Incidences économiques des exportations canadiennes de porc



Documents pareils
Le nouvel indice de taux de change effectif du dollar canadien

Le présent chapitre porte sur l endettement des

Revue des Marchés. Charles Gagné

Impact économique du secteur des coopératives. George Karaphillis CED Institute, Cape Breton University

Association canadienne de la construction. Mémoire prébudgétaire 2015

CONFIANCE DANS L INDUSTRIE AGRO-

August ASSOCIATION CANADIENNE DE LA CONSTRUCTION MÉMOIRE PRÉBUDGÉTAIRE 2015 Comité permanent des finances

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC ÉCONOMIE. Comptes économiques des revenus et dépenses du Québec

L incidence des hausses de prix des produits de base sur la balance commerciale du Canada 1

Tendances récentes dans les industries automobiles canadiennes

Agricultural Policies in OECD Countries: Monitoring and Evaluation Les politiques agricoles des pays de l OCDE: Suivi et évaluation 2005.

Les perspectives économiques

Le FMI conclut les consultations de 2008 au titre de l article IV avec le Maroc

Enquête sur les perspectives des entreprises

La gestion de l offre dans le secteur laitier, un mode de régulation toujours pertinent SOMMAIRE. Daniel-Mercier GOUIN

Réponse concernant le financement de l assurance-emploi et les récentes mesures connexes. Ottawa, Canada 9 octobre

Hausse du crédit bancaire aux entreprises au Canada

APPLICATION DU SCN A L'EVALUATION DES REVENUS NON DECLARES DES MENAGES

LES BRIC: AU DELÀ DES TURBULENCES. Françoise Lemoine, Deniz Ünal Conférence-débat CEPII, L économie mondiale 2014, Paris, 11 septembre 2013

Eco-Fiche BILAN DE L ANNEE 2012 QUELLES PERSPECTIVES POUR 2013? 1

Logistique et gestion de la chaîne d approvisionnement, analyse des indicateurs de rendement clés. Perspective Canada/ États-Unis

Investissement en capital dans la transformation alimentaire canadienne

L industrie agricole et agroalimentaire canadienne et l économie mondiale en

COMMENTAIRE. Services économiques TD LA CONSTRUCTION AUTOMOBILE REDÉMARRE AU CANADA, MAIS MANQUERA-T-ELLE BIENTÔT DE CARBURANT?

Une famille, deux pensions

Les difficultés économiques actuelles devraient demeurer contenues à moins que les tensions financières s amplifient

à la Consommation dans le monde à fin 2012

Conseil économique et social

Rapport. Examen des méthodes de paiement et des tendances des paiements au Canada Octobre 2012

Document d information n o 1 sur les pensions

Votre guide 2015 Régime enregistré d épargne-retraite (REER)

Automne 2014 LE POINT SUR LA SITUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE DU QUÉBEC

Royaume du Maroc. La masse salariale et ses impacts sur les équilibres économiques et financiers

Le Québec en meilleure situation économique et financière pour faire la souveraineté

GENWORTH FINANCIAL CANADA PROPOSITION PRÉBUDGETAIRE OCTOBRE 2006

CHAPITRE VI - LES SOLDES COMPTABLES ET LES INDICATEURS DE REVENU

75 ANS D HISTOIRE EN CHIFFRES :

Situation financière des ménages au Québec et en Ontario

Comment avoir accès à la valeur de rachat de votre police d assurance vie universelle de RBC Assurances

COMPTE DU RÉGIME DE PENSION DE LA GENDARMERIE ROYALE DU CANADA. Comptables agréés Toronto (Ontario) Le 29 avril 2005

Ligne directrice sur les simulations de crise à l intention des régimes de retraite assortis de dispositions à prestations déterminées

Perspectives économiques régionales du Moyen-Orient et de l Afrique du Nord

Qu est-ce que la croissance économique? Quels sont ses moteurs?

Webinaire ICCA/RBC : Tendances conjoncturelles Les opérations de change : un risque ou une occasion d affaires?

Estimation des coûts d un crédit d impôt pour la condition physique des adultes. Ottawa, Canada Le 25 septembre

Info-commerce : Incertitude économique mondiale

6.0 Dépenses de santé et situation budgétaire des gouvernements provinciaux et territoriaux

Le rôle du courtier principal

Flash économique. Agglomération de Montréal. Faits saillants. Septembre 2011

Quel est le temps de travail des enseignants?

Sources de revenu et autonomie des immigrants âgés au Canada SOMMAIRE

SITUATION FINANCIÈRE DE L ASSURANCE CHÔMAGE

Plateforme d informations climatiques au Niger Présentation de l opportunité

Coup d œil sur les inégalités de revenus au

COMMENTAIRE. Services économiques TD

Corefris RAPPORT ANNUEL Annexe 3 : La hausse des prix de l immobilier est-elle associée à une «bulle» de crédit en France?

Quelle part de leur richesse nationale les pays consacrent-ils à l éducation?

Quelle est l influence d une réduction des prestations d 1/5, via le crédit-temps et l interruption de carrière, sur le revenu du ménage?

Tendances sur le plan de l'épargne et du prêt net dans les comptes nationaux

La rémunération des concepteurs. en théâtre au Québec. de 2004 à 2006

Comité du développement et de la propriété intellectuelle (CDIP)

Principes généraux de l imposition des contrats d assurance-vie au Canada

Bulletin de service Bureaux d agents, de courtiers en immeubles et d évaluateurs de biens immobiliersetdes autres activités liées à l immobilier

Rapport financier du premier trimestre de

REGARDS SUR L ÉDUCATION 2013 : POINTS SAILLANTS POUR LE CANADA

À Pékin (heure de Pékin) : 11h00, 20 janvier 2015 À Washington (heure de Washington) : 22h00, 19 janvier 2015 JUSQU À PUBLICATION. Courants contraires

Cet article s attache tout d abord

Norme comptable internationale 33 Résultat par action

L écart salarial entre les femmes et les hommes en Belgique

Annexe 1. Stratégie de gestion de la dette Objectif

Manuel de référence Options sur devises

Monnaie, banques, assurances

Marché mondial de l automobile

entreprises. Ensuite, la plupart des options d achat d actions émises par Corporation

Impact économique de l industrie canadienne du camping et analyse des tendances SOMMAIRE EXÉCUTIF.

Note méthodologique. Les principales différences avec les TES sont mentionnées dans l encadré 1.

Les retombées économiques de l industrie laitière au Canada. Rapport final. Les Producteurs laitiers du Canada

PIERRE MARTELL PRéSIDENT MARTELL HOME BUILDERS

Document d information

La fiscalité nous permet de nous offrir collectivement des services et une qualité de vie supérieurs. Les revenus de l État sont à la baisse

LE COMMERCE EXTÉRIEUR CHINOIS DEPUIS LA CRISE: QUEL RÉÉQUILIBRAGE?

Programme de stabilité Quel impact sur l investissement local?

RAPPORT SOMMAIRE DE L ÉTUDE SUR LE MARCHÉ DU PROPANE. Prépare pour. l Association canadienne du gaz propane. Préparé par. Purvin & Gertz Inc.

