Sécurité: maigre bilan des années Sarkozy

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1 TVA sociale Quelles conséquences sur votre fiche de paie? Pages e année - N ,50 - France métropolitaine Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz Sécurité: maigre bilan des années Sarkozy Claude Guéant face à l explosion des cambriolages A Marseille, l emprise du crime et de la drogue Analyse Leschiffres sontcomplexes,maislediscours se charge de simplifier le bilan annuelde la délinquance,en accusant les «malfaiteurs venus de l étranger». Le ministre de l intérieur, Claude Guéant, a estimé, mardi 17 janvier, que le point noir des statistiques, les cambriolages, s expliquait par«unphénomène nouveau très difficile à combattre» en évoquant les «raids menéspardespersonnesoriginairesd Europe centrale et orientale». Or, ces chiffres illustrent aussi les limites des moyens alloués à la sécurité publique. Deux communes du Val-de-Marne ont ainsi vu leurs cambriolages diminuer de 40 % grâce à une enquête conduite pendant un an et demipourdémanteler unréseaudemonteen-l air.p Page 10 A Marseille, le cadavre d un jeune de 17 ans, tué par une rafale de kalachnikov, le 22 décembre BRUNO SOUILLARD/MAXPPP Reportage C est une véritable économie parallèle, avec ses notes de frais, sescarnets de comptes, ses cadres, ses VRP, ses petits boulots. Et beaucoup d argent sale. Dans les quartiers nord de Marseille, la drogue touche et structure les cités les plus précaires. La police démantèle bien les réseaux les uns après les autres. Mais les trafics renaissent presque immédiatement. Et suscitent des affrontements à coups de kalachnikov pour la conquête de nouveaux «plans» de juteux points de vente, avec guetteurs, vendeurs, rabatteurs et «nourrices» chargées de stocker discrètement leur cannabis.p L enquête d Yves Bordenave et Laurent Borredon Pages18-19 La baisse des favoris Hollande etsarkozy, la hausse de Bayrou Sondage Le dernier pointage Ipsos/Logica Business Consulting pour «Le Monde», France Inter, France Info, France 2 et France 3 prend en considération la perte du AAA et maintient l avantage à Hollande. Page 9 Les liens du maire de Sarcelles avec le banditisme Justice Le successeur de DSK à la mairie de Sarcelles, François Pupponi, devait s expliquer devant le juge sur des menaces contre un de ses employés. Mais aussi sur ses rapports avec les milieux corse et parisien. P. 11 Le «Millénium» de Fincher, thriller punk et métaphysique Cinéma C est au tour du réalisateur culte d Hollywood, David Fincher, de s emparer des aventures de Lisbeth et Mikael, les deux héros de Stieg Larsson. Sans doute la meilleure adaptation en forme d autoportrait. P. 23 UK price 1,50 Paix, sérénité et business entre Chine et Taïwan Ce lieu fut souvent synonyme de tension stratégique. Mais le détroit de Formose, qui sépare la Chine continentale de Taïwan, vit aujourd hui à l heure de l apaisement. Et les élections qui se sont tenues samedi 14janvier dans l île nationaliste confirment cette évolution : les relations entre Pékin et Taipei ne cessent de se réchauffer. Le président sortant, Ma Yingjeou, chef du Kouomintang (KMT), artisan d un rapprochement avec la Chine, a empoché une victoire aisée, avec 51,6 % des voix. Son adversaire, Tsai Ing-wen, du Parti démocrate progressiste (PDP), plus soucieuse de tenir la République populaire à distance, est nettement devancé (45, 6 %). Même s ils se sont abstenus de commentaires officiels, Pékin et Washington ont accueilli ces résultats avec satisfaction. La donne politico-stratégique n est pas changée ; elle évolue en douceur. La Chine considère toujours Taïwan comme une province renégate un morceau du territoire national qui a fait sécession en 1949, au moment de la victoire du Parti communiste sur le KMT, et qu il faut reconquérir, par la force si besoin. Et Taïwan, devenue une démocratie bien réelle à la fin des années 1980, entend, pour le moment, rester une entité séparée et cultiver son particularisme Editorial politique. Héritier du vieux parti nationaliste chinois, M. Ma s est laissé séduire par la nouvelle attitude de Pékin à l adresse de Taipei. Après des années d intimidation guerrière et rhétorique, les dirigeants chinois ont changé de registre : le charme, plutôt que les armes. Il y a beau temps que les tycoons taïwanais sont parmi les plus gros investisseurs en Chine. Mais, sous le mandat de M. Ma, les échanges dans les deux sens ont connu un bond en avant. Les liens économiques et financiers n ont cessé de se resserrer de part et d autre du détroit. A tel point que le bien-être de l île (23millions d habitants) est de plus en plus dépendant de sa relation avec la deuxième économie du monde (1,3milliard d habitants). Avec l interdépendance économique, se sont développés les échanges culturels et touristiques. Pas moins de 500 vols par semaine relient les grandes villes de Chine à Taipei. Le nombre de ressortissants de Taïwan installés en Chine ne cesse d augmenter. Tout comme celui des touristes continentaux à Taïwan et qui reviennent chez eux en ayant pu constater que la démocratie, ce n est pas le «chaos», comme le matraque la langue de bois officielle entendue à Pékin. Il ne faut pas se tromper sur le sens du vote de samedi. Les Taïwanais sont, certes, attachés au maintien de leurs bonnes relations avec la Chine. Mais ils le sont tout autant à celui de leur singularité politique, que les Etats-Unis sont engagés à préserver. A une écrasante majorité, ils estiment que la question de la réunification ne se pose pas, tant que le système n a pas changé à Pékin Ils ont voté pour le statu quo. Ils restent convaincus, à raison, que la démocratie «aux caractéristiques chinoises», c est eux qui la pratiquent. p Lire page4 «Européens, taisezvous et travaillez!» a Mohamad Mahatir, ex-dirigeant de la Malaisie, explique comment son pays s est tiré de la crise: en se serrant la ceinture P.17 a«conformisme, incurie, mauvaise foi» Quand l analyste d une agence de notation évalue les agences de notation P. 16 Le regard de Plantu Les Français, féconds mais peu mobiles Sept Français sur dix vivent dans la région où ils sont nés, révèle le bilan démographique publié mardi 17 janvier par l Institut national de la statistique etdes études économiques (Insee). «Nous avons l impression de vivre dans une société fluide et mobile, mais ceux qui restent dans leur région d origine demeurent nombreux», souligne l Insee. La population française continuede croître,atteignant65,35millions d habitants grâce au nombre élevé de naissance ( en 2011). Si la France demeure dans le peloton de tête européen pour sa natalité, l Insee prévoit une baisse progressivedu nombre de naissances.p Lire page27 GIE INFOGREFFE RCS CRÉTEIL / Crédit photo : Nicolas Guérin / Jean est chef d entreprise, pour sécuriser son activité, il lui suffit d un clic! Directement sur Internet, accédez aux Kbis pour attester de l existence juridique de vos clients et fournisseurs, en toute confiance. Algérie 150 DA, Allemagne 2,00, Antilles-Guyane 2,00, Autriche 2,40, Belgique 1,50, Cameroun F CFA, Canada 4,25 $, Côte d Ivoire F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00, Finlande 2,80, Gabon F CFA, Grande-Bretagne 1,50, Grèce 2,20, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00, Italie 2,20, Luxembourg 1,50, Malte 2,50, Maroc 10 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20, Portugal cont. 2,00, Réunion 2,00, Sénégal F CFA, Slovénie 2,20, Suède 35 KRS, Suisse 3,00 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres F CFA,

2 page deux 0123 Philippe Courroye: «Aux accusateurs doctrinaires» On dira ce qu on voudra du procureur Courroye, mais il n est pas du genre à baisser les bras et à disparaître sous sa robe. Il a crânement lu un discours de quarante minutes, lundi 16janvier, lors de la rentrée solennelle du tribunal de Nanterre, façon de Gaulle en 1960, «la légitimité nationale que j incarne depuis vingt ans». Le parquet de Nanterre, c est Philippe Courroye, pour ceux à qui cela avait échappé. Les discours de rentrée consistent à saluer la merveilleuse énergie d une juridiction en dépit d un manque cruel de moyens, mais les magistrats se retranchent d ordinaire derrière un modeste «le parquet». Pas Philippe Courroye, qui tresse ses lauriers à la première personne. «Comptable des missions qui m ont été confiées»; «en application de mes instructions» ; ce parquet qui «privilégie depuis mon arrivée l approche financière des trafics de stupéfiants»; «je voudrais aussi rappeler qu à mon initiative ( ) notre juridiction a été une nouvelle fois précurseur»; une petite soixantaine de fois en dix pages. Guerre ouverte Péché véniel, le procureur a dû se dire que s il ne s envoyait pas un gentil compliment, personne n allait le faire à sa place : Isabelle Prévost-Desprez, la présidente de la 15 e chambre, sagement assise dans la salle dans une discrète robe rouge et flanquée de Christophe Régnard, président de l Union syndicale des magistrats et son garde du corps, n ira pas dire le contraire. On attendait évidemment une amabilité pour les susdits, avec qui le procureur est en guerre ouverte, et pour Le Monde, qui a commis la folie de porter plainte dans l affaire des fadettes et à qui Philippe Courroye va probablement devoir sa prochaine mise en examen. C est arrivé à la fin, in cauda venenum. «Je voudrais que derrière les critiques assénées sur le ministère public, derrière les attaques assassines désignant certains parquets du doigt de la calomnie qui, parfois, confine à la haine, vous rendiez justice à l action de ces magistrats qui accomplissent en conscience leur devoir, avec dignité, courage, conviction. ( ) Alors, aux calomniateurs du ministère public venus de tous horizons, aux grandes consciences de tous bords qui brandissent haut l étendard des grands principes tout en foulant aux pieds la présomption d innocence et l impartialité, aux donneurs de leçons fielleux dépourvus de mémoire et de bilan, aux accusateurs doctrinaires qui, eux, bafouent la justice en salissant des hommes et des actions sans connaître la moindre ligne du dossier ou du sujet sur lequel ils pérorent, il n y a rien à répondre.» Il a conclu par une belle citation: «Quel plus bel acte de foi en l avenir que cette adresse prophétique de Mirabeau, prononcée le 22mai 1790 à la tribune de l Assemblée nationale: Le temps, ce juge incorruptible qui fait justice à tous.» Mirabeau, mort un an plus tard, a été inhumé au Panthéon. Jusqu à ce que la Convention découvre qu il négociait dans le même temps avec le roi. On l a finalement enterré anonymement au cimetière de Clamart et ses cendres, dit-on, ont fini par être jetées dans les égouts. p Franck Johannès Les indégivrables Xavier Gorce Société éditrice du «Monde» SA Président du directoire, directeur de la publication Louis Dreyfus Directeur du «Monde», membre du directoire, directeur des rédactions Erik Izraelewicz Secrétaire générale du groupe Catherine Sueur Directeurs adjoints des rédactions Serge Michel, Didier Pourquery Directeurs éditoriaux Gérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie Kauffmann Rédacteurs en chef Eric Béziat, Sandrine Blanchard, Luc Bronner, Alexis Delcambre, Jean-Baptiste Jacquin, Jérôme Fenoglio, Marie-Pierre Lannelongue («M Le magazine du Monde») Chef d édition Françoise Tovo Directeur artistique Aris Papathéodorou Médiateur Pascal Galinier Secrétaire générale de la rédaction Christine Laget Directeur du développement éditorial Franck Nouchi Conseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président 0123 est édité par la Société éditrice du «Monde» SA Duréedelasociété : 99ansàcompterdu15décembre2000. Capitalsocial : Actionnaireprincipal: LeMondeSA. Rédaction 80,boulevardAuguste-Blanqui,75707ParisCedex13Tél.: Abonnements partéléphone:de France32-89 (0,34 TTC/min);de l étranger:(33) ouparinternet: La reproduction de tout article est interdite sans l accord de l administration. Commission paritaire des publications et agences de presse n 0712 C ISSN Président : Louis Dreyfus Directrice générale : Corinne Mrejen PRINTED IN FRANCE 80, bd Auguste-Blanqui, PARIS CEDEX 13 Tél : Fax : Imprimerie du Monde 12, rue Maurice-Gunsbourg, Ivry cedex Récit Il aurait approché son paquebot trop près de la côte pour faire plaisir à un membre de l équipage. Il est maintenant accusé d avoir abandonné le navire. Retour sur le naufrage personnel du commandant Schettino «Costa-Concordia», la nuit de déshonneur d un capitaine Francesco Schettino sur la passerelle du «Costa-Concordia». LA PRESSE Rome Correspondant Francesco Schettino, 52 ans, le capitaine du paquebot Costa- Concordia dont l échouage, dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 janvier à proximité de l île du Giglio, dans l archipel toscan, a provoqué la mort de six personnes et la disparition de dizaines d autres, connaissait la mer, ses pièges et ses règles. Diplômé de l Institut nautique de Sorrente, sur la côte amalfitaine, il naviguait depuis trenteans. D abord pour la compagnie Tirrenia, puis, à partir de 2002, pour la compagnie Costa. Il avait accédé au gradedecapitaine en2006. Lanuit delacatastrophe, il avaitsous sa responsabilitélavie de personnes dont membres d équipage. «Antonello, viens voir, nous sommes tout près de chez toi», aurait dit le commandant à un serveur du restaurant Fils de marin, marié à une fille d armateur, cet homme aux airs de chanteur de charme est aujourd hui en prison à Grosseto (Toscane), accusé de la plus grave des fautes : abandon de navire, une accusation que l enquête du procureur devra démontrer, et homicide multiple. Le procureur le soupçonne également d avoir voulu fuir à l étranger. Le directeur de la compagnie Costa, Pier Luigi Foschi, s est également désolidarisé de son capitaine. Déplorant une «erreur humaine» et vantant «la sécurité du navire», il a évoqué «une fausse manœuvre» non approuvée par la société de croisière. Francesco Schettino, un coupable idéal? Pour la compagnie, propriété de la société américaine Carnival qui règne sur les trois quarts du marché des croisières avec Royal Caribbean, la thèse de l erreur humaine est essentielle. Alors que l action de Carnival a perdu, le 12 janvier, 17 % à la Bourse de Londres, l entreprise doit à tout prix sauver au moins sa réputation. Costa, qui avait prévu de serrer ses prix en 2012 pour affronter la crise, prévoit une perte de 90 millions d euros, soit le chiffre d affaires attendu par le Concordia en Le navire, assuré pour une valeur de 450 millions de dollars, effectuait une rotation par semaine sur un parcours passant par Savone (Ligurie), Barcelone, Palma, Tunis, Palerme, Civitavecchia (Latium). Accusé, Francesco Schettino se tait. Alors que les médias du monde entier le désignent comme le premieret le seul responsable du naufrage, son avocat, Bruno Leporatti (qui n a pas souhaité répondre aux questions du Monde) le décrit comme un «homme bouleversé qui exprime ses condoléances aux victimes et à leurs familles. Mais il a sauvé des milliers de vies, affirme son défenseur dans la presse italienne. Le bilan pouvait être bien pire». D ores et déjà, une faute au moins est attestée. A 21 h 42, le commandant de bord du Concordia a approché de trop près son immense embarcation de la côte, a une vitesse jugée excessive de 16 nœuds. Le navire a alors heurté un récif de granit dont il a emporté une partie dans sa coque éventrée sur plusieurs dizaines de mètres. Selon le Corriere della Sera du 16 janvier, il aurait voulu ainsi faire une faveuràun serveurdurestaurantoriginaire du Giglio. «Antonello, viens voir, nous sommes tout près de chez toi», lui aurait dit le commandant en l invitant sur le pont supérieur. La «surprise» était certainement prévue d avance. A 9 h06, la sœur d Antonello, enseignante sur l île, invitait ses amis via Facebook à venir voir le bateau qui allait passer, disait-elle «vicino vicino» (très très près). Trop près sûrement. Les témoignages évoquent une distance de 150 mètres de la côte. «Attention, nous sommes extrêmement proches», aurait averti Antonello, penché au bastingage. Cette manœuvre consistant à longer l île au plus près pour saluer ses 800 habitants n est pas une première. Elle a même un nom : l inchino (la révérence). Comme dans la scène culte du filmde Federico Fellini, Amarcord, où les habitants de Rimini viennent saluer le Rex, lumières de ses douze ponts allumées et sirènes hurlantes. Au mois d août, Sergio Ortelli, le maire du Giglio, avait envoyé une lettre de remerciement à un des capitaines de la Costa pour le remercier de «ce spectacle unique en son genre, devenu une tradition irremplaçable». Après le choc entre l acier et le granit, Francesco Schettino s est-ilrendu compte de la gravité de la situation? A bord, c est la panique. Les 3 000passagers ont entendu un bruit énorme, ils ont vu voler les L autre urgence: le risque écologique Mardi 17janvier, les sauveteurs désespéraient de retrouver de nouveaux survivants. La veille, l état de la mer avait interrompu les recherches pendant quelques heures. Une autre urgence se profile désormais: le risque écologique. A l instant de son échouage, le navire emportait 2380tonnes de fuel. Une société néerlandaise, Smit Salvage, a été missionnée pour pomper les cuves du Costa-Concordia. En aura-t-elle le Pour la compagnie, propriété de la société américaine Carnival, qui règne sur les trois quarts du marché des croisières avec Royal Caribbean, la thèse de l erreur humaine est essentielle tables du restaurant, ils ont tremblé lors de la coupure de courant qui a suivi. Par SMS, ils communiquent leur situation à leurs proches, qui à leur tour alertent les autorités du port de Livourne. Les gardecôtes sont alertés à 22 h07, le vendredi 13. Les radars signalent le Concordia naviguant à 6 nœuds, une vitesse anormale, dans la direction opposée à la route qu il aurait dû suivre en direction de Savone. Mais il semble bien que Francesco Schettino n ait sollicité aucune aide et qu il ait refusé celle qu on lui a proposée. «Tout va bien, répond-il à la capitainerie de Livourne. Nous avons eu un problème électrique, mais nous avons réparé.» Il faut attendre vingt minutes pour qu il admette les faits : «Nous avons une voie d eau à gauche. Mais rien de préoccupant. Peut-être pourriez-vous m envoyer un remorqueur.» A cette heure, le navire est déjà quasiment ingouvernable, incliné, ses tonnes sont lestées de milliers de mètres cube d eau. «Il faut lancer le signal de détresse», lui intiment ses interlocuteurs de Livourne. Il y consent enfin. Que s est-il passé après? Certains témoins affirment avoir vu le commandantsur la terreferme avant minuit, peutêtre dès 23 h 40. A 0 h 42, dans une conversationavec un officier de la capitainerie, il lâche : «Nous ne pouvons plus monter à bord car le navire est en train de se cabrer côté poupe.» «Commandant, vous avez abandonné le bateau?», demande alors d un ton très surpris l officier, auquel Francesco Schettino répond : «Non, non, évidemment que non!» Une autre conversation, enregistrée à 1 h 46, est encore plus accablante. Alors que des centaines de personnes doivent encore être évacuées, un officier ordonne au commandant de retourner sur le navire. «Maintenant, vous allez à la proue, vous remontez par l échelle de secours en corde et vous coordonnez l évacuation. Vous devez nous dire combien il y a encore de gens, enfants, femmes, passagers», indique la voix. «Que faites-vous? Vous abandonnez les secours?», interroge-t-elle ensuite. Francesco Schettino répond : «Non, non, je suis là, je coordonne les secours!» L officier reprend : «Commandant, c est un ordre, ( ) vous devez aller à la proue, remonter à bord et coordonner les secours.» Il affirme qu «il y a déjà des cadavres». «Combien?» répond Francesco Schettino, qui se voit rétorquer: «C està vous deme ledire, quefaitesvous? Vous voulez rentrer chez vous?» A 5 heures, samedi 14 janvier, Francesco Schettino téléphone à sa mère et à son frère à Sorrente : «Il est arrivé une tragédie. Mais soyez tranquilles, j ai cherché à sauver le plus de passagers possible.» Il a également donné un rapide entretien à la chaîne Sky, assurant qu il avait quitté l embarcation «parmi les derniers». p Philippe Ridet temps? Le paquebot, qui a bougé de quelques centimètres lundi 16 janvier, est couché sur le flanc dans un équilibre instable. Si la proue repose sur le sable, la poupe est posée sur deux éperons rocheux. La moindre tempête pourrait rendre cet équilibre plus périlleux encore. A moins de trente mètres, se trouve une faille de soixante-dix mètres de profondeur dans laquelle le Costa-Concordia pourrait sombrer définitivement.

3 international 3 Les salafistes égyptiens misent sur la jeunesse Le parti ultraconservateur Al-Nour offre aux nouveaux diplômés des perspectives d ascension sociale inespérées Le Caire Correspondance Sari Galal reçoit chez elle, dans l un des multiples salons de sa villa cossue sur une belle avenue de Maadi, un quartier résidentiel du Caire. Vêtue d un voile intégral, cette jeune femme avenante et concentrée est l un des membres les plus actifs du parti salafiste Al-Nour. Elle cache mal son excitation. En quelques mois, cette ingénieure informatique de 27 ans a été promue par le parti de simple membre à candidate au Parlement. Certes, sur les affiches électorales, son visage harmonieux a été masqué par un macaron, Sari a été placée en fin de liste afin d avoir moinsdechance degagner et, malgré le score important réalisé par sa liste, elle n a pas été élue. Mais son enthousiasme est intact : «Je pensais que nous aurions beaucoup plus de voix, soupire-t-elle. Le parti Al-Nour est tellement populaire, surtout auprès des jeunes!» Le parti constitue aujourd hui la deuxième force politique du nouveau Parlement, derrière les Frères musulmans Fondéquatre mois après la révolution par la plus importante organisation salafiste égyptienne (la dawa salafiya d Alexandrie), le parti Al-Nour constitue aujourd hui la deuxième force politique du nouveau Parlement derrière les Frères musulmans, avec près de 25 % des voix. Cette percée électorale en a surpris beaucoup, qui réalisent avec stupeur que le parti n a pas attiré que des gens pauvres, fanatisés ou simplement salafistes. Bien que ses membres revendiquent un retour aux sources de l islam, en prônant notamment le port de la barbe, du niqab et l application progressive de la charia, le parti a su se construire une image jeune et moderne. Il est parvenu à mobiliser une jeunesse éduquée et politisée issue des milieux les plus divers à qui il a pu offrir des perspectives de carrière politique inespérées et rapides, alors que les Frères musulmans restent une Le 3janvier, jour d élections, des votants, sous une affiche du parti salafiste Al-Nour, quittent un bureau de vote, à Minya, à 350 km au sud du Caire. KHALED DESOUKI/AFP organisation très hiérarchisée. Nadir Bakkar, 27 ans, élégant jeune homme tiré à quatre épingles,est lacoqueluchedecette génération montante de salafistes hightech habillés à l occidentale et de jeunesloupsavides d entrerenpolitique. «Dans les régions très pauvres, les gens ne s intéressent pas à votre CV, explique ce porte-parole du parti. Ils veulentsavoirsi vousles avez aidés ou pas. Donc dans ces régions-là, nous avons choisi des candidats populaires. Mais dans les autres, nous avons préféré prendre des technocrates, ou des spécialistes avec de vraies compétences. Parmi ceux qui nous ont rejoints, tous ne sont pas salafistes : certains sont des technocratessans idéologiequi pensent qu à travers nous, ils peuvent appliquer leurs plans pour le développement de l Egypte.» Ingénieurs, informaticiens, hommes d affaires, médecins, professeurs, les militants d Al-Nour (quidéclare membres)soignent leur image de gendre idéal. Ils contribuent à donner au parti, qui compte selon son président près de 50 % de femmes, un visage avenant,jeune,dynamiqueetqualifié, qui leur a permis de chasser sur les terres des Frères musulmans. Au volant de sa camionnette déglinguée, Adil Madkour, 45 ans, ne tarit pas d éloges sur les salafistes. Ce n est pas avec son maigre salaire d entraîneur sportif que ce modeste père de famille de 45 ans, L ombre du Golfe plane sur les finances d Al-Nour Le Caire Correspondance En matière de financement, le parti Al-Nour demeure totalement opaque. Comment a-t-il financé ses multiples activités sociales et la rutilante campagne électorale de ses candidats? «Nous sommes le plus pauvre de tous les partis», «Nous n avons pour toute ressource que les dons des Egyptiens et les participations de nos membres [1,6 dollar (1,25 euro) par mois]», répètent à l unisson membres et dirigeants. Pourtant, beaucoup soupçonnent Al-Nour de bénéficier des fonds du Golfe. Au mois de novembre2011, une enquête du ministère de la justice a révélé que l organisation Ansar Al-Sunna, la plus importante association de charité salafiste égyptienne, avait reçu, au lendemain de la révolution, la plus grosse somme perçue par une ONG égyptienne : 30millions de dollars (23,5millions d euros) du Qatar, plus 19millions du Koweït. Mais les représentants du parti nient formellement bénéficier d une manne financière étrangère. Tout au plus des membres rapportent-ils l empressement de certains candidats à monnayer leur place sur l une des listes électorales du parti. Avec ses 8 à 9 millions d électeurs, l autorité morale et religieuse de ses cheikhs et ses moyens financiers importants, Al-Nourfait rêver plus d un aspirant député. Intégrer l une de ses listes constitue un véritable coup de pouce champion d haltérophilie et de lutte, aurait pu se porter candidat à Helwan, une banlieue industrielle ducaire où il jouit d une certaine notoriété. Après la révolution, il bouillonnait d idées et de projets. «Les salafistes ont ouvert leurs portes aux jeunes qui voulaient servir leur pays. Avec eux, on a pu rénover des salles de sport, organiser des ventes de fruits et légumes directement du producteur au consommateur sans profit, monter des caravanes vétérinaires pour soigner les animaux dans les campagnes. Ils m ont proposé d être troisième sur leur liste, j ai dit oui. Moi, je ne suis pas salafiste, je ne suis pas porté sur la doctrine, je n y comprends pas grand-chose, mais pour certains candidats indépendants. La rumeur évoque des versements de livres égyptiennes (39000 euros) pour porter les couleurs du parti. Le budget d Al-Nour lui a en tout cas permis de dispenser ses largesses en abondance pendant la campagne: «Nous avons distribué des enveloppes aux veuves et aux orphelins», déclare sans ambages le porte-parole Nadir Bakkar, très fier de ce qu il considère comme une «action de bienfaisance». p Cl. T. je suis d accord avec eux, ils sont plus clairs que les autres.» Politesse, propreté, qualification, dévouement, sensibilité, bonté, humilité : l image des salafistes est très bonne auprès de nombreux Egyptiens, qui, par ailleurs, ne font pas toujours clairement la différence entre les Frères et les salafistes. Les militants d Al-Nour défendent leur vision d un «Etat moderne» quine serait nilaïque ni théocratique, mais plutôt ultraconservateur, s appuyant sur la science et le progrès technique pour asseoir la prospérité. Un idéal proche des pays du Golfe, que beaucoup de responsables connaissent bien, et qui a inspiré leur vision d un tourisme séparant musulmans et non-musulmans. Mais la conception, pourtant minimale, que les jeunes du parti se font de la modernité entre déjà en conflit avec celle des cheikhs fondateurs de la dawa d Alexandrie. Ceux-ci ont vu d un mauvais œil la décision de présenter une soixantainede femmes aux législatives et ont obtenu qu elles soient en fin de liste, pour avoir moins de chance de gagner. La méthode a été efficace : aucune n a été élue. Officiellement, hommes etfemmes ne travaillent pas ensemble, se contentant de communiquer par mail et téléphone, mais le pragmatisme les contraint parfois à se réunir discrètement, au grand dam des cheikhs. La cacophonie qui a régné au sein du parti pendant la campagne témoigne des tensions traversant l organisation et l association religieuse qui lui a donné naissance. En décembre, le parti a dû interdire à l un de ses candidats, le célèbre prêcheur Abdel Moneim Al-Shehat, de parler en son nom après que ce dernier avait accusé les œuvres du Prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz de promouvoir la prostitution et la drogue. «Ses déclarations nous ont fait perdre 20 sièges au second tour de la première phase», a déploré le porte-parole Yousry Hammad. Entre le pragmatisme relatif des jeunes militants et le rigorismesans nuance des cheikhs, le parti parviendra-t-il à maintenir son unité? L indigence de son programme électoral, qui évite prudemment la question sensible de l application des peines islamiques, menace-t-elle l édifice encore en construction? Dans les locaux flambant neufs qui abritent le siège du parti, Mohammed Nour n est pas inquiet. Pour ce businessman jovialqui commercialisedesapplications pour iphone, le salafisme est adaptable et tolérant. L invention dont il est le plus fier? Une applicationquidéclenche automatiquement l appel à la prière aux heures réglementaires. p Claire Talon * Ayez l air brillant, regardez des films français

