Infrastructure de la République du Congo : Une perspective continentale



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Transcription:

RAPPORT PAYS Infrastructure de la République du Congo : Une perspective continentale Nataliya Pushak et Cecilia M. Briceño-Garmendia MARS 2010

2010 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/banque mondiale 1818 H Street, NW Washington, DC 20433 USA Téléphone : 202-473-1000 Internet : www.worldbank.org E-mail : feedback@worldbank.org Tous droits réservés Une publication de la Banque mondiale La Banque mondiale 1818 H Street, NW Washington, DC 20433 USA Les constats, interprétations et conclusions exprimés dans cet ouvrage sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les vues des Administrateurs de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement/banque mondiale ni des États qu ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l exactitude des données figurant dans cet ouvrage. Les frontières, couleurs, dénominations et autres informations reprises dans les cartes géographiques qui l illustrent n impliquent aucun jugement de la part de la Banque mondiale quant au statut légal d un quelconque territoire, ni l aval ou l acceptation de ces frontières. Droits et autorisations Le matériel contenu dans cette publication est protégé par la loi sur le droit d auteur. La copie ou la communication sans autorisation de parties ou de la totalité de ce travail peuvent être considérées comme une violation des lois en vigueur. La Banque internationale pour la reconstruction et le développement/la Banque mondiale encourage la diffusion de son travail et accorde habituellement dans des délais assez brefs la permission d en reproduire des parties. Pour obtenir l autorisation de photocopier ou reproduire une quelconque partie de cet ouvrage, veuillez en faire la demande, accompagnée de toute l information nécessaire, auprès du Copyright Clearance Center Inc., 222 Rosewood Drive, Danvers, MA 01923, USA ; téléphone : 978-750-8400 ; fax : 978-750-4470 ; Internet : www.copyright.com. Toute autre question relative aux droits et licences, y compris les droits subsidiaires, doit être adressée à l Office of the Publisher, Banque mondiale, 1818 H Street, NW, Washington, DC 20433, USA ; fax : 202-522-2422 ; email : pubrights@worldbank.org.

À propos de l AICD et de ses rapports pays Cette étude fait partie du Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD), un projet dont l ambition est de développer la connaissance de l infrastructure physique africaine dans le monde. L AICD constitue une base qui servira de référence pour mesurer les futures améliorations de l infrastructure, et assurer ainsi un suivi des résultats de l aide internationale. Elle offrira également une base empirique solide à la détermination des priorités d investissement et à la conception des réformes des politiques dans le secteur des infrastructures en Afrique. L AICD est le fruit d un effort sans précédent de collecte de données économiques et techniques détaillées sur les secteurs infrastructurels africains. Le projet a produit une série de rapports originaux sur les dépenses publiques, les besoins de dépenses et les performances de chacun des principaux secteurs infrastructurels, à savoir l énergie, les technologies de l information et de la télécommunication, l irrigation, les transports ainsi que l eau et assainissement. L ouvrage Infrastructures africaines : une transformation impérative, publié par la Banque mondiale et l Agence française de développement en novembre 2009, fait la synthèse des constats les plus significatifs de ces rapports. Le propos principal des rapports pays de l AICD est de comparer les performances des secteurs et de quantifier les principaux écarts de financement et d efficacité existant au niveau du pays. Ces rapports sont particulièrement intéressants pour les décideurs politiques nationaux et les partenaires au développement actifs dans les pays concernés. L AICD a été préparé à la demande du Consortium pour les infrastructures en Afrique (ICA) suite au Sommet 2005 du G-8 (Groupe des huit) de Gleneagles en Écosse. Ce sommet avait souligné l importance d accélérer le financement international des infrastructures pour soutenir le développement de l Afrique. La première phase de l AICD s est concentrée sur 24 pays représentant ensemble 85 % du produit intérieur brut, de la population et des flux de l aide aux infrastructures en Afrique subsaharienne. Il s agit de l Afrique du Sud, du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, du Cap-Vert, de la Côte d Ivoire, de l Éthiopie, du Ghana, du Kenya, du Lesotho, de Madagascar, du Malawi, du Mozambique, de la Namibie, du Niger, du Nigeria, de l Ouganda, de la République démocratique du Congo, du Rwanda, du Sénégal, du Soudan, de la Tanzanie, du Tchad et de la Zambie. Une deuxième phase du projet se propose d étendre la couverture de façon à inclure autant d autres pays africains que possible. En cohérence avec la genèse du projet, le propos principal de l AICD est de couvrir les 48 pays du sud du Sahara qui sont confrontés aux défis d infrastructure les plus sévères. Certains volets de l étude portent également sur les pays d Afrique du Nord de façon à fournir au lecteur un contexte de référence plus large. À défaut d indication contraire, dans ce rapport, le terme «Afrique» est utilisé en tant qu abréviation pour «Afrique subsaharienne».

La Banque mondiale a réalisé l AICD sous la supervision d un comité de pilotage où sont représentés l Union africaine, le Nouveau partenariat pour le développement de l Afrique (NEPAD), les communautés économiques régionales africaines, la Banque africaine de développement (BAD), la Development Bank of Southern Africa (DBSA) et les principaux bailleurs de fonds du secteur des infrastructures. Le financement de l AICD provient d un fonds fiduciaire multidonateurs dont les principaux contributeurs sont le Département pour le développement international du Royaume-Uni (DfID), le Private Public Infrastructure Advisory Fund (PPIAF), l Agence française de développement (AFD), la Commission européenne et la KfW Entwicklungsbank de la République fédérale d Allemagne. Un groupe de représentants éminents du monde politique et universitaire de l Afrique et d ailleurs ont procédé à l examen par les pairs des principaux produits de l étude afin d en garantir la qualité technique. Le Programme de politiques de transport en Afrique subsaharienne (SSATP) et le Programme d alimentation en eau et assainissement (WSP) ont apporté leur assistance technique à la collecte des données et à l analyse de leurs secteurs respectifs. Les rapports AICD ainsi que les données qui les sous-tendent sont disponibles sur le site interactif http://www.infrastructure.africa.org qui permet à ses utilisateurs de télécharger des rapports de données sur mesure et de procéder à diverses simulations. Beaucoup des produits de l AICD seront repris dans la Série Documents de travail consacrés à la recherche sur les politiques de la Banque mondiale. Les demandes relatives à la disponibilité des données doivent être adressées aux éditeurs, à la Banque mondiale, Washington, DC.

