Jérôme Zonder. au village. du 8 mars. dossier d accompagnement. entrée libre. mardi-samedi de 14h à 19h dimanche de 15h à 19h

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1 saison 2013/2014 le lieu unique scène nationale de Nantes du 8 mars au 11 mai 2014 au village Jérôme Zonder mardi-samedi de 14h à 19h dimanche de 15h à 19h dossier d accompagnement entrée libre Jérôme Zonder, Baptiste au Luxembourg, 2011, mine de plomb et fusain sur papier, 200x150cm, Collection privée Bâle, Courtesy Galerie Eva Hober

2 Sommaire Jérôme Zonder page 03 Le dessin, un choix page 03 Eclectisme technique page 04 Amplitude graphique page 05 Violence des sujets page 06 Maitrise de la composition page 07 Sources d inspirations page 08 Au village page 09 Des expositions dans le prolongement du dessin page 09 Un chapitre qui se referme page 10 POUR EN SAVOIR PLUS page 11 GLOSSAire page 11 INFORMATIONS PRATIQUES page 12 Visites Commentées page 12 02

3 JÉRÔME ZONDER Né en Vit et travaille à Paris. Invité en 2012 au lieu unique à l occasion de l exposition collective La belle peinture est derrière nous, avec son immense parterre de corps réalisé in situ, Jérôme Zonder revient aujourd hui à Nantes pour sa première exposition personnelle dans une institution française. Diplômé en 2001 de l École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, Jérôme Zonder développe une œuvre virtuose construite au dessin qui provoque un vertige chez le spectateur, tant par le sujet que par le procédé d exécution. Le dessin, un choix «Ce qui m intéresse dans le dessin, c est la limite, le rapport à la ligne, à la limite du sujet, de l espace et aussi du champ propre du dessin». Jérôme Zonder, «Aller-retour en pleine figure», Eric Loiret, Libération (avril 2012) Dérangé par le rapport de séduction qu entretient la peinture sur le regardeur, Jérôme Zonder s est détourné dès le début de sa carrière de ce médium pour la pratique du dessin. Pour ne pas céder à la facilité - la couleur étant assimilée par l artiste à du «spectacle» - il a aussi privilégié le noir et blanc. De cette économie de moyen, il a en fait une force, un espace de liberté (qui lui permet de figurer le monde avec justesse). Ce choix restrictif est à l origine d une confrontation directe avec le dessin, dont il cherche sans cesse les limites. Dans le dépassement de l image, il souhaite que quelque chose prenne corps. C est toute la question du corps, de sa matérialité et de la limite qu il travaille avec le dessin, d un point de vue narratif bien sur, mais aussi physique. On fête l anniversaire de ses 9 ans # // Graphite et encre de chine sur papier 03

4 Éclectisme technique «Je mélange fusain et mine de plomb, pour que ma palette gagne en amplitude, du côté des noirs [ ] La densité de la matière, c est du temps et de l espace amalgamés [ ] Les échelles de gris, du très doux au très acide, ça me fait délirer [ ] Au fur et à mesure du travail, des espaces s ouvrent. À la fin, je suis étonné par ce qui s est passé». Jérôme Zonder, «Jérôme Zonder», Artension (avril 2011) Au fil du temps, Jérôme Zonder a construit une relation particulière avec les différents matériaux qu il emploie, soit pour des raisons symboliques liées à l histoire de l art, soit pour des raisons de sensibilité personnelle. La diversité des moyens employés est liée à un souci d hétérogénéité, ainsi qu à un rendu graphique précis. L artiste a passé beaucoup de temps à essayer toutes les techniques rencontrées en les contrariant ou les renversant. Le croisement de la mine de plomb et du fusain est apparu riche en effets de matières. Depuis une résidence de six mois à Leipzig en Allemagne (2012), l artiste pratique le dessin aux doigts, avec de la poussière de graphite. Avec cette nouvelle pratique, Jérôme Zonder a l impression de revenir à l origine du dessin : pas de crayon, pas de fusain. La poudre est directement posée sur les doigts et appliquée sur le support : «Le dessin au doigt a plus à voir avec le corps qu avec le cerveau». Pierre-François 2011 // Mine de plomb et fusain sur papier 04