RÉSUMÉ DES BAISSES D IMPÔTS ET DES CHANGEMENTS FISCAUX

instruments de paiement échangés à travers les circuits bancaires

Les dépenses et la dette des ménages

Click to edit Master title style

Canada-Inde Profil et perspective

Les durées d emprunts s allongent pour les plus jeunes

Le ministre Oliver dépose un budget équilibré et un plan axé sur des impôts bas pour favoriser l emploi, la croissance et la sécurité

Présentation des termes et ratios financiers utilisés

Monia Amami Franck Brulhart Raymond Gambini Pierre-Xavier Meschi

Compte rendu de l examen par le BSIF des coefficients du risque d assurance

La balance des paiements et la position

RAPPORT FINAL. Étude sur la littératie financière chez les jeunes POR #

Recueil des formulaires et des instructions à l'intention des institutions de dépôts

Pourquoi la croissance du commerce international s est-elle essoufflée? Beaucoup d espoir repose sur la libéralisation des échanges commerciaux

Perspectives économiques

Associations Dossiers pratiques

L importance du secteur bancaire suisse

Transcription:

Incidences économiques des exportations canadiennes de porc Document préparé pour le Canadian Pork Council Conseil canadien du porc Ottawa (Ontario) Canada Préparé par Kevin Grier Analyste principal des marchés George Morris Centre Guelph (Ontario) Mai 212

Table des matières Sommaire... 2 1 Introduction... 4 2 Aperçu statistique... 5 2.1 Point de mire sur le volume... 5 2.1.1 Tendances et indicateurs comparatifs... 5 2.1.2 Regard sur les exportations par rapport à la consommation... 6 2.2 Rendement du marché des exportations... 8 2.2.1 Valeur d exportation... 8 2.2.2 Marchés d'exportation... 9 3 Incidences sur les revenus et sur les prix... 13 3.1 Revenus des producteurs et prix... 13 3.1.1 Influence de la demande d exportation sur les prix... 13 3.1.2 Incidence des prix... 16 3.1.3 Valeurs d'exportation par animal... 17 4 Incidences des exportations de porc canadien sur l économie... 21 4.1 Résultat du modèle d entrées-sorties... 21 Annexe A : Regard sur la demande intérieure nord-américaine... 24 Annexe B : Tableaux supplémentaires du modèle d entrées-sorties... 25 1

Sommaire En 211, les exportations canadiennes de porc ont atteint une valeur de 3,2 milliards de dollars, ce qui correspond à une augmentation de 46 % en dix ans. Le Canada fait figure de chef de file au sein de l industrie porcine à l échelle mondiale, où il occupe le septième rang mondial en termes de production, et le troisième rang en ce qui touche au volume des exportations. Le présent rapport a comme objectif de définir les avantages économiques que procurent les exportations canadiennes de porc à l ensemble de l économie, notamment à l égard des producteurs de porcs. Dans le but de mettre en lumière les avantages de ces exportations, ce rapport s intéresse aux incidences des exportations de porc sur les revenus des producteurs et sur le prix du porc. On s y applique par ailleurs à exposer les incidences des exportations porcines sur le plan de l emploi, de l activité économique, des recettes fiscales et de la rémunération. D abord, les exportations porcines représentent plus de 6 % de la production globale dans ce secteur, si bien qu elles surpassent la consommation intérieure au Canada. Les exportations ont donc offert à l industrie porcine canadienne l impulsion et la capacité nécessaires pour croître au fil de la dernière décennie. Ensuite, la forte demande mondiale pour le porc canadien a contribué à en accroître la valeur et à gonfler les volumes destinés à un bassin élargi de pays consommateurs. Cet état de fait a favorisé les possibilités et l essor commercial de l industrie porcine canadienne, ce qui a permis de générer une valeur ajoutée pour la carcasse entière. Du reste, les exportations porcines ont servi de principal moteur pour assurer la vigueur des prix du porc en 211 et, dans une moindre de mesure, en 212. La demande intérieure de porc sur le marché nord-américain n ayant pas vraiment progressé, le principal facteur pour assurer la vigueur des prix malgré le niveau élevé des stocks d approvisionnement réside dans la demande suscitée sur le marché des exportations. À cet égard, les exportations nord-américaines ont des incidences positives sur les prix nord-américains. Dans un tel contexte, le présent rapport cherche particulièrement à isoler les incidences des exportations canadiennes sur le prix du porc au Canada. Grâce à la méthode de régression et à d autres méthodes, les conclusions de ce rapport permettent d entrevoir que les exportations porcines canadiennes ont vraisemblablement généré de 2 $ à 3 $ par animal au profit des producteurs de porc du Canada. Enfin, ce rapport permet de constater les incidences des exportations sur l économie canadienne. Pour y parvenir, on s en est remis au modèle canadien d entrées-sorties pour le secteur porcin, lequel relève du Système des comptes nationaux de Statistique Canada. Ce modèle se fonde sur la valeur des exportations de 3,2 milliards de dollars pour 211 à titre de facteur «de choc» économique permettant de générer des incidences sur le PIB, l emploi, les recettes fiscales, les profits et la masse salariale. Voici quelques-unes des principales retombées économiques attribuables aux exportations de porc, d après les calculs du modèle de Statistique Canada : 2

45 emplois au niveau de la transformation, de la production et à d autres niveaux d approvisionnement; 1,98 milliard de dollars en rémunération, salaires et avantages; 318 millions de dollars en recettes fiscales (impôts et taxes sur les produits); une contribution de 3,5 milliards de dollars au produit intérieur brut. Selon les chiffres de ce modèle, le total général des exportations, des stocks d approvisionnement et des activités dérivées totalise 9 282 992 $, et ce, grâce à l exportation de porc pour une valeur de 3,2 milliards de dollars. Toutefois, si l on considère la contribution économique nette, la valeur de 3,5 milliards de dollars au PIB citée précédemment pourrait s avérer encore plus importante. En effet, cela signifie que le facteur de choc économique de 3,2 milliards de dollars d exportation en 211 a permis de générer des activités à valeur ajoutée de 3,5 milliards de dollars supplémentaires au sein de l économie canadienne. 3

