Qu en est-il donc des différents marchés aujourd hui?



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103 COMMENT S OPERE LE FINANCEMENT DE L ECONOMIE MONDIALE?

Transcription:

La baisse extraordinaire des indices que l on surnomme boursiers (Cac 40, IPC, Dow Jones etc..) fait froid dans le dos, l appel á l aide d institutions bancaires et assureurs divers (zinzin) est incompréhensible pour le grand public. Entre fabulations diverses, explications vaseuses et suppositions sans fondements, on entend n importe quoi et on nous fait croire que la société a crée un monstre qui va la dévorer. C est clairement inexact. Comprendre la crise c est d abord comprendre le système financier qui régit l économie mondiale et savoir faire la différence entre ce qui est technique et ce qui réellement préoccupant. Les pays émergents ont eux de quoi se réjouir. Dossier. Tout d abord il est important de souligner que le terme bourse couvre principalement trois grandes familles (quatre avec le Forex) et sur lesquelles on investit différemment selon le cycle économique. Petit cours et récapitulatif avant de s intéresser á la crise. - D abord la bourse actions. En investissant sur ce marché vous achetez du capital, celui d émetteurs tels qu entreprises, banques et autres valeurs des indices boursiers. La valorisation de ce capital fluctue en fonction de la bonne ou mauvaise santé ou des résultats exceptionnels de ces dernières, elle-même fonction de l environnement macro économique. On investit donc sur ce marché action lorsque les anticipations de croissance de l économie mondiale (ou locale) sont fortes, lorsque l on anticipe un cycle de croissance important, lorsque l on anticipe des résultats exceptionnels sur certaines valeurs (comme les pétrolières ces 8 dernières années) ou lorsque la valorisation du capital est inférieure á la valorisation des actifs de l émetteur, ce qui peut être aujourd hui le cas pour certaines entreprises ou banques en période de forte crise de confiance. - Ensuite le Marché Obligataire. En investissant sur ce marché vous achetez de la «dette» que l on surnomme des «obligations». En effet toutes les entreprises et les états en premiers lieu, empruntent sur le marchés des liquidités dont elles ont besoin pour poursuivre leurs activités selon un barème qui est fonction de leur notation (un état comme la France est noté AAA car il ne peut pas faire défaut) et de leur bilan (c est le cas des entreprises et des banques). Tous les émetteurs rétribuent donc ces emprunts en payant un intérêt sur la période d émission. Monétaire à un an, court terme á moins de 3 ans, moyen terme entre 4 et 7 ans, long terme entre 10 et 30 ans. Les obligations sont en majorité émises au pair c est á dire avec une valeur faciale à 100 et remboursés au pair (donc à 100) mais peuvent fluctuer entre la date d émission et la date de remboursement (c est le marché secondaire si vous êtes acheteur ou vendeur). Si le rendement baisse, la valeur faciale monte et inversement. Un investisseur touchera donc un coupon (en général tous les ans) qui représente le taux d intérêt d emprunt sur le marché. Il est donc garanti tant que l émetteur a la capacité de payer l intérêt et par la suite le capital. Si vous investissez à 100 et attendez le remboursement intégrale in fine c'est-à-dire à la date finale, les fluctuations du marché secondaire n auront aucune incidence sur votre investissement. La notion donc de «Crédit» est importante. Une entreprise peut faire faillite et donc ne plus rembourser sa dette, un état dit AAA lui sera sans risque. La référence du marché sera donc la courbe des taux des émetteurs les moins risqués comme la France, L Allemagne ou les grands pays occidentaux. Les autres émetteurs devront donc offrir