5 Amplitude graphique «D un point de vue stylistique, l utilisation du dessin d enfant comme un code graphique me permet de retourner la question de l innocence en mettant l accent sur le caractère artificiel des modes d écriture que j articule». Jérôme Zonder, «Jérôme Zonder», entretien avec Benjamin Bianciotto, Clark (mars 2010) D une œuvre à l autre, l artiste adopte des styles très divers qui cohabitent afin d expérimenter la plus grande amplitude graphique possible. La pratique du dessin pour Jérôme Zonder est «une machine graphique qui avance comme un corps vivant, réfléchissant, un dessin questionnant l autre, produisant l autre». Ces styles qui s engendrent les uns aux autres sont ainsi complémentaires. Certains dessins réalisés à l encre de chine évoquent directement la bande dessinée underground qu il a découverte à partir de 18 ans, dans ses versions américaines (Robert Crumb) et européenne (la veine Fluide Glacial de Gotlib). D autres œuvres sont d un réalisme vertigineux. Lorsqu il exploite le sujet de l enfance, Jérôme Zonder adopte l immédiateté stylistique propre aux dessins d enfants. Aimant jouer constamment du contre-emploi, l artiste associe une iconographie évoquant la brusquerie du geste enfantin aux massacres de guerre. The Walking dead 2011 // Mine de plomb, fusain et encre de chine sur papier 05

6 Violence des sujets «En 2009, une montée de violence me semblait palpable. J ai commencé une série consacrée aux enfants du siècle, âgés donc de neuf ans, autour du thème de leur anniversaire. La violence, l enfance, la cruauté, l amour». Jérôme Zonder, «Jérôme Zonder», Artension (avril 2011) À travers les aventures de Pierre-François, Baptiste et Garance, Jérôme Zonder a mis en scène l enfance. Du nom des trois héros du film Les enfants du paradis de Marcel Carné, ces enfants, devenus en 2014 des adolescents, sont transposés dans un monde d asservissement sexuel et de violence. La figure de l enfance joue un rôle particulier parce qu elle concentre plusieurs problématiques. Sur un plan symbolique, le retournement de la figure de victime en bourreau est un véritable déplacement. Le spectateur finit par s interroger sur sa propre interprétation de l image, sur son rapport à la violence ordinaire, sur sa capacité de projection fantasmatique, sur son statut de faux-vrai témoin. La violence que l artiste met en œuvre dans ses dessins vise à atteindre une brutalité analogue à celle du vivant. Il veut que le dessin soit pareil à un fait brut, absolu. Le meurtre, le viol, la pornographie, l enfance, en tant que situations limites, sont un moteur puissant à l exploitation excessive du dessin. Voila comment, il a commencé par dessiner l enfance. C était aussi l enfance du dessin. «Depuis un moment, j ai quitté ce stade : je suis entré dans l adolescence. C est plus organisé. C est un espace qui me permet de faire entrer la métamorphose et ainsi de transformer aussi ma façon de travailler». Jérôme Zonder, «Entretiens avec l artiste Z», J. Emil Sennewald, texte extrait de Jérôme Zonder, éd. Eva Hober (2013) Baptiste et Garance à la campagne 2009// Encre de chine, fusain, mine de plomb et acrylique sur papier 06

7 Maitrise de la composition «Quand je construis une image, je construis une partition avec des éléments qui ont chacun des valeurs, du plus négatif au plus positif, du plus dur au plus doux. J essaie de produire une forme à partir de ça». Jérôme Zonder, entretien avec Patrick Gyger (2013) Jérôme Zonder a sans cesse cherché un mode de représentation dans lequel faire rentrer le monde dans son ensemble. Pendant deux ans, il a d abord travaillé sur la représentation de l image via l autoportrait, ce qui lui a permis de trouver la bonne échelle, le bon rapport à la matière et à la mise en scène. Puis il s est ouvert vers l espace narratif en déterminant trois personnages (deux garçons et une fille) comme trois espaces graphiques. La limite du dessin coïncide avec la limite du sujet, dans la recherche du point de déséquilibre, mettant en relation espaces graphique, symbolique, narratif et enfin physique, de sorte que le spectateur entre dans le dessin afin de devenir alternativement bourreau et victime. Ces dessins fonctionnent selon ce que l artiste nomme un système «d entrées et de sorties», c est à dire comme un système d attraction et de répulsion. L utilisation du masque a un effet «rentrant» dans ses dessins alors que la représentation d un visage réaliste a un effet «sortant». Aussi, un des protagonistes légèrement moins esquissé que les autres favorise au premier abord une identification avec ce personnage. Il s agit souvent du bourreau, ce qui provoque en dernier recours un mouvement de recul. Le but est bien de nous piéger malicieusement, de nous faire littéralement entrer dans le dessin. Jeu d enfants # // Mine de plomb et fusain sur papier 07

