail Impression 3D et propriété intellectuelle : - Pierre Breese, Président de Fidal Innovation - Sébastien Calmont, Directeur de l'institut de recherche en propriété intellectuelle (IRPI) de la CCI Paris Ile-de-France - Véronique Chapuis, Directrice juridique de l Association pour la Recherche et le Développement des Méthodes et Processus Industriels (ARMINES) - Patrice Decande, Avocat au Barreau de Paris, Spécialiste en Droit de la Propriété Intellectuelle et en Droit Economique - Thierry Maillard, Directeur juridique de la Société Des Auteurs dans les Arts Graphiques et Plastiques (ADAGP) - Anne Outin-Adam, Directrice des politiques législatives et juridiques, CCI Paris Ile-de-France - Arnaud Paronian, Bureau de la Propriété intellectuelle, Direction Générale de l Armement - Joël Rosenberg, membre du Conseil général de l armement - Benoit Van Asbroeck, Avocat associé, Bird & Bird 17

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PARTIE 1 L'IMPRESSION 3D : PROCÉDÉS, TECHNOLOGIES ET MATÉRIAUX 19

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I - LEXIQUE 1 La fabrication additive (FA) désigne un ensemble de procédés utilisés depuis des années en prototypage rapide. Grâce aux avancées technologiques, ces procédés de fabrication par ajout de matière sont désormais adoptés pour la réalisation de prototypes fonctionnels, de même que pour la fabrication d outillage et de produits finis en petites séries. En 2011, l Association française de normalisation (AFNOR) a publié la norme unilingue française NF E 67-001, cherchant ainsi à fixer le vocabulaire de la fabrication additive. En vue de faciliter les échanges entre les intervenants du milieu, ASTM 2 International a publié en 2012 la norme unilingue anglaise ASTM F2792-12a Standard Terminology for Additive Manufacturing Technologies, qui regroupe les procédés de fabrication additive dans sept catégories dont les dénominations ne font pas l objet d une propriété intellectuelle. Il faut dire que les marques de commerce composées d abréviations sont légion dans ce domaine. En 2013 sont publiées deux normes conjointes, soit ISO/ASTM 52915:2013 Spécification normalisée pour le format de fichier pour la fabrication additive (AMF) Version 1.1 et ISO/ASTM 52921:2013 Terminologie normalisée pour la fabrication additive Systèmes de coordonnées et méthodes d'essai par le comité de normalisation international ISO/TC 261 sur la fabrication additive créé en 2011 par l'organisation internationale de normalisation (ISO). Cependant, aucune terminologie bilingue de la fabrication additive comportant tous les termes définis dans la norme ASTM F2792-12a n a vu le jour jusqu à présent. La synthèse terminologique suivante vise non seulement à combler cette lacune, mais également à enrichir la nomenclature de la norme unilingue anglaise, grâce à l ajout de termes extraits de corpus précédemment constitués en vue de la réalisation d une recherche terminologique thématique bilingue sur la fabrication additive. Note : Les sept catégories de procédés de fabrication additive définies dans les normes ASTM F2792-12a et ISO 17296-2 sont indiquées dans les deux tableaux qui suivent le lexique. Définition en langue anglaise LEXIQUE DE LA FABRICATION ADDITIVE Équivalent en français 3D bioprinter Imprimante 3D biologique (n. f.) 3D CAD CAO 3D (n. f.) 3D CAM FAO 3D (n. f.) 3D printer Imprimante 3D (n. f.) 3D printing (3DP) Impression 3D (n. f.) 3D scanning; 3D digitizing Numérisation 3D (n. f.) A Additive manufacturing (AM) Fabrication additive (FA) (n. f.) Additive manufacturing (AM) process Additive layer manufacturing (ALM) Procédé de fabrication additive (FA) (n. m.) Fusion sur lit de poudre Additive manufacturing file format (AMF) Format de fichier pour la fabrication additive (AMF) (n. m.) Additive systems Machine de fabrication additive (n. f.) ; système de fabrication additive (n. m.) B - C Binder jetting Projection de liant (n. f.) CAD driven direct manufacturing ; CLAD : Fabrication directe pilotée par CAO (n. f.) Construction Laser Additive Directe Computer-Aided Manufacturing (CAM) Fabrication assistée par ordinateur (FAO) (n. f.) Computer-Aided Design (CAD) Conception assistée par ordinateur (CAO) (n. f.) Computer Numerical Control (CNC) Commande numérique par calculateur (CNC) (n. f.) D Digital manufacturing (DM) Fabrication numérique (n. f.) Direct digital manufacturing (DDM) Fabrication numérique directe (n.f.) Direct energy deposition (DED) Dépôt de matière sous flux d énergie 1 À partir d une contribution réalisée par Madame Louise Thériault. 