Incidences économiques des exportations canadiennes de porc 1 Introduction Le Canada figure parmi les principaux exportateurs de porc à l échelle mondiale. Selon les données de 211, le Canada occupait le septième rang parmi les plus importants producteurs de porc dans le monde, et le troisième rang des plus importants exportateurs. En effet, au chapitre des exportations porcines, il n était surpassé que par les États-Unis ainsi que par les 27 pays membres de l Union européenne considérés globalement. Le total des exportations canadiennes est deux fois plus important que celles du Brésil, qui occupe le quatrième rang des plus grands exportateurs à ce chapitre. Le porc du Canada répond donc à une demande croissante à l échelle internationale en vertu de laquelle les importations mondiales ont pratiquement doublé au cours de la dernière décennie, soit de 22 à 211. Au cours de cette période, les importations mondiales ont connu une croissance qui correspond à un taux annuel composé de près de 6 %. Les exportations canadiennes de porc sont capitales pour l industrie porcine au Canada. Depuis 23, celles-ci surpassent la consommation intérieure, si bien qu en 211, elles représentaient plus de 6 % de la production canadienne totale. Compte tenu de ces exportations, le secteur canadien de la production porcine s avère plus important qu il ne le serait normalement, sans compter que les exportations contribuent en outre au marché de l emploi, aux investissements étrangers et à la progression de l activité commerciale au sein de l économie canadienne. 1.1.1 Buts et objectifs Ce projet vise à préciser l apport économique des exportations de porc canadien pour l ensemble de l économie, notamment à l égard des producteurs de porc. Pour y parvenir, on a retenu les objectifs suivants : 1. Déterminer le rendement des exportations canadiennes au cours des dix dernières années. 2. Mesurer l incidence des exportations porcines sur les revenus des producteurs, sur les prix et sur la chaîne d approvisionnement du porc. 3. Définir l incidence des exportations porcines au sein de l économie canadienne en ce qui touche à l emploi, à l activité économique, aux recettes fiscales et à la rémunération. 1.1.2 Méthodologie et plan de travail Ce projet repose sur les données de l industrie porcine dont dispose le George Morris Centre, ainsi que sur les données de Statistique Canada, d Agriculture et Agroalimentaire Canada (Section de la viande rouge) et du département américain de l Agriculture (USDA). On a également procédé à un examen de la documentation pertinente touchant diverses études semblables menées aux États-Unis pour le compte de la US Meat Export Federation (USMEF) et du National Pork Producers Council. Enfin, on a par ailleurs sollicité d autres points de vue en procédant à des entrevues auprès du personnel du 4

Conseil canadien du porc, de Canada Porc International, des membres du Conseil des Viandes du Canada et de divers transformateurs américains. Il est à noter que, dans le cadre du présent document, toute référence aux «exportations» est relative aux produits de viande de porc, et non aux porcs vivants. Lorsqu il sera question d exportation d animaux vivants, on parlera précisément de «porcs vivants». 2 Aperçu statistique Cette section du rapport porte sur le volume, la valeur et la destination des exportations canadiennes au cours de la dernière décennie, soit de 22 à 211. On y propose une mise en perspective du rôle et de l importance des exportations par rapport à la production et aux marchés intérieurs. 2.1 Point de mire sur le volume 2.1.1 Tendances et indicateurs comparatifs En 211, plus de 1,2 million de tonnes de carcasses de porc ont été exportées, ce qui correspond à une augmentation de 3,7 % par rapport à 21. La production totale de porc au Canada s établissait à 1,94 million de tonnes de carcasses (211). Par conséquent, les exportations de porc en 211 représentaient près de 63 % de la production porcine totale, par rapport à 61 % en 21. Comme on l a évoqué précédemment en introduction, les exportations de porc surpassent la consommation intérieure depuis 22 (figure 1). Dès lors, étant donné que les exportations comptaient pour près de 63 % de la production en 211, on peut considérer que la consommation sur le marché intérieur ne représentait que 37 %. Figure 1 Exportations de porc canadien, production et disparition (199-211) en millions de tonnes de poids en carcasse 2, 1,8 1,6 1,4 1,2 1,,8,6,4,2 - Source : Statistique Canada, Cansim Production Exportations Disparition 199 1995 2 25 21 En règle générale, les termes consommation et disparition intérieure sont interchangeables. Selon Statistique Canada, la disparition intérieure résulte de la production moins les exportations, les pertes et l utilisation industrielle, et ce, en tenant compte des stocks. 5

La tendance notable de la croissance des exportations porcines a pris son essor dès 1999, et cette croissance a commencé à ralentir en 26. De fait, de 1998 à 25, les exportations de porc ont connu une croissance annuelle moyenne de plus de 14 %, alors que la production n augmentait qu au rythme de 5 % au cours de la même période. De 25 à 211, la croissance annuelle des exportations est restée en deçà de 2 %, cette croissance étant néanmoins supérieure à celle de la production, laquelle s est soldée par un bilan pratiquement nul durant la même période. Ce qu il faut principalement en conclure, c est que le taux de croissance des exportations s est toujours révélé supérieur à la croissance de la production, peu importe le rythme relativement soutenu ou plutôt ténu de cette dernière. Le lien qui existe entre les exportations et la production constitue un bon point de départ pour évaluer l importance des exportations pour l industrie porcine (ci-après «l industrie»). 2.1.2 Regard sur les exportations par rapport à la consommation On peut également évaluer l importance des exportations en les comparant à la consommation intérieure, c'est-à-dire en déterminant la portion qu elles représentent par rapport à la production intérieure. À partir du milieu des années 9, la portion de la production destinée à l exportation a augmenté à mesure que celle destinée à la consommation chutait. Depuis 23, la production destinée à l exportation surpasse celle qu occupe la consommation intérieure (figure 2). Figure 2 8 % Proportion de la production canadienne vouée à l exportation et à la consommation (199-211) Proportion de la production 7 % 6 % 5 % 4 % 3 % 2 % 1 % % Exportations Consommation 199 1995 2 25 21 Source : Statistique Canada, Cansim Cette démonstration ne vise pas à établir un lien de cause à effet entre la progression des exportations et le déclin de la consommation. Il importe plutôt de souligner que la production a connu une courbe ascendante en dépit du recul de la consommation intérieure. Dès lors, on pourra affirmer intuitivement et en toute logique que la croissance des exportations a engendré une augmentation de la production. En effet, sans cette croissance des exportations, la progression de l industrie nationale aurait été pratiquement nulle, et ce secteur serait aujourd hui beaucoup moins imposant qu il ne 6

l est actuellement. Ce volet sera abordé plus en détail ultérieurement dans ces pages, mais il n en demeure pas moins que cette constatation constitue un bon point de départ pour exposer l importance des exportations au sein de l industrie. Points récapitulatifs Les exportations comptent pour plus de 6 % de la production de l industrie. Au Canada, les exportations surpassent la consommation intérieure. Les exportations ont offert à l industrie l impulsion et la capacité nécessaires pour croître au fil de la dernière décennie, alors même que la consommation intérieure se trouvait au neutre, voire en déclin. Il existe un lien complémentaire entre la production et les exportations. Le fait de favoriser les possibilités d exportation a contribué à la croissance de la production canadienne. 7