8 Sources d inspirations «Pour ces dessins (série des jeux d enfants), j ai travaillé à partir d images de la seconde guerre mondiale, de peintures exposées au Louvre, de souvenirs. À partir de ces schémas de situation, j ai fait poser des gens, fait des photographies et des collages puis j ai dessiné». Jérôme Zonder, entretien avec Patrick Gyger (2013) Jérôme Zonder trouve son inspiration dans des photographies représentant des exactions commises pendant la seconde Guerre Mondiale (comme pour Jeu d enfants #3), mais aussi dans de grandes œuvres où l horreur est sublimée (Bosch, Delacroix) ou montrée avec réalité, sans filtre (Otto Dix). Face aux sujets de ses œuvres, on pense aux Désastres de la Guerre de Goya où sévices, tortures et jeux pervers composent un cimetière de chair ; aux dérives assassines d Alex Delarge avec Orange mécanique de Kubrick ; à la noirceur sadienne de Salo ou les 120 journées de Sodome de Pasolini D un point de vue technique et graphique, Ingres et Dürer sont ses maitres à penser. Mais, Jérôme Zonder aime à passer de la grande Histoire à la petite, comme de l Histoire de l art au neuvième art. Ainsi, la bande dessinée l a beaucoup influencé, notamment le manga dans la simplification des visages et l utilisation des masques. Sans compter son rapport à l Histoire qui s est affiné suite à sa résidence à Leipzig en Allemagne : après avoir visité les camps de concentration de Weimar et de Buchenwald, Jérôme Zonder a transformé sa pratique du dessin. Plus besoin d outils. Il plonge directement les doigts dans de la poudre graphite pour l appliquer directement sur le support. La confrontation physique et territoriale de l Histoire fait qu aujourd hui l artiste n a plus besoin de la représenter avec précision. Sa technique aux doigts lui a donc permis de la dissoudre. Fort d un solide bagage théorique en histoire, histoire de l art, recherche scientifique, bande dessinée, cinéma, littérature l ensemble de son œuvre est emprunt de références où les motifs oscillent «de la grande à la petite histoire». Ses dernières séries «Les fruits du dessin ; Les fruits du cinéma ; les fruits de l histoire», lui servent à ce titre d outils de travail. Utilisées par l artiste comme répertoires de formes, archives et sources narratives, ces œuvres seront présentées dans l exposition au village. Chaires grises # // Mine de plomb et fusain sur papier 08

9 AU VILLAGE À notre invitation, Jérôme Zonder a répondu par une résidence de janvier à mars 2014 au lieu unique. Un temps et un espace qui lui ont permis de clôturer et de mettre en scène une série de dessins - commencée il y a 5 ans - intitulée Jeux d enfants. Il a ainsi imaginé pour les 1200 m 2 de la cour du lu, une mise en espace de son travail qui repose tout à la fois sur un fil narratif et sur la forme. Des expositions dans le prolongement du dessin «Comment dessiner dans l espace pour faire entrer mes dessins? Comment dessiner dans l espace pour faire entrer les gens dans le dessin?» Jérôme Zonder, entretien avec Patrick Gyger (2013) Chaque exposition imaginée par Jérôme Zonder est une nouvelle occasion de poser et de dépasser les limites selon trois axes : narratif, technique et matériel. D ailleurs, l artiste n utilise jamais le terme de «scénographie». La mise en espace et l accrochage des œuvres sont traités comme des dessins. Les cimaises, les murs et le sol ont un statut égal à ces œuvres graphiques, ce qui permet d immerger complètement le visiteur dans un espace imaginaire. La première porte 2012 // Vue de l exposition collective La belle peinture est derrière nous 09

