Patent medicine, poison et complot : une note sur le Ginger jake (1 ère partie)

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1 N 2 Juillet 2010 ISSN Publication réalisée sous freeware (PDF Creator, Photofiltre, Scribus ) par URBASanté (journal officiel n 49 du 6 décembre 2008) / SIRET / Institut national de la propriété industrielle ) Abonnements (subscriptions) : envoyer un mail à (send a mail to) : francksaturne[at]gmail.com Tous droits réservés (loi n du 11 mars 1957), sauf mentions cont raires (licences Creative Commons). Dans ce numéro Patent medicine, poison et complot : une note sur le Ginger jake (1 ère partie) Mithridate est publié par URBASanté. Son objectif est de combiner sciences humaines et sociales (anthropologie, droit, histoire, sociologie) et toxicologie pour faire la lumière sur les cas d'empoisonnement ayant eu un impact au-delà de la simple «comptabilité morbide». Parmi les sujets abordés : la pollution au méthylmercure à Minamata (Japon) et l'indemnisation des pêcheurs, le cas de la thalidomide en Allemagne, l'accident survenu à Bhopal (Inde) et la délocalisation de risques technologiques et sanitaires. Das Ziel des von der veröffentlichten URBASanté Berichts Mithridate - über die Geschichte des Gifts, ist es, im Bereich der Sozialwissenschaften (Anthropologie, Recht, Geschichte und Soziologie) sowie der Toxikologie, Erklärungen für Vergiftungen und deren Folgen zu finden, und nicht nur nüchterne Zahlen von Todesopfern aufzuzeigen. Es behandelt unter anderem Themen wie die Verschmutzung durch Methylquecksilber in Minamata (Japan) und die Entschädigung der Fischer, den Contergan-Skandal in Deutschland, die Katastrophe von Bhopal in Indien und die Verlagerung von technischen und gesundheitlichen Risiken.

2 Patent medicine, poison et complot : une note sur le Ginger jake (1ère partie) L a Prohibition aux Etats-Unis a suscité une abondante littérature. A contrario, l intoxication en 1930 de plusieurs dizaines de milliers de personnes par du Ginger jake - un élixir alcoolisé prescrit contre le choléra, la dyspepsie et les nausées (sic) -, n a pas retenu l attention des professionnels de santé publique. Si Medline permet d accéder aux rares textes disponibles en anglais sur cet épisode, la plupart se focalisent sur le xénobiotique responsable de l épidémie : le tri-o-crésyl phosphate ou TOCP (cas n ). On note également une axonopathie distale avec paralysie des membres supérieurs puis 2 antérieurs. Les malades souffrent de paresthésie dans les mains et les pieds et de douleur dans les mollets. Incapables de se tenir debout, ils ne parviennent à se déplacer qu en posant sur le sol les orteils puis le talon, démarche ataxique qui vaudra à la maladie des noms aussi divers que jakeitus, jake leg, jakeralysis, 3 jake walk ou gingerfoot. Si sombre que puisse être ce tableau clinique - aggravé par un taux de rémission partielle n excédant pas 30% des sujets intoxiqués -, il ne saurait pleinement rendre compte de la tragédie du Ginger jake. L anthropologie médicale a en effet mis en évidence le fait qu une affection ne se résume pas à sa réalité organique. Elle est aussi un fait social qui s accompagne d un discours - moyen d expression des conflits entre les individus et les groupes -, et d une mise en accusation de soi, de l Autre proche, de l Autre éloigné ou de la société,,,,. 2 Utilisé comme plastifiant dans la fabrication du caoutchouc, des laques et des résines, cet ester organophosphoré est métabolisé en phényl saligénine phosphate après absorption. Dans un délai compris entre 1 et 14 jours, on observe chez le sujet des effets neurotoxiques (ataxie, paralysie flasque des extrémités) qui s accompagnent de manifestations dues à la dégénérescence rétrograde des axones (dying back) 1 des nerfs périphériques. 1 LAWERYS R., HAUFROID V., HOET P., LISON D. Toxicologie industrielle et intoxications ème professionnelles. 5 édition. Paris : Editions Masson, 2007, pp LU F. Toxicologie. Données générales, procédures d évaluation, organes cibles, évaluation des risques. Préface de G. Lorgue. Paris : Editions Masson, 1991, p MUNSEY C. Paralysis in a bottle (The "Jake Walk Story). Bottles and Extra, janvier-mars 2006, volume 17, n 1, pp HERZLICH C. Médecine moderne et quête de sens : la maladie comme signifiant social. In : AUGE M., HERZLICH C., ed. Le sens du mal : anthropologie, histoire, sociologie de la maladie. Paris : Editions des archives contemporaines, 1984, pp Ordres sociaux 5 LAPLANTINE F. Des représentations de la maladie et de la guérison à la construction de modèles étiologiques et thérapeutiques. In : Retel Laurentin A., ed. Etiologie et perception de la maladie dans les sociétés modernes et traditionnelles. Paris : Editions L Harmattan, 1987, pp Anthropologie Connaissance des hommes 6 FAIZANG S. Pour une anthropologie de la maladie en France. Un regard africaniste. Paris : Editions de

3 L épidémie démarre le 27 février 1930 dans l Oklahoma, un des Etats les plus conservateurs de la Bible Belt. Sa devise : Labor omnia vincit (le travail vient à bout de tout). Consommation d alcool rimant avec oisiveté, marginalité et paresse, les malades seront tenus pour principaux responsables de leur état, inversion des rôles qui devait inspirer ces quelques lignes à la romancière Sarah Gruen : «Le médecin se retourne pour s adresser à moi en particulier, sans doute parce que j ai payé. - Oh, un tas de gens vous prendront de l argent en échange de soins bains de pieds, électrochocs mais ça ne donnera aucun résultat. Il pourra au mieux recouvrer certaines fonctions au fil du temps, mais ce sera minimal. Il n aurait pas du boire pour commencer. C est illégal, vous savez 9.» Mis au ban de la société, néantisés par la justice (les peines infligées aux empoisonneurs seront symboliques), les malades vont simultanément disparaître de la littérature scientifique pendant 40 ans. La tendance s inversera quelque peu dans les années soixante-dix quand le docteur John P. Morgan, pharmaco-ethnomusicologue et enseignant à la City University de la New York Medical School, aura l occasion d écouter un morceau, The Jake Walk Blues, enregistré le 5 mai 1930 à Memphis par les Allen Brothers : «I can't eat/ I can't talk/ Been drinkin mean jake/ Lord, now can t walk/ Ain t got nothin now to lose/ Cause I m a jake walkin papa with the jake walk blues» («Je ne peux pas manger/ Je ne peux pas parler/ Consommer de l alcool, c est avoir le jake/ Seigneur, maintenant je ne peux plus marcher/ Je n ai rien à perdre/ Parce que j ai le jake leg») 10. Ayant connu durant son enfance dans l Ohio un certain John, mendiant intoxiqué au Ginger jake, Morgan se penchera sur la vie des malades animé de la même passion que le journaliste suisse l Ecole des hautes études en sciences sociales, 1989, 109 p. Cahiers de l homme. Ethnologie Géographie Linguistique. Nouvelle série XXIX 7 LAPLANTINE F. Anthropologie de la maladie. Etude ethnologique des systèmes de représentations étiologiques et thérapeutiques dans la société occidentale. Préface de Louis-Vincent Thomas. Paris : Editions Payot, 1997, 411 p. Bibliothèque scientifique Payot 8 GOOD B. Comment faire de l anthropologie médicale? Médecine, rationalité et vécu. Le Plessis- Robinson : Institut Synthélabo pour le progrès de la connaissance, 1998, 433 p. Les empêcheurs de penser en rond 9 GRUEN S. De l eau pour les éléphants. Paris : Editions Albin Michel, 2009, 469 p. Le livre de poche n MORGAN J. P., TULLOSS T. C. The Jake Walk Blues. A toxicologic tragedy mirrored in American popular music. Annals of Internal Medicine, 1er décembre 1976, volume 85, n 6, pp Fernand Gigon pour les victimes du méthylmercure à Minamata 11. Faisant fi de l œil sec de la biomédecine pour appréhender le jake leg à travers la psyché des victimes, il collectera les témoignages de plusieurs d entre elles dont James Thomas, un employé de banque du Tennessee 12. Approche d autant plus remarquable que la douleur a longtemps été ignorée par les professionnels de santé 13. On lui doit par ailleurs une compilation de blues fort intéressante puisque l intitulé des morceaux (Jake Leg Wobble et Got The Jake Leg Too de Ray Brothers, Jake Leg Blues de Byrd Moore ou encore Jake Leg Rag de Narmour and Smith), atteste que la population avait compris avant les scientifiques qui s égaraient en spéculations étiologiques (poliovirus, plomb, etc.) quelle était l origine de la maladie 14. Les traces laissées par l épidémie dans la culture populaire sont peu nombreuses. Outre ces chansons plaintives et The Jamaica Ginger Story, seizième épisode de la seconde saison de la série télévisée The Untouchables (2 février 1961), mentionnons le roman publié en 2009 par Jamie Ford, Hotel on the Corner of Bitter and Sweet qui comprend un chapitre intitulé Jamaican Ginger (1942) 15. Que reste t-il à dire sur le jake leg? Sur le plan biomédical, la question est bien circonscrite. Idem du point de vue épidémiologique et toxicologique : distribution, écarts-types et propriétés physico-chimiques du TOCP sont disponibles. Du côté des sciences sanitaires et sociales, aucune étude en français n a à ce jour rattaché le drame du Ginger jake à la tradition des patent medicine née au 18 ème siècle aux Etats-Unis. C est l objet de la première partie de cet article. La seconde aura trait au discours raciste/complotiste sur l épidémie dans la presse étasunienne. A ce titre, des articles parus en juillet et en septembre 1930 dans le Chicago Daily Tribune ont particulièrement retenu notre attention : le ou les auteurs insinue(nt) en effet que le xénobiotique - censé être actif en fonction du taux de mélanine -, aurait été délibérément introduit par des 11 GIGON F. Le 400 e chat ou Les pollués de Minamata. Paris : Editions Robert Laffont, 1975, 231 p. 12 MORGAN J. P., PENOVICH P. Jamaica ginger paralysis. Forty-seven-year follow-up. Archives of Neurology, août 1978, volume 35, n 8, pp BASZANGER I. Douleur et médecine, la fin d un oubli. Paris : Editions du Seuil, 1995, 468 p. La couleur des idées 14 BAUM D. Jake leg. How the blues diagnosed a medical mystery, The New Yorker, 15 septembre 2003, n 8442, pp FORD J. Hotel on the Corner of Bitter and Sweet. New York: Ballantine Books, 2009, 320 p.