Table des matières Remerciements Synopsis 1 Pourquoi l infrastructure a-t-elle de l importance? 3 L état des infrastructures au Congo 5 Technologies de l information et la communication 12 Transports de surface 16 Trafic maritime et fluvial 20 Transport aérien 21 Alimentation en eau et assainissement 22 Financement des infrastructures de la République du Congo 24 Bibliographie 37 Général 37 Croissance 37 Financement 37 Technologies de l information et de la communication 37 Irrigation 38 Énergie 38 Transport 38 Alimentation en eau et assainissement 39 Autres 39 iii Remerciements Ce document a largement bénéficié de la contribution des spécialistes sectoriels de l équipe de l AICD, et plus spécialement de Dick Bullock pour les chemins de fer, Mike Mundy pour les ports, Heinrich Bofinger pour le transport aérien, Rupa Ranganathan pour l énergie, Carolina Dominguez pour l alimentation en eau et assainissement, Michael Minges et Rebecca Meyer pour les technologies de l information et de la communication, Alberto Nogales pour les routes, Nataliya Pushak pour la dépense publique, et Alvaro Federico Barra pour l analyse spatiale. Il est basé sur les données récoltées par des consultants locaux et a grandement profité des commentaires fournis par les collègues des équipes pays de la Banque mondiale concernées, notamment Marie Françoise Marie-Nelly (directeur pays), Midou Ibrahima (responsable pays), Franck Bousquet (responsable secteur), Alexandre Dossou (routes), Pierre Pozzo di Borgo (chemins de fer), Michel Layec (énergie), Franck Bousquet (eau et assainissement), Jerome Bezzina (TIC), Peter Siegenthaler et Monthe Bienvenu Biyoudi (macro), ainsi que le professeur Mantsi et Afua Sarkodie (consultants locaux). iii

Synopsis La modernisation de l infrastructure joue un rôle décisif dans l effort de diversification de son économie et de réduction de la pauvreté de la République du Congo. Elle est également en soi une source importante de croissance. Une analyse statistique entre pays menée pour ce rapport montre qu entre 2001 et 2006, la contribution de l infrastructure à la croissance annuelle du PIB par habitant de la République du Congo a été de 0,5 point de pourcentage. Si l infrastructure du pays pouvait être améliorée jusqu au niveau constaté à Maurice, le pays le mieux classé de l Afrique subsaharienne, sa contribution à la croissance annuelle par habitant pourrait être de plus de 3 points de pourcentage. L infrastructure énergétique de la République du Congo est inadéquate et gérée de manière inefficace. Le pays est très en retard par rapport à ses pairs du point de vue de la capacité de production et de l électrification. La population non desservie par le réseau doit faire face à des coûts exorbitants. L État a répondu à ces problèmes par un plan d investissement ambitieux. Cependant, pour faire fonctionner efficacement de nouveaux actifs, il devra également s attaquer aux inefficacités majeures du service public de l électricité. Les pertes dans le transport et la distribution de l électricité s élèvent à 47 %, plus du double des valeurs de référence des pratiques modèles, et le coût des sureffectifs représente 30 % des recettes du service public. Les tarifs recouvrent à peine la moitié du coût de la prestation du service, alors que le recouvrement total des coûts serait abordable pour la population. Dans le secteur des TIC, la République du Congo a fait d excellents progrès au cours des dernières années dans le développement de son marché de la téléphonie mobile, atteignant des niveaux élevés de couverture par le signal. Le coût de la connectivité internationale est actuellement élevé, mais il devrait diminuer une fois que le pays sera raccordé au câble sous-marin international et le réseau intérieur en fibre optique sera terminé. D autre part, l état physiquement vétuste et financièrement déficient de l opérateur de téléphonie fixe devient une contrainte pour l extension de la pénétration d Internet. La restauration du réseau national des transports exigera un investissement majeur et des décisions politiques bien pensées dans les secteurs des ports, des routes, ferroviaire et du transport fluvial. Suite à l adoption du Plan de transport national, d importants investissements sont en cours dans le secteur routier afin de rétablir les connexions entre Pointe-Noire, Brazzaville, et le nord du pays. Un fonds routier a également été créé pour assurer l entretien, bien que jusqu à présent, les ressources n ont pas été adéquates. Pour restaurer la compétitivité de ce corridor, des améliorations importantes doivent être apportées aux performances du port de Pointe-Noire et de la liaison ferroviaire du CFCO. La construction d un pont reliant Brazzaville à Kinshasa aiderait à accroître le trafic passant par Pointe-Noire et à améliorer la viabilité globale de cette voie. L amélioration de la navigabilité des rivières Congo, Oubangui et Sangha contribuerait également à rétablir un mode de transport extrêmement rentable, d une importance stratégique pour le nord du pays. La couverture des services du secteur de l eau et assainissement est relativement bonne. Les taux d accès du pays sont nettement supérieurs à ceux de son groupe de pairs, en particulier en ce qui concerne l eau courante, les bornes-fontaines et les latrines améliorées. Néanmoins, l accès aux services est beaucoup plus important dans les zones urbaines que rurales. De plus, la sous-tarification de l eau a nui à la solidité financière du service public des eaux, bien que des analyses indiquent que des tarifs permettant le recouvrement des coûts seraient abordables pour les consommateurs. 1

