Le deuxième semestre 2013 restera marqué par la stabilité des



Documents pareils
Les perspectives mondiales, les déséquilibres internationaux et le Canada : un point de vue du FMI

À Pékin (heure de Pékin) : 11h00, 20 janvier 2015 À Washington (heure de Washington) : 22h00, 19 janvier 2015 JUSQU À PUBLICATION. Courants contraires

Croissance plus lente dans les pays émergents, accélération progressive dans les pays avancés

Perspectives économiques régionales du Moyen-Orient et de l Afrique du Nord

Les perspectives économiques

Actifs des fonds de pension et des fonds de réserve publics

Le marché mondial de l énergie a connu ces dix dernières années

Contexte pétrolier 2010 et tendances

à la Consommation dans le monde à fin 2012

Eco-Fiche BILAN DE L ANNEE 2012 QUELLES PERSPECTIVES POUR 2013? 1

MIEUX TRAVAILLER AVEC L ÂGE

L incidence des hausses de prix des produits de base sur la balance commerciale du Canada 1

LES ENJEUX DE LA VOLATILITE DU PETROLE ET DU GAZ ENTRETIENS ENSEIGNANTS-ENTREPRISE 28 AOÛT INSTITUT DE L ENTREPRISE

Quel est le temps de travail des enseignants?

LA RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL : UNE COMPARAISON DE LA POLITIQUE DES «35 HEURES» AVEC LES POLITIQUES D AUTRES PAYS MEMBRES DE L OCDE

BASE DE DONNEES - MONDE

Le creusement des inégalités touche plus particulièrement les jeunes et les pauvres

Les difficultés économiques actuelles devraient demeurer contenues à moins que les tensions financières s amplifient

QUELLE DOIT ÊTRE L AMPLEUR DE LA CONSOLIDATION BUDGÉTAIRE POUR RAMENER LA DETTE À UN NIVEAU PRUDENT?

La situation en matière de pension privées et de fonds de pension dans les pays de l OCDE

Le RMB chinois comme monnaie de mesure internationale : causes, conditions

L INVESTISSEMENT JOUE À «CASH-CASH»

LE COMMERCE EXTÉRIEUR CHINOIS DEPUIS LA CRISE: QUEL RÉÉQUILIBRAGE?

Flash Stratégie n 2 Octobre 2014

2. L offre et la demande d énergie: tendances et perspectives

Quelle part de leur richesse nationale les pays consacrent-ils à l éducation?

Perspective des marchés financiers en 2014

L INDUSTRIE PÉTROLIÈRE FRANÇAISE EN 2014 ET PERSPECTIVES 2015 CONFÉRENCE DE PRESSE DU 10 MARS 2015

DORVAL FLEXIBLE MONDE

Investissements et R & D

Le Moyen-Orient et le pétrole. pp32-39

Croissance à crédit. Vladimir Borgy *

QUEL RÔLE POUR LE FMI DANS LE NOUVEL ORDRE ÉCONOMIQUE MONDIAL?

Pourquoi la croissance du commerce international s est-elle essoufflée? Beaucoup d espoir repose sur la libéralisation des échanges commerciaux

RAPPORT SUR LA POLITIQUE MONÉTAIRE. Janvier 2015

Perspectives économiques

WORLD ENERGY OUTLOOK RÉSUMÉ

Enquête sur les perspectives des entreprises

MARCHÉ IMMOBILIER DE BUREAUX

2015 et l investissement en actions : la prise de risque est-elle justifiée?

Base de données sur l'économie mondiale Alix de Saint Vaulry *

VERS UNE COMMUNAUTÉ EURO- MÉDITERRANÉENNE DE L ÉNERGIE : Passer de l'import-export à un nouveau modèle énergétique régional

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Annexe - Balance des paiements et équilibre macro-économique

Agricultural Policies in OECD Countries: Monitoring and Evaluation Les politiques agricoles des pays de l OCDE: Suivi et évaluation 2005.