4 commerçants Noirs dans le Ginger jake pour nuire aux consommateurs Blancs. Sans doute cette «théorie du complot» puise t-elle son inspiration dans le contexte politique et économique de l époque : l arrêt n 163 U.S. 537 rendu le 18 mai 1896 par la Cour suprême des Etats- Unis imposait une stricte séparation entre les descendants d esclaves africains Noirs et ceux de colons européens Blancs. L historien Carlo Maria Cipolla nous a mis en garde contre l établissement de liens de causalité fictifs par excès de surinterprétation 16. Pour autant, nous entendons démontrer que cette rumeur traduisait la crainte qu un complot visant l émancipation des Noirs ne soit hourdi dans les basfonds, ceux-ci ayant souvent nourri les fantasmes des dominants, de la Cour des miracles aux classes laborieuses 17, 18. D autre part, nous tirerons le fil qui part de la résistance à l esclavage par le poison dans l Amérique des 18 ème /19 ème siècles (mackandalisme à Saint-Domingue, empoisonnements en Martinique et aux Etats-Unis avant la guerre de Sécession) jusqu au drame du Ginger jake en Que soient remerciés : l Alcohol and Drugs History Society, Deborah Blum, présidente de la National Association of Science Writers, François Thuillier, linguiste à la Columbia University (Paris) et l équipe de TOXIPEDIA. --- Durant l hiver 1874, des femmes de dix-sept Etats donnent naissance à la Women s Christian Temperance Union (WCTU), organisation dont l influence s étend jusqu au vieux continent : en 1877, le pasteur Louis-Lucien Rochat fonde la Société suisse de tempérance, devenue la Société de la Croix-Bleue en Carrie Nation, une militante de la WTCU née à Garrard City, ville du Kentucky connue pour sa ferveur religieuse, sera notamment à l origine de la destruction à la hache de saloons ou «hachetation». Le «travail» ne manque pas puisqu on dénombre un saloon pour trois cent personnes. Pour mieux fixer les idées, le recensement de la population étasunienne faisait état en 2006 de 300 millions d habitants. En d autres termes, si le ratio débit de boissons/habitant n avait pas diminué, les Etats-Unis en comptabiliseraient aujourd hui Parallèlement à ces actions musclées qui annoncent la création de l Anti-Saloon League (ASL) en 1893, la propagande néphaliste recourt à des arguments parfois triviaux, ainsi qu en atteste cette photographie où des puritaines mettent les hommes en demeure de choisir entre alcool et bagatelle. Naissance et évolution du discours prohibitionniste On peut découper l histoire de la lutte contre l alcoolisme aux Etats-Unis du milieu du 19 ème siècle au milieu du 20 ème siècle en trois étapes, chacune portant la double empreinte d un jeu d acteurs (femmes militantes / pouvoirs publics / industriels) et d un discours spécifiques. Trois types d argumentations se succèderont : religieuse (il faut sauver la famille américaine), sanitaire (il faut préserver la santé américaine) puis industrielle (il faut préserver la production américaine). La protohistoire de la Prohibition est marquée par l interdiction de la vente de boissons alcoolisées dans le Maine. Premier mais surtout seul Etat à s engager sur cette voie en 1851, il constitue un isolat dans ce qui deviendra plus tard une république constitutionnelle fédérale (signé avec le Royaume uni, le traité de l Oregon n a défini le tracé de la frontière entre Etats-Unis et Canada qu en 1846). 16 CIPOLLA C. M. Le poivre, moteur de l histoire. Paris : L Esprit frappeur, p. 17 LE NABOUR E. La Reynie : le policier de Louis XIV. Paris : Librairie académique Perrin, 1990, 276 p. Présence de l histoire 18 CHEVALIER L. Classes laborieuses, classes dangereuses. Paris : Librairie académique Perrin, 2002, 565 p. Pour l Histoire 4 Abstinence contre abstinence Ce discours mêlé d ascétisme protestant, replié sur la domesticité au nom de la préservation de la cellule familiale et portée par les femmes, fera progressivement place à un autre type de discours, non religieux, se déployant dans tout l espace social et porté par les pouvoirs publics. Le mouvement s accélère : trois Etats interdisent l alcool en 1905, neuf en 1912 et vingt-six (sur quarante-huit) en Un survol rapide de cet épisode pourrait laisser penser que les injonctions morales cèdent le pas aux dispositions légales. En clair, qu on passe d une croisade à une campagne (ce qui est moral devient légal). Or, loin d être antithétiques, religion et loi ont une histoire commune (qu on pense par exemple au Décalogue). L anthropologue canadien Raymond Massé a montré que la santé publique était un relais entre

5 religion et loi 19. Loin de péricliter, les milieux religieux se sentent donc légitimés par le Congrès, d où une nouvelle vigueur militante, des spécialistes étant même chargés d expurger la Bible de toute référence au vin 20. Prohibition : le début du trafic Aux Etats-Unis, l incidence de la mortalité due à l alcool n a cessé de diminuer dans les premières années du 20 ème siècle, passant de 5,8 à 4,4 personnes pour à des chiffres compris entre 5,2 et 2,7 personnes pour en Les américains boivent donc de façon plus modérée quand est adopté le 16 janvier 1919 le 18 ème amendement de la Constitution américaine. Ratifié trois jours plus tard, ce texte est complété le 28 octobre par le Volstead Act, du nom de son promoteur, le sénateur du Minnesota Andrew Volstead. La fabrication, la vente et le transport des boissons qui contiennent plus de 0,5% d'alcool - exceptions faites des breuvages médicaux, du vin pour la messe et des préparations «maison» -, est interdite dans trente-six Etats. Entré en vigueur le 16 janvier 1920, le texte est diversement apprécié. Certains le défendent bec et ongles. Ainsi ce chef d entreprise anonyme qui déclare (citation tirée de Prohibition Inside Out de Roy A. Waynes) : «Avant le décret Volstead, on avait un absentéisme de 10 pour cent le jour de paie. Maintenant, il ne dépasse pas trois pour cent. Les bars et les commerces d alcool étaient un mal qui rongeait la moralité, le civisme, la prospérité, la paix et le bonheur de la population» 21. Henry Ford, disciple du taylorisme et partisan de l ASL, est tout aussi dithyrambique, estimant que l alcoolisme nuit aux cadences et ralentit la production. Même engouement au Carnegie Institute où on souligne le manque de précision chez les ouvriers alcoolisés. Ces derniers - on s en doute -, sont beaucoup plus réticents. Ils perçoivent le Volstead Act comme une restriction des libertés individuelles dans un pays où les idées du transcendantaliste Henry David Thoreau restent prégnantes. La question posée dans La Désobéissance civile faut-il s associer au risque de se porter préjudice mutuellement, ou l individualisme est-il un 19 MASSE R., 1999 : La santé publique comme nouvelle moralité, in P. Fortin (dir.) La réforme de la santé publique au Québec, Montréal : Editions Fides, pp CLARK N. H. Deliver Us from Evil. An Interpretation of American Prohibition. New York: W.W. Norton & Company Inc, 1976, 246 p. The Norton essays in american history 21 BEHR E. L Amérique hors-la-loi. La folle époque de la prohibition. Traduit de l anglais par Philippe Bonnet. Paris : Plon, 1996, p garde-fou contre les excès du collectif? est dans tous les esprits 22. Pour nombre d américains, la réponse tient en quelques mots : l ingérence de l Etat dans la sphère privée est contraire au contrat social. Autrement dit, consommer de l alcool, c est désormais faire acte de résistance. «L ivresse prend des allures de protestation politique contre le despotisme légal 23.» Une opposante au 18 ème amendement La fabrication de boissons plus fortes que celles autorisées devient un sport national, même si la tempérance divise les étasuniens en deux camps : ceux qui en sont partisans sont protestants, vivent en milieu rural et sont conservateurs. Ceux qui s y opposent sont catholiques, urbains et libres penseurs. Chaque Etat ou ville a ses spécialités : gouleyantes recettes à base de viande avariée (chat, chien ou rat macéré) dans les Appalaches, «bourbon bavard» (caramel et teinture d iode) ou «yack yack» à Chicago, «ligne blanche» au Kansas, mélasse et tabac à priser à la Nouvelle Orléans, «sec de baudet» (jackass) distillé à partir de pêches en Virginie de l ouest, «whisky de panthère» à Washington, etc. On consomme aussi du «punch des canonniers» (thé froid, brandy, gin ou rhum), du shandy graff (bière et gingembre), et - nec plus ultra - du «velours» (champagne et porter). Tout est bon pour contourner la loi : un consortium de vignerons californiens crée la Fruit Industries, une entreprise qui produit opportunément sous la marque Vine-Glo des gâteaux aux raisins que d aucuns distillent pour produire un ersatz de vin. A la campagne, les moonshiners disposent d un savoir-faire ancestral. Isolés dans des hameaux, ils peuvent s adonner au trafic en toute discrétion. 22 THOREAU H. D. La désobéissance civile. Postface de Guillaume Villeneuve. Paris : Editions Mille et une nuits, 1997, 63 p. 23 BEHR E. Opere citato. p. 69

