Incidence de certains modes d alimentation sur l autonomie alimentaire des exploitations laitières wallonnes.

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Transcription:

INSTITUT SUPERIEUR INDUSTRIEL HUY- GEMBLOUX ENSEIGNEMENT SUPERIEUR AGRICOLE DE TYPE LONG ET DE NIVEAU UNIVERSITAIRE Finalité : Agronomie et gestion du territoire. Orientation : Agriculture des régions tempérées. Incidence de certains modes d alimentation sur l autonomie alimentaire des exploitations laitières wallonnes. VAN LANDSCHOOT Anne Année académique Rue St Victor, Mémoire présenté en vue de l obtention 4500 HUY du Master en science de l ingénieur 2009 2010 tél. 085/27 33 47 industriel en agronomie. fax. 085/25 17 81 Promoteur : M. FOCANT www.isia.be

REMERCIEMENTS Au terme de ce travail, je tiens tout d abord à remercier Madame N. Bartiaux-Thill, pour m avoir permis de réaliser mon stage au sein du département Productions et filières du Centre de Recherches Agronomiques Wallonie (CRA-W). Merci à Mademoiselle A. Turlot pour ses conseils, toujours justes et pertinents, ses encouragements, ainsi que pour ses nombreuses relectures du travail. Merci à Monsieur E. Froidmont pour son encadrement lors de la réalisation de ce travail. Merci à Monsieur M. Focant pour son aide et son suivi durant la rédaction du mémoire. Merci à Madame C. Cartrysse (APPO), Monsieur G. Foucart (CIPF), Monsieur O. Miserque (CRA-W) et Monsieur D. Knoden (Fourrages-Mieux) pour les informations qu ils ont mis à ma disposition et merci à toutes les personnes qui m ont indirectement apporté leur aide. Je remercie également tous les agriculteurs qui ont gentiment répondu à mon enquête. Grâce à leur participation, ce travail de fin d études a pu arriver à son terme.

RÉSUMÉ L objectif de ce travail de fin d études est de voir l incidence du mode d alimentation sur l autonomie alimentaire des exploitations laitières. Trois modes d alimentation ont été étudiés : le «zéro-grazing», le système «herbe» et le groupe «Maïs», selon la proportion la plus élevée du fourrage dans la ration. L autonomie a été déterminée de quatre façons différentes : sur base des besoins théoriques, sur base des données des éleveurs, selon le type d aliment (fourrage ou concentré). Les données nécessaires au calcul ont été récoltées dans une quinzaine d exploitations laitières, principalement situées en région herbagère liégeoise et dans la Botte du Hainaut. Une estimation du coût alimentaire par 100 litres de lait a également été réalisée. L autonomie alimentaire varierait en moyenne entre 50-70% pour la protéine (MAT) entre les modes étudiés et de 65% à presque 90% pour l énergie (VEM). Aucune relation n a pu être mise en évidence entre l autonomie alimentaire et l aspect économique. Mots-clés : alimentation autonomie alimentaire coût DVE exploitation laitière herbe maïs MAT MS VEM zéro-grazing.

TABLE DES MATIERES Première partie : synthèse bibliographique CHAPITRE 1 Introduction 1 CHAPITRE 2 Structuration des coûts de production du lait 2 CHAPITRE 3 - Alimentation 4 3.1. Besoins de la vache laitière 4 3.1.1. Les besoins énergétiques 4 3.1.2. Les besoins en protéines 5 3.1.3. Les besoins en matières grasses 6 3.2. Sources d apport à la vache laitière 7 3.2.1. Fourrages grossiers 7 3.2.1.1. Herbe pâturée 7 3.2.1.2. Paille 8 3.2.1.3. Foin 9 3.2.1.4. Ensilage d herbe 9 3.2.1.5. Ensilage de maïs 11 3.2.1.6. Pulpes de betterave 12 3.2.1.7. Drèches de brasserie 14 3.2.2. Concentrés 15 3.2.2.1. Céréales 15 3.2.2.2. Protéagineux 18 3.2.2.3. Oléagineux 20 3.3. Variabilité au niveau de l alimentation des vaches laitières selon les régions agricoles 24 CHAPITRE 4 - Autonomie alimentaire 29 4.1. Définition 29 4.2. Aperçu de la situation actuelle 30 4.3. Historique de l autonomie alimentaire 31 4.4. Avantages et inconvénients 32 CHAPITRE 5 Pistes d amélioration de l autonomie alimentaire 33 5.1. Autonomie en fourrages 34 5.1.1. Autonomie fourragère en protéines 34 5.1.1.1. Le pâturage 34 5.1.1.2. La prairie temporaire 35 5.1.1.3. La luzerne 36

5.1.2. Autonomie fourragère en énergie 36 5.1.2.1. Le remplacement du maïs par un ensilage de céréales immatures 36 5.1.2.2. La betterave fourragère 38 5.2. Autonomie en concentrés 39 5.2.1. Eviter le gaspillage 39 5.2.2. Autonomie protéique 39 5.2.2.1. Autoconsommation de protéagineux 40 5.2.3. Autonomie en énergie 42 5.2.3.1. Autoconsommation de céréales 42 5.3. Conclusion 44 Deuxième partie : Aspect expérimental CHAPITRE 1 Matériel & Méthode 45 1.1. Introduction 45 1.2. Objectifs recherchés 45 1.3. Sélection des exploitations 46 1.4. Questionnaire 46 1.5. Calcul du coût d alimentation pour 100 litres de lait 47 1.5.1. Détermination de la ration et des quantités distribuées 47 1.5.2. Détermination du coût de la ration hivernale 47 1.5.2.1. Les aliments achetés 47 1.5.2.2. Les aliments provenant de l exploitation 48 1.5.2.3. Coût total 48 1.5.3. Détermination du coût de la ration estivale 49 1.5.4. Détermination du coût alimentaire des vaches laitières par 100 litres de lait 49 1.6. Calcul de l autonomie alimentaire 49 1.6.1. Calcul de l autonomie sur base des besoins théoriques 50 1.6.2. Calcul de l autonomie selon les données de l éleveur 51 1.6.3. Calcul de l autonomie fourragère 51 1.6.4. Calcul de l autonomie en concentrés 51 1.7. Analyse statistique 51 CHAPITRE 2 Résultats et discussion 52 2.1. Les systèmes de production 52 2.1.1. Le système «Zéro-Grazing» 52 2.1.2. Le système «Herbe» 53 2.1.3. Le système «Maïs» 53 2.1.4. Comparaison des trois modes d alimentation 54

2.2. Le coût alimentaire du lait 55 2.2.1. Le coût alimentaire en système Zéro-Grazing 55 2.2.2. Le coût alimentaire en système «Herbe» 56 2.2.3. Le coût alimentaire en système «Maïs» 57 2.2.4. Comparaison du coût alimentaire entre les trois modes d alimentation 58 2.3. Le coût de production des fourrages 59 2.3.1. Les produits herbagers 59 2.3.1.1. En système «Zéro-grazing» 59 2.3.1.2. En système «Herbe» 60 2.3.1.3. En système «Maïs» 61 2.3.1.4. Comparaison entre les trois modes de production 61 2.3.2. Le maïs ensilage 62 2.3.2.1. En système «Zéro-grazing» 62 2.3.2.2. En système «Herbe» 63 2.3.2.3. En système «Maïs» 63 2.3.2.4. Comparaison entre les trois modes de production 64 2.4. L autonomie alimentaire 65 2.4.1. Calcul de l autonomie sur base des besoins théoriques 65 2.4.1.1. En système «Zéro-grazing» 65 2.4.1.2. En système «Herbe» 65 2.4.1.3. En système «Maïs» 66 2.4.1.4. Comparaison entre les trois systèmes 66 2.4.2. Calcul de l autonomie sur base des données de l éleveur 67 2.4.2.1. En système «Zéro-grazing» 67 2.4.2.2. En système «Herbe» 68 2.4.2.3. En système «Maïs» 69 2.4.2.4. Comparaison entre les trois systèmes 70 2.4.3. Calcul de l autonomie fourragère 72 2.4.3.1. En système «Zéro-grazing» 72 2.4.3.2. En système «Herbe» 72 2.4.3.3. En système «Maïs» 73 2.4.3.4. Comparaison entre les trois systèmes 73 2.4.4. Calcul de l autonomie en concentrés 74 2.4.4.1. En système «Zéro-grazing» 74 2.4.4.2. En système «Herbe» 74 2.4.4.3. En système «Maïs» 74 2.4.4.4. Comparaison entre les trois systèmes 75 2.5. Relation autonomie alimentaire & aspect économique 76 CHAPITRE 3 Conclusion et perspectives 77

LEXIQUE Charges opérationnelles : «Charges liées à l emploi, par chacune des activités de l entreprise, des facteurs de production opérationnels. Ce sont notamment les charges : - D engrais, de semences et plants, de produits de traitement utilisés par les activités végétales ; - D aliments du bétail, de produits vétérinaires, utilisés par les activités animales. Elles ont pour caractéristique essentielle d apparaitre, de disparaitre ou de varier en même temps que ces activités». [DICOVERT, 1977] Charges de structure : «Charges liées à la disponibilité et à la mise en œuvre de l appareil de production (terres, bâtiments, équipements, main d œuvre permanente ). Ce sont notamment : les fermages, les charges d entretien et d amortissement des bâtiments et des équipements, les charges de main d œuvre permanente, les frais généraux. Ces charges, liées essentiellement à la structure de l entreprise (d où leur nom), ont pour caractéristiques essentielles d être «stables» d une année sur l autre, car pratiquement insensibles aux fluctuations qui peuvent intervenir à l intérieur du système de production : un peu plus d une culture, un peu moins d une autre, cultures pratiquées d une façon plus ou moins intensive, etc.» [DICOVERT, 1977] Charges fixes : elles sont souvent très proches des charges de structure et souvent, dans la pratique, elles sont assimilées les unes aux autres. [DICOVERT, 1977] Coût d opportunité : Le coût d opportunité désigne le coût d'une chose estimé en termes d'opportunités non-réalisées (et les avantages qui auraient pu être retirés de ces opportunités), ou encore la mesure des avantages auxquels on renonce en affectant les ressources disponibles à un usage donné. [DICOVERT, 1977]

LISTE DES ABRÉVIATIONS AGPI : Acide Gras Poly-Insaturé AWE : Association Wallonne de l Elevage C : Condroz CB : Cellulose Brute CEE : Communauté Economique Européenne CETIOM : Centre technique interprofessionnel des oléagineux métropolitains CLA : Acide Linoléique Conjugué CRA-W : Centre de Recherches Agronomiques Wallonie DPU : Droit Prime Unique DVE : Darm Verteerbaar Eiwit F : Fagne H : Herbe HA : Haute Ardenne K : Potassium M : Maïs MAT : Matière Azotée Totale MG : Matière Grasse MOD : Matière Organique Digestible MS : Matière Sèche N : azote OEB : Onbestendige Eiwit Balans P : Phosphore PAC : Politique Agricole Commune PDIA : Protéine Digestible dans l Intestin d origine Alimentaire PDIM : Protéine Digestible dans l Intestin d origine Microbienne QMG : Quantité Maximale Garantie RHL : Région Herbagère Liégeoise RL : Région Limoneuse SAU : Surface Agricole Utile UE : Union Européenne VEM : Voedereenheid Melk VL : Vache Laitière VS : Valeur de Structure VT : Vache Tarie ZG : Zéro-Grazing

INDEX DES FIGURES Figure 1 - Structuration du prix de revient [COCHET, 2010] 3 Figure 2 - Evolution du prix de la paille de 2001 à 2010 [adapté de : SILLON BELGE, 2001-2009] 8 Figure 3 - Evolution du prix du foin de 2001 à 2010 [Adapté de : SILLON BELGE, 2001-2009] 9 Figure 4 - Evolution du prix des pulpes sèches de 2001 à 2010 [Adapté de : SILLON BELGE, 2001-2009] 14 Figure 5 - Evolution du prix des drèches de brasserie de 2001 à 2010 [Adapté de : LEI, 2010] 15 Figure 6 - Evolution du prix des céréales de 2001 à 2010 [Adapté de : SILLON BELGE, 2001-2009] 16 Figure 7 - Chiffres clés 2008 : Protéagineux en France [PROLEA, 2009] 19 Figure 8 - Evolution du prix des tourteaux oléagineux de 2001 à 2010 20 Figure 9 - La "parité" colza / soja [INSTITUT DE L'ELEVAGE, PROLEA, 2007] 24 Figure 10 - Répartition de la SAU en fonction des régions agricoles wallonnes [Adapté de : INS, 2007] 25 Figure 11 - Répartition de la SAU en fonction des régions agricoles (suite) [Adapté de : INS, 2007] 25 Figure 12 - Répartition des cultures fourragères de chaque région agricole wallonne 26 Figure 13 - Répartition des cultures fourragères de chaque région agricole wallonne (suite) [Adapté de : INS, 2007] 27 Figure 14 - Importance des prairies permanentes dans la SAU et proportion des spéculations bovines dans chaque région agricole wallonne 28 Figure 15 - Répartition des frais d'alimentation selon les modes de production 59 Figure 16 - Répartition des exploitations selon leur autonomie 71 Figure 17 - Répartition des élevages laitiers de Poitou-Charentes selon leur autonomie 71 Figure 18 - Relation entre le coût de l'alimentation et l'autonomie alimentaire énergétique 76 Figure 19 - Relation entre le coût de l'alimentation et l'autonomie alimentaire protéique 76

INDEX DES TABLEAUX Tableau 1 - Calcul du prix des pulpes surpressées (> 22% MS). Source : bordereaux d'achat d'un producteur sucrier reprenant ses pulpes (ayant droit) de 2001 à 2009. 12 Tableau 2 - Comparaison du coût de production ( /ha) de l'ensilage de céréales immatures avec celui de l'ensilage de maïs [STILMANT et al., 2005] 37 Tableau 3 - Comparaison du coût de production de la betterave fourragère à celui du maïs. Adaptation de : [SILLON BELGE, 26/02/2010] et [FOUCART, CIPF, communication personnelle]. 38 Tableau 4 - Comparaison de la composition chimique de différents protéagineux à celle du soja [FROIDMONT, CRA-W, communication personnelle] 40 Tableau 5 - Valeur alimentaire des céréales et des pulpes sèches [FABRY, 2007] 42 Tableau 6 - Caractéristiques des exploitations "Zéro-grazing" 52 Tableau 7 - Caractéristiques des exploitations "Herbe" 53 Tableau 8 - Caractéristiques des exploitations "Maïs" 53 Tableau 9 - Comparaison des caractéristiques moyennes des systèmes de production 54 Tableau 10 - Coût alimentaire pour 100 L de lait ( /100L) et sa répartition pour le système "Zéro-Grazing" _ 55 Tableau 11 - Coût alimentaire par 100L de lait ( /100L) et sa répartition (en système "Herbe") 56 Tableau 12 - Coût alimentaire pour 100L de lait ( /100L) et sa répartition pour le système "Maïs" 57 Tableau 13 - Récapitulatif du coût alimentaire ( /100L) moyen par 100L de lait pour les systèmes d'alimentation étudiés 58 Tableau 14 - Coût de production ( /ha) des produits herbagers en système "Zéro-Grazing" 60 Tableau 15 - Coût de production ( /ha) des produits herbagers en système "Herbe" 60 Tableau 16 - Coût de production ( /ha) des produits herbagers en système "Maïs" 61 Tableau 17 - Récapitulatif du coût de production ( /ha) des produits herbagers des 3 modes 61 Tableau 18 - Coût de production ( /ha) du maïs ensilage du système "Zéro-grazing" 62 Tableau 19 - Coût de production ( /ha) du maïs ensilage en système "Herbe" 63 Tableau 20 - Coût de production ( /ha) du maïs ensilage en mode d'alimentation "Maïs" 63 Tableau 21 - Coût de production ( /ha) moyen du maïs ensilage selon le mode de production 64 Tableau 22 - Expression de l'autonomie en MS, VEM et DVE (en %) des exploitations 65 Tableau 23 - Expression de l'autonomie alimentaire en MS, VEM et DVE (en %) des exploitations "Herbe" 65 Tableau 24 - Expression de l'autonomie en MS, VEM et DVE (en %) des exploitations en "Maïs" 66 Tableau 25 - Autonomie alimentaire moyenne (%) sur base des besoins théoriques pour les différents modes d'alimentation 66 Tableau 26 - Autonomie alimentaire (%) sur base des besoins théoriques en "Zéro-Grazing" 67 Tableau 27 - Imprécision (%) entre la consommation totale théorique (besoins) et la consommation totale calculée (données éleveurs) en système «Zéro-Grazing» 67 Tableau 28 - Autonomie alimentaire (%) sur base des données de l'éleveur en système "Herbe" 68 Tableau 29 - Imprécision (%) entre la consommation totale théorique (besoins) et la consommation totale calculée (données éleveurs) en système «Herbe» 68 Tableau 30 - Autonomie alimentaire (%) selon les données de l'éleveur : système "Maïs" 69 Tableau 31 - Imprécision (%) entre la consommation totale théorique (besoins) et la consommation totale calculée (données éleveurs) en système "Maïs" 69 Tableau 32 - Comparaison de l'autonomie globale (%) entre les trois modes d'alimentation 70 Tableau 33 - Autonomie fourragère (%) des exploitations "Zéro-Grazing" 72 Tableau 34 - Autonomie fourragère (%) des exploitations "Herbe" 72 Tableau 35 - Autonomie fourragère (%) des exploitations "Maïs" 73 Tableau 36 - Comparaison de l'autonomie fourragère (%) selon les modes de production 73 Tableau 37 - Autonomie (%) en concentrés dans les exploitations "Zéro-Grazing" 74 Tableau 38 - Autonomie (%) en concentrés dans les exploitations "Maïs" 74 Tableau 39 - Comparaison des autonomies (%) en concentrés des modes d'alimentation 75

PREMIÈRE PARTIE : SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE

CHAPITRE 1 INTRODUCTION La réflexion sur l autonomie alimentaire trouve son origine au niveau économique et dans les révisions de la Politique Agricole Commune (PAC) vers une agriculture durable. D une part, les décisions initiales de la PAC ont contribué au développement des productions céréalières au détriment des autres cultures. Au niveau de l élevage, cela s est traduit par l essor des cultures fourragères intensives très énergétiques (exemple : maïs) et par l achat d aliments concentrés de haute valeur alimentaire protéique (le soja, par exemple). De ce fait, le monde de l élevage est lié aux marchés pour une partie de l alimentation animale (principalement en protéines). Tout cela contribue à la dépendance des producteurs laitiers face aux fluctuations des marchés internationaux (prix et taux de change) et aux approvisionnements. Actuellement, les exploitations semblent fragiles face à ce système et ce d autant plus avec l instabilité des marchés. D autre part, à l heure où le développement durable s associe à l agriculture, il est important de voir l impact qu a l autonomie globale, et plus particulièrement l autonomie alimentaire, sur la durabilité des exploitations. Pour rappel, selon le rapport Brundtland de 1987 «le développement durable est un développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs». Le développement durable repose sur trois piliers : les piliers économique, social et environnemental. Ce travail aura pour objectif d une part de vérifier si «autonomie alimentaire» se rapporte à «économie» et si l autonomie est l une des pistes de réponse à la réduction des coûts de production du lait! D autre part, constater s il y a une réelle tendance à l autonomie alimentaire dans les exploitations laitières en Wallonie et ses origines sera également envisagé. Le plan de la partie théorique de ce mémoire se présente en trois parties. La première montre que l alimentation est le poste sur lequel on peut jouer à court terme pour réduire les coûts de production. La seconde expliquera la notion d autonomie alimentaire au sens large. Et la troisième partie décrit les pistes à envisager pour améliorer l autonomie alimentaire. 1

CHAPITRE 2 STRUCTURATION DES COÛTS DE PRODUCTION DU LAIT A l heure actuelle, avec l annonce de la fin des quotas laitiers en 2015 et la récente flambée des prix des matières premières, maitriser les coûts de production du lait s avère nécessaire. Ceci est d autant plus vrai qu à l avenir, il va falloir jongler avec de grandes variations des prix et des incertitudes face aux volumes et aux aides (Droit Prime Unique - DPU). C est un réel changement de mentalité par rapport au marché stable et régulier que le monde agricole connaissait jusqu à présent. Et, devant la fluctuation des prix, le secteur agricole doit rester le plus flexible possible pour tirer profit des hausses mais aussi faire face aux baisses des prix. A l échelle d une exploitation, cela est facilité si les charges fixes sont faibles. La connaissance du coût de production offre également de multiples avantages à l exploitant. En effet, il peut se comparer poste par poste à des moyennes pour identifier ses marges de progrès. Le coût de production est donc un indicateur de rentabilité [LE CANIN, 2007]. La connaissance du coût de production permet de calculer le prix d équilibre ( /100 litres). Cette notion correspond au prix auquel il est souhaitable de vendre le lait de manière à ce que cela couvre tous les frais de production et les besoins privés de l exploitant. Si le prix d équilibre est supérieur au prix de vente alors la situation n est pas pérenne. A court terme, une solution est de réduire les charges opérationnelles en se concentrant sur les aspects techniques, l équilibre de la ration et l emploi d herbe, Cependant, à plus long terme, il faut maitriser les charges de structures et les annuités même si souvent elles sont subies [FRANCE AGRICOLE, 2009]. Selon l Association Wallonne de l Elevage (AWE) [COCHET, 2010], qui a mené une étude sur un échantillon d exploitations laitières très spécialisées, le prix de revient ( /100 litres), ou coût de production, tient compte de différents éléments : - Charges opérationnelles : achats d aliments ; frais des superficies fourragères (intrants, travaux d entreprise, ) ; frais de cheptel (frais vétérinaires, cotisations, ) - Frais généraux : eau, électricité, assurances, voiture, abonnements, petit matériel, - Autres charges des superficies fourragères : fermage ; charges d équipement, - Autres charges liées au cheptel : charges d équipement, intérêt sur capital, 2

La figure 1 montre que la majorité des coûts de production du lait sont dus d une part au foncier (matériel laiterie, bâtiment, droits de production = frais relatifs au quota, intérêts capitaux) pour 33% et aux frais pour le matériel (21%). D autre part, les coûts alimentaires sont également importants car les charges opérationnelles affectées à l alimentation du cheptel représentent plus du quart du prix de revient du lait. De plus, les achats d aliments constituent à eux seuls plus de la moitié des charges opérationnelles (26%). Les frais de cheptel ne comptent que pour 8%. Figure 1 - Structuration du prix de revient [COCHET, 2010] Le prix de revient des fourrages valorisés par l exploitant a un impact important sur le prix de revient du lait. En effet, si l éleveur néglige la production des fourrages, aussi bien en qualité qu en quantité, cela influencera directement les charges opérationnelles, notamment les achats (de concentrés comme de fourrages). Il faut surveiller les frais de mécanisation qui pourraient éventuellement engendrer une augmentation des charges d équipement et donc du coût de production du lait [FABRY, 2008]. Parmi tous les aspects entrant en compte dans le coût de production du lait, à court terme comme à long terme, un des points sur lesquels il est facile de jouer est l alimentation, en relation avec les frais de cheptel. Mais quelles sont les pistes permettant de réduire ces coûts? - Détenir des animaux performants et valorisants. [COCHET, 2010]. - Détenir un cheptel en bonne santé [LENSINK, 2006]. - Pratiquer une alimentation rationnelle et équilibrée [WOLTER, 1997]. - Produire des fourrages sur l exploitation de qualité et en quantité pour réduire les achats [VIGNAU - LOUSTAU, 2008] - Acheter des aliments de manière raisonnée [COCHET, 2010]. 3

