Les indices de prix des logements



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Chapitre 6 Les indices de prix des logements à l étranger On a jusqu ici décrit la méthode de construction d un indice de prix hédonique et présenté sa mise en oeuvre pour obtenir les indices INSEE-Notaire. Cette méthode présente plusieurs aspects : définitions de zones (strates), où les évolutions de prix sont supposées homogènes ; introduction de correctifs des effets qualités, zone par zone ; estimation des effets correctifs à partir d un parc d estimation ; calcul des évolutions de prix par zone entre dates successives à partir de l ensemble des transactions ; calcul de l indice en observant l évolution de la valeur d un parc de référence ; publication régulière d indices et de sous-indices. Une telle démarche systématique semble nouvelle. Nous discutons dans ce chapitre des méthodes alternatives employées, pour déterminer si elles sont théoriquement supérieures, ou si elles sont préférées pour des raisons pratiques (contraintes budgétaires, disponibilité de données, contrainte plus ou moins forte de publication), ou du fait de comportements différents des ménages (une plus grande mobilité favorisant les ventes répétées.). Finalement nous donnons dans le dernier paragraphe un descriptif des procédures suivies dans les divers pays, en insistant sur les questions de collecte de données et sur les organismes gérant les calculs d indices. 6.1 Comparaison des méthodes Il suffit de consulter la liste des références bibliographiques (chapitre 9) pour noter que les méthodologies sont essentiellement de deux types : approche hédonique et approche par ventes répétées. La première approche est de type économétrique, s appuie sur des régressions incorporant des effets qualité et un effet temporel, et assimile cet effet temporel à un pur effet prix à qualité constante. La deuxième approche vise à éliminer les effets qualité en ne conservant que les données sur les ventes successives, dites répétées. Nous rappelons rapidement les principes de ces deux méthodes, les hypothèses qui leur sont sous-jacentes et discutons certaines de leurs variantes. 6.1.1 Approche économétrique (hédonique) ou interpréter les coefficients du temps dans une régression comme un pur effet de prix à qualité constante Supposons qu on dispose de plusieurs coupes instantanées d échantillons de transactions immobilières, donnant une mesure du prix et des caractéristiques logement/immeuble/quartier permettant l estimation d un modèle hédonique. Le modèle définit le niveau de prix en fonction des caractéristiques du logement. Les coefficients de ces caractéristiques sont supposés stables dans le temps, et un effet temporel v t est introduit dans le terme constant. Le modèle s écrit : 53

6. Les indices de prix des logements à l étranger log p it = a + n β k X kit + v t + e it, k=1 où les erreurs e it sont supposées indépendantes de même loi centrées. Notons que l effet strate n est pas introduit pour simplifier la discussion. De façon à rendre identifiable l effet temporel, on suppose v t0 = 0 pour une date donnée, qui constitue alors la période de base. L évolution de l indice entre t 0 et t est alors assimilée à la valeur v t, et celle de l indice entre t 1 et t à v t v t 1. Les hypothèses sous-jacentes à cette spécification sont les suivantes : - Les variables retenues pour caractériser un logement interviennent sous forme additive (après rappelons-le transformation éventuelle des caractéristiques initiales). - Les prix relatifs β k des caractéristiques X k sont indépendants du temps, ce qui revient à supposer l absence d effet croisé de ces variables avec le temps. - Une fois corrigé des effets des caractéristiques, les variabilités de prix sont constantes (absence d homoscédasticité des erreurs). - Les transactions introduites comme observations sont représentatives de l ensemble des biens sur lesquels on souhaite calculer l indice. Certains de ces aspects, comme la tendance des paramètres β k sont classiquement étudiés dans la littérature. Si leur constance est habituellement rejetée sur longue période, ce qui explique la nécessité de révision régulière de l indice, elle est habituellement acceptée sur des périodes plus petites de l ordre de 4 à 5 ans. Il existe une façon simple de vérifier cette stablité temporellle. En effet si par exemple le coefficient de X 1 dépend de la date t, le modèle initial apparaît mal spécifié, les variables croisées 1 τ (t)x 1it, τ variant, ayant été omises. Ces variables sont orthogonales les unes