Le nouvel indice de taux de change effectif du dollar canadien

Canada-Inde Profil et perspective

Automne 2014 LE POINT SUR LA SITUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE DU QUÉBEC

Analyse prospective des marchés à l export, par secteur et par pays

LES BRIC: AU DELÀ DES TURBULENCES. Françoise Lemoine, Deniz Ünal Conférence-débat CEPII, L économie mondiale 2014, Paris, 11 septembre 2013

Le rôle de la spéculation sur les marchés pétroliers : une analyse économétrique et comportementale

SITUATION FINANCIÈRE DE L ASSURANCE CHÔMAGE

Le gaz de schiste «pertubateur» du marché de l électricité? Jacques PERCEBOIS Directeur du CREDEN Professeur à l Université de Montpellier I

La guerre de l énergie n est pas une fatalité

Bienvenue. Procure.ch. Jeudi 26 avril Haute école de gestion Fribourg Haute école de gestion Fribourg

Principaux partenaires commerciaux de l UE, (Part dans le total des échanges de biens extra-ue, sur la base de la valeur commerciale)

L IMMIGRATION AU SEIN DE L UE

La prévision est un art difficile de manière générale, mais c est

Quel est le "bon" système de Bretton-Woods?

Âge effectif de sortie du marché du travail

Comparaison des enjeux énergétiques de la France et de l Allemagne

TD n 1 groupe 1 : Vendredi 30 novembre 2007 Bertrand Lapouge Stéphane Perot Joël Maynard

Placements IA Clarington inc. Dan Bastasic Gestionnaire de portefeuille des Fonds IA Clarington stratégiques

Rapport annuel ,5E 7,5E

Le point sur les marchés des pensions. des pays de l OCDE OCDE

Point d actualité. Conseil Economique, Social & Environnemental Régional. Séance plénière 2 février 2015

Il existe plusieurs qualités de pétrole brut, selon sa densité et sa teneur en soufre. Il s agit des trois qualités primaires de référence :

DS n 3 Chap 1-2h. Épreuve composée

Les comptes nationaux et le SEC 2010

RAPPORT TECHNIQUE CCE

Le contexte énergétique mondial et européen

Bénéficiaires du droit d asile dans l UE, par nationalités, Irak 5% Afghanistan

Régimes publics de retraite État de la situation. Perspectives des différents régimes publics de retraite. Plan

Évolutions récentes de l énergie aux États-Unis et leurs conséquences géostratégiques

Les concepts et définitions utilisés dans l enquête «Chaînes d activité mondiales»

L immobilier de bureaux en Europe 2010 : une parenthèse dans la crise

CAMPAGNE ANNUELLE DES EPARGNES ACQUISES

Les effets d un prix du pétrole élevé et volatil

Wali. Directeur général. commissaire Du gouvernement. conseil. M. Abdellatif JOUAHRI. M. Abdellatif FAOUZI. M. Le Wali. M. Le Directeur Général

Politique énergétique Tendances mondiales et continentales

LES DÉFIS DE L EXPANSION

BILAN ÉCONOMIQUE PRÊT-À-PORTER FÉMININ 1 ER SEMESTRE 2014

REDRAWING MAP. World Energy Outlook Special Report RÉSUMÉ REDÉFINIR LES CONTOURS DU DÉBAT ENERGIE-CLIMAT. French translation

Perspectives économiques régionales Afrique subsaharienne. FMI Département Afrique Mai 2010

VI. ÉCHANGES INTRA-BRANCHE ET INTRA-GROUPE ET INTERNATIONALISATION DE LA PRODUCTION

En 2011, l investissement corporel brut

ECONOMIE. DATE: 16 Juin 2011

Carte Familles nombreuses

La finance internationale : quel impact sur l'économie marocaine? 20 Novembre 2012

Perspectives de l industrie suisse Pierres et Terres

Les pratiques de simulation de crise: enquête auprès de quarante-trois grands établissements financiers

Tests de sensibilité des projections aux hypothèses démographiques et économiques : variantes de chômage et de solde migratoire

