Charte Etat/Région pour le développement des arts plastiques en Limousin
PREAMBULE LE LIMOUSIN, TERRE DE L ART CONTEMPORAIN : DU LABORATOIRE À LA PLATEFORME Le secteur des arts plastiques est un des points forts du développement culturel en Limousin, 20 structures y sont accompagnées conjointement par l Etat et la Région. L état des lieux synthétique ci-après en fait ressortir les caractéristiques et spécificités. Un maillage territorial et un renouvellement permanent Issu du volontarisme politique et de l activisme culturel dès la fin des années 1970 et maintenant reconnu au plan national et international, ce secteur s est structuré à partir de l apparition des collections publiques (7 au total en Région qui regroupent toutes les typologies d œuvres et tous les champs disciplinaires) et des premiers centres d art (Meymac en 1979, Vassivière en 1991), du Fonds Régional d Art Contemporain (1983), du musée d art contemporain de Rochechouart (1985), de l Artothèque du Limousin (1986). Il s est construit à partir de projets singuliers, dans un rapport étroit avec le territoire et s est positionné dans des sites patrimoniaux reconnus ou au cœur de paysages exceptionnels. Ainsi, l Abbaye Saint-André, l Île de Vassivière ou le château de Rochechouart, sites remarquables, sont devenus les lieux identifiés de la création contemporaine. De la Charte paysagère de l île de Vassivière (Gilles Clément) aux ateliers de Géographie populaire menés par Appelboom-La Pommerie et Quartier Rouge, des collections publiques de l Artothèque et du musée de Rochechouart au Centre International d art et du paysage (CIAP) et son Bois de sculptures, la thématique du paysage et l ancrage au territoire identifient les projets artistiques et leur confèrent une singularité, reconnue au plan national, voire international. Ces lieux de l art contemporain devenus des institutions, rejoints par d autres structures associatives, aujourd hui constitués en réseau au sein de l association CINQ,25 constituent ainsi un maillage dense au regard de la ruralité de la région et complémentaire, tant dans les approches artistiques que dans leurs modes d interventions (résidences, recherche, création, production, diffusion, médiation). Le Limousin offre un temps à la création, souvent en dehors des contraintes imposées par le marché de l art, à distance des approches plus «formatées», mais en lien avec des problématiques internationales pointues. La question de la production y est aussi importante que les enjeux de diffusion. Des structures associatives à vocation plus large ou davantage identifiées sur le secteur social présentent des exigences artistiques affirmées (Peuple et Culture Corrèze, MJC La Souterraine) cultivent une approche ouverte et démocratique de l art contemporain. Le projet de l association art nomad crée en 1998 identifie parfaitement ce positionnement. Aujourd hui encore, cet «écosystème» complexe et évolutif constitue un pôle d attractivité pour des porteurs de projets et des artistes qui s installent dans cette région considérée à la fois comme un laboratoire de création/innovation et comme une plateforme ouverte sur le monde à travers l activité permanente des lieux et des artistes qui créent des liens durables avec la Région. Une présence artistique importante et renouvelée La présence artistique en région a également été un des moteurs de la création en région : l art contemporain est souvent né de projets d artistes : ceux qui, nombreux, ont pu créer en région et construire une histoire personnelle forte avec le territoire comme ceux qui y vivent et y travaillent. L histoire des structures régionales est imprégnée de cette présence : la création de l Espace Rebeyrolle ou encore du Centre des Livres d Artistes autour d Henri Cueco en sont des exemples significatifs. Actuellement, l activisme créatif du plateau de Millevaches et une concentration d implantations autour de Felletin font quasiment émerger un quartier créatif en milieu rural. L école d art (ENSA Limoges) a été l un des facteurs déterminants de cette présence artistique en région (depuis la période d enseignement de Claude Viallat). Les noms d Henri Cueco, de François Bouillon, de Gilles Clément suffisent à eux seuls à nous rappeler ce lien entre les artistes et le territoire régional ; lien qui se renforce aujourd hui avec Olivier Masmonteil, Fabien Giraud, Pierre Redon, Chrystèle Lerisse, Laurent Terras et bien d autres encore. La question du «faire» guide les installations d artistes qui s implantent aujourd hui, dans des démarches souvent engagées de retour à l authenticité de la posture et à la sincérité des démarches artistiques. Le FRAC-Artothèque et ses dispositifs d acquisitions est un acteur majeur du soutien à la création en région et participent à la reconnaissance de ces artistes au plan national voire international. Les aides de l Etat (DRAC) et de la région participent pleinement au développement des projets d artistes et à leur installation. Les résidences d artistes constituent des relais incontournables pour le soutien à la jeune création et aux projets de recherche dans leurs domaines respectifs. Une production artistique : un enjeu pour la création et pour le renouvellement des savoir-faire Cette dynamique, qui s enrichit aujourd hui du design, du lien avec les savoir-faire et les matériaux (bois, laine, cuir ) est aussi le produit d une histoire forte avec les métiers d arts (émail, tapisserie, céramique ) et avec le secteur industriel et artisanal dans le champ des arts décoratifs qui sont des filières d excellence de la Région. Le fonds pour la création contemporaine de la Cité Internationale de la Tapisserie et de l Art Tissé d Aubusson et les projets du Centre de Recherche sur les Arts du Feu et de la Terre (projet Urbacer, dans le domaine du mobilier urbain) en sont des exemples emblématiques. Les caractéristiques rurales de la région, la faible densité de publics et la disponibilité des ressources et des savoir-faire ont amené naturellement la dimension de production artistique à se développer et à s ouvrir aussi aux entreprises, aux lieux de formation, au secteur associatif non culturel, faisant du Limousin une «région-atelier». Des résidences d artistes du Centre International d Art et du Paysage de Vassivière aux résidences de production en entreprise, les projets artistiques déplacent les enjeux et les regards à la fois sur le territoire et offrent de nouvelles perspectives pour les productions régionales. Les musées récemment renouvelés (Musée des Beaux arts de Limoges et Musée Adrien Dubouché), ainsi que la présence en région des Manufactures nationales (Cité de la céramique Sévres-Limoges, Mobilier national) contribuent à ce rapprochement. Le domaine de l art public (commande publique, 1%) peut également être un point de rencontre entre les arts plastiques, les métiers d art et les arts décoratifs et permettre, en dehors des lieux spécialisés, d impliquer les collectivités dans des projets de création en prise directe avec leurs problématiques territoriales. Plusieurs exemples récents illustrent cette approche. Le dispositif Création contemporaine et patrimoine, piloté par la Fondation du patrimoine en région représente un moyen innovant de soutenir la création en participant à la valorisation des édifices du patrimoine en région. 2