4 4 international Le Pakistan s efforce de s affranchir de ses vieux démons putschistes Les relations sont tendues entre le gouvernement et l armée, soutenue par la Cour suprême Analyse Islamabad Envoyé spécial Taïwan s interroge sur l avenir de ses liens avec la Chine Pékin appelle de ses vœux des discussions politiques après la réélection de Ma Ying-jeou La température monte au Pakistan. Le pays était déjà en butte à des foyers insurrectionnels islamistes, en particulier dans ses zones tribales frontalières avec l Afghanistan. Un nouveau front s ouvre, au cœur de l Etatcette fois. Ilopposelegouvernement civil du Parti du peuple pakistanais (PPP) issu du clan Bhutto à une armée historiquement omnipotente dans ce pays soumis à la férule directe des prétoriens la moitié de son histoire. Afin de desserrer l étau, le premier ministre Yousouf Raza Gilani a sollicité et obtenu, lundi 16 janvier, le vote d une motion de confiance par les députés. Le texte pose la suprématie du Parlement élu. Le geste est précieux, mais il n offre qu un bref répit à un pouvoir sur la défensive. La convocation du premier ministre par la Cour suprême, jeudi 19 janvier, pour s expliquer sur l obstruction desongouvernementà laréouverture d enquêtes de corruption visant le président Asif Ali Zardari n est pas étrangère, selon de nombreux analystes, à ce contexte de tension avec l armée. L affaire est sensible à double titre. D abord, elle met en cause la viabilité d une démocratie pakistanaise fragile, rétablie en 2008 après huit années du régime de l ancien général président Pervez Musharraf. Ensuite, toute épreuve de force se soldant par un regain d influence des militaires aurait de sérieuses conséquences géopolitiques, en particulier sur le théâtre de la guerre en Afghanistan. Les Américains ne s y trompent pas. Ils observent avec inquiétude cetteagitationenfiévrantlescoulissesdu pouvoiràislamabad.ils n apprécieraient guère de voir s éroder davantage les contre-pouvoirs civils à l armée, dont la duplicité à l égarddecertainsgroupesdjihadistes les préoccupe au plus haut point. Ironiquement, c est Washington qui est la cause indirecte des Le premier ministre pakistanais, Yousouf Raza Gilani (à gauche), a accusé le chef des armées, Ashfaq Pervez Kayani, de violer la Constitution. KHALED DESOUKI/AFP turbulences actuelles. L élément déclencheur de la crise est le raid du 2 mai à Abbotabad au cours duquel Oussama Ben Laden, qui y avait trouvé refuge, a été éliminé. Les militaires pakistanais avaient été humiliés par cette intrusion de «forces étrangères» au mépris de la «souveraineté nationale». La crise qui ébranle aujourd hui Islamabad a germé à ce moment précis. Alerté par des rumeurs de coup d Etat d une armée devenue subitement récalcitrante, le gouvernement du PPPaurait appelé les Américains à l aide pour la recadrer. Tel est du moins le contenu d un prétendu «mémorandum» d où le nom du scandale du «mémogate» remis à Mike Mullen, alors chef d état-major des armées, par l ambassade pakistanaise à Washington. Depuis la révélation, cinq mois plus tard le 10 octobre dans un article du Financial Times, de l existence d un tel plan, la relation entre civils et militaires, qui s était plutôt pacifiée sur les deux dernières années, s est brutalement dégradée. L armée veut faire toute la lumière sur ce qu elle Du départ de Pervez Musharraf au «memogate» 18février 2008 Le Parti du peuple pakistanais, dirigé par M. Zardari, veuf de Benazir Bhutto assassinée le 27décembre 2007, remporte les législatives. 18août Démission du général Pervez Musharraf, chef de l Etat depuis le coup d Etat de septembre Election de M.Zardari à la présidence de la République au scrutin indirect. 1 er mai 2011Un commando américain assassine Oussama Ben Laden à Abbottabad, sans feu vert pakistanais. 10octobre Le Financial Times évoque une note sur l armée rédigée par l ambassadeur pakistanais aux Etats-Unis, publiée le 17novembre par Foreign Policy. considère comme une «conspiration» attentantà la «sécurité nationale». Elle a trouvéun soutien inattendu dans la Cour suprême, laquelle a ouvert une enquête. De son côté, le gouvernement du PPP nie la réalité de toute l affaire, conteste la légitimité d une enquête judiciaire, et dénonce la tentation de l armée à se comporter comme «un Etat dans l Etat». La guerre des mots finira-t-elle mal? Débouchera-t-elle sur un nouveau coup d Etat qui ferait rebasculer le Pakistan dans ses vieux démons? Depuis une dizaine d années, la société pakistanaise a vu s épanouir une scène médiatique très incisive A ce stade, une certitude : l acrimonie des militaires à l endroit du président Zardari, le veuf de Benazir Bhutto, est profonde. «L armée redoute une refonte de ses structures à l initiative d un Zardari sous influence américaine, explique Mohammad Malik, le rédacteur en chef du quotidien The News. Il y va de son poids institutionnel, de son style de vie.» Dans cette affairedu «mémogate», le sentiment qui prévaut chez les militaires est que le gouvernement du PPPa «franchi la ligne rouge» et qu «il doitdonc payer», souligne le politologue Mohammed Waseem, professeur à la Lahore University of Management Sciences(Lums). S y ajoute uneexaspération croissante face à l impéritie du pouvoir civil, accusé de corruption et de mauvaise gouvernance. «L état critique de l économie préoccupe les militaires car leurs ressources en sont affectées», précise un diplomate étranger. Toutefois, la plupart des analystes au Pakistan doutent qu un tel raidissement, où les officiers de rang intermédiaire gagnés par l antiaméricanisme jouent un rôle actif, finisse par prendre un tour putschiste. «Le Pakistan a changé, l ère des coups d Etat est révolue», assure Imtiaz Gul, directeur du Center for Research and Security Studies (CRSS) à Islamabad. Depuis une dizaine d années, la société pakistanaise a vu s épanouir une scène médiatique très incisive et, au-delà, une société civile remuante, qui rendraient très compliquétoutaventurismeprétorien. LaCoursuprême, qui n acessé d affirmer son autorité ces derniers mois, constituerait un autre obstacle à une restauration militaire. Pour l heure, l armée compte précisément sur ce réveil de la justicepouraffaiblir le PPPau pouvoir sur des dossiers de corruption. «Il semble que la justice et l armée aient joint leurs forces pour mettre legouvernement en difficulté, décode M. Waseem. Aussi longtemps que cette convergence existe, l armée n a pas besoin d intervenir directement.» C est ce qu on appelle au Pakistan un «soft coup» (coup d Etat doux). Le simple fait qu il remplace le coup d Etat «dur» d autrefois témoigne d une forme de maturation politique. «Mais en dernier ressort, avertit M. Waseem, l Etat pakistanais demeure entre les mains de l armée.» p Frédéric Bobin Pékin Correspondant L intégration grandissante de l économie taïwanaise à la Chine et les progrès attendus durant le nouveau mandat de Ma Ying-jeou réélu le 14 janvier, dans les autres domaines, ouvrentelles la porte à de nouvelles solutions pour l avenir des deux Chines? La consolidation de la démocratie à Taïwan et l intransigeance chinoise montrent que le chemin est semé d embûches. Côté chinois, la solution à la question taïwanaise passe par la configuration«un pays,deux systèmes», sur le mode de l intégration de Hongkong après sa rétrocession en «En réalité, cemodèleavait d abord été imaginé pour Taïwan», explique le chercheur Frank Muyard, associé au CEFC (Centre d étude français sur la Chine contemporaine) Taïpeh et chercheurinvitédel Universitédu Colorado.«Dansles années1990,leparti communiste a même réfléchi à des conditions meilleures pour Taïwan en imaginant le maintien d une armée taïwanaise et la création d une zone spéciale avec une autonomieétendue. LaChineest persuadée d être généreuse : Pékin est prêt à beaucoup de compromis, du moment qu il n a pas à reconnaître la République de Chine. Et que sa domination est assurée.» Or, les Chinois, souligne M.Muyard, saventtrès bien quecette proposition n a aucune chance etsegardent de la formulerexplicitement. «Il est hors de question pour les dirigeants du Kouomintang [KMT, le parti au pouvoir] de devenir des leaders locaux. La position du KMT reste de pousser la Chine à reconnaître la réalité de l existence de la République de Chine. Et de discuter à partir de cette base.» Pour Pékin, la République de Chine constitue un modèle concurrent et subversif, surtout à un momentoù lesystèmedupartiunique est conspué par une blogosphère chinoise qui ne s est jamais autant passionnée pour les élections taïwanaises. Les débats qui ont opposé, sur le terrain des relations avec la Chine, le KMT, partisan d un approfondissement des liens, et le PDP (Parti démocrate progressiste), plus prudent, ont eu le mérite d amener M. Ma à clarifier son approche de la question d un traité de paix : la signature d un accord d ici à dix ans, a-t-il précisé, n est envisageable qu avec l approbation des Taïwanais par référendum sous la supervision du Parlement. Interrogé sur la possibilité d une visite en Chine lors de son second mandat, M. Ma a répondu qu il ne le ferait qu entantqueprésidentde larépublique de Chine, insistant sur son attachement au statu quo et aux «trois non» : «Non à l indépendance, non à l unification, non au recours à la force armée.» Autre pomme de discorde entre les candidats à la présidentielle, le «consensus de 1992», qui a servi de base auxaccords passés lorsdu premier mandat de Ma Ying-jeou, selon l idée que «chacun reconnaît le principe d une seule Chine, mais avec des interprétations différentes». Pékin en fait désormais la «ligne rouge» à ne pas franchir dans les débats internes à Taïwan. Or, le PDP de Tsai Ing-wen le récuse, puisqu il exclut d emblée toute consultation démocratique et est issu d une entente KMT- PCC. Pour Pékin, Taïwan constitue un modèle concurrent et subversif Le risque, prévient Tung Chenyuan, de l Université nationale de Chengchi à Taïwan, vice-président de l agence des relations avec la Chine de 2006 à 2008, est que Pékin utilise l outil des pressions économiques sur Taïwan pour faire triompher sa propre conception du «consensus de 1992» : «La Chine continuera à faire pression sur le gouvernement taïwanais et à assurer un soutien économique en échange de concessions politiques», estime-il. Les similarités entre l ECFA, l accord de libre-échange entre Chine et Taïwan signé en 2010 sous Ma Ying-jeou, et le CEPA qui encadre les liens économiques Chine-Hongkong, la stratégie de cooptation des patrons taïwanais par Pékin et l ancrage économique de Taïwan à l économie chinoise sont soupçonnés, aux yeux des experts proches des positions du PDP, de transformer Taïwan en satellite de facto de la Chine. La différence, explique toutefois Frank Muyard, c est que Hongkong n était pas une démocratie en 1997, que plus de la moitié des exportations taïwanaises ne vont pas vers la Chine, et que certains desdirigeantstaïwanaisde souche du KMT en appellent à davantage de diversification de l économie taïwanaise.p Brice Pedroletti Pluralisme de façade au Kazakhstan après de violentes émeutes dans l ouest du pays Deux nouveaux partis prorégime accèdent au Parlement kazakh après les élections du 15janvier. L opposition dénonce un simulacre d ouverture Il n y aura plus un seul, mais trois partis représentés au Majilis, la Chambre basse du Parlement kazakh. Problème : les nouveaux venus sont aussi des émanations du pouvoir. Tenu d une main ferme par le président Noursoultan Nazarbaïev, le Kazakhstan, pays d Asie centrale chéri par les investisseurs étrangers pour ses hydrocarbures, a connu des élections législatives anticipées, dimanche 15janvier. Lepartiduprésident, NourOtan, a recueilli plus de 80 % des voix et reçu une nouvelle «carte blanche», selon M. Nazarbaïev. Deux autres franchiraientlabarredes 7 % nécessaire pour entrer au Majilis, selon des résultats préliminaires: Ak-Jol et le Parti communiste (KNPK) prorégime. L autre formation communiste, elle, avait été interdite de concourir. Sur sept partis admis, un seul était critique du pouvoir. Les opposants ont dénoncé le rejet de nombreuses candidatures, faisant de cet exercice de «démocratie dirigée», si prisé dans l espace postsoviétique, un simulacre d élections libres, non reconnues par les observateurs internationaux. Le parti d opposition OSDP-AZAT appelait àmanifestermardià Astana,lacapitale, pour dénoncer le scrutin le plus «sale»de l histoire. Leplus choquant, pour lesopposants, a été non seulement la dissolution surprise du Majilis, mais la tenue du scrutin un mois après les violences graves dans la ville de Janaozen, à l ouest. Le 16décembre, elleaété lethéâtred affrontements entre les forces de l ordre et des manifestantslorsdu20 e anniversaire de l indépendance. Depuis mai2011, Janaozen est le centre d une contestation sociale sans précédent dans le secteur pétrolier. Des milliers d employés réclament de meilleures conditions de travail. Le bilan officiel fait état de 16 morts par balles et d une centaine de blessés, mais selon d autres sources, il serait bien plus lourd. Un état d urgence a été décrété dans la ville jusqu à fin janvier. Le Conseil constitutionnel avait refusé la tenue du scrutin à Janaozen, avant que le président Nazarbaïev nerenverse cette décision. Réélu en avril 2011 avec 95,5 % des voix, il tenait à ce que la prétendue entrée dans le multipartisme soit partout célébrée. Le ministère de l intérieur dit avoir identifié «40 participants actifs et organisateurs des heurts, pogroms, incendies criminels et pillages». Mais le zèle officiel semble moins vif au sujet des violences commises par la police. Malgré la chapede plomb tombée surla ville, des habitants ont livré des témoignages accablants à l hebdomadairerussenovaïa Gazeta etàl organisation Human Right Watch (HWR). «Il faut distinguer deux problèmes, explique Rachel Denber, de HRW. Tout d abord, la police a frappé et humilié des personnes détenues après les émeutes. Cela ne fait aucun doute au vu des récits détaillés de victimes et de témoins que nous avons recueillis. Par ailleurs se pose la question de l utilisationde laforce létalepar la police, dansla rue, face aux civils.seule une véritable enquête peut déterminer si les tirs de sommation en l air ont correspondu aux normes internationales. Actuellement, il n y a pas de preuve que les forces de l ordre ont utilisé auparavant des moyens non létaux, comme les canons à eau, le gaz lacrymogène, les matraques ou les balles en caoutchouc.» «Un défi politique» Le régime a vite réagi à ces violences, qui portent un coupterrible à la réputation de stabilité du Kazakhstan. M. Nazarbaïev s est rendu dans la région, le 22 décembre. Le gouverneur a été débarqué. A la surprise de nombreux experts, Timour Koulibaiev, le beau-fils du chef de l Etat, a été aussi écarté de la tête du Fonds Samruk-Kazyna, auquel appartient KazMunaiGaz, la compagnie pétrolière d Etat. «Il n a pas suivi mes instructions pour résoudreleconflitsyndical», a déclaré M. Nazarbaïev. KazMunaiGaz veut réembaucher les travailleurs licenciés après les manifestationsdemai Legouvernement a enfin décidé de débloquer près de 15 millions d euros pour réparer les bâtiments détruits à Janaozen. «Les protestataires du secteur pétrolier ont eu, pendant plusieurs mois, des exigences socio-économiques, soulignait le 22décembre sur le site lenta.ru le politologue Dosym Satpaïev, du Risk Assessment Group. Mais la rébellion qui a suivi était un défi politique au système.» p Piotr Smolar

5 international & europe 5 Alain Juppé se dit «convaincu» par le pouvoir birman Le chef de la diplomatie française a rencontré l artisan de l ouverture, le président Thein Sein Naypyidaw Envoyé spécial Si,à Rangoun où résident l opposition birmane et son icône, Aung San Suu Kyi souffleladoucebrise delafind une dictature vieille d un demi-siècle, à cinq heures de route au nord, au cœur de la capitale Naypyidaw, siège du régime, plane encore un doute. Est-ce que les forces les plus conservatrices peuvent encore bloquer un processus historique engagé il y a dix mois? Dans cette ville vide, bâtie au milieu d une campagne verte et très pauvre, traversée d immenses avenues désertes au bord desquelles surgissent des bâtiments officiels aux dimensions irréelles, transpirent encore la paranoïa et la mégalomanie. C est ici que se trouvent les clés du pouvoir politique et militaire, mais aussi celles du futur de la Birmanie. Lundi 16janvier, le ministre des affaires étrangères français, Alain Juppé, y a rencontré les plus hautes autorités afin d obtenir des réponses sur l avenir du pays, et notamment sur les risques encourus par le processus en cours. Après s être entretenu, lors d échanges convenus, avec son homologue, Wunna Maung Lwin, et le président de la Chambre haute, Khina Aung Myint, il a pu aborder le cœur des sujets avec deux acteurs centraux des réformes en cours, le président de la Chambre basse, Thura Shwe Mann, numéro trois du régime, et le président Thein Sein, dont le dialogue avec M me Suu Kyi sert d aiguillon à l évolution birmane. «Les autorités m ont convaincu, a indiqué M. Juppé, au terme de ses entretiens, avant de s envoler vers la France, que le pays progresse sur le chemin de la démocratisation.» Il n y a pas de raison, a-t-il ajouté, «de céder au pessimisme face à un coup d Etat, M. Thein Sein est un président réformateur, sage et totalement déterminé à poursuivre son action,despasconsidérables ontété accomplis». Cette confiance en l action menéepar le dirigeant birman l a conduit à souhaiter «la réintégration du président birman dans le jeu diplomatique international». Néanmoins, répondant au souhait de M me Suu Kyi de voir l Occident conserver une forme de pression sur les dirigeants de son pays, M. Juppé n a évoqué la fin que de certaines sanctions en cours contre la Birmanie, et ce à partir de la fin avril, après les élections partielles du 1 er avril auxquelles se présentera M me Suu Kyi, ainsi que des figures très populaires de la génération 88 tout juste libérées de prison. Il envisage la levée de toutes les interdictions de visas, le dégel des avoirs de certains responsableset l octroid un accès privilégié au marché européen. «Pas d autre voie» Confirmant les raisons de croire au changement, Thura Shwe Mann,présidentdela Chambre basse, a assuré, lundi, à l Agence France-Presse, que «la Birmanie n a pas d autre voie que celle qui mène à un système démocratique», sans donner de calendrier précis. Face aux possibles coups de force de militaires, il a écarté cette éventualité, estimant que cela ne se produirait pas. Lui-même ancien chef militaire redouté et pilier de la junte autodissoute en gouvernement civil en 2010, il affirme «qu une très large majoritéde l armée estenfaveurdes réformes en cours». Il promet, enfin, que les «élections partielles du 1 er avril seront libres et justes», première conditionposée par les chancelleries occidentales pour mettre un terme aux sanctions économiques qui touchent ce pays. L autre signe qui éloignerait les risques immédiats d un coup d Etat serait, selon un haut diplomate anglo-saxon, à Rangoun, l engagement personnel du président Thein Sein et de l armée à mettre fin aux conflits ethniques. «C est une question sensible chez les militaires, mais il ne reste plus aujourd hui qu un seul cessez-le-feu à signer, celui avec les Kachin, et Thein Sein dit que c est une question de semaines.» Après, dit-il, viendra le temps d une nouvelle Constitution birmane pour réorganiser ce pays sous le régime de la démocratie, mais celui-ci n est pas encore venu et donnera peut-être lieu à d autres tensions. Prudente, M me Suu Kyi a préféré, quant à elle, évoquer, dimanche, «le danger théorique et peut-être pas si théorique d un coup d Etat militaire» avantde conclure, «rien n est irréversible».p Jacques Follorou Etats-Unis Jon Huntsman se retire au profit du favori républicain, Mitt Romney WASHINGTON. Le républicain modéré Jon Huntsman, après des résultats décevants dans l Iowa et dans le New Hampshire, a annoncé, lundi 16janvier, son retrait de la course à l investiture républicaine pour l élection présidentielle de novembre et a appelé à soutenir le favori, Mitt Romney. «Je crois qu il est temps pour notre parti de s unir derrière le meilleur candidat pour battre Barack Obama. Malgré nos différences et nos écarts de vue sur quelques sujets, je pense que le bon candidat est le gouverneur Mitt Romney ( ). Le Parti républicain est un parti d idées, mais la forme nauséabonde que prend notre discours politique actuel n aide pas notre cause. C est même une des nombreuses raisons pour lesquelles les Américains ne font plus confiance à leurs élus», a-t-il indiqué. (AFP.) p Inde Le général V. K.Singh, le chef de l armée, saisit la justice pour rester en fonctions NEW DELHI. Le chef de l armée indienne, le général V. K. Singh, a saisi la Cour suprême pour faire modifier d un an sa date de naissance sur les documents officiels, ce qui lui permettrait de rester en fonctions une année supplémentaire. (AFP.) Syrie Un député fait défection et se réfugie en Egypte LECAIRE. Les Nations unies ont indiqué, lundi 16janvier, qu elles vont former des observateurs de la Ligue arabe afin de les aider à évaluer la répression sanglante en Syrie. De son côté, la Russie a fait circuler une nouvelle version d un projet de résolution au Conseil de sécurité de l ONU. Par ailleurs, le député Imad Ghalioune, membre de la commission du budget au Parlement syrien, a annoncé à la chaîne Al-Arabiya s être réfugié en Egypte. (AFP.) Bruxelles adresse trois lettres de mise en demeure au gouvernement hongrois La Commission enjoint à Viktor Orban de revenir sur plusieurs dispositions constitutionnelles Bruxelles Bureau européen La Commission européenne durcit le ton à l égard du gouvernement hongrois du conservateur Viktor Orban, qui a faitadopter une trentaine dedispositionsconstitutionnelles contestables,dont certaines sont manifestementen contradiction avec les traités européens. Engagée dans une partie dont le résultat final reste incertain, la Commission devait passer,mardi 17janvier, des avertissements àla première étape de l action, telle que prévue par les règlements de l Union. DeStrasbourg, où ils sontréunis à l occasion de la session du Parlement, les commissaires devaient annoncer l envoi à Budapest de trois lettres de mises en demeure: trois procédures d infraction ont été ouvertes concernant l indépendance de la banque centrale hongroise, de la magistrature et de l autorité de supervision ducontrôle des données personnelles. A ce stade, la Commission réclame des «compléments d information». «On est obligés d en passer par là», souligne un haut fonctionnaire, irrité par l immobilisme de M. Orban. Depuis l admonestation que Bruxelles lui a adressée il y a une semaine, le premier ministre n a en effet annoncé qu une éventuelle modification partielle de sa récente loi sur la banque centrale, comme l exigent non seulement l Union, mais aussi la Banque centrale européenne et le FMI. En principe, Budapest avait deux mois pour répondre aux questionsquilui ontétéadressées. Pour éviter de nouvelles tergiversations, ce délai a été ramené à deux semaines. S il n annonce pas de changements tangibles, le gouvernement de M. Orban recevra donc, dès février, un «avis motivé» l invitant à modifier une série de dispositions. «Seul un changement des législations en question saurait apaiser la Commission», indique au Monde Viviane Reding, Madrid Correspondance Le premier procès contre le juge espagnol Baltasar Garzona débuté, mardi 17 janvier, au Tribunal suprême de Madrid. Le célèbre magistrat est accusé de «prévarication» pour avoir ordonné des «écoutes illégales» surplusieursaccusés d unvaste réseau de corruption impliquant des élus du Parti populaire (PP), baptisé «l affaire Gurtel». Il encourt entre dix et dix-sept ans d exclusion de la magistrature. Le parquet, qui requiert son acquittement, avait demandé que les trois plaintes, déposées par les deuxcerveaux présumés de l affaire Gurtel, Francisco Correo et Pablo Crespo, ainsi que l avocat d un autre accusé, soient classées. Mais le juge instructeur, Alberto Jorge Barreiro, n a pas suivi ses recommandations. Il estime que M.Garzon a pu porter atteinte aux droits fondamentaux des accusés en plaçant sur écoutes leurs conversations en prison, notamment celles avec leurs avocats. Baltasar Garzon se défend en assurant que ces écoutes n avaient en aucun cas pour but de connaître la stratégie de la défense mais, s appuyant sur l enquête policière qui pointait une possible connivence entre les avocats et leurs clients, d éviter le blanchiment par des tierces personnes des fonds détournés. responsable de la justice et viceprésidente de l institution. M.Orban devait participer, mercredi à Strasbourg, au débat parlementaire sur la situation de son payset rencontrerjosémanuel Barroso, le président de l exécutifeuropéen. Selon des diplomates hongrois, il pourrait manifester sa «bonnevolonté»,quitteàcequecertains sujets de contentieux soient renvoyés vers la Cour de justice. En réalité, le dossier hongrois embarrasse les institutions européennes, hésitantes quant à la marche à suivre si M. Orban n annonçaitpastousleschangementsnécessaires. Au stade actuel, il n est pas question d activer l article7 du trai- Ironie du sort, M. Garzon s est doncretrouvé sur lebanc desaccusés, mardi, avant les deux responsables présumés du réseau de corruption Gurtel qui, en prison préventive, attendent toujours d être jugés pour avoir offert des millions à des élus du Parti populaire (PP, droite, actuellement au pouvoir en Espagne) en échange de juteux contrats publics. «Garzon est un cancer pour la justice espagnole» Miguel Bernad président du syndicat d extrême droite Manos Limpias («mains propres») La veille du procès, l avocat du juge Garzon, Francisco Baena, se disait «confiant». «Je crois en la justice», affirmait-il au Monde. Pourtant, la défense a des raisons d être pessimiste. Le juge instructeurarefusé les éléments qu ellesouhaitait apporter, aussibien le témoignage du juge du Tribunal suprême de Madrid qui, après avoir récupéré l instruction de l affairegurtel, a prolongé lesécoutes, que celui des procureurs anticorruption qui les ont validées. La cour se contentera donc des seules explications du juge Garzon, raison pour laquelle le procès ne devrait durer que trois jours, selon les prévisions du Tribunal. A Budapest, devant l opéra, des milliers de Hongrois ont manifesté, le 2janvier, contre la nouvelle Constitution. FERENC ISZA/AFP Les Européens espèrent que M.Orban sera plus sensible à l argument financier té,quipeuts appliquerencasdevio- lation avérée, mais aussi de risque de violation des valeurs de l Union. Cette disposition peut priver un Etat membre de son droit de vote. «Elle ne peut être utilisée qu en dernier ressort, une fois que les institutions ont épuisé tous les outils légaux, lorsqu un pays ne se conforme pas aux arrêts de la Cour de justice», souligne Viviane Reding, membre comme M. Orban et M. Barroso du groupe du Parti populaire européen, très ennuyé par cette polémique. Parlement, Conseil et Commission s observent d autant plus que l article 7 peut être enclenché de différentes manières. Par les eurodéputés, les commissaires ou neuf pays membres avec une décision finale du Conseil. Dans le cercle des Etats, dominé par les conservateurs, seuls la France, le Luxembourg et la Finlande ont manifesté une position offensive. Les autres dirigeants, pour la plupart orientés à droite, restent marqués par l épisode autrichien de 2000, avec les sanctions décidées à l époque contre le chancelier Wolfgang Schlüssel et son allié d extrême droite, Jörg Haider. Pour s éviter d autres divisions, les Européens espèrent en fait que M. Orban sera plus sensible à l argument financier qu à celui des valeurs. Bruxelles lui a indiqué, mercredi 11 janvier, que son pays pourrait se voir privé de l accès aux fonds de cohésion, en raison de son endettement excessif. Il a, par ailleurs, besoin d un prêt de 10 à 20 milliards d euros que pourraient lui octroyer l Union et le FMI. Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds, lui réclame «un engagement véritable» quant au règlement des «questions politiques en rapport avec la stabilité financière». Bruxelles conditionne toute reprise des négociations à des réformes, concernant la banque centrale en particulier. D autres aspects des réformes constitutionnelles hongroises (sur laloi électorale,les médias,les libertés, etc.) s avèrent manifestement contrairesà certains aspects fondamentaux de la construction européenne. Beaucoup de responsables espèrent qu une autre instance, le Conseil de l Europe, «gardien des libertés» à Strasbourg, s emparera àson tour deces questionspour faire pression sur M. Orban. p Jean-Pierre Stroobants et Philippe Ricard (à Strasbourg) En Espagne, le juge Baltasar Garzon devant la justice Le magistrat comparaît pour avoir ordonné des écoutes illégales dans une affaire de corruption Mais quel que soit le jugement rendu, les péripéties du juge Garzon ne s arrêteront pas là. Le 24janvier, le magistrat, suspendu depuismai 2010, a de nouveau rendez-vous avec la justice, soupçonné derechef de «prévarication», cette fois-ci pour avoir voulu juger les crimes franquistes. Le syndicat d extrême droite Manos Limpias («mains propres») l accuse d avoir ouvert une enquêtesur ladictaturede FranciscoFranco tout en sachant l existence d une loi d amnistie, votée en 1977 pour faciliter la transition démocratique. «Il a créé une brèche dans la société et rouvert des blessures que le temps avait fermées. Garzon est un cancer pour la justice espagnole»,commente aumonde leprésident de Manos Limpias, Miguel Bernad, décoré en décembre 2011 par la Fondation Francisco-Franco pour «défendre les idéaux du mouvement». Enfin, un troisième procès, encore en phase d instruction, attend le juge Garzon. Il est soupçonné d avoir perçu de la banque Santander de l argent qu il n a pas déclaré pour deux séminaires donnés à New York. M. Garzon dément avoir été payé. En Espagne, Baltasar Garzon est autant haï quevénéré. Connu internationalement comme le juge ayant prononcé un mandat d arrêt international contre l ancien dictateur chilien Augusto Pinochet, ses coups médiatiques, comme lorsqu il demanda le certificat de décès de Franco ou tenta d enquêter sur les atteintes aux droits de l homme dans la prison de Guantanamo, lui ont valu autant d amis que d ennemis, et des jalousies au sein de la magistrature. La presse de droite souligne que M.Garzon a tout fait pour retarder le procès pour écoutes illégales, espérant que sa première comparution ait lieu dans le cadre du procès sur l enquête contre les crimes du franquisme. Un procès beaucoup plus médiatique et qui lui vaut le soutien d une grande partie de la population et d organisations non gouvernementales, telle Human Rights Watch. La plateforme Solidaire avec Garzon, formée par des associations pour la «mémoire historique», les principaux partis politiques de gauche (dont le PSOE) et les syndicats, ainsi que des artistes espagnolsde renom commeleréalisateurpedroalmodovarou l écrivainalmudena Grandes, ont appelé à des rassemblements les 17, 24 et 31 janvier devant le Tribunal suprême. «Démocrates, victimes du franquisme, défenseurs de la liberté et de l Etat de droit, nous ne pouvons pas accepter avec indifférence la possibilité de sa condamnation, qui supposerait, écrit la plateforme, un coupirréparable etun énorme retour en arrière dansla consolidation de notre démocratie.» p Sandrine Morel