2.2 Rendement du marché des exportations 2.2.1 Valeur d exportation Les exportations de porc canadien étaient évaluées à 3,2 milliards de dollars en 211, en hausse de près de 16 % par rapport à 21. Ce taux d accroissement de la valeur est à peu près trois fois plus important que le taux d accroissement de la production calculée en tonnes pour 211, dont on a fait état précédemment. Du reste, la valeur d exportation du porc en 211 s est avérée 46 % plus importante que la valeur d exportation relevée en 22, qui se situait à 2,2 milliards de dollars (figure 3). Ainsi, cette hausse sur dix ans surpasse la croissance de 4 % des volumes calculée pour la même période. Au cours de la dernière décennie (soit de 22 à 211), la valeur des exportations de porc a connu une augmentation annuelle de 4 %. Figure 3 Valeur d'exportation du porc canadien (22-211) 3,5 3, 2,5 milliards de $ 2, 1,5 1,,5, 22 23 24 25 26 27 28 29 21 211 Source : Statistique Canada; CATSNET Analytics Outre les taux de croissance relatifs au fil des ans, il convient également d analyser la valeur d exportation en comparaison de la valeur ou des revenus de l industrie porcine dans son ensemble. Les données de Statistique Canada sur les ventes au sein de ce secteur sont fonction d une segmentation qui n établit aucune distinction au-delà de la catégorie des viandes rouges, si bien que les ventes de porc ne sont pas chiffrées indépendamment. Ainsi, les données sectorielles sur les ventes totales de produits de viande rouge après abattage et transformation (bœuf et porc) rapportent des ventes de 11,8 milliards de dollars en 211. Il s agit là d une augmentation de 4 % par rapport à 21. Ces ventes totales (ou «expéditions totales») de près de 12 milliards de dollars concernent à la fois les marchés intérieurs et d exportation. On peut toutefois estimer les ventes de porc à partir du total chiffré pour les viandes rouges, et ce, en combinant les données d abattage de veaux et de porcs ainsi que la valeur des carcasses. En ce qui concerne le porc, ces valeurs sont dérivées des rapports de R.A. Chisolm, de Toronto. D après les volumes d abattage et la valeur des carcasses, on estime que les ventes de viande porcine ont représenté environ 43 % de l ensemble des 8

viandes rouges au Canada en 211, et 41 % de celles-ci en 21. Ces constatations laissent donc sous-entendre que les ventes totales de l industrie porcine au Canada se chiffraient à environ 4,6 milliards de dollars en 21 et à 5,1 milliards de dollars en 211. En se basant sur cette méthode d estimation brute, on peut estimer que les exportations de porc d une valeur de 3,2 milliards de dollars représentent approximativement 62 % ou 63 % des ventes totales de l industrie porcine canadienne en 211, et environ 6 % en 21. Par ailleurs, à titre de référence en ce qui concerne le chiffre de 5,1 milliards de dollars de ventes, il est intéressant de noter que 21,1 millions de bêtes ont été abattues en 211, ce qui porte la valeur totale par animal au niveau du conditionnement ou de la transformation à environ 242 $. Il s avère également judicieux de souligner que la portion des ventes totales que représentent les exportations au sein de l industrie porcine est très semblable à la portion du volume total de production qu occupe le volume d exportation pour ces années-là. 2.2.2 Marchés d'exportation On constate que les marchés d exportation du porc canadien sont à la fois stables et dynamiques. Si l on considère la stabilité, on peut en effet souligner que les six principaux marchés d exportation porcine du Canada (en tenant compte du volume) étaient les mêmes en 211 que dix ans auparavant, en 22 (figure 4). Il s agit des États- Unis, du Japon, de la Russie, de la Chine, de la Corée du Sud et du Mexique. Or, malgré que ces mêmes pays occupent encore et toujours les six premières positions des destinations d exportation, la proportion d exportations canadiennes qui leur sont dévolues a changé considérablement. Ainsi, le volume destiné aux É.-U. avait reculé en 211 à environ le tiers des cargaisons, comparativement à 5 % en 22. Alors que la part importée par le Mexique et le Japon est restée à peu près inchangée au cours de cette période, les volumes d exportation vers la Russie, la Chine et la Corée du Sud ont connu une forte augmentation. De plus, la catégorie «Autres» s est également élargie au cours de cette décennie, celle-ci regroupant des marchés importants et diversifiés comme l Australie, Taiwan et les Philippines. Dès lors, on pourra considérer que cette évolution des parts d exportation parmi les principaux marchés représente le côté dynamique retenu pour qualifier les marchés d exportation. En 22, six pays seulement importaient plus de 2 millions de kilogrammes, alors qu on en comptait dix en 211. De même, en 22, six pays seulement importaient pour 2 millions de dollars ou plus, alors qu on en comptait deux fois plus en 211. Ces variations du volume et de la valeur des exportations constituent un autre indicateur de la diversification et de l élargissement du bassin de consommateurs. En règle générale, la diversification du bassin de consommateurs constitue généralement un aspect positif. En effet, la diversification offre des solutions de rechange et favorise l essor commercial ainsi que la perspective d une demande accrue. C est donc dire que les entreprises canadiennes de conditionnement ou les autres exportateurs disposent d un plus grand nombre de clients potentiels, et jouissent d une demande élargie. De ce point de vue, la figure 4 illustre une telle diversification en tenant compte de la croissance en Chine, en Russie et en Corée, et tient compte du terrain gagné dans la catégorie 9

«Autres». En outre, parmi les éléments positifs, on doit également tenir compte de la stabilité qui caractérise le marché japonais. En effet, la stabilité nippone indique que le Canada a su maintenir le niveau d expédition vers ce pays tout en élargissant son bassin pour y intégrer d autres pays. Figure 4 Principales destinations de porc canadien par volume (211 et 22) 211 Chine et HK 13 % É.-U. 27 % Autres 16 % Mexique 5 % Corée du Sud 8 % Autres 13 % Russie 12 % Chine et HK 3 % 22 Japon 19 % Mexique 5 % Corée du Sud 4 % Russie 5 % É.-U. 5 % Japon 2 % Source : Statistique Canada; CATSNET Analytics Toutefois, il serait judicieux de se pencher davantage sur le recul de la portion des exportations destinées aux États-Unis, d autant plus que le Canada et les États-Unis forment un marché nord-américain intégré. Ceci étant, il faut dire cependant qu une trop forte dépendance vis-à-vis des marchés américains dans le secteur porcin ou ailleurs est souvent décriée. Ainsi, la proportion de 5 % des exportations de porc qu absorbaient les États-Unis au début de la dernière décennie créait sans doute, aux yeux de certains, un lien de dépendance trop marqué pour le Canada. Il n en demeure pas moins que c était là 1

