Pour une ÉDUCATION INCLUSIVE, Un projet éducatif partagé Une CHARTE DE L ÉDUCATION PARTAGÉE Un projet éducatif partagé pour relever les défis de l avenir Comme d autres pays, la France est confrontée aujourd'hui aux défis des profondes mutations en cours dans le cadre de la mondialisation et aux enjeux de civilisation qui en découlent. Parmi ces défis, le plus décisif, parce que le plus signifiant, porteur et créateur d'avenir, est celui de l'éducation. Un défi qui ne peut être relevé qu'avec un projet mobilisateur et dynamique partagé par la société française : Un projet pour être à la hauteur des enjeux et des besoins sociaux, culturels, sociétaux, économiques d'un développement humain soutenable prenant en compte la préservation des ressources naturelles et renouvelables dans leur diversité ; Un projet pour, en même temps, satisfaire les besoins individuels pour que chacun puisse s'épanouir personnellement, mener ses projets personnels et participer activement à la vie sociale Pour répondre à ce défi et ces enjeux le pays doit mener une politique éducative globale fondée sur la solidarité et visant l'émancipation. Si l éducation est l accueil dans ce monde des nouveaux venus pour qu ils puissent s y inscrire, si l éducation est l apprentissage de la capacité d y vivre, alors elle doit être définie selon deux dimensions : d une part elle est l affaire de tous en ce sens elle est partagée et définie comme co-éducation ; d autre part elle est le droit de tous à une éducation de qualité qui réponde aux besoins d apprentissage essentiels, développe les potentialités de chacun et enrichisse l existence des apprenants en ce sens elle est dite inclusive pour en finir avec toute forme de discrimination et favoriser la cohésion sociale. Une politique éducative doit être définie et guidée par: une ambition mettre en œuvre une politique d Éducation décentralisée, sur la base de projets éducatifs de territoires, projets définissant une éducation inclusive ; une vision mettre en œuvre une politique d Éducation continuée par une formation tout au long de la vie ; un idéal: mettre en œuvre une politique d éducation orientée par l idée d une société de bienveillance et de bienêtre, à commencer par le bien vivre des enfants et des jeunes. 1 sur 8
Ce défi de l'éducation inclusive, à tous les âges de la vie, impose autant de développer une éducation permanente et populaire que de refonder le système d'enseignement et de les mettre en œuvre au plus près des besoins, dans chaque territoire. La loi d'orientation sur la refondation de l école par les ouvertures qu'elle contient amorce ces changements nécessaires. À la condition, cependant: d'aborder les transformations indispensables d'un point de vue global, cohérent et transversal aux différentes modalités et instances éducatives ; d'impulser et d'accompagner les initiatives portées par les acteurs ; de promouvoir toutes les formes de coopération entre les politiques publiques, à chaque niveau de responsabilité, en reliant et encourageant les actions et activités de tous les porteurs de projets. En ce sens les missions définies pour l'école par la loi doivent être complémentaires à l'ensemble des domaines concernés dans le cadre d'une conception globale de l'éducation inclusive. L Éducation "nationale" ne peut plus se résumer au seul périmètre scolaire. S il est nécessaire, bien sûr, d affirmer les spécificités éducatives de l école pour aller vite : ne pas tenir pour principes d'enseignement les croyances et les mœurs ; laïcité qui oblige à s adresser à chacun sur le principe de l égalité ; transmettre des savoirs et les valeurs de telle façon qu on puisse les comprendr e, les reproduire ou les produire, s en emparer et s en servir ; instaurer un rapport aux objets et plus largement au monde permettant des apprentissages par-delà la simple utilisation, un rapport aux autres de coopération dans les apprentissages, un rapport au langage permettant par-delà la communication l élaboration de la pensée, etc. ; bref un rapport réfléchi à soi, au monde et aux autres ; s il est donc nécessaire de le faire, c est pour affirmer la valeur éducative de l école mais aussi pour affirmer qu elle n est pas le tout de la vie sociale de l enfant ou de l adolescent. L école doit aussi compter avec et sur cette vie sociale qui définit un élève. Il n'est plus possible d'ignorer qu'un jeune acquiert des savoirs et des savoir-faire dans sa vie quotidienne, dans sa vie familiale, dans ses activités sociales ou de loisirs, par internet et les réseaux sociaux, etc.,. Il s'agit de reconnaître les interférences entre tous ces domaines, la cohérence qui doit s'établir entre les temps et les lieux ayant une empreinte éducative et qui produisent eux aussi des savoirs, savoir-faire et savoir être. Le moment est venu de partager l'éducation entre tous les producteurs de savoirs et de compétences et de veiller à leur transmission active entre générations. C'est à dire de rompre avec la séparation entre un lieu où l'on apprend et tous les autres lieux que les enfants et les jeunes fréquentent, où ils vivent et où ils "apprennent". Le territoire (entendu comme territoire de vie et unité politique de proximité) est le niveau adapté où ces mutualisations et leur cohérence peuvent s'opérer. Le territoire est le niveau d'efficacité pour des politiques cohérentes et les coopérations nécessaires. 2 sur 8
