L INDICATEUR DE TENSION PAR FAMILLES PROFESSIONNELLES

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Transcription:

Octobre 2013 L INDICATEUR DE TENSION PAR FAMILLES PROFESSIONNELLES Sont présentés ici, d une part, les éléments méthodologiques détaillant les traitements effectués par la Dares sur les données des fichiers de gestion relatifs aux demandes et offres d emploi afin d établir l indicateur de tensions sur le marché du travail par familles professionnelles, et, d autre part, les évolutions, présentées sous forme de graphiques, par grands domaines et par familles professionnelles. SOMMAIRE I Les sources II- La démarche III- L intérêt et les limites de l indicateur de tensions IV - Les fiches tensions I - Les sources Les indicateurs de tension sur le marché du travail sont calculés à partir des données des fichiers administratifs de gestion de Pôle emploi. Pôle emploi comptabilise les demandeurs d emploi inscrits sur les listes et les offres d emploi déposées, à la fois en flux (demandeurs d emploi entrés ou sortis, offres collectées ou clôturées) et en stock (nombre de demandeurs d emploi ou d offres en fin de mois). La nomenclature des métiers utilisée dans ces fichiers est une nomenclature plus opérationnelle que celle des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) définie par l Insee à des fins statistiques, et est fondée sur une définition des métiers en termes de compétences : le répertoire opérationnel des métiers et des emplois (le Rome) permet de classer les offres et les demandes d emploi : à chaque demandeur d emploi est associé un seul et unique code Rome (correspondant au métier principal recherché), même si le demandeur d emploi peut postuler à un emploi dans un métier connexe à celui où il est inscrit. De même, une offre d emploi pour un code Rome donné peut être satisfaite par un demandeur d emploi inscrit dans un code Rome proche mais différent. 1

Afin d étudier par métier les données provenant de sources diverses, la Dares a créé une nomenclature passerelle entre la PCS et le Rome, les familles professionnelles (Fap). Les métiers y sont regroupés en 87 familles professionnelles, elles-mêmes rassemblées dans 22 domaines professionnels. Parmi ces 22 domaines professionnels, on distingue quatre grandes catégories que sont les métiers de l agriculture (A), de la construction (B), de l industrie (C, D, E, F, G, H) et du tertiaire (J, L, M, N, Q, R, S, T, U, V). II - La démarche L indicateur conjoncturel de tension sur le marché du travail est le ratio qui rapporte le flux des offres d emploi collectées par Pôle emploi au flux des entrées à Pôle emploi au cours de la même période. Ces flux sont comptabilisés trimestriellement pour les analyses de conjoncture 1. Le flux des offres comprend l ensemble des offres collectées par Pôle emploi tandis que le flux des entrées prend en compte les entrées en catégories A, B et C de demandeurs d emploi. Ces trois catégories 2 regroupent l ensemble des personnes inscrites à Pôle emploi et tenues de faire des actes positifs de recherche d emploi, qu elles soient sans emploi ou qu elles aient exercé une activité réduite. Les fiches tensions sont réalisées pour 74 des 87 familles professionnelles 3. Dans ces fiches, les séries sont présentées consolidées en moyennes annuelles glissantes pour lisser les phénomènes trop ponctuels, de façon à identifier de manière plus robuste des évolutions plus structurelles par famille professionnelle. Le nombre d offres d emploi collectées et le nombre d entrées à Pôle emploi sur le marché du travail peuvent alors être calculés par famille professionnelle ou domaine professionnel, sur un territoire donné puis on déduit de ces indicateurs le taux de tension. III - L intérêt et les limites de l indicateur de tensions L indicateur de tension retenu présente plusieurs avantages : - il est disponible rapidement : les informations sur les offres collectées et les demandeurs d emploi inscrits au cours d un mois donné sont disponibles le 18 ème jour ouvré du mois suivant. Les tensions sont ainsi calculées trimestriellement en agrégeant les données mensuelles sur trois mois consécutifs ; - il repose sur des données administratives exhaustives, ce qui permet de disposer d informations à des niveaux de métiers assez fins ; - il permet de localiser les métiers à faibles débouchés ou, au contraire, de repérer ceux où il existe des difficultés conjoncturelles de recrutement. L indicateur des tensions comprend cependant également certaines limites. - Principalement, l analyse des déséquilibres entre offres et demandes d emploi par métier réalisé à partir des tensions ne concerne que le champ couvert par Pôle emploi. Or, la part de marché de Pôle emploi sur les offres d emploi et demandes d emploi varie selon les métiers et les régions, les recherches d emploi pouvant passer par d autres canaux (mobilités internes, concours de la fonction publique, petites annonces par exemple). Le taux de couverture des données de Pôle emploi n est donc pas homogène sur l ensemble du marché du travail. Ainsi, pour les salariés du secteur privé, beaucoup d offres d emplois passent par Pôle emploi, ce qui n est pas le cas pour les métiers de la fonction publique, les agriculteurs indépendants, les professions libérales, 1 L examen des tensions par famille professionnelle est mené systématiquement tous les trimestres par Pôle emploi et la Dares, l objectif étant de pointer rapidement les familles professionnelles pour lesquelles les déséquilibres entre les offres et les demandes évoluent le plus. Ainsi chaque trimestre, la Dares produit conjointement avec Pôle emploi une publication Dares Indicateurs qui analyse ce ratio au niveau national avec des commentaires illustrés par des tableaux et des graphiques appropriés. 2 Les définitions des différentes catégories de demandeurs d emploi sont consultables sur le site internet de la Dares dans la rubrique Etudes, recherches, statistiques. 3 Pour certaines familles professionnelles, notamment les métiers de la fonction publique, les recrutements passent rarement par Pôle emploi, et construire un indicateur de tensions à partir des offres déposées à Pôle emploi ne serait pas pertinent. 2