un plus fonction du risque qu ils représentent, c est ce que l on appelle «le spread». Prenons un exemple : si l état français émet de la dette á 10 ans á 4.00 %, vous toucherez donc un coupon de 4,00% chaque année. Si vous souhaitez un rendement supérieur, il vous faudra investir sur des valeurs un peu plus risquées comme des bancaires qui rétribueront leur dette à 50 ou 100bp de «spread» soit 4.5% ou 5.00 %...selon. On investit donc sur le marché monétaire ou obligataire lorsque l on anticipe une période de récession ou de forte volatilité du marché action. On investira sur des émetteurs surs (comme l état) lorsque l on a absolument besoin d éviter tout risque. C est le cas si vous êtes retraité ou proche de la retraite, si vous avez besoin de revenus sans toucher au capital, si vous êtes «risk adverse» c est á dire opposé á l idée même de devoir spéculer sans le vouloir. - La troisième famille concerne le marché des matières premières qui est un marché de professionnels ou de forte spéculation.hautement volatile et donc très sensible aux variations économiques, de production ou de météo (confère volatilité du marché du pétrole). Il n intéresse donc peu le grand public qui n a en général pas les capacités techniques ni les informations pour le suivre sérieusement á la minute prés! - Il existe aussi le marché des changes qui fluctue en fonction des trois premiers sur lequel on peut aussi intervenir. Le FOREX. En effet si vous achetez une obligation libellée en dollars et que vous êtes en France, il vous faudra d abord vendre des euros pour acheter des dollars. Tous les acteurs du marché contribuent donc aux fluctuations du marché des changes en opérant des arbitrages ou des investissements y compris les particuliers qui investissent sur des zones différentes en fonction de leur anticipation sur le long terme. Acheter aujourd hui un appartement de 400 000 dollars à Cancun ou Puerto Vallarta c est investir moins de 300 000 euros avec l objectif de pouvoir éventuellement le vendre á 400 000 euros si le USD s apprécie et de façon tout á fait technique sans anticiper une hausse de l immobilier qui serait un plus ou un moins bien sur! Qu en est-il donc des différents marchés aujourd hui? - Les marchés actions ont fortement baissés. En 2007 le Cac 40 fluctuait entre les 4500 et 5000 points. Il est aujourd hui à 3200 points. L IPC mexicain a fait un plus haut au dessus des 31000 points, il est aujourd hui á 19905. Le marché action c est donc effondré! Nous en donnerons les explications un peu plus en avant. C est celui que vous voyez, dont on parle et qui nous fait peur! Constat : si vous étiez investit en actions, la valorisation de votre portefeuille a donc techniquement baissé. Soucis : mauvaise anticipation du cycle économique. Après 6 ans de croissance mondiale sans interruption, vous mainteniez une vue optimiste sur la croissance. Cupidité : tant que le marché montait, vous étiez un homme heureux sans prendre en compte le risque inhérent sur ce type d investissements et la bulle spéculative sur l immobilier qui est á l origine de cette crise. Mal conseillé : vous êtes proche de la retraite et n avez pas effectué un arbitrage au profit du marché obligataire plus sur pour garantir votre avenir proche.

