Conférence du 27 juin 2013. «Financement des TPE et PME : opportunités et défis»



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Transcription:

Soutenu par : Présentation Conférence du 27 juin 2013 «Financement des TPE et PME : opportunités et défis» Selon les données de la Banque mondiale, il y avait entre 420 et 510 millions de TPE et PME formelles et informelles dans le monde en 2010. Plus de 80% demeurent informelles dans les pays émergents, bien qu elles y représentent environ 45% de l emploi et 33% du PIB. En France, les entreprises de moins de 20 salariés constituent 99,8% des entreprises et emploient 60,5% des Français. Dans le monde, leurs besoins de financement non satisfaits sont estimés entre 3 100 et 3 800 milliards de dollars. Dans tous les sondages, le défi du financement ressort comme l un des principaux obstacles à la croissance et à la consolidation des TPE et PME. Malgré cette immense opportunité, les banques se montrent souvent réticentes à les financer car elles les perçoivent comme risquées. Avec la crise financière, les conditions de financement des TPE et PME ont encore empiré, malgré l intervention des gouvernements. Quelles sont les solutions et perspectives? En introduction, le modérateur présentera un panorama de l importance et des caractéristiques des TPE et PME dans le monde. Les intervenants seront ensuite invités à partager leurs expériences et leurs analyses sur ce sujet sensible. Ils fourniront des exemples sur la manière de résoudre concrètement ces difficultés et ils proposeront des pistes de réflexion sur les tendances d évolution de cette problématique. Compte rendu

Intervenants Bernard Labous, Head of Small Business Line International Retail Banking, BNP Paribas Paris Bernard Labous est en charge du développement commercial sur le marché du small business chez International Retail Banking depuis janvier 2013. Son champ d intervention couvre 15 pays, de l Afrique à l Europe en passant par les Etats Unis et l Asie. Il dispose d une expérience de plus de 20 ans dans le monde bancaire et spécifiquement sur les marchés du small business et du corporate. Précédemment, il a contribué à la création des Maisons des Entrepreneurs au sein du Réseau France de BNP Paribas. Avant ces expériences en direction générale, il a acquis une longue pratique des relations clients et du management au sein du réseau d agences et de centres d affaires de la Banque de Détail en France de BNP Paribas. Hubert de Beaumont, Programme Manager, Fonds Afrique Paris Hubert de Beaumont, Ingénieur de l Ecole Centrale de Lyon, a plus de 25 années d expérience professionnelle dans l ingénierie industrielle à l international. Il est depuis 2007 le directeur de l association de solidarité internationale Technologie pour le développement (Tech Dev) qu il a contribué à créer en 1994. En charge du développement et des activités opérationnelles de Tech Dev depuis sa création, il a acquis une très bonne connaissance du monde des organisations de solidarité internationale. Il a également une grande expérience de terrain des problématiques économiques et sociales dans les pays en voie de développement et plus particulièrement en Afrique de l ouest et centrale. Il a également développé une bonne compréhension des relations entre acteurs associatifs du Nord et petites entreprises productives du Sud, et de l appui aux filières agricoles soucieuse de maximiser la valeur ajoutée locale. En 2005, il est à l initiative du Fonds Afrique, en partenariat avec la société coopérative GARRIGUE. L objectif de ce projet lié à la microfinance est d apporter une réponse aux problèmes de financement des très petites et petites entreprises africaines. Yaël Zlotowski, Directrice générale, Caisse Solidaire Lille Yaël Zlotowski, 35 ans, est depuis avril 2012 directrice générale de la Caisse Solidaire, une société coopérative d épargne et de crédit pour le financement régional des TPE, des PME et des entreprises de l Economie sociale et solidaire. Auparavant, elle a passé 10 ans au Crédit Coopératif, comme chargée du développement des activités de microfinance internationale, de finance solidaire et de refinancement auprès de banques de développement européennes pour le financement de PME. Elle a également participé à la création et au développement de la société d investissement CoopEst, spécialisée sur la finance sociale en Europe de l Est, dont elle est aujourd hui administratrice. Yaël Zlotowski est diplômée de la London School of Economics (2002) et de l ENSAE (2002). 2 Modérateur Minh Huy Lai, Spécialiste de microfinance, CGAP Minh Huy Lai est membre de l équipe des bailleurs et investisseurs du CGAP, où il dirige plusieurs travaux clés : animation du groupe travail MSME, recherche sur le soutien à l innovation, et intégration de toutes les «pratiques émergentes» dans un nouveau livre électronique de recommandations pour les bailleurs. Avant de rejoindre le CGAP, Minh a travaillé chez JP Morgan Securities, dirigé une IMF aux Samoa, servi comme directeur général chez Planet Rating et comme chef de l exploitation chez PlaNet Finance. Plus récemment, il a été le directeur du MBA pour cadres de l une des plus éminentes écoles de commerce européenne HEC Paris. Minh possède un MBA de l école de management Thunderbird Global School et un diplôme en administration des affaires de l Université du Québec à Montréal.

