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Année 2002-2003 AES 1 Introduction aux Principes d'economie Cours de T. Pénard TD : Emmanuelle Reulier, Françoise Thouard CORRECTIONS Janvier 2003 Durée 2 heures - Calculatrice autorisée Exercice 1 : Taxe sur les emballages Le gouvernement français a l'intention de mettre en place une taxe sur les emballages (carton, plastique, ) qui sont utilisés par les industriels pour empaqueter leurs produits. Cette taxe serait fonction du poids de l'emballage. Plus particulièrement, considérons le marché des emballages cartons. Sur ce marché, l'offre mensuelle de cartons est représentée par la fonction O(p)= -150 + 40p où p est le prix en euro perçu par les fabricants d'emballages cartons et où les quantités offertes sont données en millions de tonnes. De même, supposons que la demande soit représentée par D(p)= 225-10p où p est le prix en euro acquitté par les industriels acheteurs de cartons et où les quantités demandées sont données en millions de tonnes. Supposons que les dommages externes générés par les industriels, acheteurs de cartons soient égaux, en millions d'euros, à 2,5*Q où Q est la quantité d'emballage carton utilisée en millions de tonnes. a) Une taxe sur les industriels acheteurs de carton peut-elle se justifier sur le plan économique? Déterminez le montant optimal de la taxe forfaitaire à appliquer aux industriels acheteurs de carton. Une taxe sur les industriels acheteurs de carton se justifie car ces derniers sont à l'origine d'externalités négatives. En effet, les cartons servant à emballer leurs produits constituent des déchets ménagers dont il est coûteux de se débarrasser - (coût de la collecte des ordures ménagers et de leur élimination ou de leur recyclage). Or ce coût externe, supporté par la collectivité, n'est pas intégré par les industriels dans leurs choix économiques (notamment les choix relatifs à la commercialisation et au packaging). Ainsi, la demande de carton par les industriels est supérieure à la demande socialement optimale et l'équilibre de marché est sous- 1

optimal (les quantités de carton échangées à l'équilibre sont supérieures aux quantités socialement optimales). Pour inciter les industriels à tenir compte des dommages externes générés par leur activité, une solution possible consiste à instaurer une taxe sur les emballages. Cette taxe appliquée aux acheteurs de carton augmenterait le coût du carton et réduirait ainsi la demande d'emballage carton (afin de la rapprocher de la demande socialement optimale). Compte tenu de la spécification des dommages externes, la taxe optimale consisterait à prélever 2,5 euros aux industriels sur toute tonne achetée. Cette taxe permettrait de faire coïncider la demande de carton avec la demande socialement optimale et ainsi l'équilibre de marché redeviendrait optimal. b) En déduire les nouvelles offre et demande de marché, ainsi que l'équilibre en présence de cette taxe optimale (ne faites pas de représentation graphique). Commentez. Calcul du nouvel équilibre du marché : Soient O t (p) et D t (p) les nouvelles fonctions d'offre et de demande de carton en présence d'une taxe forfaitaire sur les acheteurs de 2,5 euros par tonne. Comme la taxe porte sur les acheteurs, la fonction d'offre reste inchangée : O t (p)=-150+40p. Par contre la demande devient : D t (p)= 225-10(p+2,5) Soit D t (p)= 200-10p Sous l'hypothèse que le marché de l'emballage carton en France est concurrentiel, le prix de la tonne de carton à l'équilibre, noté p*, est défini par : O t (p*)=d t (p*) -150+40p*=200-10p* Soit p*=7 On en déduit les quantités d'équilibre : q*=130 Le prix du carton à l'équilibre serait alors égal à 7 euros et les quantités vendues égales à 130 millions de tonnes. La taxe rapporterait à l'etat 325 millions d'euros, ce qui compenserait exactement les dommages externes générées par les industriels. 2