une proportion relativement raisonnable si on la compare à la part des exportations de bœuf canadien vers les États-Unis, qui atteint 75 % à 8 %. Les États-Unis aussi représentent un marché important et prospère, si bien qu on peut s attendre à ce que les négociants de porc canadien s y intéressent particulièrement. À cet égard, le déclin constaté relativement au marché américain laisse perplexe si l on cherche à déterminer les volets positifs ou négatifs. Un autre moyen d évaluer le rendement des exportations consiste à faire un rapprochement entre la valeur unitaire et la destination. Il est donc pertinent de jeter un coup d œil à la valeur des exportations (en tonnes ou en kilogrammes) selon le pays d exportation (tableau 1). Ces données offrent des renseignements sur la valeur relative des achats réalisés par les principaux partenaires commerciaux du Canada. Tableau 1 Variation de la valeur d'exportation de porc canadien (par kg), 22-211 $ CA/kg 22 211 11/2 % Japon 3,86 4,8 6 % États-Unis 2,95 3,19 8 % Russie 1,9 2,52 131 % Corée du Sud 1,4 2,49 139 % Autres 1,67 2,22 33 % Chine et HK,93 1,67 79 % Mexique 1,17 1,32 14 % MOYENNE 1,82 2,5 38 % Source : Statistique Canada; CATSNET Analytics Au cours de la dernière décennie, la valeur unitaire la plus élevée revenait au Japon, suivi de loin par les États-Unis (tableau 1). Cette marge élevée s explique en partie par la politique du «prix d écluse» pratiquée par le gouvernement japonais, selon laquelle on a établi un prix minimum pour les exportations vers ce marché. Par conséquent, les coupes de viande de plus grande valeur sont acheminées au Japon, et ce, au détriment des coupes de moindre valeur qui y seraient normalement expédiées. On peut donc en conclure que les cargaisons destinées au marché nippon sont principalement axées sur les coupes de valeur, alors que les États-Unis absorbent des produits découpés moins ciblés. Cependant, les renseignements les plus intéressants du tableau 1 touchent sans doute à la croissance de la valeur des exportations vers la Russie et la Corée du Sud (de même que vers la Chine dans une moindre mesure). Ainsi, même si la Russie et la Corée figuraient déjà parmi les principaux partenaires commerciaux du Canada en 22, la valeur unitaire des exportations vers ces deux pays a connu une hausse fulgurante durant la décennie précédant l année 211. Cet état de fait donne à penser que les produits de porc de plus grande valeur y trouvent désormais preneur comparativement au début de cette décennie. À titre d exemple, alors que le gros des achats était dévolu aux accompagnements ou aux abats, on s intéresse désormais davantage aux coupes prisées de valeur supérieure comme le jambon ou l épaule palette, ou même davantage aux produits frais par rapport aux produits surgelés (figure 5). 11

Figure 5 Volume d abats par rapport aux produits découpés, Russie et Corée du Sud (26-211) milliers de tm 35 3 25 2 15 1 5 Russie Abats Jambons 26 27 28 29 21 211 milliers de tm 35 3 25 2 15 1 5 Corée Abats Porc frais ou réfrigéré 26 27 28 29 21 211 Source : Statistique Canada; CATSNET Analytics Les incidences de cette tendance des principaux partenaires commerciaux en ce qui concerne les pièces de viande de valeur supérieure s avèrent positives à plusieurs égards. De fait, les coupes de moindre valeur revêtent une importance capitale quant au rendement à l abattage, mais les pièces de plus grande valeur ont un impact proportionnellement plus marqué ne serait-ce qu en raison de la part de la carcasse qu elles représentent. Cette réalité offre aux entreprises canadiennes de plus amples possibilités en ce qui concerne les coupes de valeur supérieure. Il s agit là d une autre manifestation de l élargissement des parts de marché qui reviennent aux commerçants et aux négociants du secteur canadien du porc. 12

Points récapitulatifs En 211, les exportations de porc canadien étaient évaluées à environ 3,2 milliards de dollars. La croissance de 46 % de la valeur en dollars des exportations canadiennes au cours de la décennie se terminant en 211 a surpassé la croissance du volume des exportations au cours de la même période. Les exportations porcines représentent plus de 6 % de la valeur des ventes totales de l industrie du porc au Canada. Les exportations canadiennes se diversifient à mesure que le nombre de pays importateurs s accroît, tout comme leur participation (tant sur le plan de la valeur que du volume). Le principal message véhiculé tient au fait que la demande mondiale a permis d accroître la valeur et le volume pour les produits destinés à un bassin élargi de pays clients, ce qui a contribué à multiplier les possibilités et à favoriser l essor commercial au sein de l industrie porcine au Canada. En outre, les entreprises de conditionnement ainsi que les négociants sont en mesure de générer une valeur ajoutée pour la carcasse entière. 3 Incidences sur les revenus et sur les prix La section 2 visait à exposer la croissance et l amplitude des exportations de porc canadien au fil de la dernière décennie. On a pu y constater que les exportations ont favorisé la croissance de l industrie, et que celle-ci était parvenue à diversifier son bassin de consommateurs pour élargir ses marchés et susciter un intérêt accru pour les pièces de valeur supérieure. Ainsi, cette diversification a permis de favoriser l essor commercial de l industrie, et de maximiser la rentabilité éventuelle par carcasse. La présente section s intéresse aux incidences du rendement des exportations sur les revenus des producteurs, sur les prix et sur le rendement global dans le secteur porcin. 3.1 Revenus des producteurs et prix 3.1.1 Influence de la demande d exportation sur les prix La section 2.1.2 illustrait la progression nulle, voire le déclin de la consommation intérieure au Canada. À cet égard, la situation est la même aux États-Unis. Selon le département américain de l Agriculture (USDA), la consommation de porc par habitant aux États-Unis a accusé un recul de 4 % en 211. Qui plus est, la consommation par habitant sur le territoire américain a chuté de 11 % au cours des dix dernières années, soit de 22 à 211. Il ne s agit pas ici d établir une comparaison directe entre le Canada et les États-Unis à ce chapitre, mais plutôt de montrer simplement que l industrie porcine des États-Unis a également connu certaines difficultés sur le marché intérieur. Dans cette optique, il convient de souligner que la demande de porc résulte d une combinaison de facteurs relatifs à la consommation et au prix. Autrement dit, la demande mesure la volonté de payer du consommateur pour obtenir un produit tout en tenant compte du prix demandé. À cet égard, le moins que l on puisse dire c est que la demande de porc en Amérique du Nord est restée au neutre. Les recherches menées par le 13

George Morris Centre concernant les données des dix dernières années montrent que la demande s est avérée stagnante ou déclinante au Canada tout comme aux États-Unis. Ces données figurent dans l annexe A aux présentes. Ce qu il importe de prendre en considération à cet égard, c est que la demande intérieure ne s est pas révélée un moteur pour la progression de l industrie. Cet état de fait est donc conforme aux constatations qui ressortent de la section 2.1.2. À l inverse, la demande sur le plan des exportations a connu un essor considérable. L indice des prix à la consommation (IPC) de Statistique Canada permet d estimer les prix d exportation en ce qui touche à la valeur de l exportation porcine. En combinant l IPC et les volumes, on constate qu au cours des vingt dernières années, le Canada a connu une progression constante des quantités (tonnes) exportées, et que les prix ont suivi une tangente régulière, voire montante. Une telle combinaison des indices de rendement sur le plan du prix et du volume constitue un exemple clair et manifeste de la demande croissante. Du reste, cette demande d exportation en hausse contraste grandement avec la situation de la demande intérieure. Figure 6 Indice de la demande d exportation du porc canadien (199-211) Indice des prix du secteur de l exportation 22 = 1 13 12 11 1 9 8 7 6 5 4 95 94 93 92 9 91 96 97 98 99 1 4 5 2 3 7 9 8 111 6 2 4 6 8 1 1 2 1 4 Exportations (en milliers de tm) Source : Statistique Canada (Division des prix); CATSNET Analytics Les propos formulés précédemment portaient sur les exportations canadiennes, mais le portrait est le même en ce qui concerne la demande pour les produits américains. En effet, les données sur la valeur et les volumes aux É.-U. montrent clairement une hausse de la demande d exportation des produits américains. Par conséquent, on peut affirmer de manière générale que la demande intérieure en Amérique du Nord reste au mieux stagnante, alors que la demande d exportation progresse nettement. Dès lors, l enjeu qui se pose est le suivant : quelles ont été les incidences de cette demande sur le prix? Autrement dit : quel est l impact de la stagnation de la demande intérieure et de l accroissement de la demande d exportation sur le prix du porc en Amérique du Nord? On peut répondre à cette question en évaluant le rendement du prix à l aune des stocks d approvisionnement disponibles en territoire canadien et américain, c est-à-dire en Amérique du Nord (figure 7). Les approvisionnements disponibles 14