6 En ville, les citadins ont tout à apprendre des secrets de la distillation pour produire de la bière ou du whisky, mais n ont aucune difficulté à se procurer de l orge ou du houblon : les céréales sont vendues par enseignes, dont 500 pour la seule ville de New York. Chacun a donc la possibilité de devenir un bouilleur de crû ou bootlegger (de bootleg, partie supérieure d une botte, bootlegging signifiant passer de l alcool de contrebande pour le revendre aux indiens). Cependant, si l expression «gin de baignoire» passe dans le langage courant, la fabrication d alcool «maison» reste artisanale. Bref, pas de quoi alimenter un marché parallèle susceptible d intéresser la pègre. Les mafieux vont donc importer de l alcool du Canada. La quantité de cahutes de pêcheurs fabriquées avec des caisses de whisky à Saint- Pierre-et-Miquelon témoigne aujourd hui encore de l ampleur du trafic durant la Prohibition. Parce qu ils sont avant tout des hommes d affaires, les gangsters savent que cette solution est un pis-aller, car elle n est pas exempte de difficultés logistiques (déjouer l attention des gardes-côtes, braver l Atlantique ), qui ont un coût et réduisent d autant leurs bénéfices. L idéal serait donc de produire de l alcool sur le sol étasunien en quantité industrielle à partir de l éthanol (CH 3 -CH 2 -OH ; cas n ). Vendu 12 cents le litre, le produit est aisément disponible (l industrie pharmaceutique en consomme hectolitres par an). Seul problème : il n est pas utilisable en l état, car le Volstead Act dispose qu il ait été rendu impropre à la consommation par l ajout de bleu de méthylène, de méthanol (CH 3 OH ; cas n ), de nicotine, de quinine, de sels divers ou de sulfate de cuivre. A charge donc pour les laboratoires clandestins de le rendre buvable. Soit en masquant son goût infect avec de la créosote, du caramel ou de la glycérine, soit ou le re distillant et en l allongeant avec des alcools de fusel, de l amidon fermenté, des braises de bois ou du caramel. Même «renaturé», l alcool de contrebande a un goût si infect que les débits de boisson clandestins appelés blind pigs («cochons aveugles») ou speakeasies («parler doucement») doivent trouver une parade pour ne pas faire fuir leur clientèle. Les barmen appointés par la pègre mélangent donc leurs tord-boyaux avec des jus de fruits ou des sodas et mettent une plume de coq près du comptoir : le cocktail (littéralement «queue de coq») est né. De leur côté, les clients fortunés font appel à des agences de voyages qui organisent des weekends wet («mouillés») à Cuba. La Havane, avec des bars tels que la Bodeguita del Medio ou El Floridita, devient ainsi la capitale des cocktails (cuba libre, etc.) 6 Pour autant, sur le sol étasunien, l alcool est partout, sentiment que résume avec malice le chansonnier Will Rogers : «La Prohibition, c est mieux que pas d alcool du tout 24.» Autant dire que la tâche des agents de la Prohibition n est pas de tout repos. Lutter contre le trafic d alcool : une tâche impossible Rien que pour la période comprise entre 1920 et 1921, on estime que les américains boivent 2,5 milliards de litres de liqueur de malt, 700 millions de litres de liqueurs fortes et 400 millions de litres de vin, même si le Cincinnati Inquirer du 8 septembre 1921 relativise ces chiffres en ne parlant «que» de 120 millions de litres d alcool clandestin. Encore que l épithète «clandestin» mérite des guillemets. A titre d exemple, les frères Genna, considérés comme les plus grands bootleggers de Chicago de 1920 à 1925, produisent légalement de l alcool industriel avant de le livrer à des familles siciliennes pauvres disposant d alambics artisanaux. Les petits bouilleurs de cru (alky cookers) font ensuite passer les bouteilles d un immeuble à l autre grâce à un astucieux réseau de cordes à linge qui couvre le quartier de la «Petite Italie». Les frères Genna, un épisode des Incorruptibles. Une sicilienne distille de l alcool à domicile Cette technique de «fourmis» est d autant plus facile à mettre en œuvre que beaucoup de foyers américains peuvent distiller à domicile : vendeurs d alambics ont pignon sur rue et la police en saisira douze fois plus en 1929 qu en Les frères Genna stockent leur alcool dans un entrepôt situé à quelques pas seulement du commissariat de Maxwell Street où il est ensuite 24 BEHR E. Opere citato. p MARTIN J. P. La vertu par la loi : la prohibition aux Etats-Unis : Dijon : Editions universitaires de Dijon, 1993, 161 p. Publications de l université de Bourgogne. LVXVI.

7 transformé en ersatz de whisky ou de gin avec de la créosote, de l iode, de huile de genièvre, de l huile de ricin, du sucre brûlé ou du sucre de canne. Il faut dire qu ils craignent d autant moins les descentes de police que la corruption est généralisée. Politiciens et policiers ferment les yeux moyennant rétribution, à Chicago comme ailleurs, d où cette boutade restée dans les annales : «Le Sénat est le meilleur bar de la ville». Selon Edward Behr, «les plus gros mafrats de l époque n étaient pas les Al Capone, Johnny Torrio, Gus Morau, Dutch Schultz, Frank Costello et autres, mais bien les dirigeants politiques de New York, de Chicago et d ailleurs, qui se servaient de la pègre ( ) 26». Dans son testament posthume, le gangster Charles «Lucky» Luciano (pseudonyme de Salvatore Lucania) corrobore cette analyse, déclarant avoir contrôlé tous les commissariats de Manhattan et versé dollars par mois au chef de la police de New York Grover A. Whalen 27. Nous sommes donc à mille lieux de l image d Epinal du policier intègre interprété par Robert Stack dans The Untouchables, hagiographie à la gloire du FBI supervisée par John Edgar Hoover 28. Pour autant, certains policiers tentent de faire appliquer la loi, quitte à user de méthodes non conventionnelles. Isidor «Izzy» Einstein, un ancien postier du Lower East Side, se fait ainsi passer pour un ouvrier ou un homme d affaires de passage dans les restaurants de luxe pour mettre fin au détournement d alcool industriel par les cigariers, les pseudo fabricants de laque pour cheveux ou de crèmes pour la peau, et n hésite pas se déguiser en rabbin pour lutter le trafic de vin liturgique 29. Flanqué de son acolyte Moe Smith, il arrêtera personnes. Une goutte d eau dans un océan d alcool puisque personnes seront poursuivies pour infraction au Volstead Act. Premières alertes : la vue ou la vie On boit beaucoup, mais sans toujours savoir de quoi il s agit, ni les risques qu on encoure. Certains consommateurs jouent les trompela-mort. En attestent les expressions utilisées pour désigner les tord-boyaux : «insecticide», «liqueur de tentacule» ou «vernis de cercueil» 30. Pour autant, l attrait de l interdit l emporte sur les précautions les plus élémentaires : peu importe le flacon, pourvu qu on ait l ivresse. Les professionnels de santé publique savent aujourd hui grâce aux travaux du psychologue américain Paul Slovic, qu il existe un paradigme psychométrique du risque faisant appel aux équilibres perçus entre risques et bénéfices, aux facteurs psychologiques de perception du risque, mais également à l'écart d'évaluation entre profanes et experts 31. Dans les années vingt, la fabrication de «gin de baignoire» étant interdite, la traçabilité est chose impossible pour l homme de la rue. En outre, le sens commun veut qu un produit familial soit «naturel», donc sain. On désignait ainsi d infâmes distillats toxiques par des expressions telles que «jus d écureuil» ou «liniment de cheval» comme pour souligner leurs propriétés dynamisantes. Bien qu étant très ancienne (on en trouve trace chez Hippocrate et Galien), cette idée de boisson thérapeutique a traversé les siècles, l éthylothérapie étant même préconisée par le corps médical au 19 ème siècle pour combattre les affections pulmonaires 32. De nos jours encore, il n est pas rare que soient prêtées des vertus médicinales à certaines boissons alcoolisées comme le vin chaud ou que des médecins prescrivent un verre de vin contre l Alzheimer chez les sujets âgés 33. Pratiques sans conséquence funeste, tandis que le buveur qui brave le Volstead Act joue à la roulette russe. Isidore «Izzy» Einstein et Moe Smith 26 BEHR E. Opere citato. p GOSCH M. A., HAMER R. Lucky Luciano, le testament. Traduit de l américain par Raymond Albeck et Ronald Blunden. Paris : Stock, 1975, 491 p. 28 TUCKER K. Eliot Ness and The Untouchables: the Historical Reality and the Film and Television Depictions. Jefferson: McFarland, 2000, 208 p. 29 EINSTEIN I. Prohibition Agent No 1. With an introduction by Stanley Walker, with fifteen reproductions in black-and-white from photographs. New York: Frederick Stokes Company, 1932, 261 p ALLSOP K. Les bootleggers. Traduit de l anglais par Françoise Audouard. Iconographie réunie par Jean Ségalat. Paris : Le cercle du bibliophile, sd. L Histoire en marche, p SLOVIC P. The Perception of Risk. Londres : Earthscan, 2000, 512 p. 32 GUIONNET C. L éthylothérapie ou les indications iatrogènes de l alcool. Mémoire de psychiatrie : Université René Descartes. Faculté de médecine Cochin Sainte-Anne, CRAPLET M. Passion alcool. Paris : Editions Odile Jacob, 2000, pp