La République du Congo doit dépenser 0,95 milliard de dollars EU par an d ici 2015 pour rattraper son retard dans la quantité et la qualité de son infrastructure. Cela représente 16 % du PIB, un taux comparable à la part consacrée par la Chine à son infrastructure au milieu des années 2000. Les besoins de dépense de loin les plus importants concernent le secteur énergétique, qui nécessite une dépense de 0,5 milliard de dollars EU par an. De leur côté, les transports, l eau et l assainissement ont chacun des besoins estimés à 0,2 milliard de dollars EU par an. La majeure partie des besoins concerne la dépense d investissement, mais pas moins d un quart de cette somme est nécessaire pour répondre aux besoins d exploitation et maintenance. Au milieu des années 2000, la dépense d infrastructure s élevait à 0,46 milliard de dollars EU par an. Ce chiffre est passé à 0,55 milliard de dollars EU par an en 2008-2009. Plus de la moitié de la dépense actuelle est consacrée au secteur des transports. La plus grande partie est financée par des sources nationales. Les contributions des financiers extérieurs sont relativement faibles ; la plus significative est celle des bailleurs de fonds ne faisant pas partie de l Organisation de coopération et de développement économiques (44 millions de dollars EU par an), suivie par l aide publique au développement (APD) des membres de l OCDE (19 millions de dollars par an). Par rapport à d autres pays d Afrique riches en ressources, la République du Congo attire peu de financements privés en faveur de l infrastructure. Il existe un «écart d efficacité» annuel de 0,32 milliard de dollars EU au sein des secteurs d infrastructure. Ces ressources sont présentes au sein du système mais, en raison des inefficacités, ne sont pas dépensées de manière productive. Les défis sont notamment la sous-tarification des services (78 millions de dollars EU par an), les inefficacités opérationnelles des services publics (79 millions de dollars par an), et la sous-exécution des budgets d investissement (52 millions de dollars par an). Dans les trois cas, le secteur énergétique est de loin le plus coupable. De plus, 112 millions de dollars EU par an sont dépensés dans certains secteurs et pourraient être réaffectées ailleurs de façon plus productive. Si toutes ces inefficacités étaient éliminées, la République du Congo serait confrontée à un écart de financement de l infrastructure de 0,27 milliard de dollars EU par an, soit environ 4,7 % du PIB. Les déficits d investissement dans l énergie et l eau représentent la plus grande part de ce total. Aucun écart n a été constaté pour les transports. L écart de financement a été calculé sur la base des niveaux de dépense du milieu des années 2000. Si les niveaux plus élevés de dépense de 2008-2009 pouvaient être maintenus, l essentiel de l écart disparaîtrait. En adoptant des technologies moins coûteuses pour atteindre les objectifs d infrastructure, la République du Congo réduirait son écart annuel de financement de 158 millions de dollars EU. D autre part, sans les échanges régionaux d énergie, les coûts du secteur énergétique augmenteraient de 272 millions de dollars EU. Si la République du Congo est incapable de maintenir sa dépense aux niveaux de ces dernières années, de réaliser des gains d efficacité, et de réduire les coûts par des choix technologiques appropriés, et si elle maintient au contraire la dépense aux niveaux du milieu des années 2000, il faudra 78 ans au pays pour atteindre ses objectifs d infrastructure. En réalisant des gains d efficacité et en maintenant la dépense au niveau du milieu des années 2000, la République du Congo pourrait les atteindre en 31 ans. La perspective continentale Le Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD) a recueilli et analysé des données exhaustives sur la situation de l infrastructure dans la plupart des pays subsahariens, dont la République du 2

Congo. Les résultats ont été présentés dans plusieurs rapports continentaux consacrés aux différents secteurs de l infrastructure (TIC, irrigation, énergie, transport, eau et assainissement) et aux différents domaines des politiques (à savoir les besoins d investissement, les coûts budgétaires et les performances sectorielles). Ce rapport pays donne une vue d ensemble des principales constatations de l AICD pour la République du Congo, afin de pouvoir comparer la situation de l infrastructure du pays à celle de ses pairs africains, en particulier les autres pays riches en ressources. Les données ayant été collectées dans plusieurs pays, un décalage dans le temps est inévitable. L AICD couvre les années 2004-2007. La plupart des données techniques présentées concernent l année 2006 (l année disponible la plus récente), tandis que pour les données financières, une moyenne a généralement été établie sur la période disponible afin de compenser l effet des fluctuations à court terme. De plus, il a fallut normaliser les indicateurs et les analyses pour assurer la cohérence et permettre des comparaisons entre les pays. C est pourquoi certains des indicateurs peuvent être légèrement différents de ceux qui sont habituellement présentés et examinés dans les pays. Pourquoi l infrastructure a-t-elle de l importance? Au cours des dix dernières années, la contribution du secteur de l infrastructure à la croissance annuelle par habitant de la République du Congo a été de 0,5 point de pourcentage, beaucoup moins que la moyenne régionale de 0,99 point. La croissance de la République du Congo est essentiellement due à l extension de l accès à la téléphonie mobile, tandis que l inefficacité de la distribution d électricité freine l économie. La faible contribution passée de l infrastructure à la croissance indique que la République du Congo peut tirer des gains importants des améliorations dans ces secteurs. D après des simulations, si l infrastructure du pays pouvait être améliorée jusqu au niveau de Maurice, le pays le mieux classé de l Afrique, les taux de croissance annuelle par habitant pourraient augmenter de 3,7 points de pourcentage, contre une moyenne de 2,92 points pour l ensemble du continent (Figure 1). La majeure partie de la contribution potentielle à la croissance devrait provenir des améliorations dans le secteur énergétique, notamment d un accroissement de la capacité de production. Les données d une enquête auprès d entreprises menée par la Banque mondiale et la SFI en 2009 1 indiquent que l énergie est de loin la contrainte d infrastructure la plus importante pour les entreprises congolaises. Les entreprises interrogées rapportent des pertes allant jusqu à 16 % des ventes en raison des fréquentes coupures d électricité, presque le triple de la moyenne de 6 % de l Afrique subsaharienne. L amélioration des routes contribuerait également de façon importante à la croissance. Par exemple, si les liaisons routières étaient utilisées, le coût des importations vers le nord du pays passerait de 313 dollars EU par tonne via Douala, à 267 dollars EU par tonne via Pointe-Noire ; et le développement de routes de raccordement dans les régions de Pool et Cuvettes, dont le potentiel agricole est élevé, présente une rentabilité d environ 34 % (Briceño-Garmendia et Foster, 2009). 1 http://www.enterprisesurveys.org /ExploreEconomies/?economyid=49&year=2009 3