correspondent à la somme de la production et des importations moins les exportations. La comparaison de prix illustrée à la figure 7 correspond au prix aux États-Unis, le prix canadien étant lié au prix américain au moyen d une formule. La relation de prix en ce qui concerne les approvisionnements nord-américains s est avérée raisonnablement prévisible au cours des années 9 (figure 7 ), c'est-à-dire que la faiblesse des approvisionnements au Canada et aux États-Unis au cours des années 9 a été le gage de prix élevés, et vice-versa comme on aurait pu s y attendre. Toutefois, au cours des années 2, les prix ont semblé évoluer à la hausse de façon imprévisible alors même que les volumes s établissaient autour de 9,5 à 1 millions de tonnes. Autrement dit, le lien de dépendance prévisible qui prévalait au cours des années 9 ne s est pas manifesté dans les années 2. On constate un autre volet important en ce qui touche au volume nord-américain (en tonnes) au cours des années 2, c'est-à-dire que celui-ci a atteint des niveaux beaucoup plus élevés qu au cours des années 9. Or, malgré l importance du volume, le prix du porc s est maintenu et a même progressé de façon surprenante (figure 7). Figure 7 Fournitures disponibles en A. du N. par rapport au prix du porc (199-211) 1 9 11 Prix US/quintal (carcasse) 8 7 6 5 9 91 96 97 93 92 95 94 1 4 5 1 6 8 7 9 3 2 4 8 8 5 9 9 5 1 1 5 Approvisionnement disponible en A. du N. (en milliers de tonnes) Source : National Agricultural Statistics Service de l'usda; Statistique Canada Ce qu il faut donc retenir de la présente section, c est que les prix ont connu une hausse marquée au cours de la dernière décennie, et ce, malgré les volumes d approvisionnement en Amérique du Nord. De fait, l application d un modèle de régression simple permet de constater que la relation entre le prix et le volume pour la période de 199 à 22 aurait généré un prix de seulement 6 $US/quintal en 211, si l on tient compte du volume nord-américain de 9,3 millions de tonnes. Or, le prix véritable se chiffre plutôt à 9 $, soit 3 $/quintal de plus. Même en appliquant le modèle à la relation de prix par rapport au volume pour la période de 2 à 25, on obtient un prix moyen d environ 63 $ (toujours en fonction du volume nord-américain de 9,3 millions de tonnes en 211). La figure 7 n'inclut pas les années 1998 et 1999 en raison de la chute des prix entraînée par les considérations relatives à la capacité. 15

Ainsi, les prix en vigueur en 21 s établissaient à environ 75 $/quintal, alors qu ils auraient été de seulement 61 $/quintal pour la même année si la relation prix-volume s était concrétisée pour la période de 2 à 25. Il existe donc un facteur de marché qui sous-tend le niveau des prix, et qu il aurait été impensable d envisager il y a à peine cinq ou dix ans (et encore moins il y a quinze ou vingt ans). Les propos de la présente section supposent et avancent que ce facteur tient à la demande. Or, comme on l a noté, la demande intérieure est restée latente en Amérique du Nord. Par conséquent, la seule raison qui puisse expliquer un éventuel facteur favorable à la vigueur des prix malgré l importance des niveaux d approvisionnement réside dans la demande d exportation. C est donc dire que les exportations nordaméricaines de porc ont des retombées positives sur le prix du porc en Amérique du Nord. Si l on convient de cette prémisse, alors il faudra chercher à quantifier l incidence des exportations canadiennes sur le prix du porc canadien. 3.1.2 Incidence des prix Le prix d au moins 85 % des porcs du marché canadien est établi selon une formule fondée sur le prix de certaines portions du marché américain. Dès lors, il s avère laborieux de considérer isolément l incidence du prix du porc en ce qui touche aux exportations porcines du Canada puisque celui-ci est intimement lié au contexte américain ou nord-américain. Pour déterminer l incidence canadienne à proprement parler, il vaut mieux s y intéresser dans une perspective nord-américaine. Cela étant, il faut se rappeler que la disponibilité totale du porc en Amérique du Nord se définit, aux fins de cet examen, comme la somme de la production et des importations moins les exportations (le tout rajusté en fonction des stocks). Au cours des cinq dernières années (soit de 27 à 211), les exportations canadiennes et américaines combinées ont totalisé environ trois millions de tonnes. Il faut donc retrancher trois millions de tonnes (attribuables aux exportations) pour établir les stocks d approvisionnement disponibles en Amérique du Nord. Figure 8 Approvisionnements disponibles en A. du N. avec ou sans exportation (27-211) 14 12 en millions de tonnes 1 8 6 4 2 Approvisionnements disponibles en A. du N. Approvisionnements disponibles en A. du N. (sans exportations) - 27 28 29 21 211 Source : National Agricultural Statistics Service de l'usda; Statistique Canada 16

Le fait qu un tel volume de porc soit destiné à l exportation a des retombées positives sur les prix nord-américains. A contrario, s il fallait écouler ou consommer ce volume en comptant sur le marché intérieur seulement, les prix en subiraient une pression à la baisse. Il s agit tout simplement d une constatation de l incidence sur les prix résultant des variations des stocks disponibles. Plus cet approvisionnement est élevé, plus les prix sont bas; plus les niveaux d approvisionnement sont bas, plus les prix sont élevés. S agissant des variations des niveaux d approvisionnement sur les prix, l analyse des données révèle qu en Amérique du Nord, de 21 à 211, les déclins de l approvisionnement d une année à l autre se manifestaient éventuellement par une baisse moyenne de 2,3 %, ces déclins ayant entraîné des hausses de prix de l ordre de 1 % selon un indice de flexibilité des prix de 4,4 (c'est-à-dire qu une baisse de 1 % de l approvisionnement a entraîné une hausse de prix de 4,4 %). Les données et les calculs suivants illustrent cette flexibilité des prix en tenant compte de l incidence des exportations canadiennes. Augmentation du volume des exportations canadiennes de 22 à 211 : 347 tonnes Hausse nette des exportations en 211, déduction faite du volume américain : 253 tonnes Disponibilité totale des approvisionnements nord-américains (Canada et É.-U.) en 211 : 9,3 millions de tonnes Réduction (en pourcentage) en raison des exportations canadiennes (non destinées au Canada et aux É.-U.) : -3 % Incidence du prix selon un indice de flexibilité des prix de 4,4 : 12 % En 211, le prix aux É.-U. s établissait autour de 9 $/quintal d après le poids en carcasse. L incidence des exportations canadiennes comptait pour environ 12 %, ou près de 11 $/quintal sur le poids en carcasse. Par tête de bétail, ce même 11 $ représente au moins 2 $/animal. Il faut donc conclure que les exportations de porc canadien ont permis d ajouter au moins 2 $/animal au prix du porc nord-américain (et donc canadien). Ce montant de 2 $/animal se retrouve donc directement chez le producteur à titre de marge sur coûts variables. L évaluation des incidences des exportations fondée sur la régression du prix et des niveaux d approvisionnement ainsi que sur les mesures de flexibilité s avère donc un processus riche en enseignements permettant d illustrer les incidences des exportations sur les prix. Cette méthode permet également d évaluer les effets des exportations en se fondant sur d autres paramètres (compte tenu de la nature dynamique des variables dont il faut tenir compte). 3.1.3 Valeurs d'exportation par animal 17