ou les offres d emploi des particuliers. Certaines familles professionnelles sont donc exclues du champ de l analyse et les comparaisons entre deux métiers dont le taux de couverture par Pôle emploi est différent ne sont pas pertinentes. - Par ailleurs, un indicateur de tension élevé n est pas nécessairement synonyme de difficultés de recrutement. L indicateur de tension dépend en effet des dynamiques de renouvellement de la main-d œuvre propres au métier considéré. Par exemple, dans certains secteurs avec un niveau élevé de turn-over, un nombre important d offres d emploi peut être pourvu par des mobilités de personnes en emploi, ne s inscrivant pas sur les listes de demandeurs d emploi ; dans ce cas, on peut observer un niveau élevé de l indicateur de tension, sans que le recrutement ne pose de difficultés. - L agrégation de données à un niveau géographique peut avoir pour effet de gommer certains phénomènes observables à des niveaux géographiques plus fins. Ainsi, l absence de tension à un niveau relativement agrégé peut masquer un déséquilibre à un niveau géographique ou métier plus fin. Du fait de ces limites, il convient de prendre des précautions dans l interprétation des statistiques sur les tensions. 1) Privilégier l analyse de l évolution des tensions dans un métier plutôt que le niveau de ces tensions, qui n est pas toujours comparable d un métier à l autre Les comparaisons entre métiers de cet indicateur «en niveau» ne sont pas toujours significatives et/ou nécessitent une analyse plus approfondie pour être interprétées. D une manière générale, pour chaque famille ou regroupement de familles, il est recommandé d analyser l évolution chronologique de l indicateur de tension plutôt que son niveau. Une autre différence entre secteurs porte sur la capacité à résorber les tensions : la conjoncture joue en effet évidemment un rôle majeur dans l évolution de l indicateur de tension, mais le temps nécessaire aux ajustements du marché du travail s avère très différent d un métier à l autre. Un afflux d offres d emploi entraîne parfois des difficultés de recrutement qui peuvent être rapidement résorbées, le temps de réorienter des demandeurs d emploi positionnés sur un autre segment du marché du travail ou d organiser des formations adéquates de reconversions rapides. Au contraire, pour des métiers aux conditions d exercice difficiles, des difficultés apparemment moyennes peuvent se révéler chroniques et s aggraver durablement si les éventuels candidats voient leur choix s ouvrir à d autres débouchés possibles du fait d une conjoncture favorable. 2) Interpréter les tensions à la lumière d indicateurs complémentaires Les évolutions du ratio de tension et les différences d un métier à l autre ne peuvent donc être comprises qu à la lumière d indicateurs statistiques complémentaires pour apprécier la nature, l intensité et l évolution d éventuelles difficultés de recrutement dans telle famille professionnelle et/ou sur tel territoire. C est pourquoi, dans les fiches, la courbe des tensions de chaque famille professionnelle est complétée par des indicateurs d aide à son interprétation : moyenne du ratio sur 10 ans, évolution des offres collectées (numérateur du ratio), des entrées à Pôle emploi (dénominateur du ratio), part des offres durables (c est-à-dire pour des contrats à durée indéterminée ou des contrats de plus de 6 mois), niveau de l emploi et comparaison avec les évolutions des tensions du domaine et de l ensemble des familles professionnelles étudiées. Au-delà des indicateurs complémentaires fournis dans ces fiches, une analyse complète des tensions sur le marché du travail pour un métier et un territoire donné supposerait aussi de mettre en rapport l indicateur de tension avec les conditions de travail, les salaires proposés, la part des recrutements et promotions internes dans les modes de renouvellement de la main-d œuvre, et surtout cette analyse nécessite de se replacer dans le contexte socioéconomique du territoire étudié. 3

