UNIVERSITE - RENE DESCARTES - PARIS 5 FACULTE



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Transcription:

UNIVERSITE - RENE DESCARTES - PARIS 5 FACULTE des SCIENCES HUMAINES et SOCIALES Département des Sciences de l Education SERVICE DE LA FORMATION CONTINUE Mémoire session 2010 Diplôme Universitaire de Responsable de Formation D.U.R.F. Optimiser la qualité de la formation en alternance sous contrat d apprentissage, par l amélioration de la communication, au travers du poste de responsable de formation et pédagogique au sein d un centre de formation d apprentis privé ou consulaire. Directrice de mémoire : Madame Catherine ARNAUD Monsieur Bruno COUDERT

REMERCIEMENTS Je tiens à remercier tout particulièrement le personnel des centres de formation : Madame Maryvonne SOREL responsable scientifique de l Université Paris Descartes service commun de formation continue, ainsi que toute l équipe pédagogique. Madame Anne BOUTHRY, directrice de l institut pour la professionnalisation des acteurs de l alternance (I.P.2.A.) qui m a conseillé, orienté et apporté son aide et aussi à toute son équipe pédagogique pour leur accompagnement. Je remercie aussi : Madame Catherine ARNAUD, directrice de mon mémoire qui m a suivi ces 3 dernières années, conseillé et apporté son aide précieuse. Monsieur Régis DUPONT, directeur de l École des fleuristes de Paris qui m a accueilli au sein de son établissement afin que je puisse réaliser mon stage, dans les meilleures conditions qui soit. Monsieur Dominique LEDOGAR, Service accompagnement, Directeur de l apprentissage pour son temps et ses conseils. Monsieur Vincent DINET, responsable administratif et financier, pour son management participatif et sa communication basée sur l échange et le dialogue. Je remercie ma femme, Stéphanie BRIGNOLI et mes enfants pour leur patience et leur aide. B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 2 / 97

TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS... 2 TABLE DES MATIERES... 3 RESUME... 6 INTRODUCTION... 7 1 RAPPORT D ETONNEMENT DU MONDE DE L APPRENTISSAGE... 9 1.1 HISTORIQUE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE FRANÇAISE... 9 1.1.1 Balbutiements de la formation d apprentissage... 9 1.1.2 Bases de la formation professionnelle... 11 1.1.3 Définition d un système de formation professionnelle... 12 1.2 VISION DE L APPRENTISSAGE DE CERTAINS PAYS ETRANGERS... 15 1.3 APPRENTISSAGE : DES DISPARITES REGIONALES... 17 1.4 RESPONSABLES/DIRECTEURS DE FORMATION ET PEDAGOGIQUES... 17 1.5 LES REPRESENTATIONS DU MONDE DE L ALTERNANCE... 20 1.5.1 Un nom peu évocateur... 20 1.5.2 Des erreurs dans la définition des termes... 21 1.5.3 Des idées préconçues... 24 1.5.4 Comparaison des résultats entre la formation sous statut scolaire et sous statut d apprentissage... 26 1.5.5 Accessibilité de l ensemble des diplômes... 27 1.6 TECHNICITE DU MONDE DE L ALTERNANCE... 28 1.6.1 Apprentissage : Carence des référentiels... 28 1.6.2 Contrôle des C.F.A.... 29 1.6.3 Apprenti / apprenant et non apprenti / employé... 30 1.6.4 Capacité d apprendre... 31 1.6.5 Autonomie... 32 1.6.6 Première recherche d emploi... 34 1.6.7 Concours de circonstance, hasard & opportunité... 35 1. 7 CONCLUSION... 35 B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 3 / 97

2 CONTEXTE, ENJEUX & PROBLEMATIQUE... 37 2.1 TERRAIN D ETUDE... 37 2.1.1 Lieu de stage : École des Fleuristes de Paris... 37 2.1.1.1 Objectif du stage... 37 2.1.1.2 Présentation de l École des Fleuristes de Paris... 38 2.1.1.3 Personnel du CFA... 39 2.1.1.4 Travaux réalisés... 39 2.1.1.4.1 Visite d observation du personnel pédagogique... 39 2.1.1.4.2 Entretien du personnel administratif... 40 2.1.1.4.3 Questionnaire sur les pratiques pédagogiques des formateurs... 41 2.1.1.4.4 Emploi du temps des formateurs et des apprentis... 42 2.1.2 Démarche qualité : 4 ème campagne... 44 2.1.2.1 Dossier qualité... 44 2.1.2.2 Entretien avec Monsieur LEDOGAR... 45 2.2 METHODOLOGIE, PROCESSUS... 46 2.2.1 Avant la mise en place de la démarche qualité... 46 2.2.2 Pendant la mise en place de la démarche qualité... 48 2.2.3 Après la mise en place des options de la démarche qualité... 49 2.3 DES OUTILS AUX INTERACTIONS... 53 2.3.1 Axes développés... 54 2.3.1.1 Interaction des acteurs professionnels : Environnement distal... 54 2.3.1.2 Interaction des personnes pédagogiques : Environnement proximal... 55 2.3.2 Limite de l étude : Sujet non traité... 56 2.3.2.1 Définition du filtre : Responsable de formation et pédagogique... 56 2.3.2.2 Contrat d apprentissage... 57 2.3.2.4 Décentralisation de la formation... 57 2.3.2.5 Adaptation des référentiels à l alternance... 58 2.3.2.6 Textes... 59 2.4 FINALITES, BUTS, OBJECTIFS ET DONC PROBLEMATIQUE... 59 2.4.1 Finalité de cette campagne qualité... 59 2.4.2 But de l École des Fleuristes de Paris... 60 2.4.3 Objectifs généraux de l École des Fleuristes de Paris... 61 2.4.4 Problématique de la situation de terrain... 61 B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 4 / 97