6 planète Mururoa: le coût écologique des essais nucléaires Une proposition de loi, examinée au Sénat le 18janvier, oblige l Etat à prendre en compte les dégâts sur l environnement Papeete Correspondance 6juin 2000 : plate-forme en béton couvrant un puits ayant servi à un tir d essai nucléaire souterrain sur l atoll de Mururoa. ÉRIC FEFERBERG/AFP Vue du ciel, leur couronne corallienne séparant le bleu intense de l océan des couleurs plus claires du lagon donne aux atolls de Mururoa et de Fangataufa une illusion de normalité. Dès que l on s en approche, c est tout autre chose. Une partie des îlots a été recouverte de béton, la végétation typique des Tuamotu a laissé place à des aito, des «arbres de fer». «Chez nous au Tuamotu, l île est notre mère nourricière et aujourd hui elle est morte», s indigne un habitant. Sur les deux atolls, entre1966 et 1996, la France a réalisé 193 essais nucléaires : 41 tirs atmosphériques, 137 souterrains et 15 essais de sécurité. Leministèrede ladéfense a reconnu en 2006 que 22 essais souterrains avaient conduit à des rejets de gaz radioactifs ; 27 puits creusés dans l atoll de Mururoa rassemblent les déchets radioactifs. Malgré les demandes des autorités polynésiennes, les conséquences environnementales des essais ont été éludées par la loi du 5 janvier 2010, dite loi Morin, qui reconnaît et indemnise l impact sanitaire des expérimentations. L Assemblée territoriale a donné, lundi 17janvier, un avis favorable à une proposition de loi qui entend combler cette lacune. Le texte qui doit être débattu mercredi au Sénat, à Paris, organise la rétrocessiondemururoaet defangataufa, aujourd hui classésinstallations intéressant la défense, au domaine public de la Polynésie. «Nous sommes conscients qu il s agit des deux plus grosses décharges nucléaires en milieu océanien. Mais, en Océanie, on ne peut séparer l être humain de son écosystème, plaide l auteur du texte, le sénateur Richard Tuheiava. La restitution est une manière d apaiser les blessures psychologiques» causées par la période nucléaire. Le texte prévoit que l Etat assure de manière pérenne «la réhabilitation environnementale ainsi que la surveillance radiologique et géomécanique permanente des deux atolls». Le département de suivi des centres d expérimentations nucléaires (DSCEN) de la direction générale de l armement procède chaque année à des analyses d échantillons du milieu terrestre, océanique et du lagon des deux atolls, dont les résultats sont rendus publics dans les dix-huit mois à deux ans. Le dernier rapport, datant de 2009, conclut à un «faibleniveau dela radioactivitéartificielle». Cependant, cinq kilogrammes de plutonium environ sont piégés dans les sédiments au fond des lagons de Mururoa et Fangataufa, selon le rapporteur de la loi, le sénateur (PS) Roland Courteau. Aucune banalisation du site n est envisageable. Les cavités de tir utilisées pour les expérimentations contiennent toujours des produits de fissions et des produits radioactifs divers. Deux puits ont également été creusés spécifiquement pour le stockage des déchets radioactifs. L activité totale des déchets accumulés dans les sous-sols de Mururoa atteint térabecquerels (TBq), selon l évaluation faite en juin 1998 par l Agence internationale de l énergie atomique (AIEA). «C est 371 fois le seuil de classement des installations nucléaires de base (INB)», souligne Bruno Chareyon, responsable du laboratoire de la Commission de recherche et d information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). Plus de tonnes de déchets radioactifs divers ont, en outre, été larguées dans l océan par plus de mètres de fonds au large de Mururoa et de l île de Hao. En février 2011, le ministère de la défense a reconnu la possibilité d un effondrement d une partie de l atoll de Mururoa fragilisé par les tirs souterrains. Un glissement de terrain pourrait entraîner la dilution dans l océan de matières radioactives enfermées dans la roche. «Mururoa est une véritable décharge nucléaire, tonne Maina Sage, représentante du parti Ia Ora te Fenua à l Assemblée de Polynésie, en réclamant une expertise Le ministère de la défense a reconnu la possibilité d un effondrement d une partie de l atoll de Mururoa indépendante pour évaluer les possibilités de consolider les sites de stockage. Elle regrette que la proposition de loi n ait pas retenu le déclassement des atolls afin qu ils entrent dans le droit commun du nucléaire en matière de Iles de la Société Papeete 250 km TAHITI POLYNÉSIE FRANÇAISE Océan Pacifique Iles Tuamotu Mururoa Fangataufa traitement des déchets pour éviter ce qu elle appelle le «deux poids deux mesures». Longtemps «endormies» par la théorie officielle des essais propres, les perspectives de développement économique et neutralisées par le secret défense, les autoritéspolynésiennes sontdevenues méfiantes vis-à-vis du ministère de la défense. Dans un courrier du 19juillet 2010 adressé à Jean-Louis Borloo, alors ministre de l environnement, l ancien président du territoire, Gaston Tong Sang, souhaitait même que le ministère de l environnement,qui aurait «plus d indépendance et de légitimité», pilote le suivi environnemental. Pour assurer une information plus transparente aux Polynésiens, la proposition de loi prévoit que l autorité militaire confie à l Institut de radioprotection et de sûreté nucléaires (IRSN) des missions sur Mururoa et Fangataufa. Le sénateur Courteau envisage même l adaptation du secret défense «à la réalité des risques encourus». Une commission nationale de suivi des essais nucléaires serait aussi créée pour suivre «les impacts et effets du réchauffement climatiquesur la stabilité géomécanique et le relâchement de nucléides radioactifs dangereux». Dansson courrier, M. Tong Sang demandait également la levée du doute radiologique sur le site de Hao qui servait de base avancée du Centre d expérimentation du Pacifique (CEP) et du Commissariat à l énergie atomique (CEA). Cette demandeaété réitéréeen juin2011 par le délégué au suivi des conséquences des essais nucléaires (DSCEN) de Polynésie française, estimant que le «constat radiologique» fourni par l Etat «se présente comme une expertise sommaire» et manque de précision. Le Haut Commissaire, Richard Didier, a refusé, dans un courrier daté du 11juillet 2011, que de nouvelles analyses soient financées par l Etat. Il précise «que l ensemble des résultats obtenus montre l absence de contamination radiologique». Contacté, le représentant de l Etat en Polynésie n a pas souhaité répondre à nos questions. Mille cinq cents personnes vivent sur l île de Hao. Depuis 2009, une vaste opération de dépollution et de nettoyage est pilotée par le ministère de la défense. Une étude sur l étendue de la pollution, par leshydrocarbures et les métaux lourds notamment, doit être rendue publique au deuxième trimestre. p Christine Chaumeau Transports Péage à Milan pour réduire le trafic C est une première en Italie : afin de réduire le trafic et la pollution, les automobilistes sont tenus, depuis lundi 16janvier, de payer un péage pour entrer dans le centre de Milan. Inspiré du modèle londonien, le système «Area C» impose à tous sauf ceux ayant des voitures électriques ou hybrides, du lundi au vendredi de 7 h 30 à 19 h 30, le paiement d un ticket d entrée de 5 euros. La mairie de Milan espère ainsi provoquer une diminution du trafic de 20 % à 30 % dans le centre-ville. (AFP.) p Environnement Les poissons sont sensibles au CO 2 La hausse des émissions de dioxyde de carbone peut affecter le système nerveux des poissons de mer, voire menacer leur survie, affirment des chercheurs australiens. Selon leurs travaux, publiés lundi 16janvier dans Nature Climate Change, une forte concentration de CO 2 dissous dans l eau perturbe un récepteur-clé de leur cerveau, altérant leur comportement et leurs capacités sensorielles. PUBLICATIONS JUDICIAIRES annonces@osp.fr Extrait des minutes du greffe de la Cour d appel de BordEaux Par arrêt contradictoire de la 3 ème Chambre Correctionnelle de la Cour d Appel de Bordeaux du 06 décembre 2011, BAILLY Laurence, née le 05 novembre 1958 à Poitiers (86), demeurant chez Bailly Guy Fleury Lavausseau, a été condamnée à une peine d emprisonnement délictuel : Quatre ans dont deux avec sursis Mise à l épreuve durant trois ans Obligation de réparer les dommages causés par l infraction. Dit que la partie ferme de l emprisonnement prononcé sera exécutée sous le régime du placement sous surveillance électronique, Confiscation des scellés (objets ayant servi à commettre l infraction ou en étant le produit), Interdiction professionnelle : interdiction définitive d exercice d une profession commerciale ou industrielle, Interdiction professionnelle : interdiction définitive de diriger, administrer, gérer ou contrôler à un titre quelconque directement ou indirectement pour son propre compte ou pour le compte d autrui une entreprise commerciale ou industrielle ou une société commerciale au sens de l article deuxièmement du code pénal. Pour Escroquerie réalisée en bande organisée, Escroquerie, Participation à association de malfaiteurs en vue de la préparation d un délit puni de 10 ans. Faits commis entre le 1er janvier 2005 et le 31 décembre 2006 à Bordeaux. La Cour a, en outre ordonné : la publication de cet arrêt, par extraits, dans le journal Le Monde, aux frais de la condamnée, dans les termes et limites de l article du code pénal. Pour extrait conforme délivré à Monsieur le Procureur Général sur sa réquisition. Le Greffier en Chef La question des OGM vire au casse-tête BASF se détourne du marché européen, la France prépare une nouvelle interdiction du MON810 Le groupe chimique allemand BASF a annoncé, lundi 16 janvier, renoncer à développer des plantes transgéniques pour le marché européen. «Les biotechnologies vertes ne sont pas suffisamment acceptées dans de nombreuses régions d Europe par la majorité des consommateurs, des agriculteurs et des responsables politiques», a expliqué Stefan Marcinowski, membre du directoire de BASF. L entreprise a notamment décidé de mettre un terme à la culture et à la commercialisation d Amflora, sa pomme de terre transgénique destinée à fournir de l amidon à l industrie papetière, autorisée par l Union européenne (UE) en Elle a également pris la décision de transférer aux Etats-Unis le siège de ses activités de recherche et de développement. L UE a pris acte de ces annonces, saluées par les associations écologistes. Mais un nouvel épisode du feuilleton des organismes génétiquementmodifiés(ogm) se prépare en France où, fin novembre2011, le Conseil d Etat a annulé la clause de sauvegarde prise par le gouvernement en 2008 pour interdire la culture du maïs transgénique MON810, de la firme Monsanto. Le 13 janvier, les ministères de l écologie et de l agriculture ont affirmé, dans un communiqué commun, que le MON810 resterait interdit en France en Mais le gouvernement doit faire face à la fois à une urgence et à un casse-tête juridique. Pour éviter une nouvelle bataille des OGM, à quelques semaines de l élection présidentielle, ildoitprendreun arrêtéd interdiction avant la mi-mars, période à laquelle les s les de maïs pourraient débuter. «Il existe un certain nombre de producteurs très agacés qui sont prêtsà semerdumaïstransgénique si une fenêtre de tir se présente», prévient Luc Esprit, directeur de l Association générale des producteurs de maïs (AGPM). L Etatfrançais prépareunenouvelle clause de sauvegarde s appuyant, cette fois, sur un autre règlement européen que celui évoqué lors de sa première tentative malheureuse. «Un certain nombre de travaux parus depuis 2008 convergent pour montrer l existence de risques, dit-on au ministère de l écologie. L idée est de prendre une mesure d urgence en s appuyant sur ce faisceau.» Une option qui réussit l exploit de réunir opposants et partisans des OGM contre elle. «Il n y a pas eu depuis 2008 de nouvelle étude apportant la preuve d un risque avéré du MON810 sur la santé humaine ou animale ou bien sur l environnement», s inquiète Guy Kastler, de la Confédération paysanne. «Je ne vois pas sur quelle base sérieuse pourrait s appuyer l Etat français pour motiver une telle décision», renchérit Maï Le Prat, avocate de l AGPM. Les anti-ogm pressent le gouvernement de s appuyer plutôt sur la loi de 2008, selon laquelle les OGM ne peuvent être cultivés que La question de la coexistence entre OGM et plantes conventionnelles reprend toute son importance dans le respect des filières de production et commerciales «qualifiées sans OGM». Or un arrêt de la Cour de justice de l Union européenne daté du 6septembre 2011 a interdit la commercialisation du miel contenant du pollen issu du MON810. La question de la coexistence entre OGM et plantes conventionnelles reprend donc toute son importance. Le Haut Conseil des biotechnologies(hcb) devait justement publier, mardi, deux avis sur le sujet. Cet organisme public chargé d éclairer le gouvernement en matièred OGM aétésaisi, le23septembre 2011, d une demande d avis sur la possibilité de faire coexister cultures transgéniques et conventionnelles. Le comité scientifique (CS) et le comité économique, éthique et social (CEES) du HCB se sont tous deux divisés sur la question. Le CS juge possible la coexistence si le seuil de contamination des plantes non OGM reste à 0,9 %, mais très difficile s il descend à 0,1 %, qui est le seuil de dépistage. Les experts recommandent un zonage du territoire agricole. Une proposition de changer l unité de mesure de la contamination a suscité par ailleurs un vif débat. Quant à l avis du CEES, il se fait l écho d un désaccord entre les membres du comité sur le partage entre agriculteurs OGM et conventionnels des coûts entraînés par la coexistence. Si le CEES s accorde sur le principe d un mécanisme financier d indemnisation, il constate aussi qu il est impossible de chiffrer le coût de la coexistence. Ilreprendégalementl idée du zonage et propose la création de «cercles de coexistence» pour en discuter localement les conditions. p Hervé Kempf et Gilles van Kote

7 planète 7 Les plantes sauvages disparaissent En Ile-de-France, un quart des espèces sont menacées par l urbanisation et l utilisation d herbicides Qu est-il donc arrivé à l adonis d automne, petite plante compagne des cultures, classée en «danger critique d extinction»? A la sabline sétacée (famille des œillets), désormais «en danger»? A l œnanthe faux boucage, considérée comme «vulnérable»? Plus d une plante sur quatre est menacée de disparition en Ile-de- France : le constat du Muséum national d histoire naturelle de Paris est rude, qui met en évidence l appauvrissement et la banalisation de la flore francilienne. Etablie en partenariat avec Natureparif, l agence nationale pour la nature et la biodiversité en Ile-de- France, la Liste rouge régionale de la flore vasculaire qu il vient de publier passe en revue 1 537espèces de fougères et de plantes à fleurs, dont la présence a été attestée en Ile-de-France entre 1700 et Conclusions de cet état des lieux, mené selon les critères définis par l Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) : 85 de ces espèces sauvages (soit 6 %) semblent avoir disparu de la région depuis le XVIII e siècle, et 400 autres (26 %) sont aujourd hui menacées, dont 128 (8 %) d un «risque majeur d extinction dans les prochaines années». A l instar de la faune sauvage, «la destruction et la dégradation deleurshabitats naturels représentent la première cause de régression des espèces végétales», explique Sébastien Filoche, qui a supervisé cette étude au Conservatoire botaniquenational du Bassin parisien (CBNBP) du Muséum. Climat tempéré, relief vallonné, alternancede sables, calcaires, argiles et marnes : ces caractéristiques, De gauche à droite: adonis d automne, orchis brûlée et benoîte. CBNBP/MNHN à elles seules, expliquent la grande variété de la flore sauvage francilienne. A cette spécificité s ajoute la diversité des habitats naturels : terres agricoles à 49,97 %, milieux boisés et forestiers à 23 %, les milieux urbains n occupant que 21 % de la région. Protéger les taxons Pourquoi, alors, un tel appauvrissement des espèces? A en croire l Institut d aménagement et d urbanisme (IAU) de l Ile-de-France, la superficie des espaces naturels et agricoles est passée de 82 % à 78 % entre 1982 et Une baisse relativement faible, donc. Mais liée pour l essentiel à l urbanisation : pour l habitat et les activités économiques (46 %), pour les transports et l équipement (35 %). Des changements dans l utilisation des sols qui, souligne-t-on au Muséum, «impactent fortement lesmilieuxnaturels enlesfragmentant et en supprimant de nombreux corridors écologiques». Dufaitdela stabilitédesespaces forestiers, arbres et arbustes se révèlent moins menacés que les autres groupes végétaux. A contrario, pelouses, prairies et landes comptent à elles seules 33 % des espèces disparues, alors que ces milieux ne représentent que 3,13 % du territoire de l Ile-de-France. Quelles conséquences peut-on attendre d un tel constat? «En identifiant les besoins prioritaires de conservation, l objectif essentiel des Listes rouges est de fournir des bases cohérentes pour orienter les politiques publiques de conservation», rappelle François Letourneux, président de la commission des aires protégées de l UICN France. Sur l ensemble des espèces répertoriées en Ile-de-France, 214 bénéficient déjà d une protection au plan national ou régional. Parmi elles, une quinzaine se révèlent ne pas être menacées, et pourraient prochainement perdre ce privilège. Mais la Liste rouge conforte le statut de protection de l immense majorité des taxons, et en identifie plusieurs autres qui mériteraient d en bénéficier. «Pour sauvegarder ces espèces, les sites à préserver en priorité sont la Bassée, les coteaux et la vallée du Loing, le massif de Fontainebleau, le Gâtinais, la forêt de Sénart, les bruyères de Sainte-Assise, le massif de Rambouillet, les coteaux de la Seine aval, l est et le centre du Vexin», énumèrent les chercheurs du CBNBP. Cette politique de conservation, pour être efficace, devra passer par un renforcement des aires protégées et la création de la «trame verte» promise par le Grenelle de l environnement. p Catherine Vincent Des villages déplacés de force en Ethiopie L ONG Human Rights Watch redoute une aggravation de l insécurité alimentaire L Etatéthiopien mènedansquatre régions un programme dit de «villagisation» visant à regrouper 1,5million de personnes, d ici à 2013, dans des agglomérations bénéficiant des services de base en matièred éducation,de santéet d accès àl eau. L organisation internationale de défense des droits de l homme Human Rights Watch (HRW) est alléevoir de plus près, dans larégion de Gambela, à l ouest du pays. Le constat qu elle dresse, dans un rapport rendu public mardi 17janvier, est accablant : les déplacements en général de l ordre de quelques kilomètres se font sous la menace, sans concertation ni compensation, et aboutissent à une dégradation de la situation alimentaire, déjà très précaire, des populations concernées, assure HRW. L organisation appelle à la suspension du programme et demande aux bailleurs de fonds internationaux de veiller à ne pas contribuer, même indirectement, à son financement. Le rapport se base sur plus de 100 entretiens réalisés en mai et juin Il fourmille de récits anonymes de villageois racontant comment ils ont dû abandonner, dans un délai très court, leur domicile et leurs champs, et décrit les mesures d intimidation ou les violences perpétrées à l encontre des récalcitrants. «Mon père a été frappé par des militaires pour avoir refusé de partir avec les autres anciens, raconte un témoin. Il disait : Je suis né ici, mes enfants également, et je suis trop vieux pour m en aller. Il est mort des suites du passage à tabac.» Selon HRW, les promesses des autorités ne sont pas toujours honorées : à leur arrivée dans leurs nouveaux villages, les déplacés ne trouvent souvent ni école ni centre de santé, et les terres qui leur ont été promises n ont pas été défrichées alors qu ils ont dû abandonner leurs anciens champs avant les récoltes, ce qui place ces communautés en risque de crise alimentaire grave. Ethnie anouak HRW fait le lien entre ces déplacements forcés et les concessions à grande échelle de terres agricoles à des investisseurs dans les mêmes régions, estimant que le programme pourrait permettre de «libérer» ces terres. Une hypothèse démentie par les autorités locales, qui assurent que les terres louées étaient «vides» ou «inutilisées». Le gouvernement éthiopien soutient pour sa part que le déplacement se fait «exclusivement sur la base du volontariat». Dans une réponse à HRW, il qualifie d «allégations sans fondement» le contenu du rapport, qu il réfute point par point et dont il estime laméthodologie «biaisée». Il conteste notamment vouloir marginaliser l ethnie anouak, majoritairement concernée par le programme de «villagisation», au bénéfice de populations venant d autres régions du pays. p Gilles van Kote