Synthèse Intervention de Min Huy Lai Afin de mieux comprendre la question du financement des TPE / PME, il est important d avancer certains chiffres. Une étude faite par le CGAP en partenariat avec McKinsey a démontré qu il existait plus de 510 millions de TPE et PME dans le monde aujourd hui, 85 % d entre elles se trouvant dans les pays émergents. Parmi les TPE / PME des pays émergents, on estime que 80 / 90% sont des TPE de type informel. En France, la Banque de France estime qu il y a 2,5 millions de PME légales (l équivalent de 99,8% des entreprises en France). Ces TPE / PME doivent faire face à de nombreux défis au cours de leur croissance, le premier et le plus important étant le financement. On assiste aujourd hui à un écart très important entre l offre de financement et les financements effectivement obtenus (3,1-3,8 trillions de dollars pour les financements non satisfaits aujourd hui). Au sein des pays de l OCDE, le volume de crédit destiné aux TPE / PME a diminué. Les causes de ce phénomène sont notamment une baisse de la demande, une détérioration des conditions de crédit et l augmentation des taux d intérêts bancaires, liée à une risque élevée de faillite. Cet écart de financement peut également se justifier par une difficulté pour les banques à rentabiliser/rationaliser les TPE car il existe une importante asymétrie de l information. 3