aux autres. Il suffit alors de reporter en fonction de la date τ, la corrélation empirique entre la variable omise 1 τ (t)x 1it et le résidu d estimation ê i,t. Si ces corrélations sont proches de zéro, le coefficient β 1 est considéré comme stable dans le temps. Sinon la forme de l évolution de cette corrélation en fonction de τ donne de l information sur le type d évolution du coefficient. La représentativité des échantillons de données à chaque date t par rapport à ce qui est théoriquement souhaitable pour un indice est une question moins souvent discutée. En fait si l échantillon de la date t comporte des transactions dont les prix sont plus élevés que le prix théorique sur la population, le coefficient temporel ˆv t estimé à partir des données traduira à la fois le niveau de prix théorique et le biais dû à la non représentativité de l échantillon, sans qu il soit possible de facilement distinguer ces effets (problème d identifiabilité). Deux approches peuvent cependant être suivie pour détecter des non-représentativités éventuelles. 1. La première, suggérée par Griliches (1971, p.7-8) dans un cadre différent (indice de prix des automobiles), consiste à distinguer dans les échantillons des dates t 1 et t par exemple, les ventes répétées. On peut alors calculer sur ces ventes répétées les moyennes des résidus à la date t 1 et à la date t et voir si elle sont proches de zéro. Cependant cette démarche vise plutôt à vérifier la représentativité du sous-échantillon de ventes répétées, que celle des échantillons complets. Par ailleurs elle est difficile à mettre en oeuvre dans notre contexte où le nombre de ventes répétées est faible. 2. Une autre démarche repose sur l évolution supposée de l indice. Etant données des observations ˆv 1,...ˆv t de l indice entre 1 et T, on peut construire un modèle dynamique permettant de fournir un intervalle de précision [ṽ T +1, v T +1 ] pour la valeur future v T +1. Si l estimation de la date T + 1 n est pas dans cet intervalle, on peut penser soit que l échantillon de la date T + 1 n est pas représentatif, soit rechercher une cause structurelle à cette brusque modification des prix. 6.1.2 Méthode des ventes répétées Dès 1943, Gaston Duon, travaillant dans ce qui était l ancêtre de l INSEE, s intéressait à l évolution de la valeur vénale des immeubles parisiens et utilisait des données de ventes répétées (Duon, 1943 et 1946). La méthode dite des ventes répétées a été ensuite appliquée, avec des moyens de 54

6.1. Comparaison des méthodes calculs plus importants, par Bailey, Muth et Nourse (1963). Les auteurs ne posent pas directement la question du panier fixe de biens, mais font deux remarques. D une part la variation de qualité des logements vendus d une période à l autre fait que la moyenne des prix varie davantage que le prix de chaque bien pris individuellement ; d autre part un changement progressif de la qualité des logements échangés au cours du temps biaise l évolution des prix moyens. Devant la difficulté de spécifier un modèle hédonique avec indicatrice de temps, en l absence fréquente de données sur les caractéristiques des logements, ils proposent d utiliser le fait que certains logements connaissent plusieurs ventes successives. Ces données sur des ventes répétées permettraient de se passer de renseignements détaillés sur les caractéristiques des biens. Ces deux raisons, manque de données sur les caractéristiques, difficulté technique de l approche économétrique, restent aujourd hui celles invoquées pour l approche par les ventes répétées. L approche est facile à expliquer lorsque les ventes répétées ont lieu aux dates t 1 et t. Dans ce cas on assimile l évolution des prix à l évolution moyenne constatée sur ces ventes répétées. Implicitement ceci correspond, à un modèle du type : log p i,t = logp i,t 1 + b t + u i,t 1,t, i I t 1,t, à une date t donnée. I t 1,t désigne l ensemble des logements échangés à la fois en t 1 et t, et b t l évolution générale recherchée. Cependant même si la mobilité est grande, il y a peu de ventes répétées aussi rapprochées. L approche est donc étendue pour prendre en compte des ventes répétées ayant lieu à deux dates t 1 et t 2, t 1 < t 2, pouvant être plus éloignées. Le modèle sous-jacent devient alors : log p i,t2 = logp i,t1 + t 2 t=t 1+1 b t + u i,t1,t 2, i I t1,t 2, pour t 1 et t 2 variant. Il peut être réécrit en faisant intervenir les variables explicatives des dates Z i,t = 1 si la date t figure dans la période entre les dates d échange, Z i,t = 0 sinon. Le modèle devient alors : log p it 2 p it1 = T 