3 OPTIMISATION DE LA COMMUNICATION DANS LA SITUATION DE FORMATION PROFESSIONNELLE EN ALTERNANCE... 62 3.1 ANALYSE DE L IMPACT DU DEFICIT DE LA COMMUNICATION SUR LE MONDE DE L APPRENTISSAGE... 63 3.1.1 Communication interne au C.F.A.... 63 3.1.1.1 Communication administrative interne... 63 3.1.1.2 Communication pédagogique interne... 65 3.1.1.3 Besoin de formation des formateurs... 67 3.1.1.4 Communication horizontale entre le personnel d un C.F.A.... 67 3.1.2. Communication externe en interaction avec les acteurs... 69 3.1.2.1 Communication pédagogique : La réunion M.A. & C.F.A.... 69 3.1.2.2 Communication pédagogique : Loi BORLOO... 70 3.2 LES PRECONISATIONS... 72 3.2.1 Communication intra centre de formation d apprentissage... 72 3.2.1.1 Communication descendante en direction de l apprenant... 72 3.2.1.2 Communication interne pendant les séances pédagogiques... 75 3.2.1.3 Communication horizontale entre le personnel d un C.F.A.... 78 3.2.1.4 Affichage interne... 82 3.2.1.5 Zone Urbaine Sensible (Z.U.S.)... 84 3.2.1.6 Conseil pédagogique... 85 3.2.2. Communication dans l environnement distal... 86 3.2.2.1 Organisation de futures réunions avec les maîtres d apprentissage... 86 3.2.2.2 Communication pédagogique : Le livret d apprentissage... 88 3.2.2.3 Communication externe : Loi BORLOO... 89 3.2.2.4 Charte de Qualité... 91 3.2.2.5 Finance... 91 3.2.3 La communication intra entreprise... 92 4 CONCLUSION... 93 BIBLIOGRAPHIE... 94 LIVRES... 94 REVUES ET MAGAZINES... 95 Education Permanente, Arcueil, éducation permanente,... 95 Education magazine, les clés de la réussite scolaire, Paris, Fabert,... 95 Psycho, magazine d information en psychologie,... 96 Philosophie magazine... 96 Enfance, le lien entre professionnels et parents... 96 ARTICLES... 96 B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 5 / 97

RESUME Objet étudié Périmètre d étude Point d entrée Filtre Idées principales Orientations méthodologiques Décisions Prescriptions Mots clés La formation par alternance sous contrat d apprentissage Centre de formation d apprenti privé ou consulaire. La Communication Poste de responsable de formation et pédagogique Les interactions entre les différents environnements distal et proximal : la communication, un flux indispensable Participation maximale de l ensemble des acteurs : réunion plénière, réunion de groupes restreints, questionnaires ciblés, visites pédagogiques, visites d entreprises, entretiens avec l ensemble des acteurs. Mise en place d un carnet de liaison Créer une communication entre les acteurs Embaucher un responsable pédagogique Alternance, Apprentissage, Centre de formation, Communication, Contrat d apprentissage, Environnement distal, Environnement proximal, Image, Interaction des acteurs, Interaction pédagogique, Pédagogie de l alternance intégrative, Représentation, Se parler, Echanger, Sens Commun, Ethique commune, Enjeux d entreprise, B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 6 / 97

INTRODUCTION Nous avons choisi de réfléchir sur le monde de l alternance et de l apprentissage. Beaucoup de choses sont dites et de nombreuses sont fausses ou partiellement fausses, telles que «c est une voie de garage» Les formateurs en centre de formation d apprentis (C.F.A.) forment, animent et enseignent à des apprenants en formation initiale ou continue par alternance sous contrat qui passent les mêmes diplômes ou titres que les jeunes sous statut scolaire. Nous désirons respecter la stratégie politique choisie par le Président de la région Île-de-France. Le Vice-président à la formation professionnelle de l apprentissage et de l alternance, Monsieur Emmanuel MAUREL lors de la réunion des directeurs de C.F.A. du 04 novembre 2010, nous a rappelé les priorités politiques : - Mise en avant du développement durable - Soutien des 1 er niveaux de qualification N V & IV - Accompagnement à la pédagogie innovante. Il nous a également rappelé les objectifs choisis de la région Île-de-France en matière d apprentissage et d alternance : - 150 000 apprentis à horizon 2014/2016 - Mettre en œuvre du plan d alternance - Développer les lycées de métier - Soutenir les «décrocheurs» - Développer la mobilité internationale - Développement durable adapté à l écologie B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 7 / 97

Nous désirons parler du monde de l alternance, car nous pensons qu il n est pas à la place où il devrait être. Nous avons constaté beaucoup de dysfonctionnements même s ils sont sans gravité. Le potentiel est présent, les volontés ne le sont pas toujours ; Mais le potentiel, lui, est là. La communication «est omniprésente, aussi bien dans les pratiques que dans le champ conceptuel de la formation» 1. C est pour cela que nous avons décidé de prendre la communication comme fil conducteur. L être humain est communication par sa parole, par ses gestes, par son être. Rien ne peut se réaliser sans un minimum de communication dans le monde actuel, ce qui est encore plus vrai pour la situation de formation. Nous avons décidé de mettre en en-tête de chaque page la définition simple de Monsieur Philippe ZARIFIAN «Communiquer, c est se parler à propos de quelque chose». Cette approche, si peu appliquée dans le monde de l entreprise représente, bien ce mémoire et les idées que nous défendons. En observant les pratiques au sein de mon centre de formation, je me posais des questions sur la spécificité de cet établissement ou la normalisation de cet établissement. J ai ressenti le besoin de travailler assez longuement sur l aspect macro du monde de l alternance. Cette réflexion nous permet de mettre en place dans un premier temps un rapport d étonnement macro puis micro sur le monde de l apprentissage et de l alternance. Une analyse puis des propositions ensuite développées. d amélioration seront 1 JOBERT Guy, (2006) Education Permanente N 167, Communiquer, page 5 B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 8 / 97