% du PIB % du PIB INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE Figure 1. L infrastructure n a pas beaucoup contribué à la croissance, et pourrait y contribuer beaucoup plus a. Contribution de l infrastructure à la croissance annuelle par habitant, 2001-2005 par rapport à 1991-1995, en pourcentage 2.5 2 1.5 1 0.5 0-0.5-1 télécoms telecom electricity électricité route roads b. Améliorations potentielles de la croissance par habitant si l infrastructure était améliorée jusqu au niveau de Maurice, en % 5 4 3 2 1 0-1 Source : Calderon, 2008. télécoms telecom electricity électricité roads route Le réseau d infrastructure a la capacité de s interconnecter avec les réseaux des pays voisins. Le réseau électrique est déjà étroitement relié à celui de la République démocratique du Congo. Dans le secteur des transports, un corridor routier, opérationnel mais dans un état général médiocre, relie Brazzaville et Pointe-Noire et s étend jusqu aux frontières du Gabon à l ouest, le Cameroun et l Afrique centrale au nord, et l Angola et la République démocratique du Congo au sud et au sud-est. La République du Congo possède également d importants corridors ferroviaires et fluviaux. Ce rapport commence par examiner les principaux réalisations et défis de chacun des grands secteurs de l infrastructure de la République du Congo, et les principales conclusions sont résumées ci-dessous (Tableau 1). Il s intéresse ensuite au problème du financement des besoins d infrastructure non satisfaits dans la République du Congo. 4

Tableau 1. Réalisations et défis dans les principaux secteurs d infrastructure économique du Congo Réalisations Énergie Développement rapide de la capacité de production (300 mégawatts pour l énergie thermique et 120 mégawatts pour l énergie hydroélectrique) Un réseau électrique national est prévu Réhabilitation d une ligne de transport HT de 425 kilomètres de Pointe-Noire à Brazzaville Prix proche du recouvrement des coûts TIC Transport de surface (routes et chemins de fer) Transport maritime et fluvial Eau et assainissement Les deux tiers de la population sont couvert par le signal GSM La pénétration de la téléphonie mobile est équivalente à celle des pays comparables Il existe une certaine concurrence dans le secteur de la téléphonie mobile Le financement de l entretien est en augmentation constante Un solide programme d investissement est en cours L un des meilleurs ports d Afrique subsaharienne Développement d un plan directeur national pour les ports Le fleuve Congo est un axe de transport rentable pour le bois du nord Une partie importante de la population a accès à l eau courante Défis Financement d un énorme programme d investissement Fourniture d une capacité de transport et de distribution suffisante pour transférer l électricité disponible aux consommateurs Réduction des fréquentes coupures d électricité Augmentation de l accès à l électricité, en particulier dans les zones rurales Réduction des pertes dans le transport et la distribution Restructuration de Congo Telecom (SOTELCO) et ouverture à la participation privée Amélioration de la qualité de la large bande Baisse des prix Amélioration du réseau routier national Création d un réseau efficace de routes rurales Passage du fond routier à un fond de deuxième génération, entièrement opérationnel Le service des chemins de fer est lent, peu fiable, peu sûr, et cher Assurer une connectivité routière et ferroviaire efficace entre Brazzaville-Pointe-Noire et Brazzaville-Kinshasa Modernisation, développement et accroissement de la productivité régionale du port de Pointe-Noire Dragage des affluents du fleuve Congo pour faciliter la production nationale de bois Réduction de l utilisation des eaux de surface Augmentation de l accès aux sources d eau améliorées dans les zones rurales Éliminer les inefficacités du service public, en particulier la soustarification L état des infrastructures au Congo Les réseaux d infrastructure de la République du Congo ont généralement suivi les schémas d urbanisation du pays. Ils couvrent la région du sud-ouest et de là, s étendent vers le haut, les liaisons les moins développées se trouvant au nord-est (Figure 2). Cette répartition reflète le fait que la République du Congo est un pays à prédominance urbaine. Les plus grandes villes sont concentrées au sud et au sud-ouest, autour des champs pétroliers et des ressources minières connues, 61 % de la population vivant dans deux zones urbaines : la capitale, Brazzaville, au sud-est, et le port principal de Pointe-Noire, au sud-ouest. Les immenses étendues de forêt dense du pays sont fortement exploitées au sud-ouest, mais restent sous-exploitées dans la partie nord du pays. 5

Figure 2. Les réseaux d infrastructure du Congo ont suivi les schémas d urbanisation 6

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Énergie Réalisations Le Congo nourrit l ambitieux projet de doubler le taux d accès à l électricité en 2011. Des efforts sont en cours pour améliorer la capacité de production et de transport afin d atteindre cet objectif. La capacité de production actuelle du pays est d environ 361 mégawatts : les centrales hydroélectriques de Moukoukoulou et Djoué fournissent respectivement 74 et 15 mégawatts, la centrale thermique au gaz de Brazzaville, 32 mégawatts, celle de Pointe Noire, également au gaz et récemment mise en service a une capacité de 150 mégawatts, et la centrale hydroélectrique d Imboulou produit actuellement 90 mégawatts. La capacité du barrage d Imboulou, actuellement construite par une entreprise chinoise à 215 kilomètres au nord de Brazzaville, sera étendue à 120 mégawatts avec la mise en service de la quatrième unité, prévue pour cette année. La capacité de la centrale au gaz de Pointe-Noire sera doublée pour atteindre 300 mégawatts en 2011. Le coût marginal à long terme du développement de cette capacité de production est d environ 0,08 dollar EU par kilowattheure. Des améliorations sont également prévues dans le transport du courant. En particulier, la ligne de transport Pointe-Noire-Brazzaville va être réhabilitée et prolongée vers le nord en direction d Ouando (à 550 kilomètres de la capitale). Défis Le secteur énergétique de la République du Congo est sous-développé en termes de capacité de production, de consommation, d accès et de fiabilité. Même si le pays ne dépend plus des importations depuis la République démocratique du Congo, la distribution est peu fiable. La fréquence des coupures de courant a obligé les entreprises et les ménages à accumuler une capacité totale de production propre de 207 mégawatts. Celle-ci représente au total près de 60 % de la capacité du système national. L accès à l'électricité est très inférieur à la moyenne des pays africains pairs dans les zones aussi bien urbaines que rurales, mais la situation est particulièrement dramatique dans ces dernières avec un taux d accès de 16,74 % seulement (Tableau 2). Les ménages des zones rurales appartenant aux deux quintiles supérieurs de revenus dépensent moins de 0,2 % de leur budget en électricité, faute y avoir accès (Figure 5). Par contre, ils sont forcés d utiliser des combustibles alternatifs au fioul nettement moins propres. Malgré la médiocre qualité des services, les tarifs de l électricité (de 0,09 à 0,15 dollar EU le kilowattheure) sont parmi les plus élevés des systèmes à prédominance hydroélectrique de l Afrique (Figure 4). En plus de l insuffisance de la couverture et de la fiabilité du réseau, les réformes devront s attaquer aux inefficacités, qui génèrent d importants coûts cachés et font grimper les tarifs (Figure 3). La Société nationale d'électricité (SNE) est la principale source d inefficacités dans le secteur. Les pertes dans le transport et la distribution atteignent 47 % de la puissance générée, un chiffre élevé par rapport à la moyenne de 27 % des autres pays africains riches en ressources. Les pertes financières associées équivalent à 37 % des recettes de la SNE. Ceci est vraisemblablement dû au manque de maintenance et de réhabilitation du réseau de distribution existant, et à une politique permissive envers les branchements clandestins. On observe aussi un sureffectif relativement élevé par rapport à celui des autres compagnies d'électricité africaines. Enfin, la compagnie ne recouvre que 88 % de ses factures. Ces coûts cachés significatifs entravent la capacité de la SNE à récupérer ses coûts et limitent ainsi l investissement dans la réhabilitation et l extension du système. Les tarifs en vigueur, déjà élevés par rapport aux normes continentales, suffisent à couvrir les coûts d exploitation, mais, si on prend en compte les besoins d investissement, le recouvrement des coûts n est que de 53 %. 9