8 france Le sommet social Formation des chômeurs: un système inefficace Partenaires sociaux et gouvernement se réunissent mercredi à l Elysée pour faire face à la hausse du chômage Formeretpasseulementindemniser, tel doit être notre but.» Dans ses vœux du 31décembre, Nicolas Sarkozy a fait des chômeurs etde leur formation l unede ses priorités. La question sera l un des thèmes centraux du sommet social du 18janvier à l Elysée. Ce n est pas la première fois : sommet social en 2009, lois, décrets, et discours sur ce thème ont ponctué le quinquennat. Pourtant, la formation des chômeurs reste peu efficace. Fin 2009, la Dares, le service statistique du ministère du travail, comptabilisait 8 % des demandeurs d emploi en formation, contre 10 % fin On comptait entrées en formation de demandeurs d emploi en 2003, on n en recense plus que en 2008, un recul net. Des offres «inadaptées» La France consacrait, en 2009, pas moins de 31milliards d euros à la formation continue des adultes, dont 15 % destinés aux chômeurs. Une manne qui ne se traduit pas en efficacité. Les associations de chômeurs parlent de «parcours du combattant» pour parvenir à décrocher une place, ou d offres «inadaptées» Ce que confirment leschiffres. Selon l Insee, seuls 10 % des chômeurs anciens ouvriers sont entrés en formation, contre 27 % de ceux qui étaient cadres avant de perdre leur emploi. De même, 18 % des ans étaient formés, contre seulement 5,6 % des ans et 10,6 % des moins de 25 ans. Président d A- BCDE, une association de chômeurs en Alsace, Marc Desprats jugeque«les formationssont essentiellement tournées vers des gens proches del emploi», et visent trop, selonlui, à fournir un emploi direct à leur sortie plutôt qu une aide à la réorientation professionnelle. L écart semble souvent grand entre les demandes des chômeurs et les formations effectuées. Un rapport rédigé en janvier2010 par Jean-Marie Marx, ancien numéro deux de l ANPE, notait que, si un chômeur sur deux demande une formation en moyenne, seulement 16 % obtiennent l accord de Pôle emploi, et seulement 7 % entrent effectivement en formation dans les six mois qui suivent. Un cadre trop rigide Avec la décentralisation, l Etat se désengage progressivement de la formation des chômeurs : il finançait 36 % des entrées en formation en 2004, contre 12 % en Les régions sont passées dans le même temps de 48 % à 62 %. Depuis 2008 et l application d une directive européenne, toute formation doit donner lieu à un appel d offres avec mise en concurrence. Lesrégionstendent doncàacheter des «lots» de formation, parfois par centaines, qu il faut ensuite remplir avec des demandeurs d emploi,mêmelorsqu elles necorrespondent pas. Une rigidité critiquée par les organismes de formation. Les associations dénoncent A Ligné (Loire-Atlantique), la société Leduc a bénéficié d un fonds régional de sécurisation de l emploi par la formation. STÉPHANE MAHÉ POUR «LE MONDE» elles aussi la complexité du système, entre Pôle emploi qui les valide, la région qui les finance, et les instituts de formation qui les proposent. Un «parcours du combattant», au terme duquel nombre de chômeurs «ne parviennent pas à intégrer la formation qu ils souhaitent», car «ils ne rentrent pas dans la bonne case, ils ont trop ou pas assezdechômage, etc.», résumejacqueline Basan, de l association Creer à Montpellier. Nantes Correspondant Bertrand Gautier, délégué syndical CFDT au sein de la Société d applications hydrauliques (SAH) Leduc, entreprise de fabrication de vérins implantée à Ligné (Loire- Atlantique), estime que son patron a «plutôt bien géré la crise» survenue en La société, qui comptait 480salariés intérimaires compris avant la dépression économique, n a pourtant pas échappé à un dépôt de bilan, et à des licenciements. «En mars2008, le chiffre d affaires de l entreprise était de 63millions d euros, rapporte David Valton, responsable des ressources humaines. On a connu une baisse d activité sans précédent. Un an plus tard, le chiffre d affaires est Des tentatives de réforme L exécutif s est mobilisé sur cette question, mais pour peu de résultats. En mars 2009, M. Sarkozy évoquait dans un discours sur la réforme de la formation professionnelle la création, par les partenaires sociaux, d un fonds de sécurisation des parcours professionnels (FSPP). Abondé à hauteur de 900 millions d euros, il devait permettre de former «chaque année, salariés peu qualifiés et demandeurs d emploi, c est-à-dire ceux qui étaient jusqu à présent exclus de la formation», avait assuré le chef de l Etat. Une gageure : le nombre d entrées en formation pour des demandeurs d emploi a chuté de 5 % en 2009 par rapport à Uneadaptation législative a permis, en 2009, la «portabilité» du droit individuel à la formation (DIF). Il peut désormais utiliser dans les deux ans qui suivent une rupture de contrat de travail. Ce tombé à 42millions, puis encore à 18 millions.» Les contrats précaires ont d abord trinqué. Puis une centaine de départs volontaires ou forcés ont été ordonnés. Mais à défaut de miracle, «la boîte a limité la casse», relève M. Gautier, qui exerce le métier de tourneur. La société Leduc a été l une des premières à bénéficier du fonds régional de sécurisation de l emploi par la formation. Le dispositif, étrenné en mai2009 dans le cadre d un vaste plan anticrise, entendait alors se poser comme une alternative aux mesures de chômage partiel et surtout aux licenciements. Il a été impulsé par les partenaires sociaux et la région des Pays de la Loire, avec le soutien de neuf organismes paritaires collecteurs agréés ainsi que de l Etat. «Le pari consistait à profiter du trou enregistré dans les carnets de commandes pour lancer un plan de formation exceptionnelle dans toutes les entreprises, explique Jacques Bordron, de l union régionale CFDT. Plutôt que de se voir mis à la porte, les salariés sont partis en formation.» Un dispositif reconduit «L objectif, c était de préserver l emploi au maximum en aidant les entreprises à conserver leurs compétences, abonde Jean-Philippe Magnen, élu EELV, vice-président du conseil régional des Pays de la Loire, chargé de l emploi et de la formation professionnelle. Face à l ampleur de la crise, la région a opté pour cet engagement inédit, au-delà de ses compétences traditionnelles en matière de formation professionnelle.» A Ligné, l intégralité du personnel travaillant en atelier, soit 282employés, a ainsi repris classeurs, crayons et cartables durant trois semaines. Près de 40000heures de formation ont été dispensées, soit un budget d un million d euros. Avec à la clé, pour une écrasante majorité, l obtention d un diplôme. «30%de nos salariés n avaient aucune formation qualifiante dans le métier qu ils exerçaient, indique M. Valton. Ces temps de formation ont permis de revoir les bases du métier, de mettre à plat les impératifs d organisation dans la production industrielle, d échanger sur les bonnes pratiques, et de développer la polyvalence des postes. Tout en redonnant du rythme au sein de l entreprise, en pleine tourmente.» Près de 140 entreprises, soit un nouveau dispositif devait bénéficier à 200 à personnes, selon les recommandations du rapport de Jean-Marie Marx. Mais les formations proposées sont le plus souvent très courtes, faute de cotisations suffisantes. «On a des cas où les gens étaient précaires avant de tomber au chômage et n ont droit qu à 30 ou 40 heures de formation. Que voulez-vous qu ils apprennent?», déplore M me Basan. Autre mesure mise en place depuis2009 : la «préparation opérationnelle à l emploi» (POE), qui viseà formerundemandeur d emploi en fonction des besoins d une entreprise qui s engage à l embaucher par la suite. Un dispositif phare, sur lequel le gouvernement misait beaucoup, mais qui a eu du mal à monter en charge : il devait concerner personnes en En juillet, le ministère n a pu se féliciterquede3200formations effectivement mises en place. p Samuel Laurent Dans les Pays de la Loire, des plans de formation plutôt que des licenciements total de 5700 salariés, ont bénéficié de ces sessions dans les Pays de la Loire. Le dispositif a mobilisé quelque 30millions d euros. A Saint-Nazaire, les chantiers de construction navale STX ont mis à profit ce dispositif pour amorcer le virage de l éolien offshore. En janvier2011, la région a reconduit le dispositif. Désormais baptisé plan de continuité professionnelle, il cible prioritairement les petites et moyennes entreprises, sous-traitants de grands donneurs d ordres. Ce nouveau pacte, doté de 4,2millions d euros, vise à accompagner salariés d ici à la fin «A l heure du sommet social, le gouvernement serait bien avisé de s inspirer des solutions anticrise qui ont fleuri dans les régions», énonce M. Magnen.p Yan Gauchard Lesecteur marchand et les services concentrent lesopportunités d emploi à longterme Selon le Centre d analyse stratégique, les perspectives sont moins sombres que prévu à l horizon 2030 En publiant, mardi 17 janvier, deux notes consacrées aux perspectives de l emploi à moyen et long terme, le Centre d analyse stratégique (CAS) n apporte pas vraiment de solutions immédiates au gouvernement et aux partenaires sociaux à la veille du sommet sur l emploi à l Elysée. Mais au moins le constat tiré ne dresse-t-ilpas un tableau tropsombre de l avenir, relativisant même la gravité de la situation actuelle. «Les créations d emplois observées dans le secteur marchand à la fin 2010etaucours de 2011ont été supérieures aux projections de l année passée, alors même que la croissance n a pas été plus vigoureuse que prévu», dit le CAS. C est encore le secteur marchand qui sera créateur d emplois dans les prochaines années. Le CAS estime leur nombre total à entre 2011 et 2016, soit créations moins destructions. En plein débat sur les délocalisations et sur la montée du chômage, le CAS identifie les secteurs pourvoyeurs de nouveaux emplois, ceux-là mêmes qui nécessitent une proximité avec l entreprise ou le particulier. «Si l industrie continueradedétruiredesemplois,explique Véronique Deprez-Boudier, chef du département travailemploi au CAS, le secteur marchand, moins sensible au cycle conjoncturel de la crise, en créera.» Croissance verte Ainsi, les services opérationnels rendus aux entreprises, les «services cognitifs», les gestionnaires de réseau (comme la distribution d eau)ou encorelesservices àla personne devraient continuer de se développer. Sur le plus long terme, à l horizon2030, ce sontles mêmes secteurs qui porteront l emploi en France; «services d utilité collective ou liés à la personne, secteurs abrités comme le tourisme, la construction et les services externalisés des entreprises». Le CAS se montre, en revanche, plus prudent sur l eldorado annoncédes «emplois verts», loin du million d emplois promis par exemple par Eva Joly, la candidate d Europe Ecologie-Les Verts. Trois scénarios ont été envisagés, du plus optimiste avec une évolution vers des modes de consommation plus éco-responsables, un investissement public dans les secteurs de l économie verte et des incitations politiques et fiscales en faveur de ces activités au plus dégradé. Ce dernier scénario prenant en compte le contextede l après-crise retient des contraintes fortes dans les capacités d investissement public et privé. «La crise de l endettement et la contrainte d ajustement budgétaire diffèrent dans le temps les dépenses nécessaires, reportant la réalisation des objectifs du Grenelle de l environnement», explique le CAS. La croissance verte n est pas la seule menacée par les difficultés financières.pour profiter des «nouvelles opportunités», dit le CAS, il fautmaintenirunepolitiquevolontariste de soutien à la recherche et au développement (crédit impôt recherche, programme des investissements d avenir ). «On peut rapprocher des données conjoncturelles, comme la crise actuelle, et structurelles, indique M me Deprez- Boudier. Mais on ne peut prédire quels seront les choix politiques et l ampleur des mesures prises.» p Rémi Barroux

9 Le sommet social Albert Rose, 57 ans, employé «comme un stagiaire, à faire des photocopies» Obligés d accepter un emploi inférieur à leur qualification, des ex-chômeurs témoignent La question de l emploi ne se pose pas uniquement aux 2,8 millions de Français qui n enont pas. Elle concerne aussi les travailleurs précaires, qui étaient 2,6millions en 2010 et parmi lesquels on trouve beaucoup de salariés «déclassés» : ces jeunes travailleurs très diplômés ou moins jeunes mais très expérimentés et qui, après des mois de chômage, ont dû accepter des postes bien en dessous de leurs exigences. Ceux d entre eux qui avaient un travailont bienessayé dele conserver. Aude Houdan, caennaise et doctorante en biologie marine, a dûaccepterundemi-poste àparis à euros par mois, «à prendre ou à laisser» et a coulé les économies de son couple dans l attente d être titularisée. Elle ne le sera jamais ettiendra deux ans avantde quitter la recherche, en «Les premiers mois de chômage «Mon doctorat était un handicap, on me disait que j allais m ennuyer» Aude Houdan, biologiste, a trouvé un contrat en alternance dans une usine sontagréables, on a unpeu l impression d être en vacances», reconnaît Albert Rose, licencié à 54 ans après que son travail a été délocalisé en Roumanie. «On ne voit pas le mur arriver», poursuit Bernard Fabre, chef de produit de 39 ans licencié en Puis il faut se confronter à la réalité, à Pôle emploi et à son absurdité bureaucratique. M. Fabre se souvient de sa conseillère «sympathique mais incapable de me faire rentrer dans ses cases» et Maylis, bibliothécaire de 22 ans, a cru mal entendre quand on lui a refusé un contrat aidé, car son cas «n était pas assez désespéré». M. Rose a eu des dizaines d offres «farfelues» auxquelles ila consciencieusementpostulé «sauf à un CDD de Père Noël» quand Sébastien, commercial de 26 ans, a reçu des offres de chauffeur poids lourd ou de garagiste. Pôle emploi, ce fut même un «cauchemar», pour Sylvain, formateur pour adultes de 38 ans. «J ai gaspillé tout mon temps avec eux alors que dès le début j aurais dû m en tenir éloigné comme de la peste», raconte-il, la voix encore teintée d amertume. M. Fabre s y est alors mis «de manière quasi professionnelle»,du matin au soir, Sylvain a entrepris seul nombre de démarches de formation. Tous ont envoyé des centaines et des centaines de CV. Mais leur chemin vers l emploi est resté jonché derefus : M. Rose était «trop vieux ou trop qualifié», Emmanuel, informaticien de30ans, «pas assez spécialisé» et Sébastien a raté desoffres,car il refusaitde déménager à plus de 100 km de chez lui avant d être sûr d être gardé au-delà de la période d essai. Peu à peu, ils révisent leurs prétentions. Aude Houdan, labiologiste, se lance dans une formation «hygiène-sécurité environnement» et Bernard Fabre passe du marketing à la gestion. En vain : «Mon doctorat était un handicap, on me disait que j allais m ennuyer», se souvient M me Houdan. Les refus et échecs à répétition atteignent le moral. «J étais devenu parano, j avais l impression qu on se moquait de moi dans la rue», assure Albert Rose. La veille d envoyer sa demande de revenu de solidarité active (RSA), il se rend à un dernier entretien, dans une petite entreprise artisanale : «Cétait un choc, les locaux étaient pitoyables, les conditions de travail hallucinantes. Dès le départ, je savais que ça serait comme au tout début de ma carrière. Mais il fallait que j accepte, je n avais plus du tout le choix.» «C était ça ou le RSA», appuie M.Rose qui, au bout de trois ans de chômage, a fini par prendre un emploi vie scolaire dans une école primaire : à 57 ans, il s est retrouvé employé «comme un stagiaire, à faire des photocopies», payé 850euros par mois. Aude Houdan a, au bout de huit mois,trouvé uneusine demétallurgie pour sa formation en alternance, à 900 euros par mois, quatre ans après avoir terminé son doctorat. Après deux ans et demi de recherche d emploi, Emmanuel a, en dernier ressort, accepté un poste à euros par mois, soit aussi peuqu àses débuts, en 2000, parce qu «il fallaitbientravailler».philippe Caron a, après deux ans de chômage, réussi à décrocher un poste de vendeur débutant et dit moins bien gagner sa vie qu à ses débuts, en 1986 ; à 50 ans, dont vingtcinqans d expérience, ce cuisiniste se retrouve au même niveau que ses collègues de 22 ans.p Hélène Bekmezian Syndicats La CGT hausse la voix Bernard Thibault a durci le ton à l approche du sommet social du 18 janvier à l Elysée, notamment contre les autres syndicats qu il juge trop timides. «On ne peut que regretter la passivité coupable de nos homologues syndicaux», a répété le secrétaire général de la CGT, en dénonçant la TVA sociale ou la flexibilisation du temps de travail. Dans sa ligne de mire, la CFDT, même s il n a pas prononcé son nom. Inquiète des capacités de mobilisation, celle-ci a refusé d appeler à des manifestations mercredi 18 janvier. «Il faut que le sommet se fasse sous la pression des salariés», a souligné M. Thibault. p Jean-Baptiste Chastand Présidentielle M. de Villepin présente son équipe En arrière-plan, le V stylisé du logo Villepin 2012, tel l albatros aux ailes déployées. Au premier rang, deux de ses ex-ministres, Nelly Olin et Azouz Begag, propulsés conseillers politiques, un écrivain ami de longue date, Jean-Claude Carrière, catapulté coordonnateur du projet, l éditeur Olivier Orban, promu conseiller stratégie, et l un de ses avocats, Luc Brossollet, mué en conseiller communication. Brigitte Girardin dirigera la campagne de ce drôle d équipage enrôlé dans l improbable candidature de Dominique de Villepin. Crédité de 2 à 4 % d intentions de vote, l ancien premier ministre s est déclaré, lundi 16janvier, «très inquiet» pour l avenir de la France. Il fera partager ses inquiétudes dans une lettre adressée sous peu aux parlementaires de la majorité et dans un livre publié en février aux éditions du Cherche-Midi. p Patrick Roger C est la photo qui fixe le résultat du début de campagne de François Bayrou. Dans la huitième vague du baromètre Ipsos-Logica Business Consulting pour Le Monde, France Télévisions et Radio France, réalisée le 13 et 14 janvier, le candidat centriste obtient 14 % des intentions de vote. Soit 7 points de plus que dans la précédente enquête, élaborée les 2 et 3décembre, quelques jours à peine avant sa déclaration de candidature du 7décembre. Le président du MoDem, en un peu plus d un mois, a reconquis une partie de son électorat de 2007, qui l avait principalement quitté au profit de François Hollande. M. Bayrou, en revanche, s appuie sur des soutiens encore peu sûrs de leur choix : seuls 23 % de ceux qui disent vouloir voter en sa faveur en avril affirment qu il s agit d un choix définitif, alors que 77 % demeurent incertains. La montée de M. Bayrou, conjuguéeavecl incertitude desespartisans, explique pour une bonne part la chute de 7 points, à 52 %, du nombre de personnes estimant leur choix de premier tour pas encore définitif. En la matière, les cotesdefrançoishollande etnicolas Sarkozy bougent en effet dans des proportions contenues : 64 % des partisans de M. Hollande disentleurchoix définitif, enhausse de 1 point par rapport à décembre ; 68 % de ceux de M. Sarkozy s estiment pareillement fixés, en baisse de 3 points par rapport au dernier baromètre. Les deux favoris du premier tour baissent de concert dans cette étude. M. Hollande, qui perd trois points, à 29 %, retrouve un niveau proche de celui qu il connaissait avant que la primaire du Parti socialisteetsacampagnene lepropulsent à des hauteurs (35 % fin octobre) annoncées peu pérennes. Le président de la République, qui s était légèrement redressé à partir du mois d octobre, rechute. Dans le baromètre réalisé les 2 et 3 décembre, M. Sarkozy obtenait 25,5% des intentions de vote, ennet regain de forme par rapport à son étiage du premier semestre 2011, autour de 20 %. Dans cette vague de janvier, il recule de 2,5 points, à 23 %. Cette baisse sanctionne l effritement de son socle électoral de 2007,après une périodedereconsolidation. Ainsi, 65 % de ses soutiens d ilya cinqansdisentvouloirvoter pour lui au premier tour, contre 80 % en décembre. A ce recul, deux raisons probables. Cette enquête a été réalisée pour partie après la dégradation de la note souveraine de la France par Standard & Poor s, vendredi 13 janvier. Cela a pu peser sur les résultats, même si seulement 48 % des sympathisants de l UMP estiment l événement grave. L électorat du président semble également avoir mal accepté l ensemble des mesures annoncées début janvier par le chef de l Etat, sans cohérence apparente, de la TVA sociale à la taxe sur les transactions financières. M. Sarkozy coincé La photo du duel entre les deux favoris de l élection présidentielle demeure favorable à M. Hollande. Nettement en tête au premier tour, il maintient quasiment l écart. Surtout, au second tour, son avance reste très large, avec 59 % ( 1 point) des intentions de vote. La faiblesse des réserves de voix entre les deux tours de M. Sarkozy demeure, pour lui, problématique. D après notre baromètre, 46 % des électeurs de M. Bayrou au premier tour se reportent vers M. Hollande au second, contre 32 % vers M. Sarkozy. Le chef de l Etat, en outre, ne bénéficie du report de voix que de 35 % des soutiens de Marine Le Pen, 31 % des personnes favorables à la candidate du Front national rejoignant au second tour le candidat socialiste. M. Sarkozy, de fait, se retrouve coincé entre Marine Le Pen, toujours forte (18 %, + 1 point) et M.Bayrou. Si ce dernier parvient à installer, dans l électorat de droite, l idée qu il est le plus en situation de battre François Hollande, la situation du président peut encore se compliquer. p Pierre Jaxel-Truer politique François Bayrou reconquiert une partie de son électorat de 2007 Nicolas Sarkozy est en nette baisse dans la dernière vague du sondage Ipsos pour «Le Monde» Le spectre du retrait colle à la campagne d Eva Joly Au sein d EELV, l abandon de la candidate écologiste n est plus un sujet tabou Certes, Daniel Cohn-Bendit est un opposant de longue date à la présence des écologistes à l élection présidentielle. Maissonintervention, mardi 17janvier, sur itélé la seconde en trois jours, rappelant qu ilpouvait être tenté par le vote utile, ne doit rien au hasard. Car la candidate EELV, Eva Joly, doit affronter depuis plusieursjours des sondagesqui soulignent une nette baisse des intentions de vote en sa faveur. LH2 et Ipsos viennent en effet de lui attribuer tour à tour 3 % des voix au premier tour de la présidentielle. Cette baisse est un véritable casse-tête pour les écologistes. Ils sont une majorité aujourd hui à estimer toujours en «off» que leur candidaten aque bienpeu de chances de redresser la barre. Les conséquences pour EELV d un faible score de M me Joly sont graves et préoccupent la direction du mouvement. A gauche, l union est, comme d habitude, un combat, et pour les écologistes, elle est pour l instant malengagée. «Le scoredenotre candidate dira quelque chose du rapport de forces entre les socialistes et nous», confiait, il y a quelques jours, Sergio Coronado, un proche conseillerde lacandidate. Unfaible résultat de M me Joly inciterait certains socialistes très réticents face à l accord conclu entre les deux formations à exprimer leurs «dissidences». Arnaud Montebourg a tiré le premier, dès le 10 janvier, appelant à faire battre à Paris la sécrétaire nationale d Europe Ecopogie-Les Verts, Cécile Duflot, et à ne pas respecter l accord signé entre les deux formations le 15 novembre La sortie du député de Saône-et-Loire ne devrait pas déplaire au maire de la capitale,bertranddelanoë,très agacé par les ambitions de M me Duflot. Silence pesant Le maire PS de Lyon, Gérard Collomb, lui, n a toujours pas digéré l arrivéede Philippe Meirieu, président du conseil fédéral d EELV, et, en Seine-et-Marne, le PS vient d investir Olivier Faure, un proche de FrançoisHollande, sur unecirconscription réservée à un écologiste Si les écologistes ne parviennent pas à décoller d ici le 22 avril, les dégâts d image seront importants. EELV, après les succès d Europe Ecologie en 2009 et des régionalesde 2010, a intériorisé sa montée en puissance au sein de la gauche, concrétisée par l accord conclu avecle PS, luidonnant entreautres l assurance d avoir enfin un groupe parlementaire. Un faible score de sa candidate replacerait EELV dans la logique d un parti finalement fragile, incapable de faire fructifier longtemps ses succès. François Hollande reste largement favori Sondage Ipsos du 13 et 14 janvier 2012 Si le premier tour de l élection présidentielle avait lieu dimanche, quel serait le candidat pour qui il y aurait plus de chances que vous votiez... en % des exprimés Nathalie Arthaud 1 1 Philippe Poutou * = * Jean-Luc Mélenchon Jean-Pierre Chevènement * 7,5 = 7,5 0,5 François Hollande Eva Joly Frédéric Nihous Corinne Lepage François Bayrou Hervé Morin Dominique de Villepin Nicolas Sarkozy Christine Boutin Nicolas Dupont-Aignan Marine Le Pen *Score inférieur à 0,5 % Le choix de vote est... Si le second tour de l élection présidentielle avait lieu dimanche, quel serait le candidat pour qui il y aurait plus de chances que vous votiez... François Hollande Nicolas Sarkozy Le choix de vote est... L agence de notation Standard & Poor s a décidé de retirer son triple A à la France. Pensez-vous que cette décision entraînera, pour l économie française, des conséquences...en % des exprimés (base 764 personnes) Ne se prononce pas Pasgravesdutout Pas vraiment graves Baromètre d intentions de vote pour l élection présidentielle. Enquête Ipsos/Logica Business Consulting pour France Télévisions, Radio France et Le Monde réalisée par téléphone, du 13 au 14 janvier, sur un échantillon de 948 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas : sexe, âge, profession du chef de famille, région, catégorie d agglomération. Les sorties de Daniel Cohn-Bendit et les incertitudes sur les résultats du premier tour font monter la pression sur Eva Joly. Que faire en cas de faiblesse persistante? Se retirer, disent certains, qui soulignent, «l absence de sens politique» de la candidate, le manque de cohérence persistant de ses déclarations. Celle-ci a ainsi estimé que les socialistes étaient «du bois dont on fait les marionnettes», avantdevoir en FrançoisHollande le «champion» de la gauche. Mais le retrait est difficile à habiller médiatiquement, ce qui expliquele silence pesant du parti. Se retirer, c est certes faciliter la victoire de M. Hollande, et se sortir d un rapport de forces par trop défavorable avec le PS, mais il CANAPÉS CHESTERFIELD À PARTIR DE SOLDES Cuir mouton pleine fleur vintage 3 6 * = * 0,5 = 0, * = * ,5 * = * 0,5 = 0, % 8% 31 % Définitif 52 % Définitif 77 % 9% 43 % Peut encore changer 48 % 41 Très graves Assez graves devient compliqué ensuite de ne pas apparaître comme un parti supplétif du PS, explique un membre de la direction, qui y verrait une «PRG-isation». Reste Eva Joly. S exprimant en séminaire devant la direction et son équipe de campagne, le 11 janvier, elle a dit se sentir de mieux en mieux dans ses habits de candidate et avoir enfin trouvé ses marques, ce que confirme son entourage. Une biographie très fouillée de M me Joly publiée en janvier, signée des journalistes Matthieu Aron et Marie-France Etchegoin, L indignée de la République (Robert Laffont) décrit fort bien un de ses principauxtraits decaractère: sadétermination. Sans faille. p Anne-Sophie Mercier Fabrication artisanale - Tous coloris possible rappel 2et3déc. 59 Peut encore changer 23 % 80, rue Claude-Bernard PARIS Tél. : = 9