Il existe une autre façon d évaluer l incidence des exportations, soit celle qui consiste à s intéresser aux valeurs brutes d exportation en tentant de les ramener aux valeurs de production. Comme on l a souligné précédemment, la valeur des exportations de porc canadien s élevait à 3,2 milliards de dollars en 211. La valeur totale divisée par le volume d abattage en 211 se chiffre à plus de 15 $ par animal abattu au Canada au cours de la même année. L augmentation moyenne de la valeur d exportation par animal s est établie à environ 5 % annuellement au cours de la dernière décennie, ce qui correspond à peu près à la croissance moyenne globale quant à la valeur. Cette valeur par bête se concrétise principalement au niveau du conditionnement ou de la transformation au sein de l industrie, du moins initialement. Pour obtenir un autre point de vue en ce qui touche à l évaluation de la valeur d exportation par animal, on considérera qu il y a dix ans, soit en 22, la valeur d exportation par animal se chiffrait à moins de 1 $. En 211, cette valeur par animal avait grimpé de plus de 5 % (figure 9). Figure 9 Valeur d exportation porcine par animal abattu au Canada (22-211) 16 Valeur d exportation ($)/animal 14 12 1 8 6 4 2 22 23 24 25 26 27 28 29 21 211 Source : Statistique Canada; CATSNET Analytics L'estimation de la valeur d exportation de 15 $ par animal pour l année 211 se veut un simple indice de référence qui donne une certaine perspective. Il s agit là de revenus principalement concrétisés au niveau du conditionnement, ce qui signifie que la valeur totale n a pas nécessairement d échos jusque dans la poche du producteur. Au-delà de cette démarche, il n existe aucune méthode sûre permettant d évaluer la proportion de la valeur d exportation qui revient au producteur. De fait, un trop grand nombre d impondérables entrent en ligne de compte, comme les marges bénéficiaires des entreprises de conditionnement ou des producteurs, la portion vouée à l exportation par rapport au marché intérieur, ainsi que les considérations logistiques. Ceci étant dit, il est néanmoins possible de proposer une certaine orientation pour déterminer à quel point la valeur d exportation revêt une importance relativement aux revenus des producteurs de porc. 18

Le service de recherche économique de l USDA publie régulièrement des estimations qui sont reprises à grande échelle au sujet de l éventail de prix et des parts de marché au sein de la chaîne de production porcine, c'est-à-dire de la ferme à la vente au détail. Ces données montrent qu au cours des six dernières années (soit de 26 à 211), la portion monétaire revenant au producteur pour chaque porc vendu en gros correspondait à 68 %. La valeur en gros pour le porc correspond au produit de la vente réalisé par les entreprises de conditionnement. En appliquant ces données à la valeur d exportation canadienne, il faut encore une fois présumer que le montant de 3,2 milliards de dollars correspond à la valeur en gros au niveau du conditionnement. C est donc dire que la majeure partie des revenus qui découlent du total des ventes d exportation de 3,2 milliards de dollars sont encaissés au niveau du conditionnement. Dès lors, le prix de vente à l exportation estimé à 15 $/animal donne lieu à des revenus de conditionnement. Rappelons ici qu on a établi, à la section 2.2.1, que les revenus totaux au niveau du conditionnement et de la transformation en 211 étaient estimés à 5,1 milliards de dollars, soit environ 242 $/animal. De ce montant de 242 $, environ 15 $ (ou ±6 %) sont attribuables aux exportations. On se reportera encore une fois à la section 2.1.2, où l on rapportait que 6 % de la production de porc canadien était destinée à l exportation. À cet égard, l estimation de 15 $/animal semble cohérente par rapport aux parts des ventes totales et s avère relativement acceptable. En ce qui concerne le producteur, une proportion de 68 % de chaque dollar de valeur en gros (conditionnement) peut être attribuée à la production, si l on s en tient aux estimations de l USDA pour le contexte américain. Pour le Canada, les chiffres sont à peu près semblables à ceux des États-Unis, sauf qu on retiendra un taux conservateur de 6 % aux fins des présents calculs. C est donc dire qu en 211, environ 9 $ des 15 $/animal découlant des ventes d exportation au niveau du conditionnement sont associés directement à la valeur porcine. À titre d indice de référence supplémentaire, on précisera qu en 211, la valeur porcine totale en Ontario s établissait en moyenne à moins de 16 $/animal. La valeur d exportation de 9 $/animal représente environ 55 % à 6 % de la valeur totale. Une fois de plus, on conviendra que la marque repère de 6 % s avère appropriée à titre d indice de référence permettant de justifier cette évaluation. Il importe de souligner que l estimation de 9 $ représente un revenu brut plutôt qu une marge sur coûts variables. Selon les modèles sur les coûts de production porcine retenus par le George Morris Centre, la marge bénéficiaire brute dégagée après les coûts d alimentation des animaux correspond à environ 3 %, ce qui signifie que les exportations ont contribué à la marge bénéficiaire brute à hauteur d environ 3 $/animal en 211. Points récapitulatifs Les exportations nord-américaines ont connu une augmentation considérable alors que la demande intérieure est restée stagnante. La demande d exportation s est soldée par des retombées positives sur le prix du porc nord-américain. 19

Les exportations canadiennes ont permis d ajouter de 2 $ à 3 $ CAN/animal aux résultats nets sur les marges bénéficiaires des producteurs de porc du Canada. 2