Une création dans un rapport étroit avec les sujets de société et les enjeux de médiation Producteur de projets exigeants et innovants reconnus au plan national et international, le secteur des arts plastiques en Limousin n est pas replié sur lui-même, mais s engage à partir des projets de création, notamment en commande publique, sur des problématiques de société, d aménagement du territoire, d urbanisme, d économie créative et de tourisme. Des collectivités locales, attachées aux savoir-faire et sensibilisées de longue date, notamment avec le Fonds d Acquisition des Communes du Limousin (FacLIM) aux enjeux de création font naître des projets sur leurs territoires (édifices et espaces publics). Le public s engage, à partir de ces projets artistiques décloisonnés, dans une relation de participation et d implication qui va au-delà des formes habituelles de médiation et s ouvre sur des enjeux de formation professionnelle et citoyenne. Cette perspective ouvre la voie à une forme de «réconciliation» du grand public avec l art contemporain. Elle per- met d envisager des développements innovants et une approche plus ouverte de la création incluant des modes de fonctionnement institutionnels innovants. De récents projets tels que ceux portés par Peuple et Culture Corrèze et le Centre national des arts plastiques avec le collectif Rado ou le projet Marche Sonore Eau 3, commande publique de Pierre Redon identifient parfaitement cette problématique. Les enjeux de la médiation et de l éducation sont aussi au cœur des projets artistiques et envisagés comme des moments de création. Cette proximité, souhaitée par des associations à vocation éducative ou travaillée par les services pédagogiques des lieux de diffusion permet d opérer la rencontre entre les publics, les artistes et les œuvres. Dans cette perspective, le lien avec le milieu scolaire et ses établissements reste pour l ensemble de ces acteurs, prépondérants. OBJET DE LA CHARTE Le secteur des arts plastiques connait une évolution importante depuis plusieurs années en Limousin : son rôle dans le développement de la région doit être reconnu. Cette reconnaissance participera à la consolidation d un secteur professionnel qui reste fragile compte tenu de la diversité des statuts et des situations et du relatif isolement des acteurs qui le compose. Reconnaissant l importance des arts plastiques, la singularité du Limousin en la matière et souhaitant ouvrir des perspectives pour ce secteur important pour la politique culturelle régionale, l Etat et la Région affirment dans ce texte leurs ambitions communes pour la discipline. Ce document permettra de définir les évolutions à susciter et à encourager autour de quatre grands axes structurants, champs d expérimentations pour le secteur que sont le soutien à l excellence artistique et à l innovation, le renforcement des liens art/territoire, le soutien à l économie créative et la médiation. Cette convention ne se substitue pas aux conventions pluriannuelles d objectifs propres à chaque structure mais permet de les penser dans un ensemble commun. 3
ARTICLE 1 DEFINITION DES AXES STRUCTURANTS, DES OBJECTIFS ET DES PROPOSITIONS Travaillant de concert depuis plus de vingt ans pour le soutien des structures et des initiatives concernant l art contemporain, l Etat et la Région prennent acte des continuités, notamment en ce qui concerne l ancrage des projets dans le territoire régional, et des évolutions du secteur autour des questions d économie créative et de la médiation culturelle afin de faire perdurer et d amplifier cette spécificité du Limousin sur les arts plastiques. 1 - Soutien à l excellence artistique et à l innovation La présence importante de structures, FRAC, Artothèque, Centres d art, associations, constituées en réseau et développant des projets reconnus au plan national et international constitue une singularité et un atout pour la Région Limousin : cette présence «historique» et renouvelée participe fortement à l identification et à l image du territoire régional et contribue à son développement. Objectifs : A partir de principes généraux d action laissant place à une adaptation au cas par cas, en connectant les projets et en dehors de cadres rigides, l Etat et la Région souhaitent, à partir du constat joint en annexe, continuer à : j Valoriser les projets artistiques des structures professionnelles, FRAC, Centres d arts et associations. j Soutenir et développer les résidences de recherche et de création (Vassivière, La Pommerie, Chamalot, l ENSA, le CRAFT ) j Soutenir la recherche croisée (projet de recherche Vallée des peintres, musées et Cités tapisserie, cuir autour du renouvellement des savoirfaire et des résidences en entreprises) j Soutenir l action internationale des structures et des artistes (Convention Institut français/région Limousin, soutien aux projets internationaux et à la mobilité) j Créer et accompagner les opérations de visibilité j Soutenir et développer l interdisciplinarité, la création numérique j Soutenir et promouvoir la création émergente j Soutenir les projets artistiques innovants (notamment dans le cadre de la commande publique) 2 - Renforcer les liens art/territoire L intérêt des structures et des artistes pour les «projets de territoire» qui prennent appui sur des problématiques environnementales ou sociales et envisagent le territoire régional comme un terrain d expérimentation artistique est une vraie