Quelques exemples Au-delà de l évolution de l indicateur de tensions lui-même, celle de ses composantes et des données qui lui sont associées permet d enrichir le diagnostic : une progression de l indicateur peut par exemple résulter uniquement d une croissance des offres d emploi collectées, ou bien être accompagnée d une diminution des entrées à Pôle emploi. Selon les différents cas de figure, l évolution des tensions s interprète différemment. Si par exemple, c est une baisse des entrées à Pôle emploi qui fait monter les tensions, les éventuelles difficultés de recrutement peuvent résulter de la trop faible attractivité de cette profession. Si au contraire, la montée des offres collectées est à l origine de la croissance des tensions, c est que le nombre de demandeurs d emplois n a pas encore pu s ajuster à ces nouvelles offres plus nombreuses afin de répondre aux besoins des employeurs. Une offre sur un contrat très précaire (saisonnier, mission d intérim) ou pour du temps très partiel n a pas le même impact qu une offre à temps complet sur CDI. La part d offres durables (CDI ou CDD de plus de 6 mois) fournit une indication sur la qualité et la pérennité des offres. Des tensions fortes se conjuguant avec une part d offres durables importantes ne s analysent pas de la même manière que des tensions fortes s accompagnant d offres saisonnières ou précaires plus nombreuses. La précarité des offres génère souvent des tensions : les régimes de renouvellement des offres temporaires ou précaires s en trouvent accélérés ; cependant, cette relation n est pas mécanique, elle dépend également du régime d écoulement des demandes d emploi. Si l offre s accroît de manière importante sur un domaine ou une famille professionnelle, il est vraisemblable qu une diminution du nombre de demandeurs d emploi s en suive. Pourtant, ce n est pas systématiquement le cas : une offre dynamique pour un métier peut créer des phénomènes d appel (flexion). Dans le BTP sur la période 2006-2007 par exemple, l augmentation de l offre d emploi s est accompagnée d une croissance très importante des entrées à Pôle emploi sur ce domaine professionnel, ce qui a fait chuter les tensions dans un domaine où il subsistait pourtant des difficultés de recrutement importantes selon les enquêtes de conjoncture de l Insee. Ce phénomène s était déjà produit dans le passé en particulier dans l informatique ou les industries de process, de 1997 à 2002 quand l augmentation de l offre (et de l emploi) s était accompagnée d une augmentation de la demande d emploi : l offre des employeurs a créé un appel auprès des chômeurs qui a parfois été au-delà de la capacité d absorption des demandeurs d emploi dans ce domaine. IV - Les fiches «tensions» Évolution générale des tensions de 1998 à 2012 Sur l ensemble des familles professionnelles étudiées, l évolution des tensions sur le marché du travail de 1998 à 2012 fait apparaître six périodes principales, en résonance avec la conjoncture économique. De 1998 à 2000, on observe une montée importante des tensions sur le marché du travail qui est le produit d une augmentation conséquente des offres collectées à Pôle emploi et d une baisse, plus modeste, des flux d entrées de demandeurs d emploi à Pôle emploi. De 2001 à 2003, la baisse des tensions amorcée en 2000 se poursuit. Elle résulte à la fois d une diminution modérée des offres déposées par les employeurs à Pôle emploi et d une hausse importante des flux d inscription de demandeurs d emploi à Pôle emploi. De 2004 à 2007, le niveau des tensions connaît une remontée assez modérée mais reste fin 2007 nettement en deçà du niveau atteint à la fin de l année 2000. Sur cette période, l indicateur de tension s accroît sous l effet essentiellement de l augmentation des offres recueillies à Pôle emploi, les flux de demandeurs d emploi restant globalement stables. 4

