Conférence consultative régionale de la culture Vendredi 17 décembre 2010 ECONOMIE CULTURELLE ET EMPLOI Jean Louis Sagot Duvauroux : activité de réflexion et activité artistique (Bamako, Mali). Sollicité pour avoir lancé l'idée d'une mutuelle de publics, qui n'a pas abouti. 2 événements qui ont guidé sa réflexion et qui sont au coeur de la vie culturelle : épuisement de l'idéologie de l'oeuvre : ex. urinoir de Marcel Duchamp (ce n'est pas l'oeuvre qui est importante mais l'événement autour de l'oeuvre). Spectacle créé à Bamako dans les années 80, des artistes sortis de la fonction publique s'étaient lancés dans la continuation d'une forme théâtrale en créant une pièce qui critiquait la société sous la direction militaire. Pièce représentée devant le président, filmée, moment historique : la parole peut être prise. Evénement artistique et politique extrêmement important. Mais pièce inexportable, on peut facilement en voir les faiblesses en tant qu'oeuvre. Situation intéressante qui ne met pas l'oeuvre de côté. Phénomène inverse : des travaux (photographies) qui deviennent des oeuvres lorsqu'elles sont happées par la culture occidentale. la question de l'accès à la culture est désormais réglée par le marché : les biens culturels sont très présents sur le marché. Les biens culturels sont démocratisés par le marché organisé par le capitalisme financiarisé (= une entreprise ne peut subsister que si elle est concurrentielle financièrement). Critère extérieur au langage et au choix symbolique. Situation préoccupante d'une privatisation de la production du langage. La question fondamentale de politique culturelle n'est plus «qui accède à la culture?» mais «qui s'autorise à produire le langage?». La question de l'intervention du public dans cet événement artistique : la question de l'intervention financière du public : en général réglé sur le mode de la consommation. Autre modèle : tarification au choix du spectateur (2,5 euros, 5 euros, 10 euros) : tout le monde peut y aller. Donne l'idée d'une contribution, acte de responsabilité qui sort le public de son rapport de consommation. Le public s'autorise à aller voir des choses «à reculons». Met le public dans une position dynamique. Changement de mondanité : dans le moment d'accès à l'art, il y a toujours une mondanité et un accès à la création. Mais en occident, la mondanité et la rencontre avec la création se disent de la même façon : «je vais au théâtre». Beaucoup de gens n'y vont pas car la mondanité leur est désagréable (humiliation). Faire en sorte de donner d'autres pistes (ex : événement avec le secours populaire...). Public qui se sent militant. Mutuelles de public : réflexion sur ce qu'est le système mutualiste (cotisation / prestation solidaire). Dans le champ de la culture, on intervient comme contribuable et comme spectateur (forme de la consommation). Idée que la participation du
spectateur se fasse sous la forme d'une mutuelle. Plusieurs difficultés objectives : mouvement mutualiste qui s'est resserré sur le champ de la santé, dérive vers les pratiques des assurances privées. Le milieu culturel résiste aussi à l'intervention d'une figure autre que la direction de l'institution culturelle. Cette idée est restée un peu en l'air. Lieux où on pourrait la lancer rapidement, ce sont des mutuelles de lecteurs liées à des médiathèques. Question de la prescription, qui devient multiple, réseaux sociaux... quel lien on construit entre l'artiste et le public? Question de la solidarité économique : aussi dans une forme de consommation, ou est ce qu'elle amène aussi un engagement (dimension de valeurs, éthique...) Question du droit culturel : poser la question de la pratique, possibilité de chacun d'avoir sa propre culture Explorer des solidarités + proches que celles de l'impôt. Différencier l'acte d'achat de la contribution à la vie du théâtre. Termes du capitalisme financier sont utilisés de façon très forte au sein même des institutions publiques (production diffusion). Intéressant de manière globale de desserrer la question de la consommation sur la culture (pour la replacer sur la place publique, dans l'espace commun). Emmanuel Doudat : Coopérative d'activités et d'emploi (CAE) Lieu : ancienne chocolaterie, construction d'un projet culturel et artistique, maire d'orléans très sensible au projet, le 108, pluridisciplinaire. Mise en place d'un système en contrat d'objectifs (très souple). Gestion du lieu par le collectif d'associations en échange d'une liberté dans la programmation etc. Ce lieu est aujourd'hui géré par un collectif, avec des espaces mutualisés. Dans la veine de la