1 RAPPORT D ETONNEMENT DU MONDE DE L APPRENTISSAGE 1.1 HISTORIQUE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE FRANÇAISE 1.1.1 Balbutiements de la formation d apprentissage Depuis la nuit des temps, l enseignement professionnel se fait par l exemple. L apprenant regardait puis reproduisait ce que le maître lui avait montré. Nous étions bien dans un système «pratico pratique» que nous pouvons nommer corporatiste. L origine du terme proviendrait de l anglais «Corporation» signifiant «fait de former corps» par glissement «ensemble de personnes organisées en corps». Le terme anglais est emprunté au latin «se former en corps» 2 et donc la passation des savoirs faire par l exemple et l accompagnement. A partir de «l Ancien régime, l initiation professionnelle est généralement organisée au sein des corporations ou des mouvements compagnonniques, sous la forme d un apprentissage direct.» 3 C était les grandes heures du compagnonnage. L origine du terme provient du latin «companionem» le mot a progressivement changé de sens pour prendre le sens de «Celui qui vit et partage ses activités avec quelqu un» 4 «A l issue de cet apprentissage l apprenant connaît tous les aspects d un métier et peut accéder à la maîtrise après avoir fait ses preuves en tant que compagnon» 5. 2 REY Alain, Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, Paris, Mars 2006. 3 LEON Antoine & ROCHE Pierre, Histoire de l enseignement en France, PUF, Que sais je?, Vendôme, Janvier 2008, 127 pages. 4 REY Alain Op Cit 5 REY Alain Op Cit B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 9 / 97

Depuis la révolution Française, une multitude de lois, de réformes ont été votées, décidées, sans forcément valoriser l alternance. Les premières, sont le décret d ALLARDE de mars 1791 et la Loi LE CHAPELIER de juin 1791 qui «compromettront pour une longue période le développement des moyens de formation professionnelle» 6 en supprimant «les corporations et de l instauration du libéralisme économique» 7. Les corporations avaient le monopole total des branches dans lesquelles elles exerçaient. Elles formaient les apprenants en leur donnant une valeur de respect de la corporation. Toute décision prise par la corporation était donc respectée : fixation des tarifs, méthode de travail, zone de travail Elles avaient un impact sociologique fort. A la fin des corporations, la perte du monopole engendre une pratique de libéralisme économique. Le 20 avril 1792 le plan CONDORCET est présenté à l assemblée législative. L éducation doit développer les capacités individuelles et perfectionner l espèce humaine. Cette éducation est gratuite pour tous et laïque dans les écoles publiques. Il proclame l égalité des sexes et des âges devant l instruction. L idée est déjà de «continuer l instruction pendant toute la durée de la vie», on commence à parler de «l art de s instruire par soi-même». CONDORCET ne parle pas d obligation scolaire. Elle va apparaître dans le plan de M. LE PELETER de SAINT FARGEAU en 1793, le 24 juin. Elle va disparaître à nouveau avec la législation LAKANAL en 1794, le 17 novembre. Après une longue période pendant laquelle les lois font et défont les structures scolaires (établissements), la Loi CARNOT remet au goût du jour les principes de la gratuité, de l obligation et de la laïcité tout en maintenant la liberté de l enseignement, après la révolution de 1848. 6 REY Alain Op Cit 7 REY Alain Op Cit B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 10 / 97

1.1.2 Bases de la formation professionnelle En 1819, le conservatoire des arts et métiers, origine du Centre National des Arts et des Métiers (C.N.A.M.) propose des cours publics et gratuits, le soir après 19 heures et le dimanche. En 1821, deux écoles sont ouvertes pour ouvriers adultes par le Préfet de la Seine. La Loi FALLOUX du 15 mars 1850 prévoit pour la première fois des ouvertures d école d adultes et d apprentis. «Les cours d adultes prolifèrent sous la monarchie de Juillet. Pour toute le France, leur nombre passe de 1800, en 1837, à 6800, avec 120000 auditeurs en 1848.» 8 Peu de temps après, pendant la commune de Paris, qui ne dure que deux mois en 1871, une commission de l enseignement «entreprend la réalisation d une instruction intégrale et le développement de la formation professionnelle» 9. En 1881, la Loi de Jules FERRY organise l enseignement primaire, en le rendant gratuit, obligatoire entre 6 et 13 ans, et laïc. Mais il ne faut pas oublier les orientations sur l apprentissage des métiers, par une mise en place de quatre types de mesures : «Introduction des travaux manuels à l école primaire, organisation de l orientation professionnelle, développement des moyens d enseignement technique, amélioration des conditions de formation et de travail des jeunes ouvriers» 10 et création des écoles nationales professionnelles. La Loi ASTIER, votée le 25 juillet 1919, impose la gratuité et l obligation des cours professionnels pour les apprentis formés en entreprises industrielles et commerciales. Cette loi est appuyée par la loi du 13 juillet 1925. 8 LÉON Antoine & ROCHE Pierre Op Cit 9 LÉON Antoine & ROCHE Pierre Op Cit 10 LÉON Antoine & ROCHE Pierre Op Cit B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 11 / 97

Elle astreint les entreprises à verser une taxe d apprentissage destinée au développement de l enseignement technique et de l orientation professionnelle. La même année, le 26 juillet, les chambres de métiers se créent ce qui leur permettent d ouvrir et subventionner des écoles techniques et des cours professionnels. 1928 : Le 20 mars, création du contrat d apprentissage, sur les bases du système des corporations. 1959 : Un décret prescrit l âge de la scolarité et la rend obligatoire jusqu à 16 ans, il y a création des collèges d enseignement technique (C.E.T.). 1961 : Apparition des premiers centres de formation d apprenti (C.F.A.). 1966 : Création du congé de formation. 1.1.3 Définition d un système de formation professionnelle Suite à une mise en place longue et pénible, une série de lois sont promulguées afin d asseoir la formation professionnelle. Le 16 juillet 1971, la Loi N 71-576 11 Article N 1-généralités : «L apprentissage est une forme d éducation. Il a pour but de donner à des jeunes travailleurs, ayant satisfaits à l obligation scolaire, une formation générale, théorique et pratique en vue de l obtention d une qualification professionnelle sanctionnée par un diplôme de l enseignement technologique. Cette formation qui fait l objet d un contrat, est assurée pour partie dans une entreprise, pour partie dans un centre de formation.» De plus la loi stipule que la formation professionnelle est permanente et «constitue une obligation nationale». La même année, sont institués les centres de formation d apprenti (C.F.A.). L apprentissage obtient un véritable statut. 11 Centre national de ressources pour l alternance en apprentissage. http://cnraa.ac-nancymetz.fr/accueil.php B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 12 / 97

