Le soutien aux études de jeunes collégiens ayant un problème de santé mentale (PSM) ou un trouble mental (TM) Étude financée par le MELS Colloque interétablissements en psychiatrie et santé mentale «La santé mentale des jeunes : nous pouvons faire mieux! De la recherche à l organisation des soins et services» Le 29 mars 2012 Myreille St-Onge, M. Ps., Ph.D. École de service social, Université Laval Chercheure régulière, Centre de recherche du JEFAR et du centre jeunesse de Québec institut universitaire (CJQ-IU) Chercheure associée, Centre de recherche Université Laval Robert-Giffard (CRULRG)
Plan de la présentation Introduction méthodologique. Les principaux constats relatifs aux services offerts aux élèves ayant un PSM ou un TM par les Services Adaptés (SA) ou les Services psychosociaux (SP) des collèges participants. Les principaux constats relatifs aux résultats auprès des élèves (n = 152). Les résultats aux analyses de variance par rapport à des caractéristiques sociodémographiques et scolaires des élèves participants. Des suggestions. Le «modèle idéal» d offre de services.
Introduction méthodologique Échantillon stratifié de 16 cégeps de la province : 8 de l Ouest, 8 de l Est, du milieu géographique (urbain, régions périphériques), le nb d élèves par cégep pour établir une typologie : Petits, Moyens et Grands cégeps, et enfin ratio typologie/ressources d aide d ordre psychologique et pédagogique déterminant si les élèves pouvaient compter sur Peu, Moyennement ou Beaucoup de ressources d aide. Trois phases : 1) répondantes locales et professionnelles de la relation d aide (n = 35); 2) enseignants et enseignantes (n = 232) et 3) élèves (n = 152). Voir mon site Internet : http://www.svs.ulaval.ca/?pid=585 Quatre rapports inscrits : 1) Le contexte de réalisation de la recherche et la recension des programmes de soutien aux études; 2) Les analyses de validité de construit et les statistiques descriptives des échelles; 3) Le rapport synthèse de la recherche et 4) Le rapport final.
Les principaux constats relatifs aux services offerts par les SA ou les SP aux étudiants ayant un PSM ou un TM
12 des 16 cégeps ont des ententes de type formel ou informel avec des établissements du RSSS de leur territoire À l exclusion d un cégep, très peu de plans d intervention (PI) ont été rédigés par les SA pour des élèves aux prises avec un TM 5 des 16 SA des cégeps n avaient fait aucun PI pour des étudiants ayant un TM au moment de l étude.
Le nombre d élèves desservis par les SP au cours de l année précédent l entrevue varient entre 55 et 2 400. La majorité des élèves présentant un PSM ou un TM vont vers les SP ou pédagogiques de leur collège lorsqu ils ont besoin d aide (et non vers les SA). Les besoins des étudiants les plus fréquemment cités par les participantes ont trait à l encadrement, le suivi psychosocial et le soutien individuel.
Le mécanisme d offre de services destinés à la clientèle dite émergente (TM et TA) est relativement peu développé dans les collèges (à l exception d un cégep). La passation d examens dans un local extérieur à la salle de classe est la plus courante des mesures offertes par les SA. Le suivi individuel est la principale mesure offerte par les SP.
Les principaux constats relatifs aux résultats auprès des étudiantes et étudiants
Ils sont plus âgés que la moyenne collégiale et habitent moins chez leurs parents. 34,8% en sont à leur deuxième ou troisième programme au cégep et pour 24,2% il s agit d un retour aux études dont l arrêt est attribuable en bonne partie à un TM. 52,6% ont un diagnostic psychiatrique principalement en lien avec un trouble anxieux ou dépressif. 27,6% prennent une médication psychotrope ou neuroleptique.
Ils ont surtout besoin : d être écoutés d avoir un soutien moral et d être respectés dans leurs différences qu on leur offre de la disponibilité et de la compréhension par rapport aux difficultés qu ils vivent Ils ressentent peu le besoin de rencontrer d autres étudiants ayant les mêmes problèmes qu eux.
De leur point de vue, les mesures offertes par leurs enseignants les plus aidantes La reprise d examens Des délais de remise de travaux L accueil et le soutien par rapport à leurs difficultés
Ils utilisent plus souvent les services d aide pédagogique, d orientation, d aide financière, de psychologie. Plusieurs consultent un professionnel à l extérieur du collège pour leurs difficultés.
Trente-deux (32) aident d autres élèves ayant des besoins particuliers ce qui leur apportent d importants bénéfices sur le plan personnel La réussite de leurs études collégiales est très importante pour la majorité, mais ils croient dans une moindre mesure qu ils vont effectivement réussir.
Le plus difficile dans leur parcours scolaire est : de créer des liens avec les autres élèves, d être acceptés par les autres, de se faire des amis, de s intégrer dans les groupes. Le plus facile dans leur parcours est : la compréhension, le soutien des enseignants et enseignantes et les relations qu ils ont avec eux ainsi que leur accessibilité, la compréhension et le soutien des autres.
Les résultats aux analyses de variance par rapport à des variables sociodémographiques et scolaires (n = 152)
Les étudiantes par rapport aux étudiants : ressentent un plus grand besoin de réassurance et de soutien d ordre émotionnel; perçoivent plus le caractère aidant des mesures pédagogiques offertes par leurs enseignantes et enseignants.
