Bouger plus pour manger mieux. Simone Lemieux, Dt.P, Ph.D. Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels Le 3 mai 2014

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Transcription:

Bouger plus pour manger mieux Simone Lemieux, Dt.P, Ph.D. Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels Le 3 mai 2014

Points discutés Introduction Alimentation, activité physique et santé Activité physique et choix alimentaires (qualité et quantité) Activité physique et acuité des signaux de faim et de rassasiement Activité physique et relation à la nourriture Conclusion Questions/discussion

Alimentation, activité physique et santé

Résumé de cette étude 249 facteurs de risque (environnementaux et comportementaux ont été mis en lien avec la mortalité) chez environ 10 000 personnes. Dans un modèle d analyse multivariée, les facteurs associés de façon indépendante à la mortalité étaient: tabagisme (+), activité physique (-) et concentration sérique de lycopène (-).

Activité physique et choix alimentaires (qualité et quantité)

Activité physique et qualité de l alimentation On remarque que les gens sédentaires ont en général de moins bonnes habitudes alimentaires que les gens plus actifs. Héroux et al, Int J Epidemiol 2010; Morin et al, J Sch Health 2013; Gillman et al, Prev Med 2001 Déterminants communs? Un influence l autre?

Un exemple parmi tant d autres Héroux et al. Int J Epidemiol 2010, 39:197-209

Effet de l intensité de l exercice sur la prise alimentaire spontanée Étude de Sim AY et collaborateurs: High-intensity intermitent exercise attenuates ad-libitum energy intake. Publiée dans Int J Obes (2014)38, 417-422

Hommes en surpoids, sédentaires (n=17) 4 conditions expérimentales: C: Pas d exercice MC: Exercice 30 min continu à 60% VO 2 max HI: Exercice 30 min (intermittent 60s à 100% VO 2 max suivi de 240s à 50% VO 2 max) VHI :Exercice 30 min (intermittent 15s à 170% VO 2 max suivi de 60 s à 32% VO 2 max) 5 min après: repas liquide (270 kcal) 70 min après repas liquide: repas à volonté

Pas d exercice Exercice modéré Exercice intense Exercice très intense 764 kcal 710 kcal 622 kcal 595 kcal Tous les types d activité physique ont été appréciés similairement par les participants Sim et al, Int J Obes 2014, 38:417-422

Suite à l exercice de très haute intensité, l apport énergétique totale des 36 heures suivantes demeure plus faible. Facteurs en cause? Taux abaissés de ghréline Taux élevés de lactate

Du côté des femmes maintenant La littérature n est pas totalement cohérente quant à la présence de différences sexuelles en ce qui a trait aux effets de l activité physique sur l appétit et l apport énergétique.

Activité physique et acuité des signaux de faim et de rassasiement

L écoute des signaux de faim et de rassasiement est souvent évoquée pour favoriser une saine gestion du poids. Certaines personnes disent ne pas ressentir ces signaux. Est-ce que la pratique d activité physique favorise une meilleure écoute des signaux de faim et de rassasiement?

Deux études sur le sujet: Comparaison entre personnes actives et non actives (Long et al, Brit J Nutr 2002) Intervention chez des personnes sédentaires (Martins et al, Brit J Nutr 2007)

Étude de Long et al (2002) Hommes non obèses (n=23) Trois catégories de pratique d activité physique: Non actifs: moins d une fois par semaine Modérément actifs: 2-3x/semaine Très actifs: 4x et plus par semaine

Étude de Long et al (2002) Mesure de la compensation calorique: Collation de type lait frappé (450 ml) faible (240 kcal) ou élevée (600 kcal) en calories consommée une heure avant un repas de type «buffet à volonté». Une personne ayant une bonne compensation calorique devrait avoir un apport énergétique plus faible lors du buffet après avoir consommé la collation riche en calories.