singularité. Elle produit des projets tout à fait inédits en Limousin qui n ont pas seulement le territoire pour thématique, mais qui le questionne, l habite, le modèle, l implique en profondeur du point de vue artistique et à travers l implantation d acteurs qui déplacent les approches sur certains territoires, pour leurs populations et pour leurs élus (plateau de Millevaches, art nomad, Peuple et Culture à Tulle ). Objectifs : Dans le maillage des structures et de leurs fonctions j Affirmer la notion de réseau, renforcer son élargissement, sa structuration. j Développer la dimension interrégionale des actions (complémentarité avec les régions limitrophes (Aquitaine, Poitou-Charentes, Auvergne ), les départements proches du territoire limousin comme l Indre, la Dordogne j Renforcer le rôle de ressource des structures afin de développer l exigence artistique des programmateurs (théâtres, médiathèques, communes ) j Optimiser les présences artistiques (le Limousin «plateforme», flux des artistes invités et connexions des artistes installés et lieux) et la coordination des projets sur le territoire. j Mieux préserver, diffuser et valoriser les collections publiques régionales. Par la présence artistique et le fond des projets de création j Développer l art public : objectif de démocratisation culturelle, d aménagement du territoire, de développement touristique, d affirmation des liens art/paysage, art/patrimoine, d éducation artistique j Promouvoir les actions en faveur du tourisme culturel. j Développement des liens art/ paysage, notamment à travers la présence artistique en résidences. 3 - Soutien à l économie créative L ouverture de l art contemporain à d autres domaines s illustre en Limousin de façon exemplaire à travers la rencontre entre la création et les métiers d art. L art contemporain est le terreau à partir duquel se sont constitués des projets innovants dans des domaines reconnus au plan international et portés par les sites de Limoges et d Aubusson : les secteurs de la céramique et de la tapisserie ont en effet été les pionniers dans cette démarche et ont contribué fortement à faire évoluer le secteur des arts décoratifs en région. Ces croisements qui se renforcent aujourd hui sous l impulsion de structures et établissements tels que le CRAFT, la Cité internationale de la tapisserie et de l art tissé ou encore l ENSA Limoges, apparaissent comme l un des enjeux prioritaires du développement de la création contemporaine en région, notamment pour l effet d entraînement direct qu ils peuvent avoir sur l activité économique, et les filières professionnelles. Objectifs : j Partir de la création pour dynamiser des filières. j Soutien aux projets transversaux portés par des structures (Cité de la tapisserie, CRAFT ), des associations (Esprit porcelaine ), des ateliers et des artistes. j Accentuer la visibilité des productions qui se situent au croisement de ces domaines. j Renforcer les liens entre les actions économiques (par exemple le Contrat de progrès sur les métiers d art) et les actions culturelles et artistiques. j Permettre une reconnaissance des professionnels qui travaillent sur ce secteur, éviter leur isolement et leur précarité. j Participer au développement des secteurs émergents, dans une approche large du secteur : design graphique, web design, art culinaire sur son versant plastique j Soutenir les possibilités d emploi dans le domaine des arts plastiques. 4
4 - La médiation, un enjeu culturel, un objet de réflexion et de création La région comporte de nombreuses initiatives innovantes dans le domaine de l éducation artistique et de la médiation en art contemporain. Ces actions sont étroitement liées aux projets de création et de production menées par les structures professionnelles et les artistes : les projets de l Artothèque du Limousin, de l association art nomad, des services pédagogiques des musées (Rochechouart) ou des centres d art (CIAP Vassivière) associent des enjeux de création à des actions éducatives et sociales. Les structures et réseaux d éducation populaire (Peuple et Culture, MJC La Souterraine), les établissements scolaires (résidences d artiste), l ENSA Limoges participent pleinement à cette dynamique. L outil numérique (GéoCulture, le Limousin vu par les artistes ou le 400 à Saint-Viance en Corrèze) peut permettre d amplifier ce développement. Objectifs : j Favoriser une médiation prenant pour point de départ la création artistique (pas uniquement la diffusion) et respectant la spécificité de chaque démarche d artiste (pas de dispositif trop rigide). j Renforcer l action des institutions et structures dans le cadre de leurs missions : vers une approche territoriale (exemples : MJC La Souterraine, Quartier Rouge, Peuple et Culture Corrèze, art nomad ). j Soutenir et valoriser les actions exemplaires dans ce domaine (CIAP de Vassivière). j Renforcer les actions avec les établissements d enseignement (résidences d artistes). j Soutenir l enseignement supérieur artistique et développement d un pôle dans ce domaine : lien entre l ENSA, la Cité Scolaire Raymond Loewy, les lycées professionnels, les options en lycée. j Développer l action éducative pour tous les publics. j Valoriser les formations techniques (savoir-faire) auprès des jeunes par des actions artistiques innovantes. ARTICLE 2 DURÉE DE LA CONVENTION La présente charte est conclue pour la période 2014-2020. ARTICLE 3 MODALITÉS DE SUIVI Chaque année, les partenaires se réunissent afin d évaluer l évolution du secteur et des objectifs et la mise en œuvre des actions. Cette réunion pourra aboutir à un événement professionnel avec les acteurs de terrain en région et pouvant impliquer d autres acteurs. 5
ANNEXES CARTE DES STRUCTURES 6