8 Officiellement, les autorités s alarment du nombre de personnes intoxiquées 34. Pourtant, la journaliste Deborah Blum est récemment venue jeter un doute sur cette histoire trop lisse. Elle prétend en effet que les agents fédéraux auraient - le conditionnel est de mise - ordonné l'empoisonnement des stocks d alcool industriel pour dissuader leurs compatriotes de s adonner à la boisson. Dès le milieu de l année 1927, des produits tels que l acétone, le benzène, la brucine, le cadmium, le camphre, le chloroforme, l éther, le formaldéhyde, la nicotine, le phénol, les sels mercuriels ou le zinc, auraient été délibérément ajoutés à l alcool industriel, le Département du trésor demandant en outre que la quantité de méthanol soit portée à 10% du produit fini. Elle précise que le médecin légiste newyorkais Charles Norris, bien que farouchement hostile au programme, aurait eu pour habitude de dire qu il s agissait d une «expérience nationale d extermination» 35. Gardons-nous de porter un jugement définitif sur cette histoire, même si nous sommes enclins à penser que faute d éléments probants, elle relève des légendes urbaines (voir les travaux du folkloriste Jon Harold Brunvand), et ce pour deux raisons. Primo, les xénobiotiques tels que le cadmium n exerçant leur effet délétère sur l organisme qu en cas d exposition chronique, le bénéfice attendu en termes de dissuasion laisse perplexe. Secundo, en admettant que les autorités sanitaires aient fait abstraction de la plus élémentaire notion de déontologie, on voit mal ce qui les aurait poussés à cette machiavélique «expérience nationale d extermination», les bootleggers vendant sous le manteau des tord-boyaux notoirement toxiques tout en bénéficiant d une certaine clémence des tribunaux. Pour avoir entraîné la mort de 100 personnes à Bay State Town, un trafiquant n est ainsi condamné qu à 10 ans de prison Bref, la pègre commercialise des poisons autrement plus efficaces que le camphre (parfums, lotions après rasage) pour envoyer les buveurs impénitents ad patres. D abord de l éthanol dénaturé. Connu aux Etats-Unis depuis le début du 20 ème siècle, son détournement aux fins d alcoolisation était en constant développement depuis la Prohibition 36, ANONYME. Statistics concerning intoxicating liquors. Compiled under the direction of the Commissioner of prohibition. Washington: Government printing office, 1929, IV-58 p. 35 BLUM D. The Poisoner s Handbook : Murder and the Birth of Forensic Medicine in New Jazz Age New York. New York: Penguin Press, 2010, 336 p. 36 ANONYME. Regulations and instructions concerning denatured alcohol, central denaturing bonded warehouses and industrial distilleries, under the act of Congress of June 7, 1906, and amendatory act of Marc 2, Regulations, 15 juillet 1907, n 30, 169 p. 8 Du méthanol ensuite, produit naturellement présent dans le moût (cellulose et pectines des fruits) et dont les chimistes compétents prennent soin d atteindre la température d ébullition (67,4 C) po ur éliminer toute trace. L ingestion de 10 ml d alcool de bois entraîne invariablement la destruction du nerf optique ; quelques verres (100 à 125 ml) et c est la mort 38. Ethanol et méthanol font bientôt des ravages parmi les buveurs. La cécité frappe les plus chanceux, les autres mourant en quelques heures, telles ces cinq personnes décédées en février 1922 à Ridgefield Park dans le New Jersey. Les pouvoirs publics renforcent leur arsenal répressif contre les bootleggers : en 1925, le décret Jones les punit de cinq ans de prison (au lieu de deux) et de dollars d amende (au lieu de 1 000). Les récidivistes se voient infliger des amendes deux fois plus importantes assorties de la fermeture des débits de boisson. Mesures puériles en vérité, en tout cas pas de nature à faire cesser le trafic. Alors qu on n avait dénombré 98 morts à New York en 1920, le nombre de décès bondit à 687 en En 1926, les litres d alcool dénaturé vendus chaque mois à des laboratoires pharmaceutiques, des salons de beauté ou des drogueries, sont autant d appels du pied pour quiconque souhaite s enrichir rapidement sans égard pour la santé des consommateurs. Sans surprise, l hécatombe continue 39. On recense cette année-là 741 morts dans la seule ville de New York et les conclusions du rapport remis au maire par Charles Norris sont sans appel : la majorité de l alcool consommé depuis la Prohibition est du poison 40. A New York toujours, 169 personnes sont admises en service psychiatrique hospitalier la semaine précédent le Nouvel an 1927, tandis que 41 cadavres reposent à la morgue. Pour le seul soir de Noël, on dénombre cinq morts (une femme et quatre hommes), dont quatre à Brooklyn et à Manhattan personnes succombent à l alcool de contrebande l année suivante (communication du ministère de la santé au 31 décembre 1926) et ANONYME. Administration of the laws to industrial alcohol. The government deals with a scientific and technical problem. Washington: Government printing office, 1930, V-53 p. 38 INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE ET DE SECURITE. Fiche toxicologique FT5. Méthanol. Paris : INRS, 2009, 8 p. 39 ANONYME. Poison rum toll continues to rise. New York Times, 1 er janvier 1927, volume LXXVII, n 25179, p ANONYME. Most of our liquor poison, 741 deaths in city in 1926, Norris reports to Walker. New York Times, 6 février 1927, volume LXXVII, n 25215, p ANONYME. Alcoholism kills woman and four men. New York Times, 26 décembre 1927, volume LXXVII, n 25538, p. 20

9 en 1927 (communication du Commissaire à la santé du 4 janvier 1928), chiffres jamais atteints depuis les débuts de la Prohibition. Au niveau national, la situation n est guère meilleure : morts en 1920, en Triste bilan, encore que nous ne connaissions pas le nombre exact de personnes frappées de cécité, les archives concernant la Prohibition ayant été détruites en 1955 sur autorisation du Congrès On serait presque tenté d écrire que ceux qui ont perdu la vue ou la vie s en tirent bien, car d autres vont avoir moins de chance en consommant du Ginger jake, une patent medicine. Ginger jake : une patent medicine Présentés comme des élixirs miraculeux capables de soigner tous les maux, les patent medicine dont le snake oil étaient très communs aux Etats-Unis aux 18 ème et 19 ème siècles, notamment dans les Etats du Midwest et du sud rural. Des charlatans mi-médecins mi-forains - on pense au docteur Doxey dans les aventures de Lucky Luke avec son haut-de-forme et son sac Gladstone - les vendaient aux gogos en marge des medicine shows, spectacles comprenant le plus souvent un cirque de puces, des numéros de magie, de la musique, etc. 42, 43, 44. Pas plus que leur efficacité, l innocuité de ces produits n était démontrée et la presse s en ému au début du 20 ème siècle. Le 7 octobre 1905, Samuel Hopkins Adams ( ), publia ainsi dans le magazine Collier s The National Weekly un virulent article (onze autres suivront) dénonçant les charlatans qui vendaient des élixirs sans propriétés thérapeutiques avérées, voire toxiques. Ces articles eurent un grand impact non seulement sur l opinion, mais aussi sur les pouvoirs publics. La véritable croisade menée par Hopkins Adams aboutira le 30 juin 1906 à la promulgation du Pure Food and Drug Act ou «Wiley Act», texte dont l objectif était d «empêcher la production, la vente et le transport de nourriture, de marchandises ou alcools dénaturés ou portant un étiquetage mensonger» («preventing the manufacture, sale, or transportation of adulterated or misbranded or poisonous or deleterious foods, drugs, medicines, 42 HELFAND W. H. Quack Quack Quack: The Sellers of Nostrum in Prints, Poters, Ephemera, & Books. Chicago: The University of Chicago Press, 2003, 256 p. 43 ANDERSON A. Snake Oil, Hustlers and Hambones: The American Medicine Show. Jefferson: McFarland, 2000, 190 p. 44 YOUNG J. H. The Toadstool Millionaires : A Social History of Patent Medicines in America before Federal Regulation. Princeton: Princeton University Press, 1961, 296 p. 9 and liquors, and for regulating traffic therein, and for other purposes (...)». Louable initiative, du moins sur le papier, car la loi exige uniquement que la composition soit indiquée sur l étiquette des marchandises ou alcools. Autrement dit, rien ne s oppose à ce que les bonimenteurs des medicine shows continuent de vendre des produits parfaitement inefficaces. Quant au corps médical, il souhaite mettre fin aux agissements des brebis galeuses qui ternissent son image en faisant passer la médecine pour un art des recettes pas très éloigné de celui des jeteurs de sort et autres sorciers. L American Medical Association reprend donc les articles de Hopkins Adams à son compte en un volume unique intitulé The Great American Fraud qui se vendra - chiffre colossal à faire pâlir de jalousie n importe quel éditeur - à plus de exemplaires 45. Couverture de l édition originale du livre de l American Medical Association A défaut de soigner ou de guérir, beaucoup de patent medicine ne sont en fait que des breuvages inoffensifs. Pour autant, ils ne sont pas sans conséquence sur la santé publique, puisque leur consommation supplée à la prise en charge des personnes réellement souffrantes par des gens de l Art. Leur succès et leur longévité tiennent probablement à la conjonction de deux éléments. D une part, ces «pharmacies en bouteille» vendues à bas prix dispensent les consommateurs de consulter un médecin, détail d importance dans un pays aussi grand que les Etats-Unis et dont la densité médicale aux 18 ème et 19 ème siècles est faible. D autre part, les vendeurs de ces «tout en un thérapeutiques» sont assurés d avoir des clients : il est en effet peu probable que le commun des 45 ADAMS HOPKINS S. The Great American Fraud. Articles on the Nostrum Evil and Quacks reprinted from Collier s Weekly. 4th edition. Chicago: Press of American Medical Association, 1908, 166 p.

10 mortels ne souffre pas d un trouble quelconque (anxiété, constipation, mal de dos, palpitations, etc.). La tradition des medicine shows a donc survécu jusqu à une date récente, précisément jusqu au 17 septembre Plus surprenant encore : le dernier medicine show connu, la Hadacol Caravan, fut sponsorisé par le sénateur démocrate de Louisiane, Dudley Joseph LeBlanc ( ). LeBlanc avait jadis dirigé une entreprise «pharmaceutique» curieusement nommée la Happy Day Company spécialisée dans le commerce de «remèdes» contre les maux de tête : les Happy Day Headache Powders. Blessé au pied, pensant sans doute qu il était préférable de laisser à d autres l automédication par des placébos, il avait consulté un médecin qui lui avait prescrit une préparation à base de vitamine B. Vendu par la suite par la LeBlanc Corporation sous le nom d Hadacol (acronyme de la Happy Day Company), ledit produit était composé de 12% d alcool, de fer, de vitamines B1, B2 et d acide chlorhydrique pour «déboucher les artères». moyen dépendant de la clinique d Ellis Island pour surveiller les immigrants. Il était donc aisé - à l image du docteur Doxey préparant un «remède» à base de savon et d encre de Chine -, de mettre en bouteille et distribuer «sa» recette «maison». C est ainsi qu on pouvait acheter des centaines de patent medicine en toute légalité. Parmi elles, le Ginger jake, un mélange orange pâle à base de gingembre de Jamaïque vendu 35 cents la bouteille de deux onces dans les pharmacies, les épiceries et les bazars. Curieusement, les étiquettes de certaines bouteilles de Ginger jake avec un taux d alcool à 85% mentionnaient expressément que le produit était efficace contre le catarrhe, les flatulences et les menstrues tardives, tandis que d autres vantaient ses propriétés curatives contre la dyspepsie, le choléra (!), les nausées «et le reste». Une publicité pour l Hadacol A l instar de tous les autres patent medicine, l Hadacol était prescrit pour remédier à tout un tas de problèmes de santé, des maux d estomac jusqu à certains troubles nerveux. Posologie : une cuillerée à soupe quatre fois par jour dans un demi verre d eau après les repas. Si un médicament était inscrit dans un compendium sur les drogues, par exemple celui de la United States Pharmacopeia (U.S.P.), il devait répondre à des normes pour que l étiquette porte la mention «U.S.P.». La conformité des médicaments était évaluée par le Bureau of Chemistry dépendant de l Agriculture Department. Devenu en 1927 la Food, Drug, and Insecticide Administration (FDA), il était doté d un budget ridicule : un million de dollar s par an. Le seul chien de garde en termes de santé publique était un organisme fédéral créé en 1887, le Hygienic Laboratory, établissement sans grand 10 Une bouteille de Ginger jake alcoolisé à 93% Seule restriction imposée par l U.S.P., le breuvage devait contenir 4% de solides dans une solution d alcool et d eau. Avec 5 grammes de résidus solides par centimètre cube, le Ginger jake orange pâle devint un sirop noir presque impossible à avaler 46. Son amertume était telle qu elle contraignait à la modération même le dernier des alcooliques. Pour autant, l U.S.P. n avait oublié qu une chose : la vente de Ginger jake était si lucrative que les fabricants n avaient nullement l intention de mettre la clef sous la porte. Peu importe le flacon Pour les fabricants de Ginger jake, se pose un défi : augmenter la quantité de résidus solides pour répondre aux normes sans altérer le goût du produit. 46 MORGAN J. P. The Jamaica ginger paralysis. Journal of the American Medical Association, 15 octobre 1982, volume 284, n 15, pp

