BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE CONFÉRENCE DE PRESSE Francfort-sur-le-Main, le 4 décembre 2014 DÉCLARATION INTRODUCTIVE Mesdames et messieurs, le vice-président et moi-même sommes très heureux de vous accueillir à notre première conférence de presse dans nos nouveaux locaux. Nous allons à présent vous faire part des conclusions de la réunion du Conseil des gouverneurs qui s est tenue aujourd hui et à laquelle a également assisté M. Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne. Au terme de notre examen régulier de la situation économique et monétaire, et conformément aux indications données sur la trajectoire future des taux directeurs de la BCE (forward guidance), nous avons décidé de laisser ces taux inchangés. S agissant de nos mesures non conventionnelles de politique monétaire, nous avons commencé à acheter des obligations sécurisées et des titres adossés à des actifs (asset-backed securities). Ces programmes dureront au moins deux ans. La semaine prochaine, nous allons conduire la deuxième opération de refinancement à plus long terme ciblée, qui sera suivie de six autres opérations de ce type jusqu en juin 2016. Prises dans leur ensemble, nos mesures auront une incidence notable sur notre bilan, qui est destiné à se rapprocher des dimensions qu il affichait début 2012. Au cours des prochains mois, nos mesures contribueront à assouplir davantage l orientation de la politique monétaire, à conforter notre stratégie de pilotage des anticipations quant à l orientation future des taux directeurs de la BCE et à renforcer le fait qu il existe des différences significatives et croissantes entre les principales économies avancées en matière de cycle de politique monétaire. Cela 1
étant, les dernières projections macroéconomiques pour la zone euro indiquent un recul de l inflation, accompagné d un essoufflement de la croissance du PIB en volume et d une atonie de la dynamique monétaire. Dans ce contexte, le Conseil des gouverneurs réévaluera en début d année prochaine le degré d assouplissement monétaire accompli, l expansion du bilan et les perspectives d évolution des prix. Nous évaluerons également l incidence plus large des évolutions récentes des cours du pétrole sur la tendance à moyen terme de l inflation dans la zone euro. S il devenait nécessaire d accentuer la réponse aux risques d une période trop prolongée de faible inflation, le Conseil des gouverneurs continue d affirmer unanimement son engagement à recourir à des instruments non conventionnels supplémentaires dans le cadre de son mandat. Cela impliquerait de modifier en début d année prochaine l ampleur, le rythme et le contenu de nos mesures. En réponse à la demande du Conseil des gouverneurs, les services de la BCE et les comités compétents de l Eurosystème ont accéléré les préparatifs techniques en vue de nouvelles mesures qui pourraient, le cas échéant, être mises en œuvre en temps voulu. Toutes nos mesures de politique monétaire ont pour objet de soutenir l ancrage solide des anticipations d inflation à moyen et long terme, conformément à notre objectif de maintenir l inflation à des taux inférieurs à, mais proches de 2 %, et contribuent à ramener les taux d inflation à ce niveau. Permettez-moi à présent d expliquer plus en détail notre évaluation, en commençant par l analyse économique. Le PIB en volume de la zone euro a augmenté de 0,2 % en variation trimestrielle au troisième trimestre de l année. Cette évolution est conforme aux précédentes indications d un ralentissement de la dynamique de croissance en zone euro, entraînant une révision à la baisse des perspectives de croissance du PIB en volume de la zone dans les prévisions les plus récentes. Les dernières données et les résultats d enquêtes allant jusqu en novembre confirment ce scénario d un profil de croissance plus faible pour la période à venir. Dans le même temps, les perspectives d une reprise économique modérée se maintiennent. D une part, la demande intérieure devrait être soutenue par nos mesures de politique monétaire, l amélioration en cours des conditions de financement, les progrès réalisés en matière d assainissement budgétaire et de réformes structurelles, ainsi que par la baisse importante des prix de l énergie, celle-ci soutenant le revenu réel disponible. De plus, la demande d exportations devrait bénéficier de la reprise économique au niveau mondial. D autre part, la reprise pourrait continuer d être freinée par le chômage élevé, l importance des capacités de production inutilisées et le nécessaire processus d ajustement des bilans dans les secteurs public et privé. Ces éléments sont reflétés dans les projections macroéconomiques de décembre 2014 établies par les services de l Eurosystème pour la zone euro, qui prévoient une hausse du PIB annuel en volume de 0,8% en 2014, de 1,0% en 2015 et de 1,5% en 2016. Par rapport aux projections macroéconomiques de septembre 2014 2