En 2008 et 2009, les tensions chutent de manière spectaculaire : plus précisément le profil d évolution des tensions trimestrielles fait apparaître qu au 1 er trimestre 2009, les tensions sont à leur niveau le plus bas depuis le 1 er trimestre 1997 avec des baisses très marquées dans l industrie et le BTP. Début 2010, le rebond des tensions consécutif au creux conjoncturel et amorcé en fin d année 2009 4 se poursuit jusqu à la mi-2011. Au 3 e trimestre 2011, la tendance s inverse et pour la première fois depuis 2009, les tensions diminuent. Cette baisse touche en particulier les domaines de l industrie et du BTP. A la fin 2012, le taux de tension atteint un niveau proche de celui du début 2009. Graphique 1 - Évolution des tensions sur le marché du travail pour l ensemble des familles professionnelles étudiées 0,85 0,80 0,75 Ratio de tension Moyenne de longue période des tensions calculée du 1er trimestre 1998 au 3ème trimestre 2008 0,70 0,65 0,60 0,55 0,50 Période allant de l'année 1998 à l'année 2012 0,45 2012-T1 2012-T3 Série trimestrielle, lissée par moyenne mobile non centrée calculée sur les douze derniers mois. Source : Pôle emploi-dares (données marché du travail) ; traitement Dares. Champ : France métropolitaine pour les 74 familles professionnelles retenues. 1. Des évolutions différentes par grands domaines professionnels Dans l agriculture, la situation observée résulte du champ très spécifique des emplois couverts par Pôle emploi sur ce domaine : il s agit essentiellement de maraîchers, jardiniers, viticulteurs (77%) mais aussi de techniciens et cadres de l agriculture et de marins ou pêcheurs. Or, dans l offre d emploi des maraîchers, jardiniers, viticulteurs, 92% des offres collectées sont des offres sur contrats de moins de 6 mois, en particulier des offres saisonnières. Il n en demeure pas moins que sur ce champ, les tensions ont diminué régulièrement depuis fin 2002. Cette baisse est consécutive à celle du nombre d offres d emploi collectées qui s est amorcée en 2002. Cette diminution pourrait s expliquer entre autres par la chute sensible du nombre d agriculteurs indépendants et donc d exploitations au cours de cette même période. 4 Sur le graphique 1, la série des tensions a été lissée par moyenne mobile. Cela permet de lisser les fluctuations, mais de ce fait, la courbe ne rend compte qu avec retard du rebond des tensions qui s est produit à compter du 3 e trimestre 2009. 5

Graphique 2 - Évolution des tensions sur le marché du travail pour le domaine de l agriculture et pour l ensemble étudié 2,50 2,00 Agriculture Total 1,50 1,00 0,50 0,00 2012-T1 2012-T3 Série trimestrielle, lissée par moyenne mobile non centrée calculée sur les douze derniers mois. Source : Pôle emploi-dares (données marché du travail) ; traitement Dares. Champ : France métropolitaine pour les 74 familles professionnelles retenues. Graphique 3 - Évolution des tensions sur le marché du travail pour les Fap du BTP, de l industrie, du tertiaire et pour l ensemble étudié 1,00 0,90 0,80 Bâtiment, travaux publics Industrie Tertiaire Ensemble 0,70 0,60 0,50 0,40 0,30 2012-T1 2012-T3 Série trimestrielle, lissée par moyenne mobile non centrée calculée sur les douze derniers mois. Source : Pôle emploi-dares (données marché du travail) ; traitement Dares. Champ : France métropolitaine pour les 74 familles professionnelles retenues. 6