réflexion sur les lieux de fabrique en France. Idée d'un projet autour de l'expérimentation, dans une rencontre avec le public choisie... Avec la possibilité que le 108 puisse accompagner la réflexion des structures sur la question de l'emploi et de l'économie. Difficulté avec ce statut juridique qu'est l'association, puisque élgible aux projets et plus au fonctionnement. De facto le projet asso varie en fonction des projets portés par l'asso, problèmes de gouvernance... Interroge le modèle associatif. Posture difficile où les assos sont en concurrence entre elles, avec les entreprises du marché... Dans ce contexte, souhait d'interroger les différentes formes de structuration. Cycle de rencontres autour de cette thématique. Idée de pouvoir à côté des institutions et des pouvoirs publics, de pouvoir identifier des outils qui permettent de ramener de l'économie dans le champ de la création, et des modèles organisationnels qui permettent aux artistes de créer. Cas de Labomédia, structure qui s'est construite autour du label ECM qui n'existe plus. Modèle économique avec 2 pôles : pédagogie et artistique subsides publics : vente de projets déguisés aides à l'emploi vente de prestations : développement web, formation Modèle mis en difficulté car les subventions ont tendant à diminuer, pour la vente de
formation pas les mêmes moyens que les boîtes de formation en termes de communication... Idée de réduire la structure Labomédia à un certain nombre de missions de services publics : accompagnement de projets culturels et artistiques + r&d On sort de cette structure l'activité de développement et de formation, qu'on intègre dans la CAE, axée sur les personnes. Problème supplémentaire : le secteur numérique est très mal identifié par les institutions publiques, pas d'interlocuteur, pas de connaissances, pas de lignes budgétaires. CAE créée en novembre. Idée de rester maître de ces outils et d'être dans un démarche d'ess, l'économie dégagée sera ré injectée dans des personnes porteurs de projets artistiques, et dans des structures (r&d). Si on ne se positionne pas là dessus, l'économie va partir ailleurs (vers les gros organismes de formation, vers le privé...). Imaginer avec les acteurs, sur le territoire en région mais aussi en france des modèles d'organisation de l'emploi, des modèles économiques pour continuer à développer des projets artistiques et des formes d'action en direction du public. Dans la CAE, 18 mois d'accompagnement. Rémunération liée à ce qu'on dégage comme chiffre d'affaires, idée de lisser le salaire qu'on va étaler sur plusieurs mois. Pour les artistes plasticiens : idée de leur construire un statut. La CAE a la capacité aussi de répondre à des appels d'offre (part réservée aux structures de l'ess). Facturation à des vrais prix, des vrais taux, ce qu'on était plus timide à faire quand on était une association. Possibilité d'avoir dans la CAE des entrées «projets». Artistes ont de + en + plusieurs activités, plusieurs statuts, plusieurs métiers, et souvent une précarité. Volonté d'adhérer à un modèle d'organisation social très prégnant. Comment on réinterroge des modèles et comment on met face au marché une logique solidaire, mutualiste...? Construction d'un nouveau modèle de développement collectif. La question des industries créatives prône encore le tout économique, et que le meilleur gagne. Comment remettre du solidaire? Tiers voie qui permet à des artistes d'avoir accès à une réalité économique pour pouvoir vivre. La difficulté qu'il y a aujourd'hui c'est d'organiser l'intervention publique, l'intérêt général et l'initiative privée... On a perdu le sens des politiques culturelles aujourd'hui. Question de la «normalisation» des statuts sociaux. Question de la redistribution des richesses : quelle redistribution quand le projet marche et est happé par le marché? Déroulement CCRC Eco / Emploi : Acteurs associés à des perspectives de politiques publiques en région. Pour la suite :
Exemples d'initiatives privées Rapports public / privé Décloisonner : services de la région, partenaires éco... Partenariats nord/sud Témoignages de politiques qui ont porté des innovations qui fonctionnent aujourd'hui sur le territoire Améliorer l'existant : créer de nouveaux dispositifs d'harmonisation public / privé / intermédiaire Affirmer des valeurs qui vont participer à transformer le modèle d'organisation (parler de citoyens) Réflexion sur les nouveaux indicateurs, en produire de nouveau? Prochaine séance de travail : aborder des pistes de travail de dispositifs qui pourraient être mis en place. Resserrer le sujet de l'économie et l'emploi.