Tableau 2 : Comparaison des infrastructures énergétiques et de la capacité, du taux d accès et des performances des services publics Unité République du Congo Pays riches en ressources Capacité de production installée MW/mil. d habitants -85,6 42,2 Production d électricité Kilowattheures/habitant 250 200,2 Coupures de courant Nbre par mois typique 27,4 15,8 Valeur perdue par les entreprises à cause des coupures de courant % des ventes 15,7 7,2 Accès à l électricité % population 34,9 46,1 Accès à l électricité (zones urbaines) % population 51,3 78,7 Accès à l électricité (zones rurales) % population 16,4 27,6 Collecte des recettes % de la facturation 91,0 77,5 Pertes dans la distribution % production 47,4 26,5 Récupération des coûts d exploitation Récupération des coûts % coût Total coûts cachés % de la recette 86,1 83,6 Tarif (centimes de dollar EU par kilowattheure) Congo 112 53 Prédominance hydroélectrique Tarif (résidentiel à 100 kilowattheures) 15,0 10,27 Tarif (commercial à 900 kilowattheures) 10,0 11,73 Tarif (industriel à 50 000 kilowattheures) 9,9 11,39 Source : Eberhard et al., 2008. 77,7 55,9 Autres pays en développement 5,0 10,0 Seul le sud du pays a accès au réseau de la SNE, tandis que le nord en est réduit à la production hors-réseau, bien plus coûteuse. De ce fait, le prix réel de l électricité dans le nord est trois fois plus élevé que celui du sud. Par exemple, toutes les concessions forestières du nord (et quelques-unes du sud) sont trop éloignées pour bénéficier du réseau et doivent avoir recours à leurs propres générateurs au diésel pour le traitement du bois sur place. Le coût de la production basée sur le diésel est estimé à 0,23 dollar EU par kilowattheure pour les concessionnaires du sud, où le carburant est moins cher en raison de la proximité de Pointe-Noire, mais il est de 0,62 dollar EU par kilowattheure, donc presque trois fois plus, pour les concessionnaires du Nord. Comparativement, le coût marginal à long terme de l électricité du réseau est de 0,08 dollar EU par kilowattheure et pourrait descendre à 0,06 dollar si le pays avait des infrastructures suffisantes pour importer de l électricité du Cameroun. 10

Chad Tchad Cape Cap-Vert Verde Madagascar Ouganda Uganda Burkina Faso Senegal Sénégal Congo, Rep. Rép.du of Kenya Rwanda Cameroon Cameroun Niger Benin Bénin Côte d'ivoire Namibia Namibie Tanzania Tanzanie Ghana Lesotho Afrique South Africa du Sud Mozambique Ethiopia Éthiopie Congo, Rép.dém. du Congo, Dem. Rep. of Malawi Nigeria Zambia Zambie cents de dollars EU INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE Figure 3. Coûts cachés des compagnies d électricité Congo, Dem. Rép.dém.du Rep. of Nigeria Ghana Tchad Chad Congo, Congo Rép.du Rep Ethiopia Éthiopie Cameroun Cameroon Bénin Benin 0 100 200 300 400 500 600 % des recettes pertes unaccounted non comptab. losses sous-tarification underpricing inefficacité collection collecte inefficiencies recettes sureffectif overmanning Source : Briceño-Garmendia et coll. 2008. Figure 4. Les tarifs de l électricité du Congo sont relativement élevés Tarif résidentiel réel à 100 kilowattheures 35 30 25 20 15 10 5 0 Source : Briceño-Garmendia et coll. 2008. 11

électricité en % du budget INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE Figure 5. Part de l électricité dans les budgets familiaux, 2005 2 1.5 1 0.5 0 Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 quintile national urban urbain semi-urban semi-urbain rural Source : FMI, 2009. Technologies de l information et la communication Réalisations En République du Congo, la compétition s est intensifiée ces dernières années sur le marché de la téléphonie mobile. Grâce à cela, environ 70 % de la population du pays sont couverts par un signal GSM, contre 48 % dans les pays africains riches en ressources (Tableau 3). La pénétration de la téléphonie mobile est également plus élevée en République du Congo 35 % par rapport à la référence de 24 % des pays riches en ressources. De plus, le nombre d abonnés a augmenté de 8,2 % de la population entre 2006 et 2008, contre 1,7 % dans un pays africain ordinaire. En 2003, il y avait 330 000 abonnés, et à la fin de 2007, ils étaient environ 760 000, desservis par les trois principaux opérateurs de téléphonie mobile : Zain Bharti Airtel, MTN Congo, et Warid Télécom (Encadré 1). Ceux-ci sont entrés sur le marché entre 1997 et 2007. Un quatrième opérateur est apparu en 2010. La progression de l indice de Herfindahl-Hirschman (Indice HHI) au cours de la dernière décennie reflète le dynamisme de la structure du marché (Figure 6). La République du Congo s est engagée à entreprendre plusieurs projets TIC de transformation. Premièrement, le Projet de couverture nationale vise à étendre l accès des zones reculées au haut débit, et à se rapprocher de l accès universel à la large bande. Le pays envisage également de se raccorder au système de câble en fibre optique de l Afrique de l Ouest, grâce au Projet du système de câble ouest-africain (WACS, présenté plus loin). Enfin, il mettra en œuvre une stratégie de connectivité efficace et utilisera cette connectivité pour accroître l efficacité de l État dans le cadre du projet CAB CITCG de réseau dorsal de l Afrique centrale, financé par la Banque mondiale. La République du Congo a récemment signé un accord de raccordement au câble sous-marin dans le cadre du Projet WACS (West Africa Cable System), un câble de communication sous-marin prévu pour relier l Afrique du Sud au Royaume-Uni, le long de la côte ouest-africaine. La station d atterrissage en République du Congo fournira au pays sa première connexion directe au réseau mondial de câbles sous-marins. 12

