Atelier 7 / L intercommunalité en Europe : quelles rationalisations?

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Transcription:

Atelier 7 / L intercommunalité en Europe : quelles rationalisations? Animateur : Michel SENIMON Délégué général d EUROPA, Directeur des ressources humaines, Conseil général des Pyrénées Atlantiques L intercommunalité en Europe : contexte Michel SENIMON L association Europa est ravie d avoir organisé cet atelier sur les rationalisations de l intercommunalité en Europe. L action publique au sein des institutions européennes est une thématique placée au cœur de nos activités. En 2007, Europa a édité un guide des bonnes pratiques de la coopération intercommunale pour le Conseil de l Europe. L organisation territoriale européenne évolue au rythme de celle des États membres, au fil des changements politiques et des besoins des populations. Le nombre de collectivités territoriales, leurs pouvoirs et leur autonomie sont variables d un pays à l autre le cas des États fédéraux étant bien entendu particulier. La tendance générale reste cependant celle de l incitation à la fusion et à la coopération. Typologie de la territorialisation en Europe En 2009, l Union européenne compte 92 500 collectivités locales ou régionales. Le paysage de l administration infranationale européenne est à géométrie variable, même si certaines tendances générales peuvent être observées. Les États membres comptent un, deux ou trois niveaux d administration publique. Huit pays ne comptent qu un seul niveau infranational, qui est l échelon communal de base et qui permet la gestion du service publique de proximité. Il s agit généralement des pays de petite taille, d un point de vue géographique ou démographique : la Bulgarie, Chypre, Malte, le Luxembourg, la Slovénie, l Estonie, la Finlande, la Lituanie. Ces pays représentent 4 % de la population totale en Europe. Douze pays ont deux niveaux de gouvernance infranationale, le niveau de base et le niveau régional. Ce dernier peut couvrir des formes très variées, comme le comté ou la province. Il s agit de l Autriche, du Danemark, de la Grèce, de la Hongrie, de l Irlande, de la Lettonie, des Pays-Bas, du Portugal, de la République tchèque, de la Roumanie, de la Slovaquie et de la Suède. Ils rassemblent 23 % de la population européenne. Enfin, sept pays comptent trois niveaux d administration territoriale : la commune, la région et le département. Le niveau supplémentaire peut prendre différentes formes : les communautés autonomes en Espagne, les entités fédérées allemandes et belges, les nations anglaises avec un Parlement autonome, etc. Ce sont donc l Allemagne, la France, l Espagne, le Royaume-Uni, la Pologne, la Belgique, et l Italie, qui représentent les trois quarts de la population en Europe. 1

La territorialisation européenne en chiffres L Union Européenne compte donc 91 252 communes, 1 150 collectivités de deuxième niveau et 104 régions de troisième niveau. Outre les communes, nous recensons 935 collectivités intermédiaires et 339 collectivités de niveau régional. Les 91 252 communes sont réparties très inégalement sur le territoire, car 90 % d entre elles se trouvent dans cinq pays. La France compte 40 % des communes d Europe, l Allemagne 13 % et l Espagne et l Italie 9 %. Il existe une claire dichotomie entre le Nord et le Sud, le Nord comptant 500 unités de base alors que le Sud en possède 8 000. Par ailleurs, la plupart des pays européens possèdent également un maillage infra-communal avec les quartiers, les arrondissements, les secteurs, les districts, les paroisses, les villages, les hameaux, les communautés, etc. Il y a par exemple 2 544 secteurs en Bulgarie et 430 paroisses au Portugal. Ces entités assument parfois le rôle de personnalité morale. Décentralisation et découpage territorial De nombreux pays appliquent une politique de fusion des communes car la plupart sont de petite taille, ce qui pose des problèmes de ressources et d assiettes fiscales. Par conséquent, le nombre de communes en Europe tend à diminuer, mais il devrait se stabiliser grâce à un seuil de population minimum imposé par les États membres. Dans leur quête de la taille idéale, ils encouragent les communes à la coopération intercommunale. La France par exemple développe le rôle des groupements intercommunaux, qui sont au nombre de 2 611. La recherche d une optimisation de la carte administrative provoque deux exigences contradictoires : l extension des territoires pour être plus efficient économiquement et la centralisation du centre de décision, centralisation qui rapproche le citoyen de son élu et permet de renforcer la démocratie. L Europe est donc un mille-feuille territorial et un millefeuille intercommunal. La France veut rationaliser l intercommunalité et dispose de trois types de rationalisation : - rationalisation des structures par des regroupements, des dissolutions et des créations - rationalisation des compétences à travers la coopération intercomunale par exemple - rationalisation des moyens par la mutualisation des services humains. L intercommunalité en France : les apports de la réforme Clotilde DEFFIGIER Professeur de droit public à l Université de Limoges, membre du Conseil scientifique d EUROPA Un maillage territorial étroit après la réforme en France Il est difficile de faire une comparaison en Europe, car chaque mode de territorialisation est autonome. La France a le modèle le plus intégré avec 36 782 communes. Étant donné qu il est impossible de réduire ce nombre, nous devons bénéficier d une intercommunalité plus forte qu ailleurs. La réforme actuelle cherche à rationaliser l organisation territoriale tout en restant efficace et lisible afin de rendre un service de qualité. Notre préoccupation est la même que 2