La Loi relative à l éducation Loi N 75-620, dite Loi HABY du 11 juillet 1975 prévoit la mise en place d un collège unique, un tronc commun «pour favoriser l égalité des chances, l accès de chacun, en fonction de ses aptitudes, aux différents types ou niveaux de la formation scolaire». Elle impose aussi un pré-enseignement professionnel. En 1977, le statut de l apprenti est assimilable au statut scolaire. Après le choc pétrolier de 1974, les années 80 voient la multiplication des chômeurs. Afin de lutter contre ce fléau, l éducation est considérée comme la «première des priorités nationales». L État et les entreprises développent des actions d insertion et de qualification des demandeurs d emplois. En raison de la mutation rapide de la société industrielle, l orientation d élever le niveau de formation est prise ; La finalité étant de faire accéder 80% d une classe d âge au niveau baccalauréat. Les C.F.A. organisent à partir de 1987 des formations comprises entre le niveau V (ouvrier qualifié) et le niveau I (ingénieur). 12 Jusqu alors, l image de la formation par apprentissage est celle d une formation de faible qualification concernant des personnes manuelles du secteur de l artisanat ou de l industrie. Entre 1999 et 2004, l Éducation Nationale se rapproche des entreprises par une multitude actions ; Apparition des lycées des métiers ; Développement des stages en entreprises dès la 3 ème ; Mise en place des stages de «découverte professionnelle» En 2005, le 18 janvier, la Loi sur la cohésion sociale paraît. C est la Loi N 2005-32, dite Loi BORLOO. Cette Loi cherche à relancer l apprentissage par une multitude de mesures. Le but est d atteindre 500 000 apprentis en 2009. 12 LÉON Antoine & ROCHE Pierre Op Cit B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 13 / 97

En 2006, la Loi N 2006-396 du 31 mars est votée sur le thème de «l égalité des chances». Elle s adresse aux jeunes à partir de 14 ans, leur permettant de faire un préapprentissage. En 2009, la Loi 2009-1437 du 24 novembre relative à l orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie aborde les points suivants : - Les financements avec les fonds de sécurisation des parcours, - Les fonds mutualisés, - Les dispositifs qui évoluent (D.I.F., C.I.F., plan de formation ), - Les nouvelles mesures (préparation opérationnelle à l emploi, bilan d étape professionnel ), - La loi sur la formation professionnelle avec les différents changements pour les O.P.C.A. - les mesures en faveur de l alternance avec l élargissement du contrat de professionnalisation. Ainsi, les apprentis pourront continuer en C.F.A. pendant trois mois si leur contrat a été rompu sans qu ils en soient à l initiative. Enfin, les apprentis n ayant pas encore trouvé d employeur pourront poursuivre une formation dans un CFA pendant deux mois maximum. 13 Quelques décrets d application de la loi sur la formation professionnelle sont promulgués le 18 janvier 2010. Un nouveau pas est franchi pour le monde de l apprentissage. Il existe, désormais, de la souplesse et de l adaptabilité à l environnement économique du monde du travail. La difficulté de trouver et de rester dans un établissement professionnel est prise en compte. 13 Sources : http://www.pourseformer.fr B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 14 / 97

Pour conclure, force est de constater que la formation par alternance (Corporation, loi de 1971, carte d apprenti ), a pris, au cours des années, le devant de la scène de manière cyclique. Nous arrivons dans une phase de mise en avant, une politique pro-alternance, pro-apprentissage est en train de se dévoiler. Les régions françaises, entre autres la région Île-de-France, investissent énormément dans l apprentissage. Est-ce bénéfique? Est-ce éphémère? Nous ne pouvons qu espérer que ce ne soit pas seulement de la poudre aux yeux. 1.2 VISION DE L APPRENTISSAGE DE CERTAINS PAYS ETRANGERS L alternance fonctionne à plein régime dans les autres pays européens et ceci depuis bien longtemps. Ainsi, en Allemagne, il existe deux voies pour accéder aux diplômes ; Soit un accès universitaire ; Soit un accès par l alternance. L alternance est la voie dominante, elle représente 80% des jeunes professionnels. Au Danemark, la formation professionnelle par alternance sous contrat d apprentissage est la seule voie possible après une formation initiale plus ou moins longue sous statut scolaire. Le rapport P.I.S.A., acronyme pour «Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves», permet de comparer l efficacité des différents systèmes d éducation des pays participants. Ainsi, le rapport de 2006 met en évidence une supériorité du Danemark par rapport à la France quant au nombre de chercheurs scientifiques. De plus, nous constatons que l Allemagne et le Danemark devancent la France pour la culture des mathématiques, la compréhension de l écrit et la culture scientifique. Nous pouvons émettre des réserves quant à la méthode de notation qui peut ne pas correspondre à la manière de penser française, mais être assimilée à la méthode Anglo- Saxonne. B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 15 / 97

Mais une fois que nous nous sommes cachés derrière ce premier rempart, l Allemagne et le Danemark ne sont pas plus anglo-saxons que les français. D une manière générale, la France a une faible équité sociale (éducation pour un petit nombre, l ensemble de la population n y a pas accès) et un faible niveau de performances 14. L Allemagne a une faible équité sociale et une performance forte. Alors que le Danemark a une forte équité sociale et une performance faible. D un point de vue général, la France est bien en retard sur ses deux protagonistes. La Finlande, le Canada, la Japon, la Corée, La Grande-Bretagne, la Suède et l Irlande ont une haute équité sociale et une haute performance. En Angleterre et aux Pays-Bas, le système d alternance reste un dispositif secondaire, malgré un regain très récent en Grande-Bretagne. D une manière générale, en Europe centrale et orientale, la formation professionnelle fournissait la main d œuvre pour l industrie de l État, mais il y a peu de contrats d apprentissage. En Lettonie et en Hongrie le dispositif est lilliputien et, pire encore, il n existe même pas en République Tchèque et en Slovaquie. 15 Les pays ayant recours à l alternance, depuis longtemps, n accusent pas de retard technique, politique ou en quoi que ce soit!!! Donc, une politique basée sur l alternance peut fonctionner à long terme. Comment mettre en place en France une telle politique? 14 Cf. Annexe : Rapport P.I.S.A. 15 http://www.e-tud.com/ B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 16 / 97