10 société L offensivedem.guéantsurladélinquanceétrangère Le ministre de l intérieur a attribué, le 17 janvier, la hausse des cambriolages aux «raids» de «malfaiteurs venus de l étranger» Certes, les vols à main armée baissent, mais les homicides et les tentatives d homicide augmentent. Bien sûr, les vols de véhicules continuent à diminuer, mais les cambriolages de résidences principales grimpent jusqu à retrouver leur niveau de Et puisilya l activitédesservices, qui est plus forte, un bon signe. Mais elle concerne surtout les usages de stupéfiants et les sans-papiers ; la répression des usages-reventes et des trafics baisse ou stagne. Pour sa première conférence de presseannuelle de bilande la délinquance, qui est aussi la dernière du quinquennat de Nicolas Sarkozy, mardi 17janvier, le ministre de l intérieur, Claude Guéant, était confronté à la complexité des chiffres. Comme ses prédécesseurs, M. Guéant s est félicité de la baisse deladélinquancegénérale,un agrégat fourre-tout. Mais il a juré que c était la dernière fois qu il l utilisait. Une promesse qui l engage assezpeu, vuleséchéancesd ici janvier2013. Il a donc préféré creuser le sillon emprunté depuis quelques mois : la délinquance des étrangers, à qui il attribuela hausse des cambriolages, le «point noir» de l année M. Guéant a imputé cette augmentation aux «raids» de «malfaiteurs venus de l étranger» etsalué le dépôtpartroisdéputés de la proposition de loi sur la délinquance étrangère qu il avait appelée de ses vœux en décembre. Le ministre le répète souvent, en petit comité : au fond, en matière de sécurité publique et de délinquance, touta été fait. Et lesmarges de manœuvre budgétaires sont nulles. Ce fin connaisseur de la machine policière a donc pesé sur l organisation pour mettre plus de policiers sur le terrain : c est le sens de la réforme des patrouilleurs et du grand ménage annoncé dans le maquis des délégations syndicales. Rien de bien spectaculaire ni même médiatique. Depuis son arrivée, M. Guéant a donc recentré sa communication. Bilan 2011 des chiffres de la délinquance : forte augmentation des cambriolages et des homicides a a Evolution entre 2002 et 2011 Evolution entre 2010 et 2011 VOLS VIOLENTS SANS ARME CONTRE DES FEMMES SUR VOIE PUBLIQUE OU AUTRE LIEU PUBLIC, en milliers FAITS CONSTATÉS D ATTEINTES VOLONTAIRES À L INTÉGRITÉ PHYSIQUE Nombre de faits constatés pour habitants a CAMBRIOLAGES DE LOCAUX D HABITATIONS PRINCIPALES, en milliers +1,6% ,1% ,8 % +0,1% Dix-huitmoispourfairetomberunréseaude cambrioleurs CE QUI EST RAGEANT, avec l explosion des cambriolages de résidences principales depuis cinq ans (+24,9 %), c est qu il suffit pourtant, localement, d attraper un receleur pour faire baisser de manière drastique le nombre de faits. Mais cela demande du travail, et de la patience. Prenons Boissy-Saint-Léger et Sucy-en-Brie, dans le Val-de-Marne. Ces deux communes résidentielles, aux confins de l agglomération parisienne, ont connu jusqu à 40 % de baisse en Pourtant, leurs quartiers pavillonnaires, presque vides aux heures de bureau, sont un morceau de choix pour les monte-en-l air. En 2009, les vols par effraction augmentent considérablement. La riposte s organise dès novembre, sous la houlette de la sûreté départementale, à Créteil. Les patrouilles des brigades anticriminalité sont ciblées, des planques sont organisées. Des rôdeurs sont «tapés» dans le secteur. Les policiers finissent par cerner une nébuleuse de jeunes gens d une cité de Sucy. Deux kilos de bijoux Cela ne suffit pas au succès de l enquête : se promener avec 400 ou 500 euros en liquide en poche est peut-être suspect, mais ce n est pas un délit. Puis les policiers parviennent à faire quelques flagrants délits, comme ces deux hommes contrôlés en train de repérer une maison alors qu ils étaient encore chargés du butin d un précédent cambriolage, ou ce gros coup, un «beau braqueur» Le ministre de l intérieur se place dans la lignée du discours de Grenoble du président de la République, le 30 juillet 2010, qui prônait notamment la déchéance de la nationalité pour les personnes d origine étrangère auteurs d un meurtre de policier. Alors secrétaire général de l Elysée, il en avait supervisé la rédaction. D abord, il y eut les Roumains. «2 % de la délinquance en France sont le fait de Roumains et ( ) presque la moitié des délinquants roumains sont des mineurs», affirme leministre, le 29 août 2011, sur RMC Info.LaPlace Beauvau laisse lapolémique sur ses propos prospérer, puis, le 12 septembre 2011, M. Guéant annonce en exclusivité dans Le Parisien-Aujourd hui en France des mesures contre «la délinquance impliquant des ressortissants roumains». Un plan de communication bien organisé, pour ce qui sera le fil rouge de l automne.au menu, une intensification de la coopération avec la Roumanie, le rapatriement des mineursdélinquants (mesureavortée) et un arrêté anti-mendicité médiatisé sur les Champs-Elysées. Il faut dire que la délinquance des Roms ce sont bien eux qui sont visés est une épine dans le bilan du ministre. Si elle est numériquement faible, elle touche les catégories de délinquance les plus susceptibles d influer sur le sentiment d insécurité : vols à l arraché, vols à la roulotte et cambriolages. Jusque-là,il est encore peu question de délinquance des étrangers globale. La veille de l offensive contre la délinquance roumaine, le 11 septembre, une sortie lors du connu, pris avec un sac de bijoux. Car c est bien ça, la cible : l or. Au total, en deux ans, une vingtaine de «casseurs» ont été identifiés. Ils travaillent un coup avec l un, un coup avec l autre : une trentaine d équipes différentes sont repérées. Ils passent leurs vacances ensemble. Une petite dizaine d entre eux se paient dixjours de farniente en République dominicaine. Au total, près de 200 cambriolages sont élucidés. Au fil des auditions et des surveillances, les policiers comprennent que le receleur se niche dans un camp de caravanes de Valenton, une commune voisine. L homme, 65ans, est presque inconnu de la justice. En quelques semaines, les enquêteurs surprennent une trentaine de transactions. a «Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI», sur l «immigration comorienne qui est la cause de beaucoup de violences» à Marseille avait provoqué une forte émotion dans la diaspora issue de l archipel, obligeant le ministre à présenter ses excuses. Changementde ton, le 22décembre 2011 : la radio Europe 1 révèle le «plan Guéant» contre la délinquance, que le ministre a évoqué devant des parlementaires. La nouveauté, c est l «instauration d une peine complémentaire automatique d interdiction du territoire pour les étrangers nouveaux arrivants qui commettraient des délits sérieux sur le territoire français», une forme de retour atténué à la double peine. Le ministre aurait demandé à un député de plancher sur une proposition de loi. Le scoop d Europe 1 prend au Début mai2011, l interpellation a lieu, en plein milieu d une vente. Les policiers ne sont pas déçus : sur la table de cuisine, une balance électronique, des bijoux dessertis, des produits chimiques pour tester l or et un carnet de comptes. Le meilleur est dans une cabane, au fond du camp : 80000euros dans le double fond d un tiroir, presque 2 kg de bijoux, des meules, une vingtaine de pinces coupantes, des fusils à pompe Au total, dix hommes sont écroués. Ils sont mis en cause pour vols en bande organisée, association de malfaiteurs, ou encore recel aggravé. Les habitants de Sucy et Boissy peuvent à nouveau aller travailler l esprit tranquille. Pour l instant. p L.B HOMICIDES ET TENTATIVES D HOMICIDES dépourvu la Place Beauvau autant que les élus présents lors du dîner informel cité par le journaliste, en fait le rendez-vous régulier des fidèles de M. Guéant à l Assemblée : Jean-Paul Garraud, Eric Ciotti, Guy Geoffroy, Cécile Dumoulin ou encore Bernard Carayon. Ces derniers pensaient plutôt à des pistes pour leprojet présidentiel. L un d eux avoue d ailleurs, sur le coup, qu il ne voit pas bien comment le projet pourrait être adopté avant la fin de la session parlementaire. Mais le ministre rebondit, dans la soirée, sur Europe1, en confirmant les informations de la radio. Pour M. Guéant, la délinquance commise par les étrangers est «supérieure à la moyenne» et elle appelle des «mesures spécifiques» à prendre «dès les prochains mois». Dernier étage du plan de communication, le ministre lance le «buzz» autour d une étude del Observatoirenationalde ladélinquance et de la réponse pénale (ONDRP). L observatoire a prévu, de longue date, de mettre à jour son enquête de 2006 sur la délinquance des étrangers. Avec une nouveauté, la répartition par nationalité. M. Guéant annonce une parution en janvier. Les vacances passent, puis le service après-vente débute. Un obstacle se dresse sur la route duministre : l ONDRP ne paraît pas décidé à avancer la date de parution de son enquête, qu il annonce pourdébut février. Mais les chiffres sont déjà là, à portée de main : l Observatoire, dans son dernier rapportannuel, affirmequele nombre d étrangersmisencause pourcambriolage a augmenté de 40 % depuis 2008 ; et le ministère de la justice publie, chaque année, des statistiques par nationalité (12,7 % des condamnés sont étrangers). Le 10 janvier, sur RMC Info, + 2,98 % + 11,5 % 18,5 % SOURCE : ONDRP M.Guéantestimequela hausseprévisible du nombre de cambriolages en 2011 «est très liée à la délinquance étrangère». Trois jours plus tard, la proposition de loi des députés UMP Jean-Paul Garraud (Gironde), Eric Ciotti (Alpes-Maritimes) et PhilippeGoujon(Paris)«tendant à renforcer l effectivité de la peine complémentaire d interdiction du territoire» est révélée par Le Figaro. Le ministre le répète souvent, en petit comité: en matière de sécurité publique et de délinquance, tout a été fait Le texte concerne les étrangers qui sont présents en France depuis moins de trois ans condamnés à plus de trois ans d emprisonnement. «Le juge devra obligatoirementenvisager l interdiction duterritoire, sinon, il devra le motiver», expliquem. Garraud. Pour ledéputé de Gironde, il ne faut pas y voir une «stigmatisation» : «C est en relation avec la nature de l infraction : pour un chasseur en infraction, on supprime le permis dechasse, pour un conducteur, on suspend son permis, un étranger qui vient commettredes délits sur notre territoire, on lui interdit de revenir.» Entre-temps, la session parlementaireaétéprolongée.«ilyaune fenêtre pour faire adopter le texte», explique-t-onplacebeauvau.«l objectif, c est de le faire voter en procédure d urgence», explique M. Ciotti, qui se félicite que M. Guéant se soit «saisi avec force» du texte. Oubliant au passage que c est bien le ministre qui l a impulsé p Laurent Borredon Lacommunauté universitaire dénonce la très faible haussedes crédits pour 2012 Les syndicats ont massivement boycotté, le 16janvier, une réunion organisée pour débattre de la répartition des moyens alloués aux universités C est à une véritable fronde du monde universitaire qu a dû faire face Laurent Wauquiez, ministre de l enseignement supérieuretde larecherche,lundi16 janvier. A quelques heures d une séance plénière du Conseil national de l enseignement supérieur et de la recherche (Cneser), censée débattre des budgets des universités, les représentants de la communauté universitaire ont massivement décidéde la boycotter. Seules 14des 68 personnes devant siéger à cette séance avaient signé les feuilles d émargement. Une nouvelle réunion est prévue le 23janvier. Un boycott en «signe de profonde réprobation et de colère» contre le «manque de transparence [du ministère] et la volonté de camouflerun peu plusla réalité budgétaire des établissements [qui gèrent] la pénurie», ontdénoncéles organisations syndicales, du Snesup-FSU, le premier syndicat d enseignantschercheurs, à l UNSA, la CFTC ou encore la PEEP (parents) et l UNEF (étudiants). En jeu, la répartition du budget de fonctionnement des universités pour M. Wauquiez a rappelé, lundi, l augmentation de 1,2 % en moyenne (25,2 millions d euros) qui avait déjà été annoncée dans le projet de loi de finances pour Néanmoins, cette augmentation est beaucoup moins importante que les années précédentes : +3% (78,4 millions d euros) en 2011 et + 6 % (138 millions) en Par ailleurs, cette hausse est inférieure à l inflation prévue pour 2012 (+ 1,7 %). «Je me suis battu pour obtenir le maximum ( ) dans un budget contraint. ( ) C est un choix de justice», avait déclaré le ministre quelques heures avant la réunion du Cneser, dans un entretien à l Agence de presse spécialisée AEF. M. Wauquiez a ainsi annoncé le déblocage de 8 millions d euros pour vingt universités dont les moyens étaient «historiquement insuffisants».leur budgetaugmente en moyenne de 3,5 % de 2,5 % pour l université de Pau à 6 % pour celle dumans. Situation «dramatique» Reste à savoir comment ce choix aété opérésachant quelaconférence des présidents des universités (CPU) avait refusé de prendre part aux réunions avec le ministère sur la répartition des moyens. Louis Vogel, son président, estimait ne pas être là pour aider «à gérer la pénurie». Au total, M. Wauquiez indique que les moyens de fonctionnement ont augmenté en moyenne de 24,8 % depuis Les syndicats, eux, ne décolèrent pas. «La situation budgétaire de l enseignement supérieur et de la recherche est dramatique», s alarme Stéphane Tassel. Le secrétaire général du Snesup-FSU s indigne de la très faible augmentation de la masse salariale (qui représente environ80 %dubudget desuniversités). Celle-ci augmente de 1,5 % en 2012à116,7 millions.«plusieursuniversités sont obligées de geler des postes et des formations. Exemple à Limoges, où une dizaine de professeurs ne seront pas recrutés», dénonce Stéphane Tassel. Au ministère de l enseignement supérieur, l heure est à la dédramatisation. «L important, c est que cette réunion ait lieu la semaine prochaineet que le dialogue reprenne afin que l on puisse présenter certains éléments, comme par exemple la compensation de l exonération des droits d inscription de tous les étudiants boursiers [7 millions d euros]», indique-t-on dans son entourage. p Nathalie Brafman

11 société 11 Les relations troubles de M. Pupponi avec les banditismes corse et parisien Le maire PS de Sarcelles, dauphin de DSK, devait être entendu, mardi 17 janvier, dans le dossier du Cercle Wagram. Le juge Serge Tournaire s interroge sur le contenu d écoutes téléphoniques Pour François Pupponi, les vrais ennuis commencent. Mardi matin 17 janvier, devant le juge SergeTournaire, qui instruit le dossier du cercle de jeux Wagram pour «blanchiment» et «extorsion de fonds», le député socialiste du Val d Oise ne devrait pas seulement reconnaître ou infirmer les «menaces» qu il aurait proférées devant son directeur des affaires scolaires et des sports, Christophe Védrune. Le maire de Sarcelles doit également s expliquer sur les relations qu il entretient, à distance, avec des poids lourds du grand banditisme insulaire, mais aussi, de très près, avec des repris de justice de la banlieue parisienne. A défaut de devenir ministre de Dominique Strauss-Kahn, son ami et mentor, auquel il a succédé à l Assemblée nationale, cet excellent connaisseur des banlieues aurait pu participer à la campagne présidentielle socialiste. Mais depuis qu à l automne M. Védrune, dont la belle-fille était l une des responsables du cercle Wagram jusqu au «putsch» du 19 janvier 2011, s est constitué partie civile et a été mis à pied, la boîte de Pandore est ouverte. Amitiés, emploi du temps, gestion municipale, tous les faits et gestes du maire ont été passés au crible. On constate que François Pupponi, qui se disait victime d un «complot politique», a menti. Et on s interroge : l élu socialiste est-il un homme «pris en main», comme disent les voyous? Il y a trois mois, interrogé dans Le Monde du 22 octobre 2001 sur les liens qu il entretenait avec Farouk Achoui, un employé de la ville qui vient d être mis en examen et incarcéré pour «tentative d extorsion en bande organisée» dans une affaire de racket dans le milieu du football professionnel, François Pupponi s était agacé. «Je ne peux pas connaître les employés communaux!», nousrépondait-il. Lesécoutes téléphoniques réclamées cet été par le juge Tournaire montrent que le maire de Sarcelles connaissait en Le député du Val-d Oise François Pupponi, à l Assemblée nationale, le 12 octobre CHRISTOPHE MORIN/IP3 «Tu t fou d moi pour 1 rdv a paris si tu peu pa a sarcelles (...) maintenant debrouille toi» Un SMS de Farouk Achoui envoyé à François Pupponi réalité très bien Farouck Achoui et ses «amis». Le 16 septembre 2001, il a rendez-vous avec eux. Dans la journée, le maire demande à son secrétariat d annuler la rencontre. En vain. «Farouk Achoui souhaite vous voir absolument aujourd hui ( ). Il ne viendra pas seul et les personnes n ont pas d autres disponibilités», insiste à midi son cabinet. Unquart d heureplus tard, c est de Farouk Achoui que François Pupponi reçoit un texto : «Tu t fou d moi (tu te fous de moi) pour 1 rdv a paris si tu peu pa a sarcelles mes Les offres de service de Fabrice Paszkowski J ai des contacts au sein de la police qui pourraient être utiles Je suis jeudi soir et vendredi à Paris Veux-tu que l on se croise pour qu on en parle et que je te mette en contact? Amitiés Fabrice.» Qui donc adresse ce texto à François Pupponi, ce 28septembre 2011, au lendemain de la perquisition des bureaux et des domiciles du maire de Sarcelles? Quel dévoué camarade manifeste autant de prévenance à l égard du député socialiste et peut se prévaloir d un tel réseau? A l époque, personne ne s intéresse à «Fabrice». Mais quand, le 7décembre, les enquêteurs découvrent que le portable qui a émis le SMS appartient à la société lensoise Medicalis, installée dans le Pasde-Calais, ils saisissent. «Fabrice» n est autre que Fabrice Paszkowski, ce militant socialiste ami de Dominique Strauss-Kahn et mis en examen notamment pour «proxénétisme aggravé» et «association de malfaiteurs» dans l affaire dite du Carlton de Lille. Aujourd hui, Fabrice Paszkowski est incarcéré à la prison de Longuenesse (Pas-de-Calais), où son ami Jacques Mellick junior, un autre proche de DSK, adresse de gentils mots à son «chergros père» et fait précéder sa signature de «fraternellement». Mais quand il envoie son SMS à M.Pupponi, M.Paszkowski ne se sait pas surveillé. De quels «contacts» parle-t-il? Du policier Jean-Christophe Lagarde, le patron de la sûreté de Lille, lui aussi mis en examen? De Jean-Claude Menault, le directeur départemental de la sécurité publique du Nord? D autres policiers plus haut placés l un de ses «frères»? M.Paszkowski ne cache pas son appartenance à la Grande Loge traditionnelle symbolique de Villeneuve-d Ascq. M. Pupponi appartient lui à la loge Pascal Paoli du Grand Orient, et entretient des liens étroits avec Philippe Guglielmi, l ex-grand-maître. Lors d une conversation téléphonique, le 14septembre 2011, le conseiller régional Guglielmi lui glissait d ailleurs quelques renseignements et concluait: «Ça montre que mon, que nos réseaux fonctionnent bien» p Ar. Ch. amis c sont deplacer maintenant debrouille toi.» Le maire, effectivement, se «débrouille» : «alors ce soir», répond-il moins d une minute plus tard à celui que la Brigade de répression du banditismeconsidère comme «lié au milieu du grand banditisme parisien». Avec la même assurance, François Pupponi a expliqué aux enquêteurs, le 3 octobre 2011, lors d une audition qu il avait luimême sollicitée, n avoir rien à voir avec l établissement de jeux de l avenue Wagram, repris manu militarien janvier 2011, par les héritiersde feu Richard Casanova, chef supposé de la Brise de mer assassiné en «Je n ai aucune carte demembreà ce jour», avait-il assuré. En réalité, a indiqué aux policiers, le 13décembre 2011, le «banquier» du Cercle Wagram (celui qui encaisse les mises), le député se voyait offrir depuis plusieurs années une carte par la direction : pas pour jouer, mais «pour voir des copains corses», explique-t-il. De la même manière, M. Pupponi entretient des liens plus étroits qu il ne le dit avec Michel Terrazzoni, l un des ex-responsables du Cercle actuellement détenu à la Santé, et Michel Ferracci, ancien directeur des jeux devenu une vedette de la série télévisée «Mafiosa». Deux hommes qui voulaient profiter du «putsch» organisé en janvier2011 parlesplusgrossesterreurs insulaires du moment. Malgré le coup de filet policier de juin2011, trois d entre eux, Jean-Luc Germani, Stéphane Luciani et Frédéric Federici, sont toujours en cavale. Un étrange appel d offres intéresse aussi les enquêteurs parisiens. Fin 2006, la mairie de Sarcelles recrute pour quelques mois une société de sécurité «pour filtrer les entrées au cabinet du maire», afin de «prévenir tout trouble avec des administrés», explique le directeur desfinances le 30 novembre Quatre devis d entreprises domiciliées dans le Val d Oise sont retoqués. Retenue par le maire: la SISIS, domiciliée dans un village de Haute-Corse, Vescovato. «Vous ne trouvez pas étrange de solliciter une société basée à plus de mille kilomètres de Sarcelles?», demandent les enquêteurs à la directrice générale des services, étonnés aussi que la municipalité consacre plus de euros pour un seul vigile en décembre 2006, et euros au total. «Rien ne l interdit», répond cette dernière. Elle convient avoir découvert plus tard «dans la presse que cette société n était pas vraiment recommandable». C est peu dire. La SISIS était«dirigée defait» dixitla police judiciaire d Ajaccio par Ange- Toussaint Federici, grand frère du Federiciquiaparticipéau «coup de force» au Cercle Wagram. Ange- Toussaint a été condamné il y a un an à 28 ans de prison après la «tueriedes Marroniers»de Marseille,un des épisodes les plus sanglants de la guerre des gangs qui anime le milieumarseillais. LaSISIS a ensuite été dirigée par Jacques Buttafoghi, assassiné lui en novembre2009. Dans une synthèse du 9janvier 2012, les policiers s étonnent enfin de l «assez bonne connaissance [qu a le député de Sarcelles] du contenu du dossier du cercle Wagram ( ) Il est probable,écriventils, que M. Pupponi ait été informé des déclarations de M. Védrune très tôt, sans que l on puisse établir à ce jour qu elle fut son canal de renseignement.» Lors de cette fameuse explication avec son subordonné, au printemps 2011, M. Pupponi aurait indiqué qu il «avait été informé par une source policière» que ce dernier «était placé sur écoutes» et avait «eu accès à un relevé d appels téléphoniques». Simple coup de bluff? p Emeline Cazi et Ariane Chemin «Les chirurgiens ne savent pas quelles prothèses remettre» Le Pr Maurice Mimoun déplore le silence de l Afssaps sur les autres marques d implants Entretien Le Pr Maurice Mimoun est chef du service de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique de l hôpital Saint- Louis, à Paris. S il n a pas posé luimême de prothèses mammaires PIP, il est aujourd hui amené à en retirer et à les remplacer. Il réclame des autorités sanitaires la transparence sur les tests entrepris auprès des autres fabricants d implants depuis la révélation de la fraude. L Agencefrançaisede sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), qui se montre rassurante sur leurs résultats, promet une publication d ici à la fin du mois. Quel bilan tirez-vous des explantations de prothèses PIP réalisées dans votre service? Nous avons constaté qu il est effectivement absolument nécessaire de retirer les prothèses PIP, car soient elles sont rompues, soient elles «perspirent», c est-à-dire que du gel passe à travers la membrane. Les autorités ont donc agi dans le bon sens? Oui, il fallait recommander leur retrait à titre préventif. Mais il ne faut pas se contenter de cela. Le problème est qu aujourd hui les chirurgiens ne savent pas quelles prothèses remettre. On nous explique qu il y a eu malversation, mais aussi que le marquage CE et les contrôles n étaient pas fiables. Nous avons donc besoin de savoir si la société PIP est, ou non, l arbre qui cache la forêt. Or nous sommes dans une situation critique : on nous dit qu il faut enlever les implants, mais les chirurgiens ne peuvent pas informer les femmes des risques des autres prothèses sur le marché. Faudra-t-il les explanter à nouveau si l on s aperçoit qu un autre fabricant poseproblème? C est en préparant une fiche avec toutes les informations nécessaires à transmettre aux patientes sur les implants mammaires que je me suis rendu compte qu il manquait des éléments sur les différentes marques. J ai demandé à l Afssaps de nous indiquer le taux de rupture par fabricant. Pour l instant, je n ai reçu aucuneréponse. Va-t-elle communiquer les résultats dans trois mois, une fois que nous aurons déjà changé bon nombre de prothèses? En attendant, pour ma part, les seules prothèses que j accepte de poser sont celles remplies de sérum physiologique. Le taux de rupture est-il le seul problème? Pas seulement, il faut que l Afssaps nous communique tout ce qu elle sait sur chaque marque : le taux de rupture, les tests de résistance des membranes entrepris, la composition du gel Il nous faut les résultats de tous les essais qui existent, même s ils sont partiels, pour pouvoir les analyser avant de conseiller les patientes. Ce que révèle ce scandale, c est aussi un manque de déclaration des ruptures par les chirurgiens auprès des autorités. Le député (PS) Gérard Bapt réclame d ailleurs une enquête de l Inspection générale des affaires sociales sur ces sous-notifications Je ne sais pas s il y a eu beaucoup de sous-déclarations ou non. Mais, évidemment, il faut déclarer tous les incidents si l on veut pouvoir détecter les problèmes. p Propos recueillis par Laetitia Clavreul Justice Meurtre d Elodie Kulick: un suspect, décédé, identifié grâce à son ADN Le procureur d Amiens a révélé, lundi 16janvier, qu un suspect avait été identifié dans l affaire du meurtre d une directrice d agence bancaire dans la Somme, en 2002, grâce à une nouvelle technique ADN. Elodie Kulick, 24 ans, avait été violée puis étouffée avant que l on retrouve son corps en partie calciné dans un champ. Un préservatif et un mégot avaient été retrouvés près de la victime. Mais malgré 4000 expertises ADN, les enquêteurs n avaient à l époque pas réussi à identifier un suspect. Or, depuis, l un des mis en cause est décédé dans un accident de la circulation. Ce suspect serait un jeune homme de 24 ans, originaire de l Aisne. Il n était pas connu des services de police. (AFP.) Christian Iacono reste en prison, décision le 23 janvier L ex-maire de Vence (Alpes-Maritimes), Christian Iacono, 76 ans, condamné à neuf ans de prison en 2009 pour le viol de son petit-fils qui a retiré, en mai2011, ses accusations, devrait rester en prison jusqu au 23janvier. La commission de révision se prononcera alors sur sa demande de suspension de peine. Une demande à laquelle le parquet général s est dit toutefois opposé, lundi 16janvier. (AFP.) Guantanamo: une juge française demande à pouvoir enquêter aux Etats-Unis Une juge d instruction française, saisie de plaintes de trois anciens détenus français de Guantanamo, a demandé aux Etats-Unis de pouvoir se rendre sur la base américaine de Cuba et d obtenir des actes d enquête sur d éventuelles tortures commises lors de leur détention. Les trois plaignants Mourad Benchellali, Nizar Sassi et Khaled Ben Mustapha ont été arrêtés en 2001 à la frontière afghano-pakistanaise et envoyés à Guantanamo. Ils sont revenus dans l Hexagone en2004 et (AFP.) Affaire Grégory: l ADN reste muet, les derniers espoirs d élucider l affaire s envolent Vingt-sept ans après l assassinat du petit Grégory Villemin, les résultats des analyses ADN demandées en 2010 par les parents se sont révélés négatifs, a indiqué, lundi 16janvier, le procureur général de Dijon, Jean- Marie Beney. Ces résultats font s envoler les espoirs de résoudre cette énigme judiciaire malgré l évolution de la science. (AFP.) Société 82 parlementaires UMP et Nouveau Centre contre le mariage et l adoption homosexuels Quatre-vingt-deux parlementaires UMP et Nouveau Centre ont rendu publique, lundi 16janvier, leur opposition au mariage et à l adoption homosexuels. Ces élus ont signé un «manifeste pour la défense du droit fondamental de l enfant d être accueilli et de s épanouir dans une famille composée d un père et d une mère». (AFP.)

12 économie En hausse l afrique En 2011, le continent a connu une progression moyenne du produit intérieur brut de 5,5 % à 6 %, s est félicité, le 16 janvier à Tripoli, Jean Ping, le président de la Commission de l Union africaine. Sept pays ont même enregistré une croissance de 7 % à 11 % de leur économie. En baisse l automobile Les ventes de voitures neuves ont reculé pour la quatrième année consécutive dans l Union européenne, enregistrant un repli de 1,7 % en 2011, selon des données publiées, mardi 17janvier, par l Association des constructeurs automobiles européens. (AFP.) Les cours du jour ( 17/01/12, 09h40 ) Euro 1 euro 1,2745 dollar (achat) Or Once d or 1641 dollars Pétrole LightSweet Crude 100,55 dollars Taux d intérêt France 3,02 (à dix ans) Taux d intérêt Etats-Unis 1,88 (à dix ans) AffaireUraMin:AnneLauvergeoncontre-attaque L ex-présidente d Areva, débarquée par M.Sarkozy, crie au «complot» et jure qu on veut démanteler le groupe Le salon des Masters/MS Anne Lauvergeon, ancienne présidente d Areva, lors de sa conférence de presse, lundi 16 janvier. MARC MENOU/MAXPPP SAMEDI 28 JANVIER H30 À 18H30 PALAIS BRONGNIART BOURSE DE PARIS - MÉTRO BOURSE Anne Lauvergeon affirme qu elle ne veut pas la «guerre», mais l ancienne présidente du directoire d Areva, débarquée en juin2011 par Nicolas Sarkozy, est passée à la contre-attaque lundi 16janvier : elle ne laissera pas dire que le rachat controverséde la start-upminière UraMin en 2007 a été mené à la légère. Ni que cette opération à 1,8 milliard d euros est entachée d escroquerie. C est aujourd hui au tour de son successeur, Luc Oursel, et de l un des quatre membres du directoire d Areva, Sébastien de Montessus, de se retrouver sur la sellette. Le second est même accusé d avoir commandédes enquêtesà des officines privées aux compétences douteuses ou aux méthodes peu recommandables. L affaire éclate le 19 décembre quand M me Lauvergeon et son mari, Olivier Fric, portent plainte pour espionnage et atteinte à la vie privée. Ils ont eu connaissance d un rapport de la société suisse Alp Services, qui cherchait à savoir si M.Fric avait bénéficié illégalement du rachat d UraMin. L enquêteur, Mario Brero que l avocat de M me Lauvergeon n hésite pas à qualifier de «barbouze» a fait chou blanc. «J ai été attaquée, calomniée, espionnée, de manière injuste, ça suffit», s indigne aujourd hui M me Lauvergeon. Mais par qui? Quand elle était patronne d Areva, la déstabilisation est venue «du plus haut niveau de l Etat». En un mot, de M. Sarkozy. Une fois évincée, assure-t-elle, le «complot» a continué. M.de Montessus, qu elle avait propulsé à la tête de la division mines d Areva à moins de 35 ans, n a pu agir seul : «Il faut avoir de puissants alliés, y compris à l extérieur de l entreprise, pour basculer ainsi dans la délinquance.» Si les dirigeants d Areva se taisent, certains connaisseurs du dossier n hésitent pas à dire que les jours de M. de Montessus sont comptés.«le groupeneveut pasalimenter les polémiques actuelles et rentrer dans un combat de personnes, explique un porte-parole. La priorité,c estleredressementdel entreprise.» Mais personne ne veut porter la responsabilité de la déconfiture de l opération UraMin. Il est vrai que le groupe a dû déprécier la quasitotalité de la valeur de la société minière canadienne 426millions d euros en 2010 et 1,46milliard fin 2011 en raison de la teneur beaucoup plus faible que prévu du gisementde Trekkopje (Namibie), mais aussi de la faiblesse du cours du minerai et du recul de la demande après la catastrophe de Fukushima. M me Lauvergeon rappelleaujourd hui que le prix d UraMin a été accepté par les instances de l entreprise et «validé par l Etat en parfaite connaissance de cause». En 2007, elle avait reçu les «félicitations» de l Agence des participations de l Etat pour l opération. Et même le prix de «manager de l année» du Nouvel économiste remis par Christine Lagarde, alors ministre de l économie, ironise-t-elle. M me Lauvergeon affirme qu en septembre 2011, UraMin avait tonnes d uranium, soit tonnes de plus que prévu, même s il y en a moins en Namibie et plus en République centrafricaine. La société SRK, mandatée par la cible pour évaluer les réserves, aurait fait un travail salué par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Quant au prix del uraniumacheté, il estinférieur au seuil de rentabilité prévu. «Il faut m abattre» Elle justifie l acquisition sur le fond, rappelant que les banques consultées (Lehman Brothers, Goldman Sachs, Rothschild) poussaient en ce sens. Au milieu des années 2000, l industrie nucléaire traversait une période particulière. Les clients d Areva voulaient sécuriser leur fourniture en uranium. Alors que les stocks de combustible russe issus du désarmement semblaient s épuiser, il était urgent pour Areva de diversifier les sources d approvisionnement au-delàdu Nigeret du Kazakhstan. En 2005, Areva avait tenté d acheter le gisement australien d Olympic Dam (35% des réserves mondiales). L Etat «stratège» avait refusé. «Il fallait, il faut m abattre, insiste la patronne déchue. J ai dérangé beaucoup d intérêts.» Pêché d orgueil? Elle reste persuadée qu on veut démanteler Areva, présent dans tous les métiers du nucléaire, comme le prouve la décision du gouvernement de filialiser l activité minière du groupe. Elle remarque que le décret a été publié le 15décembre, deux jours aprèsl annonce de la dépréciation de 1,46milliard du pôle minier. Mais on ne voit pas à qui, et pourquoi, l Etat voudrait brader cette activité hautement stratégique pour un pays dont 74 % de l électricité est d origine nucléaire. Dans l entourage de M me Lauvergeon, on a une idée sur la question. On rappelle qu Henri Proglio, le PDG d EDF, milite pour le démantèlement d Areva. p Jean-Michel Bezat René Ricol: «Sauf si on nous a sciemment menti, les comptes sont sincères» TOUT SAVOIR SUR LES MASTERS ET LES MASTÈRES SPÉCIALISÉS Etudiants bac + 3/4/5, jeunes diplômés des grandes écoles et universités : découvrez plus de programmes dispensés par les universités et les grandes écoles Pour vous aider à choisir : de nombreuses conférences thématiques animées par les journalistes du Monde. ORGANISÉ PAR 0123 Un ipad 2 à gagner! ENTRÉE GRATUITE. Inscrivez-vous vite! Samedi 28 janvier de 10 h 30 > 18 h 30 Entretien René Ricol, expert-comptable, est Commissaire général à l investissement depuis un an. En 2010, Nicolas Sarkozy l avait chargé d un audit financier d Areva. Y a-t-il eu, selon vous, des délits commis dans le cadre du rachat d UraMin par Areva en 2007? UraMin a été probablement acheté trop cher, mais à une époque où de nombreux acteurs pronostiquaient une envolée du cours de l uranium et dans un cadre de spéculation incroyable sur le titre. Le comité d audit que je co-présidais avec Guylaine Saucier, dans son rapport au conseil de surveillance du 23juin 2010, notait que les plus-values latentes estimées sur le pôle mines étaient surévaluées. Acheter très cher un bien jugé stratégique ne constitue pas en soi une faute ou une erreur de gestion si des diligences ont été menées à l initiative du management et des banques conseil. Areva a-t-il été victime d une escroquerie? Celle-ci peut prendre la forme classique du délit d initié d acteurs financiers qui, en même temps, publieraient des analyses très optimistes sur le cours de l uranium et s impliqueraient dans l opération. Ou d acteurs ayant eu un intérêt direct lié à la société UraMin. Toute personne ayant une information AFP doit la communiquer au parquet, au régulateur du marché boursier canadien. Voire, aujourd hui, à la commission parlementaire. Les dirigeants d Areva vous ontils tout dit sur UraMin? Ma mission n était pas d auditer le passé mais de m assurer que, pour 2010, les comptes et l information publiés en 2011 étaient sincères et exacts. Ceux qui étaient chargés de la vérification des informations passées m ont dit n avoir aucun doute sur la qualité et la sincérité des comptes et de l information financière publiée. Pour autant, on dit aujourd hui qu en 2009, le rapport d un expert minier doutant déjà de l importance des gisements n aurait été communiqué ni aux commissaires aux comptes ni au comité d audit ni au conseil de surveillance. Je n en ai pas eu connaissance quand je suis arrivé en mai Ce point doit être vite éclairci. Le comité d audit et le comité ad hoc créé sur UraMin doivent dire si ce rapport existe ou non. Et, s il existe, dire s il aurait été de nature à changer les comptes ou l information financière de 2009 et à justifier des provisions dès cette année-là. Le comité d audit a traité la question de l uranium : en passant une provision de 426millions pour le pôle mines ; et en indiquant, dans le document de référence, que pour le grand site namibien d Ura- Min, il y avait une grande incertitude sur les quantités qui pourraient être in fine produites. Notre analyse résultait de nombreux entretiens avec les dirigeants et Sébastien de Montessus, le directeur du pôle mines. Il n y avait pas d ambiguïté sur ma demande d une information complète. Et avant d arrêter les comptes 2010, j ai même demandé à M. de Montessus de me parler en toute liberté. Je me suis engagé à le protéger en cas de mesure de rétorsion de ses supérieurs. Sauf à découvrir que l on nous a sciemment menti ce qui serait grave de conséquences pour les intéressés, je pense que les comptes et l information financière 2010 sont réguliers et sincères. p Propos recueillis par J.-M. B.