celle des autres pays européens : faire des économies tout en proposant un service de qualité au citoyen. L Espagne, l Allemagne et le Portugal connaissent des organisations similaires au système français. Leur intercommunalité est élaborée et coûteuse et ils disposent de nombreuses de compétences et de main-d œuvre. Deux pistes existent pour développer une intercommunalité efficiente : rationaliser les structures et renforcer leur périmètre ou rationaliser les fonctions. Il est facile de douter de l application de la réforme française, puisqu elle est basée sur la réduction des structures. Elle veut mettre en place des regroupements nombreux entre les communes, fusionner Départements et Régions et regrouper les Départements. La réforme n affecte cependant pas les syndicats mixtes ouverts, qui subsistent grâce à un financement croisé. Le but de la réforme est, grâce à un solide maillage territorial, de ne plus compter de communes isolées sur le territoire. La rationalisation des périmètres par la transformation des Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) La réforme a pour but de rationaliser les périmètres en étendant les EPCI. En 2010, 13 transformations de ce type ont eu lieu pour aboutir à un total de 15 EPCI, comprenant entre 5 et 20 communes nouvellement intégrées au système des EPCI. Les pouvoirs du préfet ont été étendus temporairement jusque juin 2013. Ainsi, il peut dissoudre des syndicats en inactivité ou encore fusionner les structures. Malgré tout, l échelon intercommunal possède une légitimité démocratique, car les citoyens éliront un conseil communautaire qui ne pourra être dissolu. Les nouveaux EPCI de plus 500 000 habitants sont dotés de compétences de l État et du Département et risquent de concurrencer les Départements. L intercommunalité est l unité de base qui représente plus de 40 % du budget des Régions. Puisque les Régions ne sont pas des collectivités élues pour l instant, il est difficile de leur donner la capacité de prélever l impôt. Nous nous acheminons donc vers un partenariat public-privé comme c est le cas partout en Europe. Une rationalisation fonctionnelle incertaine La rationalisation fonctionnelle est incertaine pour plusieurs raisons : - elle est conçue comme une forme de concentration de compétences au niveau de l intercommunalité ; il sera nécessaire de vérifier auprès du citoyen la qualité et la rentabilité du service rendu - les financements de l intercommunalité sont à revoir, notamment en ce qui concerne les impôts locaux - la mutualisation des moyens est encore incertaine à cause de la législation sur les marchés publics. 3