Exercice 2 : Rossignole et les matériels de ski L'entreprise Rossignole est un des leaders sur le marché des matériels de ski (skis alpins, snowboard, fixations de ski, etc ). Concernant la production de paire de skis, nous disposons des informations suivantes. La production horaire de paires de ski se caractérise par des coûts fixes d'un montant de 100. Les coûts variables sont donnés dans le tableau suivant NOMBRE DE PAIRES DE SKI PRODUITES EN UNE HEURE 1 2 3 4 COUT VARIABLE EN 20 60 110 220 a) Calculez les coûts moyens et les coûts marginaux de Rossignole selon la production horaire de ski. Puis, représentez graphiquement. On sait que les coûts fixes (CF) s'élèvent à 100. NOMBRE DE PAIRES DE SKI PRODUITES EN UNE HEURE 1 2 3 4 COUT VARIABLE EN CV(Q) 20 60 110 220 COUT TOTAL C(Q)=CV(Q) +CF 120 160 210 320 COUT MOYEN CM(Q)=C(Q)/Q 120 80 70 80 COUT MARGINAL Cm(Q) 20 40 50 110 COUT VARIABLE MOYEN CVM(Q)=CV(Q)/Q 20 30 36.66 55 REPRESENTATION GRAPHIQUE DES COUTS VARIABLES ET COUTS TOTAUX 350 300 250 en euros 200 150 COUT VARIABLE EN CV(Q) COUT TOTAL C(Q)=CV(Q) +CF 100 50 0 1 2 3 4 Production horaire de paires de ski 3

REPRESENTATION GRAPHIQUE DES COUTS MOYENS ET MARGINAUX ET FONCTION D'OFFRE 140 120 100 en euros 80 CM 60 40 COUT MOYEN COUT MARGINAL COUT VARIABLE MOYEN offre de Rossignole 20 0 1 2 3 4 production horaire de paires de ski b) En déduire la valeur approximative du coût moyen minimum de l'entreprise Rossignole. On sait que le point d'intersection entre la courbe de coût moyen et de coût marginal correspond au coût moyen minimum (cela signifie que graphiquement votre courbe de coût moyen doit continuer à décroître après Q=3 jusqu'à l'intersection avec la courbe de coût marginal. Comme l'intersection se fait entre les quantités 3 et 4 et sachant par ailleurs que pour une production horaire de 3 paires de ski, on a un coût moyen de 70 et un coût marginal de 50, le coût moyen minimum prendra une valeur comprise entre 50 et 70 euros (la valeur exacte est à déterminer graphiquement). c) Ecrivez la fonction d'offre de l'entreprise Rossignole et représentez-la graphiquement. Soit CM, le coût moyen minimum de l'entreprise et p le prix de marché pour une paire de ski, la fonction d'offre de Rossignole O(p) s'écrit de la manière suivante : O(p)= 0 si p<cm O(p)=q* si p CM Avec q* définie par Cm(q*)=p 4

Voir sur le graphique la courbe rouge. Suite à un mauvais enneigement en Europe, l'hiver dernier, le prix de marché des paires de ski a connu une forte baisse. d) Supposons que ce prix s'établisse au début de la saison d'hiver 2002-2003 à 20. A ce prix, l'entreprise Rossignole a-t-elle intérêt à rester sur le marché? Donnez la condition précise de sortie du marché pour Rossignole. Même lorsque le prix de marché est inférieur au coût moyen minimum de production, une entreprise peut avoir intérêt à rester sur le marché si elle fait face à des coûts fixes irrécupérables (liés à des actifs spécifiques qu'elle ne pourra pas revendre si elle sort du marché). En effet, les pertes d'exploitation dues à un prix de marché bas peuvent être bien inférieures aux pertes financières en cas de sortie du marché, si les coûts irrécupérables sont très importants. Condition précise de sortie : Rossignole quittera le marché si son coût moyen minimum hors coût irrécupérables est strictement supérieur à 20. Dans ce cas, l'entreprise perdrait plus d'argent à rester sur le marché qu'à en sortir. Cette condition est vérifiée dès lors que certains des coûts fixes sont récupérables. En effet, le coût moyen hors coût irrécupérables est défini par CM hci (Q)=[CV(Q)+CF -CI]/Q, où CI correspond aux coûts irrécupérables et CF aux coûts fixes. Si CF-CI>0 (existence de coûts récupérables), alors on a toujours CM hci >CV(Q)/Q (le coût moyen hors coût irrécupérable est alors strictement supérieur au coût variable moyen). Or le coût variable moyen est toujours supérieur ou égal à 20 (cf tableau et représentation graphique). Dans ces conditions, coût moyen hors coût irrécupérables sera toujours strictement supérieur à 20 et l'entreprise aura intérêt à sortir du marché. Le seul cas où Rossignole peut avoir intérêt à rester pour un prix de 20 est lorsque tous les coûts fixes sont irrécupérables (CF=CI). Dans ce cas, les coûts moyens hors coût irrécupérable sont confondus avec les coûts variables moyens. Ces derniers atteignent leur minimum (20 ) pour une production horaire d'une paire de ski (Q=1). Ainsi pour un prix de marché de 20, Rossignol aura intérêt à produire une paire de ski par heure, même si elle vend à perte. Exercice 3 : Elise et son portable Elise est étudiante en première année d AES. Pour Noël, ses parents lui ont offert un téléphone portable. Avec son téléphone, elle va pouvoir appeler ses copains et copines et discuter avec eux. Elle va pouvoir aussi leur envoyer des messages SMS. Malheureusement pour Elise, elle dispose d'un budget limité d'un montant de 20 par mois. a) Sachant qu'une minute de communication téléphonique coûte 20 centimes d'euros et que l'envoi d'un message SMS coûte 5 centimes d'euros, écrivez et représentez 5