Les cycles conjoncturels apparaissent plus marqués pour les domaines professionnels du BTP et de l industrie que pour celui du tertiaire. Dans le tertiaire, l évolution des tensions sur le marché du travail montre des variations souvent de moindre amplitude et un peu plus étalées dans le temps. L hétérogénéité des domaines du tertiaire lisse les tensions qui peuvent, pour certaines familles professionnelles, connaître en réalité des cycles tout aussi importants que ceux des domaines industriels : c est le cas par exemple, de l informatique ou de certaines professions comme les conducteurs de véhicules ou les agents d exploitation des transports. De 2003 à 2007, la croissance des offres d emploi a été très vive dans les domaines de l industrie et du tertiaire. Dans le cas de l industrie, il s en est suivi une baisse des flux de demandes d emploi à Pôle emploi; au contraire, dans le tertiaire, la montée de l offre des employeurs n a permis que de stabiliser les flux de demandes d emploi qui restent à un niveau élevé par rapport à 1997 (graphique 4). En conséquence, les tensions se sont accrues beaucoup plus fortement dans les familles professionnelles de l industrie que dans les domaines tertiaires. De 2003 à fin 2007, comme pour l industrie et pour le tertiaire, la croissance des offres d emploi a été importante dans le domaine du BTP. Mais cette croissance s est ralentie à partir de 2006. Cette inflexion s est conjuguée à une hausse importante et continue des inscriptions de demandeurs d emploi sur les listes de Pôle emploi qui a fait reculer les tensions dès 2006. A l époque, les difficultés de recrutement ressenties par les employeurs 5 et la relativement bonne santé du secteur du BTP ont continué à attirer des demandeurs d emploi sur ces métiers alors même que le nombre d offres d emploi n augmentait que très faiblement. En effet, à partir du 4 ème trimestre 2007, l offre d emploi s infléchit puis régresse notamment pour les emplois du gros œuvre. Les délocalisations dans l industrie ont peut-être accentué un phénomène de refoulement de la demande d emploi vers les emplois du BTP ou du tertiaire. Le moindre dynamisme de l offre à partir du début 2007 s est accompagné également d une baisse de la durabilité des offres : la part des offres sur CDI ou sur contrat de plus de 6 mois diminue régulièrement depuis 2006 (ce qui a également contribué à accélérer le renouvellement de ces professions et explique en partie la croissance plus vive des flux de demandeurs d emploi de 2006 à 2008). Ainsi, dans les années 1998 à 2006 les tensions sur le marché du travail étaient structurellement les plus importantes dans le BTP, l industrie venant ensuite suivie du tertiaire. Aujourd hui, l industrie et même les métiers du tertiaire ont un ratio de tension nettement supérieur à celui du BTP (graphique 3). De 2008 et jusqu à la mi-2009, l emploi connaît, suite à la crise économique, une forte baisse dans de nombreux secteurs et une chute générale des tensions s observe sur le marché du travail. Quelques métiers ont bien résisté, essentiellement des métiers de service ; d autres, notamment les métiers industriels, ont au contraire très fortement subi la crise avant de rebondir à la mi-2009. De 2010 à la fin 2011, les tensions sur le marché du travail se sont plus ou moins redressées, conduisant à des situations assez contrastées selon la famille professionnelle considérée. Les tensions des métiers du tertiaire ont été globalement moins affectées par la crise, et ont connu un rebond modéré plutôt tiré par celui des métiers les moins qualifiés. Depuis le début de l année 2012, les tensions connaissent une forte décroissance quelque soit le domaine professionnel considéré. 5 CREDOC (2008), «Les difficultés de recrutement concernent aussi les métiers où les candidats ne manquent pas», Consommations et modes de vie n 208. 7

Graphiques 4-150 140 130 Evolution en indice des offres collectées à Pôle emploi du début 1998 à 2012 BTP Industrie Tertiaire Ensemble 150 140 130 120 120 110 110 100 100 90 90 80 80 70 70 Evolution en indice des entrées à Pôle emploi du début 1998 à 2012 BTP Industrie Tertiaire Ensemble 2012-T1 2012-T3 2012-T1 2012-T3 Série trimestrielle, lissée par moyenne mobile non centrée calculée sur les douze derniers mois. Source : Pôle emploi-dares (données marché du travail) ; traitement Dares. Champ : France métropolitaine pour les 74 familles professionnelles retenues. 8

Description et aide à l analyse des fiches-tensions Pour chaque domaine professionnel et famille professionnelle, les fiches-tensions rassemblent : un tableau de synthèse fournissant quelques indicateurs structurels ; un graphique présentant l évolution des tensions pour la population concernée ainsi que pour le regroupement immédiatement supérieur (le domaine s il s agit d une famille, l ensemble s il s agit d un domaine) et pour l ensemble des familles professionnelles considérées ; un 2 e graphique présentant l évolution des offres déposées et des demandeurs d emploi entrés sur les listes, comme aide à l interprétation de l évolution de l indicateur des tensions. Ces tableaux et graphiques portent sur un champ légèrement restreint (voir annexe 1). 1. Le tableau de synthèse Le tableau de synthèse permet d apprécier, à travers les effectifs, l importance du poids de la rubrique (famille professionnelle ou domaine professionnel) dans l ensemble du champ, ainsi que la composition détaillée de la famille professionnelle, afin d identifier les métiers qui contribuent le plus dans la construction de l indicateur des tensions. Les tableaux donnent également la part des emplois durables (CDI ou CDD de plus de 6 mois) dans les offres d emploi ou encore le niveau récent de l emploi. Plus précisément, pour chaque famille professionnelle agrégée, le tableau de synthèse décline les résultats pour les familles professionnelles détaillées qu elle contient, ainsi que pour le domaine professionnel d appartenance et l ensemble des familles professionnelles (dans la nomenclature Fap-2009) sur le territoire. Les indicateurs Actifs occupés : représente la moyenne des actifs occupés au sens du BIT sur trois ans (source enquêtes Emploi de l Insee) ; l affichage est arrondi au millier. Demandeurs d emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A : représente le nombre de demandeurs d emploi inscrits à la fin du dernier mois du trimestre à Pôle emploi, tenus de faire des actes positifs de recherche d emploi et sans emploi. Demandeurs d emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie ABC : représente le nombre de demandeurs d emploi inscrits à la fin du dernier mois du trimestre à Pôle emploi, tenus de faire des actes positifs de recherche d emploi. Entrées à Pôle emploi : représente le nombre d entrées à Pôle emploi en catégorie ABC sur un an (somme sur 4 trimestres consécutifs). Sorties de Pôle emploi : représente le nombre de sorties de Pôle emploi de catégories ABC sur un an (somme des flux sur 4 trimestres consécutifs). Offres d emploi (OEE) : représente le total des offres d emploi collectées par Pôle emploi sur un an (somme des offres recueillies sur un an). Offres d emploi durables (OEE) : représente le total des offres d emploi collectées par Pôle emploi sur des contrats de durée indéterminée (CDI) et des contrats à durée déterminée (CDD) de plus de 6 mois (somme des offres durables sur 4 trimestres consécutifs). 9

