L'articulation des phrases complexes Savoir construire des phrases complexes en réussissant à les articuler Il y a des phrases simples, avec seulement un sujet, un verbe et un complément qui constituent la structure de base du français. Lorsqu'on devient plus à l'aise pour parler, l'enchaînement des éléments dans la phrase devient plus complexe et il faut des repères pour suivre le sens des propos. À cela s'ajoutent bien souvent des bruits de fond quand plusieurs interlocuteurs parlent ensemble. Prenons, par exemple, un discours enregistré sur le vif. Il s'agit du discours de présentation du Musée pour la paix, établi à Caen, en Normandie. Ces phrases sont prononcées par le directeur général du musée, Jacques Belin. C'est un enregistrement réalisé dans des conditions authentiques.
Document n 1 Écoutez attentivement la phrase suivante: Les mots de liaison Le mémorial de Caen est un grand musée moderne qui, racontant l'histoire d'une grande partie du vingtième siècle, centrée, il est vrai, sur le débarquement, la bataille de Normandie, et, plus largement, la seconde guerre mondiale, veut attirer l'attention de tous sur la fragilité de la paix, des libertés et des droits de l'homme. Vous remarquez qu'il s'agit là d'une seule phrase, longue, mais fort bien construite, que l'on peut découper logiquement de cette façon: Le mémorial de Caen est un grand musée moderne qui, racontant l'histoire d'une grande partie du vingtième siècle, centrée, il est vrai, sur le débarquement, la bataille de Normandie, et plus largement la seconde guerre mondiale, veut attirer l'attention de tous sur la fragilité de la paix, des libertés et des droits de l'homme. Pour relier entre eux les divers éléments, nous avons: qui: pronom relatif racontant: un participe présent il est vrai: une locution concessive centrée: un participe passé employé comme adjectif et: une conjonction de coordination L'intonation et le rythme
À l'oral, cette phrase ne pose pas trop de problèmes de compréhension parce que les éléments qui sont de la même couleur ci-dessus sont regroupés par l'intonation et par la respiration. La vitesse de prononciation peut être variable. Le mémorial de Caen est un grand musée moderne qui / racontant l'histoire / d'une grande partie / du vingtième siècle, / centrée, / il est vrai, / sur le débarquement, / la bataille de Normandie, / et, / plus largement, / la seconde guerre mondiale, / veut attirer l'attention de tous / sur la fragilité / de la paix, des libertés et des droits de l'homme. La ponctuation À l'écrit, il faut absolument utiliser la ponctuation. Ici, on utilise la virgule. Vous remarquez que les virgules mettent en incises l'expression «il est vrai». Sans virgules, cette phrase serait, sinon incompréhensible, du moins très difficile à lire. Document n 2 Voici la seconde phrase de ce discours, encore plus longue que la première, encore plus complexe: C'est-à-dire, ce que nous voulons, c'est... c'est convaincre chaque visiteur, et, au-delà des visiteurs, tout le monde, que la paix du monde est entre ses mains et que la responsabilité de... des conflits, c'est une responsabilité collective, certes, mais que la responsabilité collective est l'addition des comportements individuels, et, le contraire de la paix, c'est pas la guerre, c'est la violence, et la violence, elle est aussi au quotidien; alors, c'est vrai que nous racontons l'histoire d'une grande partie du vingtième siècle, mais, chaque visiteur qui sort du mémorial comprend bien que... qu'il a lui-même un rôle à jouer.
Les mots de liaisons Regroupons les parties logiquement: Eh bien, c'est-à-dire ce que nous voulons c'est convaincre chaque visiteur et au-delà de chaque visiteur tout le monde que la paix du monde est entre ses mains et que la responsabilité des conflits c'est une responsabilité collective certes mais que la responsabilité collective est l'addition des comportements individuels et que le contraire de la paix
c'est pas la guerre c'est la violence elle est aussi au quotidien alors c'est vrai que nous racontons l'histoire d'une grande partie du vingtième siècle mais chaque visiteur qui sort du mémorial comprend bien qu' il a lui-même un rôle à jouer. Les mots de liaisons ont, à eux seuls, une force argumentative, qui est pour l'auteur du discours, un guide: eh bien, c'est-à-dire, c'est, et au-delà, (c'est) que, et que, certes, mais que, et que, alors c'est vrai que, mais Quels sont les principes de cohérence de la phrase complexe? Il faut avoir au début de la phrase, une idée claire de son contenu général. L'auteur part d'un point de vue que son interlocuteur comprend (ici, la notion de responsabilité collective) et il finit par le point de vue original de son musée (les comportements individuels). La phrase doit respirer pour être dynamique jusqu'à la fin. L'auteur fait des concessions, et donc des pauses, c'est vrai que... certes... Cela détend le rythme. Document n 3 Essayez maintenant d'écouter la suite de la présentation en mettant à profit les points que nous venons d'étudier. Laissez-vous porter par le rythme, le découpage oral et la ponctuation.
Alors, dans le mémorial tel qu'il est aujourd'hui, nous avons énormément de... bien sûr d'objets, mais nous avons aussi beaucoup de films, beaucoup d'affiches, beaucoup de photos, et l'ensemble est très mis en scène. La scénographie est, chez nous, extrêmement forte parce que nous pensons que pour intéresser à l'histoire et à la réflexion philosophique le grand public et plus particulièrement les jeunes, parce que un visiteur sur deux, au mémorial, a moins de vingt ans, il est nécessaire d'avoir une mise en oeuvre scénographique très très forte. Je vais citer un exemple qui est celui du film sur le débarquement. Nous présentons un film sur le débarquement qui est un film qui a été constitué essentiellement d'images d'archives, qui a été fait par Jacques Perrin et Didier Martini, qui est un film qui se déroule sur deux écrans géants, où le visiteur est au milieu de l'action, et ce film raconte la préparation et le déroulement du débarquement, et le visiteur peut vivre ces événements des deux côtés à la fois, c'est-à-dire à la fois côté allié et côté allemand, et donc là, le visiteur vit, notamment, le débarquement. Il y a une image qui me frappe toujours, qui est celle des premières troupes d'assaut qui arrivent sur les plages du débarquement.