Lycée Dupleix Année scolaire : 2014 2015 Niveau seconde Thème : Du développement au développement durable 1
Essai de géographie prospective en classe de seconde au lycée Dupleix de Landrecies. Profil de classe : La classe est composée de 33 élèves (15 filles, 18 garçons). La capacité de concentration est faible, le passage à l écrit problématique et il existe des problèmes de comportement (une exclusion temporaire a été prononcée). Ils viennent de 7 collèges différents, mais 14 étaient déjà scolarisés au collège de Landrecies. Le projet de géographie prospective vise donc d abord à remobiliser les élèves, leur montrer qu ils ont des capacités, essayer de leur redonner confiance en travaillant sur l espace local, qui peut paraître mieux connu. Mise en place de la géographie prospective : L expérience s inscrit dans le cadre du cours introductif de géographie du programme de seconde «Du développement au développement durable», ce thème vise à présenter les grandes problématiques suivies dans l année et interrogent les élèves sur le mode de développement retenu par les sociétés jusqu à aujourd hui. Historique du projet : L année précédente, une première tentative de géographie prospective avait été faite sur la même question, les élèves avaient proposé des travaux à la fin du traitement de la question en classe, cela avait été aussi l occasion de travailler la cartographie. Cette fois ci, l idée est d inverser l approche : la tentative de géographie prospective précède le traitement de la question afin d éviter la simple remobilisation de connaissances, l idée étant aussi de montrer aux élèves qu ils savent percevoir des réalités géographiques et qu ils ont une capacité de projection dans le futur. Interroger le futur de leur ville les conduit finalement à s interroger sur leur propre avenir, pour des élèves en difficultés, c est une façon de déclencher une prise de conscience des enjeux de leur scolarité. Objectifs du projet : Essayer de lier les objectifs et les démarches de la géographie prospective, les attendus du programme et mobiliser la classe autour d un projet innovant. Projet 2
Mise en place du projet : 1) Visite de la ville : Géographie prospective Programme officiel Redynamiser la classe Avenir incertain Le territoire peut être un opérateur de changement Transmission d une vision partagée du territoire. Nommer et localiser un lieu dans un espace géographique. Décrire une situation géographique. Seuls 4 élèves sont originaires de Landrecies, cette visite permet de donner les mêmes repères à tous les élèves. 2) La première séance est une visite dans la ville de Landrecies, chaque élève s est vu remettre un croquis à compléter. Rapidement, les élèves se repèrent, le professeur choisit ses arrêts et insiste sur quelques points à observer : présence d un centre commercial, types d habitats (individuel ou collectif), poids de la route principale, présence de fiches industrielles, d une gare, d un canal non utilisé, nouveau quartier en périphérie de la ville et d un caractère rural fort présent. Travail à la maison : Géographie prospective Programme officiel Redynamiser la classe Trouver les leviers, des actions pour les politiques d aménagement du territoire. L image comme mode de représentation et accepter sa part de subjectivité. Développement inégal Déterminer les besoins des populations dans le futur Mettre en œuvre des modes de développement durable Réaliser des croquis Chaque élève a une capacité d invention, les prérequis ne sont pas très importants. Les élèves doivent proposer deux visions de Landrecies en 2040, l une optimiste et l autre pessimiste. La confrontation des deux visions permet d identifier les points qui méritent un changement et appellent donc peut être un aménagement. Les élèves ont eu le choix entre deux modes de représentation : soit le croquis (qui était obligatoire, pour au moins une des deux visions) et une forme de représentation libre. 3
