Ce rapport Africa RiskView de fin de saison est une publication de la Mutuelle panafricaine de gestion des risques ARC (African Risk Capacity). Le rapport porte sur les estimations d Africa RiskView en termes de précipitations, de sécheresse et de nombre de personnes touchées en les comparant aux informations du terrain et provenante de sources externes. Le rapport sert aussi comme base pour le travail de validation des estimations générées par Africa RiskView, que chaque pays effectue à la fin de la saison assurée. Cette validation vise à évaluer la performance du modèle et assurer que le risque de sécheresse du pays est bien reproduit par Africa RiskView pour le suivi de la sécheresse et l assurance. Points forts Précipitations Les précipitations cumulées ont été moyennes ou supérieures à la moyenne sur l ensemble du territoire, à l'exception du centre du Sénégal, où les précipitations ont été 20-50% inférieures à la moyenne 1983-2015. La saison 2016 a été marquée par une mauvaise répartition géographique et temporelle des précipitations, un démarrage tardif et un arrêt précoce dans la quasi-totalité du pays et des précipitations irrégulières. Sécheresse D après Africa RiskView, les conditions optimales de semis n'ont pas été atteintes dans la plupart des régions du centre et du nord-ouest du Sénégal. Dans les régions où le seuil pluviométrique des semis a été atteint, les valeurs WRSI étaient normales à la fin de la saison agricole 2016. Précipitations Au Sénégal, la saison des pluies s étend de la mi-mai à la minovembre. La saison 2016 a été marquée par des hauteurs de précipitations cumulées très variables d une région à l autre. Le sud du Sénégal, en particulier le sud-est (Kedougou) et le sudouest (Ziguinchor), ont reçu plus de 1 000 mm de pluie, tandis que les précipitations cumulées au centre et au nord ont généralement oscillé entre 200 et 400 mm. À l échelle régionale, les précipitations cumulées sont allées de 290 mm à Saint-Louis à 1 000 mm dans la région de Kedougou. Par rapport à la moyenne nationale à long terme (1983-2015), les précipitations ont été normales ou supérieures à la normale dans la quasi-totalité du pays. Toutefois, la saison a été en dessous de la normale au centre du Sénégal (régions de Kaffrine et Kaolack), avec un total des précipitations cumulées inférieur de 20% à la moyenne à l échelle régionale, et inférieur de plus de 50% inférieur dans certaines régions localisées le long de la frontière avec la Gambie. Populations touchées Africa RiskView estime que plus de 730 000 personnes ont été touchées par le climat de sécheresse modélisé au centre et au nord-ouest du Sénégal à la fin de la saison agricole 2016 en raison des mauvaises performances de la saison. Mutuelle ARC Malgré le nombre important de personnes touchées, le seuil déclencheur d un paiement de la part d ARC Ltd n a pas été atteint à la fin de la saison agricole 2016 au Sénégal. Le Sénégal est membres de la mutuelle ARC depuis la saison 2014/15 et a bénéficié d un paiement de la part d ARC Ltd au début de l année 2015 en raison des mauvaises performances de la saison 2014. En ce qui concerne la répartition géographique et temporelle des précipitations, une analyse des précipitations décadaires (10 jours) montre que la saison a évolué de manière inégale dans les différentes régions du pays. Au sud-est du Sénégal, notamment dans les régions de Kedougou et Kolda, le régime des précipitations au début de la saison correspondait aux tendances saisonnières à long terme. La saison a ensuite évolué normalement jusqu au début du mois d octobre 2016. Toutefois, la plupart des autres régions ont connu un démarrage tardif de la saison 2016, qui s est accompagnée de précipitations nettement supérieures à la moyenne lors de son installation pendant la dernière décade du mois de juillet (entre le 21 et le 31). Un bref épisode de sécheresse a été observé au début du mois d août, suivi de précipitations abondantes entre la mi-août et le début du mois d octobre. La saison s est terminée tôt dans tout le pays, sauf dans l extrême sud-est (région de Kedougou), où les précipitations ont été rares ou inexistantes entre mi-octobre et mi-novembre.