4 Incidences des exportations de porc canadien sur l économie Dans les deux sections précédentes, on s est intéressé aux tendances, à l importance et à l impact de la valeur d exportation du porc canadien en ce qui touche à l industrie en général, et aux producteurs canadiens en particulier. Dans le cadre de la présente section de ce rapport, on se penchera plutôt sur les incidences des exportations sur l économie canadienne. Du reste, on y trouvera également une autre manifestation des incidences des exportations sur les revenus des producteurs. On se basera ici principalement sur le modèle canadien d entrées-sorties pour le secteur porcin, lequel relève du Système des comptes nationaux de Statistique Canada. Ce modèle recourt à la valeur des exportations de 3,2 milliards de dollars pour 211 à titre de facteur «de choc» économique afin de générer les incidences sur le PIB, l emploi, les recettes fiscales, les profits et la masse salariale. La présente section illustre les incidences économiques des exportations de porc canadien en 211. 4.1 Résultat du modèle d entrées-sorties D entrée de jeu, il conviendra d expliquer sommairement la nature même du modèle en soi. D une part, le modèle sert à estimer l activité économique générée par l industrie ou par le produit analysé (le porc en l occurrence), ainsi que par les secteurs d approvisionnement qui desservent l industrie porcine. On parlera de secteurs en amont pour définir ces secteurs d approvisionnement. On parle ici d emballage, de produits chimiques, d équipement et, surtout dans ce cas-ci, de production porcine. L industrie porcine en soi correspond donc à l industrie directe et les fournisseurs représentent les secteurs indirects. On doit également tenir compte des incidences «dérivées», c'est-àdire celles qui sont générées par les dépenses en salaires et par les activités provoquées par les acteurs directs et indirects. De fait, les salaires, la rémunération et les profits engendrés par les participants directs et indirects donnent lieu à davantage d activité économique. Le tableau 2 s inspire directement des résultats du modèle d entrées-sorties de la Division des comptes des industries en ce qui touche aux exportations porcines de 3,2 milliards de dollars pour l année 211. Bon nombre des données qui figurent au tableau ne serviront pas aux présentes pour illustrer les incidences, mais on a néanmoins cru bon d inclure le tableau intégral simplement pour faire état des principales variables sommaires. Le tableau se veut donc un exemple du produit découlant du modèle de Statistique Canada. L annexe B aux présentes contient d autres tableaux qui sont repris à titre indicatif. On notera enfin que le tableau ci-dessous n est qu un tableau récapitulatif, puisque le produit véritable du modèle contient des centaines, voire des milliers d estimations relatives à des centaines de secteurs (ainsi que d autres variables comme les importations et les subventions). 21

Tableau 2 Modèle d'entrées-sorties des incidences associées aux exportations de porc sur le PIB et l emploi (en milliers de $) Incidences totales (modèle ouvert) Dérivées Incidences totales (modèle fermé) PIB en termes de dépenses PIB au prix courant 2 655 892 844 44 3 5 332 Dépenses intérieures définitives 1 7 54 1 7 54 Exportations 3 24 159 3 24 159 Importations, dépenses définitives -134 859-134 859 Importations, intrants intermédiaires -548 267-91 24-639 471 PIB fondé sur le revenu PIB au prix courant 2 655 892 844 44 3 5 332 Taxes indirectes sur les produits (dépenses définitives) 87 126 87 126 Taxes indirectes sur les produits (intrants intermédiaires) Taxes indirectes sur les produits (droits d importation) 4 36 11 215 51 521 1 39 3 366 4 755 Subventions sur les produits (intrants intermédiaires) -174 168-12 2-186 17 PIB aux prix de base 2 788 365 754 735 3 543 1 Subventions sur les produits -2 593-46 -2 999 Taxes indirectes sur la production 118 776 55 822 174 598 Rémunération et salaires 1 211 15 316 36 1 527 51 Revenu d emploi supplémentaire 172 88 37 894 29 982 Revenus divers 165 924 71 67 237 593 Autres surplus d exploitation 1 123 2 273 396 1 396 416 Emplois équivalent temps plein Nombre d emplois Direct 1 782 Indirect 26 324 Dérivé 7 85 Total 44 957 Source : Statistique Canada, Système des comptes nationaux, Division des comptes des industries 22

Voici quelques-unes des principales retombées économiques attribuables aux exportations de porc d une valeur de 3,2 milliards de dollars, d après les données du tableau 2 et des tableaux qui figurent à l annexe B : 45 emplois au niveau de la transformation, de la production et à d autres niveaux d approvisionnement; 1,98 milliard de dollars en rémunération, salaires et avantages; 318 millions de dollars en recettes fiscales (impôts et taxes sur les produits); une contribution de 3,5 milliards de dollars au produit intérieur brut. Selon le modèle en vigueur, le total général des exportations, des stocks d approvisionnement et des activités dérivées totalise 9 282 992 $. C est donc dire que l économie canadienne a produit 9,3 milliards de dollars en comptant sur des exportations porcines d une valeur de 3,2 milliards de dollars. Toutefois, si l on considère la contribution économique nette, la valeur de 3,5 milliards de dollars au PIB citée précédemment pourrait s avérer encore plus importante. En effet, cela signifie que le facteur de choc économique de 3,2 milliards de dollars d exportation en 211 a permis de générer des activités à valeur ajoutée de 3,5 milliards de dollars supplémentaires au sein de l économie canadienne. À la ferme, le modèle indique que les exportations porcines de 3,2 milliards de dollars ont engendré des activités économiques globales d environ 2,2 milliards de dollars (principalement des ventes). Ce montant représente environ 68 % du chiffre de 3,2 milliards de dollars en exportations, ce qui correspond de manière particulièrement exacte aux estimations de l USDA quant à la portion qui revient au producteur par rapport à la valeur en gros pour la vente de porc. Enfin, il importe également de souligner un autre aspect au chapitre de la contribution économique, soit le fait que la contribution nette au PIB en ce qui concerne le producteur à la ferme se chiffrait à 47 millions de dollars, ce qui signifie que le choc économique attribuable aux exportations de 3,2 milliards de dollars a valu des activités à valeur ajoutée à hauteur de 47 millions de dollars pour les producteurs agricoles. Kevin Grier George Morris Centre Mai 212 23

Annexe A : Regard sur la demande intérieure nord-américaine Les deux diagrammes ci-dessous illustrent la demande de porc aux É.-U. et au Canada, les indices en prix constants étant répertoriés sur l axe vertical, alors que la consommation occupe l axe horizontal. Les années sont illustrées par les points du diagramme, lesquels font référence à la combinaison des prix et de la consommation. Figure 1 Demande de porc aux É.-U. (1983-211) 15 Indice de prix constants 1 95 9 85 '11 97 '1 96 86 87 9 91 '5 '1 '6 '8 '9 83 84 88 85 '4 '9889 93 94 92 '2'3 95 '7 99 8 45 46 47 48 49 5 51 52 53 54 Source : USDA NASS et Bureau américain des statistiques sur le travail Figure 11 Demande de porc au Canada (1983-211) IPC Porc (en prix constants) 13 125 12 115 11 15 1 95 9 11 1 Source : Statistique Canada Consommation par habitant (livres) 5 9 6 8 3 7 9 97 96 88 83 89 84 85 93 95 94 1 98 2 92 85 15 17 19 21 23 Consommation par habitant (kg) La consommation a connu un recul, tant au Canada qu aux É.-U. Toutefois, l enjeu le plus préoccupant tient au fait que le prix du porc en dollars constants se replie également. Autrement dit, la demande (ou le consentement à payer) est en baisse au Canada et aux É.-U. La demande intérieure nord-américaine s est avérée faible. 24 91 4 87 86 99