Part des offres durables : correspond au ratio des contrats de type CDI ou CDD de plus de six mois parmi les offres collectées par Pôle emploi sur la période, en moyenne sur 10 ans, et sur la dernière année connue. Tension : représente le ratio du flux des offres d emploi collectées par Pôle emploi rapporté au flux des entrées à Pôle emploi durant la même période. Cet indicateur est fourni sur la dernière année et en moyenne sur 10 ans. La «moyenne sur 10 ans» est la moyenne sur toute la période d observation, soit 10 ans. La «moyenne année 2012» est la moyenne des 4 trimestres de la dernière année connue, soit l année 2012. 2. Les graphiques Les courbes représentées affichent, par trimestre et sur dix ans, les moyennes annuelles glissantes pour lisser les fluctuations trop marquées et notamment pour absorber et atténuer les effets saisonniers. Ainsi chaque abscisse représente une période annuelle (moyenne des 4 trimestres) se terminant le dernier mois du trimestre indiqué : par exemple la valeur «200309» recouvre la période allant du 4 e trimestre 2002 au 3 e trimestre 2003 compris. - Le graphique «Évolution des tensions sur le marché du travail» Sont affichées : la courbe des indicateurs de tension pour la famille professionnelle considérée, qui est accompagnée de sa moyenne sur longue période (sur 10 ans), ainsi que de la courbe représentant l indicateur des tensions du domaine professionnel d appartenance et enfin l indicateur de tension du total des familles professionnelles du territoire représenté. Avertissement : lorsque l on étudie des populations restreintes, il faut être attentif à ce que le nombre d offres collectées à Pôle emploi soit sur un an supérieur ou égal à 600 (soit en moyenne une cinquantaine par mois) pour que l indicateur de tension ne soit pas trop «volatil». Cette règle empirique a été retenue en examinant la stabilité d un certain nombre de séries chronologiques dont les effectifs étaient peu importants. Dans les fiches présentées, ces données fragiles ont été retirées. - Le graphique «Évolution des offres collectées par Pôle emploi, du flux et des effectifs des demandeurs inscrits à Pôle emploi» Ce graphique trimestriel représente l évolution sur 10 ans des cinq variables suivantes pour la famille professionnelle analysée. DEFM A Demandeurs d emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A. Les DEFM A représentent le nombre de demandeurs d emploi inscrits à la fin du dernier mois du trimestre à Pôle emploi, tenus de faire des actes positifs de recherche d emploi, sans emploi et n ayant effectué aucune activité réduite dans le mois. DEFM_ABC Demandeurs inscrits à Pôle emploi en catégorie ABC. Les DEFM ABC représentent le nombre de demandeurs d emploi inscrits à la fin du dernier mois du trimestre à Pôle emploi, tenus de faire des actes positifs de recherche d emploi, ayant effectué ou non une activité réduite dans le mois. 10

