Si l avenir était maintenant Vieillissement du marché canadien Impact sur le tourisme en Ontario Une analyse spéciale de l Enquête sur les activités et les préférences en matière de voyages (EAPMV) Juillet 2002
Sommaire principal A. Impact des changements démographiques en Ontario Trois changements de la structure démographique en Ontario influeront sur la planification touristique et la conception de produits au cours des deux prochaines décennies : 1. En tant que marché primaire au plan du tourisme, la population de la province croîtra à un rythme beaucoup plus élevé que la population canadienne dans son ensemble. Compte tenu d un taux de croissance prévu de 37 % de la population adulte de la province, d ici l an 2026, comparé à un taux de 27 % pour le Canada, le bassin auquel l Ontario aura recours pour son marché résidant, de la plus grande importance, augmentera. D ici l an 2026, on estime que ce groupe devrait compter plus de 12 millions d adultes (18 ans et plus). 2. Les personnes plus âgées, soit celles qui ont au moins 55 ans, représenteront un pourcentage de plus en plus important de la population de la province. Elles représentent à l heure actuelle environ un quart de la population adulte (26 %), mais ce chiffre devrait passer à deux cinquièmes d ici l an 2026 (41 %). 3. Au fil du vieillissement de la population, le pourcentage de résidentes et résidents de l Ontario qui vivent dans des familles avec des enfants baissera. À l heure actuelle, près de 4 adultes sur 10 vivent dans des ménages ayant des adolescents ou des enfants (37 %); ce chiffre passera à moins de 3 adultes sur 10 d ici l an 2026 (29 %). 4. Un pourcentage plus élevé de résidentes et résidents de l Ontario seront nés à l étranger en 2026 (37 %) que ce n est le cas à l heure actuelle (31 %); on constatera en particulier une hausse de l immigration en provenance d Europe de l Est et d Asie, si l on s en tient aux politiques d immigration d avant le 11 septembre 2001. B. Répercussions pour la conception de produits touristiques en Ontario L augmentation du nombre absolu de résidentes et résidents en Ontario, entre 2000 et 2026, entraînera une augmentation de la clientèle et de l auditoire dans presque tous les secteurs et pour presque toutes les activités touristiques en Ontario, simplement en raison de l augmentation de la population adulte au cours de cette période. Néanmoins, les taux des différentes activités touristiques adoptées par le public ontarien en 2026 par rapport aux taux actuels augmenteront ou diminueront en fonction de la modification de la structure démographique de la province. Ces taux de changement de la participation du public qui voyage et les
coûts imposés par les changements démographiques sur l industrie touristique ontarienne font l'objet de la présente analyse. La modification de la composition démographique de la province au cours des deux prochaines décennies pourrait entraîner un déclin du taux de voyage des Ontariennes et Ontariens et du nombre de voyages d agrément qu ils feront dans leur propre province. Si la structure démographique actuelle existait jusqu en 2026, les résidentes et résidents de la province devraient faire environ 49,1 millions de voyages d agrément dans la province sur une période de deux ans. Compte tenu de la structure démographique prévue en 2026, ce chiffre devrait être plus proche des 46,9 millions de voyages de personnes adultes, ou une diminution de 17 % du taux de croissance. i Si la structure démographique actuelle subsistait en 2026, on devrait s attendre à une augmentation de 37 % du nombre de voyages d agrément effectués par les résidentes et résidents de la province. Compte tenu de la nouvelle structure démographique, le nombre de voyages d agrément effectués par des résidentes et résidents de l Ontario dans leur propre province devrait augmenter d environ 30 %. Si la nouvelle génération de résidentes et résidents de l Ontario affiche les mêmes préférences en matière d activité touristique que ceux de 2000, l impact du vieillissement de la population entraînera une baisse des activités de plein air rigoureuses et une augmentation correspondante des activités de plein air de nature non rigoureuse en période de beau temps et des activités et attractions culturelles à l intérieur. La résistance comparative des résidentes et résidents nés à l étranger envers les activités de plein air rigoureuses entraînera une diminution des expériences touristiques de plein air traditionnelles de nombreux résidentes et résidents de la province. ii Le déclin prévu de l intérêt manifesté par les résidentes et résidents de l Ontario envers les activités traditionnelles de plein air comme la pêche, le canoë, la chasse et le camping pourrait avoir une incidence profonde au plan de la conception et du marketing des produits touristique dans la province, au cours des prochaines années. La demande de centres de villégiature au bord des lacs ou dans des stations de ski ou pour les camps éloignés de chasse et de pêche suivra-t-elle l évolution démographique? Ces conclusions laissent penser qu il faudra peut-être apporter des changements pour préserver la part du marché revenant à ce produit de plein air traditionnel. Il faudra peut-être modifier les produits actuels pour répondre aux besoins d une population vieillissante et prévoir un plus grand confort, de meilleures installations et des programmes qui permettent aux visiteurs de profiter du cadre naturel de la province de manière moins rigoureuse.