- Le marché monétaire et obligataire. Par ailleurs, le marché monétaire lui c est tendu á cause du manque de liquidités et la défiance des banques á se prêter entre elles. Les taux courts offrent aujourd hui des intérêts élevés. La courbe des taux est donc semi inversée. Les états et le marché empruntent plus cher sur le court terme que sur le long terme. Ex : l Euribor 1 semaine vaut 4.6990%, l euribor 1 mois : 5.1180%, les 2 mois 5.23%, le 3 mois 5.3810%, le 6 mois 5.4310% et le 1 an 5.4890%. Les taux longs eux restent stables et sont plutôt bas : Le 10 ans américain s'établit à 3,87% contre 3,97% quelques jours plus tôt et le 30 ans est monté à 4,14% après 4,11% la veille. Le 10 ans allemand s'affiche à 3,97%. Cela démontre bien que les états représentent peu de risques et les anticipations inflationnistes sont faibles (ce qui est vrai en période de récession générale). On remarque aussi que si la bourse action baisse, le marché obligataire résiste bien et remplit donc sa mission.du moins sur le long terme. Il existe bien un marché ou investir sans prendre de risques et si vous disposez de liquidités, le marché vous les rétribuera grassement sur le court terme en attendant de revenir sur des investissements plus «croustillants» á moyen terme. Pour en revenir donc au marché action, que c est il passé? Michel Aglietta, professeur d économie à l université Paris-X dans une interview récente nous explique : «Nous assistons à une crise majeure, celle de l organisation même du système financier. Elle a été provoquée par un phénomène de surendettement, que le modèle des banques d affaires et d investissement a énormément amplifié. (Lehman Brothers, Bear Sterns, Morgan Stanley, Goldan Sachs etc..). En effet, ces banques se financent, non avec des dépôts, mais en émettant du papier commercial, acheté par des fonds d investissement, sicav, etc. Elles ont pu réaliser ainsi, ces dernières années, des financements dits titrisés de très grande ampleur, car les taux d intérêt étaient bas et la valeur des actifs liés à l immobilier montait beaucoup. Aujourd hui, c est l inverse qui se produit, et le processus fonctionne à rebours. Les investisseurs ne veulent plus acheter de papier commercial. De plus, les banques ne se consentent plus de crédits entre elles, face au danger que leurs homologues conservent des pertes cachées. Et des crises de paiement très violentes apparaissent.» En clair nous assistons á une crise de confiance entre acteurs du marché et la faillite retentissante de la banque d affaire Lehman Brothers, que l état Américain n a pas souhaité sauver (alors qu elle l avait fait pour Bear Sterns..) a crée un précédent fâcheux (peut être mérité) en mettant de l huile sur le feu. En effet toutes les banques sont prêteuses en particulier entre elles et ce principalement sur le court terme. La faillite d une d elle crée un effet systémique sur l ensemble. En clair dans le doute les banques qui ont des liquidités ne prêtent plus. On remarquera donc que le manque de liquidités à court terme crée donc cette tension sur les taux courts dont nous parlions sur le marché monétaire. Mais pourquoi donc Lehman a-t-il fait faillite et entrainé avec d autres banques d affaire le marché tout entier? Michel Aglietta nous parle de financements dits titrisés. De quoi s agit il?

Tout d abord un constat : le marché mondial vient de vivre plusieurs années de croissance économique sans interruption particulièrement forte en Asie, en Russie et dans les pays dits nouvellement industrialisés comme l Inde et le Brésil. Avec des matières premières bon marché(le baril à 20USD plusieurs années), beaucoup d argent (pas cher) sur les marchés et des besoins en infrastructures énormes, les conditions étaient réunies pour assurer une croissance continue et la bourse action pouvait donc performer partout. Seulement voilà, l argent pas cher n est pas une vraie bonne nouvelle pour les banques car c est leur unique source de revenus. Par ailleurs les fonds américains qui financent les retraites du baby boom ont des objectifs de retour sur investissements très élevés (en moyenne 10% minimum). Les marchés ont donc cherché de nouvelles sources de revenus et á optimiser leurs profits en créant des produits dits «titrisés» qui permettaient de prêter de l argent á des gens qui n en avaient peu mais à des taux plus élevés. En clair les marchés ont intégrés dans le système des individus peu solvables notamment via le marché immobilier pour gagner un peu plus et donc contenter leurs actionnaires. Les produits dits «titrisés» ont eu comme conséquence principale de créer une bulle spéculative sur le marché de l immobilier notamment aux Etats Unis. En effet, plus les crédits étaient disponibles (et nécessaires pour alimenter la machine á titrisation) plus les prix ont flambé et tout le monde y gagnait. Ce fut clairement le cas en Floride ou les demeures ont quadruplé en quelques années. Les banques qui «titrisaient», les zinzin (assureurs et banques) qui finançaient, les agences immobilières qui vendaient des maisons comme des petits pains et les particuliers qui voyaient leurs investissements performer. L effet richesse (l idée de se croire riche car la maison que vous aviez acheté 200 000 euros en valait 500 000) alimentait aussi l économie car les particuliers dépensaient plus. L état, les états étaient donc très heureux car selon le vieille adage si «l immobilier va tout va.» et l immobilier alimentait ainsi la croissance là ou elle était un peu faible donc principalement aux Etats unis et en Europe. Le soucis : les banques ont commencé á prêter sur des valorisations immobilières trop élevées et personne ne trouvait cela choquant et dangereux. En clair elles prêtaient de l argent en partie sur du vent!! Conclusion nous sommes tous responsables et les américains plus que d autres. En effet c est le marché américain qui a le plus titrisé et le plus profité du système via les banques d affaires qui avaient repéré la poule aux œufs d or (d où la réaction du gouvernement américain au sujet de Lehman Brothers ) et qui contamine donc la planète. Le retour de bâton. Avec l enclenchement d un cycle de ralentissement économique début 2008, les investisseurs ont commencé à prendre conscience que la valeur réelle de leurs avoirs étaient plus faibles que prévu et le marché des CLO et autres MBS a donc chuté. Il existe une obligation sur les marchés qui consiste à valoriser au jour le jour les positions soit sur les «books» (en salle de marché) ou les Sicav (investissements). La situation c est donc empiré quand il a fallu «provisionner» les pertes c est á dire payer la différence entre la valeur réelle des positions et celle du marché Ces provisions se font donc sur les réserves que possèdent