1 t=t 0 b t Z i,t + u i,t1,t 2, i I t1,t 2, où [T 1, T 2 ] donne l intervalle de temps union de toutes les intervalles [t 1, t 2 ]. Sous cette forme il s agit d un modèle linéaire dans les paramètres d intérêt b t, t variant, donnant les évolutions de prix aux diverses dates. Ce modèle est habituellement estimé par moindres carrés ordinaires. Cependant si l intervalle de temps entre ventes répétées couvre plus de deux périodes, il y aura des recouvrements de périodes correspondant aux divers logements, donc il pourrait y avoir des corrélations entre termes d erreurs, qui devraient alors être prises en compte au niveau de la méthode d estimation. Pour mettre en évidence ce problème éventuel et comprendre pourquoi les effets qualité ont disparu, il est intéressant de se placer dans le cadre de modèle hédonique vu au paragraphe précédent : log p it = a + β k X k,i,t + v t + e it, avec e it = u it + η i, où les termes d erreur u it, η i sont supposés indépendants entre eux, centrés. Si l ensemble des ventes répétées ayant lieu en t 1, t 2 est représentatif de l ensemble de tous les logements, on a : log p i,t 2 p i,t1 = v t2 v t1 + u i,t2 u i,t1, i I t1,t 2. On vérifie alors que l approche par ventes répétées avec estimation par moindres carrés est cohérente avec b t = v t v t 1 et t 2 t b 1+1 t = v t2 v t1, puisque les termes d erreurs u i,t1,t 2 = u i,t2 u i,t1 sont bien indépendants, de même loi. INSEE Méthodes 55

6. Les indices de prix des logements à l étranger On peut finalement compliquer et affiner le modèle en prenant en compte la dépréciation naturelle des logements (nette des améliorations apportées), ou d autres variables de qualité susceptibles d évoluer entre deux ventes (par exemple un élément de confort qui a été ajouté au logement). En résumé, la méthode des ventes répétées suppose : que les prix relatifs des caractéristiques soient constants dans le temps. C est la même hypothèse que dans les applications usuelles de la méthode hédonique. Mais elle a sans doute moins de chance d être vérifiée sur la période relativement longue qui peut séparer deux ventes successives du même logement. qu il n y ait pas de biais de sélection. Cependant les logements vendus fréquemment ne sont pas forcément représentatifs de l ensemble des transactions, ni du parc de logements. Ce seraient par exemple des petits logements (premiers logements de jeunes couples) dont les prix évolueraient différemment de ceux des logements plus grands ; ou alors des logements revendus très vite présentant des caractéristiques inobservables, liées au vendeur, qui peuvent expliquer des plus-values importantes. Clapp et al. (1991) trouvent ainsi une différence dans l évolution à court terme des indices de ventes répétées par rapport aux indices hédoniques, mais cette différence disparaît à long terme (3 ans), ce qui leur semble logique : si le marché fonctionne, il ne peut y avoir de déséquilibre à long terme des prix relatifs 1. Vues les distorsions sur des périodes inférieures à trois ans ils recommandent l application des méthodes hédoniques. Case et al. (1997) proposent de corriger cet effet en incoporant l information sur le lien entre taux d appréciation d un logement et fréquence de transaction. que le logement soit bien le même. En réalité, le simple passage du temps fait qu il se déprécie. En sens inverse, les réhabilitations, voire des modifications plus importantes (extensions, aménagements) sont fréquentes, qui font que le logement n est plus le même. Ces deux derniers problèmes peuvent être pris en compte en combinant modèle hédonique et données sur ventes répétées ; ceci permet aussi de corriger un défaut de la méthode des ventes répétées : le fait qu elle n utilise que peu d observations par rapport à l ensemble des transactions, en effet les logements changent de main assez peu souvent. Que les termes d erreurs u i,t sont bien indépendants, centrés, de même variance. Or cette hypothèse est vraisemblablement non satisfaite. Ces erreurs portent en effet sur des prix, qui en moyenne croissent avec le temps, d où de l hétéroscédasticité. Par ailleurs on s attend à une corrélation plus forte entre le prix de dates proches que de dates éloignées. Il apparaît ainsi important d introduire une corrélation temporelle entre les erreurs e i,t, ce qui modifie la méthode d estimation des taux d évolution b t. Notons que pour la France, la méthode des ventes répétées 2, pour les périodes et les zones qui se recoupent, ne donne pas de résultats très différents de ceux des indices notaires-insee 3 (Friggit, 2001). 