CHAPITRE 3 - ALIMENTATION Il faut que l animal reçoive, par la ration, une quantité suffisante d énergie, de protéines, de matières grasses/lipides, de vitamines, de minéraux assimilables. L eau est également un facteur non négligeable. La ration doit avoir un volume en rapport avec celui du tube digestif, respecter certains équilibres entre les constituants, ne pas contenir des substances nuisibles à l organisme. Pour répondre à toutes ces exigences, les besoins du ruminant doivent être connus [VLAAMSE OVERHEID, 2007]. Le coût est un des autres facteurs primordiaux, intervenant dans le choix de la composition de la ration. On essaie d apporter une ration proposant un meilleur rapport «qualité / prix». Cependant pour comparer des aliments entre eux en fonction du coût, il faut se référer à la valeur nutritive. Cette notion dépend de la richesse de l aliment en éléments nutritifs assimilables par l animal mais également de son appartenance à un grand groupe d aliments sources énergétique, protéique, Finalement, par la connaissance des principales fonctions des aliments de la ration et leur évolution économique dans le temps, l éleveur pourra choisir les matières premières constitutives de la ration. 3.1. BESOINS DE LA VACHE LAITIÈRE La vache laitière a besoin de glucides, de protéines et de lipides. Ces éléments doivent être fournis en qualité et en quantité via l alimentation afin de répondre aux exigences de l animal. 3.1.1. LES BESOINS ÉNERGÉTIQUES Une des principales fonctions d un aliment est l apport d énergie car la vache laitière en a besoin pour son entretien, sa production laitière mais aussi pour sa croissance et le développement de son veau. L énergie est souvent le facteur limitant chez la vache laitière haute productrice en début de lactation. Un déficit énergétique influence négativement la production laitière et le taux protéique du lait, entraine des risques d acétonémie, de fièvre de lait voire même des problèmes de fertilité. Parallèlement aux besoins en énergie nécessaire à ses fonctions, le ruminant doit également avoir de l énergie pour sa flore stomacale, retrouvée dans les matières organiques fermentescibles [VLAAMSE OVERHEID, 2007]. En Belgique, le VEM (Voedereenheid Melk) est l unité énergétique et représente l énergie nette contenue dans un aliment. Le système hollandais considère comme référence : 1 kg d orge = 1650 kcal = 1000 VEM. 4

Dans la pratique, on caractérise les aliments selon leur valeur VEM (énergie nette), ce qui permet de réaliser des comparaisons entre eux. Le système «VEM» a également mis en avant des normes en ce qui concerne les besoins d entretien, de production laitière,, qui peuvent être calculés en fonction d équations précises [VLAAMSE OVERHEID, 2007]. L énergie est apportée surtout par les glucides présents dans les céréales (blé, maïs, avoine, orge, ) et dans certaines légumineuses à grosses graines (pois, féverole, ). 3.1.2. LES BESOINS EN PROTÉINES Tous les tissus végétaux (feuilles, tiges, racines, graines, ) sont riches en protéines mais ce sont les parties à forte concentration en protéines qui sont employées dans l alimentation animale. C est pourquoi de nombreuses graines de légumineuses (soja, pois, féverole, lupin) et des graines d oléagineux déshuilés (tourteau de soja, colza, tournesol, lin), tous particulièrement riches en protéines, font partie de la ration des vaches laitières. Les protéines sont les principaux constituants cellulaires (viande, os, ) mais également une source non négligeable d énergie. Elles sont, chez les vaches en lactation, d une grande importance pour le lait, qui contient une quantité considérable de protéines (environ 3,4%). Les protéines sont formées par l association d acides aminés (lysine, méthionine, tryptophane, ) dont certains les acides aminés dits essentiels ne peuvent être synthétisés par les animaux et doivent donc être apportés par l alimentation. A côté de ses besoins en protéines pour l entretien et la production, le ruminant demande des protéines pour que l activité de la flore microbienne soit optimale [VLAAMSE OVERHEID, 2007]. Un déficit protéique dans la ration pour les vaches laitières a pour effet une diminution de la production laitière et du taux protéique, principalement en début de lactation. A l inverse, un surplus de protéines peut léser la santé et la fertilité des vaches et l excédent se retrouve intégralement dans l environnement, constituant ainsi une certaine pollution [VLAAMSE OVERHEID, 2007]. Dans le système actuel, la valeur protéique potentielle d un aliment de la ration, et les besoins de l animal, sont exprimés par la quantité de protéines (acides aminés) qui est digérée dans l intestin grêle de l animal, abrégé en néerlandais par DVE (Darm Verteerbaar Eiwit) [VLAAMSE OVERHEID, 2007]. La valeur DVE des aliments est donnée dans les tables alimentaires et tout comme pour l énergie, il existe des normes, des formules pour connaitre les besoins en DVE pour l entretien, la production laitière, la croissance, de la vache. 5

Pour l optimisation de la fermentation ruménique, on utilise la notion d OEB (Onbestendige Eiwit Balans). Il s agit de la différence entre la synthèse de protéines microbiennes à partir de l azote disponible dans le rumen provenant des PDIMN (Protéine Digestible dans l Intestin d Origine Microbienne) et la synthèse de protéines microbiennes à partir de l énergie produite par la fermentation de la matière organique (PDIME). En théorie, l OEB doit être égal à 0 et idéalement ne doit pas être négatif. Mais souvent la disponibilité de l énergie est plus lente que celle de l azote dans le rumen, ce qui conduit à des pertes d ammoniac (OEB > 0). Un déficit en ammoniac dans le rumen conduit à un OEB inférieur à 0, qui peut être limité par le recyclage de l urée plasmatique. Dans la pratique, on conçoit des rations avec un excès de 100 à 200 g OEB/jour [VLAAMSE OVERHEID, 2007]. 3.1.3. LES BESOINS EN MATIÈRES GRASSES Chez les ruminants, les besoins en acides gras insaturés (AGPI) sont très élevés à cause de leur hydrogénation par les bactéries du rumen. La matière grasse (MG) est donc nécessaire pour l apport de ces acides gras essentiels insaturés (acide linoléique et acide linolénique) mais également de vitamines liposolubles (A, D, E) et d énergie [VLAAMSE OVERHEID, 2007]. Les principales sources de matière grasse sont les graisses animales (saindoux, suif), les huiles végétales, les savons calciques et les graines oléagineuses extrudées. Elles sont souvent utilisées pour améliorer la concentration en énergie de la ration car elles sont très énergétiques (3 000 VEM / kg) [VLAAMSE OVERHEID, 2007]. L apport d AGPI chez la vache laitière a un effet favorable sur la production laitière, notamment via l amélioration de la MG du lait (CLA, Ω3, ). Un effet positif est également marqué au niveau des performances de reproduction, par une meilleure sécrétion de progestérone et de prostaglandine, et aussi sur la santé des vaches [VLAAMSE OVERHEID, 2007]. Mais un excès de matière grasse peut avoir des conséquences négatives sur l activité microbienne dans le rumen et entrainer aussi la diminution de la digestibilité de la cellulose brute (CB) et l ingestion mais également du taux butyreux du lait. Ceci est d autant plus vrai que les acides gras sont insaturés. La limite supérieure est de 5 6% de la matière sèche (MS) de la ration [VLAAMSE OVERHEID, 2007]. 6

3.2. SOURCES D APPORT À LA VACHE LAITIÈRE 3.2.1. FOURRAGES GROSSIERS Par fourrages grossiers, on sous-entend des aliments à structure physique grossière (CB > 20% de la MS), tels que l herbe, les foins, les ensilages et pailles. Ils constituent la ration de base des ruminants. 3.2.1.1. Herbe pâturée L herbe est l aliment naturel le plus complet des ruminants. Elle est équilibrée (énergie/protéines), riche en minéraux et oligoéléments mais aussi en acide α-linolénique, en antioxydants (vitamine E, β-carotène, polyphénols, ). L herbe favorise la production laitière de grande qualité nutritionnelle (CLA, Ω3, ) [VLAAMSE OVERHEID, 2007]. L herbe pâturée doit être jeune (pâturage tournant) et avoir une hauteur d environ 20 cm. Selon VLAAMSE OVERHEID [2007], la valeur alimentaire de l herbe est variable et fonction de : - La composition botanique de la prairie (avec des graminées et/ou légumineuses) : avoir plus de légumineuses dans le mélange prairial équivaut à améliorer la teneur protéique de la ration de base ; - Des fumures N-P-K : l apport d azote minéral ou organique entraine l augmentation de la teneur en protéines de l herbe et la diminution de la teneur en glucides. Un excès d azote pourra entrainer un déséquilibre entre l apport d azote et d énergie pour les bactéries du rumen (augmentation de l OEB) avec pour conséquence une hausse des rejets azotés. Une fumure de fond (P-K) est indispensable au moins une fois par an ; - Du stade de végétation qui influence la digestibilité, l ingestion du fourrage et la production laitière. En effet, plus l herbe vieillit, plus la teneur en Matière Organique Digestible (MOD) diminue, or celle-ci est proportionnelle à la valeur énergétique et donc plus le fourrage s appauvrit en glucides. Plus l herbe est à un stade avancé, plus l ingestion volontaire diminue car l herbe est plus riche en cellulose et la durée de sa dégradation dans le rumen augmente. Au fur et à mesure du vieillissement de l herbe, la production laitière permise par l énergie et l azote de l herbe diminue ; - La prairie fournit l aliment le plus économique et le plus facile à produire pour les ruminants. On parle de pâturage quand durant la saison estivale, les animaux prélèvent eux-mêmes leur nourriture en prairie. Pour la période hivernale, l herbe est apportée au bétail sous forme de foin ou d ensilage. Le rôle principal de la prairie est l apport de fourrages de qualité et en quantité. 7

Il est intéressant de savoir qu il n existe que peu de commerce autour de la production d herbe. En effet, dans la majorité des cas, il y a une autoconsommation des fourrages produits sur l exploitation. De ce fait, il est difficile de donner une valeur économique à l herbe, alors que les céréales, les betteraves, sont des cultures de rente. 3.2.1.2. Paille L intérêt alimentaire d un ajout de paille dans la ration est l apport de structure, c est une source de lest non négligeable (Valeur de Structure (VS) = 4,2/kg MS). Par la présence de 80% de MS en lignine, la paille est un aliment peu ingestible et peu digestible ayant des valeurs énergétique et protéique très faibles. Sa valeur nutritive est donc relativement basse [SAUVANT et al., 2002]. Sur la période de 2001 à 2010 (figure 2), le marché de la paille oscille souvent entre 40 et 60 /T. Depuis 10 ans, le prix n est passé qu à deux reprises au-delà de la barre des 60 /T, une courte durée en 2001 et sur une plus longue période en 2008. La hausse récente (en 2008) du prix de la paille s explique par le fait que le coût de la paille est estimé à partir de sa composition en éléments fertilisants et du coût des engrais. Or fin de la campagne 2007 2008, le prix des engrais azotés sont élevés, entrainés par le prix du pétrole et du gaz et attisés par une forte demande mondiale. Figure 2 - Evolution du prix de la paille de 2001 à 2010 [adapté de : SILLON BELGE, 2001-2009] 8

3.2.1.3. Foin Le foin est incorporé dans la ration pour améliorer la valeur de structure tout en apportant une quantité non négligeable d énergie et d azote [VLAAMSE OVERHEID, 2007]. La comparaison du prix ( /Tonne) de ballots de foin de taille différente montre que dans les deux cas, l évolution est semblable mais les petits ballots de foin se vendent toujours plus chers que les gros, en quantité comparable. D une manière générale, le prix de vente est fixe sur une durée de minimum deux mois. Depuis une dizaine d années (figure 3), le marché du foin est stable et inférieur à 80 /T même si ces deux dernières années, le prix des gros ballots est passé au-delà de ce seuil. Cette hausse s explique par l élévation du prix des matières premières, notamment les engrais azotés. Figure 3 - Evolution du prix du foin de 2001 à 2010 [Adapté de : SILLON BELGE, 2001-2009] 3.2.1.4. Ensilage d herbe Ce type de conservation de l herbe n est apparu qu avec l introduction du maïs plante entière dans les rations bovines. Au fil des ans, la technique d ensilage d herbe a évolué. Dans un premier temps, on faisait un ensilage direct (fauche suivie directement du ramassage et du stockage) qui avait pour inconvénients la perte de jus avec des éléments nutritifs, des problèmes de conservation du fourrage et de pollution environnementale. Actuellement, on conserve beaucoup l herbe sous forme d ensilage préfané (fauche suivie d un léger fanage 24 à 48 h avant la récolte ; teneur en MS de ± 35 40 %). Réaliser un ensilage d excellente qualité demande de la technicité et l art de réussir un ensilage est d empêcher certaines bactéries insouhaitables (Clostridia, ) de se développer. Pour se faire, diverses solutions existent dont le préfanage, un tassage correct et un bâchage impeccable. 9

On peut également s aider de conservateurs (acides, substrats favorisant la fermentation lactique, ) [VIGNAU LOUSTAU, 2008]. En fonction de la technique de l agriculteur, la valeur alimentaire d un ensilage d herbe peut varier considérablement. Une analyse pour connaitre la valeur réelle du fourrage est dès lors primordiale. Il n y a aucun marché d ensilage d herbe. O. Miserque [CRA-W Unité : Machinisme et infrastructures agricoles, communication personnelle] pense que cela se limite à la vente de quelques balles enrubannées et à quelques dépannages, dans le cas de silo, entre fermiers voisins. D. Knoden [Fourrages-Mieux asbl, communication personnelle] estime, quant à lui, le prix à environ 130 /tonne MS mais ce chiffre peut varier en fonction de la région et selon la disponibilité. Un travail effectué par le CRA-W (Station de Génie Rural), sur le calcul du coût des récoltes d herbe depuis la coupe jusqu à la mise en silo, a comparé différentes techniques de récolte [MISERQUE, 1995]. Ces chantiers de récolte sont : - Ensileuse automotrice ; - Autochargeuse ; - Balles rondes enrubannées. Pour les mêmes paramètres (quantité d herbe à récolter, éloignement de la parcelle, rendement en MS), la comparaison des chantiers de récolte a permis de tirer les conclusions suivantes [MISERQUE, 1995] : - L ensileuse automotrice convient bien pour la récolte de grandes surfaces et la confection rapide de silos volumineux. Mais la demande en main-d œuvre est importante 36 /T MS). Le coût d ensilage tournerait autour de 65 /T MS. - Le chantier par autochargeuse est moins rapide que le premier mais il est plus souple car on peut avoir plusieurs machines en même temps et cela augmente les performances du chantier à condition que l éloignement de la parcelle ne soit pas trop important. Il semblerait que l ensilage à l autochargeuse soit plus avantageux, avec un coût compris entre 60 /T MS (+ main d œuvre 32 /T MS). - La confection de balles enrubannées ne permet pas de récolter d aussi grandes surfaces que pour les deux techniques précédentes mais est plus appropriée pour de petites parcelles. La technique d enrubannage entraine également un surcoût important (récolte : ± 81 /T MS + main d œuvre 38 / T MS). O. Miserque estime qu il n y a pas nécessairement de grandes différences entre les régions agricoles wallonnes. Mais on peut signaler qu en Région Herbagère (Pays de Herve et Haute Ardenne), l emploi de l autochargeuse est encore de rigueur alors qu ailleurs ce matériel est rare. Egalement, les entreprises dans l est du pays sont généralement mieux équipées pour la récolte de l herbe et proposent certains services que l on n a pas en région «non» herbagère. 10

3.2.1.5. Ensilage de maïs L ensilage de maïs se caractérise par une valeur énergétique élevée (950 à 1000 VEM/kg MS) et une bonne ingestibilité. Cependant, c est un aliment déséquilibré car il a une faible valeur azotée (% Matière Azotée Totale (MAT) < 10% de la MS et OEB < 0) et des carences en minéraux et oligo-éléments. Il sera donc souvent complémenté avec du tourteau de soja, de l ensilage d herbe ou de la luzerne déshydratée. La valeur de structure du maïs ensilage est de 2 à 2,5, soit une valeur inférieure à celle de l herbe mais apportant suffisamment de fibres pour éviter l acidose de la vache [VIGNAU LOUSTAU, 2008]. Introduit dans nos régions, dans les années 1970, l ensilage de maïs plante entière a pris une place considérable dans l assolement et a remplacé une grande partie de l herbe comme fourrage hivernal. Cela s explique par sa facilité de culture, de récolte et de conservation (présence considérable de sucres, faible pouvoir tampon, tassage correct), ses rendements élevés (11 à plus de 15 tonnes de MS/ha, en fonction des régions), mais aussi par sa bonne appétence par le bétail [DEPREZ, 2007]. Le succès de la culture est également du à la promotion dont elle a fait l objet. Avant la réforme de la PAC et le système de DPU à l exploitation, la culture de maïs donnait droit à une prime «grandes cultures» (exemple : 391,86 /ha en Condroz). Depuis 2005, les aides directes liées à la superficie ou la production ont fait l objet d un découplage, ce qui fait que l exploitant possède des droits qu il ne doit plus justifier par la culture [PORTAIL DE L AGRICULTURE WALLONNE, 2010]. Faire du maïs n est économiquement pas réalisable partout en Wallonie. En effet, dans certaines régions, cultiver du maïs soi-même revient plus cher que de l acheter. Il n est pas aisé d avoir des prix de référence pour la culture de maïs ensilage car souvent les organismes de comptabilité ont des approches différentes pour les divers postes à prendre en compte. G. FOUCART [CIPF, communication personnelle] considère qu on peut prendre, à titre indicatif, pour le maïs fourrage, les frais suivants par hectare : - Fermage : 215 - Semences : 150 - Engrais minéraux : 220 - Produits phytosanitaires : 100 - Frais de semis : 50 - Frais de récolte : 255. Cependant, à ces frais, il faut ajouter les frais d utilisation des tracteurs, l amortissement du matériel utilisé (déchaumeur, charrue, rotative, épandeur d engrais, épandeur de fumier, bennes, ) et les frais de stockage, les frais d amendement, qui représentent globalement 550 /ha. Des différences entre régions sont à mettre en avant comme un fermage moindre dans des régions plus au sud du pays où le rendement du maïs fourrage sera également plus faible. 11

Se posant la question de savoir s il y a un réel marché du maïs ensilage, il faut savoir que le maïs fourrage est consommé pour plus de 90% sur l exploitation qui le produit. Des parcelles excédentaires sont parfois vendues sur pied lorsque les rendements dépassent les attentes et le prix varie généralement de 800 à 1 200 par hectare. G. Foucart tient également à préciser que lorsque le prix du maïs grain est attractif, certaines parcelles (semis précoces, variétés adaptées), initialement destinées au fourrage, peuvent être moissonnées [FOUCART, communication personnelle]. 3.2.1.6. Pulpes de betterave L éleveur peut se procurer ce co-produit de l industrie sucrière sous trois formes. D une part, sous forme de pulpes humides, seulement 10% MS mais à consommer immédiatement. Ensuite, il peut avoir des pulpes surpressées et les conserver par ensilage. Enfin, les pulpes sèches, déshydratées (90% MS) sont la dernière forme de commercialisation des pulpes [SAUVANT et al., 2002]. Les pulpes de betterave sont aussi riches en énergie (900 à 1000 VEM/kg MS) qu un ensilage de maïs, voire des céréales. Ce fourrage est pauvre en protéines (10% MAT et 70 g OEB/kg MS), contient peu de cellulose et pas de lipides mais sa grande richesse est sa teneur élevée en calcium (13g/kg MS). La valeur de structure de cet aliment est relativement faible (pulpes surpressées : 1 ; sèches : 0,5) [SAUVANT et al., 2002]. Intéressons-nous, maintenant au prix des pulpes et tout d abord, au prix des pulpes surpressées. Il est composé de : - La valeur de surpressage ; - La valeur du transport ; - La valeur pulpes par tonne de betterave. Année Prix des pulpes surpressées ( /tonne) Prix du surpressage ( /tonne) Prix du transport ( /tonne) Valeur pulpes à la tonne de betterave ( /tonne bett.) Valeur pulpes ( /tonne pulpe) 2001 16,72 6,82 1,98 9,90 2002 17,47 6,82 2,13 10,44 2003 17,41 4,71 2,46 2,30 11,27 2004 19,09 4,71 2,53 2,42 11,86 2005 18,18 4,71 2,82 2,30 11,27 2006 18,18 4,71 2,82 2,30 11,27 2007 18,50 4,71 2,82 2,23 10,97 2008 31,48 4,71 3,24 4,75 23,53 2009 18,50 4,71 3,30 2,23 10,97 Tableau 1 - Calcul du prix des pulpes surpressées (> 22% MS). Source : bordereaux d'achat d'un producteur sucrier reprenant ses pulpes (ayant droit) de 2001 à 2009. 12

Le tableau 1 montre que : - Le prix du surpressage est constant ces 10 dernières années (4,71 /T) ; - Le prix du transport est plus ou moins constant bien qu il soit toujours à la hausse ; - La valeur pulpes par tonne de betterave est également plus ou moins stable. Pour passer de la valeur pulpe à la tonne de betterave à la valeur pulpe, il faut tenir compte de la relation suivante : «il faut environ 5 tonnes de betteraves sucrières pour avoir environ 1 tonne de pulpes». Cela varie bien sûr en fonction de la teneur en matière sèche de la betterave. Le prix, donné dans le tableau 1, est celui des pulpes surpressées à plus de 22% de M.S. En théorie, le terme de pulpes surpressées est attribué quand le taux de matière sèche est de 22%. Dans la pratique, plus la matière sèche de la pulpe surpressée est élevée, plus le prix de celleci augmente. La différence qui a fait qu en 2008, les pulpes soient si chères est que la valeur pulpe ( /T betterave) était de 4,75 au lieu de 2,30, soit plus du double par rapport à la campagne précédente. Il est bon de savoir que le prix de la valeur pulpe est instauré avant la saison entre les producteurs betteraviers et les fabricants de sucre. 2008 était une année d euphorie au niveau des prix pour toutes les matières premières, c est pourquoi les producteurs ont voulu augmenter cette valeur pulpe et au final, ils ont eu le dernier mot. Mais face à ces prix, les éleveurs ont réagi car ils achetaient le co-produit «pulpe» à un prix supérieur (30 /T) à celui du prix de vente des betteraves (28 /T). Certains ont même décidé qu à un tel prix, ils n en achèteraient plus! Conséquence à cette décision, l année suivante, 2009, le prix revient à la normale. Précisons encore que les chiffres donnés varient selon l ayant droit ou hors ayant droit. En effet, pour l agriculteur qui produit des betteraves et qui n utilise que les pulpes produites par ses propres betteraves, la valeur pulpe à la tonne de betterave n a peu d influence sur le prix de ses pulpes surpressées car il ne paie que le coût du surpressage et du transport et ne dépend donc pas de la fluctuation de la valeur pulpe. A l inverse pour un éleveur, hors ayant droit, le prix de la pulpe surpressée reste identique, mais dans ce cas-ci, l acheteur débourse la valeur pulpe en plus du transport et du surpressage. Qu en est-il du prix des pulpes sèches? A l inverse des pulpes surpressées qui n est un marché que saisonnier, les pulpes sèches sont disponibles toute l année. Leur prix dépend d une part de la valeur pulpe mais d autre part de la fluctuation du marché des autres matières premières et en particulier celui de l énergie (pétrole). 13

Sur la période 2001-2010 (figure 4), le prix présente une hausse durant l année 2004, mais il a augmenté fortement début 2007 pour atteindre un pic vers la moitié de l année 2008, moment à partir duquel on observe une chute du prix. Cet envol spectaculaire du prix en 2007 2008 s explique par la flambée du prix du pétrole. Le pic de 2004 traduit également l évolution vers le haut des cours pétroliers mais la forte appréciation de l euro par rapport au dollar a atténué la hausse du prix du pétrole. Figure 4 - Evolution du prix des pulpes sèches de 2001 à 2010 [Adapté de : SILLON BELGE, 2001-2009] 3.2.1.7. Drèches de brasserie Ce co-produit de l orge brassicole, relativement humide (22-23% de MS) est soit utilisé en frais ou peut être conservé par ensilage. L intérêt de son utilisation réside dans sa richesse en protéines (27% MAT ; 150 g DVE et 40 g OEB/kg MS), dans sa bonne appétence et dans l effet lactogène qu il procure aux vaches laitières. Parallèlement, la digestibilité des drèches de brasserie est bonne et par sa teneur importante en matière grasse (10% de la MS), c est un aliment riche en énergie (950 VEM / kg MS). La drèche a également un effet régulateur du transit du fait qu elle reste plus longtemps dans le rumen et stimule la rumination (excitation chimique et mécanique du rumen) [BEUKER, 2009]. 14