Pluviométrie cumulée (en mm), 11 mai-10 nov 2016, Sénégal (ARC2) Pluviométrie cumulée en % de la moyenne 1983-2015, 11 mai-10 nov 2016, Sénégal (ARC2) WRSI de fin-de-saison, Sénégal, saison agricole 2016 WRSI de fin-de-saison comparé à la médiane (5 ans), Sénégal, saison agricole 2016 Estimation de la population touchée par la sécheresse, Sénégal, saison agricole 2016 Estimation de la population touchée par la sécheresse, Sénégal, 1983-2016 Sécheresse Le groupe de travail technique (GTT) national a personnalisé Africa RiskView de manière à modéliser l impact de la sécheresse sur l arachide, qui est la principale culture de rapport cultivée par de nombreux ménages et qui joue un rôle important dans la sécurité alimentaire du pays. Selon Africa RiskView, les critères des semis définis par le GTT lors de la personnalisation du modèle pour le Sénégal n ont pas été remplis dans la plupart des régions du centre et du nord-ouest du pays lors de la période de semis (qui s étend de mai à juillet). Cela s'explique en grande partie par le passage au triple seuil des semis utilisé en 2016, et qui évalue les précipitations reçues pendant 3 décades consécutives afin de définir les conditions optimales de semis. Ce seuil n ayant pas été atteint dans de nombreuses régions en raison des précipitations irrégulières reçues en août, Africa RiskView a donc estimé que les agriculteurs n avaient pas procédé aux semis ou, s ils l avaient fait, que le rendement attendu serait faible. Dans les régions où les conditions nécessaires aux semis ont été atteintes, Africa RiskView estime que le taux de satisfaction des besoins en eau des cultures a été variable. Au sud et à l'est du Sénégal, les valeurs WRSI étaient généralement bonnes à très bonnes, ce qui signifie que les besoins en eau des cultures d arachide ont été entièrement satisfaits pendant la saison 2016. Toutefois, au centre et au nord-ouest du Sénégal, ces valeurs vont de 60 à 80 (médiocres) et de 80 à 95 (moyennes), selon la classification WRSI de FEWS NET. Par rapport à la valeur de référence définie par le GTT pour modéliser les conditions normales au Sénégal (médiane des 5 années précédentes), il semble que les valeurs WRSI de fin de saison
s inscrivent dans les tendances saisonnières normales dans les régions où les conditions nécessaires aux semis ont été atteintes, à savoir dans une grande partie du sud et de l'est du Sénégal. Les conditions ont été généralement très inférieures à la moyenne (plus de 50% par rapport à la valeur de référence) au centre et au nord-ouest du Sénégal, où Africa RiskView estime que les semis n ont pas eu lieu. À l échelle régionale, les écarts les plus importants ont été enregistrés dans les régions de Fatick (25% par rapport à la normale), Kaffrine (33%), Thies (36%) et Kaolack (52%), au centre et à l ouest du Sénégal. Ces régions ont également été affectées par des précipitations faibles et irrégulières lors de la saison 2016. À l inverse, les conditions étaient proches de la valeur de référence dans les régions de Ziguinchor et de Kedougou, et supérieures à la normale à Matam (149%). Rappelons que dans ces régions, la culture de l'arachide est très localisée, ce qui se reflète dans le masque de calcul défini par le GTT, et qui peut se traduire par un petit nombre de pixels pris en compte dans le calcul de l indice WRSI. Les données collectées sur le terrain indiquent que des régions non prises en compte dans le masque de calcul ont connu un climat de sécheresse. Ainsi, le programme de micro-assurance R4 du PAM prévoit de verser des indemnités aux agriculteurs de la région de Tambacounda qui ont pris part à cette initiative. Les calculs de l indice WRSI dans Africa RiskView introduisent un biais plus pessimiste que ceux d'autres modèles. Par exemple, le modèle régional WRSI de FEWS NET pour l Afrique de l Ouest indique que les valeurs WRSI ont été moyennes ou bonnes dans la plus grande partie du pays à la fin de la saison agricole 2016. Rappelons toutefois que ce modèle utilise le millet comme culture de référence, tandis qu Africa RiskView a été personnalisé pour modéliser l impact de la sécheresse sur les cultures d arachide. L indice de stress hydrique (ASI) de la FAO, un indicateur composite basé sur les données de végétation et de température, indique également que moins de 10% des zones cultivées du sud et du nord du Sénégal ont connu de mauvaises récoltes, contre 10% à 25% des zones agricoles du centre du pays (Kaffrine et