les banques (et/ou leur capital) d où l appel qu est le leur aujourd hui pour recapitaliser leurs fonds propres En conclusion, l effet immédiat est á la fois une défiance par rapport aux banques et autres institutions financières (car on ne sait pas exactement quelles sont les pertes réelles que chacune devra couvrir) et donc une incidence directe sur leur valorisation en bourse, d où la chute vertigineuse des marchés actions. Par ailleurs le seul marché ne suffit pas á financer ces pertes car le risque de contrepartie est élevée. Les bonnes banques ne souhaitant pas prêter aux moins bonnes ou mauvaises. Seul l état peut intervenir pour calmer le jeu et garantir les transactions. C est ce qui c est fait aux US avec le plan Paulson et en Europe ce week end avec la garantie des états sur les transactions á court terme. Doit ton craindre le pire? Le cercle vertueux fonctionne á la hausse mais aussi á la baisse. Ceci étant les marchés ne sont pas tous identiques. En Europe l état est plus vigilent, les banques plus conservatrices et les intérêts des uns et des autres plus imbriquées. L Europe est donc moins en risque que les États unis ou la profondeur du désastre n est pas encore connue. Les avoirs sur les comptes bancaires sont garantis á hauteur de 70 000 euros en France et l Allemagne vient de les garantir à 100% quelque soient les montants. Par ailleurs il est á noter que certaines pays disposent de beaucoup de liquidités. Au proche et moyen orient avec la hausse du baril de pétrole, en Chine qui pourrait financer seule le déficit américain mais en Russie aussi qui exporte du gaz vers le vieux continent. Quoi qu il en soit cette crise a et aura pour conséquence un resserrement de l offre de crédit car les banques ont besoin de se prêter ce qui est disponible entre elles au dépend des entreprises. La récession qui pointait déjà son nez sera donc amplifiée et bien réelle en 2009 et 2010 selon les économistes mais de là á penser que tout s écroulera comme en 1929 est un mythe. La valorisation des actifs dans le monde est aujourd hui considérable. Les états bien mieux préparés, la réactivité et la productivité des entreprises, leur adaptabilité et flexibilité considérable et la marge ou capacité d endettement momentané des états possible. Avec 3% d endettement l Europe peut encore intervenir. Le sujet serait donc moins économique mais plus politique ce qui est un autre débat. Ce qui est vrai cependant, c est que la grande Amérique perd de sa superbe. Son modèle économique n est visiblement plus le bon. Son modèle social non plus. Les étatsuniens vont devoir apprendre á vivre avec ce qu ils gagnent et non plus á crédit au dépends du monde, apprendre á consommer moins et mieux. Délaisser des automobiles qui consomment beaucoup trop d énergie et éviter de contaminer le monde avec leurs poubelles. Les retraités américains vont devoir apprendre á investir sur les marchés obligataires (dont la rétribution est moindre) au lieu de s investir sur le marché action et exiger en contrepartie des bénéfices colossaux, donc devront maintenant vivre sur un revenu un peu plus modeste et correspondant aux économies réelles qu ils ont fait durant leur vie active.