Comme le montre la figure 5, le prix des drèches de brasserie était toujours compris entre 25 et 35 /T, sauf mi-année 2007 où il connait une flambée phénoménale. Cette hausse s explique par l augmentation des matières premières (céréales et pétrole). Figure 5 - Evolution du prix des drèches de brasserie de 2001 à 2010 [Adapté de : LEI, 2010] 3.2.2. CONCENTRÉS Les aliments concentrés, comme les céréales, les protéagineux, les oléagineux et tourteaux, sont peu cellulosiques mais ont une valeur nutritive élevée et sont faciles à digérer. 3.2.2.1. Céréales Les céréales nues (froment, maïs, sorgho) comme des céréales vêtues (riz, orge, avoine, épeautre) peuvent être utilisées dans l alimentation animale. Toutes sont riches en amidon et donc en énergie (900 à 1300 VEM/kg MS), ont une teneur en protéines faible (g OEB < 0). Naturellement, il y a quelques variations dans les valeurs alimentaires en fonction des céréales. Une autre caractéristique des céréales est leur richesse en phosphore sous forme phytique [THEWIS, 1995]. Toutes les céréales ne peuvent être employées entières dans la ration et pour améliorer l apport énergétique, il sera souvent nécessaire de les aplatir, les floconner, les extruder ou encore les moudre [THEWIS, 1995]. Dans l alimentation animale, les co-produits du blé (farines basses, remoulages, son fin et/ou gros) ou ceux du maïs (son, germe, glutenfeed ou encore gluten) peuvent également être utilisés [SAUVANT et al., 2002]. 15

Au niveau du marché céréalier, celui-ci présente, depuis 10 ans (figure 6), deux augmentations spectaculaires : en 2004 et en 2007-2008. En 2004, il y a eu une légère hausse du prix, s expliquant par la réforme de la PAC (Agenda 2000) qui se résume à une baisse des prix institutionnels et une augmentation des aides compensatoires. Le but essentiel de la réforme était de garantir un revenu aux agriculteurs européens tout en permettant la meilleure adéquation entre l offre et la demande de produits agricoles. Dorénavant, c est l équilibre entre l offre et la demande mondiales qui déterminera le prix payé aux producteurs européens de céréales [BURNY, 2005]. Figure 6 - Evolution du prix des céréales de 2001 à 2010 [Adapté de : SILLON BELGE, 2001-2009] La chute durant la campagne 2004 2005 trouve son origine dans un déséquilibre entre l offre et la demande. En effet, à l époque, les conditions climatiques avaient été exceptionnelles un peu partout dans le monde entrainant ainsi une abondance dans la récolte. Cependant la demande, globalement en hausse continue, n a pu absorber l entièreté de l offre, contribuant ainsi à l augmentation des stocks et la chute des cours en céréales [BURNY, 2007]. Les années 2005 et 2006 sont considérées comme un retour à l équilibre du marché céréalier, avec même un léger déficit en raison de la baisse de production partout dans le monde. L augmentation la plus flagrante du prix de vente démarre de la mi-année 2007 (campagne 2006 2007) et dure environ un an (mi-2008). Durant ces années, le prix des céréales se sont montrés très volatiles, passant du simple au double, créant même des émeutes de la faim dans les pays les plus pauvres. Ce phénomène de hausse a été observé pour toutes les matières premières, et notamment le pétrole. Avoisinant les 140 /T le premier semestre 2007, le prix du froment s est ensuite envolé pour atteindre 215 /T en décembre de la même année [BURNY, 2009]. 16

La principale cause de cette hausse réside dans de mauvaises conditions climatiques dans les principales zones de production céréalière (gel intense en Russie) ou les conséquences du réchauffement climatique (sécheresse sévère en Australie, avec une diminution des ressources en eau) et des conditions non optimales en Europe, Tout cela crée un déficit de production, qui associé à une augmentation de la demande et au développement du bioéthanol, entraine une hausse spectaculaire du prix. Le monde de l économie rurale parle de l «effet King». King, gérant agricole écossais du 17 ème siècle, avait à l époque observé qu une surproduction, même légère, entrainait une forte chute des prix et qu à l inverse, un petit déficit de production s associait à une hausse [BURNY, 2007] Une seconde raison est la prise de décisions de la reforme de la PAC en 2003 (découplage des aides), entrainant ainsi l instabilité des prix d autant plus que les marchés dépendent du commerce mondial [BURNY, 2009]. La demande croissante en céréales des pays d Afrique, Moyen Orient et sud-est asiatique est également un facteur expliquant l augmentation des prix. A cela s ajoute la réduction du disponible exportable dans certains pays exportateurs (exemple : Etats-Unis) suite à la demande accrue en céréales, surtout de maïs, pour la production de bioéthanol, qui a des conséquences sur les autres céréales [CLOSSET, 2007]. Le maintien du prix à un niveau élevé début 2008 est surtout le fait de la spéculation, même si de mauvaises conditions climatiques dans certains pays justifient la hausse des cours [BURNY, 2010]. Dans la suite de l année 2008, le prix des céréales chute, avec en novembre 2008 un prix du froment retombé à 104 /T. Fin de cette année-là, une grave crise financière s annonçait. En 2009, le cours des céréales se retrouve au même niveau que celui enregistré en 2006, donc avant la hausse exceptionnelle des prix sur les années 2007 et 2008. Malgré la faiblesse du prix donné aux agriculteurs, le marché reste plus ou moins stable, avec une légère tendance à la baisse [BURNY, 2010]. Cette situation s explique par le fait que les stocks mondiaux se rétablissent puisque la campagne 2008/09 a été exceptionnellement bonne au niveau climatique, permettant ainsi une augmentation de la production de 10% par rapport à la campagne 2006/07. Mais les économistes estiment que les prix de 2009 ont retrouvé une allure normale [BURNY, 2009]. 17

3.2.2.2. Protéagineux L intérêt des graines protéagineuses (pois, féverole, lupin, ) dans les rations est leur richesse en énergie, en protéines (14% pois à 38% de la MS pour le lupin) avec une teneur variable en amidon [APPO, 2002]. A une époque, certains pensaient que le développement de l élevage intensif reposait sur une alimentation concentrée en énergie et en protéines dont la base est une association de céréales tourteaux de soja. Cela a entrainé, en Europe, une forte dépendance aux importations de soja et très peu d encouragement à l implantation de cultures protéagineuses européennes, en raison de la faible aide apportée par les primes [ENESAD, 2009]. Un bref rappel historique s avère indispensable pour la compréhension de l actuelle situation du marché! Début des années 60, la Communauté Economique Européenne a opté pour la favorisation de la production céréalière au détriment des productions d oléagineux et de protéagineux, avec la mise en place de la PAC. On parle du Kennedy Round [MOUILLET, 2003]. Cette décision a eu de réelles répercussions dès 1973, lorsque les Etats-Unis ont imposé un embargo à l Europe sur le soja en raison de conditions climatiques désastreuses. Les Européens ont alors découvert leur trop forte dépendance vis-à-vis des pays extérieurs pour couvrir leurs besoins en protéines végétales, destinées principalement à l alimentation animale. Pour répondre à cette faiblesse, l Union Européenne (UE) a donc décidé de soutenir la production de protéagineux (pois et féverole) et de nombreuses recherches ont été effectuées afin de résoudre des problèmes phytotechniques, de créer de nouvelles variétés plus productives [PROLEA, 2004]. Grace à ces mesures, vers la moitié des années 1980, le taux d autosuffisance en protéines végétales de l UE a dépassé le seuil de 40%. Mais la dépendance de l Europe n en est pourtant pas amoindrie. En effet, en 1992, suite aux négociations de l Uruguay Round, l UE fut contrainte de limiter sa superficie emblavée en oléagineux. Quelques années plus tard, en 1999, les accords de Berlin ramenaient progressivement les primes à l hectare des oléagineux au niveau d aide des céréales [MOUILLET, 2003]. Toutes ces actions ont abouti au fait que fin des années 90, la production de protéagineux en Europe n avait toujours pas eu l essor souhaité, en relation avec des problèmes climatiques. En 2000, l apparition de l ESB (Encéphalopathie Spongiforme Bovine) et l interdiction d incorporer les farines animales dans les aliments, ont à nouveau révélé le déficit en protéines végétales de l UE, qui importe plus de 75% de ses besoins. Toutefois, la Commission Européenne favorise l option d importer des protéines végétales bon marché au détriment des cultures protéiques sur son continent, jugées trop coûteuses pour la PAC. L importation massive de soja en Europe, sensible à l irrégularité d approvisionnement, a des répercussions négatives sur les plans sociétal (soja génétiquement modifié), sécurité alimentaire (traçabilité), environnemental (destruction de la forêt amazonienne ; intensification et spécialisation voire même monoculture) et économique (dépendance face aux marchés américains) [PROLEA, 2004]. Voici la triste situation dans laquelle se trouve l Union Européenne actuellement! Et même la mise en place, en 2004, de la prime protéagineux de 55,57 /ha, lors de l instauration des régimes de droits à paiement unique 18

(DPU) n a pas enrayé la chute des superficies cultivées en protéagineux [MOUILLET, 2003]. Heureusement, une démarche vers une plus large autonomie en protéines végétales se met en place, avec des enjeux politico-économiques très importants : la relance des légumineuses dans le cadre d un plan protéine [ENESAD, 2009]. Le prix des protéagineux fluctue en fonction des cours du soja, qui est la référence pour la protéine, et des cours des céréales, mais également de la valeur du dollar. Une relation intéressante à retenir est la suivante : «1 kg pois ou féverole = 0,35 kg tourteaux soja + 0,65 kg céréales». Cependant, cette relation est assez simpliste et est uniquement basée sur la composition chimique et ne tient pas compte des effets tels que la granulométrie, Malgré tout, le lien entre les trois aliments et l importance des céréales sur le prix des protéagineux sont bien visibles. Les cours peuvent différer du semis à la récolte [APPO, 2002]. Un retour en arrière sur le prix des protéagineux s impose pour comprendre la situation actuelle. Avant la réforme de la Politique Agricole Commune de 1993, le prix accordé au producteur de protéagineux était un prix minimum garanti par la Communauté Economique Européenne (CEE). Celui-ci a aussi subi des réductions après l instauration des Quantités Maximales Garanties (QMG). Les fabricants d aliments qui utilisaient les graines protéagineuses produites en Europe recevaient également une aide [APPO, 2002]. Depuis 1993, les protéagineux sont payés au prix mondial et les agriculteurs recevaient une aide compensatoire forfaitaire à l hectare [APPO, 2002]. Puis, l Agenda 2000 a poursuivi la première réforme en diminuant les montants d aide à la surface et l aide accordée aux protéagineux a été transformée en une aide fixe dans toute l Europe, de 55,57 /ha pour une surface maximale garantie d abord de 1 400 000 ha à 15 pays puis de 1 600 000 ha à 25 et enfin de 1 648 000 ha (UE-27). Cette aide sera encore d application jusqu au 1 er janvier 2012, c'est-à-dire encore pour les campagnes de récolte de 2010 et 2011 [APPO, 2008]. La hausse du prix des protéagineux (figure 7), depuis 2006, est étroitement liée à celles des céréales, dont les prix ont connu une flambée importante. A cela, il faut associer la forte demande à l exportation pour l alimentation humaine [APPO, 2006]. Figure 7 - Chiffres clés 2008 : Protéagineux en France [PROLEA, 2009] 19

La hausse des prix du tourteau de soja, en 2007, a entrainé une remontée significative des prix accordés au pois. La féverole a pu également bénéficier de meilleurs prix, principalement lors de l exportation pour l alimentation humaine [APPO, 2008]. Depuis juin 2008, les cours des protéagineux sont en baisse suite à la diminution des cours du tourteau de soja et du blé (baisse programmée par la réforme de la PAC) [APPO, 2009]. 3.2.2.3. Oléagineux Les graines oléagineuses (colza, lin, soja) sont exclusivement utilisées dans l alimentation des bovins et ont permis l amélioration du profil lipidique des produits animaux (lait, viande, œuf, ) par leur teneur importante en acides gras poly-insaturés. En effet, cette richesse en matière grasse (20 à 40% de la MS) leur confère une valeur énergétique élevée. Cependant, la nature poly-insaturée des lipides ne permet qu une conservation de courte durée après broyage. L extrusion est une amélioration car cela a permis l élimination des facteurs antinutritionnels et la destruction des lipases [SAUVANT et al., 2002]. Le co-produit de l extraction d huile de graines d oléagineux dans l alimentation bovine est le tourteau. Il est incorporé dans les rations comme source protéique bien qu il ait également une valeur énergétique élevée. En fonction du processus d extraction d huile, la teneur en matière grasse du tourteau varie. Quelle que soit la source d oléagineux (figure 8), l évolution des prix est similaire pour tous les oléagineux, car comme l explique C. Cartrysse [APPO, communication personnelle], c est le tourteau de soja qui mène la «danse» et qui est toujours le plus cher car il possède la teneur en protéines la plus élevée. Au sein des graines oléagineuses, le soja et le lin sont toujours plus chers que le colza et le tournesol. Figure 8 - Evolution du prix des tourteaux oléagineux de 2001 à 2010 [Adapté de : SILLON BELGE, 2001-2009] 20

Sur l ensemble de la période (2001 à 2010), deux augmentations sont observables : une, assez faible, en 2004 et une autre, qui a démarré fin de l année 2007. Remarque : le prix des tourteaux de lin suit généralement celui des principales cultures oléagineuses, bien que la corrélation ne soit pas très forte en raison des finalités d utilisation différentes des graines. C est principalement le cours du pétrole brut qui influe sur le cours du lin oléagineux car il y a une concurrence entre les produits dérivés du pétrole et les produits fabriqués à base d huile de lin [ASGARALI, 2007]. Avant d expliquer ces hausses de prix, un bref rappel du marché des graines oléagineuses s avère nécessaire. Il faut savoir que le marché des tourteaux oléagineux est dépendant de celui des graines même si l impact n est pas direct puisqu il est possible de stocker les graines pendant une période déterminée ainsi que le tourteau après trituration. Ces 25 dernières années, la production mondiale de graines oléagineuses a presque doublé et est largement dominée par le soja. Les principaux producteurs mondiaux sont les Etats-Unis, le Brésil, l Argentine, la Chine et l Inde, tout en sachant que c est suite à l embargo décidé par les Etats-Unis en 1973 sur les exportations de soja que l Union Européenne a incité l Argentine et le Brésil à se lancer dans la production de soja. Ce dernier tente toujours de résister à la pression croissante d approvisionner l Europe en soja OGM. Notre continent, est l acheteur principal car il est à la fois le premier importateur de graines et de tourteaux oléagineux, le troisième triturateur et le premier consommateur de sources végétales riches en protéines [CARTYSSE, APPO, communication personnelle]. Depuis 1992, les oléagineux produits en Europe sont payés au niveau du marché mondial mais l agriculteur bénéficie d un versement direct d une aide compensatoire par hectare. Fin des années 90 (1999), les montants de cette aide variaient en fonction des régions agricoles et étaient, chaque année, réajustés selon l évolution des prix des oléagineux sur le marché mondial. Mais depuis l adoption de l Agenda 2000, on a vu la disparition du soutien spécifique accordé aux oléagineux et celui-ci est remplacé par une aide à l hectare découplée de la culture (DPU). Par conséquent, l intérêt porté aux cultures oléagineuses par les agriculteurs s est vu chuté depuis cette réforme [APPO, 2002]. Les prix des marchés mondiaux de la plupart des graines oléagineux (comme pour les tourteaux et les huiles) ont fortement augmenté en août 2003 (figure 8). L augmentation importante du prix, pour la période 2003 2004, résulte de plusieurs facteurs : - La demande mondiale des 12 tourteaux d oléagineux (soja, colza, coton, tournesol, arachide, palmiste, copra, ) est élevée (surtout en Chine) alors que l offre est déficitaire [OilWorld n 50, 2003] ; - Les pertes de productions non négligeables dans les différentes régions productrices d oléagineux à cause d importantes sécheresses (notamment aux Etats-Unis) ; - Le potentiel de production est médiocre en Amérique du Sud ; - Les prix élevés des céréales et fourrages [OilWorld n 50, 2003]. 21

En décembre de la même année, on estimait une augmentation de 40% pour le prix du soja depuis août ; alors que la hausse était respectivement de 23% et de 21% pour le tournesol et le colza [APPO, 2003] [APPO, 2004]. Après coup, on a vu que l impact de la hausse des prix des matières enregistrées en dollar (tourteaux de soja, colza, ) a été modéré du fait de la détérioration du taux de change du dollar en euro (moins 9% de août à décembre 2003) [OilWorld n 50, 2003] [APPO, 2003]. Cette rapide évolution des cours mondiaux des oléagineux a rendu la production de protéines végétales plus attrayantes dans nos régions [APPO, 2004]. En 2005, les prix sont sous pression à cause de stocks importants en raison de récoltes record des différentes cultures partout dans le monde. On a également observé à l époque un raffermissement du cours du colza suite à une demande croissante pour la transformation de son huile en biodiesel (surtout en Europe) [APPO, 2006]. La deuxième hausse des prix a démarré mi-année 2007, aussi bien en graines, huiles que tourteaux oléagineux, pour atteindre des sommets historiques fin 2007 début 2008. Les prix ont été boostés, en partie, par des spéculateurs et des fonds, à des niveaux élevés non justifiés. De tous les oléagineux, la plus grande augmentation des prix est apparue en soja, colza et tournesol suite à : - Une production plus faible que ce qui était annoncé, en raison de conditions défavorables de récolte aux Etats-Unis et une diminution de la trituration en Argentine à cause de restriction énergétique [OilWorld n 35, 2007] ; - Une envolée des prix des céréales fourragères (mauvaises récoltes en 2007) [OilWorld n 38, 2007] [OilWorld n 41, 2007] car on assiste à une demande plus importante pour l industrie de biocarburants. Et le manque de céréales fourragères renforce la demande en tourteaux oléagineux [OilWorld n 50, 2007] ; - Une forte demande alors que les stocks diminuent rapidement. La demande additionnelle pour la bioénergie, à l initiative de programmes gouvernementaux mondiaux, accentuée par la hausse du prix du pétrole (environ 100$/baril en novembre 2007) était la principale raison de la demande excessive en oléagineux par rapport à la production. En effet, des pays, comme les USA, diminuent leur plantation de soja au profit du maïs destiné à la production de bioéthanol [OilWorld n 41, 2007]. Ces deux facteurs ont donc contribué à la forte baisse des stocks en oléagineux (graines, huiles et tourteaux) avec en parallèle l envol des prix [APPO, 2008]. A l époque, le tournesol a fait parlé de lui, notamment début décembre 2007, du fait des prix historiquement élevés, suite à la production nettement plus faible de graines de tournesol dans les pays de l Est (Russie, Turquie et Ukraine) et en Europe [APPO, 2008]. 22

De juillet à début décembre 2008, les prix des oléagineux et des céréales ont fortement chuté. Ce déclin des prix s explique par l association de plusieurs facteurs [APPO, 2008]: - Augmentation des surfaces (+ 10.000.000 ha) des 10 principaux oléagineux suite aux prix élevés de 2007 ; - Meilleure récolte que prévue en colza et en tournesol grâce à des rendements records ; - Hausse des stocks de graines oléagineuses ; - Hausse de la production mondiale d huile de palme ; - Réduction de près de 75% du prix du pétrole par rapport aux pics de l été 2008, avec comme conséquence une réduction de la valeur des huiles végétales et des céréales ; - Crise économique depuis juillet 2008 ; - Forte vente des spéculateurs et des fonds ; - Raffermissement du dollar. Mais la chute du dollar amortit ou annule cette hausse, lorsque les prix s expriment en euro. Notons que cette année-là, la parité /$ a également fortement évolué. Selon OilWorld, les prix des graines oléagineuses et de leurs produits étaient à la hausse de janvier à juin 2008, mais les prix moyens ont atteint des niveaux nettement plus faibles que lors de la campagne précédente. L impact de l offre et la demande se reflète bien sur les prix des tourteaux [APPO, 2008]. En 2009, le soja reste toujours relativement cher par rapport aux trois autres sources oléagineuses. La hausse début d année s explique par la diminution de la production de soja en Amérique du Sud suite à une sécheresse [OilWorld n 20, 2009]. Déjà fin 2008 [OilWorld n 47, 2008], il y avait un haut risque que la production de soja soit plus faible que prévue en Argentine et Brésil à cause de conditions climatiques défavorables, d un manque d humidité au niveau du sol, du manque de crédit dans ces pays et de la réduction dans l application des engrais. Finalement, bien qu étant la source la plus riche en protéine, il est intéressant de trouver des alternatives à l emploi du soja. Pour savoir s il est intéressant ou non d incorporer du colza dans la ration pour vaches laitières, le rapport de prix colza/soja doit être favorable au colza. Il s agit de la notion de «prix de parité». Pour l évaluer, il faut considérer les règles de substitution (1,5 kg de tourteau de colza pour remplacer 1 kg de soja à 48%) mais également tous les avantages liés à l emploi du tourteau de colza (influence positive des acides gras sur la qualité, variation des taux butyreux et protéiques, ). Des études menées par l Institut de l Elevage et le CETIOM, en France, ont montré qu en production laitière, le tourteau de colza s avère intéressant quand son prix est inférieur à 80% de celui du tourteau de soja 48% [INSTITUT DE L ELEVAGE, PROLEA, 2007]. 23

Comme nous montre la figure 9, ces dernières années (de 2000 à 2007), le colza est souvent plus attractif que le soja au niveau prix. Figure 9 - La "parité" colza / soja [INSTITUT DE L'ELEVAGE, PROLEA, 2007] 3.3. VARIABILITÉ AU NIVEAU DE L ALIMENTATION DES VACHES LAITIÈRES SELON LES RÉGIONS AGRICOLES Avant de parler de variabilité alimentaire, un bref rappel concernant les régions agricoles s avère nécessaire. La Belgique, bien qu étant un petit état, présente des paysages fortement diversifiés. Ceux-ci sont déterminés par les caractéristiques pédoclimatiques, les types de sol et de culture présents. Finalement, notre pays compte 14 régions agricoles (annexe 1). L agriculture wallonne se caractérise par des productions de grandes cultures, des cultures fourragères et par des productions animales liées au sol. En 2007, la surface agricole utile (SAU) en Région Wallonne était de 747 840 hectares. Les prairies permanentes sont de loin les plus importantes couvertures du sol, occupant ainsi environ la moitié du territoire wallon, viennent ensuite les céréales avec 25% suivies des cultures fourragères et des cultures industrielles (betteraves sucrières et pommes de terre) [SPW, 2008]. En Wallonie, on constate que les superficies fourragères (prairies permanentes et cultures fourragères) couvrent principalement le territoire, sauf en région limoneuse. Si l on comptabilise le nombre d hectares de superficies fourragères, elles couvrent environ 430 000 hectares soit 51% de la SAU wallonne [INS, 2007]. Sous la catégorie «Cultures fourragères», on retrouve la betterave fourragère, le maïs fourrager, la prairie temporaire, les légumineuses, et d autres cultures destinées à 24

l alimentation animale. Le groupe «Divers» reprend toutes les cultures arables classiques (céréales, cultures industrielles, ) mais également les cultures horticoles [INS, 2007]. Par une lecture plus approfondie des graphiques (figures 10 & 11), on remarque que les régions à l est et au sud de le Belgique (Régions Herbagères, Haute Ardenne, Ardenne, Famenne et Région Jurassique) sont couvertes à plus de 70% de prairies permanentes. Figure 10 - Répartition de la SAU en fonction des régions agricoles wallonnes [Adapté de : INS, 2007] Figure 11 - Répartition de la SAU en fonction des régions agricoles (suite) [Adapté de : INS, 2007] 25