L expérience de l Espagne en matière d intercommunalité José Manuel RUANO de la FUENTE Professeur de sciences administratives, Vice-doyen de l Université Complutense de Madrid, Viceprésident d EUROPA Historique de la territorialisation des communes en Espagne L Espagne compte 8 500 communes, dont la plupart comptent moins de 1 000 habitants. 85 % d entre elles accueillent moins de 5 000 habitants. La carte des gouvernements locaux est en effet très fragmentée. La moitié des communes sont en Andoulasie, à Madrid et en Catalogne. Dans les années 1960, certaines ont disparu de la carte ; depuis 1970, leur nombre est stable. Les gouvernements locaux ont cherché à déployer l administration périphérique sur le territoire afin de fournir un service public essentiel. En 1978, les communes ont obtenu le droit d intervenir dans tous les domaines, droit que nous appelons «la clause générale de compétences des communes». En 1983, elles dépendaient financièrement des régions, alors qu auparavant elles dépendaient de l État. Cependant, les Régions ont refusé de transmettre les compétences aux communautés autonomes, qui n ont pas pu donc les déléguer aux gouvernements locaux. Les communes ont tenté de fusionner entre elles, mais ce fut un échec en raison du fort sentiment d attachement au village de leurs habitants et de la crainte des politiques et des bureaucrates de perdre le contrôle sur leur clientèle politique. Les associations volontaires communales, les mancomunidades La solution a été trouvée lors de la création d associations volontaires communales, les mancomunidades. Depuis dix ans, 1 000 structures de ce genre ont été créées. L Espagne est aujourd hui dans l impasse administrative au niveau local et manque de politiques ordonnées en la matière. En effet, elle ne veut ni promouvoir le municipalisme ni composer avec des communes fortes et puissantes. Les mancomunidades sont simplement le résultat de la nécessité de s associer pour pouvoir faire des économies d échelle dans la production de services obligatoires. En effet, de nombreuses communes ne sont pas en mesure d y arriver seules. Elles sont parfois associées à plusieurs mancomunidades car, à l origine, ces dernières n étaient créées que pour une seule fonction. Elles n ont étendu leur champ de compétences que par la suite. Le nombre d habitants de communes partenaires varie fortement. La plus grande comprend 98 communes et compte plus de 3 millions d habitants, alors que la plus petite ne recense que 200 habitants. Certaines n ont jamais été opérationnelles quand d autres ont cessé de fonctionner. En 2005, 300 mancomunidades n avaient pas envoyé leur budget au ministère des Finances depuis cinq ans. En Espagne, quand une institution cesse de fonctionner, personne ne la dissout. Pour qu une mancomunidades fonctionne, la volonté politique des représentants de chaque commune est essentielle. 4

L expérience des Pays-Bas en matière d intercommunalité Laurens ZWAAN Professeur associé à l Université Erasmus de Rotterdam, membre du Conseil scientifique d EUROPA Le paysage administratif néerlandais Les Pays-Bas sont un État décentralisé unitaire de 16 millions d habitants, qui comptent trois niveaux de gouvernement : la nation, les provinces et les municipalités. Nous avons onze ministères nationaux, douze provinces et 430 municipalités. Les raisons de l intercommunalité aux Pays-Bas sont multiples. D abord, elle a été rendue obligatoire par l État. D autre part, certains problèmes doivent être gérés selon une approche commune et la mutualisation permet de faire des économies d échelle. La plupart des municipalités comptent entre 10 000 et 40 000 habitants et de nouvelles fusions sont à prévoir. Quelle que soit la différence de taille entre communes, les responsabilités sont les mêmes, ce qui pose un problème de ressources pour les petites municipalités. Les différentes formes d intercommunalité L intercommunalité a été rendue obligatoire par la «loi des règlements collectifs», nommée WGR. Elle est juridiquement obligatoire pour huit régions métropolitaines dans le domaine des transports, des travaux et des logements, mais elle est également pour 25 régions dans le domaine de la sécurité. En revanche, elle peut être volontaire selon certains aspects. Trois degrés d intercommunalité existent : celui de l intercommunalité lourde, celui de l intercommunalité légère et celui de la municipalité-centre. Concrètement, cela se traduit de plusieurs manières. La forme la plus populaire est celle des Shared Service Centers, qui permettent d externaliser des services support tout en les mutualisant. Limites du système néerlandais Le système connaît des limites. D abord, les provinces sont réticentes quant à la création d un quatrième niveau de gouvernement, par crainte que ce dernier ne prenne leur place. D autre part, le Parlement souhaite encore réduire le nombre de municipalités, qui passerait alors de 430 à 40. L intercommunalité néerlandaise pose également un problème de légitimité dans certains cas, car le citoyen peut avoir des difficultés à s identifier à l administration, ce qui risque de creuser encore le fossé entre l administré et la collectivité Enfin, l économie ne doit pas prendre le pas sur le rôle social, démocratique et juridique d une commune. Une municipalité n est pas une entreprise. 5

Sigles EPCI : Établissement Public de Coopération Intercommunale Compte-rendu des Entretiens territoriaux de Strasbourg 1 er et 2 décembre 2010 CNFPT INET 2010 Réalisation : 6