1.3 APPRENTISSAGE : DES DISPARITES REGIONALES En Île-de-France, les formateurs ont une chance incroyable. Le conseil régional investit énormément dans la mise en place de dispositifs de formation pour les formateurs et le personnel des C.F.A. Il y a une inégalité flagrante entre les régions. S il est possible de passer le titre professionnel de formateur en C.F.A. Niveau III Code NSF333 délivrée par le Ministère de l enseignement supérieur et de la recherche ainsi que par le conservatoire national des arts et métiers (C.N.A.M.), il ne sera pas, pour autant, possible, hors de la région Île-de-France d obtenir ce titre de formateur en C.F.A. La région Nord a développé la relation entreprise C.F.A. au travers de documents. La région Centre a mis en place un logiciel pour gérer le livret d apprentissage. Ne pouvons-nous pas légiférer afin que l ensemble des formateurs suivent une formation minimum au niveau national? 1.4 RESPONSABLES/DIRECTEURS DE FORMATION ET PEDAGOGIQUES Adjoint pédagogique, assistant d éducation, assistant pédagogique, chargé administratif d études, conseiller d éducation, Conseiller Principal d Education (C.P.E.), responsable de filière, responsable des études, responsable pédagogique ; voici les différentes appellations 16 utilisées par la région Ile de France afin de définir la personne qui s occupe de la pédagogie. Nous pouvons ajouter coordinateur pédagogique, directeur pédagogique, responsable du projet formation et responsable de pôle Les acteurs professionnels de la formation professionnelle par alternance ne sont pas capables de définir correctement les termes pour le poste. Nous choisirons de prendre pour la suite de ce mémoire le terme de responsable de formation et pédagogique (R.F.P.). 16 Cf. Annexe : Appellations régionales des postes en C.F.A. B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 17 / 97

Nous avons choisi ce terme de responsable de formation et pédagogique, car son rôle est de diagnostiquer le dispositif de formation puis il construit et met en œuvre la qualité professionnelle. Donc le R.F.P. impacte directement l ingénierie de formation et l ingénierie pédagogique. Il nous paraît fort difficile d organiser le travail dès lors que nous ne sommes pas capables d identifier les membres et donc les parties de l organisation entrepreneuriale. Et pourtant, MINTZBERG a défini 5 parties à l organisation : Sommet stratégique, ligne hiérarchique, technostructure, support logique et centre opérationnel. Nous pouvons représenter les interactions comme sur le schéma suivant : 17 Si nous ne sommes pas en mesure de positionner le poste de responsable de formation et pédagogique, il est difficile de trouver dans quel type d organisation nous nous situons. Il existe cinq types d organisations possibles : Organisation simple, bureaucratie mécaniste, bureaucratie professionnelle, adhocratie opérationnelle et structure divisionalisée 18. 17 http://www.groupe-prospica.com B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 18 / 97

Nous ne pouvons pas appliquer un mécanisme de coordination des activités étant donné que les postes, les tâches et les fonctions sont bien souvent mal définis. Il n y a pas l utilisation opérationnelle d une des cinq organisations types. De plus, d un centre de formation à l autre l organisation est différente. L École des fleuristes de Paris fonctionne sans responsable pédagogique. C est le directeur du C.F.A. Monsieur Régis DUPONT, qui remplit ce rôle mais il y a un responsable administratif et financier. Au centre de formation d apprenti de Médéric il y a un directeur général, un directeur pédagogique et un responsable administratif. Si nous prenons l A.F.O.R.P.A. il y a un directeur général, un adjoint au directeur du C.F.A. qui est aussi responsable pédagogique et des chefs de travaux dans chacun des cinq établissements. Les termes sont mal définis, les structures d organisation non identifiées et les mécanismes de fonctionnement ne peuvent donc pas être appliqués afin d optimiser le fonctionnement des organismes de formation. Toujours selon MINTZBERG il en existe cinq : supervision directe, standardisation des règles, standardisation des qualifications, ajustement mutuel, standardisation des résultats. 19 18 Inspiré du cours de GUTNIK Fabrice sur la sociologie des organisations pour le D.U.R.F. 2010 19 Inspiré du cours de GUTNIK Fabrice sur la sociologie des organisations pour le D.U.R.F. 2010 B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 19 / 97

1.5 LES REPRESENTATIONS DU MONDE DE L ALTERNANCE 1.5.1 Un nom peu évocateur L apprentissage est vu par certains parents comme l image de l échec de sa progéniture. L enfant n a pas pu aller dans un cycle «classique». Il ne peut pas suivre une scolarité «normale». Il va dans un centre de formation d apprentis. Le terme «centre» évoque beaucoup de choses mais absolument pas l image de scolarité. Le centre hospitalier donne une image de maladie. Le centre de désintoxication reflète une image addictive. Le centre pénitencier ne représente pas «le haut du panier». Le jeune ne va pas être dans une école mais dans un centre ou un institut. Il faut tenir compte de l origine du terme. Le terme «Centre» est emprunté au latin «centrum», en 1278, signifiant «centre d un cercle, d une sphère» 20. Or, Il y a une chose dont nous sommes sûr c est que l alternance n est pas centrée sur le C.F.A., bien au contraire, les textes disent l inverse. C est une approche qui met en avant l in-appropriation du terme «centre». Nous avons dans un premier temps une représentation des parents d apprentis qui n est pas valorisante et dans un second temps une utilisation abusive du terme. Formation : Le fait de dire qu il y a formation donne une image de manque de formation. Dans l esprit des gens, il n y pas besoin de le dire si c est vrai. Nous pouvons reprendre la citation «Trop d informations tue l information» 21 ou plutôt «Trop de formations tue la formation». En général, plus nous voulons étaler notre savoir, moins nous avons de matière à étaler. Les parents découvrant la formation par alternance ont le sentiment qu on essaie de les duper. 20 REY Alain Op Cit 21 MAMÈRE Noël extrait de «La dictature de l audimat» B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 20 / 97