On peut donc en déduire que l alimentation dans ces contrées sera majoritairement à base d herbe. Par contre, pour les cultures fourragères, les superficies emblavées varient toutes entre 10 et 20% pour chacune des régions agricoles wallonnes à l exception de la Région Herbagère Liégeoise et la Haute Ardenne, où elles ne représentent, respectivement, que 9 et 3% de la SAU régionale. Si on analyse plus en détails ces cultures (figures 12 & 13), on voit que les éleveurs, de toutes les régions, plantent principalement du maïs et des prairies temporaires pour nourrir leur bétail. C est principalement le cas dans les régions, dites de grandes cultures. L alimentation du bétail, à ces endroits, est donc surtout composée de maïs. Concernant les autres cultures fourragères possibles, elles sont anecdotiques et représentent à peine 1 voire 2%. Ce sont donc des compléments au maïs ou à l herbe en fonction des régions. Figure 12 - Répartition des cultures fourragères de chaque région agricole wallonne [Adapté de : INS, 2007] 26

Figure 13 - Répartition des cultures fourragères de chaque région agricole wallonne (suite) [Adapté de : INS, 2007] La figure 14 montre que les exploitations spécialisées dans la production laitière se trouvent essentiellement en région herbagère et en Haute Ardenne. Cependant, bon nombre se retrouve également en région limoneuse, en Condroz et en Ardenne, qui sont des régions orientées plus vers les cultures agricoles. La Campine Hennuyère se défend encore relativement bien avec 75% de vaches laitières. Les exploitations de la région herbagère ont en moyenne plus de vaches laitières qu en région limoneuse (57 vaches/exploitation vs 34 vaches/exploitation) [SPW, 2008]. Finalement, en Région Wallonne, il y a une grande zone d exploitations spécialisées en lait : la Région Herbagère Liégeoise associée à la Haute Ardenne. La Campine Hennuyère, bien que possédant un bon pourcentage de vaches laitières sur son territoire n est pas pris en compte car elle n est qu un point dans la Wallonie. On recense deux bases alimentaires des vaches : d une part l herbe, surtout dans l Est du pays (Pays de Herve et Haute Ardenne) et d autre part le maïs, principalement dans les régions de grandes cultures (Régions Limoneuse et Sablo-limoneuse, Condroz, ). 27

Figure 14 - Importance des prairies permanentes dans la SAU et proportion des spéculations bovines dans chaque région agricole wallonne Carte (http://mrw.wallonie.be/dgatlp/dgatlp/pages/dgatlp/dwnld/wal_arrondissements.gif) adaptée à partir de [INS, 2007] 28

CHAPITRE 4 - AUTONOMIE ALIMENTAIRE 4.1. DÉFINITION La consommation alimentaire totale par les animaux, sur une exploitation, est la somme entre les aliments achetés et ceux autoproduits par la ferme (herbage, maïs ensilage, ) [PACCARD et al., 2003]. L autonomie alimentaire se définit comme la possibilité du système d élevage à produire la totalité des aliments nécessaires à l ensemble du troupeau, présent sur l exploitation, au cours d un cycle complet de production [BLANC et al., 2004]. En d autres termes, l autonomie alimentaire est le rapport entre la part des aliments produits sur l exploitation et la part des aliments réellement consommés [PACCARD et al., 2003]. L autonomie alimentaire mesure en fait le degré d indépendance vis-à-vis de l extérieur pour l alimentation des animaux, à l échelle de l exploitation ou d un territoire. Pour calculer l autonomie alimentaire d une exploitation, on utilise l équation suivante : dans laquelle P est la part d aliments produits ; C celle des aliments consommés ; A correspond à la fraction valorisée des aliments achetés [PACCARD et al., 2003]. Dans la pratique, il est plus facile de connaitre la consommation, estimée à partir des besoins (UFL et MAT système français ou VEM et DVE système hollandais) de l animal et des niveaux d ingestion (pour la M.S.), que d évaluer la proportion de fourrages, issus de l exploitation, valorisée par le bétail. Ceci est d autant plus vrai pour l herbe pâturée que pour les fourrages stockés, dont on connait approximativement la quantité et leur composition. Dans ce cas, l autonomie alimentaire se calcule selon :. De cette manière, l autonomie alimentaire correspond au complément de la dépendance (Achats / Consommation), connue par le rapport des aliments achetés (fourrages & concentrés) sur les aliments consommés [PACCARD et al., 2003]. L autonomie énergétique est déterminée par le rapport, alors que le même rapport en PDIE (ou DVE) détermine l autonomie azotée (protéique) [INSTITUT DE L ELEVAGE POITOU-CHARENTES, 2002]. 29

4.2. APERÇU DE LA SITUATION ACTUELLE Des sources françaises avancent qu actuellement, en moyenne : - L autonomie globale tourne autour de 85 90% ; - L autonomie en fourrages est supérieure à 99% ; - L autonomie en concentrés est faible (± 30%). Seuls 14% des éleveurs produisent plus de 75% des concentrés consommés et environ 30% achètent la totalité de leurs besoins en concentrés. Dans les exploitations spécialisées en lait, les systèmes en agriculture biologique ont des autonomies globales supérieures aux autres et sont plus autonomes en concentrés. Les systèmes herbagers et ceux utilisant peu de maïs sont plus autonomes en matières protéiques des concentrés que les systèmes utilisant beaucoup de maïs [PACCARD, 2003]. Le niveau d intensification (production par vache, chargement, concentré par vache, ) est un facteur déterminant pour l autonomie. L autonomie décroit avec le niveau de production. Les bilans azotés sont liés négativement à l autonomie protéique traduisant une logique de conduite où les achats d engrais vont de pair avec les achats d aliments. L ajustement de la contribution du maïs ensilage, et de manière générale une certaine désintensification, favoriseraient l amélioration de l autonomie alimentaire des élevages les plus intensifs [PACCARD, 2003]. Le système de production (agriculture bio, système herbager, système avec beaucoup de maïs, système herbe maïs, ) n a aucune influence sur l autonomie fourragère. Dans la majorité des situations, la plus grande partie des fourrages consommés par le troupeau est produite sur l exploitation. A l inverse, les concentrés sont pour la plupart achetés en quantité et composition variables selon la nature des fourrages produits, le niveau de production du troupeau et les possibilités de cultures sur l exploitation. Une bonne partie des entrées de concentrés correspond à des achats de protéines [PACCARD, 2003]. Souvent, l autonomie énergétique est plus élevée que l autonomie protéique. Quand on parle en termes de fourrages, les éleveurs sont autonomes à 82% pour l énergie et 71% pour les matières protéiques. Au niveau des concentrés, l autonomie est de 34% pour l énergie et seulement 20% pour les MAT [INSTITUT DE L ELEVAGE PAYS DE LA LOIRE, 2003]. En ce qui concerne les concentrés, la présence de protéagineux semble un élément important de l autonomie [PACCARD, 2003]. Finalement, pour mettre en œuvre une solution autonome, il est nécessaire de disposer d une surface suffisante. Le climat et la nature du sol sont des facteurs à prendre en considération lors du choix de solution (implantation d une culture et/ou rendement de production des prairies) ainsi que la capacité des bâtiments (stabulation, stockage, ). Améliorer l autonomie de son exploitation doit être une motivation, et non une obligation quelconque, 30

car pour y parvenir, il faut pouvoir maitriser une certaine technicité [INSTITUT DE L ELEVAGE, PAYS DE LA LOIRE, 2003] Enfin, par extension, l autonomie alimentaire peut être appréciée par rapport à un territoire, dont les limites dépassent celles de l exploitation pour atteindre celles de la région, voire celles du territoire national. 4.3. HISTORIQUE DE L AUTONOMIE ALIMENTAIRE L évolution au niveau de l alimentation des vaches laitières doit être considérée simultanément avec l évolution génétique des vaches, l amélioration des techniques d élevage et l agrandissement des élevages. Depuis 1930, les éleveurs ont pris conscience de l importance de la génétique des populations animales. Le développement des performances du cheptel laitier a eu lieu grâce au contrôle laitier, à l insémination artificielle, à l amélioration des techniques d élevage et à la connaissance des besoins quantitatifs et qualitatifs des vaches laitières. Grâce à tout cela, ainsi qu avec l introduction de la Holstein et l amélioration des fourrages, on est passé de vaches laitières produisant 2 000 à 3 000 litres en 1950 à une production moyenne de 7 000 litres avec quelques élevages à plus de 10 000 litres en 2010 [FANICA, 2008]. Pour obtenir de ses vaches la meilleure production laitière, l éleveur doit finalement se pencher sur son alimentation. Il a besoin de plus d aliments et des matières premières de meilleure qualité. Depuis 50 ans, il y a eu une évolution dans la composition de la ration des vaches laitières durant la période de stabulation. A l époque, les rations étaient exclusivement composées de fourrages grossiers (foin de prairie ou de luzerne, betteraves fourragères, choux, ) [BRANKAER, 1960]. Et l autonomie était importante! Puis, suite au constat que les aliments en cours de fermentation étaient appréciés par les animaux, l ensilage prend son envol. Un changement dans les mentalités d affouragement du troupeau laitier est alors observé avec l introduction du maïs. De fait, à cause du déséquilibre alimentaire du maïs, l éleveur doit apporter plus de protéines (soja). De plus, les vaches laitières ont acquis un tel niveau de productivité qu il est inimaginable de les nourrir uniquement à base de fourrages grossiers. Il faut leur donner de plus en plus de concentrés et de minéraux pour les maintenir leur productivité [FANICA, 2008]. On s écarte donc de l autonomie alimentaire. A l heure actuelle, avec la hausse du prix des matières premières, deux voire trois tendances se démarquent. D une part, on a des producteurs biologiques qui n intègrent pas de maïs dans leur ration et sont à la recherche de la meilleure autonomie alimentaire. Dans le même sens, des éleveurs laitiers, plus traditionnels, sont également soucieux de produire à un prix moindre et font donc attention à limiter leurs achats en concentrés. Cependant, à côté de ces modèles, il reste toujours des producteurs laitiers très intensifs, voulant faire produire un maximum de lait par leurs vaches et qui ne regardent pas à l achat. 31

4.4. AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS Au cours de sa réflexion sur l autonomie alimentaire, l éleveur pourrait se demander pour quelles raisons être autonome. Voici ici quelques clés qui pourraient le motiver à se lancer. En améliorant son autonomie alimentaire, l éleveur cherche à - Mieux maitriser et réduire les coûts de production (achats d aliments et de concentrés ; coût de transport) : des facteurs qui déterminent le revenu de l exploitation laitière. Parmi les charges, le poste «concentrés» est élevé et très variable. Faire des économies sur le poste «alimentation» lui permettrait d augmenter la rentabilité de son système [INSTITUT DE L ELEVAGE, FRANCHE-COMTE, 2007] ; - Améliorer la qualité et la traçabilité de leurs produits (production sans OGM), de l alimentation des animaux [PACCARD, 2003] ; - Diminuer leur dépendance vis-à-vis de facteurs extérieurs (notamment en ce qui concerne le soja) et par conséquent de la fluctuation des prix [PACCARD, 2003] ; - Assurer la pérennité de son activité en répondant aux exigences croissantes sur les modes de production [PACCARD, 2003] ; L autonomie alimentaire permet de réduire les importations de soja OGM, dans l espoir de mieux protéger la biodiversité et d arrêter de soutenir une agriculture exportatrice en Amérique du Sud. Ce modèle agricole non durable, contribue, dans ces pays, à l érosion et à l épuisement des sols, va à l encontre de la souveraineté alimentaire, avec des conditions de travail et de salaires désastreuses pour les paysans [INSTITUT DE L ELEVAGE, FRANCHE- COMTE, 2007]. Les bilans énergétiques des fermes autonomes, notamment en protéines montrent que ces systèmes mettent en jeu une dépense énergétique moindre et donc larguent moins de gaz à effet de serre dans l atmosphère [INSTITUT DE L ELEVAGE, FRANCHE-COMTE, 2007]. Finalement, l autonomie serait une piste à envisager pour rester compétitif! Parallèlement, accroitre l autonomie alimentaire de son système d élevage entraine quelques inconvénients [FNCIVAM, 2009], notamment - Contrainte sur la nature des aliments disponibles à des coûts raisonnables ; - Offre d un marché moins importante pour les firmes d aliments, d intrants aux cultures, - Nécessité d une plus grande technicité de la part de l éleveur ; - Baisse de production par vache. 32

CHAPITRE 5 PISTES D AMÉLIORATION DE L AUTONOMIE ALIMENTAIRE Certains éleveurs s interrogent sur la manière dont ils peuvent améliorer leur autonomie alimentaire. Avant d entamer une démarche vers plus d autonomie, un diagnostic individuel d exploitation, pour voir où se situe l exploitation, doit être réalisé. Souvent, les exploitations : - Ont une faible autonomie en concentrés ; - Présentent une fragilité de l autonomie fourragère devant les variations climatiques ; - Valorisent mal les ressources pastorales ; - Pour certaines, sont restreintes quant à la surface disponible. L amélioration de l autonomie alimentaire [BLANC et al., 2004] peut être approchée par - La limitation des intrants ; - L action sur les performances animales dans un contexte de sous-alimentation / ré alimentation ; - L ajustement du cycle de production des animaux à celui des ressources fourragères disponibles sur l exploitation au fil de l année : idéalement, il faut faire correspondre, dans la mesure du possible et de manière optimale, les besoins alimentaires du troupeau avec ce que permet le pâturage ; - Une meilleure valorisation de l herbe ; - L amélioration de la qualité et l augmentation de la quantité des fourrages et concentrés produits sur l exploitation permettant ainsi d alimenter les vaches avec les produits du terroir. Aller vers plus d autonomie doit se faire par étapes. En effet, certaines pratiques sont plus favorables que d autres et une chronologie des étapes s impose donc d elle-même! Il faut en premier lieu essayer de produire plus de fourrages de bonne qualité en vue de diminuer l emploi de concentrés. Ensuite, il faut envisager la production de céréales et de protéagineux afin de pouvoir affiner son autonomie alimentaire [INSTITUT DE L ELEVAGE POITOU- CHARENTES, 2002]. 33

5.1. AUTONOMIE EN FOURRAGES Si l autonomie fourragère n est pas suffisante, il est possible de l améliorer en produisant des fourrages de qualité et en quantité suffisante pour le cheptel. Les fourrages apportent soit de l énergie (ensilage de céréales immatures, betterave fourragère) soit des protéines (herbe, ) ou encore les deux. 5.1.1. AUTONOMIE FOURRAGÈRE EN PROTÉINES Pour accroitre l autonomie fourragère azotée (protéique) des exploitations, plusieurs solutions peuvent être envisagées [CAPITAIN, 2004] : - Maximiser le pâturage. - Réduction du maïs au profit d une prairie de graminées ensilée et fanée : Ray-grass, mélange temporaire avec du trèfle blanc. - Réduction de la part de maïs au profit d une prairie de luzerne ensilée et fanée. 5.1.1.1. Le pâturage Il est conseillé, en premier lieu, de se pencher sur le système herbager. En effet, dans certaines régions de la Wallonie, l herbe couvre plus de 60% des besoins du cheptel, il est donc primordial que l éleveur ait la meilleure gestion possible de l herbe pour limiter ainsi sa dépendance aux achats extérieurs. Pour améliorer la gestion de l herbe, il faut prévoir les pâturages et les fauches à mettre en œuvre au cours l année et satisfaire son bilan fourrager. Par la connaissance des lots d animaux, de leurs effectifs et du nombre de parcelles sur l exploitation, avec leur taille, l éleveur peut attribuer certaines parcelles au pâturage et d autres à la fauche. En travaillant de la sorte, une partie des besoins des animaux sera satisfaite durant la période de mise à l herbe et il est possible d estimer les quantités de fourrages à conserver pour l hiver afin de couvrir les besoins du cheptel jusqu à la récolte suivante. En pratique, ces techniques ne sont pas faciles à mettre en œuvre, car les conditions climatiques peuvent induire d énormes variations de la production d herbe conduisant à une adaptation de la part de l éleveur. En effet, en cas de forte pousse, il peut être amené à faucher des parcelles initialement attribuées à la pâture et inversement en cas de sécheresse [INSTITUT de L ELEVAGE, 2004]. Afin d être efficace et d améliorer son autonomie fourragère, l éleveur doit optimiser sa surface en herbe, à la fois la surface pâturée et la surface fauchée. Le développement et la valorisation des surfaces en herbe est un enjeu important pour améliorer l autonomie fourragère des exploitations agricoles. Il faut faciliter l accès aux prairies, favoriser la production, le stockage et la distribution d aliments fermiers ; améliorer la conservation et la qualité des fourrages. 34

L objectif du pâturage est de consommer le plus possible d herbe de la meilleure qualité, en plus d être une solution d autonomie la moins onéreuse. En système autonome, la réduction des coûts passe par l allongement maximum de la période de pâturage et le raccourcissement du régime hivernal (consommation sous forme d ensilage, foin). De plus, avec le pâturage, si l éleveur exploite bien ses prairies, il peut faire que la ration de base ait une bonne valeur et ainsi se passer d une partie de concentré protéique, et notamment de soja, car l herbe apporte une quantité non négligeable d azote. Plus la part d herbe pâturée augmente dans la ration, meilleure est l autonomie et si l herbe est de bonne qualité, cela permet de réduire les quantités de correcteurs. Voici quelques règles permettant d offrir constamment aux vaches une herbe jeune et de qualité [CIVAM, 2008] : - La pousse de l herbe évolue au fil des saisons, adapter le pâturage pour permettre aux animaux de disposer d une quantité d herbe constante en cours d année. - Pâturer une herbe à 15 20 cm afin d éviter les refus au printemps pour limiter le gaspillage (fauche des refus) et conserver une herbe pâturée de qualité et diminuer ainsi l apport de concentrés complémentaires. - La fréquence de retour sur la parcelle par le bétail est fonction de la flore présente. - Faire sortir le bétail de la parcelle à 5 7 cm. L ensilage d herbe n est pas aussi efficace que le pâturage au niveau autonomie. L herbe ensilée perd de sa valeur en cours de conservation et l efficacité est d autant moindre que le stade de récolte n est pas optimum [INSTITUT DE L ELEVAGE, POITOU-CHARENTES, 2004]. 5.1.1.2. La prairie temporaire Si la surface présente sur l exploitation est suffisante, la seconde solution à envisager pour augmenter l autonomie alimentaire fourragère est l implantation de prairie temporaire. Cette technique se fait déjà dans certaines régions mais souvent on sème une seule espèce. L idée est de présenter ici une méthode française, dite «méthode Pochon», en référence à cet agriculteur qui a initié le mouvement, qui consiste à introduire dans sa rotation une prairie temporaire à base de trèfle blanc [POCHON, 2002]. Par définition, les prairies temporaires sont inclues dans une rotation, comprenant généralement des céréales. Ces prairies sont un outil pour une meilleure valorisation de l herbe, en pâturage ou en fauche, et permettent donc de réduire les besoins en surface. De plus, le système fourrager est sécurisé car l éleveur peut choisir des espèces et variétés adaptées aux sols et conditions climatiques de sa région. Cela lui permet de produire et de constituer des stocks de qualité pour l hiver. Chaque espèce fourragère (graminée ou légumineuse) apporte ses caractéristiques en énergie et protéine. L association de graminées et de légumineuses assure une valeur alimentaire supérieure à une prairie classique. 35

Finalement, bien conduite, la prairie temporaire à base de trèfle blanc est un moyen pour augmenter la quantité et la qualité des fourrages produits sur l exploitation et donc l autonomie [POCHON, 2002]. 5.1.1.3. La luzerne La luzerne est une culture associée à l autonomie alimentaire en raison de sa forte production de protéines par hectare, notamment grâce à la fixation atmosphérique de l azote par les rhizobiums. Elle permet également une économie importante en énergie par la diminution de la fertilisation azotée. La luzerne constitue un fourrage intéressant pour les vaches laitières, riche en protéines, en fibres (cellulose) et en minéraux, très complémentaire du maïs ensilage [KNODEN, 2009]. Les feuilles de luzerne sont plus riches en nutriments et en protéines que les tiges. Vouloir augmenter la production de matière sèche n est pas un objectif car plus le rapport feuille/tige diminue, plus la valeur alimentaire chute et moins la luzerne est digestible. De plus, les fibres peu digestibles peuvent limiter le potentiel de production laitière mais la luzerne peut apporter de la structure à la ration [KNODEN, 2009]. La luzerne peut être distribuée sous forme d ensilage ou de foin aux vaches laitières. 5.1.2. AUTONOMIE FOURRAGÈRE EN ÉNERGIE 5.1.2.1. Le remplacement du maïs par un ensilage de céréales immatures Certains ouvrages estiment qu il faut réduire la part du maïs ensilage dans la superficie fourragère. Bien que le maïs soit associé à une plus grande productivité, lorsque sa part dans la ration et le niveau de production augmentent, l autonomie s en trouve diminuée, aussi bien en termes d énergie qu en azote [WALLONIE ELEVAGE, 2010]. De plus, en Wallonie, il n est pas rentable de cultiver du maïs ensilage dans toutes les régions agricoles. Une alternative serait l ensilage de céréales immatures. C est donc une autre source d énergie possible en région herbagère, avec un rendement assez constant. L intérêt pour le producteur réside dans la réduction des complémentations énergétiques mais également à une limitation des frais d alimentation de son cheptel car les céréales immatures ont un avantage en termes de coût par rapport au maïs et il est possible de les cultiver en zone froide [FROIDMONT, 2004]. Autorisant plus d autonomie fourragère, l ensilage de céréales immatures facilite la traçabilité des productions animales [STILMANT et al., 2005]. Les céréales immatures sont également intéressantes pour ne pas acheter de concentrés énergétiques. 36

Un essai, réalisé au CRA-W Département Productions et Nutrition, [FROIDMONT, 2004] a montré que l ensilage de céréale immature est une source énergétique susceptible de remplacer l ensilage de maïs chez la vache laitière en milieu de lactation. Qu en est-il au niveau du prix de revient? Le prix de revient de l ensilage de céréales immatures est calculé pour une production de 10T MS/ha à 900 VEM/kg MS et celui de l ensilage de maïs pour une production de 12 T MS/ha à 900 VEM/kg MS. Ensilage de céréales Ensilage de maïs immatures Charges opérationnelles (semences, produits 150 245 phyto, engrais, ) ( /ha) Charges liées aux opérations culturales 169 154 (labour, semis, traitement, ) ( /ha) Coût de récolte ( /ha) Ensilage Transport + Tassement + Bâche 275 160 115 250 135 115 TOTAL ( /ha) 594 649 Prix de revient du kg MS ( ) 0,06 0,05 Prix de revient du kvem ( ) 0,07 0,06 Tableau 2 - Comparaison du coût de production ( /ha) de l'ensilage de céréales immatures avec celui de l'ensilage de maïs [STILMANT et al., 2005] Avec les hypothèses initiales, le coût de production de l ensilage de céréales revient à 60 /T MS, ce qui est un peu plus élevé que celui du maïs (54 /T MS). Sur base de l énergie (tableau 2), l ensilage de céréales immatures coûte un peu plus cher que celui du maïs. Ces prix sont donnés à titre indicatif mais peuvent varier en fonction de l entrepreneur, de la superficie à récolter, des rendements, Globalement, on peut dire que dans les régions où le maïs a un rendement supérieur à 12 tonnes de MS, l ensilage de céréales immatures aura du mal à s imposer. Ailleurs, la culture peut s envisager. Finalement, dans les régions ne permettant pas l obtention de bons rendements en maïs, la céréale immature représente une sécurité fourragère. En effet, l ensilage de céréales immatures assure toujours un rendement correct et une qualité constante, une fois que l éleveur a déterminé la hauteur de coupe idéale. Cela permet également d accroitre l autonomie alimentaire du troupeau. Cet ensilage apporte aussi bien de la structure que de l énergie dans la ration des vaches laitières et avec l association de pois fourrager, c est une source protéique non négligeable. 37