11 S ils y ajoutent d abord de la mélasse et différentes plantes, ils observent que l huile de ricin donne de meilleurs résultats. Seul inconvénient : elle a une fâcheuse tendance à remonter près du goulot, de quoi éveiller les soupçons des consommateurs. Il faut donc trouver un produit dont la densité soit supérieure à celle de l éthanol. En 1928, deux producteurs de Ginger jake, Harry Gross et Max Reisman, louent les troisième et quatrième étages d un building au 65 Fulton Street à Boston. Ce sera le siège social de la société Hub Products où travaille également une secrétaire, Goldie Sprinsky. Durant l été 1929, les deux entrepreneurs décident de mener une série d expériences afin de remplacer l huile de ricin par un composant moins onéreux. Ils passent alors commande de plusieurs barils de 2-Ethoxyethanol, d alcool de fusel, de butyl carbitol et de dibuthyl phatalate : les résultats ne sont pas à la hauteur de leurs espérances et plusieurs de ces produits sont écartés en raison de leur toxicité. Loin de se résigner, Gross et Reisman enjoignent un de leurs fournisseurs, Martin Swanson, de leur fournir de l éthylène glycol. En vain : le produit bout trop rapidement. Gross s impatiente. Il veut un produit moins volatile. Or Swanson n en possède qu un : le Lindol commercialisé par la société de David Ferry Celluloïd Corporation. Hub Products lui demande de s assurer que le produit n est pas toxique. Le 18 janvier 1930, la réponse de Celluloïd est formelle : il n y a rien à craindre. La société passe donc commande de 125 litres de Lindol, quantité suffisante pour bouteilles de Ginger jake. Une mystérieuse épidémie Le 27 février 1930, un homme dont l Histoire n a pas retenu le nom, déambule dans les rues d Oklahoma City. Bien qu il n éprouve aucune douleur, il a toutes les peines du monde à marcher : ses jambes ne répondent plus en dessous des mollets et ses pieds pendent comme ceux d une marionnette, de sorte qu il les balance et gifle le sol. Il parvient néanmoins à se présenter au Mc Bride Reconstruction Hospital, une clinique de 35 lits. L homme est-il victime de la poliomyélite? Cette maladie, qui a frappé la ville de Boston et l Etat du Vermont en 1893 et 1894, et dont on a établi l origine virale en 1908 grâce aux travaux du viennois Karl Landsteiner, mobilise depuis 1910 les chercheurs new yorkais de l Institut Rockefeller pour la recherche médicale dirigé par le docteur Simon Flexner. Personne n a oublié la dramatique épidémie survenue en 1916 au nord-est de New York ( victimes dont morts) et qui avait été attribuée - nonobstant la connaissance du poliovirus -, au manque d hygiène, à la pollution, aux insectes et à la pauvreté. 11 Parce qu invisible, le poliovirus ne fait pas le poids face aux représentations de la maladie. Pour tous ou presque, celle-ci est synonyme de saleté, d autant que ce concept charrie une idée mise en lumière par l anthropologue Mary Douglas : est sale ce qui ne devrait pas être là, qui n est pas à sa place 47. Or, comme le souligne Lynne S. Wilcox, le cliché du Blanc pauvre, pieds nus, le ventre proéminent, retardé intellectuellement et paresseux (un plouc) était chose courante 48. Pour seules réponses, les autorités sanitaires avaient donc organisé des concours de capture de mouche et incité les habitants des bidonvilles à plus de propreté L épidémie, expression d un désordre dans le corps social, suscite l inquiétude : de nouveaux foyers de poliomyélite sont apparus en 1927 et depuis le krach boursier de 1929, les nombreux quartiers insalubres des villes étasuniennes sont habités par une armée de pauvres erres désœuvrés. Ce 27 février 1930, un autre homme se présente au Mc Bride Reconstruction Hospital ; il éprouve des difficultés à marcher. Le soir, cinq patients sont alités sans qu on sache de quoi ils souffrent. Pourtant un homme dénué de toute compétence scientifique pourrait mettre les médecins sur une piste : le compositeur de blues Ishmon Bracey, qui participera dans les années trente au medicine show de Tommy Johnson en vantant les mérites de crèmes et de poudres censées éclaircir la peau. Deux semaines seulement après le premier cas de paralysie observé à Oklahoma City, Bracey a enregistré à Grafton (Wisconsin) une chanson intitulée Jake Liquor Blues hélas inconnue du corps médical. Parmi les cinq patients admis au Mc Bride Reconstruction Hospital se trouve un podologue. Il affirme avoir contracté la maladie auprès de ses patients, remettant ainsi provisoirement en selle l hypothèse d une épidémie virale. Il communique au docteur Ephraïm Godfain, un médecin de 34 ans émigré de Roumanie, la liste d une trentaine de personnes rencontrées les jours précédents chez qui il a observé des troubles moteurs. Le docteur Mc Bride note que la paralysie présente quelques ressemblances avec la poliomyélite et la maladie de Landry (syndrome de 47 DOUGLAS M. De la souillure. Essai sur les notions de pollution et de tabou. Traduit de l anglais par Anne Guérin. Préface de Luc de Heusch. Paris : Editions La Découverte, 2005, 205 p. La Découverte Poche / Sciences humaines et sociales n WILCOX L. S. Worms and germs, drink and dementia: US health, society, and policy in the early 20th century. Preventing Chronic Disease, octobre 2008, volume 5, n 4, A135

12 Guillé-Barrain). Pour autant, il constate des différences notables avec ces pathologies 49. Pour en avoir le cœur net, il demande dès le lendemain à un laboratoire d analyser le liquide céphalo-rachidien de deux patients. De son côté, Goldfain demande que soient analysés le sang et la moelle osseuse de deux patients : les laborantins observent la précipitation lente de sulfate de fer après ajout d acide sulfurique dans des échantillons sanguins. Pour Goldfain et W. H. Miles, responsable de la santé à Oklahoma City, les malades ont probablement été intoxiqués par du plomb. Seul problème : le tableau clinique n est pas celui du saturnisme. Ils enquêtent alors sur une soixante de cas, Goldfain se rendant en une seule journée au domicile de 30 malades. Curieusement, il n y a ni femme ni enfant, uniquement des hommes vivant dans un quartier miteux d Oklahoma City réputé pour le trafic d alcool. On dénombre 80 malades 50. En quelques jours, apparaissent dans les Etats de l Est, du Midwest et du Sud des Etats-Unis, de plus en plus de personnes à la démarche caoutchouteuse. A Providence (Rhode Island), un clochard de soixante ans est retrouvé à 11 heures du matin à l angle des rues Friendship et Plain : il s est assis et n a pas pu se relever. L épidémie se répand : cas dans le Mississipi, 680 à Topeka et 500 à Wichita (Kansas), 117 à Cincinnati (Ohio), 100 à Corbin (une personne sur 10) et 100 dans la région de Louisville (Kentucky), 40 à Mount Vernon (Virginie), 5 à Worcester (Massachusetts), etc. Dans l Alabama, le docteur Harris Seale de Birmingham mentionne sept victimes dans une bourgade de cent habitants 51. Toutes sont des hommes dont il prend soin de ne pas révéler l identité. Le premier, F. B., un travailleur agricole de 38 ans buveur occasionnel de Ginger jake (trois ou quatre fois par mois depuis la Prohibition), s est plaint dès le 7 mars de douleur aux jambes, ajoutant que ses mains étaient devenues si faibles qu il avait éprouvé des difficultés à tourner la clef de contact de sa voiture. Le deuxième, W. E. K., un commerçant de 39 ans buvant quatre à six onces de Ginger jake chaque jour depuis trois ou quatre ans, ne peut plus conduire. Le troisième, W. M. McI., un fermier de 45 ans, abstinent («dry») depuis quatre ou cinq ans, a 49 BOWDEN D. T., TURLEY L. A., SHOEMAKER H. A. The Incidence of Jake Paralysis in Oklahoma. American journal of public health, novembre 1930, volume 20, n 11, pp ANONYME. 80 Oklahomans hit by strange illness. New York Times, 8 mars 1930, volume LXXIX, n 26341, p SEALE H. Jamaica ginger paralysis (a peripheral polyneuritis). Southern Medical Journal, mai 1930, volume 23, n 5, pp bu deux bouteilles de Ginger jake fin février. Deux ou trois jours plus tard, il a souffert d une forte fièvre et de crampes dans les jambes. Incapable de se lever le lendemain, il a de nouveau pu marcher pendant une semaine, avant que son état ne se détériore au point qu il soit contraint d utiliser des béquilles. Deux semaines après, il lui était difficile d exercer la moindre préhension avec ses mains. Le quatrième, J. L. McC, un mécanicien de 25 ans, consommateur régulier de Ginger jake (huit à dix onces quotidiennes depuis quatre ou cinq ans), a d abord ressenti un grand froid avant que ses chevilles et ses jambes ne deviennent anormalement souples deux ou trois jours plus tard. Le cinquième, J. L. S., un fermier de 38 ans, buvant huit onces de Ginger jake chaque semaine depuis quatre ou cinq ans, a également ressenti un baisse de température corporelle accompagnée de mal de gorge et de diarrhée. Le sixième, G. R., un coiffeur de 34 ans, n a bu que deux ou trois bouteilles de Ginger jake depuis le début de l année : deux à Noël et une avant de ressentir les premiers troubles organiques. Depuis un mois, il souffre des chevilles et des jambes. Depuis deux semaines, il tousse et se plaint d avoir froid. Depuis quelques jours enfin, il a noté que ses bras étaient devenus si faibles qu ils ne répondaient plus. Le septième, R. W., âgé de 42 ans et dont la profession n est pas précisée par le docteur Seale, a bu douze bouteilles de Ginger jake (soit deux onces) en une semaine. Depuis, il éprouve des douleurs aux chevilles et aux jambes. La culpabilité des malades d avoir voilé le Volstead Act est telle que plusieurs d entre eux disent n avoir consommé du Ginger jake que pour faire face à des difficultés respiratoires aigues. Le docteur Seale ne se laisse pas abuser et observe judicieusement que la distribution spatiale de la maladie ne corrobore pas l hypothèse d une épidémie micro organique. Bien qu il ait vu juste sur ce point, il ne peut cependant conclure sur l origine du mal : peut-être s agit-il d une intoxication par l éthanol auquel aurait été ajouté un poison tel que l arsenic, même si les malades sont exempts de dermatites propres à ce type d empoisonnement? Dans le Tennessee, la ville de Jonhson City est durement frappée, à telle enseigne qu un habitant écrit au bureau du Surgeon General : «Vous pouvez aller dans les rues de Johnson City maintenant, et en une journée, vous pouvez compter trois ou quatre cent personnes dans le même état que moi.» En Nouvelle-Angleterre, comme dans le sud, la victime type est un alcoolique vivant seul dans une chambre de location bon marché, au chômage ou occupant un emploi subalterne. Deux médecins de Cincinnati indiquent que l âge médian des victimes est de quarante-sept ans, la majorité d entre-elles gagnant moins de quarante dollars par semaine. Si le portrait-robot des victimes se fait de plus en plus précis, le coupable demeure inconnu.