En 2008-2009, le Congo a conçu et adopté une nouvelle politique et une vision stratégique pour le secteur des TIC (cyberstratégie), une feuille de route menant le Congo vers le niveau suivant de connectivité TIC, avec pour objectif qu il devienne une plaque tournante TIC régionale. En 2009, la République du Congo a adopté un important cadre juridique et politique pour la réglementation des secteurs des postes et télécommunications. Il est prévu pour étendre l utilisation des nouvelles technologies dans le secteur. Tableau 3: Comparaison des infrastructures TIC Unité République du Congo Pays riches en ressources Couverture GSM % population 75,0 47,7 Haut débit international Mbps/habitant 0,29 2,7 Internet Abonnés /100 personnes 0,03 0,3 Ligne terrestre Abonnés/100 personnes 0,41 1,1 Téléphonie mobile Abonnés/100 personnes 35,4 23,7 Prix (dollars EU) République du Congo Sans câble sousmarin Avec câble sousmarin Autres régions en voie de développement Prix du forfait mobile mensuel 18,8 11,1 13,6 9,9 Prix du forfait fixe mensuel 13,6 16,7 Prix du forfait Internet de 20 heures 84,5 68,0 47,3 11,0 Prix d un appel de 3 minutes aux États-Unis 5,4 2,6 1,4 2,0 Prix moyen d un appel téléphonique interafricain 0,72 0,44 s.o. Source : Ampah et autres, 2009. = données pas disponibles ; s.o. = sans objet Encadré 1. Opérateurs de téléphonie mobile du Congo Zain : Est entré en service en tant que Celtel en décembre 1999 et a été rebaptisé Zain en 2008. Le nombre des abonnés de la société est passé de 43 000 en décembre 2000 à 116 000 en décembre 2001, et à 165 000 en décembre 2002. En 2007, Zain a atteint le cap des 1 014 000 abonnés. MTN : Au départ filiale de Telecel, il a été acheté par Orascom, qui l a rebaptisé Libertis en mai 2000, puis l a cédé sans condition à MTN en 2005. Le nombre des abonnés de Libertis est passé de 22 600 en 2000 à 47 635 en septembre 2001, 73 438 en septembre 2002, et 76 544 en décembre 2002. Lorsqu en décembre 2005, MTN a acheté la société, celle-ci comptait 210 000 abonnés, soit 35 % du marché. En décembre 2007, ce chiffre était passé à 330 000. Le chiffre d affaire mensuel moyen par utilisateur est resté constant à 20 dollars en 2006 et 2007. Warid Télécom : En 2006, Warid Télécom annonçait la formation d une coentreprise avec Congo Télécom (SOTELCO), la société en place. L État l a autorisé à offrir les services à la fois vocaux et de transmission des données. Warid est entré en activité en janvier 2008 et a déclaré vouloir investir 95 millions de dollars en cinq ans. 13

Figure 6. Évolution de l indice Herfindahl-Hirschman entre 2000 et 2010 Source : Wireless intelligence, 2010. Défis La plupart des réseaux de télécommunications, y compris le réseau national hertzien, ont été détruits pendant la guerre. Tous ont été endommagés, à l exception d un central téléphonique à Pointe-Noire. Depuis lors, Congo Télécom a entrepris un programme limité de réhabilitation des infrastructures. Une bonne partie du réseau national utilise des connexions sans fil à travers des liaisons hertziennes de 32 Mbps. La République du Congo compte actuellement trois sociétés de téléphonie mobile. Comme indiqué ci-dessus, la couverture GSM de la population est de presque 70 %. Sur la base du pouvoir d achat des consommateurs et leur volonté de payer pour les services de téléphonie mobile, on estime que le secteur privé pourrait investir suffisamment l année prochaine pour couvrir encore 15 % de la population, sur une base commercialement viable (Figure 7). Pour réaliser l accès universel, des subventions seront néanmoins nécessaires pour couvrir les 15 % restants. Le coût des connexions internationales est élevé en République du Congo. Un appel mobile d une minute vers Washington, DC coûte environ 0,96 dollar EU (Celtel) contre 0,40 dollar EU (Celtel et Vodacom). Les appels internationaux et haut débit sont également plus chers que dans le reste de l Afrique, et l accès à Internet est plus lent, à 0,3 Mbps contre 2,7 Mbps dans les pays riches en ressources de référence. Cependant, une fois que le pays sera raccordé au câble sous-marin, ces chiffres devraient s améliorer. Dans d autres pays africains déjà raccordés au câble sous-marin, les prix ont été réduits de moitié là où l accès à la passerelle internationale est concurrentiel. Contrairement à la téléphonie mobile, la téléphonie fixe reste le monopole public de Congo Télécom (anciennement Société des télécommunications du Congo, ou SOTELCO). Le Gouvernement a déclaré son intention de privatiser Congo Télécom, mais vu l instabilité financière de celui-ci, la chose s avère improbable. À la mi-2007, la société a annoncé qu elle avait suspendu le paiement des salaires, afin d éviter une débâcle financière. Avec ses effectifs pléthoriques et la baisse de ses revenus, la société est confrontée à la faillite, à moins d élaborer et mettre en œuvre un plan de redressement. 14