Il faudra peut-être lancer des campagnes de marketing mieux ciblées et plus efficaces pour attirer un plus grand pourcentage des marchés de jeunes adultes et de familles en baisse. Il faudra éventuellement déployer de plus grands efforts auprès des communautés immigrantes pour les sensibiliser aux expériences de plein air offertes par la province et les leur faire apprécier. Il faudra aussi tenir compte des différences linguistiques et culturelles. Au fil du vieillissement de la population, on assistera probablement à un déclin parallèle de l intérêt des résidentes et résidents de la province envers les produits axés sur la famille. Les taux d utilisation des produits comme les musées pour enfants, les zoos, les parcs thématiques et les parcs d attractions devraient diminuer d ici 2026 par rapport à leur niveau actuel. Du point de vue de l aménagement, les investissements dans des parcs thématiques de grande envergure comme ceux de Disney devraient être envisagés avec prudence, en particulier si le marché cible principal est supposé être le marché des «familles» et des «jeunes», caractérisé par une baisse. Vu le nombre croissant d immigrantes et d immigrants, le caractère urbain de la population et son vieillissement, la demande des résidentes et résidents de l Ontario pour des attractions et spectacles culturels devrait croître. Par exemple, les galeries d art et les musées d histoire générale peuvent s attendre à une augmentation du pourcentage de voyageurs ontariens qui chercheront à se prévaloir de ces possibilités durant leurs voyages. Bien qu il s agisse toujours de petits marchés spécialisés, les vignobles et les spectacles de danse, de musique classique ou d opéra devraient profiter du vieillissement du public qui voyage. Par contre, le taux de participation dans les casinos devrait rester statique au cours des deux prochaines décennies. Bien que les attractions culturelles risquent de bénéficier de l évolution de la structure démographique parmi les voyageurs ontariens, ces institutions devront éventuellement revoir les plans de leurs installations et de leurs programmes, pour veiller à offrir le type d installations et de services qu un auditoire plus âgé et ethniquement divers risque d exiger. La demande pour ces installations et services sera fonction non seulement des touristes, mais également du vieillissement de la population qui devient de plus en plus locale, urbaine et immigrante; il s agit de facteurs essentiels pour la viabilité financière de nombreux musées, galeries, théâtres et autres lieux de spectacle. Toronto, qui est le centre démographique le plus peuplé de la province, est un marché majeur pour toutes les autres régions de l Ontario. D ici 2026, cette ville comptera cinquante pour cent de la population adulte de la province et la composition démographique sera très différente de ce qu elle est de nos jours. En fait, on prévoit que sur les 6,1 millions d adultes résidant dans la région
métropolitaine de recensement de Toronto, en 2026, environ 3,3 millions, ou plus de la moitié, seront de nouveaux Canadiens et Canadiennes. Si les attractions et en particulier les produits du tourisme de plein air dans les régions non urbaines de la province souhaitent continuer à compter sur Toronto pour la majeure partie de leur marché, ils devront adapter leurs produits aux besoins particuliers de certains des principaux groupes d immigrants de la ville. À l heure actuelle, les immigrantes et immigrants voyagent à l intérieur de la province à des taux bien inférieurs à ceux des résidentes et résidents nés en Ontario. Pour transformer ces nouveaux Canadiens et Canadiennes en «touristes» cherchant à vivre des expériences de plein air en Ontario, il faudra effectuer des recherches plus poussées pour déterminer le produit, la langue et les caractéristiques culturelles qui sont susceptibles de les attirer vers ces destinations de plein air. i Toutes les estimations du volume touristique sont basées sur les voyages d agrément de plus de 24 heures effectués au cours des deux dernières années. ii Voir les calculs sur les Attractions des grandes villes effectués à partir de l EAPMV pour le Partenariat ontarien de marketing touristique, février 2002. Dans la RMR de Toronto, soit le site d accueil probable de nombreux immigrants et immigrantes, les personnes nées à l extérieur du Canada s adonnent à des activités de plein air comme le canoë, la pêche et la chasse à raison d environ la moitié du taux des Torontoises et Torontois nés au Canada. Les taux de participation pour les diverses activités urbaines d intérieur, comme les musées, les galeries d art., le théâtre et les concerts dans leur communauté d origine, révèlent une plus grande participation des résidentes et résidents nés au Canada; cependant, les chiffres sont bien plus proches pour les deux groupes que cela n est le cas pour les activités de plein air.