L état lui va devoir se serrer le ceinture, réduire son déficit budgétaire, dépenser un peu moins en armements et un peu plus en éducation s il souhaite maintenir á terme son statut de puissance économique mondiale et non plus seulement militaire. Par ailleurs les américains devront rendre via les impôts les plus values qu ils ont engrangés sur la vente fictive de leurs actifs (maisons et autres demeures). L injustice sera de faire payer ceux qui ne possédaient rien et ceux qui ont accédé au rêve de la propriété sans vraiment pouvoir se le payer. La crise de 2008 marquera également un tournant important, celui de l arrivée en force des pays dits «émergés» ou «émergeants» qui vont devoir (et apparemment pouvoir) financer les déficits et prêter aux pays dits «riches». C est aussi un rééquilibrage des richesses mondiales, une partie étant maintenant disponible ailleurs que dans le G7. Cela ne vous surprends pas que les membres du G7 souhaitent ouvrir ce club très fermé au G13 voir G14? C est bien que les politiques ont anticipé ce changement et que l avenir ne sera par tout á fait comme il l était. Le Mexique aussi a une carte á jouer. Avec 105M d habitants, des réserves encore importantes d or noir, le pays peut s appuyer sur son marché intérieur et sur des profits exceptionnels liés aux exportations de pétrole. C est aussi le cas de la Russie, du Brésil qui non seulement produisent presque tout ce qui est disponible en occident mais le produise moins cher... Ceux qui ont joué la carte de la mondialisation comme la Banque Santander ou HSBC ont non seulement accumulés de nouvelles richesses mais en investissant sur de nouveaux réseaux dans les pays émergeants ont du coup peu investis sur les produits á risque. Ils sont gagnants et profiteront de la crise bancaire pour racheter à bon compte les concurrents indélicats! Et le Mexique dans tout cela? Dans le cas du Mexique, la «réallocation» des investissements de grands portefeuilles internationaux et le «fly to quality», c est á dire le retour sur des investissements plus surs c est traduit par une vente d actifs détenus au Mexique (on appelle cela des prises de bénéfices) par des fonds non résidents qui ont pour conséquence une baisse de l IPC qui s accompagne donc également d une vente de pesos pour acheter du dollar avec pour conséquence une dépréciation de la monnaie locale (peso). Une baisse de la bourse mexicaine se traduit donc mécaniquement par une baisse du peso quelque soient les fondamentaux dans le pays.bons ou mauvais car les opérateurs étrangers sont encore légion. L internationalisation des marchés implique donc un risque et une dépendance sauf á détenir des investisseurs locaux qui peuvent prendre le relais. Avec un plan de relance de 60MM de pesos qui touche de nombreuses entreprises faisant partie de l indice IPC, on peut s attendre á une stabilisation du marché. En revanche ce qui compte c est de défendre le peso et pour cela la banque du Mexique (Banxico) dispose d un atout : 100MM de USD de réserves qui pourraient fort bien fondre comme neige au soleil si les investisseurs locaux ne soutiennent pas la bourse. En fait, une légère dépréciation favoriserait un peu les exportations même dans un contexte morose, peut aussi favoriser le rapatriement de dollars (remesas) et le tourisme qui sont les 3

secteurs clés de l économie mais le spectre de 1995 est omniprésent et peut tout paralyser si la dévaluation est trop évidente. La baisse récente du prix du pétrole a peu d incidence car ce prix est de toute façon supérieur aux anticipations de 2006 qui le situait à 21 USD le baril dans le budget de l état. Le Mexique fait donc partie des pays exportateurs de pétrole «cher» qui permettra donc de boucler plus aisément le budget et apporter des liquidités au marché intérieur. C est une bonne nouvelle. Il est peu probable que le pays entre en récession mais sa croissance considérée comme faible parmi les pays «nouvellement industrialisés» ces dernières années ne sera pas de nouveau au rendez vous. Le pronostique de la plupart des économistes est donc au statu quo sauf á voir le peso dévisser! Alain Figadère (www-legrandjournal.com.mx) Alain Figadère est le directeur du Grand Journal Mexique. Economiste et financier de formation, il a travaillé 15 ans sur les marchés financiers en Europe notamment au Crédit Lyonnais, á la Société Générale en France et á la National Westminster Bank á Londres. Il est spécialiste des dérivés de crédits et marchés émergents. Courriel : figadere@gmail.com