10 Pour l exposition Qui es-tu Peter? à l Espace culturel Louis Vuitton (Paris, 2010), Jérôme Zonder avait entièrement investit les murs et le sol du long couloir qui traversait l open-space. Expérience particulièrement déstabilisante : le visiteur déambulait au sein d une forêt obscure peinte sur les murs et marchait sur un charnier de corps dénudés au sol. Pour l exposition collective La belle peinture est derrière nous - coproduite en 2012 par la galerie Eva Hober et le lieu unique - Jérôme Zonder avait réalisé une installation peinte-dessinée intitulée La première porte. Débutée en amont à Paris, et terminée in situ, cette œuvre présentait au sol un charnier de cadavres inconnus, de guerres récentes et à venir. À cette taille là, le visiteur pouvait faire mille parcours dans l œuvre, sans jamais voir toutes les parties à la fois. Un chapitre qui se referme «C est la première fois qu une institution m invite à penser un projet à cette échelle. Alors forcément, je pose un regard rétrospectif sur mon travail, je reviens au commencement du dessin et l enfance arrive. Le village est un espace imaginaire et intemporel, c est un moteur de dessin et de narration, c est l extérieur et l intérieur. C est un espace poreux et c est pour ça qu il est intéressant. On va rentrer dans l imaginaire, on va renverser les échelles, les styles. Ici encore, c est la question du vertige». Jérôme Zonder, entretien avec Patrick Gyger (2013) Selon le souhait de Jérôme Zonder, le visiteur entre dans le dessin - par le dessin d enfant - sous la forme d un village reconstitué à partir de recueils d images pour enfants. Ce village est le condensé d une société : une école, une église, une usine et une maison. Considéré par l artiste comme un lieu symbolique de stockage de données, l école se présente sous la forme d un cabinet de curiosité où de nombreux dessins sont accrochés sans volonté de cohérence ni d ordonnancement. En un seul coup d œil, le visiteur a rapidement une vue d ensemble sur l étendue de son travail, sur son amplitude graphique et ses différentes lignes narratives. Puis, Jérôme Zonder nous plonge dans le conte pour enfant, grâce à une forêt dessinée sur une longue cimaise et inspirée des illustrations enfantines de Gustave Doré. Aussi, l artiste utilise l ensemble des dos des cimaises, également peintes à la mine de plomb pour accrocher des œuvres emblématiques, comme Maman et Papa, apportant ainsi un caractère hors-champs à son travail. Ainsi, après avoir découvert près d une centaine de dessins, le visiteur a la sensation d être rentré dans l histoire, ressorti dans le dessin, rentré dans l espace, puis ressorti dans l installation. Il quittera aussi l exposition avec de nombreuses questions en tête : comment interpréter ces images? Quel rapport entretient-on avec la violence quotidienne? Quels témoins de ce qui nous entoure sommes-nous? 10

11 POUR EN SAVOIR PLUS Galerie Eva Hober, Paris Entretien avec Philippe Piguet, critique d art L art et la manière, Arte Une publication accompagne l exposition, textes de Patrick Gyger et Léa Bismuth. En vente au lieu unique fin mars GLOSSAIRE Dessin Représentation sur une surface d un objet ou d une figure, de sa forme et de ses contours (notamment par des jeux d ombres et de lumière) à l aide d un crayon, d une plume, d un pinceau. Le terme désigne à la fois l action de dessiner, mais aussi le résultat. Fusain Le fusain est l instrument à dessiner le plus commun. Déjà utilisé à la Préhistoire, le charbon de bois est le matériau le plus ancien dans l histoire de l art. Au 18 e siècle, sa technique de fabrication a demandé que soient observées quelques règles, notamment en utilisant des branches de saules que l on fera cuire, sécher puis tailler en pointe. Matériau extrêmement friable et facile à effacer, le fusain permet un tracé particulièrement doux et pictural. Mine de plomb La mine de plomb est un type particulier de graphite, un minéral formé de carbone presque pur. Elle est ainsi nommée parce que son trait d un gris intense ressemblait beaucoup à celui produit par la pointe de plomb. Grâce à son trait fin et bien marqué, son usage se répand surtout à partir de la seconde moitié du 17 e siècle. En 1795, le français Nicolas-Jacques Conté invente un composé qui est aujourd hui encore la base de la fabrication des crayons à dessins : il s agit d un mélange de graphite, d argile ferrugineuse et de suie (noir de fumée), cuit dans un four spécial. Médium préféré des artistes du 19 e et 20 e siècle, pour les dessins d études, le premier à l utiliser de manière systématique sera Ingres. Techniques mixtes Les artistes utilisent souvent pour un même dessin plusieurs médiums avec des effets complètement différents, sur les plans techniques et stylistiques. 11

12 INFORMATIONS PRATIQUES Adresse le lieu unique Quai Ferdinand-Favre BP Nantes cedex 1 - France tél : Horaires d ouverture de l exposition Entrée libre et gratuite Du mardi au samedi de 14h à 19h Le dimanche de 15h à 19h Fermé le jeudi 1 er mai 2014 VISITES COMMENTÉES Pour les groupes Pré-visites Pour les enseignants, animateurs, éducateurs, responsables de groupe... Cette visite avec un médiateur du lieu unique, vous permet de découvrir l exposition en petit nombre et de préparer votre visite dans les meilleures conditions. Mardi 18 mars à 18h Mercredi 19 mars à 15h Pré-visites gratuites sur réservation. Visites Pour les écoles supérieures, associations, CE Du mardi au vendredi de 14h à 17h Visites commentées gratuites sur réservation. Pour le public individuel Le dimanche 9 mars à 15h30, en présence de Patrick Gyger, directeur du lieu unique Les dimanches 6 avril et 11 mai 2014 à 15h30 Gratuit dans la limite des places disponibles Réservations Julie Legrand, chargée des relations aux publics Tél : Mail : julie.legrand@lelieuunique.com 12