Intervention de Bernard Labous Cette intervention est structurée en 3 parties : le rôle de BNP Paribas dans les services aux TPE / PME, quelques chiffres clés et des exemples d initiatives menées par le groupe. Le terrain de jeu de BNP Paribas pour ses activités de retail et de financement des TPE et PME est plutôt vaste. A l échelle du monde, la banque intervient principalement dans 3 grandes zones : L Europe dont l Europe centrale qui compte près de 380 000 clients ; L Afrique qui compte 165 000 clients en Afrique du Nord et 55 000 clients en Afrique subsaharienne ; Les Etats-Unis, qui comptent plus de 190 000 clients. En parallèle, BNP Paribas a mis en place des joint-ventures pour développer ses activités de retail en Chine et au Vietnam. Au cours des dernières années, l encours de crédit TPE / PME aux Etats Unis a augmenté de 3,5% par an. En France, l initiative «5 milliards d euros pour 40 000 projets» a été lancée en 2012 et a permis de financer 52 000 projets à hauteur de 6 milliards d euros. En Turquie, l encours de crédit accordé aux PME/ TPE est passé de 11 milliards à 13 milliards d euros au cours de l année 2012. Enfin, en Afrique, l encours de crédit a augmenté de 6,5% par an entre 2011 et avril 2013.La devise de BNP Paribas : «on accepte de prendre des risques tout en les contrôlant» est aussi valable pour ses activités de banque de détail vis-à-vis des PME et des TPE. Il s agit de faire du crédit en fonction du client, du projet présenté et non pas en fonction des garanties, même si cellesci sont nécessaires au bon fonctionnement du système dans sa globalité. Sur le marché français de la banque de détail aux PME / TPE, BNP Paribas se place derrière d autres banques comme le Crédit Agricole ou le CIC malgré une forte vocation à développer ses activités. Néanmoins, elle a eu un rôle actif dans la création de plusieurs Maisons des Entrepreneurs. Cette étape importante a permis aux entrepreneurs et aux chefs d entreprises d avoir accès à tous les outils pour développer leur activité, avec notamment un suivi de spécialistes du financement. Le cas de la Guinée est également intéressant. Avec un revenu par habitant par an inférieur à 500$ et un taux de pauvreté important, l activité des PME / TPE dans le pays est cruciale. Depuis un an, un programme spécifique a été lancé pour accompagner les entreprises de type informelles (sans bilans et de petite taille). Dans ce cadre, des mécanismes d aide ont été mis en place pendant une période donnée pour aider ces mêmes entreprises à se formaliser. En Tunisie, le contexte politique et social rend difficile la mise en place d activités de crédit destinées aux PME et TPE locales. Les équipes de l UBCI (filiale tunisienne de la BNP Paribas) ont lancé une initiative qui a permis de mettre 40 millions de dinars (18 millions d euros) à disposition des PME et TPE tunisiennes à travers 111 points de vente. En Turquie, des innovations majeures ont également été faites au niveau des PME / TPE. L une d entre elles est le lancement d un incubateur spécifique dans l une des agences pour offrir une mise en relation et un processus d accompagnement à ces clients. Quatre exemples permettent de mieux comprendre le rôle et l implication des activités de BNP Paribas sur son environnement, notamment en matière de crédits aux TPE / PME. 4

Intervention de Hubert de Beaumont L association Technologie pour le Développement, dont Hubert de Beaumont est le président, travaille dans certains pays africains pour aider au développement et à l accompagnement des très petites entreprises. Apporter une réponse aux questions de financement des petites et très petites entreprises est un défi majeur dans de nombreux pays africains. L association Technologie pour le Développement, à travers le Fonds Afrique, a pour vocation d accompagner l émergence et le développement des très petites entreprises et de les guider vers le secteur formel. Le Fonds Afrique apporte une réponse au besoin de financement des entreprises qui cherchent à grandir et dont les activités ont un véritable impact. Pour répondre à une forte demande, l association leur propose un outil innovant : une prise de participation dans le capital dans ces entreprises. Dans cette optique, le Fonds Afrique ne peut donc répondre qu à des demandes d entreprises légales et déjà établies. Néanmoins, de nombreuses entreprises (plus de la moitié) franchissent le pas de la formalisation pour pouvoir répondre à ces demandes. remboursement sont adaptées à l évolution de l entreprise pour ne pas mettre en péril son développement. Le capital-risque permet de renforcer les fonds propres de l entreprise qui peuvent ensuite se tourner vers les banques commerciales traditionnelles. Il permet de coupler l appui financier et l accompagnement technique, à travers une structure située à Paris. Quelles sont les limites de ce dispositif? Le capital-risque mis en place par l association n est pas capable de répondre à un très grand nombre de demandes et se concentre plutôt sur des projets pilotes. Le Fonds Afrique est contraignant, dans la mesure où il implique l enregistrement et la formalisation de l entreprise concernée. Il s agit d un véritable contrat de confiance qui exige un suivi et un accompagnement continu. En parallèle d un travail en relais avec des institutions de microfinance et des banques commerciales, ce fonds d investissement en capital risque solidaire, accompagne le développement des entreprises visées jusqu à un certain niveau de croissance. L association s inscrit donc en véritable «missing middle» pour ces entreprises, donnant ainsi tout son sens au concept de méso-finance. Quelles sont les principales vertus de ce système de capital-risque? C est un capital patient, sans garantie, donc fait pour que l entreprise se développe. Il y a donc un investissement fort dans les entreprises et dans leur développement. 5 L association intervient à hauteur de 20-25% du besoin en financement total de l entreprise. La part est toujours minoritaire et représente un capital sans coût sauf dans le cas de dividendes. Les conditions de