6.1.3 Indice de Laspeyres ou indice chaîne Une large part de la théorie classique des indices est consacrée au choix des pondérations. Celles-ci doivent-elles être fixées une fois pour toute, prises soit égales à un ensemble de quantités échangées à une date initiale (indice de Laspeyres), ou à une date terminale (indice de Paasche)? Faut-il au contraire les modifier à chaque date de calcul de l indice (indice chaîne)? Ces questions concernent la composition du portefeuille par strate. Il faut immédiatement noter que la méthode des ventes répétées peut difficilement être appliquée à un niveau fin de strates, du fait du nombre relativement faible de telles ventes. En agrégeant les strates, la méthode conduit naturellement à une optique d indice chaîne où les poids affectés 1 Mark et Goldberg (1984) trouvent eux une différence persistante sur longue période. 2 Appliquée aux données notariales, sur longue période (comparaison de prix, sans économétrie). Voir Friggit (2001c). 3 La méthode de ventes répétées donne des résultats médiocres sur le passé récent, à cause du faible nombre d observations et du biais de sélection mentionné ci-dessus sur les durées de détention courtes (la plus-value sur les biens revendus rapidement est supérieure à la plus-value de l indice). La comparaison a donc été effectuée après incorporation d un coefficient correcteur calibré sur Paris. 56

6.2. Les indices publiés : pays, méthode, organisme responsable aux strates les plus fines varient dans le temps. En fait la structure des ventes répétées se modifie dans le temps et la façon dont d effectue le chaînage ne peut être précisée, sans que ce problème soit évoqué par les utilisateurs de la méthode. A contrario l approche hédonique peut être utilisée pour construire des indices de type Laspeyres, Paasche ou chaîne. Il semble préférable de ne pas retenir un indice chaîne pour faciliter les comparaisons de prix avec les autres types d investissement, financiers par exemple. En effet la pratique est pour ces derniers de suivre un portefeuille de composition fixée (dit cristallisé) de façon à ne pas mêler les effets prix et ceux de mise à jour de portefeuille, c est-à-dire de stratégie d investissement. Ceci semble d autant plus justifié pour des indices de prix de logement que le logement est un bien durable qui entraîne de forts coûts de transaction. La justification du chaînage pour les indices de prix à la consommation (ou celle de la révision annuelle des pondérations) réside dans le fait que l on veut prendre ainsi en compte les changements de préférence des consommateurs. En matière de logement on peut difficilement supposer que les adaptations sont immédiates, on ne change pas de logement comme de chemise. Il est donc encore plus justifié que pour les autres placements de chercher la valeur d un portefeuille fixe dans le temps puisque le logement compte parmi les plus illiquides des actifs. 6.2 Les indices publiés : pays, méthode, organisme responsable Publier régulièrement des indices semble demander une structure d organisation assez importante, aussi bien au niveau de la collecte des données, de la vérification de leur qualité, que de la construction elle-même d indices ou de systèmes experts. Nous décrivons ci-dessous certains de ces indices ou systèmes experts disponibles, sans prétendre à l exhaustivité. On constatera surtout la grande variété des modes de collecte (données de transactions obtenues par recensement ou enquête, données d enquête spécifique ou sous-produit d une activité administrative, prix affichés, avis d experts), ou des méthodes utilisées (simple comparaison de prix moyens de transaction négligeant les effets qualité, ventes répétées, méthodes hédoniques). i) France : indices Tableau 6.1. Les indices de prix des logements en France Organisme Organisme Données Méthode Régularité responsable chargé du calcul INSEE PERVAL Transaction Hédonique Trimestriel Notaires CNIP Recensement FNAIM Prix Evolution de Trimestriel (Agences affichés de prix moyens maisons Immobilières) (ou réalisés) par strate appartements ii) Grande-Bretagne La Grande-Bretagne est traditionnellement une nation de propriétaires, il n est pas étonnant que les données sur les prix y semblent nombreuses. Mais elles sont hétéroclites et aucune ne paraît faire l unanimité du point de vue méthodologique. Il existe des publications d indices privés dont le plus ancien semble être le Halifax monthly house price index, basé sur un échantillon de demande de prêts auprès de cette société (certaines de ces demandes ne