Apprentis, le terme barbare est lancé! «Mon enfant n est plus un élève?» Donc il ne va pas apprendre grand chose, pensent certains parents. Ils pensent également que nous allons former leur enfant à devenir manœuvre, «ouvrier qualifié», comme dans l ancien temps. Ils ne savent pas et ne veulent pas savoir que la formation par alternance peut aller jusqu au Niveau I. 1.5.2 Des erreurs dans la définition des termes L alternance nécessite un contrat de travail : soit un contrat d apprentissage soit un contrat de professionnalisation. Le contrat d apprentissage est un contrat de travail écrit de type particulier. L apprenant est un salarié d une entreprise devant respecter le Code du Travail. Il s adresse aux jeunes de 16 à 25 ans. Il est signé pour une durée de 1 à 3 ans en fonction du type de profession et de la qualification préparée. L apprenti est obligé de suivre un nombre d heures de formation dispensé dans les centres de formation d apprentis. Il ne peut être inférieur à celui prévu à l article L. 6233-8 (soit 400 heures par an en moyenne) calculé au prorata de la durée du contrat. Il peut être de 400 heures pour les niveaux V et de 675 heures pour les niveaux IV. En contrepartie de son travail effectué au sein de l entreprise et au sein du C.F.A. l apprenti est rémunéré en fonction d une grille de salaire tenant compte de l âge, du diplôme préparé et du cursus. Le contrat de professionnalisation, quant à lui, remplace le contrat de qualification. Il s adresse aux jeunes âgés de 16 à 25 ans révolus, aux demandeurs d emploi âgés de 26 ans et plus et aux bénéficiaires de certaines allocations ou contrats. L entreprise reçoit une prime de 1 000. Ce montant est porté à 2 000 si le jeune embauché est titulaire d un diplôme, d un titre ou d un niveau de formation de niveau V et VI. B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 21 / 97

Dans un premier temps, nous allons essayer de définir ce qu est l alternance. Selon nous c est un système de formation dans lequel des périodes de formation théorique, dispensée au sein d établissements spécialisés, alternent avec des périodes d acquisition de compétences en entreprise. Le temps de formation dispensé en C.F.A. est plus court que celui dispensé dans les lycées de métier ou professionnels. C est pour cela qu il est indispensable de s appuyer sur les acquisitions réalisées en entreprise pour pouvoir progresser, le C.F.A. ne faisant que compléter la formation reçue en entreprise. L alternance signifie, depuis 1928, «permutation régulière d éléments», le mot provient des sciences de l alternat 1830 «succession régulière de deux roches en couches parallèles» 22 Donc la formation en alternance est un va-et-vient régulier entre une situation de travail et une situation de formation. La situation de travail a lieu dans une entreprise et la situation de formation a lieu dans un organisme de formation. Il existe donc différentes façons de pratiquer l alternance : juxtaposée, complémentaire, intégrative. Nous verrons cela ultérieurement. Nous pouvons déjà dire que la formation initiale sous statut scolaire ne pratique pas une pédagogie de l alternance, car il n y a pas de permutation régulière et que les enseignants ne se basent pas sur l acquisition pratiquée en entreprise. L Éducation Nationale appelle ses stages, des stages de découverte et de perfectionnement. Même le nom ne porte pas à équivoque. Le premier stage a un rôle et le second un autre rôle, tandis que dans l alternance les périodes en entreprise ont le même rôle. Mais, les objectifs, eux, ne sont pas forcément les mêmes. 22 REY Alain, Op Cit B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 22 / 97

L apprentissage est dérivé du mot apprenti qui désigne «une personne jeune qui apprend un métier artisanal» 23 au Moyen Age, puis il prend le sens de «novice». Dès 1395 l apprentissage signifie «formation technique et artisanale». Donc, l apprentissage est l acquisition de savoir, savoir-faire, savoircomportementaux, savoir-agir par conséquent l apprentissage est le fait d apprendre un métier. Pendant cette phase d acquisition il «modifie durablement ses représentations et ses schèmes d action» 24. Nous venons de définir les termes qui posent le plus de problèmes, car souvent mélangés. Beaucoup de personnes associent alternance et apprentissage, au point d en faire des synonymes. Initiale et continue sont plus faciles à définir. La formation initiale désigne la première formation obtenue au terme d'un cycle d'étude, à l opposé de la formation continue. Elle s adresse aux adultes ayant arrêté un moment donné le premier cycle d apprentissage. La formation continue est souvent assimilée à la formation professionnelle continue (F.P.C.). Mais il existe aussi deux autres approches de formations : - L autoformation est un moyen d'apprentissage utilisant les capacités d'autonomie de l'apprenant. On parle aussi d'autodidaxie, qui permet de se former à son rythme à travers l'exploitation de ressources spécifiques ou non, - L éducation populaire : courant d'idées qui milite pour une diffusion de la connaissance au plus grand nombre afin de permettre à chacun de s'épanouir et de trouver la place de citoyen qui lui revient. 23 REY Alain, Op Cit 24 RAYNAL Françoise & RIEUNER Alain Op Cit B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 23 / 97

Nous parlons aujourd hui de la formation tout au long de la vie. Nous pouvons parler même de formation continuée 25 qui est le cumul de la formation initiale et de la formation tout au long de la vie. Ainsi que le dit A. PROCHIANTZ c'est «dans le cadre défini par l'appartenance à l'espèce que se parcourt, à travers l'infini des possibles, le chemin qui mène de l'homme en puissance à l'homme en acte, chaque nouvelle étape de cette actualisation sans fin ouvrant elle-même sur une infinité de réalisations ultérieures jusqu'à ce que la mort vienne transformer en destin définitif ce qui n'était jusqu'au moment de cette ultime bascule dans le néant que le théâtre de l'individuation.». 26 Texte tiré du support de cours de Maryvonne SOREL «La situation de formation» document de Septembre 2009. C est donc une formation discontinue qui commence à la maternelle, voir même avant, et qui se poursuit jusqu à notre mort avec des points culminants dans l apprentissage choisis par l individu. 1.5.3 Des idées préconçues Lors d une journée de recrutement au C.F.A. une mère qui accompagnait son enfant m a demandé s il passait le même diplôme qu au lycée hôtelier d à côté. La réponse faite, à savoir que les études sont les mêmes, les diplômes sont les mêmes, seule change la façon d apprendre, ne l a pas convaincue. Cette mère était persuadée que je lui avais menti afin de remplir nos classes. Il nous paraît anormal que les parents puissent penser cela. Il est absolument nécessaire de faire quelque chose ; Mais quoi? 25 CHARLOT Bernard, Négociation des besoins : nécessité ou impasse?, Education permanente N 34, Paris, Mars 1976,16 pages 26 PROCHIANTZ Alain, La biologie dans le boudoir, Odile JACOB, 1995 B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 24 / 97