2 ASTM International est un organisme de normalisation qui rédige et produit des normes techniques concernant les matériaux, les produits, les systèmes et les services. Il a été fondé en 1898 aux États-Unis sous la direction de Charles Benjamin Dudley. Il portait alors le nom de American society for testing and material (société américaine pour les essais et les matériaux). Ses fondateurs étaient des scientifiques et des ingénieurs. Son créateur voulait réduire le nombre de ruptures de rails de chemin de fer qui arrivaient souvent dans cette industrie en pleine croissance. Le groupe développa une norme concernant l acier utilisé pour la fabrication des rails. Aujourd'hui, ASTM international a plus de 12 000 normes à son catalogue. La publication annuelle du livre des normes ASTM est composée de soixante-dix-sept volumes (source Wikipedia). 21

DMEC Dépôt de matière sous flux d énergie contrôlée (DMEC) Direct Laser Deposition (DLD ) Déposition directe par laser Direct manufacturing (DM) Fabrication directe (FD) (n. f.) Direct metal deposition (DMD ) Procédé DMD (n. m.) (Dépôt de matière sous flux d énergie dirigé) DMD electric arc Dépôt direct fil par arc électrique DMD plasma Dépôt direct fil par procédé plasma Direct metal laser melting (DMLM) Procédé DMLM (n. m.) Direct metal laser re-melting (DMLR) Procédé DMLR (n. m.) Direct metal laser sintering (DMLS ) Procédé DMLS (n. m.) Direct plasma manufacturing (DPM ) Fusion fil par énergie plasma (Dépôt direct fil) E Electron Beam Freeform Fabrication (EBF3) Fusion fil faisceau d'électron (sous vide), procédé EBF3 (n. m.) ; Electron Beam Direct Manufacturing (EBDM) Procédé EBDM (n. m.) Electron Beam Melting (EBM ) Fusion par faisceau d électrons (EBM ) (n. f.) ; fusion locale de poudres par faisceau d électrons (EBM ) ; (n. f.); procédé EBM (n. m.) Electron Beam Welding (EBW) Soudage par faisceau d électrons (n. m.) F Facet Facette (de maillage) (n. f.) Fused deposition modeling (FDM ) Dépôt de filament fondu (n. m.) ; dépôt de fil fondu (n. m.) ; modélisation par dépôt en fusion (FDM ) (n. f.) ; procédé FDM (n. m.) I Initial Graphics Exchange Specification (IGES) Format IGES (n. m.) L Laminated object manufacturing (LOM ) Procédé LOM (n. m.) : stratification de couches - Cela peut comprendre dépôt et/ou fusion et/ou découpe de couches de matériau Laser-aided Direct Metal Tooling (DMT ) Procédé DMT Laser Engineered Net ShapingTM (LENS ) Le procédé LENS (n. m.) (procédé de mise en forme par laser, le revêtement par dépôt laser [laser cladding]) Laser melting system Système de fusion laser (n. m.) Laser Metal Deposition (LMD ) Déposition directe métal, fusion par laser Laser sintering (LS) Frittage laser (FL) (n. m.) M Material extrusion Extrusion de matière (n. f.) Material jetting Projection de matière (n. f.) Metal 3D printing; metal 3DP Impression 3D des métaux (n. f.) Metal additive manufacturing; metal AM Fabrication additive à base de métaux (n. f.) MJM (multi-jet Modeling) Projection de matière multiple (plusieurs têtes) Multi-material 3D printing Impression 3D multi-matériaux (n. f.) P Powder bed fusion (PBF) Fusion sur lit de poudre (n. f.) Precision metal deposition (PMDTM) Procédé PMDMC (n. m.) Product Data Exchange Specification (PDES) Format PDES (n. m.) Prototype tooling Outillage prototypique (n. m.) R Rapid prototyping (RP) Prototypage rapide (n. m.) Rapid tooling (RT) Outillage rapide (n. m.) Reverse engineering (RE) Rétroingénierie (n. f.) ; ingénierie inverse (n. f.) S Selective Heat Sintering (SHS ) Frittage de poudre par chaleur Selective laser melting (SLMTM) Fusion sélective par laser (FSL) (n. f.) Selective laser sintering (SLS ) Frittage de poudre par laser, procédé SLS (n. m.) Sheet lamination Stratification de couches (de matériau en feuille) (n. f.) Standard for the Exchange of Product Model Data Format STEP (n. m.) (STEP) Stereolithography (SL) Stéréolithographie (SL) (n. f.) Stereolithography apparatus (SLA Appareil de stéréolithographie (SLA ) (n. m.); machine de stéréolithographie (SLA ) (n. f.) STL (StereoLithography) Format STL (n. m.) Subtractive manufacturing Fabrication par enlèvement de matière (n. f.) Surface model Modèle surfacique (n. m.) T Tool, tooling Outillage (n. m.) V Vat photopolymerization Photopolymérisation en cuve (n. f.) W Wire arc additive manufacturing (WAAM) Dépôt de matière apportée avec arc électrique, couche à couche, goutte à goutte Wax deposition modeling (WDM) Projection de cire, dépôt de cire (application dentaires par exemple). 22