Figure 7. Couverture des télécommunications et écart de marché efficient Congo, Dem. Rép. Rep. dém. ofdu Madagascar Zambia Zambie Congo, Rep. Rép. ofdu Niger Mozambique Chad Tchad Botswana Namibia Namibie Lesotho Lesotho Tanzania Tanzanie Ethiopia Éthiopie Cameroon Cameroun Cape Cap-Vert Verde Burkina Burkina Faso Faso Malawi Malawi Sudan Soudan Kenya Kenya Sénégal Senegal Côte d'ivoire Côte d Ivoire Bénin Benin Ghana Ghana Ouganda Uganda Rwanda Rwanda Nigeria Nigeria Afrique du Sud South Africa Source : Mayer et autres, 2009. 0% 20% 40% 60% 80% 100% % de la population coverage écart de couverture gap écart efficient de marché market efficient gap existing accès existant access La densité des lignes fixes en République du Congo est faible et en déclin. La couverture était de 0,41 abonnés pour 100 habitants en 2005, moins de la moitié des pays riches en ressources comparables. Ce chiffre est tombé à 0,35 abonnés pour 100 habitants en 2007 et à 0,24 en 2008. De plus, la qualité du réseau fixe se détériore rapidement et devient un obstacle à l expansion et à l amélioration des services Internet. Une grande partie du réseau des télécommunications, y compris le réseau national hertzien et les centraux téléphoniques de Brazzaville, a été détruite pendant les combats. Il n est donc pas étonnant que les coûts soient élevés. Le prix d un appel de trois minutes vers les États-Unis à travers le réseau fixe est de 5,40 dollars EU, deux fois celui des pays pairs de la région (Tableau 3). La faible disponibilité, les coûts élevés et la lenteur du raccordement à la téléphonie fixe ont freiné l accès à Internet en République du Congo. À la fin 2009, suivant l ARPCE, le pays ne comptait que 15 000 abonnés à Internet, dont la plupart via les réseaux GPRS (service général de paquets radio). Les connexions ADSL 15

(Asymmetric Digital Subscriber Line) n étaient que de 121 en mai 2010, dont 11 seulement avaient accès à des vitesses de liaisons descendantes de 512 kbps, le taux le plus élevé enregistré à l époque. Selon Telegraphy.com, le nombre d abonnés au haut débit a été estimé à 130 en septembre 2010, et l indice de préparation des pouvoirs publics de la RDC a diminué au cours du temps (de 0,2855 en 2005 à 0,2737 en 2008). La volonté politique et un renforcement institutionnel seront nécessaires pour assurer une mise en œuvre réussie du nouveau cadre juridique et réglementaire, des nouveaux projets TIC, et de l accord de câble sousmarin. Dans le processus PPTE où la République du Congo a été engagée de 2006 à janvier 2010, le déclencheur du point d achèvement flottant était l adoption d un cadre réglementaire pour le secteur des télécommunications qui a instauré la compétition au niveau des passerelles internationales et de la transmission sans fil locale. Deux actions ont été entreprises pour répondre à l exigence de l initiative PPTE : premièrement, l abrogation d un décret de 2004 rétablissant le monopole de l opérateur historique Congo Télécom sur les passerelles internationales et lui accordant l exclusivité sur le marché de la transmission sans fil locale ; et deuxièmement, l adoption d une nouvelle législation portant création de l Agence de régulation des postes et des communications électroniques (ARPCE) et assurant des régimes réglementaires clairs et transparents, en particulier dans la gestion des fréquences. Tableau 3 : Comparaison de l infrastructure routière du Congo Unité République du Congo Pays riches en ressources Afrique subsaharienne Densité des routes revêtues km/1000 km 2 de terre arable 25 111 101 Densité des routes non revêtues km/1000 km 2 de terre arable 11 287 340 Accessibilité SIG en milieu rural % de la population rurale dans un rayon de 2 km des routes régionales et nationales 34 21 23 Trafic sur routes revêtues Trafic journalier annuel moyen, voitures/jour 850 1,570 1,201 Trafic sur routes non-revêtues Trafic journalier annuel moyen, voitures/ jour 50 56 54 État des routes revêtues % dans un état bon ou satisfaisant 38 67 79 État des routes non-revêtues % dans un état bon ou satisfaisant 21 62 59 Source : Gwilliam et autres, 2008. Transports de surface Réalisations Reconnaissant le caractère prioritaire du développement des transports de surface, l État a alloué des ressources énormes à leur amélioration. Leur potentiel de développement étant aussi élevé, le renforcement des corridors de transport constitue un élément clé du Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP). Des infrastructures de meilleure qualité au niveau des corridors peuvent favoriser la croissance des services de transport et de logistique, surtout si la République du Congo retrouvait sa position de pays de transit pour l Afrique centrale. Par ailleurs, l amélioration des infrastructures constitue une condition préalable au développement d activités productives dans d autres secteurs, en particulier dans l agriculture. 16