Beaucoup de parents pensent que par la voie de l alternance c est : «La mort de la connaissance au profit de la seule expérience brute, la primauté du vécu immédiat sur la saisie par le langage, les mains prises et l esprit obtu, le triomphe de l éructation et du borborygme sur la parole élaborée, la défaite de la pensée face à la barbarie de la sensation érigée en expérience primale, etc.» 27 Cette pensée de Daniel HAMELINE (œuvre dirigée par Michel DEVELAY) comparant la pédagogie et le pédagogisme traduit la pensée majoritaire en France lorsque nous comparons la formation par voie scolaire et la formation par voie d alternance. Peu de pistes nous sont ouvertes, l inconscient collectif a un impact plus important que toutes campagnes de communication. Mais le fait de rappeler que les diplômes préparés sont des diplômes de l Éducation Nationale (E.N.) que les savoirs, les compétences sont les mêmes sur les plaquettes publicitaires, lors de campagnes d informations ou sur les sites internet des C.F.A. permet de limiter cette représentation collective. Il faut que la finalité gouvernementale sur la question d éducation soit une vraie politique d apprentissage. Nous entendons le terme «finalité» dans le sens d HAMELINE : «Une finalité est une affirmation de principe à travers laquelle une société (ou une groupe social) identifie et véhicule ses valeurs. Elle fournit des lignes directrices à un système éducatif et des manières de dire au discours sur l éducation» 28 27 DEVELAY Michel, (2002), Manifeste pour les pédagogues. France, ESF, Pratiques & enjeux pédagogiques, 128 pages 28 HAMELINE Daniel, Les objectifs pédagogiques en formation initiale et en formation continu, ESF, Collection Pédagogie, France, 1993, 224 pages B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 25 / 97

Il est nécessaire de changer l image d échec du dispositif d alternance. La voie du second choix est terminée et bien terminée. Les gouvernements doivent rendre à l alternance ses lettres de noblesse. 1.5.4 Comparaison des résultats entre la formation sous statut scolaire et sous statut d apprentissage Au fur et à mesure des années d enseignement, nous pouvons nous apercevoir que les lycées des métiers de l Éducation Nationale n ont pas réellement de meilleurs résultats que les centres de formation d apprentis (C.F.A.) privés ou sous contrat. La différence est de 1.4% en faveur des Etablissement Publics Locaux d Enseignement (E.P.L.E.). DIPLOME EPLE TAUX DE REUSSITE 2009 APPRENTI MC4 88,9 88,3 BAC PRO 87,0 89,5 MC5 90,3 82,3 BEP 73,4 74,8 CAP 82,2 79,9 Moyenne 84,36 82,96 Repères et références statistiques - édition 2010 - Sources : MEN-MESR-DEPP/ Système d information OCEAN et enquête 4 sur les résultats aux examens de l enseignement technologique et profession Nous pouvons observer une légère différence sur la répartition entre notation pratique et notation théorique. Les jeunes suivant leur formation par la voie de l alternance ont, en général, des résultats bien meilleurs en épreuves pratiques et sont moins performants dans les épreuves théoriques. Comment continuer à valoriser les compétences pratiques des jeunes apprentis tout en améliorant l acquisition de ces savoirs associés? B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 26 / 97

La répartition des notes est moins favorable au C.F.A. qu au lycée professionnel, c est un fait indiscutable. Les jeunes apprentis réussissent mieux dans les matières professionnelles et, en général, ont de moins bonnes notes en enseignement général. Cet écart de résultat a tendance à s atténuer au fur et à mesure des années. Il faut donc travailler sur l image forte de l apprentissage. Nous obtenons de très bons professionnels. Mais il faut aussi travailler sur le fait que la voie de l apprentissage n est pas une voie facile, qu elle est réservée aux jeunes motivés et volontaires. La différence de résultats est en train de s estomper sur les niveaux V et IV. Pour les niveaux III, II et I il n y a aucune différence entre la voie scolaire et la voie de l apprentissage. 1.5.5 Accessibilité de l ensemble des diplômes Pouvons-nous enseigner toutes les filières par la voie de l alternance? Est ce plus difficile? OUI/NON Il ne faut pas croire que tous les jeunes désirant suivre des études supérieures peuvent le faire, alors pourquoi en serait-il différent par la voie de l alternance? Les meilleurs, les plus qualifiés, les jeunes qui ont plus de capacités peuvent suivre des études supérieures. Mais pour un jeune qui est «entre les deux», il n aurait peut être pas pu suivre des études supérieures par la voie du statut scolaire alors que la voie de l alternance le lui permettra peut être. En effet une part importante est mise sur la partie professionnelle. Une personne peut se transcender grâce à ses compétences professionnelles. Il ne faut pas oublier l esprit initial de la loi de 1971. Le but était de créer une forme facilitatrice d apprentissage et de donner des outils et des moyens pour y arriver. B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 27 / 97