13 économie 13 L économie chinoise enregistre un ralentissement tout relatif La croissance a été de 8,9% au dernier trimestre Pékin desserre les contraintes sur le crédit Shanghaï Correspondance L économiechinoise a enregistré une croissance de 8,9 % au cours du quatrième trimestre 2011, son niveau le plus faible depuis le deuxième trimestre Les chiffres publiés, mardi 17janvier, par le Bureau national des statistiques portent ainsi la deuxième économie mondiale à 9,2 % de croissance sur l ensemble de l année 2011, alors que le produit intérieur brut (PIB) chinois avait progressé de 10,4 % en La Banque mondiale anticipe une croissance de 8,4% en 2012 pour la locomotive de l économie mondiale L ensemble des indices traduit un ralentissement généralisé. Les investissements ont augmenté de 23,8% en un an, moins que l année précédente. La production industrielle a progressé de 13,9 %, un rythme, là encore, plus faible qu en 2010 compte tenu du ralentissement de la demande occidentale. A 17,1 % de croissance, les ventes de détail progressent aussi moins vite que l année précédente. «Ce sont malgré tout des chiffres assez solides, qui montrent que l économiechinoise a de la résistance», constate Stephen Green, chef économiste de la banque Standard Chartered en Chine. Ce ralentissement était largement anticipé. Après l effondrement de Lehman Brothers, fin 2008, le gouvernement chinois, afin d endiguer la crise économique, avaitouvertlesvannesdu crédit pour financer des investissements massifs dans les infrastructures. Deux ans plus tard, il a été surpris par une vive poussée inflationniste. Inquietdes conséquences néfastes de cette hausse des prix sur la stabilité sociale, Pékin avait donc placé la maîtrise de l inflation au premier rang de ses priorités pour 2011, devant la croissance. L année a ainsi été marquée par le resserrement du crédit : il y a eu de multiples hausses des ratios de réserves imposés aux banques commerciales, ainsi que cinq hausses des taux directeurs de la banque centrale entre l automne 2010 et l été Cette politique monétaire a pesé lourdement sur l activité, au moment même où le premier partenaire commercial de la Chine, l Europe, s est trouvée empêtrée dans la crise et a réduit ses commandes. L économie chinoise souffre donc de ses propres maux. Dans les deux centres de production majeurs que sont le delta de la Rivière des perles et celui du Yangzi, les entrepreneurs se plaignent des difficultés d accès au financement des banques. Dans le même temps, ils doivent relever les salaires des ouvriers migrants, susceptibles de ne pas revenir vers les provinces côtières après les congés du Nouvel An chinois, qui débutent le La City veut sa part de la mondialisation du yuan La place financière de Londres va accueillir une zone offshore de négoce de la devise chinoise week-end prochain, si rien n est fait pour améliorer leur condition. Dans la métropole industrielle de Shenzhen, le salaire minimum augmentera ainsi de 13,6 % le 1 er février Après un pic à 6,5 % d inflation en juillet 2011, la progression des prixestretombéeà l automne. Elle a permis à Pékin de changer de nouveau son fusil d épaule pour limiterla chute de croissance, et de libérer du crédit en rabaissant les ratios de réserve des banques en décembre. Les chiffres publiés mardi étant meilleurs qu anticipés par la plupart des économistes, la banque centrale ne devrait pas relâcher davantage la bride avant le Nouvel An, contrairement à ce que prévoyaient nombre d entre eux. Le mouvement de soutien à la croissance est néanmoins engagé, même si la Chine semble n avoir ni les moyens ni l envie de déployer, en cas de nécessité, un plan de relance de l ampleur de celui de Dans ce contexte, le directeur du Bureau des statistiques, Ma Jiantang, a qualifié 2012 d année «de complexités et de défis». La Banque mondiale anticipe une croissance de 8,4 % en 2012 pour la locomotive de l économie mondiale. La question centrale concerne la tenue deroute du marché immobilier, sur lequel le peuple et le gouvernement ont les yeux rivés. Prix et volumes de ventes de logements sont en baisse généralisée. Selon un sondage publié par Reuters, la plupart des économistes pensent que les prix du marché baisseront de 10 % à 20 % en L évolution du marché-clé de l immobilier guidera en temps réel les pas du gouvernement chinois pendant l année du Dragon. p Harold Thibault Des prix de l énergie toujours plus élevés PRIX DU SUPER SP 95, en euros par litre 1,75 1, ,50 5 1,25 1,00 4 0,75 3 0,50 Données à la mi-janvier de chaque année 2 Janv.2005 FACTURE ÉNERGÉTIQUE, en milliards d euros Janv Janv Oct SOURCE : MINISTÈRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE Le prix de l essence atteint des sommets en France LE PRIX moyen du litre de super sans plomb 95 (SP95) a atteint 1,5563 euro vendredi 13janvier en France, celui du super sans plomb 98 (SP98) se hissant à 1,5954 euro, d après les relevés publiés le 16janvier, par le ministère du développement durable et des transports. Les précédents records, datant de mai 2011, sont battus : le SP95 et le SP98 coûtaient alors respectivement 1,5492 et 1,5861 euro le litre. A 1,4240 euro, le gazole n est plus MERCREDI 15H. PAPA TRAVAILLE. MAMAN EST EN RTT. QUI A PARLÉ D ÉGALITÉ? Mieux impliquer les pères et ne plus pénaliser la vie professionnelle des mères. Garantir un temps d accueil périscolaire de qualité, jusqu à 18h30 en semaine, ainsi que le mercredi et pendant les vacances. Aider les pères à s investir davantage dans l espace familial et domestique, c est aussi ça l égalité Ensemble, faisons un geste pour changer les choses : signons le Pacte pour l égalité et rejoignons le Laboratoire de l égalité. Toutes les informations sur www. laboratoiredelegalite.org 5,8 qu à 3 centimes de son record de mai2008 (1,4541 euro). Selon l Union française des industries pétrolières, cette envolée tient à deux facteurs. D une part, les craintes concernant la production en Iran, et les tensions au Nigeria, soutiennent les cours du pétrole brut à des niveaux élevés. D autre part, la faiblesse de l euro par rapport au dollar est venue, depuis la fin 2011, alourdir le coût de l or noir importé en France. p Londres Correspondant Le Royaume-Uni a toujours su tirer avantage de ses liens avec ses anciennes colonies. Lundi 16 janvier, le ministre britannique des finances, George Osborne, et le patron de la Hongkong Monetary Authority (HKMA), Norman Chan, ont signé un accord-cadre créant une zone off shore du négoce du yuan dans la City, qui doit permettre à l ex puissance tutélaire de tirer profit de l internationalisation grandissante de la devise chinoise, appelée aussi renminbi. Dans un premier temps, Londres et Hongkong vont explorer les synergies en matière de règlements et de chambres de compensation des transactions internationales en yuans. Sous la supervision de la HKMA, les institutions de la City lanceront de nouveaux produits financiers en yuans. En vertu du traité «un pays, deux systèmes» de rétrocession à la Chine, le 1 er juillet 1997, Hongkong continue de jouir jusqu en 2047 d un statut financier autonome et de sa propre devise, le dollar de Hongkong. Parallèlement, la deuxième place financière en Asie abrite le marché extraterritorial du yuan, qui théoriquement n est pas convertible. Derrière le décor carte postale du «port aux mille parfums», vit un marché des changes en pleine expansion. Graduellement, Pékin lève les contrôles du change et les barrières à la libre circulation des capitaux pour asseoir sa légitimité de deuxième puissance économique mondiale. Le centre de recherche londonien Chatham House estime queles transactionscommerciales internationales libellées en yuans devraient s élever à milliards de dollars (789 milliards d euros) d ici à Premier marché des devises au monde, la City se réjouit de l accord passé avec Hongkong qui ne peut qu asseoir la domination incontestée de son Forex (foreign exchange) par rapport à ses rivaux, New York, Tokyo ou Singapour. Les décalages horaires avantageux, le savoir-faire et la masse critique d opérations expliquent la prééminence de la City. Vote de confiance Par ailleurs, cette coentreprise nepeutqu avantagerlesdeux banques britanniques les plus actives en Chine même, HSBC et Standard Chartered, face à la concurrence frontale de Deutsche Bank, d UBS et de Goldman Sachs. «Le leadership de Londres sur les changes est à la fois clair et peu assuré. Cette annonce ne peut que profiter au secteur financier britannique», insiste Richard Driver du courtier londonien Caxton FX. En outre, la réputation d excellence du partenaire dans cette opération, la HKMA, la tutelle des marchés, n est plus à faire. Quant à l outil informatique et à la supervisionduhongkong StockExchange, ils sont incomparablement supérieurs à ceux de ses rivales locales. Pour sa part, le gouvernement britannique voit dans cet ancrage un vote de confiance dans la City, qui se sent menacée par les réglementations européennes et l isolement du Royaume-Uni dans la crise de l euro. p Marc Roche Photo : Patrick Canigher laboratoiredelegalite.org

14 14 économie La dégradation de la note de la France relance le débat sur la compétitivité Le chef de l Etat a inscrit la question au menu du sommet social, au grand dam des syndicats La France devancée par l Allemagne EXCÉDENT BRUT D EXPLOITATION (RÉSULTAT) DE L INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE Base 100 en France Allemagne Zone euro (hors All. et France) Prendre des mesures rapides pour améliorer la compétitivité des entreprises, voilà la nouvelle urgence définie par Nicolas Sarkozyà moinsde centjours de l élection présidentielle. Le chef de l Etat a inscrit la question au menu du sommet social du mercredi 18janvier, à l Elysée, au grand dam des syndicats, qui réclament, pour leur part, des mesures d urgence contre la montée du chômage. Pour le gouvernement, l amélioration de la compétitivité exige des réformes structurelles, afin d assouplir les règles du chômage partiel et de réformer le droit du travail. Les salaires et le temps de travaildoivent pouvoirs adapterà la conjoncture économique. Le sujet ne peut plus être esquivé, souligne l Elysée, depuis la perte du triple A français et la nécessité de retrouver de la croissance. Dansl argumentairequi accompagnesa décision de dégrader la France, l agence Standard &Poor s pointe «des divergences de compétitivité» entre pays de la zone euro, et notamment entre Paris et Berlin. De fait, si les entreprises sont compétitives et donc riches, elles payent plus d impôts, créent de l emploi et favorisent donc la consommation, enclenchant un cercle vertueux. La faiblesse de la compétitivité française suscite de vifs débats d experts. Pour Pierre-André Buigues, professeurà l Ecolesupérieure de commerce de Toulouse, ex-conseiller économique de la Directiongénérale de la concurrenceà Bruxelles, ledéficit de compétitivité tient moins à la concurrence despaysémergents dontla maind œuvre à bas coût est impossible à concurrencer, qu à des erreurs stratégiques en matière de politique industrielle. De nombreux autres pays développés de la zone euro l Allemagne, la Finlande, la Suède, l Autriche ont su maintenir une forte présence industrielle, malgré la concurrence des émergents. Le secteur industriel manufacturier représente22,4 % de lavaleur ajoutée de la zone euro mais seulement 16 % en France. Délocalisation L Hexagone n a pas su mobiliser «les ingrédients essentiels», explique M. Buigues dans la Revue d économie industrielle parue au quatrième trimestre Paradoxalement,laFrance comptedavantage de multinationales parmi les 100 premiers groupes mondiaux que l Allemagne. Mais, elle exporte moins. Et l écart s accroît. Car les groupes français ont plus délocalisé leur production que leurs homologues allemands. «Le montant des investissements directs étrangers des entreprises POIDS DES EXPORTATIONS DE MARCHANDISES FRANÇAISES ET ALLEMANDES DANS LES EXPORTATIONS DE LA ZONE EURO, en % France 17,6 29,4 Allemagne 12,8 31,8 françaises représente plus du double des entreprises allemandes entre 2000 et 2006, alors que le PIB allemand est de 30 % supérieur au PIB français», a-t-il calculé. Les entreprises des pays qui réussissent industriellement ont beaucoup investi en recherche et développement et se sont spécialisées dans des produits haut de gamme, qu elles peuvent produire localement. Selon l institut Coe- Rexecode, le montant de dépenses intra-muros des entreprises dans ce domaine est deux fois plus élevé en Allemagne qu en France. Les aides publiques aux entreprises en matière de recherche ont en outre ciblé un certain nombre de secteurs prioritaires : produits verts et économies d énergie. Cette stratégie a des effets vertueux. En 2008, le salaire brut annuel moyen à temps complet NIVEAU DE COÛT DE L HEURE DE TRAVAIL DANS L INDUSTRIE ET LES SERVICES MARCHANDS, en euros 34,54 30,95 28, e trim SOURCES : COE-REXECODE, EUROSTAT France Zone euro Allemagne dans l industrieet les services était de euros en Allemagne, contre euros en France. Dans une note publiée lundi 16 janvier, la Commission européenne rappelle que «les PME européennes ont assuré 85 % de la création nette d emplois entre 2002 et 2010, alors la part des PME dans l emploi total se situe à 67 %». Mais, en France, ces PME vont souffrir de la conjoncture et de la dégradation de la note française. Selon une étude de l IFOP réalisée à la demande du cabinet KPMG et de la CGPME, publiée lundi, «près des deux tiers (65 %) des patrons de PME ont au moins un besoin de financement, dont 44 % pour financer des investissements». Le renchérissement probable du crédit va les amener à restreindre la taille et le nombre de leurs projets. p Annie Kahn En visite en Espagne, M.Sarkozy contre-attaque sur le triple A Le président a loué la «démocratie espagnole» qui a vu opposition et majorité voter la «règle d or» Madrid Envoyé spécial Nicolas Sarkozy ne veut pas se laisser déstabiliser par la perte du triple A de la France décidée par Standard & Poor s. Le chef de l Etat a contre-attaqué, lundi 16 janvier, à Madrid, lors de sa conférence de presse aux côtés du président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy. Le président français refuse de l évoquer. «Vous n avez peut-être pas eu les dernières informations? Donc, pouvez-vous me poser une autre question avec les dernières informations?», a-t-il demandé au cours d un échange aigre-doux. Uneallusion à la décision de l agence Moody s de ne pas se prononcer sur le triplea français avant avril. Et d instrumentaliser son voyage en Espagne pour faire la leçon à l opposition. «Ceux quicommentent peuvent se laisser aller à des outrances, dire des choses qu on aoubliées le lendemain. Quand on est au gouvernement, on n a pas le droit, on ne peut pas se permettre ce genre d agitation», a accusé M. Sarkozy. L occasion était rêvée, alors que le roi Juan Carlos lui avait remis dans la matinée les insignes de chevalier dans l ordre de la Toison d or. Une première depuis le président Gaston Doumergue en Cette distinction exceptionnelle, M. Sarkozy la doit à son soutien indéfectibleà l Espagnedansla lutte contre le terrorisme, en particulier contre l organisation séparatiste basque ETA, depuis sa nomination au ministère de l intérieur en «Il n y a plus de Pyrénées dans la lutte contre le terrorisme, s est félicité le récipiendaire, c est un jour que je n oublierai pas.» Outre Mariano Rajoy, tous les premiers ministres espagnols étaient là : le socialiste sortant José Luis Zapatero, le conservateur José Maria Aznar, ami de George Bush, et le socialiste Felipe Gonzalez, qui fit entrer l Espagne dans l Union européenne. «J admire cette démocratie espagnole qui peut rassembler tous les présidents du conseilsansque personnenese sente atteint dans son identité politique», a salué M. Sarkozy, avant de vanter la «règle d or», adoptée par consensus avant les élections générales locales, qui ont vu le retour de la droite. «Quand on est dans l opposition et que l on sait, dans l intérêt de son pays, faire un geste vers le gouvernement, on se grandit, a alors déroulé M. Sarkozy, il y a sans doute à s inspirer de la démocratie espagnole.» En campagne A l avant veille du sommet social, le chef de l Etat a défendu sa stratégie consistant à multiplier les annonces de réformes à moins de cent jours de la présidentielle. «Pour celui qui est au chômage ( ), il faut agir tout de suite, a-t-il assuré ; il n y a jamais de risque à dire la véritéau pays donton alaresponsabilité,les gens sont lucides, très intelligents, ils comprennent tout.» La campagne électorale s est poursuivie à l ambassade de France à Madrid, devant ces Français de l étrangerquivoteront aux législatives, M. Sarkozy ayant créé onze circonscriptions à travers la planète. Le candidat non déclaré de l UMP a vanté son bilan et justifié la gratuité de la scolarité dans les lycées français à l étranger. Jamais il n a noté que les expatriés n étaient pas des contribuables français. Il a aussi défendu la doublenationalité, combattue parune partie de la droite populaire. p Arnaud Leparmentier Les marchés financiers snobent les sanctions de Standard &Poor s Moody s se donne plus de temps pour rendre son verdict sur la note de Paris. Le Fonds européen de stabilité financière a été dégradé à son tour Le Royaume-Uni redoute d être le prochain pays à perdre son AAA Après les attaques de Paris sur les faiblesses de l économie britannique, c est au tour de Berlin de mettre en cause les insuffisances de Londres Moody s se donne un peu plus de temps avant de se prononcer sur la note de la France. Dans une «opinion de crédit» parue lundi 16 janvier, l agence américaine a expliqué qu elle allait continuer de jauger si la «perspective stable» donnée au Aaa de la France était toujours appropriée, avant de se prononcer d ici à la fin du premier trimestre. Si jamais elle abaissait de «stable» à«négative» la perspective, la note de la France aurait 50% de chances d être dégradée dans les deux ans. Le17octobre 2011, Moody savait été la première à écorner le Aaa de la France en indiquant étudier le maintien ou non de la «perspective stable» : elle expliquait alors qu elle rendrait son verdict d ici trois mois. Nicolas Sarkozy veut interpréter cette décision comme un maintien du Aaa, faisant ainsi contrepoids à la dégradation décidée par Standard & Poor s, mais Moody s n endemeure pas moins assez critique sur la situation. D abord parce que les chiffres de la dette publique «sont désormais parmi les moins solides comparés aux autres souverains Aaa», explique l agence. Ensuite, parce que la dégradation récente de l activité économique accroît la pression. Enfin, parce qu il ne faut pas exclureune «éventuelle nouvelledétérioration de la crise de la dette européenne», laquelle a des «conséquences directes» sur la «position financière de la France». Moody s mettoutefois aucrédit de la France les efforts du gouvernement ces derniers mois pour redresser les comptes. De passageà Paris, lundi, les dirigeants de Fitch, la troisième grande agence de notation, ont de leur côté répété de nouveau qu ils devraient maintenir en 2012, sauf forte intensification de la crise européenne, la note AAA accordée à la France, placée sous perspective négative en décembre Et ce même si l argumentaire développé par Standard & Poor s n est, selon eux, pas très éloigné de leur vision, seules quelques différences les séparant. Victime collatérale La dégradation de la France par Standard & Poor s a en tout cas fait sa première victime collatéralelundi soir : le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Comme attendu (Le Monde du 17 janvier), l outil d aide aux pays de la zone euro en difficulté s est vu retirer sa noteaaa, ramenéeàaa +. Sonévaluation reposait sur les garanties apportées par les six pays de la zone euro notés AAA jusqu à vendredi dernier, mais depuis ramenés à quatre Allemagne, Pays- Bas, Luxembourg, Finlande après les dégradations de la France et de l Autriche. Malgré les dégradations décidéespar Standard&Poor s, les marchés financiers ont totalement ignoré cette annonce lundi, lors de leur réouverture. «Ils avaient depuis longtemps baissé la note de la France, et n ont donc pas réagi à la décision de Standard & Poor s de la ramener à AA +», notent les stratèges de Natixis. L indice CAC 40 de la Bourse de Paris a crû de 0,89 % lundi et progressait encore mardi grâce aux chiffres de la croissance chinoise au quatrième trimestre. Preuve d une certaine sérénité, les rendements des emprunts d Etat italiens, espagnols et français diminuaient de leur côté. Les obligations françaises à dix ans sont même repassées, mardi, sousles 3 %, revenant à leur niveau du 28 décembre, contre 3,35 % le 6 janvier. Et l écart de taux («spread») entre les emprunts français et ceux jugés les plus sûrs del union monétaire,les Bund allemands, est redescendu autour de 1 point de pourcentage, contre 1,3 point ces derniers jours et 2points mi-novembre. Dans ces conditions, la France a réussi à emprunter dans d excellentes conditions, lundi, quelque 8,59 milliards d euros sur des échéances à court terme, allant de trois mois à un an. La demande des investisseurs a été deux fois plus élevée que l offre. Mais le vrai test aura lieu jeudi avec des emprunts à moyen et long terme, qui font davantage office de baromètre de l appétit des marchés. p Clément Lacombe Londres Correspondant Les exportations et l investissement du secteur privé n ont pas pris le relais de la consommation et des dépenses publiques, affectées par la crise La dégradation, par Standard & Poor s (S&P) de neuf membres de la zone euro, dont la France, inquiète le Royaume-Uni. Sur le thème : l île d Albion sera-t-elle la prochaine sur la liste des pays qui perdent leur triple A? De fait, l une des faiblesses invoquée par l agence américaine de notation à l appui de sa décision d abaisser la note de la France d un cran est l anémie de la croissance. Ce même critère pourrait mettre en péril le maintien du AAA britannique, sésame garant de sa solvabilité qui lui permet de s endetter à bas coût. Londres s inquiète de voir ses partenaires européens mettre en cause la légitimité de son AAA. Après les attaquesrécentes de Paris sur son économie, l Allemagne a, à son tour, attaqué. Ainsi, pour Michael Fuchs, numéro deux du groupe parlementaire de la CDU, la formationpolitique delachancelière Angela Merkel, «si l on veut être cohérent, il faudrait aussi dégrader le Royaume-Uni» dont la dette et le déficit budgétaire structurel sont plus élevés qu en France. Alire le rapportalarmiste publié ce week-end par le cabinet comptable Ernst & Young, la reprise économique outre-manche est «paralysée» par la crise de la zone euro qui absorbe deux cinquièmes des exportations duroyaume. Le document prévoit une récession au derniertrimestre2011 etaupremiertrimestre Tout en applaudissant la cure d austérité draconienne poursuivie sans relâche par Londres, les agences de notation s inquiètent des perspectives peu réjouissantes de croissance. Les exportations et l investissement du secteur privé n ontpasprisle relaisde la consommation et des dépenses publiques, affectées par la crise. La productivité estpénaliséepar la baissedes créditsbancaires auxpetitesetmoyennes entreprises, moteurs traditionnels de l innovation et de la création d emplois ainsi que par la réduction du budget de la formation professionnelle. La politique de la Banque d Angleterre qui fait marcher la planche à billets et achète sans retenue de la dette souveraine britannique milite pour sa part pour le maintien du AAA. Mais, l injection de liquidités par l institut d émission présente des risques d aggravation d une inflation déjà élevée, à 4,8 % pour l heure. Comme le fait remarquer Liam Halligan, économiste auprès du gestionnairedepatrimoine Prosperity Capital Management, à cette dette officielle s ajoutent les engagements, selon ses propres termes, «cachés» de l Etat britannique : le poids des retraites dans le secteur public et la facture des projets défaillants du partenariat privépublic. Il cite également le coût colossal de la nationalisation de plusieurs banques et organismes de prêts hypothécaires, dont Royal Bank of ScotlandetLloyds,à lasuitedela crise financière de Et à voir la vente au rabais de Northern Rock à Virgin Money, les revenus tirésdela cessionfuture desétablissements publics pourraient être bieninférieursaux prévisionsoptimistes du Trésor. Enfin, l agence Moody s a publié fin décembre2011 une mise en garde sur le triple A du Royaume-Uni, en raison, notamment, de la montée du déficit budgétaire et de la croissance quasi nulle (Le Monde du 23décembre 2011). Reste que malgré ces nuages, Richard McGuire, analyste obligataire auprès de la Rabobank, est persuadéquel économie britannique garde deux atouts de poids pour conserver le AAA : «Sa propre devise et une politique fiscale crédible.» p Marc Roche