5.1.2.2. La betterave fourragère Une autre idée pour améliorer l autonomie fourragère et principalement en énergie est la betterave fourragère. Celle-ci est considérée comme un aliment frais, énergétique et appétant en période hivernale. Elle a un effet positif sur les taux butyrique et protéique du lait. La betterave améliore l ingestion totale de la matière sèche par la vache. On conseille d éviter d apporter plus de 0,5 kg de saccharose par jour sous peine d effet négatif sur la production laitière et des risques d acidose. Elle peut également hausser le taux d urée dans le lait. Un autre inconvénient est sa teneur élevée en potassium, dont tout excès durant le tarissement entraine des risques de fièvre vitulaire, de déplacement de caillette et de mammites. Ses avantages par rapport au maïs sont que dans les régions plus froides, où le maïs perd son potentiel de rendement, la betterave fourragère constitue une alternative intéressante avec son rendement élevé en matière sèche quelles que soient les conditions pédoclimatiques [SILLON BELGE, 26/02/2010]. En termes de prix de revient à l hectare, cette culture reste un peu plus chère que celle du maïs (tableau 3). On considère, dans ce cas-ci, un rendement de 17 T MS/ha en betterave à 1 130 VEM et un rendement de 15 T MS/ha en maïs à 980 VEM. On voit donc qu au niveau énergétique, la betterave est un aliment moins onéreux que le maïs car il y a plus de VEM à valoriser à l hectare. Mais à prix de revient identique, le choix d une culture par rapport à l autre sera fonction de la phytotechnie, de la distribution et du type de ration. Betterave fourragère Maïs ensilage Semences 130 /ha 150 /ha Semis (entreprise) 45 /ha 50 /ha Engrais minéral 200 /ha 220 /ha Pulvérisation (entreprise) 15 /ha x 3 = 45 /ha 15 /ha Produit phyto 150 /ha 100 /ha Récolte 250 /ha 255 /ha Décrottage 100 /ha / TOTAL 920 /ha 790 /ha Coût / T MS ± 54 ± 53 Coût / kvem 0,048 0,054 Tableau 3 - Comparaison du coût de production de la betterave fourragère à celui du maïs. Adaptation de : [SILLON BELGE, 26/02/2010] et [FOUCART, CIPF, communication personnelle]. 38

5.2. AUTONOMIE EN CONCENTRÉS 5.2.1. EVITER LE GASPILLAGE Le premier aspect pour améliorer son autonomie en concentrés est de limiter au maximum le gaspillage! Souvent, les éleveurs oublient que réduire la quantité de concentrés distribués permet de gagner des points en autonomie. Chasser le gaspillage ne demande pas plus de travail ni d investissement. Des études ont montré que donner plus de 200g de concentrés par litre de lait produit s avère inutile car n augmente pas pour autant la production par jour. [INSTITUT DE L ELEVAGE POITOU-CHARENTES, 2004]. Dans la pratique, pour limiter le gaspillage, l éleveur doit : - Respecter l OEB. Idéalement, il doit être nul ; - Utiliser la teneur en urée dans le lait, qui reflète l équilibre de la ration, comme indicateur des rejets d azote. Le taux normal d urée dans le lait est de 200 300 mg/l. Si la ration entraine un taux uréique supérieur à la normale, alors le rejet d azote s accentue et l éleveur «jette son argent par la fenêtre» car ce qu il donne n est pas employé par les vaches [FOCANT, 2009 2010]. La réduction de concentrés, motivée par la réduction des coûts sans pénaliser le produit, est possible en [CAPITAIN et al., 2004] - Valorisant au maximum le pâturage, avec, comme vu plus haut, une mise à l herbe précoce, dans un herbe jeune ; - Recherchant le maximum de qualité pour les fourrages conservés, ce qui permet d augmenter le niveau de la ration de base et de diminuer la demande en concentrés ; - «Plafonnant» la distribution journalière de concentrés à une quantité maximum quel que soit le stade de lactation. - Acceptant, voire recherchant, l écrêtement du pic de lactation. 5.2.2. AUTONOMIE PROTÉIQUE L autonomie protéique en concentrés sur une exploitation peut s envisager par [CAPITAIN, 2004] : - Culture de protéagineux - Remplacement du tourteau de soja par du lupin produit : le lupin comme correcteur azoté de la ration de base apporte également une source azotée dans le tourteau de production. - Remplacement du tourteau de soja par du tourteau de colza : substitution du tourteau de soja (1 kg) par 1,5 kg de tourteau de colza, comme correcteur azoté et concentré de production. 39

5.2.2.1. Autoconsommation de protéagineux Il est possible d améliorer son autonomie en concentré par la production fermière de protéagineux, dans des régions initialement céréalières. C est une alternative favorable à l utilisation du tourteau de soja et l autoconsommation de grains protéagineux produits sur l exploitation contribue à la réduction du coût de production du lait [INSTITUT DE L ELEVAGE MAINE-ET_LOIRE, 2004]. En Belgique, il est possible de produire les protéagineux suivants : les pois d hiver et de printemps, les féveroles d hiver et de printemps et le lupin doux (lupin blanc, lupin jaune et lupin bleu). Tous les protéagineux doivent être broyés ou aplatis voire extrudés avant d être distribués aux bovins. Bien que les protéagineux soient moins riches en protéines que le tourteau de soja (tableau 4), ils sont facilement employables dans des rations à concentration protéique modérée et cela permet la maitrise des rejets azotés. La substitution du soja ne pose donc aucun problème au niveau alimentaire, mais on ne remplace pas 1 kg de soja par 1 kg de protéagineux. Notons que dans une ration pour vache laitière, le remplacement du tourteau de soja par des protéagineux fermiers est possible jusqu à une production de 7 000 kg/vache. Au-delà, la substitution ne peut être que partielle sous peine de dégrader les performances laitières [INSTITUT DE L ELEVAGE MAINE-ET_LOIRE, 2004]. Tourteau de soja Lupin Pois Féverole Matière sèche (%) 88 87 86 87 Matières azotées totales (% MS) 48,2 36,0 23,7 29,0 Matières grasses (% MS) 1,3 9,8 1,3 1,9 Amidon (% MS) 3,9 1,9 50,5 44,2 VEM (% MS) 1219 1320 1214 1053 DVE (% MS) 252 134 118 106 OEB (% MS) +187 +137 +94 +138 Tableau 4 - Comparaison de la composition chimique de différents protéagineux à celle du soja [FROIDMONT, CRA-W, communication personnelle] Des essais, sur des rations à base d ensilage de maïs, ont montré que les protéagineux permettent au moins d avoir les mêmes performances (taux butyreux, production laitière, ) qu avec du tourteau de soja [INSTITUT DE L ELEVAGE MAINE-ET_LOIRE, 2004]. Même si les protéagineux présentent des avantages comme l amélioration de l autonomie alimentaire, une meilleure traçabilité des produits et une plus-value agronomique, leur intérêt économique est limité par la variabilité des rendements, forts dépendants des conditions climatiques. Cependant, dans de bonnes conditions, on peut espérer des rendements de 3 à 4T/ha. De plus, la maitrise des ravageurs et des adventices en culture de protéagineux est assez complexe, vu le nombre restreint de produits phytosanitaires agréés [INSTITUT DE L ELEVAGE MAINE-ET_LOIRE, 2004]. 40

Un second inconvénient est qu actuellement, c est toujours une culture qui coûte cher à l agriculteur et si le soja diminue, c est une option qui économiquement est défavorable [INSTITUT DE L ELEVAGE POITOU-CHARENTES, 2004]. Le tableau 4 montre que le lupin est un aliment apportant, pour le bétail laitier, suffisamment d énergie, stockée sous forme de matière grasse, contrairement au pois et à la féverole, riches en amidon et en sucres. Les pois d hiver ou de printemps, tout comme les féveroles d hiver et de printemps, sont valorisables dans les élevages de ruminants, comme sources de protéines et d amidon. La paille de pois, peut être récupérée comme aliment grossier pour le bétail qui appréciée fort celle-ci. Sa valeur alimentaire est comprise entre celle de la paille et du foin [CARTRYSSE, 2009]. Le lupin est une source de protéines non négligeable. En effet, avec un rendement de 4T/ha/an à 340g MAT/kg de graine, le lupin équivaut à 3,1 T de tourteau de soja 44. Au niveau qualitatif, le lupin est riche en acides gras polyinsaturés (notamment de type oméga 3) qui ont une influence bénéfique sur la santé animale et humaine. Les variétés cultivées sont indemnes de facteurs antinutritionnels et donc dépourvues d alcaloïdes. Le lupin est moins concentré en acides aminées essentiels, il apporte moins de protéines digestibles (DVE) que le soja et ses protéines sont rapidement dégradées dans le rumen. Les nutritionnistes estiment que le lupin équivaut à la somme du tourteau de soja et de l urée [BECKERS, 2009]. Dans une ration pour vaches laitières, le rôle du lupin consiste à couvrir les besoins en protéines. Il s associe à des aliments pauvres en matière azotée totale et en matière azotée totale dégradable (OEB) et/ou à des aliments riches en matière organique fermentescible comme les céréales de manière à limiter «son effet urée». Il est bien valorisé sur une base fourragère (maïs plante entière, pulpes surpressées, foin et préfané) alors que les produits jeunes de la prairie ne conviennent pas. Le lupin peut être apporté chez les ruminants sous forme extrudée ou aplatie. Le degré optimum d aplatissage est de 4,2 mm, voire un peu endessous. A la ferme, le pourcentage maximal d intégration de lupin dans les rations est de 30% pour les vaches laitières [FROIDMONT et al., 2007]. 41

5.2.3. AUTONOMIE EN ÉNERGIE Le problème de l autonomie alimentaire sur une exploitation est également une question d énergie. Il faut savoir que pour fabriquer du lait, la vache a besoin de beaucoup d énergie (2,5 kg de glucose pour 30 litres de lait). Le glucose, et donc l énergie, provient de la transformation par le foie de l acide propionique issu de la fermentation dans le rumen. Or tous les aliments cultivés sur une ferme ne produisent pas suffisamment d acide propionique. Les principales sources énergétiques de glucose sont l amidon (céréales, pois, féveroles, ), les pectines (betteraves, ) et les sucres (herbe jeune, Ray-Grass principalement) [JAMAR, 2010]. 5.2.3.1. Autoconsommation de céréales La culture sera envisageable chez des céréaliers et non dans les régions telles que la Haute Ardenne ou la Région Herbagère Liégeoise. Toutes les céréales peuvent être incorporées dans la ration des vaches laitières. Certaines céréales (froment, escourgeon, avoine) demandent à être aplaties alors que d autres, comme l épeautre, peuvent être données entières. Dans les élevages où on utilise les céréales de l exploitation, il est possible, dans la plupart des cas, de limiter voire d éviter les achats de concentrés énergétiques du commerce et ainsi améliorer l autonomie en énergie. Actuellement, avec le faible prix donné aux céréales, il serait économiquement intéressant de réaliser cette opération [INSTITUT DE L ELEVAGE POITOU-CHARENTES, 2004]. Cependant, cette pratique présente l inconvénient de demander des investissements pour le stockage et la transformation (broyage ou aplatissage) des céréales, également du temps pour ces opérations mais souvent économiquement, les éleveurs disent que c est payant! [INSTITUT DE L ELEVAGE POITOU-CHARENTES, 2004] Pour combler un déficit énergétique de la ration de base, améliorer son autonomie, l éleveur pourrait remplacer par une céréale (aliment fermier) son concentré acheté (pulpes sèches). Mais est-ce intéressant économiquement? MS (g/kg) VEM (g/kg) DVE (g/kg) OEB (g/kg) MAD (g/kg) Valeur alimentaire ( /Tonne) Froment 865 1068 94-17 97 288,74 Avoine 865 900 59 5 85 248,77 Orge 865 986 83-24 80 265,93 Epeautre 865 870 57 5 86 240,50 Pulpes sèches 900 925 98-62 50 241,25 Tableau 5 - Valeur alimentaire des céréales et des pulpes sèches [FABRY, 2007] 42

Pour chaque aliment, on compare sa valeur alimentaire (tableau 5) à son prix d achat. Si la différence est positive, la valeur alimentaire est supérieure au prix commercial, alors le produit est intéressant. A l inverse, le produit est nettement moins intéressant quand le prix est supérieur à la valeur alimentaire. Dans la pratique, on calcule la différence entre la valeur alimentaire et le prix d achat pour 1 tonne VEM (TVEM) via l équation suivante : [FABRY, 2007] Comparons le froment et l orge à la pulpe sèche (avec les prix d achat du 06 janvier 2010) : - Froment : (prix du marché) o Par Tonne : 288,74-104,50 = 184,24 o Par 1 TVEM : - Froment : (coût de production) o Par Tonne : 288,74-90,64 = 198,10 o Par 1 TVEM : - Orge : (prix du marché) o Par Tonne : 265,93-85 = 180,93 o Par 1 TVEM : - Orge : (coût de production) o Par Tonne : 265,93-85,06 = 180,88 o Par 1 TVEM : - Pulpe sèche : o Par Tonne : 241,25-119,00 = 122,25 o Par 1 TVEM : Remarque : pour les deux céréales (orge et froment), l explication du calcul du coût de production se trouve en annexe 2. A ces prix, on voit que l un et l autre sont intéressants mais globalement, les céréales sont mieux que la pulpe sèche (environ 180 /TVEM contre environ 130 /TVEM). Et pour le producteur qui cultive lui-même sa céréale pour son bétail, c est d autant plus avantageux car il sait que ses coûts de production sont relativement constants. 43

5.3. CONCLUSION Certains ouvrages français considèrent qu il y a trois solutions d autonomie. La première est un système «Tout herbe» dans lequel on essaie de faire pâturer un maximum les vaches et où les stocks réalisés à partir de la fauche d herbe sont faibles. Ces exploitations ont une autonomie globale élevée, valorisent au mieux l herbe et utilisent des quantités très faibles de concentrés. Cependant, en alimentant les vaches de la sorte, la production laitière est parfois insuffisante pour atteindre le quota (moins de 5 000 litres / an), il faut une bonne gestion de la pâture et suffisamment d hectare pour mettre en place cette méthode. Une seconde solution se base sur l herbe, un peu de maïs mais avec l incorporation de céréales autoconsommées. Dans ces exploitations, on améliore l autonomie fourragère et énergétique par l introduction de cultures annuelles de maïs ensilage et de céréales à paille dans l assolement. La culture du maïs vise à garantir un approvisionnement correct en fourrages pour la production hivernale. Les céréales sont utilisées pour soutenir les rations d été pour combler le déficit en énergie durant cette période. Le maïs ensilage ne dépasse pas 10% de la surface fourragère et la quantité de concentré est inférieure à 800 kg/ugb. Les concentrés sont des céréales autoconsommées. La dernière possibilité d amélioration de l autonomie est un système «Herbe pâturée, peu de maïs, mais des céréales et des protéagineux». Dans ces systèmes, pour maximiser l autonomie avec des rations à base de maïs ensilage, on introduit de lupin, du pois ou de la féverole dans l assolement. Ce système herbe, maïs, céréales et protéagineux est globalement plus complexe à mettre en œuvre mais il permet d obtenir un niveau d autonomie élevé avec des productions par vache laitière correctes. Il n est pas envisageable dans toutes les régions pour des questions pédoclimatiques. Dans ce cas-ci, l autonomie alimentaire est envisageable sur une SAU plus réduite [INSTITUT DE L ELEVAGE PAYS DE LA LOIRE, 2003]. 44

DEUXIÈME PARTIE : ASPECT EXPÉRIMENTAL

CHAPITRE 1 MATÉRIEL & MÉTHODE 1.1. INTRODUCTION Ce travail de fin d études s inscrit dans le cadre d un projet intitulé «DURALAIT : Quels modes de production et de gestion pour une exploitation laitière durable?». Celui-ci est mené par le département «Productions et nutrition animales» du Centre wallon de Recherches Agronomiques (CRA-W) de Gembloux. Il a démarré début d année 2010 pour une durée d un an. Le projet a été mis en place suite à la crise que le secteur laitier subissait l année précédente où environ 20% des éleveurs se disaient prêts à cesser de traire si la situation ne s améliorait pas. Le projet veut faire une analyse détaillée (économique, sociale et zootechnique) de la spéculation laitière en classant les exploitations selon leur mode de gestion. L objectif ultime est de formuler des pistes concrètes aux éleveurs laitiers leur permettant d améliorer leur durabilité. 1.2. OBJECTIFS RECHERCHÉS L idée initiale du travail était de comparer l autonomie alimentaire et le coût de l alimentation de trois systèmes de production au niveau spéculation laitière : - Système «zéro-grazing» qui sous-entend un système où les vaches laitières sont constamment à l intérieur ou ont éventuellement un accès à un parcours extérieur très restreint, ne leur permettant pas de s alimenter ; - Système «herbe» dans lequel sont classées les exploitations distribuant une grande proportion d herbe et pour lesquelles le pâturage est important ; - Système «maïs» qui regroupe les élevages n entrant pas dans les catégories précédentes. Dans ce cas, la proportion de maïs, ou d autres aliments énergétiques (pulpes, drèches) est plus importante que la part d herbe dans la ration. Ce groupe n exclut pas un éventuel pâturage estival. Les objectifs ultimes du travail sont : - Voir l existence ou non de différences d autonomie en fonction des systèmes de production ; - Mettre en évidence le coût de l alimentation des vaches laitières en fonction des trois modes de production sélectionnés - Vérifier si être autonome veut dire être économe ; 45

1.3. SÉLECTION DES EXPLOITATIONS La première étape du travail est la réalisation d une enquête auprès des agriculteurs et une sélection d exploitations s impose donc. Les fermes questionnées initialement sont celles s inscrivant dans le projet «DURALAIT», qui ne s intéresse qu aux exploitations spécialisées en lait. Les exploitations visitées, depuis le début de cette année, étaient localisées en région herbagère liégeoise et bon nombre entrait soit dans la catégorie «zérograzing» soit «herbe». Afin de compléter la catégorie «maïs», nous avons élargi la plage de sélection et avons inclus, dans la liste, les exploitations mixtes lait & cultures. Le choix des fermes s est fait dans une liste fournie par le CRA-W. Les exploitations retenues se situaient principalement dans la Botte du Hainaut (allant de Thuin à Chimay et Philippeville). De toutes les fermes visitées, seules les données de seize exploitations ont été traitées suite à plusieurs facteurs. : - Certains exploitants n étaient pas assez précis dans leurs explications et aucun résultat n a pu être tiré ; - Certaines fermes élevaient du bétail viandeux et ont donc été écartées car il était impossible de séparer la partie alimentaire allant au troupeau laitier ; - D autres encore avaient un mode de production n entrant pas dans les catégories présélectionnées. 1.4. QUESTIONNAIRE Le questionnaire (annexe 3) se déroule en 3 parties : - Description générale de l exploitation ; - Composition des rations hivernale et estivale de chacun des lots d animaux ; - Récolte de données permettant une estimation du coût de production des aliments produits sur l exploitation. La partie descriptive a pour rôle de connaitre dans les grandes lignes l exploitation visitée. Il s agit de l importance de la superficie cultivée, du cheptel, et quelques informations se rapportant plus à l atelier lait. Le second point de l enquête s attarde sur les rations distribuées à tous les bovins avec les nuances entre les périodes hivernale et estivale. La connaissance de ces données permettra le calcul de l autonomie alimentaire. Enfin, se pencher sur le coût de production des aliments produits sur l exploitation s avère nécessaire pour déterminer l aspect plus économique du travail. Lors de l enquête, on différencie les activités réalisées par l agriculteur et celles pour lesquelles il fait appel à l entreprise. 46

1.5. CALCUL DU COÛT D ALIMENTATION POUR 100 LITRES DE LAIT L objectif de ce calcul est de déterminer le coût de production du lait sur base de l alimentation. 1.5.1. DÉTERMINATION DE LA RATION ET DES QUANTITÉS DISTRIBUÉES Grâce au questionnaire, la composition et les quantités distribuées, par vache et par jour, pour les rations des périodes hivernale et estivale sont connues. La durée de chacune des deux périodes est également demandée à l agriculteur. L étape suivante consiste à déterminer le nombre de vaches laitières en lactation recevant la ration. Pour ce faire, certaines hypothèses sont émises : - Le nombre de vêlage correspond au nombre de vaches laitières présentes sur l exploitation ; - Le tarissement est de 2 mois. En fonction de la répartition des vêlages (toute l année ou groupement sur quelques mois), le nombre de vêlage par mois est connu par la relation suivante :. Par mois, le nombre de vaches présentes dans l étable correspond au nombre total de vaches auquel est soustrait le nombre de vaches en tarissement. Finalement, par période (été ou hiver), une moyenne du nombre de vaches présentes est réalisée sur les mois «été» et sur les mois «hiver». Les quantités d aliments (exprimées en kg) pour chacune des périodes correspondent au produit de 3 termes : - Quantité / Vache laitière (en kg/vl par jour) ; - Durée de la période (en jours) ; - Nombre de vaches laitières. 1.5.2. DÉTERMINATION DU COÛT DE LA RATION HIVERNALE La méthodologie appliquée est différente selon qu il s agisse d aliments achetés ou ceux provenant de l exploitation. 1.5.2.1. Les aliments achetés Le prix de ces aliments est celui qui se trouve sur les factures du producteur laitier. 47

1.5.2.2. Les aliments provenant de l exploitation Une estimation des coûts engendrés par la production a été réalisée. Pour déterminer ce prix de revient, plusieurs éléments ont du être chiffrés : - Les frais liés aux intrants (semence, engrais, phyto, ). Les prix retenus sont ceux retrouvés sur les factures de l éleveur. - Les frais de mécanisation. Ceux-ci peuvent varier en fonction du type de production mais il s agit entre autre des frais de labour, travail du sol, du semis, des épandages (engrais, fumier, lisier, ), de pulvérisation, de récolte (fauche, andainage, ensilage, transport, ) et de tassage de silo. Lorsque le producteur fait appel à l entrepreneur, le prix est celui qui correspond à la facture. Quand l activité est effectuée par l agriculteur, les frais de mécanisation sont estimés selon le logiciel «MECACOST» mis au point par le CRA-W, Unité Machines et infrastructures agricoles (principe de cet outil expliqué en annexe 4). - Les frais de fermage. Il s agit du prix payé par l agriculteur quand celui-ci loue les parcelles. Par contre, lorsque le producteur est propriétaire des terrains, le principe du coût d opportunité est utilisé. Dans ce cas, on impute un fermage équivalent au fermage moyen appliqué dans la région. Ces trois frais (intrants, mécanisation et fermage) sont d abord calculés en euro / hectare, puis sont sommés et multipliés par le nombre d hectare implanté. - Les frais de stockage. Ce sont exclusivement les dépenses liées aux bâches de couverture des silos (ensilage de maïs, herbe) lorsque l agriculteur réalise un silo. Pour ramener ces différents coûts par hectare en coût par kilogramme, une estimation de rendement pour chaque culture est faite en fonction de la région (annexe 5). 1.5.2.3. Coût total Les frais alimentaires pour le cheptel laitier (vaches traites et vaches taries) sont le produit des quantités distribuées sur la période par le prix ( /kg). Pour connaitre le coût de l alimentation hivernale de l exploitation, on somme tous les frais alimentaires (aliments achetés et aliments produits). 48