Un projet éducatif partagé ancré dans la réalité : le Projet Educatif Territorial (PEDT) Objectif : réussir l éducation Éduquer, c'est mettre la personne au centre du projet: la respecter dans sa personnalité, sa complexité et son autonomie, lui permettre de développer ses potentialités, un esprit curieux, attentif et participatif, afin qu il soit en son pouvoir d être acteur ou actrice de son devenir. c'est considérer la valeur de l'exemple comme un élément déterminant, c'est transmettre avec bienveillance le sens de l'effort, de la responsabilité et de l'engagement. c'est aussi veiller à ce que personne ne reste sur le bord du chemin, que chacun ait un avenir, trouve sa place et puisse maîtriser son destin, et puisse être libre de ses choix de vie. c'est faire que tous puissent acquérir les connaissances, les compétences, les cultures et les codes pour être autonome et que chacun effectue le parcours de ses choix en fonction de ses besoins, de ses aptitudes et capacités. c'est faire que chacun soit inclus dans la vie sociale et puisse conduire sa vie personnelle dans l'estime de soi et le respect des autres. Pour chaque territoire, les objectifs d une politique éducative concernent les élus, les acteurs de l'école, les travailleurs sociaux, les éducateurs spécialisés, les professionnels des services de santé, de la prot ection judiciaire de la jeunesse, de la protection de l enfance, les parents et familles, les militants associatifs Une telle pluralité d acteurs implique une réflexion partagée sur les valeurs communes et l engagement sur des objectifs fixés collectivement, où la place et le rôle de l École dans les apprentissages prendront tout leur sens dans et par la coopération. Le territoire de vie est une unité politique de proximité ; la définition d objectifs pertinents et l utilisation judicieuse des moyens de la collectivité locale doivent se faire en fonction des besoins éducatifs, culturels, sociaux identifiés localement, et non pas seulement en fonction de la délimitation d'espaces isolés sur lesquels la question du plus de moyens et plus de personnels est prégnante. Projet Educatif de Territoire Sur les territoires il y a le plus souvent une profusion et une juxtaposition de dispositifs et d'actions multiples, issus des politiques publiques non coordonnées (actions scolaire, éducatives, sociales ), portés par diverses institutions ou associations. Une telle situation d'éclatement et de cloisonnement exige de travailler de conserve à la refondation de l'école et à la clarification de l'organisation et des compétences des collectivités territoriales. Le partage de l Éducation appelle à s interroger sur les complémentarités effectives entre les compétences des niveaux d'administration territoriale et sur les modes de validation des formations. 3 sur 8
Une politique de réussite éducative pourrait ainsi être mise en œuvre, selon les situations - et quelles que soient les origines ou les appartenances des familles et des jeunes - à partir d un diagnostic partagé, de valeurs communes, d'ambitions éducatives et d objectifs opérationnels définis collectivement,.au travers de la mise en place de tel ou tel dispositif, de tel ou tel partenariat, mais aussi au travers de la coopération avec les associations, avec les parents... La réussite éducative doit être perçue à la fois comme un choix politique social et sociétal en termes de politique publique d'éducation pour tous et comme le moyen démocratique d'associer toutes les catégories d'acteurs dans la concrétisation d un projet valorisant les potentialités de chacun. Le concept même de "réussite" mérite avant tout d'être interrogé et explicité selon le point de vue pris en compte: celui de la personne, celui de la famille et des pairs, celui de la société et du politique, pour en préciser les contenus. La réussite éducative de tous, dans son approche cohésive et fédérative, peut être au cœur des stratégies éducatives qui se déclinent spécifiquement dans chaque fonction pour réaliser les missions d'une éducation inclusive. Réussir l'éducation par le partage coordonné et piloté devient un principe fédérateur pris en charge par la collectivité politique et sociale en assurant une organisation harmonisée et cohérente des temps et des lieux éducatifs, favorisant les formes d'accompagnement et impulsant les coopérations. Une politique d'éducation partagée à visée inclusive, se propose de mettre en place un réseau éducatif global et souple sur chaque territoire en : décloisonnant les diverses instances éducatives pour assurer les