DEE Entrées à Pôle emploi. Il s agit du nombre des entrées en catégories ABC dans les fichiers administratifs de Pôle emploi sur un an. OEE Offres d emploi collectées. Il s agit du cumul des offres d emploi collectées par Pôle OEE durables emploi sur un an. Offres d emploi collectées durables. Il s agit du cumul sur un an des offres d emploi collectées par Pôle emploi relatifs à des contrats de type CDI ou des CDD de plus de 6 mois. Ces graphiques permettent d observer les évolutions de l indicateur de tension, de ses composantes, ainsi que des offres d emploi durables collectées par Pôle emploi et des demandeurs d emploi inscrits à Pôle emploi : ce sont ces évolutions qui doivent être placées au centre de l analyse. Au-delà de l évolution de l indicateur de tension lui-même, celle de ses composantes et des indicateurs cités ci dessus permettent d enrichir le diagnostic : une progression de l indicateur de tension peut par exemple résulter uniquement d une croissance des offres d emploi collectées, ou bien être accompagnée d une diminution des entrées à Pôle emploi, voire des stocks de demandeurs d emploi. 3. Exemple d analyse de la fiche pour la famille professionnelle des «Ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment» 3A - Le tableau des indicateurs Le tableau des indicateurs contient les statistiques sur les offres collectées par Pôle emploi et le nombre de demandeurs d emploi inscrits à Pôle emploi de la famille professionnelle considérée et des familles professionnelles détaillées qui en font partie. On rappelle les statistiques du domaine professionnel d appartenance et pour l ensemble des Fap considérées. Les «maçons» actifs occupés (codés B2Z40 dans la nomenclature Fap-2009) ont une importance prépondérante dans la famille professionnelle des «Ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment» (codée B2Z), représentant 75 % des emplois. En 2012, on compte ainsi 296 000 emplois de «maçons» sur un total de 393 000 emplois dans cette famille professionnelle. Sur la même période, les actifs occupés de la famille professionnelle B2Z représentent 21 % des métiers du domaine B du «Bâtiment» (393 000 /1 886 000) et les demandeurs inscrits à Pôle emploi en catégorie A de la même famille, 16 % du domaine (47 215/296 690). La part des offres collectées par Pôle emploi des «Ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment» B2Z représente 17 % de toutes les offres du «BTP» (40 004/241 192). 3B - Graphique «évolution des tensions sur le marché du travail» L indicateur de tension des «Ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment» (B2Z) a réagi beaucoup plus fortement à la conjoncture que l ensemble du domaine «BTP». Les évolutions des tensions à la hausse comme à la baisse sont plus amples que celles du «BTP» et a fortiori que celles de l ensemble étudié. De 2003 à 2005, l indicateur de tension croît, avant de refluer entre 2006 à 2008 à un niveau inférieur à celui de 2003 et en-dessous de sa moyenne de longue période. Pour l ensemble des domaines professionnels le repli des tensions en fin de période est plus tardif puisqu il ne survient qu en début 2008. En 2009, lors de la crise financière, les tensions chutent fortement. 11

En 2012, la famille professionnelle des «Ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment» B2Z a une tension légèrement supérieure à celle des «ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment» B4Z. On note que les chutes des tensions de 2005 à 2009 ont été très nettement supérieures pour les ouvriers du gros œuvre du bâtiment (- 61%) que pour ceux du second œuvre (- 44%). Ainsi, la crise a selon toute vraisemblance surtout touché le gros œuvre du bâtiment, c'est-àdire les projets de construction de logements neufs ou les projets d investissements dans les travaux publics plutôt que les projets de rénovation de l habitat ancien. Evolution des tensions annuelles entre 1998, et 2011 pour les ouvriers qualifiés du gros oeuvre et du second oeuvre du BTP 1,5 1,3 B2Z OQ du gros oeuvre du bâtiment Moyenne de longue période B2Z 1998T1-2008T3 B4Z OQ du second oeuvre du bâtiment Moyenne de longue période B4Z 1998T1-2008T3 1,1 0,9 0,7 0,5 0,3 Série trimestrielle, lissée par moyenne mobile non centrée calculée sur les douze derniers mois. Source : fichiers Nostra, statistiques STMT ; traitement «fiche tensions.» Champ : France métropolitaine. 3C- Graphique évolution des offres collectées par Pôle emploi et des entrées à Pôle emploi Offres annuelles collectées par Pôle emploi de 1998 à 2012 Entrées annuelles collectées par Pôle emploi de 1998 à 2012 120 000 100 000 B2Z OQ du gros oeuvre du BTP B4Z OQ du second oeuvre du bâtiment 250 000 200 000 B2Z OQ du gros oeuvre du BTP B4Z OQ du second oeuvre du bâtiment 80 000 60 000 150 000 40 000 100 000 20 000 50 000 0 2012-T1 2012-T3 0 2012-T1 2012-T3 Série trimestrielle, lissée par moyenne mobile non centrée calculée sur les douze derniers mois. Source : fichiers Nostra, statistiques STMT traitement «fiche tensions.» Champ : France métropolitaine. 12