Kaolack). Par rapport aux statistiques sur la production agricole de la saison 2016, il semble qu Africa RiskView donne une estimation plus pessimiste des performances saisonnières. Selon les dernières informations recueillies sur le terrain dont nous disposons, il semble que la production céréalière ait connu une hausse de 4% en 2016 par rapport à la saison précédente, et ait progressé de 55% par rapport à la moyenne sur 5 ans. La production d'arachide a légèrement baissé par rapport à 2015 (-5%) mais reste plus élevée (+38%) que la moyenne sur 5 ans. Les rendements des cultures d arachide ont baissé de 11% par rapport à 2015 (3% audessus de la moyenne) 1. Populations touchées Selon les paramètres sélectionnés par le Sénégal lors de la personnalisation d Africa RiskView, près de 1,3 million de personnes sont vulnérables à la sécheresse. Au vu des valeurs WRSI inférieures à la normale au centre et à l ouest du Sénégal, Africa RiskView estime que sur cette population, 730 000 personnes ont été directement touchées par la sécheresse à la fin de la saison agricole 2016. Les régions les plus touchées sont celles du centre et de l ouest du pays, y compris celles de Kaolack (175 000 personnes), Kaffrine (140 000), Thies (135 00) et Fatick (117 000), et 160 000 autres personnes devraient être touchées dans les régions de Louga et Diourbel. Ces chiffres sont nettement supérieurs à la moyenne à long terme (1983-2015), qui est d environ 360 000 personnes touchées à l échelle nationale. Toutefois, l impact modélisé de la sécheresse reste inférieur à l ampleur des sécheresses majeures survenues au Sénégal en 2002, 2011 et 2014 (laquelle avait donné lieu à un paiement de plus de 16 millions USD de la part d ARC Ltd au début de l année 2015). L exercice de Cadre Harmonisé d analyse de la sécurité alimentaire, qui s'est terminé en novembre 20016, a montré que près de 345 000 personnes étaient en situation d insécurité alimentaire aigüe (phase 3 et au-delà) au moment de l analyse et que, selon les prévisions, ce nombre passerait à 880 000 au plus fort de la période de soudure (de juin à août 2017). Si ces estimations sont proches de celles d Africa RiskView, il est important de rappeler que les chiffres du Cadre Harmonisé ne font pas la distinction entre les différents facteurs d insécurité alimentaire. En effet, les discussions engagées avec le GTT ont montré que les estimations de l insécurité alimentaire à l échelle nationale en 2016/17 sont liées à d'autres éléments, comme l accès limité aux marchés, différents facteurs chroniques et les effets à long terme des sécheresses successives survenues entre 2011 et 2014, alors que la sécheresse et la faible production agricole ne semblent pas être les principaux facteurs de l insécurité alimentaire en 2016/17. Il en ressort qu Africa RiskView surestime légèrement le nombre de personnes touchées par la sécheresse, ce qui peut être attribué en partie au triple seuil des semis utilisé en 2016. Globalement, il semble que les agriculteurs ont fait en sorte de procéder aux semis et d obtenir les rendements suffisants malgré l épisode de 1) Source: Rapport PREGEC sur le Sénégal, novembre 2016.
11 mai-10 nov 2016, Sénégal 11 mai-10 nov 2016, Dakar, Sénégal 11 mai-10 nov 2016, Diourbel, Sénégal 11 mai-10 nov 2016, Fatick, Sénégal 11 mai-10 nov 2016, Kaffrine, Sénégal 11 mai-10 nov 2016, Kaolack, Sénégal 11 mai-10 nov 2016, Kedougou, Sénégal 11 mai-10 nov 2016, Kolda, Sénégal 11 mai-10 nov 2016, Louga, Sénégal
11 mai-10 nov 2016, Matam, Sénégal 11 mai-10 nov 2016, St. Louis, Sénégal 11 mai-10 nov 2016, Sedhiou, Sénégal 11 mai-10 nov 2016, Tambacounda, Sé- 11 mai-10 nov 2016, Thies, Sénégal 11 mai-10 nov 2016, Ziguinchor, Sénégal sécheresse du mois d août et l installation tardive, puis l arrêt brutal des précipitations dans certaines régions. En effet, si le GTT avait opté pour des critères plus souples (comme ceux utilisés en 2015), le nombre de personnes directement touchées par la sécheresse aurait été ramené à environ 60 000. Mutuelle ARC Le Sénégal est membre de la Mutuelle ARC depuis 2014/15 (premier groupe de pays membres). Cette année-là, le pays a bénéficié d un paiement de plus de 16 millions USD suite à la mauvaise saison agricole que l Afrique de l Ouest a connue en 2014. Lors de l année en cours, le Sénégal n a pas pu bénéficier d un paiement, car le point d attachement sélectionné par le gouvernement sénégalais (correspondant à environ 770 000 personnes) n a pas été atteint.