donneront pas lieu à vente effective). L échantillon est actuellement de 13 500 transactions par mois. Les indices remontent à 1983 et couvrent différentes catégories de logements : neuf ou ancien, premier logement ou non. Les indices nationaux sont mensuels, les indices régionaux sont trimestriels. La méthode est celle des indices hédoniques, appliquée à un panier de logements de 1983 (elle est décrite succinctement à l adresse internet suivante : http ://www/hbosplc/com). La banque Barclays et la Royal Institution of Chartered Surveyors (RICS) produisent aussi des données mensuelles sur les prix des logements. Les Building Societies publient un indice mensuel INSEE Méthodes 57

6. Les indices de prix des logements à l étranger basé sur des données de demande de prêts et valorise un panier fixe de logements par calcul de moyennes par strates de caractéristiques données (http ://www.nationwide.co.uk/hpi). Des données officielles sont fournies par HM Land Registry. Par rapport aux données précédentes, elles couvrent la grande majorité des ventes (qu il y ait eu emprunt ou non), mais ne sont que des moyennes non pondérées, non ajustées, pour l Angleterre et le Pays de Galles (http ://www.landreg.gov.uk). Le ministère des Transports, du Gouvernement local et des Régions (Department for Transport, Local Government and the Regions) conduit une enquête mensuelle (Survey of Mortgage Lenders) auprès des organismes prêteurs sur le marché de l immobilier d habitation. Jusqu en 2000 l échantillonage était de 5%, il atteindra progressivement 100% ; un indice de prix est donc publié mensuellement au lieu de trimestriellement à partir de 2002. Comme dans le cas des Building Societies, il s agit d un mix-adjusted index, donc de moyennes de prix établies par pondération de moyennes dans des strates fixes de qualité de logements (http ://www.housing.dtlr.gov.uk). Tableau 6.2. Les indices de prix des logements en Grande-Bretagne Organisme Organisme Données Méthode Type de responsable chargé du calcul publication Halifax Halifax Transactions Hédonique mensuel, trimestriel Bank of Scotland financées par HBO repétées par grandes régions HM Land prix Registry moyens Department Housing Enquête Comparaison annuel for Transport auprès org prix par strate par région prêteurs Nationwise prix Comparaison par Etat Building affichés prix moyens mensuel Societies ou médians iii) Etats-Unis Les bases de données disponibles pour construire les indices sont diverses : déclarations aux impôts, bases possédées par des sociétés de services (privées et souvent coûteuses), base de la Federal National Mortgage Corporation (Freddie Mac), qui est l un des acteurs principaux de la titrisation de crédits hypothécaires (cette base comporte début 2002 plus de 15 millions de paires de ventes depuis 1975). Freddie Mac publie des indices trimestriel appelés CMHPI, pour Conventional Mortgage Home Price Indexes. La source d information en est les transactions sur les maisons individuelles (single family units) dont les prêts de type conventionnel ont été émis ou garantis par Freddie Mac ou Fanny Mae, c est-à-dire étaient conformes aux réglements en vigueur auprès de ces deux organismes et ne dépassaient pas un certain montant, par exemple $ 300 000 en 2002. Des indices très similaires sont publiés à partir des mêmes données par le Office of Federal Housing Enterprise Oversight, l organisme de contrôle de Freddie Mac et Fanny Mae. Les indices (et leur volatilité) sont disponibles en ligne à http :/www.ofheo.gov/house. La série en base 100 en 1980 remonte à 1975. Les économistes Karl Case et Robert Shiller ont fondé en 1991 une société (Case Shiller Weiss Inc.) de recherche sur les prix de l immobilier résidentiel. Elle acquiert toutes les données de transactions possibles, les trie et les analyse pour publier des indices locaux et des prévisions. Le champ comprend les maisons individuelles et les appartements en condominium. Si le nombre de transactions le permet, un indice est publié au niveau de chaque zone géographique, pour trois qualités de maisons : basse, moyenne et haute. La société commercialise les indices et, entre autres activités, fait de la valorisation de portefeuilles immobiliers. Les prévisions par grande ville sont disponibles en ligne à http ://www.cswv.com. Ces indices et les prévisions sont publiés par le Wall-Street Journal sous le nom de Case-Shiller House Price Index. L indice publié par le Bureau du recensement (département du Commerce) est l indice C27. 58