continuités éducatives dans les temps et les espaces, organisant leurs relations et coopérations pour répondre aux besoins fondamentaux des enfants, des adolescents et des adultes tout au long de la vie, assurant les continuités éducatives dans le temps (les parcours) et les espaces (le territoire et la mobilité) s'appuyant sur des projets éducatifs territoriaux de proximité et des instances de concertation locales avec participation des parents, des jeunes, des partenaires, des professionnels et des acteurs de l'éducation. Une telle politique pour être efficace doit être suivie et pilotée au niveau de la collectivité. Le projet éducatif du territoire ne peut être une juxtaposition de projets séparés et une simple coordination entre institutions mais un projet commun "porté" par une instance adaptée au territoire considéré, réunissant, sous l'égide de la collectivité, les jeunes, les parents, les principaux acteurs institutionnels publics et les associations Comment construire un PEdT? Un projet éducatif de territoire doit se construire, à partir d un diagnostic, autour d'ambitions croisées, dans les complémentarités, les coopérations entre les divers lieux de vie et d'éducation, selon une volonté permanente d'inclusion. L'encadrement des activités, la gestion des temps, les projets, artistiques, culture ls, etc., les projets d'établissements (scolaires, de services, d'aménagements, de santé ) doivent s'articuler pour : 4 sur 8
favoriser le bien-être des enfants et leurs familles, (habitat, transports, environnement, équipements collectifs ), faire vivre les coopérations entre acteurs éducatifs locaux, améliorer le climat des établissements comme de l'espace public, permettre l'émergence et la reconnaissance de compétences et ressources nouvelles dans tous les lieux y compris l'école, diminuer réellement les inégalités dans l accès à l'école, la culture, la santé des enfants et de leurs familles, améliorer fortement les conditions et l efficacité des apprentissages scolaires en corrélation avec les apprentissages sociaux, respecter partout le développement moteur, psychologique, intellectuel et affectif des enfants et jeunes. L'entrée dans la dynamique de projet territorial commence à partir de "sujets" qui concernent une grande partie des habitants ou qui provoquent des débats, voire des conflits et que l'on peut énumérer: La question du temps par la mise en relation des rythmes sociaux et des temps de vie des enfants, adolescents et adultes, en fonction des besoins du développement humain selon les âges pour adapter souplement l organisation et le contenu de ces temps de vie et d'activités sans surcharges ni accumulation ou émiettement temporel journalier, hebdomadaire et annuel. La notion de parcours de formation et, par la même, la mise en place d étapes de reconnaissance des compétences acquises dans différents "espaces-temps" qui jalonnent ces parcours, construites dans plusieurs lieux et moments et avec divers intervenants. Comment certifier/valider les connaissances, capacités et compétences des personnes (enfants, jeunes, adultes...) acquises dans un cadre no n formel. Comment ces acquis dans divers secteurs pourront-ils être capitalisés? Comment la VAE pourrait être développée par les collectivités et les associations? Qu'est-ce que le socle commun de connaissances, de compétences et de culture de la scolarité obligatoire et comment diverses activités des enfants et des jeunes peuvent s'y retrouver en continuité avec l'école? Qu'est-ce qu'accompagner les enfants et les jeunes: où, quand, comment et par qui? Comment maîtriser le numérique et traiter/chercher l'information, quels outils sont disponibles: où, avec quels moyens, dans quelles conditions d'accès Des dispositifs existants (comme le PRE ou les CLAS) peuvent servir de points d'appui pour amorcer ou développer un Projet éducatif de territoire par les transversalités qui sont induites. En effet, la réussite éducative ne peut se construire d'une manière segmentée, validée séparément alors qu'elle porte en elle-même des valeurs collectives. Elle est la réussite d un accomplissement, par l éducation, d un projet individuel et d un projet collectif. À partir d une vision globale du développement du jeune considéré dans son environnement social, familial, culturel, la réussite éducative établit une liaison dialectique entre les parcours individuels et les politiques éducatives. Certes, elle vise à prévenir des situations de décrochage et d échec scolaires, mais en plaçant l'intérêt de 5 sur 8
l'enfant et du jeune dans son intégralité au cœur des pratiques elle vise aussi à son épanouissement et au développement de la confiance en soi pour construire un vivre ensemble démocratique. 6 sur 8