PRIORITÉS 2015 1 - Soutien à l excellence artistique et a l innovation j Redéfinir et renouveler les conventions des structures, recentrer les programmations, repositionner et mieux les valoriser, amener à des évolutions en adéquation avec les enjeux du moment (notion de 3ème lieu, enjeux environnementaux, handicap ). j Visibilité / valorisation : Encourager les voyages de presse et les écrits analytiques (critiques d art, bourse de thèses ). j Mieux accompagner les acteurs vers des projets européens, vers les réseaux et dispositifs de l Institut Français et des fondations par la veille et une mission spécifique. j Mise en place d une plateforme sur la création numérique (en lien avec les structures) et sur l image, favoriser la formation des lieux (médiation/ communication numérique / édition) et l accompagnement (cellule d accompagnement sur les modèles économiques et l écriture des cahiers des charges techniques). j Favoriser l accès aux dispositifs existants et la mise en place de dispositifs de soutien transversaux pour les projets pluridisciplinaires ou transdisciplinaires. j Soutien aux artistes émergents aidés par la Région et la DRAC. 2 - Renforcer les liens art/territoire j Renforcer le soutien au réseau CINQ,25 (emplois, missions affirmées ), accentuer le soutien aux projets en partenariat. j Renforcer les actions et les liens avec les structures professionnelles du tourisme, faire émerger un vocabulaire, des analyses et des projets/ produits communs pour une meilleure valorisation de la singularité «art contemporain» du Limousin et un meilleur ciblage des publics intéressés. j Favoriser les lieux de résidences de création et de production, les initiatives spontanées de résidences non permanentes (FRAC, communes, lycées, associations généralistes, résidences en lien avec les savoir-faire régionaux ). j Soutenir les projets de commandes publiques et encourager, notamment sur des aspects participatifs et transversaux (partenariats croisés de compétences artistiques, techniques, participation des scolaires aux réalisations de commande publique ). 3 - Soutien à l économie créative j Favoriser le lien art-économie en favorisant la rencontre entre artistes plasticiens, entreprises, lieux de formation. Pérenniser et développer les résidences d artistes plasticiens qui renouvellent des savoir-faire par le biais de structures associatives et qui peuvent être un préalable à la redynamisation de certains d entre eux (poinct de Tulle, imprimerie Ussel ). j Accentuer les actions type Contrat de Progrès et leur aspect opérationnel pour ouvrir de nouvelles voies (ex : pour le contrat de progrès Métiers d Arts : y introduire fortement la notion de création comme une voie vers l avenir de ces filières, former notamment les artisans d art au travail partenarial, à la création contemporaine ). j Encourager l émergence de lieux de rencontres à la base de la naissance de projets (colloques à large ouverture, rencontres informelles issues de réseaux sociaux de type Pécha Kucha, connexion des étudiants de l ENSA avec les ressources qui les entourent, favoriser leur repérage par les entreprises, favoriser l émergence des FabLabs et des espaces de co-working ) 4 - La médiation, un enjeu culturel, un objet de réflexion et de création j Renforcer les capacités de médiation des structures (effectifs, réseaux, lieux d enseignements ) et mieux valoriser et mutualiser cette fonction au sein des équipes, mieux valoriser l action des structures phares en la matière en Région. j Développer, réactualiser et offrir des moyens réels de fonctionnement des actions innovantes (art nomad avec «Une œuvre près de chez toi» notamment, FACLIM, Muséotrain, «Créacity» avec l Office Central de Coopération à l Ecole et le Point Art ), notamment les actions numériques de qualité et les actions en lien avec l éducation nationale (PREAC), concevoir des propositions pour des activités périscolaires de qualité (formation, contrats territoriaux type CLEA ) HISTORIQUE ET DIAGNOSTIC (PEINTURE / PAYSAGE / LIEUX PUBLICS/PRIVÉS) A. Situation générale des institutions d art contemporain en Limousin Le Limousin compte outre une école nationale supérieure d art, 5 structures associatives dédiées à l art contemporain dont l importance et le rayonnement dépassent largement les limites régionales : j Le FRAC, regroupé pour sa gestion depuis quelques années avec l Artothèque du Limousin. j Le centre d art de Meymac (qui, créé en 1979 fut un précurseur de ce type de structure). j Le centre d art de Vassivière (centre international d art et de paysage). j Le centre du livre d artistes situé à St Yrieix la Perche (association Pays/ paysages). j Le centre de recherche des arts du feu et de la terre (CRAFT). Chacune de ces structures possède une vocation et une personnalité spécifiques, ce qui évite entre elles une concurrence et crée plutôt de la complémentarité, et permet à la région de posséder un potentiel d activité et d influence dans le domaine de la création plastique qu on trouve dans peu de régions. Elles participent avec d autres partenaires, au réseau CINQ,25 (cf infra). Leur implantation territoriale, assez caractéristique des équipements culturels en Limousin, se répartit entre la Haute -Vienne et la Corrèze, mais néglige la Creuse (même si l île de Vassivière est à cheval sur les départements de la Haute-Vienne et de la Creuse). Cependant, ce déséquilibre territorial est en partie compensé par le fait que l activité de l artothèque en Creuse est notable (partenariat avec le musée de Guéret notamment), que la ville de La Souterraine possède une structure culturelle très active dans le champ des arts plastiques (MJC) et que le dispositif de la commande publique favorise l implantation d œuvres d art contemporain dans le département, indépendamment de la programmation des structures identifiées dans ce domaine, du renouveau apporté par la relance de la création contemporaine par la Cité de la tapisserie d Aubusson et de l implantation d artistes autour de Felletin (Quartier Rouge, Les Michelines, ateliers d artistes ). Totalisant un montant de subventions de la DRAC (850 000 ) et de la Région (986 160 hors entretien des lieux et hors aides aux emplois associatifs pour 52 200 ), ces 5 structures représentent 80% du montant de l action sur le secteur des arts plastiques. Proportionnellement, les budgets résiduels permettent aux partenaires de s appuyer sur des structures à l ambition et aux moyens plus modestes, mais dont l activité efficace sur l ensemble du territoire doit être soulignée : résidences de création, galeries et lieux d exposition, lieux pluridisciplinaires tels que les structures d éducation populaire (MJC La Souterraine, Peuple et Culture Corrèze etc ). Cette diversité et cette complémentarité des acteurs font la force du limousin dans le champ de l art contemporain, et créent une dynamique entraînante : malgré la présence d institutions déjà bien ancrées dans le territoire et rayonnant largement autour, des initiatives plus récentes : résidences Chamalot (peinture contemporaine) ou Treignac projet (lieu de création international), Quartier Rouge à Felletin (structure spécialisée 7