Africa RiskView À propos de l ARC : L African Risk Capacity (ARC) est une institution spécialisée de l Union africaine, dont le but est d améliorer la capacité des États membres de l UA à gérer les risques liés aux catastrophes naturelles, à s adapter aux changements climatiques et à assister les populations exposées au risque d insécurité alimentaire. Le logiciel Africa RiskView est le moteur technique de l ARC. Il s appuie sur des données pluviométriques satellitaires pour évaluer les coûts d une intervention en réponse à la sécheresse, qui peuvent ensuite déclencher le paiement d une indemnité d assurance. La Société d assurance ARC Insurance Company Limited est la filiale financière de l ARC, chargée de mutualiser les risques à travers le continent. Note sur la méthodologie d Africa RiskView : Pluviométrie : Africa RiskView utilise des différents jeux de données satellitaires pour suivre la progression des saisons des pluies en Afrique. Les pays souhaitant participer à la Mutuelle ARC doivent personnaliser la composante de la pluviométrie en choisissant le jeu de données satellitaires qui reproduit le mieux les pluies mesurées sur le terrain. Sécheresse : Africa RiskView s appuie sur l indice de satisfaction des besoins en eau (WRSI) comme indicateur de sècheresse. Le WRSI est un indice développé par la FAO qui utilise les estimations pluviométriques satellitaires pour déterminer si les besoins en eau d une culture donnée ont été satisfaits pendant les différentes phases de son développement. Les pays souhaitant participer à la Mutuelle ARC doivent personnaliser les paramètres du logiciel afin que le modèle reflète la réalité du terrain. Populations touchées : Africa RiskView s appuie sur les calculs de l indice WRSI pour donner une estimation du nombre de personnes potentiellement touchées par la sècheresse dans chaque pays participant dans la Mutuelle ARC. Le processus de personnalisation adapté aux différents pays permet d établir des profils de vulnérabilité à l échelle sous-nationale et, par conséquent, de déterminer l impact potentiel d un épisode de sécheresse sur les populations vivant dans une région donnée. Coûts d intervention : Lors d une quatrième et dernière étape, Africa RiskView convertit le nombre de personnes touchées en coût d interventions menées en réponse à la sécheresse. Pour les pays participant à la Mutuelle ARC, ces coûts d intervention permettent de calculer le montant des polices d assurance. La compagnie d assurance ARC Ltd indemnisera les pays concernés si les coûts d une intervention à mettre en place à la fin de la saison dépassent un seuil préétabli dans le contrat d assurance. Clause de non-responsabilité : les données et informations contenues dans ce bulletin ont été élaborées à des fins de mise en œuvre du logiciel Africa RiskView et de la Mutuelle panafricaine de gestion des risques et s appuient sur l approche employée dans ce cadre. Les données contenues dans ce bulletin sont communiquées publiquement à des fins d information uniquement. L Institution de l ARC, ses filiales et chacun de leurs administrateurs, directeurs, employés et agents ne donnent aucune garantie et n assument aucune responsabilité quant à l exactitude des données et des informations fournies si elles devaient être utilisées dans un but spécifique. En aucun cas l Institution de l ARC, ses filiales et chacun de leurs administrateurs, directeurs, employés et agents ne pourront être tenus responsables de tout ou partie du contenu présenté ici. Les paiements effectués par ARC Ltd sur la base des contrats d assurance sont calculés dans une version indépendante de Africa RiskView, et peuvent donc différer des estimations présentées dans ce bulletin.