Intervention de Yaël Zlotowski Avant de prendre la direction de la Caisse Solidaire, Yaël Zlotowski a travaillé au Crédit Coopératif pour développer Coopest, un fonds permettant de financer le développement des coopératives, mutuelles, associations, fondations et entreprises sociales dans les pays d Europe centrale et orientale. est de mise, notamment grâce à une complémentarité forte qui permet d améliorer les passerelles entre les différentes institutions. Le financement participatif peut aussi être un outil pour permettre d intéresser des communautés à des projets. Concernant le financement des TPE / PME, la reconnaissance d une dimension territoriale et locale est indispensable. La Caisse Solidaire a la forme d une coopérative solidaire ayant un agrément de crédit. L institution ne propose pas tous les services «typiques» d une institution financière car elle ne collecte pas d épargne (pas de comptes courants ni de moyens de paiement). Née il y a 15 ans du regroupement de divers acteurs et partant du constat d un «trou dans la raquette» au niveau des moyens de financement dits classiques, elle répond également à une volonté citoyenne des épargnants (transparence, traçabilité, financement de projets sociaux). Sa vocation principale est d offrir des crédits aux petites entreprises de la région Nord-Pas-de-Calais, avec une forte sensibilité aux entreprises de l ESS. Les produits proposés par la Caisse Solidaire : Au niveau de l épargne, la Caisse propose des comptes à terme et des livrets d épargne en partenariat avec le Crédit Coopératif. Au niveau du crédit, la Caisse cible les structures en difficulté de financement. Elle met en place des initiatives pour financer la création et le développement d entreprises qui souhaitent franchir un palier notamment concernant leurs fonds de roulement. La Caisse Solidaire essaie de financer ce type de développements pour les entreprises viables. En ce qui concerne les garanties, le Crédit Solidaire ne demande pas de caution personnelle et fait donc apparaître une forte complémentarité avec la banque. Il n existe pas de volonté de substitution mais plutôt un accompagnement en parallèle des institutions financières classiques. 6 Concernant les perspectives, l optimisme