graphiquement la contrainte budgétaire à laquelle fait face Elise, pour l'utilisation de son téléphone mobile, chaque mois. Soit x c le nombre de minute de communications mobiles Soit p c le prix d'une minute de communications mobiles Soit x m le nombre de messages SMS Soit p m le prix d'un message SMS La contrainte budgétaire d'elise correspond à l'ensemble des paniers (x c,x m ) qui sature son revenu de 20. Cette contrainte prend la forme d'une droite définie par : p c x c + p m x m =20 Soit 0,2x c + 0,05x m =20 Si Elise décide de consacrer tout son budget à l'un ou l'autre des usages, elle peut disposer de 100 mn de communications ou bien de 400 messages SMS. 450 400 350 Messages SMS 300 250 200 150 100 50 0 A C B 0 20 40 60 80 100 120 Minutes de communications Contrainte budgétaire Nouvelle contrainte budgétaire b) Heureusement pour Elise, ses cours d'économie en AES vont l'aider à optimiser l'utilisation de son téléphone mobile. Compte tenu de ses préférences et de sa contrainte budgétaire, elle choisit de consacrer 75 minutes par mois aux communications téléphoniques. Représentez graphiquement le panier optimal, noté A, de notre consommatrice rationnelle et la courbe d'indifférence associée. En déduire le taux marginal de substitution associée ce panier. 6

Son panier optimal A correspond à une utilisation de son téléphone mobile sous la forme suivante : 75 mn de communications et 100 messages SMS. Le TMS en A est égal à la pente de la tangente en ce point. Or cette tangente correspond à la droite budgétaire et la pente de cette droite est donnée par le rapport des prix des deux biens, soit p c /p m. Le TMS est donc égal à 4 (interprétation : pour obtenir un minute communications supplémentaires, Elise est prête à renoncer à 4 messages SMS). c) Quelques mois plus tard, l'opérateur de téléphonie mobile annonce une modification de ses tarifs. Le prix du message SMS passe de 5 centimes à 10 centimes d'euros. Elise réagit à ce changement de prix en décidant désormais d'envoyer 60 messages SMS par mois. Représentez la nouvelle contrainte budgétaire, le nouveau panier optimal noté B et la courbe d'indifférence associée, puis expliquez les différents effets en jeu. Déterminez graphiquement le panier noté C correspondant à l'effet de substitution pur. La nouvelle contrainte budgétaire d'elise est donnée par : 0,2x c + 0,1x m =20 Le panier optimal B, suite à cette hausse des prix des SMS (hausse de 100%) correspond à une utilisation de son téléphone mobile sous la forme de 70 mn de communications et de 60 messages SMS. Notons que le TMS en B est désormais égal à 2. Suite à la hausse du prix des SMS, deux effets vont jouer : Un effet de substitution conduisant Elise à passer plus d'appels et à envoyer moins de SMS, compte tenu de la baisse du prix relatif de communications. Un effet revenu conduisant Elise à passer moins d'appel et envoyer moins de SMS le temps de deux activités. En effet, la hausse du prix des SMS appauvrit Elise et réduit son espace de choix. Ces deux effets jouent dans le même sens pour les messages SMS : Elise va envoyer moins de SMS. Par contre, ils jouent en sens contraire pour les appels téléphoniques : l effet net est a priori indéterminé, mais les informations fournies dans le texte montre que l'effet revenu domine l'effet substitution et que le nombre d'appels passés par Elise a baissé. On peut résumer ces effets dans le tableau suivant : Effet sur x c (appels) Effet sur x m (SMS) Effet substitution Positif Négatif Effet revenu Négatif Négatif Effet net NEGATIF NEGATIF 7