15 économie 15 Carnival Pertes& Profits Chronique par Stéphane Lauer La croisière ne s amuse plus Bien sûr, on peut toujours se dire qu on a trois fois plus de risques de périr en avion et 110 fois plus en voiture et, pourtant, on continue à prendre ces moyens de transport. Bien sûr, on peut toujours se dire que la part de l erreur humaine à l origine de la tragédie du Costa Concordia ne remet pas en cause la fiabilité de tout un secteur. Bien sûr, on peut toujours se dire que le paquebot avait le mauvais œil, après un premier grave incident en 2008 à son entrée dans le port de Palerme. Bien sûr, on peut toujours se dire que le naufrage du Titanic remonte à cent ans tout rond. Mais, au travers des images de ce géant des mers couché sur le flanc aux abords de l île de Giglio, au sud de la Toscane, c est tout le secteur de la croisière qui se trouve en proie au doute. Ce drame, qui a provoqué la mort de sept personnes, selon le dernier bilan, mardi 17 janvier, pourrait remettre en cause la robustesse de la croissance des dernières années, qui, pourtant, avait même résisté à la tempête financière de Carnival, le propriétaire américain du Concordia, leader mondial de la croisière, qui a dégagé un résultat avant impôts de 1,9milliard de dollars, sait qu il entre en eaux troubles. L action a dévissé de plus de 16,5 % en Bourse. Sans doute un début, tant que les responsabilités et le coût final pour la compagnie ne seront pas connus. Pour le moment, le groupe a évalué l impact sur ses comptes, pour l exercice en cours, à 95millions d euros. Mais cette somme ne couvre que le manque à gagner en termes d exploitation. Le navire, qui coûte 475millions d euros, ne prendra pas la mer de sitôt et les dédommagements qui seront accordés aux victimes sont en cours de calcul. La facture pour les assureurs pourrait La facture pour les assureurs pourrait s élever à 750 millions d euros s élever à 750millions d euros, ce qui ferait du Concordia la catastrophe la plus coûteuse de l histoire maritime. Quant à la capacité du secteur à rebondir, au moment où se prennent les réservations pour la prochaine saison, l inconnue est encore plus grande. Entre la flambée des cours du pétrole et l impact de la crise de la zone euro sur le tourisme, Carnival pourrait en plus devoir composer avec un nouvel écueil: une remise à plat de la réglementation internationale. Morgan Stanley estime que, si tous ces éléments se conjuguent, Carnival pourrait perdre près de la moitié de sa valeur. Certes, le pire n est jamais sûr. C est ce que devait se dire le commandant du Concordia. p Retrouvez Pertes & Profits sur le Net: lauer.blog.lemonde.fr La France légifère sur les œuvres indisponibles Tous les livres publiés avant le 31 décembre 2000 devraient, à terme, devenir accessibles Dans Le Point, daté du 12 janvier, l écrivain Patrick Besson déplorait qu à l exception d un ou deux romans, toute l œuvre de Jacques Laurent, un des quatre Hussards, prix Goncourt 1971 avec Les Bêtises et plume des Caroline chérie, sous le nom de Cecil Saint-Laurent, soit aujourd hui introuvable. Mais peut-être plus pour très longtemps. Jeudi 19 janvier, l Assemblée nationale devrait adopterune proposition de loi sur l exploitation numérique des œuvres indisponibles. Ce texte rendra accessible l ensemble du patrimoine littéraire français du XX e siècle, dès lors que ces livres ne sont plus exploités commercialement. Selon les dernières études, cela concerne de à un million de titres. La France sera le premier pays à se doter d un mécanisme pour régleraussi la question des œuvres orphelines, la fameuse zone grise des ouvrages qui ne sont pas encore tombés dans le domaine public, mais pour lesquels on a perdu latrace des ayants droit. La législation française protège les droits surles livres jusqu à70ans après le décès de leur auteur. «Répondre à Google» Pour le député (UMP, Savoie), Hervé Gaymard qui défend cette proposition de loi, «la France se donne les moyens de répondre à Google et à sa volonté de numériser l ensemble des fonds des bibliothèques américaines, sans aucune autorisation.» Cetteloiestle fruitd unconsensus entre auteurs et éditeurs, et entre le ministère de la culture et les deux chambres du Parlement. Elleva se concrétiser par l introduction, dans le code de la propriété intellectuelle (CPI), d un nouveau chapitre instaurant un régime juridique spécifique pour les œuvres publiées en France, avant le 31 décembre 2000 et qui sont aujourd hui introuvables. Pour lever tous les obstacles, économiques et juridiques, le choix du législateur est de confier la gestion collective des droits numériques sur les œuvres indisponibles à une société de perception et de répartition des droits (SPRD). Pardécret, lasofia, qui gère le droit de prêt en bibliothèque et la rémunération de la copie privée pourlelivre, devraitsevoir confier cette mission. Dans les autres travaux à réaliser figure l établissement d une base de données publique des œuvres indisponibles. Cette tâche incombera à la Bibliothèque nationale de France (BNF). Pour la Société des gens de lettres (SGDL), qui représente les intérêts des écrivains, un des points essentiels de l accord est que l auteur garde le droit d accepter ou bien de refuser la numérisation de ses titres. L éditeur, qui s opposerait en revanche à une numérisation, au motif qu il exploite encore l œuvre, devra de son côté s engager à la rendre accessible, sous forme papier ou numérique, dans un délai de trois ans. Reste le volet financier qui relève de dispositions à venir. La numérisation des ouvrages doit se faire dans le cadre des «investissements d avenir», avec le soutien du Grand Emprunt qui n a pas encore été voté, mais aussi avec l aide des éditeurs. Pour l ensemble des acteurs du livre, cette loi servira de pierre angulaire à l essor du patrimoine littéraire français qui risque, autrement, de tomber dans un vaste trou noir. p Alain Beuve-Méry Les gratuits fêtent leurs dix ans, mais leur situation financière reste fragile Racheté par TF1, Métro France se relance et veut être «rentable dans moins de trois ans» Dans quelques semaines, la presse quotidienne gratuite fêtera ses dix années d existence en France. Trois grands titres sont encore présents (20 Minutes, Direct Matin, Metro), qui se livrent une guerre sans merci alors que, financièrement, leur situation n est pas très reluisante. La société Metro France Metro fut le premier à se lancer, il aura dix ans le 25 février va ainsi engager un «plan de relance pour revenir à l équilibre le plus vite possible», comme l indique Edouard Boccon-Gibod, son nouveau président depuis novembre «Il nous faut être rentable dans moins de trois ans», ajoute-t-il. M. Boccon- Gibod est arrivé dans les «bagages» de TF1, le nouveau propriétaire (à 100 %) de l entreprise depuis fin juillet 2011 ; il était auparavant le patron du pôle de production de la télévision. Le plan sera mis en œuvre le 5 mars. Il y a urgence. Le titre est à la peine. Après trois années fastes (2006, 2007, 2009), il perd ànouveau de l argent depuis deux Conjoncture et vie des entreprises Finance Selon M. Baroin, les taux d intérêt des crédits n augmenteront pas Les taux d intérêt des crédits ne devraient pas augmenter après la perte du triplea français, a déclaré, lundi 16janvier, le ministre des finances, François Baroin, sur la chaîne M6. «Depuis décembre2011, souligne-t-il, les taux auxquels se financent les banques ( ) n ont jamais été aussi bas de toute l histoire de la construction européenne.» De son côté, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a appelé les banques, lundi, à ne pas céder à «la tentation de la restriction du crédit». Automobile Les ventes de Renault en hausse de 3,6% en 2011 Renault a vendu 2,72millions de véhicules en 2011, a annoncé, mardi 17 janvier, le groupe français. En recul de 5,7 % en Europe, les ventes du constructeur ont bondi de 19,2 % sur les autres continents, notamment en Russie (+60 %) et en Amérique latine (+25 %). Marchés VALEURS DU CAC40 ans. Avant de se retirer du marché français, le groupe suédois Metro International, ancien actionnaire majoritaire, avait prévu de perdre environ 3millions d euros en 2011 pour un chiffre d affaires d environ 30millions. Metro est par ailleurs devancé par ses rivaux. En novembre 2011, Direct Matin, propriété de Bolloré Média, lancé il y a cinq ans, affichait une diffusion moyenne de exemplaires, contre pour 20 Minutes (contrôlé à parts égales par Ouest France etlenorvégienschibsted) et del ordre de pour Métro. Médias Fusion suspendue entre RFI et France 24 La cour d appel de Paris, saisie par le comité d entreprise de Radio France Internationale (RFI), a suspendu, lundi 16janvier, la fusion avec la chaîne France24. Le temps qu Audiovisuel extérieur de la France (AEF), maison mère de RFI, et France 24, transmettent au comité d entreprise la version Mardi 17 janvier 9h40 Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN ACCOR... 20,96 21,13-0,80 7,02 21,20 18,70 0,62 T FR AIR LIQUIDE... 98,15 97,74 0,42 2,68 98,45 94,21 2,35 T FR ALCATEL-LUCENT... 1,43 1,41 1,06 18,23 1,45 1,21 0,16 T FR ALSTOM... 24,70 24,36 1,40 5,42 24,84 21,93 0,62 T FR ARCELORMITTAL... 15,88 15,64 1,50 12,38 16,00 14,03 0,16 S LU AXA ,81 10,54 2,61 7,62 10,90 9,39 0,69 T FR BNP PARIBAS ACT.A... 33,18 32,30 2,71 9,32 33,25 27,52 2,10 T FR BOUYGUES... 23,95 23,79 0,65-1,64 25,05 22,50 1,60 T FR CAP GEMINI... 26,18 25,84 1,28 8,41 26,19 24,04 1,00 T FR CARREFOUR... 16,73 16,58 0,93-5,00 18,30 16,27 1,08 T FR CREDIT AGRICOLE... 4,33 4,25 1,81-0,71 4,46 4,01 0,45 T FR DANONE... 47,09 46,88 0,43-3,06 49,80 46,53 1,30 T FR EADS... 25,86 25,68 0,70 7,06 25,96 24,02 0,19 T NL EDF ,93 17,81 0,67-4,63 19,32 17,52 0,57 A FR ESSILOR INTL... 57,10 57,00 0,18 4,67 57,45 54,50 0,83 T FR FRANCE TELECOM... 11,77 11,73 0,30-3,01 12,40 11,48 0,60 A FR GDF SUEZ... 21,18 21,05 0,67 0,31 21,85 20,42 0,83 A FR LAFARGE... 28,89 28,41 1,69 6,37 29,61 26,07 1,00 T FR LEGRAND... 25,57 25,43 0,57 2,90 26,00 24,54 0,88 T FR L OREAL... 80,70 80,56 0,17 n/d 83,47 79,22 1,80 T FR LVMH MOET HEN ,25 117,05-0,68 6,26 117,85 108,00 0,80 A FR MICHELIN... 50,54 49,76 1,58 10,65 50,75 45,61 1,78 T FR PERNOD RICARD... 73,96 73,94 0,03 3,21 74,47 70,50 0,77 S FR PEUGEOT... 14,46 14,12 2,48 19,45 14,46 11,98 1,10 T FR PPR ,80 116,95-1,84 3,75 118,40 110,70 3,50 T FR PUBLICIS GROUPE... 38,37 38,03 0,89 7,95 38,45 35,30 0,70 T FR RENAULT... 31,47 30,87 1,94 17,43 31,55 26,76 0,30 T FR SAFRAN... 24,73 24,39 1,37 6,55 24,80 22,75 0,25 A FR SAINT-GOBAIN... 32,42 32,02 1,25 9,29 32,64 29,03 1,15 T FR SANOFI... 56,13 55,96 0,30-1,09 57,42 54,89 2,50 T FR SCHNEIDER ELECTRIC... 46,00 45,32 1,50 13,08 46,22 40,31 3,20 T FR SOCIETE GENERALE... 16,80 16,55 1,51-2,38 17,68 14,88 1,75 T FR STMICROELECTR.... 5,34 5,32 0,32 16,31 5,39 4,59 0,09 A NL TECHNIP... 72,20 71,42 1,09-0,58 74,55 69,79 1,45 T FR TOTAL ,94 39,48 1,14 1,10 40,56 38,57 0,57 A FR UNIBAIL-RODAMCO ,55 138,90 0,47 0,47 139,90 130,35 8,00 D FR VALLOUREC... 54,99 54,39 1,10 9,63 55,20 49,68 1,30 T FR VEOLIA ENVIRON.... 8,58 8,51 0,86 1,33 8,95 7,93 1,21 T FR VINCI... 35,52 35,19 0,92 5,20 36,20 33,62 0,55 A FR VIVENDI... 16,23 16,08 0,93-4,08 17,62 15,58 1,40 T FR Coursen euros. : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité. Nouveau format M. Boccon-Gibod a opté pour des changements visibles. Le tabloïd sera abandonné au profit d un format plus petit et d une nouvelle maquette. «Pour faciliter la prise en main et la lecture dans les transports, note-t-il. Mais Métro sera toujours plusgrand que 20 Minutes et Direct Matin.» Sur le plan éditorial, le journal chercheraà avoir «un ton plus positif». Notamment grâce à des sujets «consommation, vie pratique, divertissement et culture», précise M. Boccon-Gibod. «Le bon traitement de l actualité culturelle est un facteur clé de réussite», assure-t-il. Fort de l appui de TF1, Metro sera présent, début mars, dans 15 villes supplémentaires (35 au total). Mais à diffusion constante. Car, pour se remettre à flot, Metro a choisi de se retirer de la course au million d exemplaires diffusés, seuil qui permettrait de compter auxyeux des annonceurs. «Pas raisonnable, pas rentable, a décidé le nouveau patron. Metro reste à exemplaires au prix d une meilleure répartition.» Pour sa part, 20 Minutes est bénéficiaire depuis deux ans. Après un chiffre d affaires de 52,4 millions d euros en 2010, le gratuit annonce «en 2011, un taux de croissance à deux chiffres et le maintien de sa rentabilité». Le tout sans freiner l extension de sa diffusion. Depuis le 4 janvier, 20 Minutes est distribué chaque jour dans Radio NRJ et France Inter en forte hausse talonnent le leader RTL Avec 11,4 % d audience cumulée contre 10,4 % il y a un an, NRJ est la grande gagnante de l enquête Médiamétrie, publiée mardi 17janvier, qui amesuré l audience des radios en novembre-décembre2011. NRJ est désormais au coude-à-coude avec RTL ( auditeurs les séparent). La station de la rue Bayard à Paris qui avait battu un record historique il y a un an avec 13,2 % d audience cumulée se replie à 11,8 %. Relancée sous la houlette de Denis Olivennes, Europe1 retrouve des couleurs avec 9,4 % d audience cumulée. France Inter et France Info, avec respectivement 10,8 % et 9 % d audience, poursuivent leur remontée. France Inter n est plus qu à un point de RTL et s impose comme «la première matinale de France». RMC progresse une fois encore pour atteindre 7,9% d audiencecumulée. Une hausse liée à de nouveaux émetteurs dans le nord de la France. p définitive du cahier des charges de la radio. Agroalimentaire Le laitier écossais Wiseman racheté par l allemand Müller Le groupe Müller, numéro deux allemand des produits laitiers, aannoncé, lundi 16janvier, l acquisition de l écossais Robert Wiseman. Ce rachat valorise Wiseman LES MARCHÉS DANS LE MONDE 17/1, 9h40 Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours FRANCE CAC ,34 17/1 0, ,29 12/1 3114,45 9/1 9,00 ALLEMAGNE DAX Index 6289,57 17/1 1, ,95 12/1 5900,18 2/1 9,35 ROYAUME UNI FTSE 100 index 5698,48 17/1 0, ,83 4/1 5572,28 3/1 9,66 ETATS-UNIS Dow Jones ind ,06 13/1-0, ,00 2/ ,49 4/10 11,19 PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible. SICAV ET FCP Nasdaq composite 13/1 0, ,75 2/5 2298,89 4/10 15,79 JAPON Nikkei ,40 17/1 1, ,45 4/1 8349,33 6/1 13,11 (Publicité) SÉLECTION publiée sous la responsabilité de l'émetteur Dernier cours connu le 17/1 à 9h Valeur Cours date en euro valeur CM-CIC EUROPE 21,73 13/1 Fonds communs de placements CM-CIC EURO ACTS C 16,73 13/1 CM-CIC SELECT.PEA 6,95 13/1 CM-CIC MID EUROPE 18,92 13/1 CM-CIC TEMPERE C 167,68 13/1 CM-CIC DYN.EUROPE 30,71 13/1 CM-CIC FRANCE C 28,15 13/1 CM-CIC EQUILIBRE C 69,35 13/1 CM-CIC DYNAM.INTLE 27,03 13/1 CM-CIC OBLI C.T.D 132,84 16/1 CM-CIC MID FRANCE 30,90 13/ agglomérations. L objectif du journal «est d avoir l audience d un journal télévisé de TF1». Le quotidien gratuit prévoit de dépasser les 3,5 millions de lecteurs en 2012 et ses «premiers rivaux sont les matinales des radios et les journaux télévisés de 13 heures», indique le gratuit. L avenir de Direct Matin suscite des interrogations. Ses comptes sonttoujoursdansle rouge: 25millions d euros de recettes en 2011 pour 35 millions de coûts fixes. «Le journal atteindra l équilibre en 2013 pour son septième exercice», prévoit Jean-Christophe Thiery, président de Bolloré Média. Après la vente de ses télévisions Direct 8 et Direct Star à Canal +, «le projet [de Bolloré] est de poursuivre le développement de Direct Matin, pas de céder le journal», assure M. Thiery. Direct Matin aurait réduit sa diffusion sur l Ilede-France, ce que le journal dément. Le site Web, annoncé en 2011, est repoussé au premier trimestre p Guy Dutheil à 280millions de livres (337millions d euros). Télécommunications Partenariat entre Orange et Bouygues Telecom Orange et Bouygues Telecom ont annoncé, mardi 17janvier, la signature d un partenariat portant sur l organisation du déploiement de la fibre optique pour plus de 10millions de foyers français. Cet accord intervient après ceux passés, en 2011, entre Orange et les opérateurs Free et SFR. Internet Wikipédia en grève pour 24heures L encyclopédie participative en ligne Wikipédia va fermer son site Internet en langue anglaise pendant 24heures, mercredi 18janvier, pour protester contre un projet de loi américain visant à renforcer la lutte contre le téléchargement illégal. Cette loi, dite SOPA, suscite aussi l opposition de Google et de Facebook, mais a le soutien des grandes maisons de disques et des studios hollywoodiens. Retrouvez l ensemble des cotations sur notre site Internet : LA BOUTIQUE 0123 Du lundi au vendredi 9h30à18h Samedi 10 hà14h 80, boulevard Auguste-Blanqui Paris

16 16 décryptages DÉBATS 0123 Les Etats-Unis d Europe contre le monde rêvé de Standard & Poor s Edouard Tétreau Conseiller de dirigeants d entreprises, essayiste L Europe dont rêvent les agences de notation et leurs riches actionnaires n est plus très éloignée de l Europe d aujourd hui. A l image desdites agences, c est une Europe qui ne sait plus compter. On sait, depuis la dégradation du AAA américain par Standard & Poor s (S &P), que les agences, sans doute étourdies par les chiffres qu elles manipulent ou grisées par l intérêt qu on leur porte, font des erreurs de calcul à milliards de dollars (1 578 milliards d euros). Confondant pour l occasion torchons et serviettes, chiffres nominaux et corrigés de l inflation, elles réussissent à faire passer des vessies pour des lanternes. Des produits subprime américains pour des AAA. Et des Etats souverains pour de vulgaires sous-jacents pour traders en manque de bonus. Il semblerait, hélas, que l Europe soit elle aussi atteinte par cette contagieuse affliction. L Europe ne sait plus compter, elle qui compte pourtant 500millions d habitants, le PIB le plus important de la planète 12800milliards d euros et l un des réservoirs d épargne les plus importants. Sinon, comment se laisseraitelle faire par ces petites sociétés commerciales, peuplées d analystes moins bien rémunérés que leurs principaux clients, les banquesd affaires et les fondsspéculatifs,mais pas assezsoucieux de l intérêt général pour aller se mettre au service des Etats ou des régulateurs? La balkanisation de l Europe par S &P : quel bonheur de pouvoir, à l abri derrière un bureau londonien, jouer l Allemagne contre la France, l Espagne contre la Grande- Bretagne, l Italie contre l Autriche. L Europe rêvée des agences seraitelle une Europe en guerre? En attendant cette promesse, l Europecombleraitde bonheurlesdites agences si elle devenait enfin une Europe ruinée. Au-delà de l apparence, rien ne serait plus atroce pour le business des agences qu une Europe prospère, dont les Etats, lesentreprises etlesménages seraient si riches qu ils se passeraient des marchés financiers, et donc des agences. «Une autre Europe est possible, où la finance n est pas un jeu pour automates débiles ou traders post-adolescents» L horreurabsolueserait unsystème où les banques européennes ne fassent plus de spéculation, mais leur métier d origine, transformant l abondante épargne des Européens en des fonds propres pour les entreprises, et des prêts bienrémunéréspour lesetats etles collectivités locales. De vraies banques qui seraient capables d envoyer paître les courtiers de Wall Street et de leur annexe, la City de Londres. Hélas, se soumettant docilement à des normes absurdes concoctées par des «comités Théodule» (Bâle 3, Solvency 2),l UE a pris le chemin inverse, qui prépare un remake de l âge d or des agences : les années aux Etats- Unis. Souvenez-vous : ces années-là, les finances publiques américaines étaient déjà délabrées (9000 milliards de dollars de dette publique), justifiant curieusement pour les agencesun AAAd airain. Les ménagesaméricains surendettés avaient destauxd épargne négatifs,dépensant en moyenne plus que ce qu ils gagnaient. La voie était libre pour que les banques américaines fabriquentpar milliardsdesprêts immobilierspourris,avant delesdémultiplier et de les ventiler comme un puzzle. Fournissant ainsi aux agences de notation une source à ce jour inégalée de revenus et de profits. Entre2000 et 2007, le résultat opérationnelde Moody s aquadruplé, grâce aux produits structurés assis sur des CMBS, ABS, CDO, etc., devenus de très loin la première source de revenus de cette très rentablesociété avec une marge opérationnelle de 52 %. Les données ne sont hélas pas disponibles pour S&P et Fitch, les apôtres de la transparence pour les autres préférant l ombre lorsqu il s agit de leurs très profitables cuisines internes. Une autre Europe est possible. Une Europe où la finance n est pas un jeu pour automates débiles ou traders post-adolescents, mais une activité sérieuse au service des Etats et des entreprises. Une Europe unie, prospère, qui sait compter, dont les Etats membres ne dépensent pas plus que ce qu ils gagnent pour ne pas mettre leur destin dans des mains étrangères à leurs intérêts. Une Europe qui se donne les moyens de dominer au lieu de subir les marchés financiers, pour faire émerger, enfin, l Europe des peuples. L Europe-cauchemar des agences de notation, c est l Europe dont je rêve. Elle s appelle les Etats- Unis d Europe.p Pour une contre-agence de notation Il faut d autres critères que le marché Votre as la persp Votre assura c est une éta Les conseille une vision à des solution votre avenir. Samuel Didier Analyste senior d une grande agence de notation en Europe S exprimant après la dégradation de la note de crédit française par l agence Standard &Poor s, François Hollande déclare vouloir relancer «l idée d une agence publique européenne de notation». Un telprojet dresseen creuxla critique du modèle des grandes agences de notation privées. Pourtant, en matière de notation souveraine, la liste des reproches traditionnels se retourne contre le concept même d une agence publique, dont le modèle ne va pas de soi. Carc est d abord l indépendance des agences qui fait l objet de toutes les critiques et d une partie des réformes imposées par nos régulateurs.payéepar les émetteursqu elles notent, on le sait, les agences sont soumises de ce fait à un fort conflit d intérêts. Mais en matière de notation souveraine, l exception fait loi, et nombre d Etats à l instar de la France ne paient pas pour être notés. Al inverse,commentnepasimaginer le conflit d intérêts auquel serait soumise une agence publique, émanation des Etats souverains qu elle serait censée noter? On peut à cet égard s étonner que les Etats souverains ne songent à proposer un modèle alternatif à celui des agences qu au moment où ils se trouvent eux-mêmes soumis à leur feu. Sa crédibilité entachée, l Etat souverain régulateur sera d autant moins crédible qu il proposera de se noter lui-même. Etpourtant,il estplus quenécessaire d introduire un modèle alternatif dans une concurrence faussée par le conformisme, l incurie et la mauvaise foi, sur le marché de ce bien public qu est l évaluation du crédit. L idée d une agence publique est donc rien moins qu absurde. Mais pour être crédible, elle devra garantir l indépendance absolue de ses agents. Il existe des modèles, celui de la Banque centrale européenne ou, mieux, celui du Fonds monétaire international : pourquoi se limiter au cadre institutionnel européen face à des acteurs privés mondialisés? Modèles alternatifs Danslamyriadede critiques,parfois contradictoires, formulées à l encontre des agences de notation, leur incapacité à formuler des opinions différentes de celles déjà exprimées dans les cotations de marché est aussi mise en cause. La crise souveraine illustre à quel point, en ajustant sans cesse leurs notes,lesagencesn apportentaucune information nouvelle ni perspectivedifférentede cellesdesmarchésdontellesrépliquentlavolatilité des cours. Il est donc impératif de redonner au système financier les instruments d une analyse fondamentale et de long terme qui ne se confondent pas avec les données unidimensionnelles du marché. En remettant l imagination au pouvoir, on peut dresser la liste de ce qu un modèle alternatif devra viser,et proposer despistes d exploration. Pour concilier l excellence etl innovation, en évitant lemimétisme du microcosme financier, il faudra, par exemple, s appuyer davantage sur la formation et la recherche universitaire. Enproposantunpointdevuecritique, original, complémentaire ou dissident, une «contre-agence» redonnera toute leur responsabilité à ceux qui utilisent les opinions de crédit et qui portent aussi leur part de responsabilité dans la crise. Car la réforme du système financier imposera aussi de modifier la façondontsesacteursgèrentetévaluent leur risque, en leur imposant une obligation de moyens : celle de prendre en compte des modèles alternatifs. Rien n interdit d ailleurs d imaginer une contre-agence qui s affranchirait du modèle en vigueur. La notation, modalité scolaire aux raccourcissimplistes,n estpas l horizon ultimedu risque de crédit. On peut imaginer par exemple une agence d évaluation, véritable lieu de recherche et de critique, dont les revues feraient autorité par leur excellenceplutôtquepar leurprescription réglementaire. A cette condition,les agences traditionnelles seraient forcées de revoir leur copie, etlesagents financiers defaire leur travail. Oui, François Hollande a raison devouloirproposer uncontre-pouvoir. Faire face à la crise n interdit pas de commencer à réfléchir à ce que seront les nouvelles institutions du système financier mondial de demain.p Découvrez av riche et dive de votre patr Prenez rend >Enagence >Au08101 > Sur www. (1) Coût variable selon opérateurs. HSBC France - Société anonyme au capital de euros - SIREN 775 courtage en assurance immatriculée auprès de l ORIAS (Organisme pour le Registre des Intermédiaires en Assura