13 Des hypothèses, pas de coupable Beaucoup de théories circulent : un lot de Ginger jake a été contaminé avec du plomb, de l arsenic, de la créosote, de la nicotine ou du phénol ; un bootlegger a utilisé de l alcool de bois ou de pétrole à la place de l alcool de grain ; les malades souffrent de lathyrisme ; les cueilleurs de gingembre sauvage de l île de Saint-Domingue ont accidentellement récolté une racine toxique appelée deringue ; la maladie a été provoquée par les Allemands pour provoquer un nouveau conflit, etc. A Memphis (Tennessee), le docteur A. R. Bliss Jr du département de pharmacologie de l école de médecine de l université du Tennessee pense avoir identifié le poison : il s agit de l alcool d isopropyl 52. Les expériences de laboratoire vont lui donner tort. On administre 30 millilitres d une préparation comprenant des extraits de gingembre africain et jamaïcain et de l alcool éthylique dénaturé avec 1% d alcool isopropyl à des chiens. Au bout de six à dix semaines de ce traitement, aucun animal ne présente de symptôme de la mystérieuse maladie. L enquête est au point mort. Qu à cela ne tienne : on va directement chercher le coupable dans le corps des victimes. D abord celui d un ouvrier blanc de 68 ans ayant bu de l alcool toute sa vie et qui s était présenté à l hôpital avec des difficultés respiratoires et des symptômes neurologiques. On procède au test de réaction sérologique à la syphilis de Bordet- Wasserman : les résultats sont négatifs. L état du malade s aggrave et il décède en quarante-huit heures. Conclusion de l autopsie : œdème cérébral. Les légistes se penchent alors sur le corps d un homme blanc âgé d environ 70 ans également grand consommateur d alcool. Venu à l hôpital dans un état semi-comateux, négatif au test de Bordet- Wassermann, l homme meurt peu après son arrivée. L autopsie met en évidence un anévrisme de l aorte ascendante, une aorte athéromateuse et de l artériosclérose. Rien de concluant. Procédant par élimination, les scientifiques parviennent à démontrer que le méthanol et l antigel ne sont pas en cause 53. Le 1 er avril, Goldfain et ses collaborateurs du Mc Bride Reconstruction Hospital envoient un questionnaire à médecins exerçant dans 77 comtés de l Oklahoma. Au 23 avril, environ 40% d entre eux ont répondu, ce qui permet le 52 ANONYME. PARALYSIS KILLS 3 IN OHIO AS 125 SUFFER. Strange Malady Laid to Jamaica Ginger Drinking, Reported in 16 Kentucky Counties. New York Times, 21 mars 1930, volume LXXIX, n 26354, p ANONYME. DRY LAW SENTIMENT WARNING IN KENTUCKY. Outbreak of Jake Leg, Due to Jamaica Cinger (sic) Beverage, Adds to Opposition. WET GROUP MAY ORGANIZE. New York Times, 30 mars 1930, volume LXXIX, n 26363, p. E7 13 recensement de 536 personnes paralysées dans 39 comtés. La carte de l épidémie se dessine peu à peu. Reste à en déterminer la cause - question scientifique -, et par conséquent, identifier les éventuels responsables - question judiciaire -. Une question scientifique Le 3 avril, David T. Bowden, directeur des laboratoires et de l assainissement en milieu rural du State Health Department d Oklahoma City, rend visite à L. T. Hoyt, chimiste au Charge Federal Laboratory à la Nouvelle-Orléans : quelques exemplaires de Ginger jake saisis montrent la présence d un xénobiotique n entrant pas dans la composition de cette patent medicine : le TOCP. Pour s assurer qu il s agit bien du xénobiotique responsable de l épidémie, des expériences in vivo sont menées à Oklahoma City. On administre à dix poulets cinq centimètres cube du xénobiotique par voie orale. Au bout d une semaine, les gallinacés présentent des troubles moteurs au niveau des pattes, troubles qui s accentuent au bout de 24 heures. Une seconde dose de TOCP leur est alors donnée. Neuf jours après l administration de la première dose, tous les sujets ont la patte tombante et éprouvent des difficultés à marcher. Deux jours plus tard, on observe une cyanose de la crête et des difficultés respiratoires. Les animaux meurent le 11 ème jour. Quatre chiens font aussi l objet d expériences. Par voie orale, les scientifiques leur administrent 10 centimètres cube de TOCP à trois jours d intervalle à raison de deux doses par animal. Las, en 1930, la rigueur des laboratoires étasuniens n est pas encore celle qui devait plus tard faire la renommée des Centers for Disease Control and Prevention ou de l Environmental Protection Agency : un chien s enfuit avant le début de l expérience, un second est pris par erreur par des étudiants et un troisième, ayant perdu l usage de ses pattes et montrant des signes d insuffisance respiratoire au bout de la 8 ème semaine, meure prématurément. Ne reste donc qu un seul mammifère en lice. Malheureusement, s il montre des signes d empoisonnement, son état n est pas suffisamment avancé pour en tirer des conclusions valables. On procède à une expérience cas/témoins avec quatre échantillons de poulets. Le premier reçoit du Ginger jake sans TOCP, le deuxième cinq centimètres cubes de Ginger jake contenant 1,5% de TOCP, le troisième cinq centimètres cubes avec 3% de TOCP et le dernier, cinq centimètres cubes avec 4% de TOCP. Les poulets qui ont consommé du Ginger jake sans TOCP ne présentent aucun trouble morbide. Quant aux autres, ils meurent d autant plus vite que la concentration en TOCP augmente. Selon John Parascandola, la responsabilité du TOCP dans l épidémie est définitivement établie par un pharmacien d origine russe, Maurice Isodore Smith (17 novembre janvier 1951) et Elias

14 Evolve, un chimiste. Tous deux sont employés dans les laboratoires du Public Health Service du National Institute of Health (NIH), organisme ayant succédé au Hygienic Laboratory 54. Smith acquiert quelques bouteilles de Ginger jake à Findlay (Ohio) avant de les envoyer à Washington pour qu elles soient analysées par les chimistes du Bureau of Industrial Alcohol : ils isolent le TOCP, produit qui n est commercialisé que par deux entreprises : Celluloïd Corporation à Newark (New Jersey) et Eastman Kodak à Rochester (New York). Plus aucun doute ne plane sur la chaîne épidémiologique du jake leg. Pourtant, le docteur Walter H. Miles, directeur de la santé à Oklahoma City, vient semer le trouble dans les esprits en déclarant que les premiers symptômes de la maladie, rebaptisée «swell head», seraient un gonflement des muscles du cou et du visage, suivi d une paralysie de la partie supérieure du corps Difficile de dire s il poursuit une campagne de désinformation délibérée ou s il entend jeter le discrédit sur les alky cookers, mais il ajoute que les problèmes rénaux des personnes intoxiqués sont consécutifs à la consommation de rhum artisanal 55. Le chat et la souris Le 27 mai le juge fédéral Francis G. Caffey déclare que l épidémie qui sévit dans les Etats du Sud et du Midwest est due à la dilution de Ginger jake à 81%. Il vise ainsi la société Nomel Products Company (37 Green Street), dont une cargaison de Ginger jake a été saisie par des agents de la Prohibition dans deux bureaux de chemin de fer suite à un mandat de perquisition délivré par le commissaire Garret W. Cotter. Selon Arthur H. Schwartz, assistant du représentant des Etats-Unis, l analyse du stock a montré que la formule autorisée par le gouvernement avait été diluée pour pouvoir être bue. Abraham S. Friedland, Henry W. Christ et Frank J. Lemon, respectivement président, vice-président et secrétaire de la Nomel Products Company, sont mis en accusation. L avocat de la société, John M. Cashin, adopte une ligne de défense très simple : le stock saisi n était pas destiné à être bu ou à entrer dans la fabrication de boissons alcoolisées PARASCANDOLA J. The Public Health Service and the Jamaica Ginger Paralysis in the 1930s. Public Health Report, mai-juin 1995, volume 110, n 3, pp ANONYME. «SWELL HEAD» LAID TO RUM. Oklahoma Drinkers Now Find Face and Neck Muscles Crippled. New York Times, 25 mai 1930, volume LXXIX, n 26419, p ANONYME. JUDGE S RULING BANS GINGER WITH ALCOHOL. Fluid Extract, Wich Causes "Jake Foot" Epidemic, Is Intoxicating, Caffey Decides. New York Times, 28 mai 1930, volume LXXIX, n 26422, p Les agents de la Prohibition sont sur tous les fronts, redoublant parallèlement d efforts pour mettre fin au trafic de «smoke», un immonde breuvage qui tire son nom de sa couleur blanchâtre 57. Les fabricants et les importateurs de Ginger jake, qui craignent d avoir franchi la ligne jaune et de faire les frais de la politique prohibitionniste, commencent à s inquiéter, d autant que Burton K. Wheeler, sénateur démocrate du Montana, déclare devant le comité du sénat pour l agriculture avoir connaissance de milliers de cas de paralysie, de cécité et de décès imputables au Ginger jake. Croyant avoir trouvé une parade, un importateur new-yorkais de Ginger jake, H. W. Ambruster, affirme devant ce même comité qu un champignon, l ergot de seigle (Claviceps purpurea) est à l origine de la mystérieuse épidémie. Rappelons que l ergot de seigle fut responsable d une maladie endémique dans l Europe du Moyen âge : le feu de Saint-Antoine ou mal des ardents 58, 59, 60. Plus récemment, il a été mis en cause dans deux affaires célèbres : celle des sorcières de Salem (Missouri) et celle du «pain maudit» à Pont-Saint- Esprit 61, 62. Les victimes du mal des ardents sont en proie à des hallucinations cauchemardesques, ont l impression de se consumer et leurs membres pourrissent par vasoconstriction. Avec le recul, il est clair qu incriminer l ergot de seigle n a qu un objectif : faire diversion, tant les symptômes du mal des ardents diffèrent de ceux de la maladie bientôt connue sous le nom de jake leg. Ambruster va plus loin encore. S appuyant sur une pétition signée par 400 médecins et pharmaciens qui demandent au Congrès le renforcement du Pure Food and Drug Act de 1906, il invite les pouvoirs publics à s interroger sur la possibilité d un empoisonnement par une plante herbacée, la digitale ANONYME. Poison liquor seized by fifty agents in bowery clean-up. Federal Men Swoop Down on 20 Smoke Shops and Make 36 arrests. New York Times, 11 juin 1930, volume LXXIX, n 26436, p BOURIN J. Le grand feu. Paris : Gallimard, 1988, 596 pages. Folio 59 DEVALETTE J., BARRIERE B., CONTE P., COMET G. La peste de feu : le miracle des ardents et l ergotisme en Limousin au Moyen-Age. Limoges : Archéa, 1994, 88 p. L archéothèque. Les cahiers d Archéa n 3 60 DIXON L. S. La tentation de Saint-Antoine de Jérôme Bosch. FMR, octobre-novembre 2005, n 9, pp CAPORAEL L. R. Ergotism : The Satan Loosed in Salem? Science, 2 avril 1976, volume 192, n 4234, pp KAPLAN S. L. Le pain maudit : retour sur la France des années oubliées, Librairie Arthème Fayard, 2008, 1148 p. Divers Histoire 63 ANONYME. BEGIN INVESTIGATING BOOTLEG "GINGER JAKE". Senators Call Records When Agricultural Department Admits It Is Powerless. New