COMMUNIQUÉ DE PRESSE. 1 er TRIMESTRE 2015 : LA DYNAMIQUE DE CROISSANCE DES ACTIVITES COMMUNICATION & SHIPPING SOLUTIONS SE POURSUIT

Un certain décalage. Perspectives pour l économie mondiale * Revue de l OFCE n 69 / avril 1999

mai COMMENTAIRE DE MARCHÉ

REGARDS SUR L ÉDUCATION RAPPORT INTERMÉDIAIRE MISE À JOUR DES INDICATEURS RELATIFS A L EMPLOI ET AU NIVEAU DE FORMATION

L Épargne des chinois

BOURSES SCOLAIRES. au bénéfice des enfants français résidant avec leur famille à l étranger AGENCE POUR L ENSEIGNEMENT FRANÇAIS À L ÉTRANGER

Transcription:

FICHE PAYS PÉTROLE : UNE STABILITÉ DURABLE Département analyse et prévision Le deuxième semestre 2013 restera marqué par la stabilité des prix autour de 110 dollars le baril de Brent. Ce maintien à des niveaux élevés s explique par la faiblesse de l offre par rapport à la demande, sous l effet de ruptures d approvisionnement (Libye, Nigéria) et d un climat politique tendu au Proche-Orient, dans un marché surtout déterminé par les fondamentaux. Dans notre scénario central, nous faisons l hypothèse d une reprise progressive de la production en Libye dès 2014, de la levée des sanctions en Iran à partir de fin 2014/début 2015, et excluons une baisse de l offre de la Russie malgré le bras de fer autour de l Ukraine. Les prix du Brent baisseraient au cours de l année 2014 avec la baisse des tensions sur l offre pour atteindre 100 dollars en fin d année. En 2015, les prix se maintiendraient autour de 100 dollars le baril, car le retour d une croissance plus dynamique dans les pays développés devrait être compensé par une hausse de la production des pays non-membres de l OPEP et par la présence de stocks abondants. La persistance de tensions politiques en Afrique et au Proche-Orient, la volonté de l Arabie Saoudite de maintenir les cours entre 100 et 110 dollars, la demande toujours dynamique en provenance des pays non OCDE et le coût d extraction des nouveaux gisements non conventionnels devraient néanmoins entraîner la résistance des cours en les maintenant audessus des 100 dollars. Deuxième semestre 2013: une stabilité remarquable Le deuxième semestre 2013 a été marqué par la stabilité des cours (graphique 1). Revue de l OFCE / Analyse et prévisions 135 (2014)

2 Graphique 1. Évolution des trois indices pétroliers de référence, 2005-février 2014 140 En dollars courants 120 BRENT 100 80 60 OPEC Basket Western Texas Intermediate 40 20 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Source : Datastream. L offre mondiale a progressé de 0,45 Mbj entre juin et décembre 2013. L essentiel de cette hausse est le fait des producteurs non membres de l OPEP, notamment les États-Unis (+ 690 000 bj entre janvier et octobre 2013), le Canada (+ 360 000 bj) et le Brésil (+650 000 bj). En revanche, l offre des membres de l OPEP a décru depuis fin 2012, surtout en raison des ruptures d approvisionnement en Libye, aux vols et sabotages qui se poursuivent au Nigéria et aux sanctions contre l Iran, qui n ont pas été totalement compensées par l Arabie Saoudite. La production iranienne reste à des niveaux historiquement bas, elle atteint 2,7 Mbj en janvier 2014. Sur le plan de la demande, on observe un rééquilibrage en faveur des pays de l OCDE, dont la demande s est raffermie au deuxième semestre 2013 (+2,5 % entre le deuxième et le quatrième trimestre 2013), tirée par les États-Unis, le Canada et le Japon, alors que celle des pays non membres de l OCDE a décéléré (+ 0,6 %). Au premier semestre, on a assisté à une baisse drastique de l écart de prix entre le Western Texas Intermediate étatsunien et le Brent européen le spread est passé de 18 dollars en janvier 2013 à 3 dollars en juillet 2013), grâce à la mise en place de nouvelles infrastructures à Cushing, Oklahoma, et à la hausse de la production de brut léger aux États-Unis qui s est substituée à l importation de Brent. Pourtant, au deuxième semestre, l écart s est à nouveau