dans la production d œuvres, l art public et la médiation) se sont fait jour, et implantées avec succès. D autres projets émergent (le Garage à Brive avec un partenariat approfondi avec le FRAC). Cette multiplicité du secteur, et notamment la présence de structures implantées en milieu rural (La Pommerie, art nomad, Chamalot, Quartier Rouge..) sont un atout sur lequel la DRAC et la Région peuvent s appuyer avec succès pour relayer une politique de diffusion attentive à offrir aux publics des voies d accès diversifiées à la culture et à la création. B. Les structures Le secteur des arts plastiques constitue un point fort du développement culturel en région et représente une part importante des crédits attribués sur le programme création de la DRAC et de la Région. L art contemporain s est développé dans la région dès la fin des années 1970 et au début des années 1980, notamment sous l impulsion de fortes volontés politiques régionales. Dans la région, existent actuellement un musée d art contemporain (Musée départemental d art contemporain de Rochechouart), trois centres d art, un centre de recherche sur la céramique contemporaine (CRAFT) et un lieu consacré à l œuvre d un artiste de renommée internationale (Espace Rebeyrolle). Deux des premiers centres d art créés en France se sont implantés en Limousin, au cœur de territoires ruraux : le Centre d Art Contemporain de Meymac en Corrèze (CAC) et le Centre d art contemporain de Vassivière (devenu le CIAP, Centre d Art Contemporain et du Paysage). Ce dernier, véritable emblème de la création contemporaine dans la région situé sur l île de Vassivière, propriété du Conseil Régional du Limousin et prenant place dans un bâtiment construit par les architectes Aldo Rossi et Xavier Fabre, connaît actuellement une évolution importante avec, notamment, le développement d un programme ambitieux de résidences d artistes et l implantation d œuvres d art issues de la commande publique qui viennent compléter la collection des œuvres réalisées in situ et qui se développent dans l environnement extérieur autour du centre et sur l île (Le Bois de sculptures). Un programme de restauration est actuellement à l étude. A côté de ces deux centres d art, le Centre du Livre d Artiste de Saint Yrieix la Perche (CDLA) ainsi que l Espace Rebeyrolle, situé à Eymoutiers et consacré à l œuvre du grand peintre originaire de la ville, sont deux lieux reconnus et spécialisés de l art contemporain en région. Ces deux structures développent une action originale à partir de leurs collections reconnues au plan national (mais aux statuts différents). La DRAC et la Région souhaitent réfléchir à l évolution de ces deux lieux davantage en rapport avec leurs contextes d implantation et en complémentarité avec le réseau régional. Le Centre de Recherche sur les Arts du Feu et de la Terre (CRAFT), situé à Limoges qui connaît aujourd hui une période d évolution importante consacre l essentiel de son activité à la recherche dans le domaine de la céramique de création. Un projet de partenariat approfondi de cette structure avec l École Nationale Supérieure d Art de Limoges (ENSA) a pu se renforcer : convention, mutualisation des actions de recherche, stages Une ancienne élève de l ENSA est actuellement en formation au CRAFT dans le cadre de la procédure du titre Maître d art attribué au directeur technique Gérard Borde en 2011. Un déménagement du CRAFT est envisagé en 2014 au sein d un ancien lycée technique appartenant à la Région. Le Fond Régional d Art Contemporain (FRAC), installé dans le centre de Limoges, dans un lieu atypique mais relativement excentré, a développé depuis 1982 une collection de près de 1400 œuvres qui est intégrée au patrimoine de la Région Limousin depuis 1999. Ses acquisitions sont financées par une subvention de la DRAC (100 000 euros) et de la Région (50 000 euros). Le FRAC du Limousin a pu assurer en 2011 le déménagement d une partie de ses réserves pour un local plus adapté et sécurisé situé en périphérie de Limoges (location du Conseil régional). En 2013 le FRAC a initié des partenariats «durables» avec les musées en région. Une réflexion est en cours sur la possibilité d évolution des locaux pour donner davantage de visibilité au FRAC Limoges. Dès 2014, le FRAC s engage dans un partenariat privilégié avec Le Garage à Brive, nouveau lieu de diffusion en région mais aussi avec les musées. Le FRAC et l Artothèque sont réunis dans la même association offrant ainsi une force de diffusion territoriale enrichit des partenariats de chacun. Une restructuration de l organigramme de ces deux structures est en cours pour favoriser la mutualisation des compétences et les complémentarités au sein des équipes. La complémentarité des deux collections est également un atout pour le développement de ces deux structures. L Artothèque du Limousin qui gère le Fond d art contemporain des communes du Limousin (FACLIM, coopérative de communes contribuant aux acquisitions proportionnellement à leur population en échange d expositions temporaires) constitue également une structure identitaire de l art contemporain en région avec un fonds de près de 4000 œuvres (dessins, photos, estampes, sérigraphies) et une diffusion sur l ensemble du territoire régional avec plusieurs relais départementaux (dont le CIAP Vassivière et Peuple et Culture à Tulle). La DRAC accompagne financièrement les projets de cette structure majoritairement soutenue par la Région pour son fonctionnement et ses acquisitions. Un déménagement de l Artothèque est effectif en 2014 : les locaux restent au sein du Conseil Régional à Limoges mais bénéficieront d une accessibilité publique plus importante. L art contemporain est aussi présent dans la région à travers un ensemble de structures associatives qui développent des projets originaux et novateurs de résidences d artistes ainsi que des programmes de diffusions. Certaines sont situées dans des zones rurales très isolées. D autres, constituant un réseau de galeries associatives, sont implantées dans le centre de Limoges (La Vitrine, l Œil écoute). L association Peuple et Culture Corrèze qui développe depuis près de trente ans un programme d éducation à l image est reconnue aujourd hui pour ses résidences