DIMANCHE 19 AOÛT ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (B) Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 5, 15-20

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1 DIMANCHE 19 AOÛT ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (B) PREMIÈRE LECTURE Livre des Proverbes 9, 1-6 La Sagesse a bâti sa maison, elle a sculpté sept colonnes. Elle a tué ses bêtes, apprêté son vin, dressé sa table, et envoyé ses servantes. Elle proclame sur les hauteurs de la cité : «Si vous manquez de sagesse, venez à moi!» A l'homme sans intelligence elle dit : «Venez manger mon pain, et boire le vin que j'ai apprêté! Quittez votre folie et vous vivrez, suivez le chemin de l'intelligence.» DEUXIÈME LECTURE Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 5, Frères, prenez bien garde à votre conduite : ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages. Tirez parti du temps présent, car nous traversons des jours mauvais. Ne soyez donc pas irréfléchis, mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur. Ne vous enivrez pas, car le vin porte à la débauche. Laissez-vous plutôt remplir par l'esprit Saint. Dites entre vous des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez le Seigneur et célébrezle de tout votre cœur. A tout moment et pour toutes choses, rendez grâce à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ.

2 ÉVANGILE Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 6, Après avoir nourri la foule avec cinq pains et deux poissons, Jésus disait : «Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie.» Les Juifs discutaient entre eux : «Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger?» Jésus leur dit alors : «Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi. De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi. HOMÉLIE Titre : «Devenez ce que vous mangez! Vous mangez le Corps du Christ, devenez Corps du Christ!» (saint Augustin) RÉFÉRENCES BIBLIQUES : 1 ère Lecture Livre des Proverbes 9, ème Lecture Éphésiens 5, Évangile Jean 6, 51-58

3 Cette semaine, on entre dans la 2è partie du discours sur le Pain de Vie. Avec la dernière phrase de dimanche passé et la première de ce dimanche : «Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie» (Jn 6,51), on assiste à une nouvelle protestation des Juifs, c est-à-dire ceux qui ne croient pas au Christ : «Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger?» (Jn 6,52). Et l évangéliste continue : «Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n aurez pas la vie en vous» (Jn 6,53). Ça ne peut pas être plus clair : pour vivre éternellement, pour ressusciter, il faut manger la chair et boire le sang du Christ de Pâques. Mais pourquoi une telle insistance? Ça veut dire quoi tout ça? Que retenir de ce récit aujourd hui? 1. La chair et le sang : La chair est une expression sémitique qui signifie l être humain tout entier, en tant qu il est matière. C est un mot plus fort, plus concret que le mot corps. Il cherche à traduire ce que l on voit de l être humain vivant, son aspect extérieur, corporel, terrestre. Et lorsqu on dit : la chair donnée et le sang versé, ça fait référence à la mort de Jésus de Nazareth sur la croix du Vendredi Saint. Si la chair est l aspect matériel et mortel de l être humain, pourquoi saint Jean insiste-t-il autant sur ce mot? Au temps de l évangéliste Jean, à la fin du 1 er siècle, début du 2è, il y avait un courant de pensée qu on appelle le docétisme : une doctrine qui affirme que le Christ a fait semblant d être un homme, puisqu il était Fils de Dieu. L évangéliste Jean veut combattre ce courant de pensée hérétique. Ce n est pas pour rien qu au tout début de son évangile, dans son prologue, saint Jean écrit : «Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu» (Jn 1,1). Et un peu plus loin, il écrit : «Et le Verbe s est fait chair, et il a habité parmi nous» (Jn 1,14a).

4 2. Manger la chair et boire le sang : Qu est-ce que ça veut dire? C est évident qu il ne s agit pas de cannibalisme. Les verbes manger et boire s emploient aussi au sens figuré. Ne dit-on pas de quelqu un qui parle bien, que l on boit ses paroles et qu on dévore un livre qu on trouve intéressant? Donc, manger la chair et boire le sang du Christ, c est nous nourrir de la vie et de la mort de celui qui est devenu Christ et Seigneur à Pâques. C est nous nourrir de ce qu il a été dans sa vie mortelle : un homme de cœur, de pardon, de miséricorde, un révolutionnaire de la religion, un prophète, un guérisseur, un libérateur, quelqu un qui nous a appris à aimer véritablement pour devenir ce qu il est devenu lui-même : un Ressuscité, un Christ, un Seigneur, un Fils de Dieu. Saint Jean écrit : «Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui» (Jn 6,56). Au fond, nous devenons comme le Christ. Dans son prologue, saint Jean le dit clairement : «À ceux qui l ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ceux-là ne sont pas nés du sang, ni d un vouloir de chair ni d un vouloir d homme, mais de Dieu» (Jn 1,12-13). Lorsqu on mange la chair et qu on boit le sang du Christ, lorsqu on se nourrit de son humanité, il y a comme une transformation et une fusion qui s opèrent en nous, dans notre humanité, pour devenir ce qu il est lui-même : un Ressuscité, un Christ, un Seigneur. Ce n est pas pour rien que saint Augustin disait de l Eucharistie : «Devenez ce que vous mangez! Vous mangez le Corps du Christ, devenez Corps du Christ!» Le théologien français Gérard Bessière résume bien ce que signifie manger la chair et boire le sang du Christ : «La chair et le sang, en hébreu comme en araméen, c est l homme concret, fragile, vulnérable. Dès le début de l évangile de Jean, on pouvait lire : Le Verbe s est fait chair. Il ne s agissait pas d un organisme sans âme ni esprit. Ces mots affirmaient que la Parole de Dieu était désormais une personne, ce Jésus que l on avait vu marcher, pardonner, guérir, libérer, au nom du Dieu qui aime et qui cherche la brebis perdue. Ce Jésus que ses ennemis avaient cloué sur une croix : chair et sang Avec lui, la Parole de Dieu n était