Les élèves plus âgés (+ de 21 ans): ressentent un plus grand besoin de soutien d ordre pédagogique, financier et parental; reçoivent plus de mesures pédagogiques des SA ou des SP; ont des attitudes plus positives par rapport à leurs difficultés et proactives à aller chercher de l aide; perçoivent plus le caractère aidant des mesures axées sur l aide individuelle offertes par leurs enseignantes et enseignants.
Les variables associées à la cohabitation (ceux qui vivent avec d autres personnes par rapport au fait de vivre seuls ou chez les parents : reçoivent plus de mesures pédagogiques des SA ou des SP; ont des attitudes plus positives par rapport à leurs difficultés et proactives à aller chercher de l aide; perçoivent plus le caractère aidant des mesures axées sur l aide individuelle offertes par leurs enseignantes et enseignants.
Les élèves ayant un diagnostic psychiatrique : ont plus de besoins que les autres (réassurance, émotionnel, pédagogique, financier et parental); reçoivent plus de mesures d encadrement individuel et de références des SA ou des SP démontrent plus d attitudes défaitistes par rapport à leurs difficultés; ont aussi plus d attitudes positives et proactives à aller chercher de l aide que ceux qui n ont pas de diagnostic. perçoivent plus le caractère aidant des mesures d aide individuelle et pédagogiques offertes par leurs enseignantes et enseignants.
Les élèves qui ont fait un retour aux études : ont plus de besoins de soutien d ordre pédagogique, financier et parental; reçoivent plus de mesures pédagogiques des SA ou des SP; ont un sentiment de honte et de rejet plus élevé par rapport à leurs difficultés psychologiques; tout en ayant plus d attitudes positives par rapport à leurs difficultés et proactives à aller chercher de l aide; perçoivent également plus le caractère aidant des mesures axées sur l aide individuelle offertes par leurs enseignantes et enseignants.
Le programme d études (technique p/r au pré-universitaire): ont plus d attitudes positives par rapport à leurs difficultés et proactives à aller chercher de l aide; perçoivent également plus le caractère aidant des mesures axées sur l aide individuelle offertes par leurs enseignantes et enseignants.
Les élèves qui sont dans le programme depuis plus longtemps : ont plus de besoins de soutien d ordre pédagogique, financier et parental; perçoivent plus le caractère aidant des mesures axées sur l aide individuelle offertes par leurs enseignantes et enseignants.
Des suggestions
Que l on procède à une révision des divers concepts reliés aux déficiences, aux incapacités et aux situations de handicap pour bénéficier de l AFE. Que les services soient axés sur les besoins, i.e. sur les incapacités (et les aptitudes) des jeunes et non sur les déficiences et les diagnostics. Pour l intervention, se centrer également sur les forces des jeunes.
Que l offre de services aux élèves présentant un TM ou présentant un indice sérieux d un TM soit donnée par une équipe interdisciplinaire (un centre) coordonnée par une intervenante-pivot. Favoriser l entraide entre les étudiants (pairs aidants). Revoir les modalités d intervention auprès de ces jeunes (de groupe et communautaire).
Que les impressions cliniques des psychologues soient reconnues pour desservir les jeunes avec un TM dans les collèges (l application de la Loi 21). Qu une passerelle soit facilitée entre les SP des collèges et les services de psychiatrie pour une évaluation dans le cas de TM requérant une intervention clinique spécialisée. Que les organismes communautaires spécialisés dans le soutien aux études soient partenaires avec les équipes interdisciplinaires des cégeps.
Offrir des formations entre autres sur les troubles anxieux (plus grande incidence) mais aussi sur le rétablissement et le modèle axé sur les forces de Rapp et Goscha (2006, 2012). Travailler étroitement avec les enseignants et enseignantes: Nommer une coordonnatrice par département qui ferait le lien entre les élèves ayant des besoins reliés à un TM ou un indice sérieux d un TM et la coordonnatrice des services psychosociaux (ou l intervenante-pivot).
Un «modèle idéal» d offre de service
MELS Fédération des cégeps Ententes formelles avec CSSS ou informelles avec CLSC du territoire du cégep Centre interdisciplinaire au cégep - Intervenante-pivot - Travailleur(se) de milieu Modalités d intervention individuelle, de groupe et axées sur l entraide par les pairs CH psychiatrique Organismes communautaires applic. Art. 8 (P-38.001) Organismes communautaires spécialisés soutien aux études
Remerciements Un merci tout spécial à madame Hélène Bonnelli, alors de la Direction des affaires étudiantes universitaires et collégiales (DAEUC) du MELS pour son précieux soutien tout au long de cette recherche. À madame Ginette Dion, alors directrice de la DAEUC. À madame Suzelle Lefebvre de la DAEUC pour l appui dans la réalisation de l échantillonnage des cégeps. Aux directeurs et directrices de la direction des études et de la direction adjointe des études des cégeps participants. Aux coordonnateurs du service d intégration des élèves des cégeps désignés de l Est et de l Ouest. À l ensemble des participantes et participants à cette recherche. À Julie Tremblay, alors professionnelle de recherche au CIRRIS, pour son précieux soutien dans toutes les étapes de cette recherche.