Quelques remarques sur l usage du téléphone portable en cours d arts plastiques



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Quelques remarques sur l usage du téléphone portable en cours d arts plastiques Les notes qui suivent ont vocation à vous faire partager des pistes de réflexion quant à la production d images par les élèves avec leur téléphone portable. Accompagnées d exemples réalisés par des élèves, collégiens et lycéens, de Laetitia et Laurent Bombenger, elles sont une incitation au dialogue et à l interactivité, votre avis et vos expériences pouvant enrichir un débat pour l instant inexistant Dans la plupart des établissements, l usage du téléphone portable est interdit en cours. Ce point intangible du règlement intérieur questionne, entre autres, le professeur d arts plastiques. En effet, la production d images par les élèves est un élément constitutif majeur des programmes de notre discipline. Or, certains d entre vous, faute souvent de moyens financiers, ne peuvent simplement pas produire de photographies dans leurs cours car le matériel fait défaut. Ce matériel est pourtant en permanence activé par les élèves à peine sortis des établissements, sans qu ils aient souvent conscience du statut des images qu ils produisent. Il semble paradoxal que l interrogation sur le sens d un de leurs actes en apparence les plus anodins soit ignoré par l Ecole et que cette décision empêche, par ailleurs, le simple usage de la photographie en arts plastiques Plusieurs axes pourraient, à mon avis, inviter à lever cette interdiction dans le cadre du cours d arts plastiques : Le statut de l image, pratiquement pas questionné par les élèves dans leur sphère privée, les conduit parfois à enfreindre le domaine de l intime sans qu ils aient conscience de la portée d un tel acte. Juridiquement, la diffusion d un portrait, par exemple, n est pourtant pas insignifiante. Pas davantage que ne peut l être, chez l adolescent, l utilisation de son image sans son consentement. D autres aspects, liés à ce que l on montre de soi et de ce que l on voit de l autre, sont au cœur de ce qu ils font régulièrement sans en mesurer les conséquences. En dehors de ces points qui touchent au sensible, à l apprentissage du respect de l autre et de la loi commune, la production d une image banalisée par le téléphone est un fait relativement nouveau dont l Education nationale ne peut ignorer l émergence au risque de se couper de pans importants de l usage des médias par les jeunes. Pour notre discipline, la qualité plastique d une image est un phénomène riche en sous-entendus (composition, lumière, cadre, profondeur de champ, angle de prise de vue, point de vue, etc.). Ce n est qu à titre exceptionnel qu un adolescent prend conscience de ces particularités et qu il les utilise avec son téléphone, se focalisant sur d autres aspects, participant à la banalisation des images par la médiocrité de

leur forme. L image produite par un téléphone portable possède pourtant des particularités spécifiques : souvent l optique est d une si mauvaise qualité qu il est quasiment impossible d obtenir la netteté. Ce flou particulier, conséquence d une pixellisation excessive, accorde à l image une qualité utilisable à des fins esthétiques. L agrandissement génère également un flou particulier, souvent dévalorisant pour l image qui prend alors un statut nécessairement «léger», banal, donc «inintéressant». La facilité avec laquelle le transfert peut s effectuer vers un ordinateur autorise la retouche rapide, tous les effets du traitement informatique pouvant être appliqués facilement. Chacun d entre vous le sait, la prohibition du téléphone portable encourage souvent les élèves à enfreindre clandestinement cette règle et à produire parfois des images nocives à divers degrés. Le plaisir de la transgression disparaît par définition dès que l autorisation la rend inutile. Sensibles au professeur qui s intéresse à leurs pratiques habituelles, les élèves rendent positif, par la même occasion, un acte en général légitimement répréhensible. Dans le respect des règlements intérieurs des établissements, il convient, à mon avis, de se demander si le cours d arts plastiques ne peut être l objet d une dérogation, dont le cadre doit être strictement fixé (autorisation des parents, téléphone en mode «silence», interdiction d un usage autre que photographique en précisant la raison de cette contrainte, etc.). Les images qui accompagnent ce texte ont été produites dans le cours d arts plastiques. Elles montrent l intérêt d une telle pratique, ne serait-ce que par rapport à nos programmes J espère que ces brèves réflexions trouveront un écho dans vos expériences pédagogiques, j attends vos commentaires éclairés. 01/06/2011 Cyril Bourdois IA-IPR Arts plastiques Académie de Besançon