Encadré 2. Le fonds routier du Congo Le Fonds routier (FR) de la République du Congo a été mis en place en 2005 pour garantir le financement de : i) l entretien régulier et périodique du réseau des routes primaires, y compris les routes urbaines, nationales et rurales ; ii) la réhabilitation du réseau routier ; iii) la sécurité routière ; iv) la protection du patrimoine routier national ; et v) la réalisation d études et l appui technique dans les domaines susmentionnés. Le fonds routier est administré par un Secrétariat permanent, sous la supervision d un Comité de direction. La forte implication et le contrôle du ministère des Travaux publics dans les activités du fonds entravent son autonomie. La Direction des routes du ministère des Travaux publics se charge de programmer les activités de maintenance et de réhabilitation des routes. À travers ses bureaux provinciaux, elle est également responsable de la supervision des travaux une fois qu ils sont en cours. Mais, en réalité, il engage souvent de ces firmes privées pour le faire. Plus de 40 % du financement du FR est fourni par des transferts directs du budget général. Seuls 20 % proviennent des frais imposés aux usagers et 12 %, des taxes et redevances sur les activités forestières commerciales. Même si cette contribution est essentielle pour arriver au minimum de financement nécessaire pour l entretien des routes, elle constitue le principal facteur empêchant le bon fonctionnement du fonds en tant que fonds routier de seconde génération. Elle rend également le financement incertain dans la mesure où l engagement réel de ces ressources budgétaires dépend de la préparation du budget général et des décisions d exécution. Par ailleurs, malgré que ces taxes et frais soient régulièrement collectés, leur produit n est pas systématiquement et intégralement versé au fonds routier. Depuis le début de ses activités en 2005, à l exception de 2008, ce fonds n a perçu qu environ 60 % des ressources collectées en son nom par le Trésor. Même si les ressources du fonds routier ont sensiblement augmenté depuis sa création en 2004, elles ne suffisent pas à assurer un entretien régulier et adéquat du réseau des routes prioritaires du pays. En conséquence, les projets de maintenance et de réhabilitation sont sans cesse reportés, avec pour résultats un retards important. De plus, environ la moitié des ressources du fonds sont utilisées pour la réhabilitation, ne laissant que la moitié pour les activités de maintenance pure. Pour améliorer l efficacité du FR, deux mesures seront sans doute nécessaires. Tout d abord, le financement prévu doit être automatiquement transférés au fonds routier. Ensuite, les ressources de celui-ci doivent être concentrées sur l entretien, la réhabilitation étant laissée au budget public. Pour aider à réaliser le potentiel de développement des transports de surface du pays, plusieurs initiatives ont été lancées. Un plan national de transport (PNT), adopté en 2004, inclut de nouveaux investissements et des travaux de réhabilitation sur une période de 15 ans pour tous les types de transport, dans une perspective multimodale. Un programme d investissement dans les routes à grand trafic est également en cours en vue d améliorer la connectivité régionale et nationale de base et les liaisons entre la capitale et la côte, les postes frontières internationaux et les chefs-lieux de provinces. La plus notable est la nouvelle route Brazzaville- Pointe-Noire qui devrait être opérationnelle peu après 2012. Un fonds routier a été crée en 2005 afin de garantir le financement de l entretien et de la réhabilitation des routes (Encadré 2). La conception de ce fonds routier présente un certain nombre de problèmes et, le volume du trafic étant très limité, il pourrait rester fortement tributaire des subventions du budget général. Enfin, l amélioration de la gestion du CFCO, l opérateur ferroviaire national, connaît regain d intérêt grâce à un partenariat avec le secteur privé. En 2005, la tentative d introduction d une gestion privée via un accord de concession a été un échec, en grande partie à cause de l incapacité à faire face aux coûts sociaux et infrastructurels d une telle transaction. Défis Avant 1980, la République du Congo traitait le trafic commercial en provenance et à destination de la République centrafricaine, de la République démocratique du Congo et du Gabon. Les principaux corridors 17

intérieurs du pays (Pointe-Noire-Brazzaville par la route et le chemin de fer, Brazzaville-Ouesso par la route, et Brazzaville-Sangha-Oubangui par le fleuve) reliaient les grandes villes au principal port du pays et facilitaient la circulation des biens et services entre les grands centres économiques de la région. Le commerce avec le Gabon s est effondré après que celui-ci ait mis en place son propre réseau ferroviaire (Transgabonais) au milieu des années 1980, et que le Congo ait ainsi perdu le trafic en transit du minerai à partir du Gabon. Une grande partie du trafic de transit de la République démocratique du Congo a également été détournée vers Matadi sur le fleuve Congo, et vers d autres corridors internationaux. Cette situation perdure : le nord du pays est maintenant desservi par le port camerounais de Douala, tant pour les importations que pour les exportations, essentiellement à cause de la non-navigabilité des cours d eau intérieurs (voir ci-dessous). Quelque 100 000 tonnes d importations sont acheminées vers Brazzaville, par voie maritime de Pointe-Noire à Matadi, avant d être réimportées par voie terrestre via Kinshasa, au lieu d être transférées directement à partir de Pointe-Noire. La couverture routière de la République congolaise est limitée. La densité des routes revêtues par rapport aux terres arables représente moins de 25 % de la valeur de référence des pays riches en ressources, et la densité des routes non revêtues est inférieure à 4 % de cette valeur. De plus, les routes sont en mauvais état après des années de négligence et de conflit. Seuls 38 % du réseau revêtu et 21 % du réseau non revêtu sont dans un état bon ou satisfaisant. Le reste de l infrastructure routière non classée est souvent non fonctionnel (Tableau 3). Bien qu au Congo, l accessibilité rurale soit supérieure à la valeur de référence des pays comparables (34 % de la population rurale vit dans un rayon de deux kilomètres d une route régionale ou nationale contre 21 % pour la référence), cela reflète simplement la forte concentration de population autour des zones urbaines et des routes existantes. L État a planifié une amélioration majeure du réseau routier rural une fois que le réseau principal aura été achevé. Le réseau ferroviaire du pays figure parmi les pires de l Afrique en termes de qualité des services et de sécurité (Tableau 4). Le trafic ferroviaire a chuté de deux tiers au cours du conflit (avec un arrêt de service pendant quelques mois) et il n a jamais retrouvé son niveau antérieur. Les tarifs sont aussi parmi les plus élevés de l Afrique, à 0,16 dollar EU par tonne-kilomètre, soit trois fois plus que ceux de l Afrique australe. Le corridor ferroviaire du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) de la République du Congo comprend une ligne principale de 510 kilomètres reliant Brazzaville au port de Pointe-Noire et un raccordement de 285 kilomètres au nord tombé en désuétude en raison du délabrement de la ligne. La principale ligne en service est lente, peu fiable, dangereuse et coûteuse à cause du manque de réhabilitation et d entretien des voies, de la vétusté et de l insuffisance du matériel roulant, du déficit de gestion et des limitations des ressources humaines. La réhabilitation du CFCO et l amélioration de ses performances a une importance stratégique pour l économie du pays. L État prévoit d impliquer le secteur privé afin de la mobiliser des ressources financières additionnelles et les compétences techniques et managériales essentielles. De manière générale, les concessions ferroviaires en Afrique ont amélioré la performance opérationnelle et stimulé le trafic (Bullock 2009). Mais la mise en concession de la CFCO a jusqu ici été difficile pour plusieurs raisons. Tout d abord, la compagnie a des dettes et obligations sociales à apurer vis-à-vis de l État. Elle ne dispose également pas d un inventaire détaillé de ses actifs. De plus, étant donné que la compagnie est sur le point de perdre son monopole sur le corridor Pointe-Noire-Brazzaville, elle doit mettre au point un nouveau tarif et une stratégie commerciale qui permettront d atteindre un équilibre entre ses objectifs commerciaux et de service public dans le cadre d un régime transparent de subventions à payer par l État pour les services passagers. Finalement, la compagnie n a aucune stratégie claire pour le renouvellement et le renforcement de ses ressources humaines, bien qu elle ait lancé un plan de recrutement pour des centaines d employés et se soit embarquée dans un plan d investissement 18