Questions et réactions du public Le secteur des TPE / PME est-il réellement mal desservi? Concernant le marché africain par exemple, peut-on dire qu il devient de plus en plus concurrentiel? Bernard Labous : l offre des banques inclut un certain nombre de produits, avec une importante complémentarité. Le marché en Afrique se développe, certes, avec une implantation des grandes banques, donc on peut considérer que le marché existe. On observe néanmoins de fortes difficultés à financer ce marché car de nombreuses PME / TPE n ont pas de bilan et ne sont donc pas formelles. De nouvelles solutions sont alors recherchées : BNP Paribas a ainsi décidé de prendre en photo les agendas des médecins en Tunisie pour déterminer leur revenu potentiel. Dans de nombreux marchés, et cela est d autant plus vrai pour le secteur des PME / TPE, il est aujourd hui nécessaire de privilégier la connaissance du client par rapport aux éléments financiers. Comment la micro-assurance peut-elle apporter de la valeur dans le monde des micro-entrepreneurs? Quelle est votre vision de la grande banque et des institutions plus spécialisées? Les crédits peuvent-ils être accompagnés de produits d assurance? Hubert de Beaumont : Dans notre portefeuille de 18 entreprises, il y a des entrepreneurs qui prennent des assurances et des microassurances. Nous sommes très vigilants par rapport à cette question. Il s agit souvent des petites caisses de solidarité à l intérieur des entreprises qui existent déjà. Dans le portefeuille des 18 entreprises, quasiment aucune ne souscrivait initialement à une assurance au, alors qu elles sont 3-4 aujourd hui à s être renseignées sur ces produits. La microassurance est un autre sujet. Yaël Zlotowski : Le point important pour la décision de crédit est de vérifier que toutes les assurances ont bien été prises. La dimension de fonds de garantie est essentielle dans l octroi de crédit aux TPE / PME, notamment à travers des institutions telles qu OSEO ou France Active. Quel est le taux de refus au niveau des dossiers, notamment pour la BNP mais aussi pour la fondation? Bernard Labous : Il n existe pas de données chiffrées mais une volonté forte d expliquer tous les refus. Hubert de Beaumont : Parmi toutes les entreprises éligibles au Fonds Afrique, entre 20 et 25% des entreprises vont être financées au bout du parcours. Yaël Zlotowski : La Caisse Solidaire a reçu 130 dossiers, en a étudié 54, et en a présenté 48 dont 80% ont obtenu l accord du comité de crédit. Avec un taux de 4,95%, ce financement apparaît comme étant complémentaire à celui offert par les banques, en faisant apparaître un fort effet de levier. Y-a-t-il des problèmes de remboursement, notamment par rapport à la microfinance? Bernard Labous : Le coût du risque de BNP Paribas est le plus bas du marché actuellement, malgré quelques complications dans certains pays de la zone Afrique. Le coût du risque reste ainsi maîtrisé mais variable selon les zones. Hubert de Beaumont : Parmi toutes les entreprises financées, aucun seuil n a été intégralement respecté car il s agit de financement patient. Ainsi, sur l ensemble du portefeuille, il n y a eu aucune faillite à ce jour malgré quelques difficultés. Comment est financé l accompagnement non-financier? Bernard Labous : La gestion de la trésorerie (être payé et payer) est essentielle dans le financement des TPE / PME et dans l accompagnement. Il s agit d anticiper à tous les niveaux. Les procédures d accompagnement sont ainsi financées par le temps des collaborateurs pour conseiller (tant sur des horaires de travail que par le biais de bénévolat). 7

Hubert de Beaumont : Il est important de réaliser un suivi de la gestion quotidienne et financière en plus de la comptabilité. On observe un véritable co-financement de cet accompagnement, celui-ci devant faire partie intégrante des coûts de l entrepreneur. Yaël Zlotowski : Le bénévolat joue un rôle fondamental, à travers le mécénat de compétences mais aussi par le biais de financements publics. Pourquoi assiste-t-on à une volonté de financer les PME / TPE? La motivation estelle plutôt politique ou financière? Bernard Labous : Les PME et TPE sont les acteurs primordiaux de l économie, notamment dans les pays où il n y a qu eux. La question de la rentabilité est aussi importante, les TPE / PME sont ainsi souvent plus rentables que les particuliers (au Sénégal, par exemple, on estime que les PME / TPE sont trois fois plus rentables qu un particulier). 8

Une initiative du Club Microfinance Paris Le Club Microfinance Paris est un réseau indépendant de personnes ayant un intérêt pour la microfinance. Le Club a pour vocation d être un lieu d échange et de rencontre entre acteurs des entreprises, agences gouvernementales, associations et institutions non gouvernementales. Les activités du Club sont essentiellement des réunions et conférences sur des sujets d intérêt commun. Les membres du Club sont engagés exclusivement à titre privé. www.clubmicrofinanceparis.org En partenariat avec Convergences Convergences est la première plateforme de réflexion en Europe destinée à établir de nouvelles convergences entre acteurs privés, publics et solidaires pour promouvoir les Objectifs du Millénaire pour le développement et lutter contre la pauvreté et la précarité dans les pays du Nord et du Sud. Véritable réseau fédérateur, elle rassemble plus de 200 professionnels de la coopération internationale, la microfinance, l entrepreneuriat social, l économie sociale et solidaire, et du développement durable. Chaque année, la plateforme organise le Forum Mondial Convergences, un forum international d échanges et de discussions, et produit des publications phares, telles que le Baromètre de la microfinance et le Baromètre de l entrepreneuriat social. www.convergences.org Compte rendu réalisé par Convergences