Pétrole : une stabilité durable 3 creusé, en raison des tensions croissantes sur la Syrie et la Libye qui ont poussé le Brent à la hausse, et d une nouvelle hausse des niveaux de stock à Cushing. Au troisième trimestre, les stocks américains ont retrouvé leur haut niveau de 2010, soit 97 jours de demande. Baisse des cours en 2014 avant une stabilisation en 2015 Dans notre scénario central, nous prévoyons une détente graduelle du prix du Brent au cours de l année 2014. En effet, malgré les tensions politiques en Afrique du Nord et au Moyen Orient, la hausse de la production des pays non membres de l OPEP devrait compenser l affermissement de la demande, le tout dans un contexte de stocks élevés en Europe et aux États-Unis. En 2015, le baril devrait rester autour de 100 dollars. Malgré le bras de fer entre la Russie et l Ukraine (encadré), les risques haussiers restent limités, en raison de l accord conclu en novembre 2013 avec l Iran, et des marges de production existantes en Libye et en Irak. Les stocks des pays de l OCDE se maintiennent à des niveaux élevés, ce qui contribue à atténuer les chocs : mi-2013, ils représentaient 95 jours de demande aux États-Unis et 92 jours en moyenne dans les pays de l OCDE. Au niveau de l offre, la production des pays de l OPEP ne devrait pas varier en 2014. L essentiel de la hausse de production viendrait des pays non-membres de l OPEP, en particulier de la production étatsunienne et canadienne issue des gisements schisteux. De nouveaux gisements devraient être exploités au Brésil, en Chine et en Russie. Nous faisons l hypothèse d un apaisement des tensions en Libye et en Irak, et d une levée partielle des sanctions sur l Iran en 2015, ce qui se traduirait par 1 Mbj supplémentaire. C est en effet dans ces trois pays que se concentrent les risques. Depuis juillet 2013, la Libye fait face à un conflit autour de la gestion de la manne pétrolière où des groupes de miliciens armés contrôlent une partie du pays. En raison de la fermeture de plusieurs gisements, la production pétrolière s est effondrée entre mai et septembre 2013, passant de 1,4 à 0,3 Mbj. En janvier, elle s est ponctuellement redressée à 0,5 Mbj en raison de la réouverture du gisement Sharara, mais l attaque du terminal pétrolier mi-février a amputé la production de 75 %. La situation reste donc extrêmement tendue,

4 et il paraît peu probable que le pays retrouve sa capacité de production potentielle, estimée à 1,2 Mbj 1. Nous anticipons pour notre part une croissance de la production de 0,3 Mbj à l horizon 2015. En Irak, malgré une capacité de production estimée à 6,5 Mbj, la production continue à stagner autour de 3 Mbj depuis 2012, en raison des conflits au Kurdistan irakien et des attaques armées visant l oléoduc Kirkuk/Ceyhan. Selon les autorités, la situation serait en voie d amélioration avec une production de 3,5 Mbj en février 2014. En outre, le pays s est fixé un objectif de production de 4 Mbj grâce à la construction de capacités supplémentaires. Seul problème, et non des moindres, les 400 000 bj de capacité supplémentaire doivent provenir de la région autonome du Kurdistan ; or la situation s envenime entre le gouvernement irakien et les autorités kurdes au sujet des droits pétroliers, ces derniers ayant décidé depuis un an de ne plus utiliser le réseau d oléoducs irakien mais d exporter le pétrole par leurs propres moyens tout en construisant un nouvel oléoduc. Dans le cas de l Iran, l accord de Genève, signé le 24 novembre 2013 entre le pays et les pays du groupe 5 + 1 (États- Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne), prévoit, pour 6 mois, la levée très partielle des sanctions occidentales (déblocage de 4,2 milliards de dollars des avoirs bloqués de l'iran, levée des restrictions sur les exportations pétrochimiques notamment) en contrepartie de la suspension d'une partie des activités nucléaires iraniennes. Pour ce qui est des exportations de pétrole, l accord prévoit le maintien des exportations de pétrole à leur niveau actuel, autour de 1 Mbj 2. Même si la plupart des sanctions restent inchangées, cet accord marque indéniablement un apaisement des relations : d ailleurs, les ventes de pétrole iranien auraient progressé de 100 000 bj au mois de janvier 2014, quasiintégralement sous l effet de la demande chinoise. Nous faisons l hypothèse d une production relativement stable en 2014, mais d une levée plus importante des sanctions en 2015, ce qui se traduirait par un supplément d offre de 0,5 Mbj. 1. La capacité de production, qui se situait autour de 1,7 Mbj en avant la guerre de 2011, a déjà été amputée de 0,5 Mbj en raison des destructions d infrastructures. 2. Avant l accord, il était prévu que les pays importateurs de pétrole iranien consentent à nouveau à baisser leurs importations sous peine de sanctions de la part des États-Unis.