De plus, on peut déterminer graphiquement le panier C correspondant à l'effet de substitution pure. Ce panier est situé sur la même courbe d'indifférence que le panier A, mais admet comme tangente une droite dont la pente correspond au nouveau rapport de prix, soit 0,2/0,1=2 (selon notre représentation graphique, ce panier est constitué de 85 mn de communications et 80 messages SMS). On peut ainsi décomposer le passage du panier A au panier B, tout d'abord en un passage du panier A au panier C (effet substitution), puis en un passage du panier C au panier B (effet revenu). Cette décomposition est résumée dans le tableau suivant : Quantités d'appels x c en Nombre de SMS x m mn PANIER INITIAL A 75 100 PASSAGE DE A A C (EFFET 85 80 SUBSTITUTION PURE) PASSAGE DE C A B (EFFET REVENU) 70 60 d) En déduire l'élasticité prix de la demande de message SMS chez Elise. L'élasticité prix de la demande de SMS est calculée à partir des données précédentes. On sait qu'une hausse de prix des SMS de 0,05 à 0,1 euros a entraîné une baisse du nombre de SMS de 100 à 60. En appliquant la formule sur les élasticités-prix, on obtient : 60 100 D E SMS = 100 0,1 0,05 0,05 = 0,4 L'élasticité prix de la demande de SMS est égale à 0,4 en valeur absolue (demande relativement inélastique). Exercice 4 Les relations agriculteurs-grande distribution Les agriculteurs ont obtenu des garanties contre les pratiques commerciales qu'ils jugent abusives Les agriculteurs sortent vainqueurs du conflit qui les opposent à la grande distribution. Après deux journées d'action, ils ont obtenu ce qu'ils réclamaient depuis plusieurs mois : des engagements du gouvernement et de la grande distribution sur la lutte contre les pratiques commerciales jugées "abusives" par la Fédération Nationale des syndicats d'exploitants agricoles. Actif dans la négociation, le gouvernement s'est montré sensible aux revendications de la FNSEA et des jeunes agriculteurs, tout en faisant en sorte que personne ne soit 8

humilié, a indiqué le secrétaire d'etat aux PME, au commerce et à l'artisanat, Renaud Dutreil. Avec le ministre (UMP) de l'agriculture, Hervé Gaymard,, il s'est attaché à convaincre les agriculteurs qu'il ne resterait pas inerte... Extrait du Monde du 24/25 novembre 2002, article de Pascal Ceaux et Gaëlle Dupont Suite à la pression des agriculteurs en novembre dernier (cf article précédent), une convention a été signée entre la grande distribution et la FNSEA, qui envisage la mise en place de prix minimaux en cas de crise des cours. Ce dispositif devrait s'appliquer aux fruits et légume, mais aussi à la viande de porc. a) Un dispositif de prix minimaux sur les produits agricoles constitue-t-il une solution "efficace" en cas de crise des cours? Justifiez graphiquement. Quelles autres solutions pouvait-on envisager pour rétablir les prix sur les marchés agricoles? Un prix minimum correspond à un prix plancher, c'est à dire un prix en dessous duquel le prix de marché ne peut pas descendre. Ce type de mesures est mis en œuvre lorsque les prix d'équilibre sont jugés par les producteurs trop bas. Toutefois, ce dispositif présente l'inconvénient de générer des excédents (quantités offertes supérieures aux quantités demandées). Le marché est dans une situation hors équilibre, puisque l'existence d'un prix plancher empêche tout ajustement par les prix. Ce déséquilibre a un coût lié à la gestion des excédents (stockage, destruction ou exportation vers l'extérieur). Demande Offre Prix Excédents Prix minimum P E Avec E la situation d'équilibre sans prix minimum Q O les quantités offertes en cas de prix minimum Q D les quantités demandées en cas de prix minimum Q D Q Q O Quantités Si le gouvernement souhaite un relèvement des cours sur les marchés agricoles, il est préférable d'agir sur les comportements d'offre et de demande (en réduisant 9