établies par les services de la BCE, les projections de croissance du PIB en volume ont été considérablement révisées à la baisse. Des révisions à la baisse ont été apportées aux projections établies tant pour la demande intérieure que pour les exportations nettes. Les risques entourant les perspectives économiques dans la zone euro sont orientés à la baisse. En particulier, la faiblesse du rythme de croissance de la zone euro, conjuguée à l importance des risques géopolitiques, pourrait réduire la confiance et, notamment, freiner l investissement privé. Par ailleurs, l insuffisance des progrès en matière de réformes structurelles dans les pays de la zone euro constitue un risque à la baisse majeur pour les perspectives économiques. Selon l estimation rapide d Eurostat, la hausse annuelle de l IPCH dans la zone euro s est établie à 0,3 % en novembre 2014, après 0,4 % en octobre. Par rapport au mois précédent, cette évolution reflète essentiellement une baisse plus prononcée des prix de l énergie et une hausse annuelle légèrement plus faible des prix des services. En tenant compte du contexte actuel de très faibles taux d inflation, il sera important d évaluer l incidence plus large des récentes évolutions des prix du pétrole sur les tendances d inflation à moyen terme et d éviter les répercussions sur les anticipations d inflation et sur la formation des salaires. Dans le contexte des évolutions récentes des cours pétroliers, il est essentiel de rappeler que les prévisions et les projections reposent sur des hypothèses techniques, relatives, notamment aux prix du pétrole et aux taux de change. Sur la base des informations disponibles mi novembre, au moment où les projections macroéconomiques de décembre 2014 établies par les services de l Eurosystème pour la zone euro ont été finalisées, les prévisions de hausse annuelle de l IPCH s établissaient à 0,5 % pour 2014, à 0,7 % pour 2015 et à 1,3 % pour 2016. Par rapport aux projections macroéconomiques de septembre 2014 établies par les services de la BCE, elles ont été nettement révisées à la baisse. Ces révisions reflètent principalement la diminution des cours du pétrole libellés en euros et l incidence de la révision à la baisse des perspectives de croissance, mais elles ne tiennent pas encore compte du recul des prix du pétrole observé ces dernières semaines, étant donné la date d arrêté des projections. Au cours des prochains mois, la progression annuelle de l IPCH pourrait de nouveau se ralentir, en raison du nouveau repli des cours du pétrole observé dernièrement. Le Conseil des gouverneurs continuera de suivre attentivement les risques pesant sur les perspectives d évolution des prix à moyen terme. Dans ce contexte, nous surveillerons plus particulièrement les éventuelles répercussions du manque de dynamisme de la croissance, des évolutions géopolitiques, des variations des taux de change et des prix de l énergie, et la transmission de nos mesures de politique 3
monétaire. Nous serons particulièrement vigilants quant à l incidence accrue des évolutions récentes des cours du pétrole sur l orientation à moyen terme de l inflation dans la zone euro. S agissant de l analyse monétaire, les données relatives à octobre 2014 confortent le diagnostic d une expansion sous jacente atone de la monnaie au sens large (M3), le taux de croissance annuel étant ressorti à 2,5 % en octobre, comme en septembre. L expansion annuelle de M3 continue d être soutenue par ses composantes les plus liquides, l agrégat monétaire étroit M1 progressant à un rythme annuel de 6,2 % en octobre. Le rythme annuel de variation des prêts aux sociétés non financières (en données corrigées des cessions de prêts et de la titrisation) s est établi à - 1,6 % en octobre, après - 1,8 % en septembre, affichant un redressement progressif après le point bas de 3,2 % atteint en février. Au cours des derniers mois, les remboursements nets se sont ralentis en moyenne par rapport aux niveaux historiquement élevés enregistrés il y a un an. L activité de prêt aux sociétés non financières continue de refléter le décalage avec le cycle économique, le risque de crédit, des facteurs liés à l offre de crédit ainsi que l ajustement en cours des bilans dans les secteurs financier et non financier. Le taux de croissance annuel des prêts aux ménages (corrigé des cessions de prêts et de la titrisation) est ressorti à 0,6 % en octobre (après 0,5 % en septembre). Les mesures de politique monétaire en place et l achèvement de l évaluation complète par la BCE devraient contribuer à la poursuite de la stabilisation des flux de crédit. En résumé, un recoupement des résultats de l analyse économique avec les signaux provenant de l analyse monétaire confirme la nécessité de suivre attentivement les risques pesant sur les perspectives d évolution des prix à moyen terme et d être prêt à accentuer l orientation accommodante de la politique monétaire, le cas échéant. La politique monétaire a pour objectif premier de maintenir la stabilité des prix à moyen terme et son orientation accommodante contribue à soutenir l activité économique. Toutefois, afin de renforcer l activité d investissement, de stimuler la création d emplois et d accentuer la croissance de la productivité, d autres pans de la politique économique doivent apporter une contribution décisive. En particulier, la mise en œuvre déterminée des réformes des marchés des biens et du travail ainsi que les mesures visant à améliorer l environnement pour les entreprises doivent être intensifiées dans plusieurs pays. La mise en œuvre effective et crédible des réformes structurelles est essentielle parce qu elle suscitera des anticipations de revenus plus élevés et incitera les entreprises à investir davantage aujourd hui, permettant à la reprise économique de se matérialiser plus tôt. Les politiques budgétaires doivent soutenir la reprise économique, tout en garantissant la soutenabilité de la dette, 4
conformément au Pacte de stabilité et de croissance, qui demeure le point d ancrage de la confiance. Tous les pays doivent utiliser la marge de manœuvre disponible pour mettre en place des politiques budgétaires plus propices à la croissance. Le Plan d investissement pour l Europe annoncé par la Commission européenne le 26 novembre 2014 soutiendra également la reprise. Nous nous tenons maintenant à votre disposition pour répondre à vos questions. Banque de France Direction de la Communication Service de Presse 9 rue du Colonel Driant 75049 PARIS CEDEX 01 Tél. : 01 42 92 39 00 Télécopie : 01 42 60 36 82 Internet : http://www.banque-france.fr 5