Pétrole : une stabilité durable 5 Graphique 2. Croissance, intensité pétrolière et consommation de pétrole 7 5 En % annuels Consommation mondiale PIB 3 1-1 -3-5 Sources : Datainsight, calculs de l auteur. Intensité pétrolière 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Du côté de la demande, les pays industriels devraient enregistrer une croissance plus dynamique en 2014 et en 2015, avec la reprise en zone euro et une croissance dynamique aux États-Unis. Mais avec la baisse de l intensité pétrolière (graphique 2), la demande de pétrole des pays de l OCDE ne devrait pas progresser. La progression de la demande proviendrait intégralement des pays émergents, qui consommeront respectivement 1,2 et 1,4 Mbj supplémentaires Mbj en 2014 et 2015. Encadré. Russie contre Ukraine : des menaces à relativiser Le conflit qui oppose l Ukraine à la Russie au sujet de la Crimée fait craindre une interruption des livraisons de pétrole russe vers l Ukraine, et partant, vers l ensemble de l UE. Les pays européens menacent également la Russie de sanctions économiques, ce qui fait peser un risque haussier sur les cours. Cela étant, le risque de réduction ou de rupture d approvisionnement ne nous semble pas crédible, car la Russie et l Europe n y ont aucun intérêt. En 2012, la Russie a exporté 7,2 Mbj de pétrole et produits raffinés, dont 5 Mbj de pétrole brut, d après l AIE. 80 % de ce pétrole brut a été exporté vers l Europe, notamment l Allemagne, les Pays-Bas, et la Pologne. Sur ce total, l oléoduc Druzhba (branche Sud), qui passe par l Ukraine, permettrait d exporter 1 Mbj. Si la Russie veut pénaliser l Ukraine, elle pourrait décider de ne plus exporter via la branche sud de

6 l oléoduc, et pénaliserait essentiellement les pays d Europe centrale et orientale (Slovaquie, Hongrie et République tchèque), dont les raffineries sont très dépendantes du pétrole russe. Mais elle serait elle-même pénalisée, ne pouvant plus exporter que vers la mer Noire au Sud et vers la Biélorussie, la Pologne et l Allemagne via la branche nord de Druzhba. Or, la manne pétrolière est une ressource importante en Russie et des sanctions de la part des pays européens menaceraient son équilibre budgétaire ; en 2013, les revenus tirés de l industrie pétrolière représentaient en effet 25 % du PIB. D un autre côté, certains pays européens sont dépendants des importations de pétrole russe et pâtiraient de leurs propres sanctions. La part des importations russes dans le total des importations de pétrole atteint par exemple 95 % en Pologne, 89 % en Finlande, ou encore 37 % en Allemagne, sans compter les pays d Europe centrale et orientale, très dépendants du pétrole russe (graphique 3). 120 Graphique 3. Part de la Russie dans les importations de pétrole de quelques pays européens, 2011 En % 100 100,0 100,0 98,4 95,5 91,9 88,2 80 74,7 60 40 20 59,2 51,4 45,3 39,0 32,6 31,4 26,9 24,9 15,9 15,7 15,3 14,5 9,2 0 HUN SVK LTU BGR POL FIN HRV CZE SWE BEL DEU UE-27 NLD ROU GRC AUT ITA ESP FRA GBR Sources : Eurostat, calculs de l auteur. Il semble peu probable d assister à un mouvement majeur sur les volumes échangés. En revanche, l impact de la crise Russie/Ukraine pourrait être une moindre collaboration avec l Europe sur les dossiers de l Iran ou de la Syrie. Pour conclure, la résistance des cours du Brent depuis 2011 paraît assez indépendante de l évolution des fondamentaux ; ainsi, la hausse de production importante en 2012 ne s est pas traduite par une baisse sensible des cours du Brent. Cela conduit à réfléchir