LA DYNAMIQUE DE PROJET: UNE CHARTE DE L'ÉDUCATION PARTAGÉE Une charte pour qui et pour quoi? La charte a pour objet de réaffirmer solennellement les valeurs fondamentales intangibles auxquelles les professionnels et tous les acteurs de l éducation sont profondément attachés, et d exprimer les enjeux et principes qui les fédèrent. La collectivité territoriale, pour mobiliser l'ensemble des acteurs, pourrait impulser ce tte dynamique de transformation en développant les grands principes et objectifs d une orientation politique nationale dans une charte fixant le cadre du projet territorial éducatif que les acteurs du territoire ont à élaborer, élaboration qui doit s'ouvrir après la réalisation, par la collectivité, d'un diagnostic partagé. Dans la perspective de réussite éducative de tous les enfants et jeunes, tout acteur de la communauté éducative sur le territoire doit pouvoir s'engager dans cette dynamique participative d'échange et de coopération. Bien sûr, les parents, enfants et jeunes, premiers intéressés en tant qu'acteurs, doivent, naturellement, être associés (et pas seulement invités) à l'ensemble des discussions et concertations. Et les acteurs éducatifs du territoire des collectivités (commune, communauté, ville ) concernées par leurs compétences. Est acteur éducatif, toute personne, tout agent ayant une identité professionnelle reconnue avec des compétences confirmées et travaillant de façon continue ou non au près et avec des enfants de 3 mois à 18 ans : les personnes dont la compétence s'exerce dans un relation humaine et sociale constante, individuelle ou collective (éducateurs de jeunes enfants, auxiliaires de puériculture, assistantes maternelles, agents s ociaux, agent spécialisé des écoles maternelles, animateurs jeunesse, animateurs périscolaires), quels que soient leur lieu d'activité ou leur spécialité professionnelle. les personnes dont la compétence dans une profession ou un métier s'exerce en relati on suivie par une qualification spécialisée en relation suivie ou permanente: bibliothécaires, musiciens, éducateurs sportifs, animateurs du patrimoine naturel et environnemental, puéricultrices, techniciens du service scolaire. Mais aussi les personnes qui ont une activité et une relation professionnelle particulière au sein des équipements publics ou des lieux institutionnels sur le territoire (écoles, services de santé, police, justice, protection de la jeunesse ). La reconnaissance du travail des professionnels passe par des temps de rencontres transversales collaboratives (échanges, supervisions, analyse de pratiques, formations, groupes de travail, conférences ). Pour certaines catégories ce temps peut être inclus dans les horaires de service. Principes et objectifs communs d'une Charte L échange et le respect de valeurs collectives, au premier rang desquelles se trouvent les valeurs humanistes et républicaines qui fondent la vie dans la cité et la liberté de chacun. Des valeurs à situer, orienter et élaborer, à partir, du principe d'éducabilité, dans l'approche transversale de l'éducation partagée, en perspective de formation tout au long de la vie, sur la base de l'ensemble des compétences (les huit compétences clefs de l'union Européenne et le "socle commun" de connaissances, de compétences et de culture) 7 sur 8
L accès à l éducation pour tous sans aucune forme de discrimination liée à l âge, au sexe, à son aspect physique, à son origine géographique, culturelle, religieuse. Le rejet de toutes les formes d'exclusion et de racisme et la considération de la solidarité comme l'expression la plus haute de la fraternité humaine. Favoriser l éveil d une conscience citoyenne et éco-citoyenne des enfants et des jeunes en leur donnant des repères et des clés de compréhension de la société. Mettre l enfant en situation de réussite : enrichir sa personnalité en lui offrant un accès à la culture dans son acception la plus large pour développer ses talents, sa sensibilité, sa réflexion personnelle. Affirmer et afficher les droits de chaque enfant avec leurs obligations qui en découlent pour les autres et les mettre en œuvre dans tous les temps et activités proposés. Être un interlocuteur privilégié pour l enfant et le jeune, avec une relation fondée sur la confiance réciproque et la stricte confidentialité des informations reçues. Être garant du bien-être de chacun en faisant preuve de tolérance, respect, écoute, civilité, bien-traitance, bienséance, et contribuer ainsi à l instauration d un climat de confiance et de bienveillance. Avoir un rôle d éducateur : contribuer à l apprentissage de la vie collective, du partage, de la citoyenneté, du développement durable et de la mémoire, en inscrivant chacun dans une histoire avec des liens et activi tés intergénérationnels réguliers. L'Éducation est d'abord une question de société en termes d'émancipation individuelle et collective, de justice et de fraternité, d'égalité et de solidarité. Tout acteur de la communauté éducative se doit de développer une démarche concertée avec la collectivité et tout autre partenaire, afin de participer à une politique d éducation globale et cohérente sur le territoire et au bilan des actions conduites. 30 mai-8 juin 2013 8 sur 8