dans le domaine de la photographie contemporaine (structure de référence pour les photographes en France dans ce domaine). Plusieurs rapprochements ou partenariats significatifs entre les structures du réseau art contemporain sont à signaler : L École Nationale Supérieure d Art de Limoges (ENSA) maintient et accentue sa collaboration avec les structures d art contemporain. Outre les partenariats existants avec les centres d art, le musée d art contemporain de Rochechouart et les autres lieux de diffusion, plusieurs conventions existent avec le FRAC sur la base d un projet éducatif renouvelé, avec le CIAP Vassivière. Un partenariat avec le CAC Meymac permet l organisation de l exposition «Première» en collaboration avec les écoles d art du Centre (Limoges, Clermont-Ferrand, Bourges). Un projet de conventionnement approfondi est mis en place avec le Centre Régional des Arts du Feu et de la Terre (CRAFT). L ENSA a aujourd hui la volonté de participer à l évolution du Centre du livre d artistes en développant des actions en commun, des projets pédagogiques et des expositions. Le FRAC du Limousin s engage en 2014 dans un partenariat privilégié avec la Ville de Brive et son lieu de diffusion dans le domaine des arts plastiques : Le Garage. Ce partenariat doit se faire sur la base d un projet artistique commun qui prenne en compte la spécificité du lieu. Le Centre d Art Contemporain de Meymac travaille en relation avec les structures implantées en Corrèze (Chamalot, Treignac projet) notamment dans le cadre de l événement Les Printemps de Haute-Corrèze, véritable ancrage territorial du lieu qui initie et coordonne cet événement concernant tout types d acteurs culturels. Cet ancrage est aussi marqué par l action sur le calendrier de l avent, attendu, financé et porté par les habitants et les acteurs locaux (l une des 24 fenêtres de l abbaye, dessinée par un artiste de renommée internationale chaque année, s allume chaque soir du mois de décembre). En 2010, la mutualisation d un emploi avec l association Chamalot/résidence d artistes est une évolution à prendre en compte. Le CAC Meymac engage une réflexion sur l avenir de ce lieu emblématique de l art contemporain en région et en France. La mise en place d un comité de réflexion sur l histoire et sur l avenir du centre d art (fortement souhaité par la DGCA et son directeur adjoint chargé des arts plastiques) est prévue en 2014 et va permettre de définir les axes de développement possible avant le départ des fondateurs du lieu (Caroline Bissière, Jean-Paul Blanchet) programmé fin 2016. L Artothèque du Limousin maintient et renforce ses relais en région : CIAP de Vassivière, Peuple et Culture Corrèze et développe des partenariats privilégiés avec d autres structures : Musées de Guéret et d Ussel ainsi que le Pôle de ressource d éducation artistique (PREAC) Art et Paysage soutenu par le Rectorat de Limoges. 8
C. L association de réseau : CINQ,25 Depuis 2008, le réseau d art contemporain qui est composé actuellement de 20 structures s est regroupé au sein d une association (CINQ,25. Présidente Marianne Lanavère) qui édite un guide et propose des circuits de visite dans les lieux d exposition de la région. Depuis 2008, l association CINQ,25, représentant le réseau des lieux d art contemporain en région Limousin s engage sur une mutualisation de certains services en lien avec les actions d information professionnelle, de médiation et de communication des structures. Cette association est subventionnée par la DRAC du Limousin et le Conseil Régional du Limousin qui finance aussi un emploi associatif mutualisé. En 2010 des circuits de visites, Les échappées, sont mis en place par l association CINQ,25 et ont permis de faire venir des publics dans les structures en reliant les lieux et les évènements entre eux. Les derniers circuits organisés ont connu un réel succès et permettent à un public qui n avait jamais franchi la porte des lieux d art de se fidéliser, franchissant le pas grâce à l accompagnement proposé et au métissage des programmations (deux expositions d art contemporain et une visite autre ). Une collaboration avec les offices du tourisme départementaux est envisagée (Journée art contemporain et tourisme le 14 novembre 2013). L office du tourisme du Chambon sur Voueize met en place dès 2014 un parcours d art contemporain sur son territoire. Cet événement professionnel entre les deux secteurs sera reconduit en 2014. En 2011, des actions de diffusion qui associent plusieurs structures sont programmées. Ces projets permettent une mutualisation de certains moyens : transport des œuvres, actions de communication et de médiation. Des projets d exposition thématiques ou monographiques ont pu être pensés collectivement et organisées sur plusieurs lieux. En 2012 et 2013 : l association organise des journées thématiques professionnelles à destination des acteurs régionaux et au-delà, des régions limitrophes. Une journée sur les contrats de production a ainsi pu être organisée avec succès, réunissant plus de 100 professionnels, dont la moitié venant des régions alentours. Une action mutualisée concernant la valorisation des éditions des structures (avec le Centre Régional du Livre et la Région, dans le cadre du contrat de progrès pour la filière livre) a également été mise en place et s est matérialisée sous la forme de l édition d un catalogue, en ligne, et papier diffusé aux librairies spécialisées, aux bibliothèques et au public, ainsi que l organisation d une bouquinerie éphémère avec ces ouvrages à Limoges (Co-libris), qui connaît depuis deux ans un franc succès. Prospectives : plusieurs actions doivent être maintenues et renforcées dans la mesure où elles accentuent la visibilité des structures et qu elles permettent la mutualisation de certaines actions. S inscrivant dans cette logique, il serait intéressant de valoriser au plan national et international les projets des structures dans certains domaines qui constituent des pôles d excellence (la peinture contemporaine, le paysage, la photographie...). La réflexion doit également se poursuivre sur d autres sujets tels que la circulation des œuvres, la mutualisation de certains équipements, la diversification des publics, le mécénat... D. Des pôles d excellence Des pôles d excellence existent dans le secteur des arts plastiques en région et font l objet d une reconnaissance