15 Si ces tentatives de diversion ne parviennent pas à ralentir les progrès de l enquête sur le plan scientifique, du côté des policiers certaines prises de position nuisent indubitablement au démantèlement du trafic de Ginger jake toxique. Isidore «Izzy Einstein» s oppose ainsi au déferrement de trois trafiquants de Brooklyn et de Long Island devant les tribunaux du Kentucky 64. En juillet 1930, la presse fait état de milliers de cas d intoxication sans qu on sache exactement combien, la fourchette variant de à à travers les Etats-Unis 65. Sans doute la vérité est-elle à mi chemin, car dans le seul Etat du Mississipi, les autorités sanitaires recensent personnes touchées. On dénombre nouveaux cas au Kansas dont 500 à Wichita. Curieusement, les autorités sanitaires estiment que c est le gingembre qui est toxique, le docteur R. E. Hobbs, directeur du City Health Department allant même jusqu à déclarer que la racine de gingembre utilisée à Saint- Domingue entraîne les mêmes effets. Madame James Ross Todd, dirigeante de la Women s Organization for National Prohibition Reform dans le Kentucky, mentionne 600 cas pour le seul mois d avril dans cet Etat. Au niveau national, le Prohibition Bureau avance le chiffre de personnes paralysées. W. G. Campbell, chef de la division chargée du Pure Food and Drug Act au ministère de l agriculture, indique que 162 lots de cette patent medicine ont été saisis depuis le 8 mars personnes sont poursuivies à Topeka pour vente de Ginger jake 67 ; 18 à Brooklyn et trois autres au Kansas. A Brooklyn et à New York, six sociétés sont poursuivies. A Brooklyn, un certain Harry Mandell - alias Charles Harris ou Ralph Lewis - est présenté comme le cerveau du trafic par le district attorney S. M. Brewster et son assistant Don Little. Il lui est reproché d avoir trafiqué du parfum au gingembre depuis un an afin de le rendre buvable. Des enquêteurs du gouvernement à New York, D. R. York Times, 11 juin 1930, volume LXXIX, n 26436, p ANONYME. REMOVAL OF 3 DENIED IN GINGER POISONINGS. Kentucky Case Against Brooklyn Men Not Properly Within Dry Law, Court Rules. New York Times, 10 juillet 1930, volume LXXIX, n 26465, p WOOLF A. D. Ginger Jake and the blues: a tragic song of poisoning. Veterinary and Human Toxicology, juin 1995, volume 37, n 3, pp ANONYME. "GINGER JAKE" IS A PUZZLE. Many Chemists Trying To Discover Nature of the Poison. New York Times, 13 juillet 1930, volume LXXIX, n 26468, p. E7 67 ANONYME. GINGER "JAKE" VICTIMS REACH 1,100 IN KANSAS. Wichita Alone Has 500 Authorities Attribute Poison to SantoDomingo Root. New York Times, 27 juillet 1930, volume LXXIX, n 26782, p Herskowitz, T. W. Dressen et M. J. McGoff, sont appelés à témoigner 68. L année touche à sa fin. Occasion est donnée à E. L. Bishop et H. C. Stewart, respectivement commissaire à la santé et épidémiologiste au Tennessee Department of Public Health, organisme qui s est saisi du problème dès le 8 mars, de dresser un bilan de l épidémie grâce à l article de Harris Seale, mais également ceux publiés les 12 et 25 juillet dans le Journal of the American Medical Association 69. Bishop et Stewart notent tout d abord qu ont été enregistrés 208 cas de paralysie dans le Tennessee, principalement à Washington (120 cas) et à Carter (52 cas), les autres l ayant été à Unicoi, à Sullivan et dans huit autres comtés. Ils indiquent ensuite que dans la majorité des cas, les sujets ont montré les troubles suivants : un mal de gorge, un coryza et des symptômes faisant penser à une infection avec de la fièvre, des douleurs musculaires et des céphalées - troubles qualifiés de «coïncidences» -, suivis d une perte de tonus au niveau des pieds puis de douleurs dans les chevilles et les jambes. Selon toutes probabilités, la paralysie des extrémités des membres intervient dans un délai compris entre deux jours et une semaine. Très fouillé, leur article est une mine d or pour qui souhaite en savoir plus sur le drame du Ginger jake. Qu on en juge. Si aucune paralysie n a été constatée chez les personnes âgées de moins de 15 ans, 79% des cas concernent des adultes de 20 à 45 ans. Parmi les 208 personnes intoxiquées au Tennessee : 67 travailleurs appartenant à divers corps de métiers, 23 employés dans l industrie de la soie (notamment à Elizabethton), 19 commis, 17 femmes au foyer, 14 commerçants, 11 fermiers, 11 cuisiniers, 8 mécaniciens, 6 charpentiers, 2 entrepreneurs, 2 plombiers, 2 maçons, 2 policiers et 2 médecins. Eu égard à la disparité des professions des victimes, il est clair que l intoxication n est pas d origine professionnelle. Plus intéressant encore : 62% des victimes appartiennent aux «classes moyennes», 36% étant classées comme pauvres et 5% comme aisées. Autrement dit, les consommateurs de Ginger jake ne sont pas des «pauvres» marginalisés. Un épilogue juridique et judiciaire en demi-teinte Au mois de mai 1931, constatant les failles du Pure Food and Drug Act de 1906, le Los Angeles 68 ANONYME. KANSAS GINGER JURY INDICTS FIRMS HERE. Six Corporations and 18 Citizens of Brooklyn Named as Liquor Conspirators. New York Times, 30 juillet 1930, volume LXXIX, n 26485, p BISHOP E. L., STEWART H. C. Incidence of Partial Paralysis. American Journal of Public Health, décembre 1930, volume 20, n 12, pp

16 County Health Department plaide l adoption d un texte plus restrictif. Le sénateur McKinley se fait alors le promoteur du Bill 930 présenté ainsi : «une loi visant à ajouter un nouvel article à l'article 347b du code pénal et concernant la vente et l'utilisation de l'extrait de gingembre de Jamaïque ou toute préparation ou tout composé contenant du tri-o-crésyl phosphate de façon urgente» («an act to add a new section to the penal code to be numbered section 347b, relating to the sale and use of luid extract of Jamica ginger or any preparation or compound containing TOCP, and declaring the urgency thereof») 70. Signé par James J. Rolph Jr, gouverneur de l Etat de Californie où 200 personnes ont été intoxiquées par le TOCP, le texte est adopté le 17 avril Il a donc fallu un quart de siècle pour que le Pure Food and Drug Act se trouve timidement renforcé - seule l adultération par le TOCP étant nommément interdite - alors que l American Association Council on Pharmacy et l American Medical Association Bureau of Legal Medicine soulignent que d autres produits sont aussi dangereux 71. Fédérés au sein de la United Victims of Jamaica Ginger Paralysis, association créée en mai 1931 par Mack Hunter Partridge, un décorateur intérieur d Oklahoma City de 48 ans, les malades feront du lobbying en direction du Congrès pour que soit reconnu leur statut de victimes. En vain : paralysie et suppliques se heurteront à l inaction et au mutisme des pouvoirs publics. Les victimes espèrent que les tribunaux vont lourdement condamner les coupables pour les préjudices qu ils ont subis. Là encore, leurs espoirs vont être déçus. En avril 1932, Harry Gross est incarcéré pour deux ans seulement. Quant à son collaborateur et complice Max Reisman, il n ira jamais en prison. Le 4 janvier 1933, 30 personnes de Brooklyn sont poursuivies par le juge fédéral Campbell pour avoir exporté du Ginger jake dans les Etats de l Ouest. Au terme d un procès qui a duré trois semaines, Harry Lesser et Forrest E. James écopent de 1 an et 8 mois de prison et dollars d amende, Philip Lahn de 1 an et 5 mois de prison. Tous sont condamnés pour violation du Pure Food and Drug Act de Aux yeux de la justice, ce sont d avantage des fraudeurs que des empoisonneurs. Le 26 septembre 1933, les victimes du TOCP reprennent espoir : une enquête est ouverte contre le juge fédéral James Arnold Lowell auquel est reproché sa gestion du dossier dans les Etats de 70 ANONYME. Jamaica ginger legislation. A new california law. California and western medicine, mai 1931, volume XXXIV, n 5, p WERDEN D. H. Ascending Paralysis Resulting from the Drinking of "Jamaica Ginger : a Clinical Study of Fifty Cases. Annals of Internal Medicine, 1er avril 1932, volume 5, n 10, pp l ouest. Mais le sort s acharne : Lowell meurt le 30 novembre. Comment expliquer la mise entre parenthèses des victimes du Ginger jake et la non inscription sur l agenda politique de textes plus protecteurs pour la santé des consommateurs? Ginger jake, santé publique, empoisonnement : deux enseignements En 1991 et 1993, deux chercheurs américains, Julius B. Richmond et Milton Kotelchuck, ont proposé sous la forme d un diagramme de Venn un modèle tendant à expliquer les évolutions et blocages en santé publique 72, 73. Le diagramme de Richmond et Kotelchuck Pour eux, la preuve scientifique («scientific evidence»), la volonté politique de changement («political will») et une dynamique sociale («social infrastructure») favorable à ce changement, sont les conditions nécessaires à la mise en œuvre d une politique de santé publique (décisions, orientations, planification, gestion). Or, dans le cas du Ginger jake, aucun de ces éléments n était réuni. La preuve d une intoxication par le TOCP établie par le NIH n empêchera pas les controverses sur la nature du poison. 72 RICHMOND J. B., KOTELCHUCK M. Political influences, rethinking national health policy. In: Mcquire C., Foley R., Gorr A., Richards R., eds. Handbook of Health Professions Education. Sans Francisco: Jossey-Bass Publishers, 1993, pp RICHMOND J. B., KOTELCHUCK M. Coordination and development of strategies and policy for public health promotion in the United States. In: Holland W. W., Detels R., Knox G., eds. Oxford Textbook of Public Health. Oxford: Oxford Medical Publications, 1991, pp