J ai un exemple dans ma carrière : une jeune apprentie désirait entrer en C.A.P. Sa maman était très contente qu elle soit prise au vue de ses notes. Lors de l entretien, je lui explique les possibilités après le C.A.P. jusqu au Brevet de Technicien Supérieur (B.T.S.). Quelques années après cet entretien j ai revu la mère de la jeune fille qui m a remercié et m a annoncé que sa fille était deuxième année de B.T.S. tout se passait très bien. J espère que cette jeune fille ne s arrêtera pas là, qu elle continuera sur une licence professionnelle par alternance. C est un exemple qui n est pas isolé. De nombreux jeunes se sentent mieux dans le monde de l alternance et par conséquent poursuivent leurs études plus loin qu ils ne le pensaient à l origine. Nous ne le disons pas assez souvent, la voie de l alternance n est pas une voie de garage mais plutôt une autoroute pour la poursuite des études. De nos jours, les diplômes reconnus du C.A.P. au master ou au titre d ingénieur peuvent se présenter par contrat d apprentissage, dans plus de 800 métiers différents, entre autres en région Île-de-France. 1.6 TECHNICITE DU MONDE DE L ALTERNANCE 1.6.1 Apprentissage : Carence des référentiels Nous pouvons constater que, dans tous les textes de modification, de rénovation et des modalités d évaluation, il n y a jamais le détail pour l obtention de diplôme par la voie de l alternance soit en contrat d apprentissage, soit en contrat de professionnalisation. Nous sommes en pleine modification du baccalauréat professionnel (B.P.), et aucun texte ne parle de l alternance de façon spécifique. B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 28 / 97

Nous pouvons nous poser les questions suivantes : - Quel est le nombre d heures minimum au C.F.A. pour un apprenti en B.P. 3 ans Service et Commercialisation (S.C.), 400 ou 675 par année? - Comment pouvons-nous faire travailler le jeune dans la valence opposée, en service et commercialisation (S.C.), sachant qu il a, par exemple, signé un contrat en Organisation Production Culinaire (O.P.C.)? 1.6.2 Contrôle des C.F.A. Nous allons prendre l exemple du nombre d heures minimum dispensé aux apprentis au sein d un C.F.A. Selon le Centre National de Ressource pour l Alternance en Apprentissage C.N.R.A.A. «Il est de 400 heures minimum par an, mais, le plus souvent, il est de l ordre de 450 heures par an pour les CAP et de 500 heures pour les BEP». Mais si ce n est pas le cas, quel moyen de contrôle est mis en place? Comment les C.F.A. sont-ils audités? Y-a-t-il un moyen de pression envers ces derniers? Nous avons l exemple d un centre de formation d apprenti qui conçoit ses formations sur 11 semaines de passage au centre de formation. Chaque semaine les apprentis ne doivent pas dépasser 35 heures, mais ils ne font pas forcément ces 35 heures. Donc nous obtenons 385 heures de face à face pédagogique en considérant que les apprenants suivent 35 heures de cours par semaine, ce qui n est pas le cas. Toujours dans le même C.F.A., les Baccalauréats Professionnels passent 18 semaines soit 630 heures à 35 heures par semaine. Nous vous rappelons qu il est préconisé 675 heures par an pour les niveaux IV. Aucun contrôle n est effectué, nous pouvons entendre que les chiffres donnés à la région ne sont pas les mêmes. Ce sont les jeunes qui pâtissent de ce manque de surveillance et ceci est fortement regrettable. B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 29 / 97

Il va de soit que ces chiffres sont des chiffres internes mais ils sont réels. Il faut absolument plus de contrôle de la part des autorités. Attention il n y a pas que «des filous». La plupart des C.F.A. font très bien leur travail et sont très rigoureux vis-à-vis des lois, des recommandations. Ainsi, au C.F.A. de l École des fleuristes de Paris, les apprenants suivent 40 heures par semaine sur 12 semaines de passage. 1.6.3 Apprenti / apprenant et non apprenti / employé Les entreprises ont des obligations, dont deux qui nous paraissent très importantes : «Un maître d apprentissage (M.A.) chargé de contribuer à l acquisition par l apprenti des compétences correspondant à la qualification recherchée et au titre ou diplôme préparé» et «Un maître d apprentissage (M.A.) assurent également le lien avec le dispensateur de formation ou le prestataire des actions d orientation.». 29 Nous pouvons constater que l entreprise prend parfois des apprentis afin «d avoir des bras» et non pas dans le but de les former. De plus nous pouvons constater que les maîtres d apprentissage ne font pas toujours le lien avec le C.F.A. Lorsque le C.F.A. organise des réunions pour les M.A. au sein de l établissement de formation, il n y a pas ou quasi pas de personnes (maître d apprentissage ou responsable des ressources humaine) présentes. A la dernière réunion, du 13 octobre 2010, organisée au sein de l École des fleuristes de Paris, il y a eu seulement 3 maîtres d apprentissage. 29 Citation N 1 & N 2 : Source : www.travail-solidarite.gouv.fr B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 30 / 97

Le livret d apprentissage, document de liaison entre l entreprise et le centre de formation n est, bien souvent, pas rempli par le maître d apprentissage. Comment pouvons-nous améliorer cet état de fait? Nous pouvons constater qu il y a un glissement des responsabilités du maître d apprentissage à l équipe pédagogique du centre de formation. Et pourtant, «Le maître doit se conduire envers l'apprenti en bon père de famille, surveiller sa conduite et ses mœurs.» 30 Le maître d apprentissage ne doit donc pas prendre de risques inconsidérés et surveiller l ensemble des actions de son apprenti. Aujourd hui le centre de formation s occupe de beaucoup plus de choses qu avant. Ceci est du à l environnement économique et social du monde de l entreprise. 1.6.4 Capacité d apprendre Les parents oublient que l apprentissage est la voie de l excellence. Les jeunes ingurgitent autant d informations que les élèves du statut scolaire en trois fois moins de temps. Ces jeunes, s ils ne sont pas motivés, s ils n ont pas une capacité à apprendre, ne réussiront pas. Un élève sous statut scolaire suit une scolarité sur trente-six semaines par an tandis qu un apprenti suit une scolarité sur douze ou treize semaines à trente cinq heures par semaine. En moyenne un jeune apprenti suit 420 heures par an pour un C.A.P. de niveau V et de 450 heures pour un B.E.P. de niveau V. Un jeune, en lycée professionnel, suit en général huit semaines de stages, donc il reste vingt huit semaines de cours à trente cinq heures soit 980 heures de formation (s il a douze semaines de stage, il suit 840 heures de formation). 30 Code du travail Loi nº 73-4 du 2 janvier 1973 Journal Officiel du 3 janvier 1973 Article L112-1 B. COUDERT, 2010, Faculté Sciences Humaines et Sociales - Sorbonne, Université R. DESCARTES, 31 / 97