nationale voire internationale. C est le cas dans le domaine de la peinture contemporaine (Chamalot, FRAC, Centre d art de Meymac, Espace Rebeyrolle), dans celui de la photographie (Peuple et Culture Corrèze, Artothèque, FRAC), dans le champ de la création sonore (Appelboom/LaPommerie), de la sculpture contemporaine (CIAP Vassivière, Musée de Rochechouart, FRAC) et de l art public (Quartier Rouge, CIAP et commandes publiques). Le paysage et la question de la résistance sous toutes ses formes sont aussi récurrents. De nombreux artistes de renommée nationale ou internationale ont bénéficié de l appui des lieux d art contemporain du Limousin dans le développement de leur carrière. Les arts décoratifs constituent également un pôle d excellence, lié aux métiers d art, au design artisanal et industriel et se développe aujourd hui grâce à la dynamique des structures qui agissent dans ce domaine (CRAFT, Cité de la tapisserie ) : ce domaine de la création doit connaître un développement important dans les années à venir en associant davantage des secteurs ou filières moins concernés tels que l émail, la filière bois, la filière cuir. Parmi les distinctions nationales obtenues récemment dans certains domaines, on peut noter : j Sélection dans le cadre de la commande publique photographique en 2011/2012 pour le projet du Collectif Rado à Tulle (Peuple et Culture, photographie). j Prix national 2013 du concours Ateliers d art de France pour le Rideau de l atelier Passage Secret. j Projet retenu dans le cadre d un appel à candidature national sur le thème art/industrie pour Guillaume Leblon (sculpture, design, métiers d art) en partenariat avec Lainamac. j Prix de Vitry en peinture contemporaine 2013 pour Benoit Géhanne, résident de Chamalot, suivi par la structure (prix déjà obtenu par plusieurs anciens résidents de Chamalot). j Projets remarqués et distingués dans le cadre de la commande publique nationale pour la Marche Sonore Eau 3 de Pierre Redon (création sonore) et pour le Radeau d automne de Nils Udo (sculpture et photographie). j Prix Intelligence de la main 2014 de la Fondation Bettancourt-Schueller pour le drecteur technique du CRAFT et maître d art Gérard Borde et le designer Marc Aurel. Sans constituer un pôle d excellence, la création numérique (arts plastiques, design graphique) est présente en Limousin à travers des projets novateurs soutenus et/ou suivis par la DRAC et par la Région tels que Géo- Culture, Le Limousin vu par les artistes (outil numérique de diffusion et de géolocalisation des œuvres), le SPAM muséum (créations numériques en ligne), le 400 en Corrèze (lieu de formation et de création dans le domaine du numérique) et plusieurs autres projets artistiques (Marches sonores ). Cette thématique doit également se développer dans les années à venir. La relation entre Arts plastiques et métiers d art est très importante en région. Elle constitue un axe structurant et concerne le développement de filières professionnelles importantes dans les domaines du textile (tapisserie, laine), de la céramique, de l émail, du bois. La notion d économie créative est au cœur de ce développement. E. Relation création contemporaine /métiers d art Le lien création contemporaine/savoir-faire constitue également un axe fort de la politique des arts plastiques dans une région identifiée sur ce sujet. Ce croisement des différents domaines constitue l une des identités de l ENSA Limoges et participe au décloisonnement nécessaire entre les différents domaines de la création. De nombreux artistes, formés à l ENSA ou non, développent un travail qui relève à la fois du champ des arts plastiques et de celui des métiers d art (ou des arts décoratifs en lien avec le design). La DRAC et la Région sont attentives à cette spécificité régionale notamment lors de l attribution des aides aux artistes (aide à la création et à l installation de la DRAC, aides aux projets de la Région). Des structures telles que le CRAFT (Limoges) ou la Cité internationale de la tapisserie et de l art tissé (Aubusson) participent à ces croisements en initiant des appels à projet pour la création contemporaine à partir d une réflexion sur les techniques (céramique et tapisserie) et leur renouvellement. Des projets de commandes publiques se développent sur ce thème dans plusieurs villes de la région (Solignac, Brive, Limoges, Aubusson). Un soutien aux résidences d artistes participe de ce développement et concerne plusieurs sujets : la lithographie (Ussel), la laine (Felletin), la céramique (Limoges, Pouligny), la broderie (Tulle) Ces projets permettent de relier la création aux enjeux économiques régionaux (liens avec les entreprises, formation, tourisme, création de nouveaux marchés ). 9
Les musées régionaux (Limoges : Musée Adrien Dubouché et Musée des Beaux-arts, Brive, Guéret, Ussel ) participent à cette dynamique en organisant régulièrement des expositions sur la création contemporaine en lien avec leurs collections. La présence en région des manufactures nationales (Sèvres à Limoges, Mobilier National à Aubusson) est un appui pour le développement de cette politique. F. La thématique Art/paysage (relation art/territoire) La thématique du paysage traverse l ensemble des structures et constitue le point d entrée le plus significatif pour aborder l art contemporain dans la région. Le Centre international d art et du paysage de Vassivière représente la structure la plus importante pour cette thématique (Bois de sculpture, colloques, résidences ). Les collections du Centre du livre d artistes (association Pays/paysage) et de l Artothèque se sont développées à partir de cette thématique. Les liens art et paysage s illustrent également dans des actions transversales de qualité telles que les Université rurales du paysage en Creuse initiée par Gilles Clément ou les Rencontres Art et écologie portées par La Pommerie en Corrèze. Un PREAC «art et paysage» propose des actions éducatives en partenariat avec Vassivière et l Artothèque. Les projets de commandes publiques ou artistiques en région concernent très souvent cette thématique : le Radeau d Automne de Nils Udo à Eguzon et Crozant, La Marche Sonore Eau 3 de Pierre Redon pour la Communauté de communes du Plateau de Gentioux G. L art public L art public constitue également l un des points forts de la politique des arts plastiques dans la région. De nombreuses collectivités