1.5.3. DÉTERMINATION DU COÛT DE LA RATION ESTIVALE La méthodologie utilisée est identique à celle de la ration hivernale. Dans le cas d un système pâturant, le coût de l herbe (pâturage) correspond à la somme des frais de mécanisation (ébousage, fauche de refus), du fermage et des intrants. Ce coût est ensuite réparti en fonction du pourcentage d Unités Gros Bétail (UGB) présentes sur l exploitation (annexe 6). 1.5.4. DÉTERMINATION DU COÛT ALIMENTAIRE DES VACHES LAITIÈRES PAR 100 LITRES DE LAIT Pour réaliser ce calcul, la connaissance du nombre de litres de lait réellement produit par l exploitant est nécessaire. Généralement, il s agit du quota, mais il faut tenir compte du nombre de litres de lait que l agriculteur garde soit pour nourrir ses veaux, soit pour la transformation à la ferme, Dans certains cas, le producteur peut ne pas remplir son quota. Pour déterminer le coût de l alimentation par 100 litres de lait produit, il faut diviser le coût total de l alimentation par le nombre de litres de lait produit, le tout multiplié par 100. 1.6. CALCUL DE L AUTONOMIE ALIMENTAIRE Par définition [PACCARD et al., 2003], l autonomie alimentaire est le rapport entre la quantité d aliments produits sur l exploitation et la quantité d aliments réellement consommés. Pour l expression de l autonomie, étant donné que tous les éleveurs ne travaillent pas avec des rations parfaitement équilibrées et vu l imprécision des données, il semble intéressant de faire deux calculs pour exprimer les mêmes autonomies. C est pourquoi un calcul sera fait sur base des besoins théoriques et un autre selon les données de l éleveur. L autonomie alimentaire est calculée selon la relation suivante : animaux et A représente la quantité d aliments achetés., où C correspond à la consommation des aliments par les L autonomie alimentaire se décline également selon l autonomie fourragère et l autonomie en concentrés. 49

1.6.1. CALCUL DE L AUTONOMIE SUR BASE DES BESOINS THÉORIQUES Etudier l autonomie de cette manière fait suite à plusieurs constatations de terrain : - Estimer la proportion des aliments produits et stockés sur l exploitation et valorisés par les animaux n est pas simple. - Lors de pâturage, l estimation de la quantité ingérée par la vache est relativement complexe. L autonomie alimentaire est calculée sur base de la matière sèche (MS), l énergie (VEM) et DVE selon le rapport. Au niveau des calculs de ration, les apports et les besoins en protéines sont déterminés en fonction des DVE et non en MAT. C est pourquoi, sur base des besoins théoriques, l autonomie protéique sera calculée en DVE, bien que cela ne soit pas logique. En effet, une critique par rapport aux DVE est que c est une notion basée sur l énergie et non sur l azote. Les DVE sont en fait les acides aminés absorbés par l animal en fonction de l énergie fermentescible de la ration. Et donc des aliments énergétiques apportent des DVE même s ils sont pauvres en protéines. Les variables connues sont les quantités de fourrages et de concentrés achetés ainsi que celles des concentrés produits sur l exploitation (graines de céréales, protéagineux). Ces données ont été récoltées chez l exploitant. La valeur énergétique (VEM) et la teneur en DVE / MS sont évaluées à partir des données soit reçues par les marchands d aliments, soit trouvées dans les tables alimentaires de [SAUVANT et al., 2002] et de [FABRY, 2007]. Les variables inconnues sont les consommations en MS, VEM et DVE. Elles ont été déterminées selon les besoins théoriques : - Consommation en MS totale de la ration (annexe 7): pour les vaches laitières, la prévision de l ingestion a été calculée selon les recommandations hollandaises [VLAASME OVERHEID, 2007] en prenant compte de la production moyenne du troupeau. Une valeur fixe d ingestion de 13 kg MS / jour a été retenue pour les vaches en période de tarissement (2 mois). - Besoins en VEM (annexe 8): pour les vaches laitières, les besoins d entretien, de production, de croissance et de gestation ont été calculés selon les recommandations hollandaises habituelles en considérant des vaches de 650 kg et un troupeau constitué d un tiers de primipare, d un tiers de vaches en deuxième lactation et le tiers restant d animaux de plus de 2 lactations. - Besoins en DVE (annexe 9) : les besoins en DVE des vaches laitières ont été calculés pour les mêmes types d animaux produisant un lait standard. 50

1.6.2. CALCUL DE L AUTONOMIE SELON LES DONNÉES DE L ÉLEVEUR L autonomie alimentaire est calculée, dans ce cas-ci, sur base de la MS, des VEM, DVE et MAT (Matière Azotée Totale), toujours selon le rapport utilisé pour le calcul précédent. Les consommations en MS, VEM, DVE et MAT correspondent à tout ce que l éleveur distribue, c'est-à-dire à la ration journalière multipliée par le nombre de jours de distribution. Pour ce calcul, le pâturage intervient. Pour déterminer les apports en MS, VEM, DVE et MAT par celui-ci, des hypothèses ont été émises : - Une vache tarie ingère 13 kg MS/jour. - Pour les vaches en lactation, une valeur de 20 kg de MS ingérée par jour a été prise. La quantité d herbe ingérée par jour (en kg MS) correspond à la différence entre les 20 kg ingérés et la somme (en kg MS) de la complémentation donnée à l étable. - Les valeurs alimentaires de l herbe fraiche de très bonne qualité sont : 18% MS ; 900VEM/kg MS ; 65g DVE/kg MS et 133g MAT/kg MS [SAUVANT et al., 2002]. La teneur en MAT est soit trouvée dans une table alimentaire [SAUVANT et al., 2002] soit donnée par les fabricants d aliments, soit donnée sur l analyse des fourrages. Un niveau d imprécision sera déterminé pour pouvoir estimer le pourcentage d erreur entre ce que l éleveur dit donner et les besoins des animaux. Ce niveau est considéré comme satisfaisant jusque 10% d erreur. 1.6.3. CALCUL DE L AUTONOMIE FOURRAGÈRE Le calcul de l autonomie fourragère, selon le rapport, permet de voir si l ensemble des fourrages produits sur l exploitation suffit à nourrir le cheptel ou si l achat de fourrages extérieurs doit s envisager. Par fourrages, cela sous-entend des aliments grossiers conservés par une quelconque méthode et ne reprend donc pas le pâturage. 1.6.4. CALCUL DE L AUTONOMIE EN CONCENTRÉS Elle est déterminée par le rapport. 1.7. ANALYSE STATISTIQUE L analyse statistique a été réalisée avec le logiciel Minitab (v. 13). Cela consiste en une analyse de la variance de type GLM (Modèle Linéaire Généralisé) étudiant deux facteurs de variation (mode de production et région agricole) sur les variables dépendantes (différentes autonomies, coût d alimentation, ). 51

CHAPITRE 2 RÉSULTATS ET DISCUSSION 2.1. LES SYSTÈMES DE PRODUCTION Les systèmes retenus sont codés comme suit : - ZG = système «Zéro- Grazing» - H = système «Herbe» - M = système «Maïs» Les caractéristiques principales des exploitations, de l échantillon étudié, sont rassemblées, par système de production, dans les tableaux suivants (tableau 6 à 8). 2.1.1. LE SYSTÈME «ZÉRO-GRAZING» Le système «zéro-grazing» (tableau 6) est un mode de production pratiqué soit par obligation (superficie restreinte autour des bâtiments), soit suite à l installation d un robot de traite ou encore à une volonté de détention d un nombre important de vaches laitières. Deux des exploitations (ZG 1 et 2), entrant dans cette catégorie, se situent en région herbagère liégeoise (RHL), deux (ZG 3 et 4) en région limoneuse (RL) et une (ZG 5) en Condroz (C). Sur les 5 fermes, trois sont de type mixte avec à la fois la spéculation laitière et des cultures de rente. La production par vache est en moyenne 9 000 litres. Système Zéro - Grazing N Exploitation ZG1 ZG2 ZG3 ZG4 ZG5 Moyenne Ecarttype Région agricole RHL RHL RL RL C / / SAU (ha) 36,7 52,6 116 96 200 100,3 64,3 SF (% SAU) 100 100 40,5 21,3 46,5 61,7 36,2 Herbe (% SAU) 78,2 89,3 21,6 4 25 43,62 37,7 Maïs (% SAU) 21,8 10,5 11,2 13,5 20 15,40 5,2 Charge (UGB/ha SF) 1,93 2,12 1,74 2,98 2,50 2,25 0,5 Effectifs du cheptel laitier 100 150 120 120 265 151,0 66,2 Effectif VL 48 78 50 69 140 77,0 37,4 Production : lait/vache/an (L) 9780 7000 9150 10500 9000 9086,0 1308,0 Concentrés (kg/vache/jour) 7,7 5,1 9,1 5,5 6,1 6,7 1,7 Tableau 6 - Caractéristiques des exploitations "Zéro-grazing" 52

2.1.2. LE SYSTÈME «HERBE» Les exploitations en système «Herbe» (tableau 7) se trouvent principalement en région herbagère liégeoise (H 1, 4 et 5) et en Fagne (H 2 et 3). Souvent, la SF (Superficie Fourragère) correspond à la SAU et est soit entièrement enherbée soit quelques hectares de maïs sont plantés. La production par vache est un d environ 7 520 L. Système Herbe N Exploitation H1 H2 H3 H4 H5 H6 Moyenne Ecarttype Région agricole RHL F F RHL RHL HA / / SAU (ha) 82 42 38,3 55 45 50 52 16 SF (% SAU) 100 100 100 100 100 100 100 0 Herbe (% SAU) 100 100 100 93,6 84,4 100 96,3 6,4 Maïs (% SAU) 0 0 0 6,4 15,6 0 3,7 6,4 Charge (UGB/ha SF) 1,17 1,6 1,97 1,46 2,28 1,91 1,73 0,40 Effectifs du cheptel laitier 122 92 95 110 125 125 112 15 Effectif VL 70 50 62 61 80 62 64 10 Production : lait/vache/an (L) 6700 8000 8623 6500 7300 8000 7520 829 Concentrés (kg/vache/jour) 2,6 4,1 8,1 2,5 3,5 4,1 4,2 2,1 Tableau 7 - Caractéristiques des exploitations "Herbe" 2.1.3. LE SYSTÈME «MAÏS» Les fermes du système «Maïs» (tableau 8) de l échantillon sont surtout localisées dans la Botte du Hainaut. Ce sont des exploitations moyennes (92,02 ha) où se réunissent spéculation animale laitière et spéculation végétale de rente (céréales, betterave sucrière, pomme de terre, etc.). La production par vache, de l échantillon «maïs» est de 6 610L. Système Maïs N Exploitation M1 M2 M3 M4 M5 Moyenne Ecart-type Région agricole C C C F RL / / SAU (ha) 108 40 95 96 121 92 31 SF (% SAU) 38,9 100,0 92,6 81,3 53,0 73,2 26,2 Herbe (% SAU) 25,9 57,5 48,4 58,3 52,4 48,5 13,3 Maïs (% SAU) 9,1 30,0 26,3 22,9 0,0 17,7 12,6 Charge (UGB/ha SF) 1,45 1,60 1,26 1,42 1,99 1,54 0,28 Effectifs du cheptel laitier 80 82 155 145 196 132 50 Effectif VL 46 45 75 75 76 63 16 Production : lait/vache/an (L) 8200 6500 6500 6750 5100 6610 1101 Concentrés (kg/vache/jour) 3,0 5,1 1,9 1,8 3, 3,0 1,3 Tableau 8 - Caractéristiques des exploitations "Maïs" 53

2.1.4. COMPARAISON DES TROIS MODES D ALIMENTATION Certains critères sont différents selon le mode de production (tableau 9). En effet, la production annuelle ainsi que la quantité de concentrés distribués quotidiennement par vache sont très significativement différentes d un système à l autre (P < 0,01). Les chiffres moyens sont plus élevés pour le système «ZG» (9 000 litres/vache/an et 6,7 kg/vache/jour de concentrés) que les autres, qui sont respectivement de 7 520 litres et de 4,2 kg et de 6 600 litres avec 3,0 kg de concentrés pour les systèmes «H» et «M». D autres caractères, notamment ceux concernant la SAU et le cheptel laitier ne dépendent strictement pas du système d alimentation du bétail (ZG, H ou M) (P > 0,1). Ces facteurs sont plutôt liés à l historique de l exploitation, au souhait de l éleveur qu à la manière de nourrir son cheptel. Le pourcentage de maïs dans la SAU des exploitations aurait tendance à différer selon le mode de production (P < 0,1). Dans le tableau 9, les valeurs exposant au moins une lettre commune ne diffèrent significativement (P > 0,05). Système Zéro-grazing Herbe Maïs P-value SAU (ha) 100,3 52 92 0,638 SF (% SAU) 61,7 100 73,2 0,449 Herbe (% SAU) 43,6 96,3 48,5 (% SF) 70,7 96,3 66,3 0,107 Maïs (% SAU) 15,40 3,7 17,7 (% SF) 25 3,7 24 0,077 Charge (UGB/ha SF) 2,25 1,73 1,54 0,111 Effectifs du cheptel laitier 151,0 112 132 0,7 Effectif VL 77,0 64 63 0,5 Production : lait/vache/an (L) 9086,0 a 7520 ab 6610 b 0,007 Concentrés (kg/vache/jour) 6,7 a 4,2 ab 3,0 b 0,019 Tableau 9 - Comparaison des caractéristiques moyennes des systèmes de production Finalement, au sein de l échantillon, trois facteurs sont susceptibles d influencer l autonomie alimentaire des exploitations laitières. Il s agit d une part du mode d alimentation avec les systèmes «ZG», «H» et «M». D autre part, la région a également une importance non négligeable puisque souvent l ensemble des fermes d un mode d alimentation se trouve dans une même région agricole. Enfin, le niveau d intensification intervient également. En effet, généralement, le système «Maïs» est considéré comme plus intensif que le système «Herbe» or ce n est pas le cas ici. 54

2.2. LE COÛT ALIMENTAIRE DU LAIT 2.2.1. LE COÛT ALIMENTAIRE EN SYSTÈME ZÉRO-GRAZING Le tableau 10 montre, au sein du groupe «zéro-grazing», la fourchette de variation du coût d alimentation par 100 litres de lait et sa répartition. Aucune différence ne peut être mise en avant en fonction de la région agricole. Les achats (concentrés et fourrages) constituent plus de la moitié du coût (± 70%). Sur l échantillon de fermes, très peu utilisent des concentrés autoproduits (céréales ou protéagineux). Système Zéro-grazing N Exploitation ZG1 ZG2 ZG3 ZG4 ZG5 Moyenne Ecart-type Coût d'alimentation 9,50 13,22 12,14 9,53 11,14 11,11 1,63 ( / 100L lait) Répartition des coûts ( /100L lait) Fourrages produits 3,12 5,31 3,25 2,69 3,26 3,53 1,02 Fourrages achetés 1,19 1,05 0,00 1,47 2,20 1,18 0,80 Concentrés produits 0,00 0,00 2,03 0,00 0,00 0,41 0,91 Concentrés achetés 5,19 6,86 6,86 5,37 5,68 5,99 0,81 Tableau 10 - Coût alimentaire pour 100 L de lait ( /100L) et sa répartition pour le système "Zéro-Grazing" 55

2.2.2. LE COÛT ALIMENTAIRE EN SYSTÈME «HERBE» Au sein du groupe «herbe», le coût de production oscille de 5,84 /100L à 9,31 /100L (tableau 11). La différence vient de l achat de concentrés et de fourrages. H1 nourrit son cheptel uniquement à l aide d herbe ensilée et du foin qu il produit sur son exploitation. H3 produit également les fourrages herbagers mais achètent d autres fourrages (pulpes, drèches, maïs, ). Les producteurs laitiers de cette catégorie maximisent les produits herbagers, ce qui ce constate au niveau du coût de production de ceux-ci (moyenne de 545,92 /ha). Système N Exploitation Coût d'alimentation ( /100L lait) Herbe H1 H2 H3 H4 H5 H6 Moyenne Ecarttype 5,84 8,61 9,31 9,16 8,01 6,51 7,91 1,43 Répartition des coûts ( /100L lait) Fourrages produits 2,59 2,79 1,00 4,40 5,38 1,55 2,95 1,67 Fourrages achetés 0,00 0,93 1,49 1,26 0,73 1,25 0,94 0,53 Concentrés produits 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 Concentrés achetés 3,26 4,88 6,82 3,50 1,90 3,71 4,01 1,67 Tableau 11 - Coût alimentaire par 100L de lait ( /100L) et sa répartition (en système "Herbe") 56

2.2.3. LE COÛT ALIMENTAIRE EN SYSTÈME «MAÏS» Le coût de production du lait, au niveau alimentation, varie de 7,91 /100L à 13,18 /100L au sein du système «maïs» (tableau 12). L achat de concentrés est moindre (moins de 50%) dans cette catégorie car les producteurs cultivent une céréale, qui permet de diminuer leur dépendance aux marchés. La quantité de concentrés donnée par vache par jour est moindre que celle des autres systèmes (3 kg vs 6,7 kg pour ZG et 4,2 kg pour H). Les fourrages achetés sont exclusivement des pulpes surpressées ou des drèches de brasserie. Notons que souvent, dans ce groupe, les exploitants cultivent la betterave sucrière et ont les pulpes en ayant-droit, donc à un prix moindre que ceux qui n en mettent pas. Système N Exploitation Coût d'alimentation ( /100L lait) Maïs M1 M2 M3 M4 M5 Moyenne Ecarttype 7,91 11,83 7,93 9,39 13,18 10,05 2,37 Répartition des coûts ( /100L lait) Fourrages produits 4,55 4,38 4,69 4,43 3,68 4,34 0,39 Fourrages achetés 0,00 0,00 0,00 0,69 0,40 0,22 0,32 Concentrés produits 0,53 0,41 0,34 0,00 2,01 0,66 0,78 Concentrés achetés 2,83 7,04 2,91 4,26 7,09 4,83 2,12 Tableau 12 - Coût alimentaire pour 100L de lait ( /100L) et sa répartition pour le système "Maïs" 57

2.2.4. COMPARAISON DU COÛT ALIMENTAIRE ENTRE LES TROIS MODES D ALIMENTATION Le tableau 13 montre qu il n y a pas de différence significative en termes de coût alimentaire entre les modes de production à l exception des fourrages achetés. C est dans les catégories «ZG» et «H» que l achat de fourrages est la plus importante, avec respectivement 11% et 12% du coût alimentaire, contre 2% pour le mode «M». Par fourrages achetés, cela sous-entend souvent pulpes surpressées, drèches de brasserie et maïs ensilage. Système Zéro-Grazing Herbe Maïs P-value Coût d'alimentation ( / 100L lait) 11,11 7,91 10,05 0,163 Répartition des coûts ( /100L lait) Fourrages produits 3,53 2,95 4,34 0,149 Fourrages achetés 1,18 a 0,94 ab 0,22 b 0,061 Concentrés produits 0,41 0,00 0,66 0,369 Concentrés achetés 5,99 4,01 4,83 0,294 Tableau 13 - Récapitulatif du coût alimentaire ( /100L) moyen par 100L de lait pour les systèmes d'alimentation étudiés Dans une ligne (tableau 13), les valeurs exposant au moins une lettre commune ne diffèrent significativement (P > 0,05). En système «H», la plupart du temps, la totalité de la SAU est couverte de cultures fourragères, principalement enherbées. Parfois quelques hectares sont consacrés au maïs. Comme l éleveur veut apporter une ration composée d aliments variés, il est contraint de se tourner vers des fourrages qu il ne produit pas, ce qui fait que le pourcentage acheté augmente. La figure 15 met en évidence que la moitié du coût de l alimentation, quelque soit le mode de gestion des agriculteurs, provient de l achat de concentrés. Cependant, le montant que les exploitants en «ZG» consacrent à ce poste est nettement plus important. Cela peut s expliquer par le fait qu ils ne produisent pratiquement pas de concentré et qu ils cherchent à avoir une production par vache plus élevée que dans les autres modes. Par contre, les exploitants «Herbe» consacrent un budget moindre au poste «concentrés» (peu d achat et aucune production). Cela peut se comprendre car ils essayent de maximiser l herbe et donc le pâturage. Au niveau du mode Maïs, les agriculteurs dépensent quasiment autant d argent pour les fourrages produits que pour les concentrés achetés. Dans ce cas-ci, les fourrages produits sont plus nombreux (maïs, herbe, pulpes, ) et représentent donc une plus grande part contrairement aux deux autres modes. 58

Figure 15 - Répartition des frais d'alimentation selon les modes de production 2.3. LE COÛT DE PRODUCTION DES FOURRAGES La plupart des exploitations visitées ont comme fourrages de base soit l ensilage d herbe préfanée soit le maïs ensilage. Il est intéressant de voir si le coût de production de ceux-ci diffère selon le mode d alimentation choisi. 2.3.1. LES PRODUITS HERBAGERS 2.3.1.1. En système «Zéro-grazing» Le coût de production de l herbe sous toutes ses formes (ensilage, préfanage, foin, ) en système «ZG» tourne aux alentours de 850 /ha pour les exploitations de l échantillon. Les fermes ZG4 et ZG5 (tableau 14), n ont pas de données car les éleveurs n incorporent pas d herbe dans leur ration. Celle-ci est basée exclusivement sur l ensilage de maïs, des pulpes surpressées et des drèches de brasserie. Le poste le plus onéreux est celui de la mécanisation, qu elle soit faite par l exploitant ou par entreprise, et représente près de 50% du coût à l hectare. 59

Système Zéro grasing N Exploitation ZG 1 ZG 2 ZG 3 ZG 4 ZG 5 Moyenne Ecart-type Mécanisation Agriculteur ( /ha) 130,9 56,7 168,8 / / 118,8 57,0 Entreprise 456,1 400,8 97,9 / / 318,2 192,8 Fermage ( /ha) 279 250 250 / / 259,7 16,7 Intrants ( /ha) Semences 0 0 243,2 / / 81,07 140,4 Engrais 90,9 40,7 113,5 / / 81,7 37,3 Phyto 0 0 0 / / 0 0 TOTAL ( /ha) 956,9 748,2 873,3 / / 859,5 105,0 Tableau 14 - Coût de production ( /ha) des produits herbagers en système "Zéro-Grazing" 2.3.1.2. En système «Herbe» Tout comme pour le mode «Zéro-grazing», le poste «mécanisation» est un facteur important dans le coût de production de l herbe. Il représente également 50% du coût total (tableau 15). Selon la philosophie de pâturage suivie par l éleveur, le coût passe de 350 /ha (H1) à presque 700 /ha (H5 et H6), lorsque la quantité fauchée est beaucoup plus importante. Système Herbe N Exploitation H 1 H 2 H 3 H 4 H 5 H 6 Moyenne Ecarttype Mécanisation Agriculteur 219,7 266,7 238,6 229,8 132,8 218,1 217,6 45,2 ( /ha) Entreprise 0 160,2 0 0 169,2 261,3 98,4 113,5 Fermage ( /ha) 110 100 110 150 250 140 143,3 55,7 Intrants ( /ha) Semences 0 0 0 0 0 0 0 0 Engrais 24,4 60,6 19,5 66,1 99 76,5 52,5 28,6 Phyto 0 0 0 0 0 0 0 0 TOTAL ( /ha) 354,1 587,5 368,1 445,9 651,0 695,9 517,07 147,5 Tableau 15 - Coût de production ( /ha) des produits herbagers en système "Herbe" 60

