u C v C w C x C Présent de vérité générale Champs lexicaux de la lumière et de l'obscurité antithèse

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Marie-Laure Cormier
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1 LES FENÊTRES elui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. e qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, Par-delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant. Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément. Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même. Peut-être me direz-vous : «Es-tu sûr que cette légende soit la vraie?» Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis.

2 Introduction. Baudelaire. Le Spleen de Paris. e texte. Problématique.Lecture expressive du texte. Annonce du plan. Que représentent les fenêtres pour Baudelaire? AXE 1 : elles permettent l'imagination u v w x AXE 2 : elles représentent la souffrance et la vie u v w x onclusion. Rappel des axes. Ouverture. Axe Relevé Outils Interprétation elui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Présent de vérité générale Le poète ne parle pas que de lui (le «je» apparaît plus loin dans le texte) : il veut que tout lecteur se sente concerné. 'est sa théorie. elui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses... e qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Adverbes e sont des généralités (va avec l'outil d'avant). Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. e qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, hamps lexicaux de la lumière et de l'obscurité Antithèse Le poète oppose les deux pour affirmer que l'on voit mieux qund il n'y a pas d'éclairage. Voir = imaginer, deviner. elui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. antithèse Avec une fenêtre ouverte, on voit tout, il n'y a pas de place pour l'imagination.

3 Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. gradation ertains éléments se contredisent : «ténébreux» et «éblouissant». Il insiste sur le dernier mot, mais il montre aussi la complexité des fenêtres. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Antithèse paradoxe On ne s'attend pas à la fin de la phrase : pour le poète, une chandelle (éclairage réduit, minimaliste) est ce qu'il trouve de plus éblouissant. Il privilégie donc ce que l'on devine, par rapport à ce que l'on voit. e qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. antithèse Même idée. Périphrase un oxymore A la place de «fenêtre», il utilise une expression qui insiste sur le fait que l'on peut très mal voir à travers une fenêtre. Un oxymore La fenêtre peut être plus ou moins éclairée. «Noir» est cité en premier : préférence? Gradation assonance en [i] allitération en Le dernier élément est mis en valeur : le poète s'intéresse surtout à la souffrance.

4 [v] personnificati on Dans la suite du poème, la souffrance sera incarnée par la femme. Par-delà des vagues de toits, j'aperçois Indication spatiale le sens d'»apercevoi r» est différent de «voir» Il ne s'intéresse pas à des voisins proches, mais à des personnages éloignés, ce qui lui permet de deviner. Par-delà des vagues de toits métaphore Les toits devant lui sont immenses et forment effectivement quelque chose qui ressemble à des vagues : cela montre qu'il a tendance à ne pas voir le monde tel qu'il est et à l'imaginer. une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. un pauvre vieux homme hamps lexicaux de la pauvreté et de la vieillesse Le poète ne s'intéresse qu'à des personnages en particulier : ceux qui souffrent. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, Gradation descendante Il n'a pas besoin de connaître beaucoup de choses pour pouvoir écrire. Il imagine, il invente. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même hamp lexical du récit Le travail du poète est de mettre par écrit ce qu'il a observé (ou deviné plutôt). Légende = «ce qui est lu». Il ne cherche pas la vérité (l'

5 en pleurant. «histoire»), mais veut imaginer. Par-delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant. Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément. Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même. Peut-être me direz-vous : «Es-tu sûr que cette légende soit la vraie?» Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis. et quelquefois je me la raconte à moimême en pleurant. Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même. Première personne hamp lexical de la souffrance Le poète commence par des généralités sur les fenêtres, puis il se met à parler de lui (OUVERTURE : dans la plupart des poèmes, Baudelaire commence par un récit, puis termine sur une morale à la première personne. Il veut se comprendre). Le poème se termine par : «ce que je suis et qui je suis». Les fenêtres sont plutôt un miroir. e n'est pas le bonheur qui intéresse le poète, mais le malheur. Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même. Peut-être me direz-vous : «Es-tu sûr que cette légende soit la vraie?» Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis. Peut-être me direz-vous : «Es-tu sûr que cette légende soit la vraie?» hamp lexical de la vie Vouvoiement ou pluriel? Tutoiement Pour le poète, la vie est fondamentalement associée à la souffrance. Le malheur des autres permet aussi de vivre. S'adresse-t-il à un lecteur qu'il vouvoie ou à tous les lecteurs? Rien ne permet de l'affirmer. Il fait comme s'il était proche du lecteur, comme s'ils se connaissaient. Le décalage entre «vous» et «tu» isole davantage le poète, différent des autres.

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