6.2. Les indices publiés : pays, méthode, organisme responsable C est un indice à qualité constante (CQHPI, constant quality house price index), établi à partir d enquêtes mensuelles sur les ventes de maisons, neuves ou non. L échantillon est de 12 000 maisons par an. Les agents immobiliers publient aussi des prix moyens et médians, des volumes de ventes, des stocks de logements à vendre, pour les maisons et les appartements, mensuellement, par région et Etat (en ligne à http ://nar.realtor.com). Tableau 6.3. Les indices de prix des logements aux USA Organisme Organisme Données Méthode Type de responsable chargé du calcul publication Freddie Freddie Base Ventes par grandes Mac et Mac et Freddie Mac repétées villes OFHEO OFHEO pondérées et Etats Wall Street Case Shiller Achat de toute Ventes trimestriel Journal Weiss Inc. base de données repétées depuis 1993 Cambridge, Mass. disponible Bureau Département Enquête Comparaison annuel du Census du Commerce prix maison par région de référence C27 index National prix Comparaison par Etat, Association affichés prix moyens mensuel of Realtors dans agences ou médians Il faut aussi mentionner l indice du National Council of Real Estate Investment Fiduciaries, dit NCRGIF (Frank Russel-NCRGIF jusqu en 1995). Il s agit d indices qui mesurent l évolution de la rentabilité des appartements et des propriétés commerciales, industrielles ou des bureaux détenus dans le portefeuille des membres du NCREIF. Ces données sont trimestrielles et disponibles par grandes régions américaines depuis 1978. Les valeurs sont établies à dires d experts (voir http ://www.ncreif.com). iv) Hong-Kong : indice Il existe une base de données de transactions, disponible au Register General Department, mais qui est mal renseignée sur certaines caractéristiques, notamment ne l est pas sur le nombre de pièces des logements. Tableau 6.4. Les indices de prix des logements à Hong-Kong Organisme organisme Données Méthode Type de responsable chargé du calcul publication The Hong Kong Rating and Comparaison Trimestriel Property Review valuation de prix par quartier (gouvernmental) department moyen depuis 1982 v) Israël : Systèmes experts de valorisation Gemolav et Levi Izhak sont deux sociétés commerciales concurrentes. Les prix sont disponibles par ville et rue. Tableau 6.5. Les systèmes experts de valorisation en Israël Organisme Données Méthode Type de responsable publication Gemolav Enquête téléphonique Confidentiel mensuelle Levi Izhak Enquête téléphonique Confidentiel mensuelle INSEE Méthodes 59

6. Les indices de prix des logements à l étranger vi) Suède La Suède est un pays de petite taille à l habitat assez homogène, dont le système statistique est très développé. Il y existe des données exhaustives collectées par le bureau de statistique (SCB) sur l intégralité des transactions immobilières, les prix de marché, ainsi que des prix à dires d experts, établis par les services fiscaux et révisés tous les 5 ans, mais de qualité éprouvée car servant de base à la taxation. Comme chaque logement est repéré par un identifiant, et que ses caractéristique détaillées sont connues dans les sources fiscales, on pourrait estimer des indices hédoniques et de ventes répétées, ou combiner les deux méthodes. Les indices de SCB (Fastighetsprisindex) sont basés sur des prix médians de toutes les transactions de gré à gré (en excluant les ventes au sein d une famille) et sont publiés trimestriellement pour huit grandes régions depuis 1986 (annuellement depuis 1975). La méthode est une variante de la méthode hédonique, les prix des caractéristiques étant évalués plutôt qu estimés directement. On définit des zones homogènes de prix et des logements-type. Dans chaque strate le ratio des prix de ventes effectifs aux valeurs expertisées est calculé, l indice étant la somme pondérée de ces ratios. Ceci se rapproche un peu de notre méthode qui maintient les coefficient β fixes. En Suède ils sont fixés tant que les estimations à but fiscal ne sont pas révisées. On trouvera les indices à l adresse suivante : http ://www.scb.se/statistik/bo0501/bo0501tab1.asp. Ils sont assez proches de ceux qui ont pu être calculés par une méthode combinant modèle hédonique et ventes répétées (voir Englund et al., 1998 et 1999). Tableau 6.6. Les indices de prix des logements en Suède Organisme Organisme Données Méthode Type de responsable chargé du calcul publication Statistic Toutes Prix par grandes Sweden SCB transactions médians régions SCB et évaluations et hédonique trimestriel vii) Suisse La construction de l indice est gérée par l une des banques de la place de Zurich. 60