17 décryptages DÉBATS 17 L Occident doit imiter l Asie Sortir de la crise et de l eurocentrisme surance-vie est aussi ective d une retraite plus sereine. nce-vie est bien plus qu un placement financier, pe clé dans la préparation de votre retraite. rs HSBC vous accompagnent pour définir ensemble long terme de vos placements et vous proposent s personnalisées pour préparer sereinement ec votre conseiller une gamme d investissements rsifiée, pour construire ensemble une gestion sur mesure imoine. ez-vous avec un conseiller HSBC (1) hsbc.fr/hsbcpremier RCS Paris. Siège social : 103, avenue des Champs-Elysées Paris. Banque et Société de ce - sous le n Crédit photo : Getty images. Mohamad Mahatir Ancien premier ministre de Malaisie Selon un dicton malaisien : «Lorsqu on perd son chemin, il faut revenir en arrière et repartir de zéro.» J ai l impression que tout le monde s est égaré en essayant de trouver une solution à la crise financière, et l Occident en particulier a besoin de repenser certains fondamentaux. Le monde resteeurocentré : la façon dont l Europe gère la crise financière a une résonance globale. J ai cependant des doutes sérieux quant à l «infaillibilité» des Européens. Je n aime pas leur politique du deux poids deux mesures. Plusieurs siècles d hégémonie les ont convaincus que l Europe sait ce qui est bon pour tout le monde : les valeurs européennes sont considérées par eux comme universelles; les valeurs asiatiques, elles, seraient «non pertinentes». Cela explique les solutions simplistes que les dirigeants des pays d Asie du Sud-Est se sont vu proposer lorsque les cambistes les ont appauvris. Ona conseilléà lamalaisie d augmenter ses taux d intérêt, demaintenirunbudget excédentaire,delaisser lesbanquesetles entreprises en difficulté faire faillite, etc. C était la solution à tout. Pourtant,lorsqueles Etats-Unis etl Europe se sont heurtés à leur propre crise financière, ils ont adopté toutes les mesures qu ils avaient déconseilléesà lamalaisiecommeàl Asie du Sud-Est. Ce qui a marché en Asie ne fonctionnera pas en Occident. Pendant près de deux siècles, le «grand récit» du capitalisme était Vincent Coussirat- Coustère Agrégé de droit public L adoption par l Assemblée nationale le 22 décembre 2011 de la proposition de loi «visant à réprimer la contestation des génocides reconnus par la loi» a ravivé les craintes suscitées par les «lois mémorielles». Robert Badinter (LeMonde du 16 janvier) reproche au Parlement de s apprêter à faire condamner la contestation ou la minimisation outrancière d un génocide. La loi de 2001 sur le génocide arménien sera-t-elle déclarée inconstitutionnelle par le Conseil constitutionnel? Le texte du 22décembre 2011 porte-t-il atteinte aux principes garantissant nos droits et libertés fondamentales? Il est possible que la loi de 2001 soit inconstitutionnelle mais y aura-t-il soixante députés ou soixante sénateurs pour saisir le Conseil constitutionnel? Peu probable.reste alorslaquestion prioritaire de constitutionnalité (QPC). Un «négateur» poursuivi sur la base de la nouvelle incrimination peutobtenir dela Courdecassation le renvoi au Conseil constitutionnel de l examen d une loi applicable au procès et qui violerait les «Lafinance de marché ne génère aucune croissanceréelle et créepeu d emplois» clairetunivoqueen Europe.Lesproduits manufacturés européens ont saturé les marchés mondiaux, l Europe a dominé le commerce mondial et les Européens ont joui des plus forts niveaux de vie au monde.cette croissanceauraitpu seprolonger, si le Japon d après-guerre n avait commencé à conquérir des parts de marché grâce à des produits à bas coûts et de bonne qualité, très vite suivi par Taïwan, la Corée du Sud puis la Chine. Dans l incapacité de faire face à la nouvelle concurrence, les Européens,mais surtoutles Américains, ont fait le choix de la financiarisation de l économie. Ils ont inventé desproduitsfinanciersinéditscommeles ventes à découvertd actions et de monnaies de change, les crédits à risque, la titrisation, les investissements à effet de levier au travers de fonds spéculatifs, et une multitude d autres produits leur permettant de continuer à croître et à prospérer. Mais la finance de marché ne génère aucune croissance réelle et crée peu d emplois. Devenus trop gourmands, les spéculateurs ont abusé du système en manipulantle marchéafindegénérer des profits de plus en plus importants. En 2008, la bulle a éclaté et les banques,lescompagniesd assurances, les fonds d investissement et même certains pays firent faillite. S il n avait pas été la devise de référencepour lestransactionsinternationales, le dollar se serait effondré. Commeles pays de l Asie dusud- Est il y a quelques années, ceux d Europe et d Amérique sont appauvris. Parce qu ils refusent cet droits constitutionnels du justiciable.maislaqpcse limiteàlaprotection des droits et libertés fondamentales et ne peut donc pas conduire à la censure de la loi de 2001 pour ses possibles inconstitutionnalitéssans rapportavecla protection des droits et libertés. Qu elleest l intention desauteurs dutexte en discussion? De limiter le champd application de la nouvelle incrimination de contestation ou minimisation outrancière d un génocide aux seuls génocides reconnus par la loi. Est-ce inconstitutionnel? L auteur poursuivi estil privé de son droit de contester qu il y a eu génocide? Non. L expertise des historiens La nouvelle incrimination pose la question de la nécessité de limiterla liberté d expression et la liberté de la recherche, mais on ne suivra pas M. Badinter qui entend protéger la liberté d exprimer la position de la Turquie sur les massacres de A cet égard, le texte du 22 décembre 2011 comporte des garanties comparables à celles qui figurentdansla«loigayssot»réprimant la contestation des crimes contre l humanité définie par le tribunal de Nuremberg. L affaire Garaudy montre que la contestationd un crimeinternational n est pas protégée. Quant à la recherche, si elle est honnête, elle est protégée même si ses résultats sontcontestables. Si la méthode est vicieuse, les résultats de la recherche qui lèsent les droits d autrui constituent un abus punissable de la liberté d expression. On peut état de fait, les Européens et les Américains rejettent les mesures d austérité, ils manifestent et organisent des grèves, ce qui ne fait qu empirer les choses. Les pays asiatiques ont un autre comportement. Quand ils sont devenus pauvres à la suite de la dévaluation de leur monnaie, ils se sont mis à vivre selon leurs moyens. Certains ont fait appel aux institutions financières internationales mais la Malaisie a fixé le taux de change et fait en sorte que les négociants en devises ne puissent toucher au ringgit [monnaie malaisienne]. Les observateurs ont prédit la fin de notre économie et de notre accès au crédit. Bien au contraire, la Malaisie a été la plus rapide à se relever de la crise. Dans les autres pays d Asie du Sud-Est, les populations ont donné leur argent et leurs bijoux pour que les gouvernements réduisent l endettement public. Les salariés ont travaillé davantage et accepté des niveauxde vieinférieurs.pourmettre fin à la crise financière, les Européens doivent admettre qu ils sont désormais pauvres. Puis ils doivent se remettre à faire ce qu ils faisaient auparavant : produire des biens et vendre des services. Salaires, bonus et autres incitations doivent être diminués afinde devenircompétitifs.le marché financier doit être encadré et contrôlé par l Etat. De nombreux produits financiers doivent être régulés, voire interdits. Le monde a besoin d un nouveau Bretton Woods reposant sur une juste représentation des pays pauvres et d un étalon or servant de référence à une monnaie de change internationale. Le système financier doit être standardisé afin de venir en soutien de l économie réelle. Les jours de l eurocentrisme sont comptés. p Traduit de l anglais par Florent Joly Réprimer les négateursdu génocide arménien n est pas liberticide souscrireauregret de RobertBadinter de voir les questions historiques tranchées par les tribunaux et non pas laissées à l expertise des historiens. Maisiln est pas possiblede refaire l histoire du droit. Lors des massacres arméniens, aucune convention internationale ne traitait du génocide.iln empêchequececaractère criminel a été reconnu par les tribunaux ottomans eux-mêmes dans les jugements prononcés par une cour martiale en 1919 et que le traité de Lausanne (1923) en vigueur entre la France et la Turquie contient une clause d amnistie qui n aurait aucun sens si les massacres de 1915 n avaient été considéréscommedescrimes internationaux. C est donc devant le juge pénal que devra se tenir le débat historique sur les événements de Ce renvoi aux tribunaux devrait inciter les protagonistes à changer d attitude. Des «négateurs», le juge attendra une argumentation solide à l appui de la contestation. Le tréfonds des violentes réactions d Ankara se trouve sans doute là, dans la nouvelle obligation d avoir à s expliquer.quant auxparties poursuivantes, les associations de défense des victimes des massacres, elles devrontétablir qu ils agit biend un génocide au sens juridique. Espérons qu ellesexerceront avec nuance ce monopole de constitution de partiecivile,évitantlesdérives auxquellesa donnélieulaloitaubira.p f Sur Lemonde.fr L intégralité de cette tribune

18 18 décryptages ENQUÊTE Marseille L emprise dela drogue Yves Bordenave et Laurent Borredon Dans la nuit, l une des voitures banalisées de la brigade anticriminalité (BAC) des quartiers nord de Marseille tourne, inlassablement. Le rituel est le même dans chaque cité. Les policiers ont à peine montré le bout de leur calandre que le «Arrraaah!» retentit deblocenbloc, d immeuble en immeuble, de cage d escalier en cage d escalier. Les guetteurs, des gamins, pas plus de 15 ans, veillent avec vigilance sur le commerce de la drogue. Parfois, un ou deux scooters escortent le véhicule jusqu à ce qu il sorte de la cité. Font-Vert, le Clos la Rose, la Castellane toutes sont touchées, organisées, structurées par le trafic. Au cours des derniers mois, les policiers marseillais ont interpellé plusieurs petits caïds qui, chacun dans son secteur, tenaient leur «plan». Alain Gardère, préfet chargé de la sécurité dépêché à Marseille fin août pour «faire diminuer la criminalité dans la deuxième ville de France», veut croire que ces arrestations expliquent en partie le regain de violence qui a fait la «une» des médias en décembre «Des places ont été libérées et des jeunesvoyoustentent delesoccuper», analyse-t-il. Maiscela fait en réalitétrois ans que ces citéssemènent uneguerre quiensanglante la ville. Dans son bureau de l hôtel de police, à l Evêché, Roland Gauze, le patron de la police judiciaire (PJ) marseillaise, fait ses comptes : «En 2010, dans Marseille, on a dénombré 54 homicides et tentatives dont 17 relevaient de règlements de comptes ; en 2011, on a fini à 38 homicides et tentatives dont 20règlements de comptes.» Une année plus calme donc, mais gâchée par un mois de décembre particulièrement meurtrier. Cinq morts en quatre semaines. Cinq jeunes hommes, dont un policier, tombés sous les rafales des kalachnikovs. Les victimes ont entre 18 et 38 ans. Elles sont plus ou moins connues des services de police pour leur implication à des degrés divers dans des trafics de drogue. Le scénario : deux ou trois individus cagoulés font irruption dans une cité, armés le plus fréquemment d une kalachnikov. Ils s approchent de leur cible, vident le chargeur et repartent à bord de puissants 4 4 aussi vite qu ils sont apparus. «Les gains en argent sont tellement faciles, alors on tue», explique Yves Robert, délégué du SNOP, le syndicat majoritaire chez les officiers. Parfois, la violence monte d un cran encore. Dans la nuit du 25 au 26 décembre 2011, trois cadavres de jeunes gens ont été découverts en partie calcinés sur le siège arrière d une Audi A3 aux Pennes-Mirabeau, à quelquesencabluresdela Canebière. Ils avaient 19 et 20 ans. Les hommes de la BAC se souviennent d avoir contrôlé l un d eux quelques jours avant sa mort : «Il portait un gilet pare-balles!» Leurs assassins les ont exécutés à l arme auto- Font-Vert, le Clos la Rose, la Castellane Les cités des quartiers nord sont touchées et structurées par le trafic de stupéfiants. Les réseaux y sont très organisés, parfois démantelés, mais toujours remplacés «Le trafic de drogue est impossible à mesurer par la statistique policière: les chiffres sont dérisoires par rapport à la réalité» Laurent Mucchielli sociologue matique avant d incendier leur voiture pour faire disparaître toutes traces, certes, mais aussi pour marquer les esprits. Pour impressionner l ennemi, on ne lésine ni sur les moyens ni sur la méthode. Mardi 10janvier, les policiers de la BAC recherchent comme chaque nuit le «flag», les livraisons nocturnes et elles ne manquent pas. Une Volkswagen noire s engage un peu sportivement dans la cité de la Visitation. Ici, l Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants a démantelé en novembre 2011 un réseau et découvert le carnet de comptes, détaillés, de l organisation. Depuis, les traficsont repris. Une course-poursuite débute. Elle tourne court dans un cul-de-sac. Le passager s enfuit en courant. Un policier le poursuit, mais revient vite : l homme s est engagé dans une zone d ombre, où une dizaine de personnes veillent. «Trop dangereux», explique-t-il. Rien à reprocher au conducteur, connu des policiers mais resté sur place. Un coup pour rien. Pas facile de s attaquer à ces petits réseaux, très mouvants et évolutifs. «Ils ont très peu de liens avec le grand banditisme classique», explique le procureur de la République à Marseille, Jacques Dallest. D ailleurs, si, depuis dix ans, les arrestations de consommateurs de drogues ont explosé à Marseille (+ 145 %), les mises en cause pour trafic ou revente restent à peu près stables. Dans une ville dont certains attribuent le calme durant les émeutes de novembre2005 à la mainmise des dealers sur les quartiers, des policiers eux-mêmes doutent de la détermination de leur hiérarchie. «On laisse faire», assure l un d eux. En vingt ans, le nombre de fonctionnaires affectés à la brigade des stupéfiants de la sûreté départementale a été divisé par deux. Lepatrondela directiondépartementale de la sécurité publique (DDSP) des Bouches-du-Rhône, Pascal Lalle, défend au contraire les 300affaires «sorties» par ses hommes en La plupart du temps dans les cités, mais aussi à la sortie des lycées. En 2010, la DDSP avait démantelé dix bandes mêlées à des affaires de vol et à des trafics. En 2011, ce chiffre est monté à vingt-trois, etplusd unecentaine d individus ont été présentés à la justice. De toute façon, comme l explique le sociologue Laurent Mucchielli, «le trafic de drogue est impossible à mesurer par la statistique policière : les chiffres sont dérisoires par rapport à la réalité». Comment lire, alors, les explosions de violence régulières? «On a affaire à des personnes deplus en plus jeunes, de plus en plus impulsives et de plus en plus déraisonnables», constate Roland Gauze, le patron de la PJ. Chaque groupe rassemble une dizaine de jeunes gens, entre 14 et 25 ans. Ils possèdent un «plan», qui se divise parfois en plusieurs points de vente installés au bas des cages d escalier. Et chaque «plan» fonctionne selon une organisation et une discipline rigoureuse. «Finalement, c est un entrepreneuriat très classique, un peu comme une société d intérim», décrit Claire Duport, sociologue, qui travaille depuis plusieurs années sur les quartiers nord de Marseille. Chaque matin, un chef répartit le travail, place les hommes à leur poste et surveillequ aucunnes endorme oune selaisse distraire. En général, deux équipes se relaient quotidiennement pour assurer la vente. La première fait l ouverture en fin de matinée vers midi ou un peu avant. La seconde lui succède en fin d après-midi et reste jusqu à la fermeture, aux alentours de minuit. Un ou deux guetteurs, les «chouffes», s installent en un point choisi de la cité et n en bougent pas tant qu ils ne sont pas remplacés. Roland Gauze les compare à des suricates, ces mammifères qui vivent dans les déserts de l hémisphère austral. Impassibles, ils peuvent demeurer des heures dressés, sans jamais bouger le corps, sinon la tête pour suivre du regard un mouvement ou un intrus. Ils dévisagent, narquois, les policiers impuissants qui s aventurent sur leur territoire, tentent parfois un doigt d honneur. Un homme a d ailleurs flairé la bonne affaire et tourne, toutes les nuits, avec des glacières remplies de sandwiches pour ravitailler cesados. Dans lecarnetsaisià lavisitation, les frais de remboursement des repas pris pendant les heures de travail étaient soigneusement inscrits. Et puis il y a les rabatteurs, qu on peut assimiler aux représentants de commerce, sortes de VRP qui chassent le client, le ravitailleur qui s occupe du stock. Son revenu est plus élevé. Le «charbonneur», c est le vendeur. Enfin, il y a les «nourrices», qui ne sont pas mêlées au trafic proprement dit. Ces personnes n apparaissent jamais et ont un passé judiciaire vierge. Ce sont souvent des femmes, seules avec des enfants, en situation de précarité et de pauvreté extrême. A Marseille, plus d une famille sur dix est monoparentale, trois fois plus qu ailleurs en France. Moyennant un salaire qui aide à payer un loyer ou à remplir un réfrigérateur, ces femmes cachent dans leur domicile ou dans leurs caves des stupéfiants et parfois d importantes sommes d argent. Des réseaux, il y en a des dizaines. «Impossible à chiffrer», indique prudemment Roland Gauze. Chacun veille, arme au pied, à défendre son territoire, sa part de marché. Le kalachnikov, c est le nec plus ultra, un signe ostensible de puissance qui a remplacé le fusil à pompe d antan. Ça fait du bruit. Ça impressionne. Mais les récentes saisies ont mis fin au fantasme d un déferlement de mitraillettes sur le Vieux-Port. Il s agit souvent d armes anciennes ayant déjà servi. Achaque opération, les enquêteurs mettent la main sur des butins à peu près identiques : quelques dizaines de kilos de cannabis, quelques milliers d euros en liquide et quelques armes. A la Visitation, les salaires mensuels variaient de euros pour les plus mal payés (les guetteurs) à

19 décryptages ENQUÊTE 19 Cela fait trois ans que des cités des quartiers nord s affrontent dans une guerre qui ensanglante la ville. CLAUDE ALMODOVAR/FEDEPHOTO, GÉRARD JULIEN/AFP dans une association. Il joue les éducateurs, mais, ce qu il voudrait, c est un «vrai» travail : cantonnier, éboueur, n importe quoi ferait l affaire. Alors Abdel réfléchit. Les tentations sont fortes. Il décrit les missions d intérim à Aix-en-Provence «pour une heure de travail», la voiture pour laquelle il ne peut plus payer l assurance, les dernières courses aux Restos du cœur. La lassitude face aux refus d embauche. «Sois patient», tente Mohamed Bousselmania, le directeur de Dunes. «Le problème ne sera jamais réglé par la police seule», reconnaît un policier, Jean- Louis Martini, responsable du syndicat Synergie-officiers dans la région. Il y a un an, à la cité de la Busserine, les hommes de la PJ ont intercepté un réseau banal, un parmi d autres. Quatre trafiquants, une vingtaine d années chacun. Lors des perquisitions, les enquêteurs ont mis la main sur Une situation contenue à grand renfort de CRS 25kg de cannabis et 6 000euros en liquide. Le point de vente était ouvert tous les jours de midi à minuit. Il accueillait près de 300 clients par jour, pour euros de chiffre d affaires en moyenne. Aujourd hui, à la Busserine, les guetteurs sont de retour. Un réseau a repris l affaire en main. Le «charbonneur» a même son fauteuil, confortable, devant l un des halls d entrée. Les cités marseillaises ont horreur du vide. p Patrick Mennucci, maire (PS) du premier secteur, Pascal Lalle, directeur de la sécurité publique, et Alain Gardère, préfet délégué pour la sécurité, visitent le quartier de Noailles, le 18 novembre ROBERT TERZIAN euros pour le «charbonneur». Mais, souvent, le revenu ne dépasse pas 1500euros par mois, même pour le revendeur au détail. «Beaucoup de jeunes gagnent en fait très peu d argent mais ce sont des flambeurs», explique Claire Duport. «Le problème ne sera jamais réglé par la police seule» Jean-Louis Martini policier Face à cette tentation, les travailleurs sociaux ont de plus en plus de mal à trouver la parade. Il faut dire que la ville cumule les difficultés : fort taux de chômage, un quart de non-diplômés parmi les actifs, un tiers des habitants vivant avec moins de 832euros par mois (le seuil de pauvreté). Abdel (le prénom a été changé), sa femme et leurs deux enfants vivent avec 800 euros par mois. Depuis deux heures, Abdel s impatiente. Il écoute quelques vieux de la vieille de l action sociale réunis à l Ecole de la deuxième chance décrire les difficultés du tissu associatif marseillais, justement. «On essaie de faire prendre conscience aux gamins qu il y a d autres modèles, mais aujourd hui, c est l influence du quartier qui prédomine, explique Kader Tighilt, président de Générations futures, éducateur depuis Il nous manque des moyens depuis le début des années On ne peut plus s occuper correctement des gamins de ans. On les a lâchés.» «Aujourd hui, le milieu associatif, qui était fort à Marseille, consacre les trois quarts de son énergie à sa propre survie», se désole Jacques Humbert, ancien de la Protection judiciaire de la jeunesse, administrateur de l association Dunes (Développement urbain de nouveaux espaces sociaux). Abdel finit par exploser : «Moi, je crois que je vais finir par retourner à la cité.» L homme a accompagné un responsable d association à la réunion parce qu il espérait croiser quelque chose, quelqu un, une occasion favorable. A 32ans, il a déjà passé cinq ans en prison. Désormais père de famille, il tente de se ranger. Il a obtenu un contrat d accompagnement dans l emploi DANS son vaste bureau aux meubles Empire, Alain Gardère ne décolère pas. Le nouveau préfet délégué pour la sécurité à Marseille le troisième en deux ans s agace : «Ne confondez pas criminalité et insécurité.» Il faut dire que la patience de ce spécialiste de la sécurité publique, proche de Nicolas Sarkozy, et ancien directeur de la sécurité de proximité de l agglomération parisienne ( hommes sous ses ordres) est mise à rude épreuve par les faits divers des dernières semaines. Fin 2010, un nouveau préfet délégué à la sécurité avait déjà été nommé. Le précédent ministre de l intérieur, Brice Hortefeux, avait annoncé des moyens supplémentaires à la suite de plusieurs règlements de comptes. Des opérations de police spectaculaires et médiatisées avaient été organisées. Puis il a suffi qu un parking racketté par une bande en plein centre-ville fasse la «une» pour que tout soit à refaire. Le prédécesseur d Alain Gardère, Gilles Leclair, a été débarqué après avoir affirmé dans La Provence : «Je ne suis ni le sauveur ni Jésus-Christ!» Une remarque de bon sens qu Alain Gardère peut méditer. A la mi-novembre 2011, il pensait pouvoir annoncer à la presse : «Marseille peut souffler.» Pas de chance, le mois de décembre a vu s enchaîner des meurtres spectaculaires. La cité phocéenne a fait l ouverture des JT, une nouvelle fois. La plus grande ville de France dirigée par l UMP n en finit pas d embarrasser les ministres de l intérieur et leurs représentants. «Des effets dans le centre-ville» Mais le sociologue Laurent Mucchielli, qui a lancé en 2011 un observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux, appelle également à garder la tête froide : «L image de Marseille, c est la violence et le grand banditisme. Ça existe, bien sûr, mais ça ne concerne pas le citoyen marseillais dans son quotidien, au contraire de la délinquance de voie publique.» Les trois principaux indicateurs dans la ville? Les vols à la roulotte (qui baissent sur les douze derniers mois disponibles), les vols dits «simples» (qui augmentent) et les cambriolages (qui explosent). Alain Gardère n en démord donc pas, malgré les rafales de kalachnikovs, le dernier trimestre 2011 a marqué une amélioration des chiffres de la sécurité à Marseille. Moins de vols à l arraché, de vols à main armée et même de cambriolages en novembre et décembre. Des patrouilleurs ont été déployés dans le centre-ville et vingt-cinq cités, sur soixante-dix, ont été ciblées comme objectif prioritaire. Patrick Mennucci, maire (PS) du 1 er secteur, n en disconvient pas : «Le dispositif mis en place par Gardère a eu des effets dans le centre-ville où la présence policière est devenue plus visible.» Le leader de l opposition municipale ajoute toutefois : «Marseille ne se limite pas à 20 hectares entre la gare Saint-Charles, la Canebière et le Vieux-Port! Dans les cités, la situation n a pas changé. Les patrouilleurs n y vont pas et les commissariats de quartier sont toujours aussi démunis.» Ainsi des brigades de sûreté urbaine, en charge des enquêtes de «proximité» : celle du secteur centre est encadrée par sept officiers contre deux pour les quartiers nord. Malgré une polémique sur le niveau réel des renforts annoncés par Claude Guéant lors de l installation d AlainGardère, fin août, chacun s accorde donc à dire que la situation a été contenue, à coups de CRS et d heures supplémentaires. Des moyens exceptionnels et coûteux qui ne pourront pas être renouvelés indéfiniment. p Y.B.et L. B.

20 20 décryptages L ŒIL DU MONDE Réduire le coût du travail, oui, mais comment? Le transfert d une partie des cotisations sociales vers la TVA sera le grand sujet des débats entre partenaires sociaux, le 18janvier. Etat des lieux Lafichedepaie,enjeu dusommetsocial Evoquée puis rapidement enterrée en 2007, la TVA socialefait son grandretour à quelques mois de la présidentielle. Elle devrait être au cœur du sommet social organisé mercredi 18 janvier, avant une rapide concrétisation. Nicolas Sarkozy a résumé son point de vue lors de ses vœux aux Français, le 31décembre 2011 : «Le financement de la Sécurité sociale ne peut plus reposer principalement sur le travail, si facilement délocalisable. Ilfaut allégerlapression surle travail et faire contribuer financièrement les importations qui font concurrence à nos produits avec de la maind œuvre à bon marché.» Selon lui, la situation de la France exige d agir dans l urgence pour faire baisser le coût du travail. Mais pour l instant, aucune modalité précise de la façon dont il compte s y prendre n a filtré. Car sous le nom de «TVA sociale» se cachent en fait de nombreuses alternatives. Si la nécessité d alléger le travail d une partie du financement de la protection sociale est une position de plus en plus consensuelle, l essentiel du débat est en effet de savoir par quoi remplacer ces fameuses cotisations patronales. L Elysée penche clairement pour la TVA, mais les possibilités sont multiples. Le Monde a décidé d éclairer le sujet en partant de ce qui est commun à l immense majorité des Français : leur fiche de paye. En accordant un peu d attention à cette fiche, chacun d entre nous peut s approprier le débat sur le financement de la protection sociale et en voir les éventuelles conséquences dans sa propre situation. Sur cette fiche apparaissent en effet : les cotisations patronales, que l on veut abaisser pour favoriser la compétitivité des produits français ; les cotisations salariales, que certains proposent également d abaisser pour augmenter immédiatement le revenu net des salariés ; et la Contribution sociale généralisée (CSG), que la gauche juge plus équitable que la TVA. En y ajoutant les taux de TVA, qui apparaissent en bas des factures dans notre vie quotidienne, on obtient tous les grands mouvements en jeu dans l actuel débat sur le financement de la protection sociale. D autres propositions n ont pas pu être présentées ici. Comme la création d une contribution écologique, possiblement sous forme de taxe carbone. Cette taxe ne rapporterait toutefois que quelques milliards d euros et ne pourrait donc permettre qu un transfert à la marge. La CGT, fermement opposée à la TVA sociale et sceptique sur tout transfert, avance d autres possibilités. Le syndicat de Bernard Thibault prône plutôt une modulation des cotisations patronales en fonction de la part de la masse salariale dans la valeur ajoutéedel entreprise : plusune société compterait de salariés par rapport à ses bénéfices, moins elle paierait de charges. François Hollande, qui a déjà dit dans le passé qu il était favorable à un basculement des cotisations famille, proposedemoduler lescotisations patronales en fonction des types de contrats proposés : les CDD coûteraient plus cher que les CDI. Faire vite et simple Reste que toutes ces propositions ont peu de chances d être choisies par l Elysée, qui cherche un moyen d agir vite, et donc simplement, avant la fin des travaux parlementaires, actuellement programmée pour début mars. L hypothèse d une simple baisse des cotisations patronales, probablement de la branche famille, compensée par une hausse de la TVA, tient donc la corde. Resteune question essentielle: l impact sur l emploi et la compétitivité, qui dépendra essentiellement de ce que feront les patrons de l accroissement de leur marge. Laurence Parisot a ainsi pris les devants en expliquant aux Echos, le 10janvier, toute sa crainte que l Etat impose des contreparties. «On ne peut [pas]prendre d engagements collectifs sur l usage de la baisse des charges car certaines entreprises auront intérêt à investir, d autres à embaucher, d autres à augmenter les salaires, et il faut laisser à chacune la liberté d agir», a-t-elle affirmé. Quelepatronatplaide pourleminimum de contrainte n est pas étonnant. Mais après l exemple de labaisse de la TVA dans la restauration, il n est pas sûr que Nicolas Sarkozy, pourtant bien disposé à l égard des revendications patronales, puisse assumer devant les Français de leur offrir ce cadeau sans rien leur demander en échange. p Jean-Baptiste Chastand 4 Par une hausse de la CSG? CSG: un «impôt» qui a les faveurs de la gauche LA CONTRIBUTION SOCIALE GÉNÉRALISÉE (CSG) a été créée en 1990, déjà pour abaisser le coût du travail. Elle est alors fixée à 1,1 % pour compenser la baisse de 1,6 point de cotisation employeur destinée à la branche famille. Elle sera progressivement relevée pour compenser de nouveaux transferts de cotisation et atteint désormais 7,5 % du salaire et rapporte plus de 70 milliards d euros par an, destinés à financer une partie de la branche maladie et de la branche famille. Principal avantage, elle ne repose pas uniquement sur les salaires, mais aussi sur les revenus du patrimoine et les indemnités chômage, maladie et retraite (à un taux réduit). Une baisse d un point de cotisation peut donc être compensée par une hausse un peu inférieure de CSG. Mais si elle est utilisée pour remplacer des cotisations patronales, cela se traduira par une baisse inévitable du salaire net. C est pour cette raison que le gouvernement écarte une telle possibilité. Le Parti socialiste et la CFDT en sont plus friands, parce qu elle permet de faire également contribuer les revenus du capital et reste proportionnelle aux revenus, contrairement à la TVA. Le Medef propose également une hausse de la CSG en échange d une baisse des cotisations salariales, ce qui se traduirait par une hausse légère du salaire net, qui permettrait de faire accepter plus facilement aux salariés la TVA sociale. 1 Cotisations salariales: un levier pour redonner du pouvoir d achat CHAQUE SALARIÉ reverse 7,5 % de son salaire brut au titre des cotisations salariales pour financer la Sécurité sociale. Environ 70milliards d euros sont ainsi reversés chaque année à l assurance-maladie et aux régimes de retraite. Si l objectif de la réforme reste d abaisser le coût du travail, il n y a pas de raison d y toucher. En effet, baisser les cotisations salariales ne diminuerait pas pour l employeur le niveau du salaire brut qu il doit verser à ses salariés. Mais plusieurs responsables de la majorité demandent qu une baisse des charges patronales soit accompagnée d une baisse des charges salariales. Cette mesure aurait le mérite de faire augmenter les salaires nets. Une conséquence pratique pour faire accepter une éventuelle hausse de la TVA. La CFDT écarte cette proposition, en affirmant qu elle se traduirait par une baisse du salaire proposé au moment de l embauche, et donc à long terme par une compression des salaires.

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