Quantité d énergie consommée au buffet Non actifs Actifs

Étude de Martins et al (2007) 29 personnes sédentaires, non-obèses (hommes et femmes) Entrainement de 6 semaines (min 4x/sem 30-45 min intensité modérée) Collation de type lait frappé (450 ml) faible (240 kcal) ou élevée (600 kcal) en calories consommée une heure avant un repas de type «buffet à volonté»

Collation élevée en calories Collation faible en calories Avant l intervention Après 6 sem. d entraînement

Activité physique et relation à la nourriture

Activité physique et traits relatifs aux comportements alimentaires Distinction entre restriction calorique et restriction cognitive Restriction cognitive et contrôle du poids Relation très hétérogène Relation à double tranchant

J Obes 2011

Mesures effectuées Journal d activités physiques (Bouchard C, et al. Am J Clin Nutr 1983) Mesures anthropométriques et de composition corporelle Traits relatifs aux comportements alimentaires (Three-Factor Eating Questionnaire de Stunkard AJ et Messick S, J Psychosom Res 1985) Et plusieurs autres mesures

Journal d activités physiques

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 3 2 2 4 4 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2

Âge (années) IMC (kg/m 2 ) % de gras Tour de taille (cm) Activité physique 2kcal.kg -1.j -1 57,1 ± 4,5 29,1 ± 5,7 40,2 ± 7,7 93,0 ± 13,7 Activité physique > 2kcal.kg -1.j -1 56,2 ± 3,9 27,8 ± 6,3 37,4 ± 7,1* 88,4 ± 12,7 Restriction cognitive 9,0 ± 4,6 9,7 ± 4,3

Riou et al, J Obes 2011

Activité physique et réponse neuronale aux aliments Étude de Crabtree DR et collaborateurs. The effects of high-intensity exercise on neural responses to images of food. Publiée dans Am J Clin Nutr (2014) 99:258-67

Étude réalisée chez 15 jeunes hommes en santé (âge: 22,5 ± 3,5 ans; IMC: 24,2 ± 2,4 kg/m 2 ) 2 conditions expérimentales: 60 min de course à 70% (VO 2 max) ou 60 min de repos Plusieurs mesures effectuées: température corporelle, hormones régulatrices de l appétit, perceptions de l appétit et images par IRMf en réaction à des photos de nourriture

10 min après la fin de l exercice (ou période de repos) on montre des images de nourriture contenant soit peu ou beaucoup de calories et également des images ne représentant pas de la nourriture. On demandait simplement aux participants de se concentrer sur la forme, la couleur, la complexité des images (2s par image, 0,8 s entre les images, présentées dans un ordre aléatoire).

Comme dans les études précédentes, l activité physique a des effets sur les hormones régulatrices de l appétit. Après l exercice, les régions du cerveau associées au désir de manger sont moins «allumées» quand on présente des images d aliments riches en calories comparativement à la condition de repos (pas d exercice). Après l exercice, les régions du cerveau associées à la récompense sont plus «allumées» quand on présente des images d aliments faibles en calories comparativement à la condition de repos.

Conclusion La pratique d activité physique peut favoriser des choix alimentaires plus sains par des mécanismes en lien avec la régulation de l appétit et aussi par un désir accru de manger ces aliments. Les facteurs comportementaux tels que la motivation et l efficacité personnelle envers la modification des habitudes de vie dans leur ensemble peuvent également expliquer les associations observées. Défi quant à la bonne manière de transmettre cette information à la population afin d éviter des effets pervers.

Med Sci Sports Exerc 37:204-212, 2005

Femmes ménopausées (n=118) Participantes Sans hormonothérapie, sans médicament pour lipides sanguins, hypertension, glycémie, etc. Grande étendue pour l IMC (19-60 kg/m 2 ) et tour de taille (66-134 cm)

Comparaisons des groupes formés sur la base de l adiposité abdominale et du niveau d activité physique Adiposité viscérale Adiposité viscérale Act. physique Act. physique Act. physique Act. physique

Comparaisons selon l adiposité abdominale et du niveau d activité physique TA viscéral Act.phys HDL-chol TAS Glycémie jeun Sensib. insuline Act. phys Act. phys. 97.0 27.0 6.2 3.9 1.6 0.4 128 12 5.2 0.5 14 5 TA viscéral 93.0 25.0 0.3 0.5 a 1.5 0.4 126 15 5.6 0.8 12 5 Act. phys. Act.phys. 181.0 40.2 a,b 5.9 4.4 b 1.4 0.3 a 124 16 5.5 0.4 10 4 a TA viscéral 188.7 39.7 a,b 0.3 0.5 b,c 1.2 0.3 a,b 140 15 a,b,c 6.0 1.0 a,b,c 7 3 a,b,c