Pétrole : une stabilité durable 7 à la représentativité des indices. Près de la moitié des transactions mondiales utilisent le Brent comme indice de référence, alors que ce dernier, composé de brut extrait de quatre champs différents (Brent, Forties, Oseberg et Ekofisk) ne représente que 1 % de la consommation mondiale. En outre, la production issue de ces 4 champs est en baisse constante depuis ces cinq dernières années et des tensions sont régulièrement provoquées par l arrêt de la production de Buzzard, un gisement issu du champ Forties (qui représente 45 % de l indice Brent). En outre, l on observe, avec l exploitation du pétrole de schiste aux États-Unis, un différentiel important et persistant entre les indices WTI et Brent, fluctuant en fonction du degré d engorgement à Cushing. Pour éviter une faible représentativité et une trop forte régionalisation du marché du pétrole, sans doute serait-il légitime d inclure d autres types de pétrole (notamment issus de gisements africains ou russes) dans l indice Brent ou de créer un indice composite Brent-WTI.

8 Équilibre sur le marché pétrolier et prix des matières premières industrielles Millions de barils/jour sauf mention contraire, cvs 2013 2014 2015 2013 2014 2015 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 Demande mondiale 89.7 90.3 90.7 90.8 91.3 91.5 91.8 91.8 92.6 92.9 93.2 93.3 90.4 91.6 93.0 En taux de croissance 1 1.4 1.4 1.5 PIB mondial 1 2.6 3.2 3.3 Intensité pétrolière 1-1.2-1.8-1.8 Production mondiale 89.0 90.0 90.5 90.2 90.7 91.1 91.4 91.6 92.5 92.8 93.1 93.4 89.9 91.2 93.0 Dont : OPEP 2 35.8 36.2 35.9 35.5 36.5 36.7 36.9 37.2 37.2 37.1 37.3 37.8 35.9 36.8 37.3 Non OPEP 53.2 53.8 54.6 54.7 54.2 54.3 54.5 54.4 55.4 55.7 55.8 55.6 54.1 54.4 55.6 Variations de stocks -0.6-0.3-0.2-0.6-0.6-0.4-0.4-0.2-0.1-0.1-0.1 0.2-0.4-0.4 0.0 Dont OCDE 0.3-0.2-0.1 0.0-0.4 0.2 0.1 0.2 0.0 0.0-0.1 0.2 0.0 0.0 91.6 Prix du pétrole Brent 3 112.5 102.6 110.3 109.4 108,3 107.0 103.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 108.7 104.8 102.5 Prix des matières premières industrielles 1 5.6-7.4-0.3 1.9-1.0 4.4-5.1 4.3 5.1 3.9-2.8 4.8-2.7 0.0 9.6 Taux de change 1 = $ 1.32 1.30 1.31 1.36 1.36 1.40 1.40 1.38 1.35 1.35 1.35 1.35 1.32 1.38 1.35 1. En %, variation par rapport à la période précédente. 2. Hors Angola et Équateur. Bien que ces deux pays soient membres de l OPEP depuis 2007, ils ne sont soumis à aucune contrainte de quota. 3. En dollars, moyenne sur la période. Sources : EIA (pétrole), indice HWWA Hambourg (matières premières industrielles), calculs et prévision OFCE avril 2014.