Les termes techniques validés par la norme ISO 17296 et l ASTM F2792-12A figurent ci-après. La définition de chacun d entre eux est explicitée. Définition en langue anglaise Material extrusion - an additive manufacturing process in which material is selectively dispensed through a nozzle or orifice. Material jetting - an additive manufacturing process in which droplets of build material are selectively deposited. Binder jetting - an additive manufacturing process in which a liquid bonding agent is selectively deposited to join powder materials. Sheet lamination - an additive manufacturing process in which sheets of material are bonded to form an object. Vat photopolymerization - an additive manufacturing process in which liquid photopolymer in a vat is selectively cured by light-activated polymerization. Powder bed fusion - an additive manufacturing process in which thermal energy selectively fuses regions of a powder bed. Directed energy deposition - an additive manufacturing process in which focused thermal energy is used to fuse materials by melting as the material is being deposited. Équivalent en français Extrusion de matière : procédé de fabrication additive dans lequel le matériau est distribué de manière sélective par une buse, un jet ou à travers un orifice. Projection de matière : procédé de fabrication additive dans lequel des gouttelettes du matériau fabrique sont déposées de manière sélective. Projection de liant : procédé de fabrication additive dans lequel un agent de liaison liquide est déposé de manière sélective pour lier/agglutiner des matériaux en poudre. Stratification de couches : procédé de fabrication additive dans lequel des couches de matériau sont liées entre elles pour former un objet. Photopolymérisation en cuve : procédé de fabrication additive dans lequel un photopolymère liquide plonge dans une cuve est durci de manière sélective par polymérisation activée par la lumière (par exemple un rayonnement UV). Fusion sur lit de poudre : procédé de fabrication additive dans lequel l énergie thermique fait fondre de manière sélective certaines zones d un lit de poudre. Dépôt de matière sous flux d énergie dirigé : procédé de fabrication additive dans lequel l énergie thermique focalisée sert à faire fondre les matériaux au fur et à mesure qu ils se déposent. La norme NF ISO 17296-2 définit 7 grandes familles de procédés de fabrication additive. Matériaux exemples de matériaux photopoloymérisation en cuve projection de matière Catégories de procédés projection de liant fusion sur lit de poudre extrusion de matière Dépôt de matière sous flux d'énergie dirigé stratification de couches polymères Epoxy et X X thermodurcissables acrylates polymères polyamide, X X X X X thermoplastiques ABS, PPSF Bois papier X Métaux Matériaux céramiques industriels matériaux céramiques structurels acier, alliages de titane, chromecolbat alumine, zircone, nitrure de silicium ciment sable de fonderie X X X X X X X X X X X L ensemble de ces techniques permet la fabrication rapide d un objet à partir d un fichier CAO 3. Le fichier peut être ensuite converti à un format compatible de la commande numérique en charge de l impression. Le format le plus répandu est le fichier STL. Plusieurs modèles de logiciel de conception 3D existent 4. Tous ces outils logiciels exportent les modèles 3D sous forme de fichiers aux formats standards pour la commande des imprimantes en 3D. L impression 3D nécessite des informations supplémentaires à celles utilisées pour les techniques avec commandes numériques classiques telles que l usinage : matériaux utilisés, couleurs, trajectoires particulières... A l image du STL pour l usinage, il n existe pas encore de format dédié à l impression 3D. La norme NF ISO/ASTM 52915 définit un format spécifique à la fabrication additive, le format AMF. Celui n est pas encore adopté par les industriels. Plusieurs solutions existent et leurs utilisations vont dépendre de la complexité de la géométrie désirée, des choix de l utilisateur et des compatibilités avec l imprimante. 3 Tels que SolidWorks, Autodesk, Inventor ou Pro/ENGINEER. 4 Tels que 3D studio max, MicroSation, Mimics, AutoCAD, RaindropGeoMagic, CATIA, COSMOS, etc Cette liste est non exhaustive. 23