17 Quant au gouverneur démocrate de l Oklahoma William H. Murray ( ), il déclarera : «Il y a trois sortes de gens auxquels je ne porte pas d intérêt. Le premier, c est l homme avec la jakeitis, le second c est l investisseur en bourses et je ne mentionnerai pas le dernier.». Fin de non-recevoir. Les malades - assimilés à ceux qui ont mis à genoux l économie américaine - feront l objet d un ultime rejet. En clair, le vrai Américain n enfreint pas la loi : il se tient à équidistance de ceux qui, dans les bas fonds comme dans les salons cossus, ne respectent pas le contrat social en jouant avec le feu. Le Pure Food and Drug Act de 1906 était certes inefficace pour protéger les consommateurs, mais les préjugés de classe voudront que les éventuelles conséquences de cette inadaptation concernent surtout les travailleurs de basse extraction. En consommant des patent medicine, les victimes du Ginger jake ont non seulement été punies par où elles avaient fauté, mais elles ont aussi marqué leur appartenance au passé, au monde rural du 19 ème siècle, par opposition au monde urbain et à l économie industrielle. Dans une Amérique frappée par la crise, tous les regards se tournent vers l avenir. Sous l égide du président Franklin Delano Roosevelt, 1933 marque ainsi le lancement d une politique interventionniste : le New Deal. Edward Behr note que la Prohibition a doublé le nombre d épargnants 74. En d autres termes, beaucoup d argent continue à «dormir» alors qu il pourrait contribuer à la relance de l économie s il était mis en circulation. Au mois d avril 1933, Roosevelt abroge le Volstead Act : désormais, l Etat peut engranger de nouvelles taxes. De fléau, l alcool devient une manne financière. Face à de tels enjeux, le dossier des victimes du Ginger jake ne pèse pas lourd Le politique restant sourd à leurs attentes et justice n ayant pas été rendue par les tribunaux, ne reste à Mack Hunter Patridge et aux adhérents de la United Victims of Jamaica Ginger Paralysis qu à demander à leurs concitoyens de faire pression sur le Congrès. Une pétition est lancée en 1934, sans succès : le passé est le passé. Survenue il y a 80 ans, la tragédie du Ginger jake est d une brûlante actualité. La santé publique est en effet régulièrement l objet de rumeurs dont celles d empoisonnements de masse par des produits médicaux ou d origine alimentaire. En 1999, le journaliste Edgar Hooper prétendit ainsi avoir établi l origine du virus de l immunodéficience humaine (VIH). Selon sa théorie - maintes fois réfutée par les scientifiques -, près d un million d Africains auraient reçu entre 1957 et 1960 un vaccin contre la poliomyélite contaminé par le virus de l immunodéficience simiesque (VIS) suite aux expériences menées au laboratoire de 74 BEHR E. Opere citato, p Stanleyville (Congo belge) par le virologue américain Hilary Koprowski 75. Le parallèle avec les théories complotistes qui ont accompagné la mise en circulation du vaccin contre le virus H1N1 en 2009 saute aux yeux 76. De façon récurrente, Internet est aussi l écho de peurs alimentaires irraisonnées 77. Dans l imaginaire de nombre d internautes, la corruption de produits médicaux ou d origine alimentaires est due à quelque force obscure, qu il s agisse d un projet néo-malthusien ou - de façon plus subtile (néo-foucaldienne) d un contrôle «biopolitique» sur l individu. De toute évidence l épisode du Ginger jake («médicament» buvable), constitue sous une forme condensée la matrice de ces peurs. Pour citer cet article : CANOREL F. Patent medicine, poison et complot : une note sur le Ginger jake (1 ère partie). Mithridate Bulletin d histoire des poisons, juillet 2010, n 2, pp HOOPER E. The River, A Journey to the Source of the HIV and AIDS. Boston: Little, Brown and Company, 1999, 1070 p. 76 KRIVINE J-P. Vaccination: peurs, rumeurs et obscurantisme. Science et pseudo-sciences, janvier 2010, n 289, pp CAMPION-VINCENT V., RENARD J-B. De source sûre. Nouvelles rumeurs d aujourd hui. Paris : Payot, 2002, 394 p.

18 BHOPAL SURVIVORS CALL VERDICT AND TRIAL UTTER DISAPPOINTMENT International Campaign for Justice in Bhopal, Press Statement for immediate release on June 7, 2010 Terming today s verdict and sentence against 7 officials of Union Carbide India Ltd, and the company an utter disappointment, Bhopal survivors today said they are resolved to challenge it in higher legal for a. We feel outraged and betrayed. This is not justice. This is a travesty of justice, said Hazra Bee of International Campaign for Justice in Bhopal. The paltry sentencing is a slap in the face of suffering Bhopal victims. Survivors have condemned the Indian government s criminal negligence in the prosecution in those accused of responsibility for the world s worst corporate massacre. They said that as the Minister in charge of the Central Bureau of Investigation, the Prime Minister must accept blame for the prosecuting agency s incompetence and mishandling of the case. UCIL s 7 Indian officials were awarded a 2- year prison sentence and a paltry fine of Rs. 101,750 (about $2100) today, while Union Carbide India Ltd (now Eveready Industries India Ltd) was fined Rs. 5,00,000 ($11000). All accused are out on bail of Rs. 25,000. Today s verdict was in the case against only the 9 Indian accused (8 individuals and UCIL), one of whom died in the course of the trial. The foreign accused Union Carbide Corporation, Warren Anderson and 18 Union Carbide Eastern are absconding and the CBI has failed to take action to bring them to India to face trial. The verdict was greeted with protests, slogan-shouting and die-ins by irate Bhopalis who defied prohibitory orders to vent their anger outside the court. By handling those guilty of the world s worst industrial disaster so leniently, our courts and Government are telling dangerous industries and corporate CEOs that they stand to lose nothing even if they put entire populations and the environment at risk, said Satinath Sarangi of the Bhopal Group for Information and Action. The organizations said that in 18 years the CBI had not been able to bring the principal accused, Union Carbide, USA and its former Chairman Warren Anderson, to face trial. Further, because of the CBI s inept handling, a third foreign accused Union Carbide Eastern Inc, Hong Kong has managed to escape the criminal proceedings altogether. There is a documentary evidence that Union Carbide, USA and Anderson knew that the Bhopal plant design was based on untested technology, they were in full control over operations and safety of the factory and its is they who directed reckless cost cutting. Justice cannot be done in Bhopal till these

19 principal accused are brought to trial, said Rashida Bee who lost six people in her family due to the disaster. According to the organizations, the CBI did nothing when Supreme Court s Justice A M Ahmadi diluted the charges against the Indian accused in Ahmadi converted the Bhopal disaster to the equivalent of a traffic accident. Without assessing the full evidence, he reduced the prison term for the crime of Bhopal from 10 years to 2 years and the CBI made not a single effort to get this legally unsound order revised said Syed M Irfan, president of Bhopal Gas Peedit Mahila Purush Sangharsh Morcha. Satinath Sarangi of the Bhopal Group for Information and Action, one of the three organizations assisting the prosecution, said that glaring omissions in the CBI s presentation of evidence against the Indian accused amounted to derogation of the prosecution s duty. The CBI failed to produce evidence regarding the role of Keshub Mahindra and other accused in deliberate acts undermining operational safety such as design modification, rewriting of operation manuals and decommissioning the crucial refrigeration unit. he said. He said that CBI s go soft approach against corporate crime is also evident in its inaction against Dow Chemical, current owner of Union Carbide, USA. In January 2005 the Chief Judicial Magistrate in Bhopal issued notice to Dow Chemical, USA for producing its subsidiary Union Carbide in his court. For the last four years the CBI has chosen not to act on this. He said. The organizations said that the Prime Minister must accept responsibility for the failure of the CBI in its role as the prosecuting agency. They called for the creation of a Special Prosecution Cell or effective and timely action on extradition of foreign accused and prosecution of Dow Chemical. The responsibility for this legal disaster rests squarely with the Prime Minister, who is the Minister in charge of CBI. CBI s handling of this case was shoddy to say the least, and criminally negligent at worst, said Sarangi. The International Campaign for Justice for Bhopal (ICJB) is a coalition led by four survivor organizations along with environmental, social justice, progressive Indian, and human rights groups supporters around the world. ICJB works to hold the Indian Government and Dow Chemical Corporation accountable for the ongoing chemical disaster in Bhopal, India. It was set up to address the grave injustices suffered by the half million Bhopal Gas Disaster survivors. 19

20 PROCHAIN NUMERO : OCTOBRE 2010 En service commandé : Maïranovski, un toxicologue empoisonneur en U.R.S.S. Patent medicine, poison et complot : une note sur le Ginger jake (seconde partie) Etude sur les pierres à venin Origine et provenance des séries dites de pierres à venin en Velay-Vivarais Hugues Berton ethnologue de la Société d études et de recherches des survivances traditionnelles MITHRIDATE Bulletin d histoire des poisons soutient le projet collaboratif international 20

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