l'offre ou/ et en stimulant la demande), tout en laissant les prix jouer leurs rôles dans l'ajustement des offres et des demandes. Ces mesures sont souvent plus efficaces que des mesures visant à rigidifier les prix sur le marché. b) L'accord entre la grande distribution et la FNSEA a été signé après plusieurs journées d'actions collectives des agriculteurs. Après avoir rappelé la définition d'un bien public, vous présenterez la thèse d'olson, exposée dans son livre de 1966 "The logic of Collective Action", sur la capacité des groupes d'individus à promouvoir leurs intérêts. Illustrez votre réponse en prenant le cas des agriculteurs, mais aussi d'autres groupes d'intérêts. Bien public : bien non rival et non exclusif Selon Olson, le résultat d'une action collective est un bien public au sens où il bénéficie à tout le groupe ou la collectivité concernée, autant à ceux qui ont participé à l'action collective qu'à ceux qui n'ont pas participé (bien non exclusif et non rival). Par exemple, une action collective d'une profession donnée visant à obtenir de meilleures salaires et conditions de travail bénéficiera aux grévistes, mais aussi aux non grévistes. Dans ce contexte, les groupes partageant des intérêts communs ou ayant des intérêts à défendre vont se heurter à des problèmes de passagers clandestins. Si chacun laisse aux autres le soin de mener ou de financer les actions collectives nécessaires, alors aucune action collective ne sera engagée et les intérêts du groupe ne seront pas défendus. En effet, l'action collective est le seul moyen de promouvoir ses intérêts, de faire pression (lobbying). La thèse d'olson est donc la suivante : l'existence d'un intérêt en commun entre plusieurs individus n'est pas suffisante pour la mise en place d'action collective. Il est nécessaire que les individus parviennent à surmonter le problème de passager clandestin. Un des moyens est de s'organiser sous la forme d'un syndicat, d'une association, etc Ce type d'organisations permet de structurer l'action collective et le lobbying. Un des moyens de financer ces organisations est de rendre l'adhésion quasi-obligatoire pour les individus du groupe en question ou de fournir des incitations à l'adhésion (en proposant des services ou bien clubs exclusifs réservés aux adhérents). On comprend alors pourquoi certains groupes sont plus efficaces que d'autres à défendre leurs intérêts. C'est le cas par exemple des agriculteurs. Leurs intérêts sont défendus avec une certaine efficacité par des organisations agricoles puissantes. Ces dernières disposent de nombreux moyens financiers, reposant sur un fort taux de syndicalisation. La raison principale est qu'un agriculteur a généralement intérêt à se syndiquer pour bénéficier d'une aide et d'u soutien dans ces dossiers de prêts et de subventions agricoles (existence de services exclusifs). Plus généralement, dès qu'une profession a un fort taux de syndicalisation, elle réussit à bien défendre ses intérêts. La meilleure solution pour y parvenir est de rendre l'obligatoire l'adhésion au syndicat pour être embauché. A l'inverse, on voit que des groupes très nombreux comme les étudiants ne parviennent pas à bien défendre leurs intérêts faute d'organisations puissantes (faible taux de syndicalisation des étudiants). Les syndicats étudiants n'ont pas 10

encore réussi à inciter les étudiants à adhérer en masse, notamment parce qu'ils ne fournissent pas assez d'avantages exclusifs à leurs adhérents justifiant l'adhésion. 11