2.3.1.3. En système «Maïs» Le coût de production en herbe du système «M» (tableau 16) est un peu plus élevé que celui du système «H» (environ 580 /ha contre 520 /ha). Les producteurs de cette catégorie mettent plus facilement en place des prairies temporaires et ont donc un poste «intrants» supérieur aux autres catégories. Système Maïs N Exploitation M 1 M 2 M 3 M 4 M 5 Moyenne Ecarttype Mécanisation ( /ha) Agriculteur 172,7 187,7 231,2 208,7 109,7 182,0 46,1 Entreprise 63,5 29,2 105,6 73,4 146,7 83,7 44,5 Fermage ( /ha) 163,1 125 220 165 210 176,6 38,7 Intrants ( /ha) Semences 160 120 67,5 0 0 86,8 71,4 Engrais 125,4 40 62,3 41,73 51,2 64,2 35,4 Phyto 0 0 0 0 0 0 0 TOTAL ( /ha) 684,7 501,9 686,6 488,8 517,6 575,9 100,7 Tableau 16 - Coût de production ( /ha) des produits herbagers en système "Maïs" 2.3.1.4. Comparaison entre les trois modes de production Le tableau 17 regroupe le coût de production des produits herbagers des 3 modes de productions. N Exploitation Zéro-grazing Herbe Maïs P-value Mécanisation Agriculteur ( /ha) 118,8 a 217,6 a 182,0 a 0,036 Entreprise 318,2 a 98,4 a 83,7 a 0,071 Fermage ( /ha) 259,7 a 143,3 a 176,6 a 0,130 Intrants ( /ha) Semences 81,07 0 86,8 0,998 Engrais 81,7 52,5 64,2 0,659 Phyto 0 0 0 / TOTAL ( /ha) 859,5 517,1 575,9 0,372 Tableau 17 - Récapitulatif du coût de production ( /ha) des produits herbagers des 3 modes La mécanisation, réalisée par l agriculteur lui-même ou par l entreprise diffère significativement selon le mode de gestion (P < 0,1). En comparant les moyennes deux à deux, aucune différence significative (P > 0,05) ne peut être mise à l avant, seule une tendance semble se marquer. En effet, le constat que le système «ZG» soit plus onéreux que les deux autres, s est confirmé au cours de l enquête. Cela s explique par l augmentation du nombre de fauche par 61

parcelle, en «ZG», pour apporter le fourrage aux vaches laitières étant donné qu elles ne pâturent pas. Le système le plus performant économiquement est celui où les vaches restent longtemps en pâture (plus de 6 mois). C est en système «H» qu on s en rapproche le plus. De plus, les éleveurs de ce groupe maîtrisent parfaitement la gestion de ce pâturage : pâturage tournant. Grâce à cela, les bêtes ont constamment à leur disposition une herbe jeune et de bonne qualité. 2.3.2. LE MAÏS ENSILAGE 2.3.2.1. En système «Zéro-grazing» Au sein de ce groupe, le coût de production du maïs ensilage (tableau 18) est fort différent entre les éleveurs et est fonction de l effet «région agricole». En effet, ZG1 et ZG2 sont producteurs laitiers en région herbagère liégeoise alors que les trois autres exploitants sont localisés en région limoneuse ou Condroz. Pour les deux premiers, le coût est d environ 1300 /ha contre plus ou moins 900 /ha pour les trois autres. Système Zéro grasing N Exploitation ZG 1 ZG 2 ZG 3 ZG 4 ZG 5 Moyenne Ecart-type Mécanisation Agriculteur ( /ha) 0 0 225,8 290,1 124,3 128,1 131,0 Entreprise 685 679,7 190 205 315 414,9 248,8 Fermage ( /ha) 279 250 250 250 175 240,8 38,9 Intrants ( /ha) Semences 152 188,5 105 160 140 149,1 30,4 Engrais 14,5 48 47,5 27 100 47,4 32,7 Phyto 200 90,3 63 60 50 92,7 61,8 TOTAL ( /ha) 1330,5 1256,5 881,3 992,1 904,3 1073,0 207,2 Tableau 18 - Coût de production ( /ha) du maïs ensilage du système "Zéro-grazing" 62

2.3.2.2. En système «Herbe» Peu de producteurs laitiers de ce groupe plantent du maïs. Ils préfèrent l acheter sur pied au moment de la récolte à d autres producteurs, entre autres pour les raisons suivantes : - Ne possédant principalement que des prairies, ces exploitants n ont pas le matériel requis pour une culture sarclée et doivent donc faire appel à l entreprise. Or, ce poste coûte relativement cher (tableau 19) ; - Le climat et le sol ne sont pas toujours propices au bon développement de la culture ; - Système Herbe N Exploitation H 1 H 2 H 3 H 4 H 5 H 6 Moyenne Ecart-type Mécanisation Agriculteur ( /ha) / / / 122,6 37,2 / 79,9 60,4 Entreprise / / / 593,3 911,3 / 752,3 224,8 Fermage ( /ha) / / / 150 250 / 200 70,7 Intrants Semences ( /ha) / / / 144 178 / 161 24,0 Engrais / / / 133,3 80,7 / 107,0 37,2 Phyto / / / 275 74,2 / 174,6 142,0 TOTAL ( /ha) / / / 1418,2 1576,4 / 1497,2 111,6 Tableau 19 - Coût de production ( /ha) du maïs ensilage en système "Herbe" 2.3.2.3. En système «Maïs» Les producteurs de ce groupe, situés tous dans la même zone géographique, ont un coût de production pour le maïs ensilage relativement semblable. M3 semble plus cher que les autres (tableau 20), mais c est principalement le fermage de ses terres qui fait grimper le prix. Système N Exploitation Maïs M1 M2 M3 M4 M5 Moyenne Ecarttype Mécanisation Agriculteur ( /ha) 201,5 57,6 214,8 351,6 / 206,4 91,3 Entreprise 297 425,0 304,3 202,3 / 307,1 68,6 Fermage ( /ha) 165,3 125 220 165 / 168,8 39,0 Intrants ( /ha) Semences 140,5 138,5 158 145 / 145,5 8,8 Engrais 50 26 40 0 / 29 21,7 Phyto 47 77,0 75 75 / 68,5 14,4 TOTAL ( /ha) 901,3 849,1 1012,1 938,9 / 925,3 120,2 Tableau 20 - Coût de production ( /ha) du maïs ensilage en mode d'alimentation "Maïs" 63

2.3.2.4. Comparaison entre les trois modes de production Il n y a pas de différence significative (tableau 21), en termes de coût de production du maïs ensilage, entre les trois modes de production (ZG, H ou M) mais bien entre régions agricoles. N Exploitation Zéro-grazing Herbe Maïs P-value Mécanisation Agriculteur 128,1 79,9 206,4 0,215 Entreprise 414,9 752,3 307,1 0,568 Fermage 240,8 200 168,8 0,329 Intrants Semences 149,1 161 145,5 0,130 Engrais 47,4 107,1 29 0,087 Phyto 92,7 174,6 68,5 0,490 TOTAL ( /ha) 1073,0 1474,9 925,3 0,521 Tableau 21 - Coût de production ( /ha) moyen du maïs ensilage selon le mode de production Produire du maïs en région herbagère liégeoise coûte plus cher qu en région limoneuse ou en Condroz (tableaux 18 à 20). Les raisons sont que souvent, les exploitants du pays de Herve et ses alentours font appel à l entreprise pour l entièreté de la culture. Cela s avère plus onéreux (± 700 /ha contre 250 /ha lorsque l agriculteur réalise certains travaux). Une autre constatation est que les producteurs liégeois ont une lutte phytosanitaire plus chère qu ailleurs. A cela, plusieurs causes sont énumérables : - La culture du maïs est souvent en monoculture, entrainant alors plus de problèmes d adventices et donc de désherbage ; - La région herbagère n étant pas une région de grandes cultures, le travail est fait par entreprise. Celle-ci, étant moins bien conseillée, travaille certainement avec la dose homologuée alors que dans les régions de cultures, les producteurs font souvent le travail eux-mêmes et utilisent des doses réduits de produits phytosanitaires. 64

2.4. L AUTONOMIE ALIMENTAIRE 2.4.1. CALCUL DE L AUTONOMIE SUR BASE DES BESOINS THÉORIQUES 2.4.1.1. En système «Zéro-grazing» Les différentes autonomies calculées sur base des besoins théoriques du système «ZG» sont reprises dans le tableau 22. Système Zéro-Grazing N Exploitation ZG1 ZG2 ZG3 ZG4 ZG5 Moyenne Ecart-type MS 53 65 84 60 57 64 12,14 VEM 50 60 82 57 79 66 13,91 DVE 52 31 57 44 27 42 13,34 Tableau 22 - Expression de l'autonomie en MS, VEM et DVE (en %) des exploitations "Zéro-grazing" Les autonomies diffèrent peu en fonction des exploitations et tournent autour de 60%. Seule la ferme ZG3 présente une autonomie supérieure. C est la seule parmi les 5 élevages du groupe à incorporer dans son assolement de la luzerne (pour l ensilage) et des céréales. 2.4.1.2. En système «Herbe» Le tableau 23 reprend les différentes autonomies calculées avec les besoins théoriques des vaches laitières, en mode de production «H». Système Herbe N Exploitation H1 H2 H3 H4 H5 H6 Moyenne Ecart-type MS 87 59 45 79 75 68 69 14,95 VEM 84 55 36 76 72 64 64 17,17 DVE 72 34 14 60 53 49 47 20,64 Tableau 23 - Expression de l'autonomie alimentaire en MS, VEM et DVE (en %) des exploitations "Herbe" L autonomie en MS et en VEM des différentes exploitations de l échantillon tourne autour de respectivement 65% et 60%. En termes de DVE, l autonomie varie sur une plus grande plage. La ferme H1 présente de hauts taux d autonomie qui s expliquent par une alimentation à base uniquement d herbe (préfané et foin), avec moins de 3 kg de concentré par jour. L éleveur travaille avec le minimum d intrants car il a l objectif de passer en agriculture biologique dans les prochaines années. 65

L élevage H3 a la moins bonne autonomie de cet échantillon «Herbe» car seuls les produits herbagers sont récoltés sur l exploitation. Le producteur voulant une production laitière annuelle de minimum 8 200 litres par vache, il est obligé d acheter des fourrages et concentrés à l extérieur. 2.4.1.3. En système «Maïs» Cette catégorie a des autonomies en MS et VEM supérieures à 70% (tableau 24). L autonomie en DVE semble plus contrastée. Système Maïs N Exploitation M1 M2 M3 M4 M5 Moyenne Ecart-type MS 90 78 92 84 80 85 6,14 VEM 89 74 90 86 72 82 8,55 DVE 72 40 71 62 42 57 15,43 Tableau 24 - Expression de l'autonomie en MS, VEM et DVE (en %) des exploitations en "Maïs" 2.4.1.4. Comparaison entre les trois systèmes L autonomie alimentaire moyenne en MS, VEM et DVE de chaque système est reprise dans le tableau 25. Il n y a pas de différence entre les autonomies en VEM et DVE alors que la variabilité entre les autonomies en MS est significative (P < 0,05). Système Zéro-grazing Herbe Maïs P-value MS 64 a 69 ab 85 b 0,026 VEM 66 64 82 0,287 DVE 42 47 57 0,190 Tableau 25 - Autonomie alimentaire moyenne (%) sur base des besoins théoriques pour les différents modes d'alimentation L autonomie en MS est similaire entre les systèmes «ZG» et «H». Elle est significativement différente entre les groupes «M» et «ZG» car les producteurs «Maïs» produisent plus de fourrages différents et savent donc mieux organiser une ration complète avec leurs propres produits. 66

2.4.2. CALCUL DE L AUTONOMIE SUR BASE DES DONNÉES DE L ÉLEVEUR 2.4.2.1. En système «Zéro-grazing» Les autonomies alimentaires en MS et en VEM sont relativement comparables (tableau 26) et sembleraient être liées l une à l autre. Système Zéro-Grazing N Exploitation ZG1 ZG2 ZG3 ZG4 ZG5 Moyenne Ecart-type MS 61 71 85 57 54 65 12,46 VEM 59 68 82 64 55 65 10,49 DVE 57 54 55 42 33 48 10,12 MAT 44 57 78 40 41 52 15,99 Tableau 26 - Autonomie alimentaire (%) sur base des besoins théoriques en "Zéro-Grazing" L imprécision entre le calcul sur base des besoins théoriques et celui avec les données de l éleveur est reprise dans le tableau 27. N Exploitation Erreur sur la MS(%) Erreur sur les VEM (%) Erreur sur les DVE (%) ZG1 15 18 10 ZG2 9 13 42 ZG3 1 0 4 ZG4 5 12 5 ZG5 5 30 22 Tableau 27 - Imprécision (%) entre la consommation totale théorique (besoins) et la consommation totale calculée (données éleveurs) en système «Zéro-Grazing» Des différences entre les deux manières de calculer l autonomie (sur base des données théoriques et sur base des données des éleveurs) se constatent. Celles-ci peuvent s expliquer par les hypothèses émises quant à la valeur nutritionnelle des fourrages produits. Un autre facteur pouvant jouer est l exactitude des données fournies par les agriculteurs. 67

2.4.2.2. En système «Herbe» Globalement, l autonomie alimentaire du mode d alimentation «Herbe» est correcte et constante quelque soit la variable étudiée (MS, VEM, DVE, MAT) (tableau 28). Système Herbe N Exploitation 1 2 3 4 5 6 Moyenne Ecart-type MS 89 55 47 78 80 73 70 15,83 VEM 86 50 42 76 78 70 67 17,02 DVE 81 44 36 67 68 64 60 16,61 MAT 98 49 42 72 69 66 66 19,83 Tableau 28 - Autonomie alimentaire (%) sur base des données de l'éleveur en système "Herbe" Le tableau 29 reprend l imprécision entre le calcul sur base des besoins théoriques et celui avec les données de l éleveur. N Exploitation Erreur sur la MS(%) Erreur sur les VEM (%) Erreur sur les DVE (%) H1 2 2 13 H2 7 9 29 H3 4 17 61 H4 1 0 12 H5 7 8 28 H6 7 9 31 Tableau 29 - Imprécision (%) entre la consommation totale théorique (besoins) et la consommation totale calculée (données éleveurs) en système «Herbe» Les différences d autonomie en MS et VEM selon les deux procédés de calculs sont acceptables. Cependant, concernant la protéine (DVE), l erreur excède le seuil de tolérance de 10%. Celle-ci se justifie par le fait que la consommation calculée selon les données de l éleveur est fortement supérieure aux besoins théoriques. 68

2.4.2.3. En système «Maïs» Le tableau 30 montre que les différentes autonomies semblent bonnes, avec minimum 70%. Système Maïs N Exploitation M1 M2 M3 M4 M5 Moyenne Ecart-type MS 91 82 93 86 84 87 4,79 VEM 89 80 92 85 81 86 5,25 DVE 75 64 81 67 69 71 6,77 MAT 73 60 80 66 71 70 7,48 Tableau 30 - Autonomie alimentaire (%) selon les données de l'éleveur : système "Maïs" Pour atteindre ces autonomies, les éleveurs utilisent au maximum les fourrages et concentrés qu ils produisent. L échantillon des exploitations de ce groupe, n est pas réellement représentatif de la Wallonie car toutes les fermes sont concentrées dans la Botte du Hainaut, qui est une région favorable aux cultures de rente. Ces producteurs utilisent donc leur «chance» au niveau de leur assolement fourrager pour éviter de dépendre du marché. L imprécision entre le calcul sur base des besoins théoriques et celui avec les données de l éleveur est reprise dans le tableau 31. N Exploitation Erreur sur la MS(%) Erreur sur les VEM (%) Erreur sur les DVE (%) M1 1 0 4 M2 5 8 60 M3 1 2 14 M4 2 1 8 M5 5 13 64 Tableau 31 - Imprécision (%) entre la consommation totale théorique (besoins) et la consommation totale calculée (données éleveurs) en système "Maïs" Lorsque l imprécision est supérieure à 10%, c est la consommation totale calculée qui est trop élevée par rapport aux besoins. L origine de cette erreur vient d une part des hypothèses émises en termes d ingestion d herbe et des valeurs alimentaires des matières premières, ne disposant pas de données exactes ni d analyse de fourrages. D autre part, il se peut que les rations ne soient pas totalement équilibrées, c est pourquoi l erreur est souvent plus importante en DVE qu en VEM car généralement, les rations apportent plus de protéines que d énergie (OEB > 0). 69

2.4.2.4. Comparaison entre les trois systèmes Le tableau 32 montre que l autonomie alimentaire diffère significativement en fonction du mode d alimentation. Système Zéro-Grazing Herbe Maïs P-value MS 65 a 70 ab 87 b 0,008 VEM 65 a 67 a 86 a 0,079 DVE 48 a 60 ab 71 b 0,004 MAT 52 a 66 ab 70 b 0,007 Tableau 32 - Comparaison de l'autonomie globale (%) entre les trois modes d'alimentation Dans le tableau 32, les valeurs, d une même ligne, exposant au moins une lettre commune ne diffèrent pas significativement (P > 0,05). Les producteurs laitiers du groupe «zéro-grazing» ont une autonomie alimentaire réduite (65% en VEM et environ de 50% en MAT). Cela découle des objectifs qu ils se fixent. En effet, leur premier but est de produire un maximum de litres de lait. Ils ont donc une ration beaucoup plus complexe, nécessitant l achat de concentrés. Un second aspect est la valorisation d une excellente génétique, pour laquelle on ne tient pas compte de l alimentation locale. Souvent, la catégorie «herbe» est restreinte au niveau de la variété de fourrages, c'est-à-dire qu elle ne produit que de l herbe et parfois du maïs. Cela se marque au niveau de l autonomie alimentaire (67% en VEM et 66 % en MAT). Même en valorisant une récolte d herbe optimale, cela ne suffit pas à combler des besoins supérieurs à 7000L de lait. C est pourquoi ces éleveurs achètent des fourrages en complément et des concentrés. Mais leur autonomie alimentaire s en trouve réduite. C est dans le système «maïs» que l autonomie alimentaire est la plus importante. Celle-ci tourne respectivement autour de 85% et de 70% pour l autonomie énergétique et protéique. Certains producteurs mettent déjà une culture céréalière pour améliorer leur autonomie énergétique. D autres des betteraves fourragères. Certains pensent diminuer les surfaces semées en Ray-Grass seul au profit de mélanges graminées-légumineuses. Un producteur espère diminuer sa dépendance protéique en incorporant de la féverole qu il aura cultivée lui-même. 70

La figure 16 présente la répartition des exploitations selon leur autonomie. Les exploitations du mode «Maïs» se regroupent à des niveaux d autonomie compris entre 80 et 100% en énergie et 60 et 80% en protéines. Quatre exploitations du groupe «ZG» se situent entre 50 et 70% d autonomie énergétique et entre 40 60% en protéines. Les fermes du mode «Herbe» se dispersent plus. Figure 16 - Répartition des exploitations selon leur autonomie Une étude sur l autonomie a été faite en Poitou-Charentes (figure 17) montre que les exploitations laitières de cette région (63 fermes enquêtées) sont assez autonomes en énergie (de 67 à 98%) mais qu elles le sont moins en azote (63% en moyenne) avec de grandes disparités (de 41 à 97%) [INSTITUT DE L ELEVAGE POITOU-CHARENTES, 2002]. Figure 17 - Répartition des élevages laitiers de Poitou-Charentes selon leur autonomie [INSTITUT DE L ELEVAGE, POITOU-CHARENTES, 2007] 71

2.4.3. CALCUL DE L AUTONOMIE FOURRAGÈRE 2.4.3.1. En système «Zéro-grazing» Généralement l autonomie fourragère, en zéro-grasing, est correcte (tableau 33). Toutefois, d autres fourrages, comme des drèches ou des pulpes sont achetés en complément de l herbe et du maïs produits. Système Zéro-Grazing N Exploitation 1 2 3 4 5 Moyenne Ecart-type MS 84 94 100 66 85 86 12,95 VEM 83 93 100 64 63 81 16,86 DVE 74 87 100 52 52 73 21,19 MAT 77 88 100 63 58 77 17,51 Tableau 33 - Autonomie fourragère (%) des exploitations "Zéro-Grazing" L exploitant ZG3 arrive à une autonomie fourragère maximale grâce aux cultures qu il réalise. Etant situé en région limoneuse, il a la possibilité de produire des prairies temporaires (notamment mélange graminées légumineuses, luzerne). Le fait d implanter des betteraves sucrières lui apporte une dépendance moindre quant à l achat de pulpes. ZG5 et ZG6, bien qu étant deux exploitations en région de cultures, n ont qu une autonomie respective de 65% et de 85% car elles utilisent plus que leur ayant-droit de pulpes, achètent des drèches ou d autres aliments grossiers, sous-produits d industrie. 2.4.3.2. En système «Herbe» Mis à part la ferme H1 (tableau 34), il est rare que les exploitants en mode de production «Herbe» produisent l entièreté des fourrages nécessaires sur leurs terres. La plupart du temps, n ayant que des superficies enherbées, des drèches de brasserie ou des pulpes surpressées, voire du maïs sont achetés. Système Herbe N Exploitation 1 2 3 4 5 6 Moyenne Ecart-type MS 100 80 57 84 89 79 81 14,28 VEM 100 77 54 82 89 77 80 15,47 DVE 100 79 56 76 86 77 79 14,42 MAT 100 84 64 81 92 81 84 11,97 Tableau 34 - Autonomie fourragère (%) des exploitations "Herbe" L autonomie est principalement due à la production d herbe et à une maximisation de la période de pâturage (minimum 6 mois). Dans ce mode d alimentation, le pâturage tournant est très bien exploité avec de nombreuses petites parcelles et un temps de retour fonction de la pousse de l herbe. 72

2.4.3.3. En système «Maïs» Dans ce groupe, l autonomie fourragère est excellente (tableau 35), voire maximale dans certains cas. Ceci s explique par le fait que l entièreté des fourrages consommés sont produits sur l exploitation. Lorsque l autonomie n est pas maximale, c est que la ration est à base de drèches de brasserie ou que l exploitant ne produit pas suffisamment de fourrages et est donc contraint d en acheter (cas de M5 qui ne produit pas de maïs, mais en achète). Système Maïs N Exploitation M1 M2 M3 M4 M5 Moyenne Ecart-type MS 100 100 100 95 96 98 2,58 VEM 100 100 100 94 96 98 2,79 DVE 100 100 100 87 97 97 5,56 MAT 100 100 100 87 98 97 5,43 Tableau 35 - Autonomie fourragère (%) des exploitations "Maïs" 2.4.3.4. Comparaison entre les trois systèmes L autonomie fourragère des différents modes d alimentation sont repris dans le tableau 36. Système Zéro-Grazing Herbe Maïs P-value MS (%) 86 a 81 ab 98 b 0,096 VEM (%) 81 a 80 ab 98 b 0,028 DVE (%) 73 a 79 ab 97 b 0,038 MAT (%) 77 a 84 ab 97 b 0,036 Tableau 36 - Comparaison de l'autonomie fourragère (%) selon les modes de production Quelque soit le système de production, l autonomie en fourrages est importante sur les critères VEM et MS. Concernant les protéines (DVE et MAT), il y a des différences significatives entre les trois modes. En comparant les chiffres obtenus avec ceux de l étude réalisée par Paccard [2003], il s avère que les résultats obtenus tendent vers le même avis. Leur moyenne se situe à environ 97%, que ce soit en MS, UFL (énergie) et MAT. 73

2.4.4. CALCUL DE L AUTONOMIE EN CONCENTRÉS 2.4.4.1. En système «Zéro-grazing» Le tableau 37 montre que les élevages «zéro-grazing» de l échantillon dépendent véritablement des marchés en concentrés. Seule une exploitation (ZG3) sur les 5 utilise les céréales produites dans la ration des vaches. Néanmoins, l autonomie est faible (environ 10%). Système Zéro-Grazing N Exploitation ZG1 ZG2 ZG3 ZG4 ZG5 Moyenne Ecart-type MS 0 0 11 0 0 2 4,92 VEM 0 0 11 0 0 2 4,92 DVE 0 0 6 0 0 1 2,68 MAT 0 0 6 0 0 1 2,68 Tableau 37 - Autonomie (%) en concentrés dans les exploitations "Zéro-Grazing" 2.4.4.2. En système «Herbe» Aucun concentré n est produit sur l exploitation car bien souvent, les régions agricoles herbagères ne sont historiquement pas des régions pour les cultures céréalières ou de protéagineux. 2.4.4.3. En système «Maïs» Comme le montre le tableau 38, l autonomie en concentrés est relativement faible (de 0 à 50%). La plupart du temps, ce sont des céréales cultivées (avoine, épeautre ou escourgeon) qui sont introduites dans les rations. Système Maïs N Exploitation M1 M2 M3 M4 M5 Moyenne Ecart-type MS 31 17 22 0 51 24 18,63 VEM 30 16 23 0 50 24 18,43 DVE 14 8 11 0 34 13 12,80 MAT 11 6 7 0 28 10 10,57 Tableau 38 - Autonomie (%) en concentrés dans les exploitations "Maïs" Les céréales incorporées permettent de réduire une part de la dépendance en énergie vis-à-vis de l extérieur. Et bien qu étant plus énergétiques, elles contribuent également à une certaine autonomie protéique. 74