2) Place de la géographie prospective dans la construction du cours : Le choix, non prévu par les instructions officielles, est de créer une étude de cas, sur la question «Du développement au développement durable». Dans le cadre du GPF, les professeurs bénéficiaient d une grande liberté d approche pédagogique. On sait que la question de la hausse de la population ne peut pas être envisagée directement pour Landrecies, la population connaît une baisse de sa population. Géographie prospective Programme officiel Redynamiser la classe Utilisation de plusieurs sciences et de plusieurs données statistiques Intervention des acteurs Effets sur le territoire venant d autres territoires Repérer les facteurs de changement Confronter les points de vue Identifier les controverses notamment le rapport nature/ territoire Notions de richesse et de développement Modes de développements retenus Développement durable Travail sur les échelles L approche locale rend concrète les approches. Chaque élève propose sa solution. L étude de cas est menée en trois parties, l introduction situe Landrecies dans le département et la région, le nombre d habitants est précisé. La problématique proposée est «Comment penser le mode de développement futur de Landrecies?» Dans une première partie, on pose le cas de Landrecies face aux enjeux de développement. On part du croquis à compléter sur lequel, ils devaient placer en outre des points jugés positifs. 4
Interrogés sur les points positifs, les élèves ont tous signalé la présence du lycée, des commerces et pour certains de la route principale! Le professeur leur demande alors de préciser les lieux perçus comme «négatifs». Ils citent les friches industrielles et un quartier HLM en périphérie de la ville, concernant ce lieu, le professeur leur demande alors de prouver l impression d un quartier pauvre, sur le terrain les éléments visuels n existaient pas, ils trouvent alors facilement qu il serait nécessaire d avoir des indicateurs précis. Le professeur explique qu il n est pas possible d avoir précisément des indicateurs sur un quartier, mais qu on peut en avoir à l échelle d une ville. Un tableau comparatif leur montre des chiffres pour Landrecies et une moyenne nationale. Les indicateurs ne sont pas favorables à la ville, le taux de chômage y est très élevé et les revenus sont plutôt faibles par rapport à la moyenne nationale. Les élèves sont frappés par ces chiffres, la prise de conscience de la réalité est brutale ; mais des éléments de comparaison sont donnés avec la Roumanie le salaire net est de 490 euros. Pour le dernier indicateur de l INSEE, une comparaison est proposée avec le Togo où il y a un médecin pour 100 000 habitants, alors qu il y a trois médecins à Landrecies. C est bien évidemment le travail sur les échelles et sur la relativité des notions de richesse et de pauvreté qui a été mené. La notion est reprécisée. Landrecies Moyenne nationale Taux chômage 2011 de en 19,3% 9,1% 5
Salaire net par mois en 2010 5115) 1 687 (4645 sur 2 081 Accès aux équipements de proximité en moins de 15 minutes (2014) 80 % 94 % A partir de ces réflexions, les élèves doivent s interroger sur ce qu est la richesse et sur ce qui pourrait prouver que la ville est riche, il trouve l idée des commerces et donc de la capacité d achat, plus difficilement, le professeur aboutit à la notion de développement, il faut vraiment les aider à la comprendre ainsi les élèves doivent voir en quoi Landrecies est une ville développée : médecins, pharmaciens, infirmières, bibliothèques, écoles Enfin le professeur précise les mesures de la richesse et du développement. Dans une deuxième partie, le professeur interroge les élèves sur les besoins futurs des habitants de la ville. Pour cela, on commence avec un graphique qui présente la baisse de la population, mais il est complété par une animation qui présente sur tout le XX siècle la croissance des surfaces bâties à Landrecies, pour chaque année, les parcelles artificialisées apparaissent en orange sur la carte. 6
Devant cette contradiction, le professeur leur demande d expliquer la cause de l augmentation du bâti alors que la population diminue. On aboutit à l idée d un plus grand confort des populations et de besoins de loisirs ou autres, une diapositive montre ensuite les distances temps qui situent Landrecies par rapport aux autres grandes villes, très rapidement les élèves comprennent que le besoin de transports est essentiel, cela débouche sur les besoins en énergies, puis en nourriture, eau De là, l interrogation est portée sur les ressources, y en a-t-il à Landrecies? Ils comprennent que l espace peut être une chance selon l INSEE, c est le bassin de vie où les sols sont les moins artificialisés de toute la région. C est une façon de les inviter à envisager l idée que les autres 7
territoires joueront eux aussi un rôle sur le devenir de Landrecies. Une capture d écran sur Google Earth leur montre le caractère très rural du territoire. (La présentation de ce globe virtuel sera faite dans une autre question). Dans une dernière partie, on se pose la question du développement futur de la ville ; pour cela, les projections des élèves ont d abord été scannées puis classées en plusieurs catégories. Les élèves qui n avaient pas les mêmes visions du futur et qui pouvaient proposer des solutions opposées ont été repérés et placés dans les mêmes groupes. Les élèves travaillent donc en groupes et doivent de nouveau faire des propositions. Pour chaque thème, quelques travaux ont été scannés. Les différents thèmes sont l habitat : Ici l habitat collectif disparaît complétement, l élève a donc dû partager son point de vue avec un autre élève pour qui au contraire l habitat collectif est la solution. 8