Ces deux graphiques complémentaires permettent d expliquer les variations de l indicateur de tension des «ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment» sur la période de 1998 à 2012. Le nombre d entrées à Pôle emploi (DEE) pour cette famille professionnelle baisse continument de 1998 à 2001. Ce nombre stagne entre 2001 et 2005 puis augmente de 2006 à 2009 pour se stabiliser ensuite. Ainsi, les variations de l indicateur de tension sont dues à celles de son numérateur de 2001 à 2005. Le nombre d offres collectées par Pôle emploi s accroît significativement de 1998 à 2000. De 2002 à 2005, les flux d offres collectées par Pôle emploi s accroissent vivement, créant de fortes augmentations de l indicateur de tension. À partir de 2006 au contraire les flux des offres collectées par Pôle emploi se mettent à diminuer entraînant la chute des tensions sur le marché du travail. Cette atonie de l offre d emploi s accompagne d une remontée des effectifs de demandeurs d emploi s inscrivant à Pôle emploi sur ce métier, contribuant à accentuer la baisse de l indicateur de tension. On notera que pour les ouvriers qualifiés du second œuvre, la chute des offres collectées est nettement plus tardive. Pour cette famille professionnelle des ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment, seulement 30,5% des offres d emploi collectées par Pôle emploi sont sur contrats de type CDI ou des CDD de plus de 6 mois. En effet pour ces métiers, de fait, les besoins de main-d œuvre sont souvent pourvus par des emplois sur contrats temporaires, saisonniers ou encore sur des contrats de «chantier». La comparaison entre les ouvriers qualifiés du gros œuvre du BTP et ceux du second œuvre fait apparaître une baisse des flux d offres collectées nettement plus précoce pour le gros œuvre que pour le second œuvre. 13

Nomenclature et sources 1) Les Familles professionnelles (Fap-version 2009) Afin d analyser simultanément les données de l emploi et du chômage par métier, la Dares a développé une nomenclature spécifique appelée «Famille professionnelle» ou Fap. Cette nomenclature rapproche le Rome «Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois» utilisé par Pôle emploi pour classer les offres collectées et les demandeurs d emploi inscrits à Pôle emploi de la nomenclature PCS «Professions et Catégories Socioprofessionnelles» utilisée par l Insee dans ses enquêtes. Dans cette nomenclature les métiers sont regroupés en 225 familles professionnelles détaillées ou en 87 Familles professionnelles agrégées, elles-mêmes rassemblées dans 22 Domaines professionnels. Les Domaines professionnels sont aussi regroupés en quatre Grands Domaines : l agriculture (A), le bâtiment et travaux publics (B), l industrie (C, D, E, F, G, H) et le tertiaire qui rassemble les autres domaines professionnels. Le champ de l étude Afin d analyser conjointement les offres d emploi collectées et les demandeurs d emploi inscrits à Pôle emploi, on écarte certaines Fap qui ne sont représentatives. Les 13 familles professionnelles agrégées qui ne sont pas prises en compte dans les fiches tensions sont les agriculteurs éleveurs (A0Z), les artisans (K0Z), les dirigeants d entreprises (L6Z), les cinq familles de la fonction publique (P0Z à P4Z), les patrons d hôtels cafés restaurants (S3Z), les médecins (V2Z), les enseignants (W0Z), les formateurs (W1Z) et les professionnels de la politique et le clergé (X0Z). Les sources L enquête Emploi de l Insee : est réalisée chaque trimestre par l Insee auprès de 75 000 personnes de 15 ans et plus sur l ensemble de la France métropolitaine jusqu à l année 2008. L échantillon a été renforcé depuis et compte 105 000 personnes répondantes mi-2010. Voir la présentation détaillée sur le site internet de l Insee. Les statistiques mensuelles du marché du travail (STMT - Pôle emploi, traitement Dares). Ces statistiques portent sur les demandeurs d emploi et les offres d emploi qui figurent dans les fichiers de gestion de Pôle emploi, et comptabilisent les stocks en fin de mois et les flux du mois : entrées et sorties des listes pour les demandeurs d emploi, collectes et sorties pour les offres d emploi. Les demandeurs d emploi inscrits à Pôle emploi en fin de mois (DEFM) sont classés en catégories selon la pratique ou non d une «activité réduite» au cours du mois écoulé, sa durée ainsi que selon l obligation ou non de faire des actes positifs de recherche d emploi. La catégorie A correspond aux demandeurs d emploi inscrits à Pôle emploi sans emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d emploi. Les catégories B et C correspondent aux demandeurs d emploi inscrits à Pôle emploi qui ont exercé au cours du mois une activité réduite courte (78h ou moins, catégorie B) ou longue (plus de 78h, catégorie C). Les catégories A, B et C regroupent les demandeurs d emploi inscrits à Pôle emploi soumis à des obligations de recherche qui ont eu ou non une activité réduite de plus ou moins de 78 heures au cours du mois écoulé. Pour plus de détails : - se reporter au site Internet du ministère du travail > etudes-recherches-statistiques de la Dares/statistiques/metiers-qualifications» ou accéder directement ; - consulter la publication trimestrielle Dares Indicateurs sur les tensions sur le marché du travail. 14