Les mesures de prophylaxie face à une méningite à méningocoques circulaire DGS n DGS/5C/2006/458 du 23 octobre 2006

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Transcription:

Les mesures de prophylaxie face à une méningite à méningocoques circulaire DGS n DGS/5C/2006/458 du 23 octobre 2006 Dr T Doco-Lecompte Maladies infectieuses et tropicales CHU Nancy

Epidémiologie des méningites Incidence en France en 2006 : 2,23/100 000 habitants tous âges et toutes bactéries confondus (source InVS) 1-3 mois Strepto gr B, Pneumo, Méningo, E coli 3-12 mois Pneumo, Méningo ( 50%) 1 an-24 ans Pneumo dans 50% des cas> Méningo > Listeria monocytogenes, H influenzae et Strepto gr B > 40 ans Pneumocoques prédominant ( 70%)

Epidémiologie des méningites à méningocoques - Incidence en France en 2005 : 1,5/100 000 habitants => > 900 cas (source InVS) - 16% : < 1 an; 75% : < 25 ans - Variation saisonnière : automne, hiver + - Sérogroupes : B 55-70% des cas C 25-40% W135 4-6% A < 1% 29E, X, Y, Z 2-5%, surtout immunodéprimés ++ - Mortalité : 11%, - Séquelles graves : 5%

Méningocoque : physiopathologie Commensale du nasopharynx Réservoir strictement humain Pas de survie de la bactérie dans le milieu extérieur => Transmission par secrétions oropharyngées d homme à homme Porteur sain (90%) diffusion sanguine => méningite ou méningococcémie (facteurs mal connus)

Facteurs favorisant la transmission Promiscuité (pièce ou même chambre) Exposition proche et répétée aux secrétions pharyngées (partenaires sexuels) Conditions socio économiques défavorables Zone urbaine > rurale Virose respiratoire Virulence de la souche Facteurs liés à l hôte

Principes de la Chimioprophylaxie Objectifs : éviter les cas secondaires autour d un cas d infection invasive Eliminer un portage nouvellement acquis => protection rapide et à court terme Antibioprophylaxie idéale : Active sur le méningocoque Bonnes concentrations pharyngées Bonne tolérance Emploi pratique

Mise en œuvre de la chimioprophylaxie Identification des cas contacts familiaux : Médecin traitant ou médecin hospitalier en liaison avec le médecin inspecteur de santé publique de la DDASS Identification des cas contacts extra familiaux : médecin inspecteur de santé publique de la DDASS en liaison avec structures collectives concernées Alerte à la DGS si les contacts sont dispersés dans plusieurs départements, si les contacts sont partis à l étranger, si le cas index a séjourné dans un pays étranger dans les 10 jours précédant la survenue de la maladie

Recommandation de la chimioprophylaxie (1) Entourage proche Milieu familial : personnes vivant avec le cas Milieu extra familial : Flirt, ami intime Collectivités d enfants Tous les enfants et le personnel d une crèche Tous les enfants et le personnel ayant partagé une même activité en Halte garderie Amis intimes, enfants ayant partagé la même activité dans les centres aérés Sujets ayant partagé la même chambre, amis intimes des centres ou camps de vacances

Recommandation de la chimioprophylaxie (2) Milieu scolaire École préélémentaire Tous les élèves et le personnel de la classe du cas Enfants ayant eu une activité partagée avec le cas École élémentaire Voisins de classe Collège et lycées Voisins de classe Internes : Amis intimes, sujets ayant partagé la même chambre

Recommandation de la chimioprophylaxie (3) Situations impliquant des adultes Personnes ayant pratiqué sans masque le bouche à bouche ou intubation ou aspiration endotrachéale du malade avant le début des antibiotiques et jusqu à H24 Voyages en avion, bus ou train : personnes occupant les 2 sièges directement voisins du cas pendant plus de 8h Personnes vivant en institution : personnes partageant la même chambre

Situations où les circonstances d exposition doivent être évaluées Réunions familiales Sports : judo, mêlées de rugby Soirées dansantes : danseurs à moins de 1m les uns des autres et pendant plusieurs heures Écoles, collèges et lycées : 2 cas dans une classe : toute la classe doit être traitée 2 cas dans des classes différentes : considérer chaque malade comme un cas isolé Laboratoire de biologie : souillure des muqueuses oculaires, nasales ou buccales

Délais de prise en charge des cas contacts Incubation : 2-10j Développement de la maladie en 7j en moyenne après l acquisition du portage Ac protecteurs en 5 à 10j => chimioprophylaxie dans les 24-48h, sans intérêt au-delà de 10 jours de contact avec le dernier cas

Chimioprophylaxie Concentrations insuffisantes et ne réduisent pas le portage : Pénicilline, aminopénicillines, érythromycine Résistances fréquentes : Sulfamides Effets secondaires et CI chez enfant/grossesse : Cyclines Spiramycine Bien toléré mais traitement de 5 j Ne passe pas la barrière hémato-méningée Réduit portage à court terme mais ré acquisition fréquente

Chimioprophylaxie Rifampicine Bien toléré et traitement court Réduit le portage de 75 à 98% 1 semaine après le traitement Faible taux de ré-acquisitions (10% au bout de 1 mois) Adulte : 600mg x 2/j pendant 2j Enfants : 10 mg/kg x 2/j sans dépasser la dose adulte (N né<1mois : 5mg/kg x 2/j )

Précautions Femme enceinte : rifampicine possible. Femmes sous contraception orale Si contre indication ou résistance rifampicine : Cipofloxacine per os 500 mg DU Ceftriaxone : 250mg DU (125 mg enfant) voie parentérale

Vaccination Lorsque le sérogroupe est connu Le plus rapidement possible : inutile au-delà de 10 jours après le contact avec le malade Sujets contacts vivant avec le malade Inutile chez les contacts ayant eu une chimioprophylaxie et ne vivant pas habituellement avec le malade Inutile chez le malade

Vaccination Vaccin polyosidique A+C : après l âge de 24 mois; durée de protection : 3-4 ans Vaccin conjugué C: administrable à partir de 2 mois. Aucun rappel sauf nourrissons primo vaccinés < 1 an Vaccin tétravalent A/C/Y/W135 : à partir de 24 mois. Durée de protection 3-4 ans Prise en charge des vaccins par la DDASS