5 plus seulement un message : c était une vie, celle d un charpentier qui avait bousculé sa société et même sa religion pour ouvrir une voie neuve, avec Dieu, vers l avenir humain. Ce n était pas une abstraction, mais tel homme, un certain Jésus, dont les évangiles rappellent le comportement à jamais novateur. À ceux qui étaient tentés de regarder vers un être céleste, loin de l existence quotidienne, les paroles sanglantes de l évangile de Jean rappellent que la vraie vie n est pas une évasion vers les nuées. Suivre Jésus, c est recevoir de lui des manières neuves de penser, de sentir, d agir. Entre lui et nous, il y a une transfusion de vie». Et ça m amène à mon dernier point : l Eucharistie! 3. L Eucharistie : C est évident que le discours de saint Jean sur le Pain de Vie fait référence à l Eucharistie qu on célébrait déjà dans sa communauté. À la messe, nous sommes conviés à deux tables : la table de la Parole et la table de l Eucharistie. Par l écoute de la Parole, nous mangeons cette Parole qui donne la vie, pour devenir Parole de vie, d amour et d espérance pour toutes celles et ceux que nous rencontrons dans nos vies. Et, par la communion au pain eucharistié, nous mangeons ce pain qui est la vie donnée du Christ, pour devenir, à notre tour, pain de vie pour les autres; c est-à-dire donner notre vie à celles et ceux que nous rencontrons dans nos vies. 4. Ce n est pas pour rien que l Eucharistie doit nous transformer, si on veut transformer les autres. Si la messe ne nous transforme pas; si elle ne nous fait pas devenir plus amour, plus justice, plus paix, plus espérance, plus pardon, plus réconciliation, plus tolérance, plus respectueux de nos différences, plus acceptation de nos limites et de nos fragilités humaines et de celles des autres, plus, plus, plus VIE, la messe est inutile et on y va pour rien. De plus, par quelle acrobatie perverse, en sommes-nous arrivés à interdire à certaines personnes de participer à l Eucharistie? Qui n est pas digne de s approcher de la table eucharistique? Les divorcésremariés? Les homosexuels? Les blessés de la vie? Les personnes en situation de péchés? Pour répondre à cette question, il faut lire saint

6 Paul, dans sa 1 ère lettre aux Corinthiens, chapitre 11, versets 17 à 34, où saint Paul nous parle de l indignité par rapport à l Eucharistie. De quelle indignité parle-t-il? Il dit : «Celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, se rendra coupable envers le corps et le sang du Seigneur» (v. 27). S agit-il de personnes divorcés qui osent s approcher de la table eucharistique? Ou bien s agit-il d homosexuels qui vivent une relation amoureuse avec une personne du même sexe? Non! C est tout le contraire : selon saint Paul, il s agit de celles et de ceux qui refusent de partager avec les autres, surtout les plus démunis et les plus blessés de la vie. Il dit : «Lorsque vous vous réunissez en commun pour célébrer l Eucharistie, ce n est pas le repas du Seigneur que vous prenez; car chacun se dépêche de manger tout ce qu il peut; de sorte que l un a faim, tandis que l autre est ivre. N avez-vous donc pas de maisons pour manger et pour boire? Méprisez-vous l Église de Dieu jusqu à faire affront à ceux qui n ont rien?» (vv. 20 à 22). Alors, si je comprends bien saint Paul, ceux qui sont indignes de communier à la messe, ce sont ceux qui l interdisent aux autres, et qui le font au nom de leur prestige et de leur autorité C est grave, vous savez! Car on empêche des personnes de se nourrir du Christ, et c est souvent les personnes qui en auraient le plus besoin En ce dimanche de la «Fierté gaie», que toutes celles et tous ceux qui croient que le Christ est Pain de Vie et qu ils veulent s en nourrir pour devenir Pain de Vie à leur tour, s approchent de la table eucharistique et qu ils communient avec dignité et fierté Toutes ces personnes sont Corps du Christ ressuscité! Bon dimanche de la Fierté! Raymond Gravel, ptre Diocèse de Joliette