développent des projets dans ce domaine. La Région Limousin est un partenaire constant de l Etat dans le domaine de la commande publique. Les commandes dans le cadre des dispositifs institutionnels (commande publique et 1%) sont de qualité et diversifiées. D autres partenaires tels que la Fondation du patrimoine participent à cette dynamique et souhaitent approfondir leur action. Plusieurs associations sont très actives dans ce domaine et initient ou suivent des projets importants (Quartier Rouge à Felletin, Merveilleux Prétexte et Peuple et Culture à Tulle). La DRAC a initié en 2013 une action de valorisation des œuvres d art public. Une édition, «Art public en Limousin» (version papier et numérique) est prévue en 2015 en partenariat avec GéoCulture, Le Limousin vu par les artistes. L objectif de ce projet est à la fois de maintenir l attention des collectivités sur le devenir de ces œuvres en région mais aussi de favoriser leur appropriation par le public. Un projet d éducation artistique est en réflexion sur le sujet. La Région souhaite valoriser la création artistique présente dans certains édifices patrimoniaux (vitraux XXe) et les œuvres implantées dans les lycées dans le cadre du 1 %. H. Présence des artistes Même si la région se classe parmi les dernières dans les statistiques de la Maison des artistes en termes de présence artistique, l installation des artistes en région est néanmoins une donnée importante et complexe qu il convient d analyser avec précision. La présence artistique en région connait un accroissement significatif, notamment du fait de l installation de jeunes artistes qui préfèrent davantage qu auparavant rester dans la région (raisons économiques et artistiques), mais aussi par l installation d ateliers dans le domaine des métiers d art. Le profil des artistes en région est plus complexe à définir que dans d autres territoires dans le mesure où l activité des créateurs en Limousin relève souvent de plusieurs domaines artistiques (un engagement assumé et non pas par défaut). Cette spécificité est liée à la forte présence d un secteur industriel et artisanal très développé (métiers d art et arts décoratifs). Ce secteur emploie de nombreux créateurs qui revendiquent une activité artistique autonome. Les statuts des artistes et des créateurs en région sont par conséquent relativement diversifiés. par un engament en faveur de l accueil des artistes (mise à disposition de locaux, accompagnement à l installation). Le plateau de Millevaches représente un territoire d accueil important pour des créateurs qui peuvent développer des projets alternatifs ou travailler à l écart des villes tout en restant «connectés» aux milieux professionnels. Des artistes de renommée nationale voire internationale vivent ou conservent un lieu de travail en Limousin : Henri Cueco, François Bouillon, Olivier Masmonteil, Fabien Giraud, Chrystèle Lerisse, Laurent Terras, Pierre Redon De jeunes artistes émergents sont originaires de la région ou ont été formés en région. La DRAC maintient voire augmente son aide en faveur des artistes (40000 euros en moyenne pour les deux aides). Les projets soutenus dans le cadre de l aide individuelle à la création sont reconnus comme étant de très bonne qualité. Les demandes sur l aide à l installation ou à l acquisition de matériel sont importantes. I. Éducation artistique et formation La région comporte de nombreuses initiatives innovantes dans le domaine de l éducation artistique et de la médiation en art contemporain. On peut citer dans ce domaine les actions de médiation de l Artothèque du Limousin, de l association art nomad, des services pédagogiques des musées (Rochechouart) mais aussi celles qui intègrent des enjeux de création à des actions éducatives et sociales émanant des structures d éducation populaire (Peuple et Culture et MJC La Souterraine). Des projets sont également en réflexion ou en développement sur le numérique (avec l outil numérique GéoCulture, le Limousin vu par les artistes ou la structure le 400 à Saint- Viance en Corrèze). L ENSA Limoges souhaite approfondir son action dans le domaine de l éducation artistique en développant des ateliers hors-les-murs dans les établissements scolaires et en renforçant son pôle «ateliers publics» déjà très actif. Elle pourra compter sur l appui des lycées spécialisés dans l enseignement artistique et notamment le lycée d Arsonval de Brive, la Cité scolaire Raymond Loewy et ses formations dans le domaine du design et d autres établissements en région. La DRAC (éducation artistique/arts plastiques) a pu soutenir des actions jugées prioritaires dans le cadre de l enseignement artistique en milieu scolaire : l activité du Point Art (lieu ressource et de diffusion en école primaire à Limoges) sera par exemple maintenue. Les résidences d artiste se développent notamment dans le contexte des établissements spécialisés (résidence de production). Le Lycée des métiers et du bâtiment de Felletin (LMB), le Lycée Pierre Caraminot d Egletons sont engagés sur des actions innovantes en matière de création artistique. Elle concerne leurs formations sur la construction et le génie civil. D autres établissements pourraient être impliqués dans des projets similaires, notamment les lycées techniques et les lycées agricoles. Des dispositifs innovants se sont mis en place en 2014 : j «Une œuvre près de chez toi» piloté par l association art nomad permet le développement d actions éducatives autour des œuvres d art public ou des œuvres de proximité présentes dans les collections publiques. Cette action est en partie financée dans le cadre d une convention entre le ministère de la Culture et de la Communication et la Fondation Total et concerne le temps scolaire et le hors temps scolaire. j «Créa city» piloté par l OCCE en partenariat avec le Point Art à Limoges a pour objectif la découverte de l architecture à travers la création et le point de vue des artistes (conception et fabrication de maquettes). Ce projet fait intervenir des artistes dans les classes et concerne principalement les écoles primaires de la région. Les politiques publiques en matière d accueil des artistes ne prennent pas en compte cette évolution positive. Limoges ne possède que 4 ateliers municipaux loués aux artistes sur une période de deux ans. Quelques villes (Felletin, Aubusson Aixe sur Vienne) se distinguent néanmoins 10