2.4.4.4. Comparaison entre les trois systèmes Le mode d alimentation influence fortement l autonomie en concentrés (tableau 39). Sur une même ligne, les valeurs exposant au moins une lettre commune ne diffèrent significativement (P > 0,05). Système Zéro-grasing Herbe Maïs Probabilité MS 2 a 0 a 24 b 0,007 VEM 2 a 0 a 24 b 0,007 DVE 1 a 0 a 13 b 0,012 MAT 1 a 0 a 10 b 0,017 Tableau 39 - Comparaison des autonomies (%) en concentrés des modes d'alimentation Globalement, l autonomie en concentrés se marque par une faible valeur (moins de 25%). Sur l échantillon, près de 2 exploitations sur 3 achètent la totalité des concentrés nécessaires. C est dans le groupe «maïs» que l autonomie est plus importante. En France, toujours selon [PACCARD et al., 2003], une étude a montré que l autonomie en concentrés se caractérise par une faible valeur moyenne. Leur échantillon étant important (environ 400 exploitations) a présenté une autonomie moyenne de 32,1% en MS, 33,9% en énergie et seulement 20,3% en protéines. Paccard a également constaté que plus de 30% des exploitations sélectionnées achètent la totalité de leur besoin en concentrés. L autonomie en concentrés calculée par ce travail est inférieure à celle constatée en France. Cependant, notre échantillon est nettement inférieur au leur (16 vs 400 exploitations) et non représentatif des exploitations laitières wallonnes. Toutefois, elle semble suivre la même logique. 75

2.5. RELATION AUTONOMIE ALIMENTAIRE & ASPECT ÉCONOMIQUE Sur les figures 18 & 19, les modes de production se distinguent via les couleurs : vert = système «Maïs» ; mauve = système «Herbe» et rouge = système «Zéro-grazing». Figure 18 - Relation entre le coût de l'alimentation et l'autonomie alimentaire énergétique La relation «coût autonomie en VEM» (figure 18) est significative pour le système «Maïs» mais ne l est pas pour les autres modes d alimentation, certainement par manque de données. Figure 19 - Relation entre le coût de l'alimentation et l'autonomie alimentaire protéique Aucune relation significative n a pu être mise en évidence en ce qui concerne l autonomie protéique (figure 19). 76

CHAPITRE 3 CONCLUSION ET PERSPECTIVES Ce travail avait pour objectif de comparer l autonomie alimentaire et le coût de l alimentation de trois modes de production. Le système «zéro-grazing» dans lequel le cheptel en lactation ne pâture pas. Le mode «herbe» pour lequel l alimentation est principalement constituée de ce fourrage et enfin le groupe «maïs» où la base de la ration des vaches laitières est des aliments énergétiques (maïs, pulpes, ). La récolte de données s est faite par passage en fermes. Celles-ci sont localisées principalement en région herbagère liégeoise et dans la Botte du Hainaut. Au final, les chiffres de 16 exploitations ont été analysés. Les résultats obtenus sont à prendre avec précaution car la représentativité des termes n est pas suffisante que pour généraliser à l ensemble de la spéculation laitière wallonne. Cinq fermes ne peuvent pas être représentatives et il y a un effet région qui influence les résultats. Cependant, cela donne une première approche. L autonomie alimentaire a été calculée selon deux procédés : sur base des besoins théoriques et selon les données de l éleveur. L une comme l autre semble convenir car le niveau d imprécision était souvent inférieur à 10%, pour l autonomie en MS et en VEM. Des différences plus importantes se sont marquées en ce qui concerne l autonomie en DVE. Rappelons que cette notion est complexe et fait appel à la fois à l énergie et à la protéine. L autonomie alimentaire en «zéro-grazing» est de 65 % en MS et VEM et 52 % en protéines (MAT). Celle du groupe «maïs» tourne autour de 85% en MS, VEM et de 70% en MAT. Le système «herbe» a une autonomie intermédiaire (70% en VEM et 66% en MAT). Un échantillon d exploitations plus représentatif de la spéculation laitière en Wallonie aurait permis d affirmer les chiffres obtenus. De plus, trois facteurs influencent ces résultats : le mode d alimentation, la région et le niveau d intensification. En termes de coût alimentaire, le système de production «Zéro-Grazing» revient à 11,11 /100L alors que les modes «Herbe» et «Maïs» sont de respectivement 7,91 /100L et de 10,05 /100L. Statistiquement, aucune différence significative n a pu être mise en évidence entre les systèmes car l échantillon est relativement hétérogène et dans chaque groupe, il y a de grandes variations. On observe, cependant, qu en moyenne la répartition entre les coûts (fourrages et concentrés ou autoproduction et achat) est semblable selon le type de gestion. Une analyse du coût de production des principaux fourrages de base de la ration a été réalisée. Le coût de la mécanisation de l herbe diffère en fonction du mode d alimentation. En effet, un système où il n y a pas de pâturage augmente la plupart du temps le coût. Une image caricaturée de la vache en pâturage la considère comme une barre de coupe à l avant et un 77

distributeur d engrais à l arrière. Ce sont donc deux opérations mécanisables supplémentaires à réaliser dans un système «Zéro-Grazing». Le coût de l ensilage de maïs est peu influencé par le mode de production mais varie en fonction des régions agricoles. Ce travail a mis en avant que produire du maïs en région herbagère liégeoise coûte plus cher qu en région limoneuse et Condroz. Il n est donc peutêtre pas judicieux de continuer à faire du maïs dans la région herbagère liégeoise. Aucune conclusion ne peut être établie quant à l interaction entre l autonomie alimentaire et l aspect économique, notamment concernant le coût alimentaire par 100 litres de lait. L autonomie alimentaire a été abordée au niveau de l exploitation. A l avenir, il serait intéressant de se pencher sur l autonomie alimentaire sur un plus grand nombre de fermes pour avoir un échantillon plus représentatif (au minimum 10 exploitations par groupe). D autre part, pour comparer l autonomie des élevages uniquement selon le mode d alimentation, il faudrait les étudier dans une même région agricole et pour un même niveau d intensification. Enfin, vu que dans certaines régions agricoles, il est impossible de produire tous les fourrages, il serait intéressant, à l avenir, de se pencher sur l autonomie alimentaire à l échelle d une région agricole voire à celle de la Wallonie ou encore du pays. Il s agirait de regarder à ce qui est acheté hors de la zone étudiée, soit principalement des concentrés et/ou coproduits de l industrie. Une autre piste de raisonnement est de comparer l autonomie des exploitations en lait standard afin de comparer des choses comparables. 78

ANNEXES

INDEX DES ANNEXES Annexe 1 : Les régions agricoles de la Belgique I Annexe 2 : Explication du calcul du coût de production des céréales II Annexe 3 : Questionnaire utilisé pour la récolte des données en ferme III Annexe 4 : Explication du logiciel MECACOST XVII Annexe 5 : Estimation des rendements XIX Annexe 6 : Normes du nombre d Unités Gros Bétail XIX Annexe 7 : Calcul de la consommation en MS chez la vache laitière XX Annexe 8 : Calcul des besoins en VEM de la vache laitière XXI Annexe 9 : Calcul des besoins en DVE de la vache laitière XXII

Annexe 1 : Les régions agricoles de la Belgique Carte des régions agricoles de la Belgique. (http://www2.vlaanderen.be/landbouw/images/kaart_landbouwstreken_1000.jpg) - Les Dunes caractérisées par du sable fin inapte à l agriculture ; - Les Polders ayant des sols argileux très fertiles cependant difficiles à travailler. Il y a une prédominance de grandes cultures (céréales, betteraves sucrières) et de pâturages (pour l engraissement du bétail) ; - La région sablonneuse qui par ses sols sablonneux, légers et faciles à cultiver permet le développement des cultures maraîchère et ornementale. On y retrouve également des grandes cultures et de l élevage intensif ; - La Campine a des sols pauvres, composés de sable grossier. Il y a de nombreuses friches (bruyères, champs de dunes, bois de conifères) mais parallèlement, les secteurs plus fertiles sont réservés principalement à l élevage laitier ; - La région sablo-limoneuse est une région légèrement vallonnée, très féconde, convenant particulièrement à la culture de céréales et de betteraves sucrières ; - La région limoneuse, particulièrement fertile, est considérée comme la région des grandes cultures ; - La Campine hennuyère, ayant les mêmes caractéristiques que la Campine, est située au centre du Hainaut ; - Le Condroz avec ses sols calcaires, fertiles, permet une agriculture intensive malgré la présence de terres moins fécondes ; - La région herbagère (Liège) a des sols lourds et fertiles, couverts de pâturages et de zones boisées ; I

- La région herbagère (Fagne), comme la région précédente, il y a alternance de zones boisées et de pâtures du fait de l alternance de sols calcaires peu profonds et de formations schisteuses ; - La Famenne est une région relativement vallonnée convenant aussi bien pour l élevage que l agriculture ; - L Ardenne, boisé à plus de la moitié, est caractérisé par un plateau avec de profondes vallées et des sols pierreux ; - La région jurassique alterne les sols calcaires fertiles et pauvres ; - La Haute Ardenne est un haut plateau verdoyant sur sol pierreux. Annexe 2 : Explication du calcul du coût de production des céréales Le coût de production ( /T) d une culture céréalière tient compte du poste «mécanisation» («travail») mais également des charges opérationnelles et du rendement. Les charges opérationnelles reprennent les frais de semences, d engrais et de produits de lutte phytosanitaire ainsi que les frais divers spécifiques à la culture. Activité Nombre Tracteur Machine Coût unitaire ( /ha) Total ( /ha) Labour 1 4 rm 140 ch Charrue 4 socs 39,60 39,60 Travail du sol + Herse rotative - 1 4 rm 140 ch Semis Semoir en ligne 3 m 53,01 53,01 Pulvérisation 5 4 rm 140 ch Pulvé 3000L 24 28 m 7,25 36,25 Moisson 1 6 secoueurs 6m 125,00 125,00 Transport grain 2 4 rm 140 ch Benne 18m³ 12,50 25,00 278,86 Estimation du coût du poste «travail» d une céréale. [MECACOST] Céréale Rendement (T/ha) Charges opérationnelles ( /ha) Travail ( /ha) Coût production ( /T) Froment 7,357 388 278,86 90,64 Escourgeon 7,381 349 278,86 85,06 Epeautre 5,954 329 278,86 102,09 Estimation du coût de production des céréales (données de 2007) [BOUQUIAUX, 2009] II

Annexe 3 : Questionnaire utilisé pour la récolte des données en ferme C est sur base de ce questionnaire, réalisé personnellement, que la collecte des informations nécessaires au travail a pu être permise. Date : Région agricole : Autonomie alimentaire : Description générale de l exploitation Spéculations présentes sur l exploitation Exemples : lait ; bovin viande ; culture ; porc ; poulet ; ferme pédagogique ; gîte ; Surface & Troupeau S.A.U. totale : ha dont ha en surface fourragère o ha Prairie Permanente o ha Prairie Temporaire o ha Tournière o ha Maïs o ha Froment o ha Escourgeon o ha Betterave o ha Colza o o Fermage moyen ( /an) : Importance du cheptel laitier : o Vaches laitières : o Génisses (1 2 ans) : o Génisses (> 2 ans) : o Jeunes bêtes (0 1 an) : o Taureau : Races présentes : o Holstein (%) o Autres (%) III

Spéculation laitière Quota laitier : L (laiterie : ) Quantité de lait produit annuellement : (le quota est-il rempli?) Production annuelle / vache : L Système de traite (robot ou salle de traite + type de disposition, marque) : Type d étable (exemples : stabulation libre aire paillée ou logette tapis / creuse + paille, ; stabulation entravée ; ) : Répartition des vêlages (exemples : toute l année ; de septembre à janvier ; ) : Intervalle Vêlage Vêlage moyen : jours Age au premier vêlage : IV

Autonomie alimentaire : Alimentation du cheptel Composition (kg frais/animal) Vache laitière o Ration hivernale Type de ration? Ration totale mélangée, Aliments séparés, Production permise : L/j Composition de la ration : Type d aliment Quantité (en Quantité (en Type d aliment frais) : kg frais) : kg Exemple : ensilage maïs 25 kg Exemple : ensilage herbe 15 kg o Concentré Type de concentré (Correcteur ou Production) Exemple : production 21% Possibilité d avoir l analyse des fourrages? Oui Non (barrer mention inutile) Le pas : 1 kg / L lait Jusque kg/jour (Maximum que la vache peut recevoir) Méthode de distribution (DAC ; Cornadis ; Salle de traite) 1kg pour 2,5 L Exemple : 4 kg DAC o Ration estivale Type de ration? Ration totale mélangée, Aliments séparés, Production moyenne sur la période estivale : L/j Ration distribuée de (ex : fin mai) à (ex : fin septembre) Composition de la ration : Type d aliment Quantité (en Quantité (en Type d aliment frais) : kg frais) : kg Exemple : pâturage (jour nuit) / Exemple : ensilage herbe 15 kg V

Si pâturage : Date de sortie du bétail : Date de rentrée en étable : Quel type d herbe? (Herbe jeune, après une 1 ère coupe, ) Type de pâturage? (Continu, tournant, ) Nombre d hectares exclusivement réservés aux vaches laitières? Vache tarie o Ration hivernale Type de ration? Ration totale mélangée, Aliments séparés, Composition de la ration : Type d aliment Quantité (en Quantité (en Type d aliment frais) : kg frais) : kg Exemple : ensilage maïs 25 kg Exemple : ensilage herbe 15 kg o Ration estivale Type de ration? Ration totale mélangée, Aliments séparés, Composition de la ration : Type d aliment Quantité (en Quantité (en Type d aliment frais) : kg frais) : kg Exemple : pâturage (jour nuit) / Exemple : ensilage herbe 15 kg Si pâturage : Date de sortie du bétail : Date de rentrée en étable : Quel type d herbe? (Herbe jeune, après une 1 ère coupe, ) Type de pâturage? (Continu, tournant, ) Nombre d hectares uniquement réservés? VI

Génisse > 1 an o Ration hivernale Type de ration? Ration totale mélangée, Aliments séparés, Composition de la ration : Type d aliment Quantité (en Quantité (en Type d aliment frais) : kg frais) : kg Exemple : foin À volonté Exemple : avoine aplatie 2 kg o Ration estivale Type de ration? Ration totale mélangée, Aliments séparés, Composition de la ration : Type d aliment Quantité (en Quantité (en Type d aliment frais) : kg frais) : kg Exemple : pâturage / Exemple : ensilage herbe 15 kg Si pâturage : Date de sortie du bétail : Date de rentrée en étable : Quel type d herbe? (Herbe jeune, après une 1 ère coupe, ) Type de pâturage? (Continu, tournant, ) Nombre d hectares réservés uniquement aux jeunes bêtes? Génisse < 1 an (après sevrage) o Ration hivernale Type de ration? Ration totale mélangée, Aliments séparés, Composition de la ration : Type d aliment Quantité (en Quantité (en Type d aliment frais) : kg frais) : kg Exemple : ensilage maïs 25 kg Exemple : ensilage herbe 15 kg VII

o Ration estivale Type de ration? Ration totale mélangée, Aliments séparés, Composition de la ration : Type d aliment Quantité (en Quantité (en Type d aliment frais) : kg frais) : kg Exemple : pâturage) / Exemple : ensilage herbe 15 kg Si pâturage : Date de sortie du bétail : Date de rentrée en étable : Quel type d herbe? (Herbe jeune, après une 1 ère coupe, ) Type de pâturage? (Continu, tournant, ) Nombre d hectares uniquement réservés aux Génisses? Aliments produits sur l exploitation Exemple : Ensilage d herbe, Ensilage de maïs, Paille, Céréales, Les quantités produites suffisent-elles pour une année de production? Oui - non Exemple : production de 7 ha maïs, cependant achat de 5 ha supplémentaire. Aliments achetés Concentré, Pulpes, Drèches, + Quantité annuelle Exemple : pulpes surpressées : 120 T ; maïs supplémentaire : 5 ha ; paille ; VIII

Producteur Entreprise Autonomie alimentaire : Coût de production Produits herbagers Pour chacune des activités, préciser par qui elle est réalisée et en fonction de l acteur remplir certaines cases. Si l activité est réalisée par le producteur : indiquer le tracteur employé, le nombre d heures d utilisation du tracteur par an, la machine et les hectares annuels pour lesquels la machine est utilisée. Exemple : pour la fauche : tracteur 4rm 140 ch + faucheuse frontale 3,1 m + faucheuse trainée 2,5 m Si l activité est faite par entreprise, indiquer le coût. Exemple : ensilage (ensileuse automotrice) 170 /ha Activités Tracteur (nombre roues motrices, nombre chevaux, ) H/an Machine (Longueur, largeur, nombre de rotors, ) Ha /an Coût ( ) Fertilisation - Engrais minéral X 4 rm 140 ch 300 Centrifuge porté 27m 1500L 50 ha - Lisier X 4 rm 120 ch 1000 Tonneau lisier 10 000L 1 essieu 4 000 m³/an - Fumier - Traitement phytosanitaire - Nombre de passage - Superficie traitée Fauche IX

Etendre Andainer Ensilage + transport + tassement X 370 /ha (HTVA) Ebouser Faucheuse de refus Autres opérations Transport (lors ensilage) Tassement (lors ensilage) Ballotage foin Pressage herbe préfanée + enrubannage Pour des prairies temporaires : Mise en place pour années Préparation de la terre au semis - Labour - Passage «travail du sol» Semis X

Intrants Exemple Type d engrais Quantité épandue Nombre de passage Coût d achat Avant 1 ère coupe (25 250 kg/ha Minéral N27 ha) 180 /T 200 kg/ha Après coupes 2 et 3 Organique Lisier de bovin 30 m³/ha Avant 1 ère coupe (25 ha) exploitation 15-20 m³/ha Après chaque coupe* * 22 ha en 2 ème coupe ; 20 ha en 3 ème coupe ; 15 ha en 4 ème coupe. Minéral Type d engrais Quantité épandue Nombre de passage Coût d achat Organique Autres Type de pesticides Quantité épandue Coût d achat Exemple : Désherbage 1 kg / ha 47 /ha Semences Quantité épandue Coût d achat Exemple : Mélange graminées - 40 kg/ha 4 /kg légumineuses XI

Autres informations Coupe o Nombre de coupes / an : o Superficie réservée uniquement au pâturage (aucune fauche) + bétail mis sur la parcelle : Exemple : 10 ha dont 5 ha exclusivement pour les jeunes bêtes (1 2 ans) ; 4 ha pour vaches ; 1 ha pour les taries et autres o Superficie fauchée en 1 ère coupe + destination Exemple : 15 ha ensilage pour vaches o Superficie fauchée en 2 ème coupe + destination : o Superficie fauchée en 3 ème coupe + destination o. Dans le cas de prairie temporaire : composition du mélange (+ nombre d hectares / mélange) o Exemple : Ray-grass anglais seul ; mélange Ray-grass + trèfle ; trèfle seul, o o Conditionnement de l ensilage o Silo Nombres de silos pour l ensilage d herbe Dimension (longueur, largeur, hauteur) Exemple : L : 34 m ; l : 7 m ; H : 1,40 m Prix du rouleau de bâche (ex : rouleau de 50m x 10 m = 150 ) o Enrubannage Nombre de balles enrubannées / an + poids moyen? Prix du plastic (si machine en propriété)? o Foin Nombre de balles / an + poids moyen? XII

Producteur Entreprise Maïs Activités Tracteur (nombre roues motrices, nombre chevaux, ) H/an Machine (Longueur, largeur, nombre de rotors, ) Ha /an Coût ( ) Préparation de la terre au semis - Labour X 4 rm 130 ch 300 Charrue 4 socs 80 ha - Passage «travail du sol» Semis X 44 /ha Fertilisation - Engrais minéral - Lisier - Fumier (épandage + coût de chargement) - Traitement phytosanitaire - Nombre de passage Récolte (ensilage) + "conditionnement" (tassage, transport) Autres opérations Transport (si effectué par l exploitant) Tassage (si effectué par l exploitant) X Téléscopique 7 T 1,3 ha/h XIII

Intrants Exemple Type d engrais Quantité épandue Nombre de passage Coût d achat Avant 1 ère coupe (25 250 kg/ha Minéral N27 ha) 180 /T 200 kg/ha Après coupes 2 et 3 Organique Lisier de bovin 30 m³/ha Avant 1 ère coupe (25 ha) exploitation 15-20 m³/ha Après chaque coupe* * 22 ha en 2 ème coupe ; 20 ha en 3 ème coupe ; 15 ha en 4 ème coupe. Minéral Type d engrais Quantité épandue Nombre de passage Coût d achat Organique Autres Type de pesticides Quantité épandue Coût d achat Exemple : Désherbage 1 kg / ha 47 /ha Semences Quantité épandue Coût d achat 17 doses 81 /dose Autres informations Conditionnement de l ensilage o Silo Nombres de silos pour l ensilage : Dimension (longueur, largeur, hauteur) : Prix du rouleau de bâche (ex : rouleau de 50m x 10 m = 150 ) : XIV

Autres aliments produits sur l exploitation Si d autres aliments présents dans la ration sont produits sur l exploitation (céréales, betteraves fourrages, ), faire le raisonnement similaire à celui réalisé pour le maïs. Pour les aliments achetés Quelle est la quantité achetée et à quel prix? Exemple : pulpes surpressées : 120 T/an à 18,50 /T (HTVA). Remarques Si la ration contient de la paille, je prendrais le prix du marché. XV

Autonomie alimentaire : Objectifs de l éleveur Actuellement, vous considérez-vous comme autonome au niveau alimentaire? Si oui ou non, pourquoi? Etre autonome, est-ce un objectif pour vous? Si oui, pensez-vous pouvoir accroitre le pourcentage d aliments produits sur l exploitation? Et comment pensez-vous y arriver? Jusque quel niveau (production laitière) voulez-vous être autonome? Autres remarques Si vous le souhaitez, vous pouvez indiquer vos coordonnées afin que je puisse vous recontacter dans le cas où il me manquerait l une ou l autre donnée. Coordonnées : Encore une fois merci pour votre collaboration. XVI

Annexe 4 : Explication du logiciel MECACOST MECACOST, mis au point par l Unité Machines et infrastructures agricoles du CRA-W, est un logiciel simple pour calculer le coût d utilisation prévisionnel du matériel agricole. Depuis mai 2009, un service en ligne (http://mecacost.cra.wallonie.be) permet de connaitre rapidement le coût d utilisation de plus de 380 machines. Le logiciel est basé sur une méthode de calcul reconnue et des données fiables représentatives du marché. Il permet de calculer, pour une seule machine ou un chantier, le coût d utilisation prévisionnel total ou par postes (consommation, entretien, réparation, amortissement, intérêts, assurances/taxes et main d œuvre du matériel agricole). MECACOST permet à l utilisateur de choisir de manière optimale le matériel qu il désire en fonction de la superficie à travailler, du nombre d heure d emploi du matériel. L outil permet de limiter les investissements non justifiés, de comparer différents chantiers entre eux (chantiers pour la récolte des fourrages, les semis, ) et de fixer un tarif pour la réalisation de travaux pour des tiers (entreprise agricole). La démarche que doit suivre l utilisateur est simple. Une fois qu il est sur le portail «Calcul des coûts», il introduit les caractéristiques du tracteur et de la machine dont il aurait besoin. Ensuite, la personne peut modifier le prix d achat, l utilisation annuelle, selon ses propres envies. XVII