A l issue de leurs réflexions, les quatre élèves du groupe en arrivent à la réflexion que l habitat collectif peut être la solution, mais à condition, qu il soit plus confortable. Le zonage proposé sur le deuxième croquis n est pas retenu, les élèves comprennent que cela sous entendrait de détruire l habitat existant, sans le savoir les élèves se posent des questions de fond sur les évolutions de l urbanisme. Les autres thèmes sont les activités, les transports, les services offerts à la population, le rapport avec l espace environnant et la prise en compte de l environnement. Ces groupes ne se servent que de leurs réalisations. Deux groupes ont un travail d observateur et de commentateur et ont accès à tous les travaux, l un doit repérer ce qui n est pas dit dans les propositions et un autre sur la cartographie doit proposer des règles à suivre. Il serait trop long de faire un bilan du travail de chaque groupe, seuls les commentaires des deux derniers groupes seront donc abordés. Le groupe qui devait repérer les «non-dits» voit tout de suite la question de la faisabilité et s interroge sur les propositions «farfelues» : installation par exemple d une université pour éviter de trop longs déplacements pour les étudiants landreciens, ou d une autoroute à proximité. Ils posent aussi la question des acteurs, «qui décident», pour l instant, ils pensent que la décision revient au maire, le professeur leur répond qu il n est pas le seul décideur, sur la proposition d un parc naturel, ils rappellent qu il en existe déjà un au niveau régional. Ce 9
groupe s est montré particulièrement pertinent. Cependant, ils n ont pas posé la question des ressources en pétrole pour les transports, le professeur a donc repris ce point en évoquant la durabilité forte et faible. Enfin le dernier groupe plus axé sur la méthodologie signale tout de suite l absence de soin, les figurés non réalisés à la règle, voient le problème posé par l orientation, certains croquis ne sont pas orientés au nord. Assez facilement, ils distinguent les consignes essentielles à cet exercice. La controverse attendue a bien été évoquée : le rapport nature territoire, pour certains le caractère rural disparait (absence de couleur verte) alors que pour d autres, il se maintient et devient alors une force avec une vision positive très affirmée. 10
A la fin de la présentation des groupes, le professeur leur a demandé de définir trois objectifs majeurs à leurs travaux et très facilement c est la notion du développement durable et ses trois piliers qui ont été définis. Bilan : Très bonne réaction des élèves, les travaux ont été faits, plutôt sérieusement, interrogés directement l approche leur a plu par son échelle locale et par le rôle central qu ils avaient à jouer. Le professeur y voit une assimilation plus aisée des notions de la question. Evaluation : Géographie prospective Programme officiel Redynamiser la classe Choix des scénarios mais qui doivent être interrogés Notions de richesse et de développement Modes de développements retenus Développement durable Travail sur les échelles Document qui a un côté ludique, qui peut être «effraie» moins l élève. A partir d un scénario des territoires 2040 portant sur les espaces de faible densité, le texte ayant été volontairement écourté, les questions portent sur les ressources (identification, justification des évolutions constatées, des choix opérés, et des conséquences de la raréfaction des 11
ressources), sur la satisfaction des besoins, sur les effets de phénomènes extérieurs sur le territoire décrit, sur les écarts de richesse constatés et sur la notion de développement durable, les trois piliers sont-ils atteints? Enfin les élèves doivent proposer un autre scénario en reprenant les éléments du texte. Expérience menée dans le cadre d un Groupe de Production Finale de l académie de Lille portant sur la géographie prospective. Adaptée et pensée à la ville de Landrecies, cette expérience ne peut pas être directement appliquée à d autres territoires, cependant les démarches adoptées pour mettre en place la géographie prospective peuvent être des solutions pour d autres expériences. 12